Fêtes de fin d’année : L’agenda culturel

Plusieurs évènements sont prévus en cette période des fêtes à Bamako. Un programme copieux est proposé aux Maliens qui pourront le déguster à satiété. Petite sélection non exhaustive des principaux concerts et diners annoncés.

Cette année, Bamako sera sous « Control ». La star congolaise Fally Ipupa sera le cadeau de nombreux Maliens le 25 décembre, jour de la célébration de Noël. Après un dernier show, début 2018, qui avait ravi ses fans, « El Mara » revient, pour un nouveau tour qu’il promet bouillant. Avec une première partie assurée notamment par Cheick Siriman Sissoko ou encore l’étoile montante Dr Keb et le sens de la rythmique d’Ipupa, la promesse ne saurait être un effet marketing. Le Congo sera à l’honneur en cette période. Changement de style, la veille Gims sera au Palais des Sports pour célébrer le réveillon avec les Maliens. L’artiste égrènera ses derniers hits avec ses fans, à n’en pas douter nombreux. Le même jour, à seulement quelques mètres de là, Babani Koné donne rendez-vous à l’Escale Gourmande, pour une soirée salsa où le dress code exigée est tenue traditionnelle. Autre cadre, autre registre. De la musique à la comédie. L’Azalaï hôtel de Bamako accueille Papitou, un humoriste ivoirien à l’inimitable voix de garçonnet, pour un réveillon tout en fous rires.

Une Saint-Sylvestre chargée

La programmation du 31 décembre sera une nouvelle fois très riche. Pour fêter le passage à la nouvelle année, le groupe Nigga Fama, qui se fait désormais appelé NF MAMA, sera au stade du 26 mars pour un concert placé sous le sceau du challenge. Les membres du groupe, très confiants, présentent déjà cette nuit comme celle des « Immortels ». Pour la fête, Bama-Art déroge à sa tradition. Au lieu de son week-end culturel mensuel, l’équipe d’Africa Scène a décidé d’organiser un spécial « 31 décembre ». Pour l’heure, les artistes invités sont dévoilés au compte-goutte, histoire de faire monter l’excitation autour de l’évènement. Mais, déjà, la présence de Mohamed Diaby a été confirmée par les organisateurs, qui assurent que ce dernier a récolté un nombre important de voix sur Facebook réclamant sa venue. Des étincelles dans l’air donc. Alors que Salif Keita a délocalisé sa traditionnelle soirée gala en Guinée Conakry, certains se tourneront vers l’Azalaï hôtel de Bamako, où les couples les plus célèbres (Amadou et Mariam, Fousco et Djénéba) de la musique malienne assureront le spectacle lors d’un dîner de gala.

Fêtes de fin d’année : Où les célébrer à Bamako ?

Déjà aux couleurs de la célébration, avec  la décoration de certaines avenues, la capitale malienne s’apprête à vivre les fêtes de fin d’année.  Pour plusieurs hôtels de la capitale, impossible de déroger à la règle pour ce moment spécial destiné finir en beauté l’année qui s’achève tout en accueillant la nouvelle. Avec des tarifs jugés attractifs par les organisateurs, ces fêtes, qui ne sont pas toujours « rentables » pour certains, visent à maintenir les liens entre ces établissements et leur public.

« Fête destinée aux générations nées en 60, 70 et 80, c’est une occasion de se retrouver entre anciens du lycée ou de l’université », explique l’acteur culturel Alioune Ifra N’Diaye, lui-même appartenant à cette génération. Cette fête, plutôt « réservée »,  se tient régulièrement depuis 7 ans à l’espace culturel Blonba et regroupe des habitués. « Les nouveaux » qui veulent y participer doivent se faire parrainer. Et, contre une contribution de 30 000 francs CFA, les participants peuvent profiter d’un barbecue, danser sur les musiques de leur jeunesse, sans occulter celles du jour, et surtout partager leurs souvenirs, ajoute M. N’Diaye.

Ces festivités sont en tout cas une tradition bien ancrée que se prépare à perpétuer le groupe hôtelier Azalaï cette année encore avec la commémoration de la nuit de Noël et de celle de la Saint sylvestre, respectivement à Azalaï Grand Hôtel et Azalaï Bamako, ancien Azalaï Salam.

Ces « soirées classiques », qui constituent pour le groupe une occasion de permettre à ses clients de passer de joyeuses fêtes de fin d’année, sont aussi ouvertes au   public  pour s’approprier ses établissements. Entre animations particulières et prestations d’orchestres, les organisateurs prévoient un « mini marché de Noël » avec des objets d’art fabriqués par des artistes locaux. Une façon « d’offrir à ces talents locaux une vitrine pour s’exprimer », explique la responsable marketing et commercial du groupe, Madame Madjiè Zonvidé.

