Textiles locaux : La mode au service de l’identité culturelle ?

 

 

Alors que la 3ème édition du festival autour du bogolan débute ce 2 novembre au Palais de la Culture, revenons sur le marché du textile local, qui fait du Mali un eldorado pour les férus de mode.

Le textile malien, grâce à l’indigo végétal, produit à Sangha, dans la falaise dogon, le bogolan et le coton tissé, est un champ important de l’identité culturelle du pays. Il permet à la petite industrie artisanale et à la consommation locale de s’épanouir. Le textile peut aussi être un vecteur de lutte contre les inégalités sociales. C’est l’essence de la marque « Ikalook », qui se positionne singulièrement dans le paysage du prêt-à-porter. Sa fondatrice, Mme Sow Namissa Théra, explique en effet que « son concept vise d’abord à créer de l’emploi ».

Pourtant, ce secteur porteur, considéré comme primitif et trop traditionnel, subit un désintérêt local en faveur de produits importés comme le bazin ou le wax, pourtant plus coûteux. Nos tissus traditionnels, souvent primés à l’extérieur, peinent à prendre leur véritable essor sur le marché malien. Le styliste malien feu Chris Seydou, qui a travaillé pour Yves Saint Laurent, avait réussi à vulgariser nos tissus traditionnels dans la haute couture des années 90. Aujourd’hui, plusieurs maisons de couture s’amusent avec ces « joyaux » pour promouvoir une nouvelle « mode » et se réapproprier un legs vestimentaire pensé pour notre « climat ». Mme Sow Namissa Théra lance le 4 Novembre, dans ses nouveaux locaux à Dar-Salam, une nouvelle ligne : «à la pointe des tendances dans le monde, tout en étant adaptée au marché et à la consommation locaux ».

En effet, nos tissus traditionnels ont tous une singularité, par leurs matières adaptées aux températures élevées du Sahel, en général, mais également en raison des messages qu’ils peuvent porter. C’est le cas du bogolan, qui peut être utilisé comme protection mystique, ou du « Kunta Arkilla », couverture d’origine sonrhaï mise dans le trousseau de la mariée.

Plusieurs personnalités publiques se sont mises au service de la culture malienne. On a pu voir Michelle Obama, en 2008,  arborer une veste en bogolan pendant la campagne électorale de son mari. La chanteuse d’origine malienne Inna Modja, participe également à cet essor en portant les tenues de la maison de couture « Les péchés mignons », de la talentueuse Mariah Bocoum, sa sœur. D’autres stylistes africains n’hésitent pas à faire usage du bogolan malien, comme la maison béninoise « Nanawax » de Maureen Ayité. L’essor économique et le rayonnement culturel du Mali passent également par là. Consommons donc local !