Pour permettre au plus grand nombre de célébrer ces fêtes et de découvrir le « nouvel Azalaï Bamako » rénové, « les tarifs sont abordables pour attirer tout le monde », assure Madame Zonvidé. À partir de 9 000 francs CFA pour les enfants de moins de 12 ans jusqu’à 25 000 francs pour un couple ou 18 000 francs par personne pour la nuit de Noël. Et, pour le réveillon du 31 décembre, ces prix vont de 32 000 francs CFA par personne à 60 000 francs le couple.

Rentabilité

« On ne perd pas de l’argent, mais ce n’est pas totalement rentable », répond Alioune Ifra N’Diaye lorsque se pose la question de la rentabilité de ces manifestations. S’il n’est pas l’élément le plus important, le coût de l’organisation reste déterminant pour bon nombre de structures. Car il s’agit « d’un gros effort en termes de communication ou de menus », explique M. Diallo, responsable commercial de l’hôtel Laïco El Farouk. Si l’établissement a l’habitude de célébrer les fêtes de fin d’année, il hésite encore à mettre en place une organisation en cette fin 2018. « C’est compliqué à mettre en place, seul », ajoute le responsable commercial. Pour le moment, il se contente d’enregistrer les « sollicitations à dîner » et met en place les menus en conséquence. Cependant, si ces demandes se confirment et atteignent un certain seuil, « nous serons obligés de le faire sous forme de fête », avoue tout de même M. Diallo.

Face à une faible demande, certains ont simplement fait le choix de renoncer à la fête. « Cette année est particulière, les gens n’ont pas d’argent. Et, lorsque nous faisons un sondage auprès de nos partenaires, ils préfèrent fêter en famille. Cela ne sert à rien de gaspiller de l’argent si ce n’est pas rentable », déclare, non sans amertume, Madame Kéita Rose, responsable de l’hôtel Mandé, qui a pourtant l’habitude d’organiser ces festivités.

Joindre l’utile à l’agréable

Fidèle à ce rendez de fin d’année, qui constitue une occasion de collecte de fonds majeure, le Lions club de Bamako perpétue depuis environ une vingtaine d’années le rituel. « Cela nous permet d’inviter nos sponsors, de nous retrouver en famille et de fêter ensemble », explique M. Baba Séid Bally, président du Lions club Bamako région 12. Ce dîner de gala, « soutenu » en musique par le mythique orchestre Taras, se tient encore cette année à l’hôtel Laïco Amitié de Bamako.

Si l’engouement pour ce rendez vous ne se dément pas, il varie cependant en fonction de l’année, confirme M. Bally. Et, pour s’adapter à ce contexte changeant, les organisateurs ont prévu, à côté de la carte de participation à la soirée, fixée à 40 000 francs CFA par personne, des « cartes de soutien », pour permettre même à ceux qui ne participent pas à la soirée de contribuer en fonction de leurs possibilités, précise le président du club.

Car ces fonds sont les moyens d’action de cette organisation, dont les piliers sont l’amitié et le social, selon son président. En effet, « ce club service d’environ 1 500 000 membres à travers le monde » apporte un soutien annuel à l’Institut d’ophtalmologie tropicale de l’Afrique de l’Ouest (IOTA), estimé entre 500 000 et 3 000 000 millions d’euros, selon les années. Rappelant que c’est le Lions club qui a mis en place le Centre diabétique de Bamako et le président du club Bamako exprime le souhait de l’organisation de faire de ce centre un plus grand espace, capable de prendre en charge toutes les maladies opportunistes liées au diabète.

Dynamique positive

« Accueillir la nouvelle année dans la joie », c’est aussi contribuer à la décrispation de la situation, à en croire certains organisateurs.  « Passer vers la nouvelle année dans la joie », c’est presqu’un devoir pour M. Stéphane Oumayo, directeur commercial de l’hôtel Radisson. Il s’agit en effet pour lui de perpétuer « une tradition » et  de remercier ceux qui les ont accompagnés tout au long de l’année.

Si la situation du pays a failli les faire renoncer, les responsables de l’espace culturel Blonba estiment nécessaire leur contribution à la rendre plus positive. « Il y a deux ans, on se demandait si on devait vraiment l’organiser. Mais cette année on ne s’est pas posé de questions. On pense que le pays émerge, même si on aurait souhaité que le rythme soit plus prononcé. On y participe. Il faut qu’on continue à entretenir la confiance. La défiance a pris trop de place », justifie le directeur de Blonba.

À l’instar de plusieurs chaînes de télévision, Africable Télévision ne veut pas rester en marge de la fête. La chaîne envisage « une programmation spéciale pour le 31 décembre », explique M. Sékou Tangara, le directeur de l’information de la chaîne. Un programme qui doit se dérouler sur 2 sites, selon les responsables. Une soirée en studio se tiendra donc parallèlement à un « show » organisé au Monument de l’Obélisque, à Hamdallaye ACI, avec des prestations d’artistes et d’humoristes. Le programme en studio aura en plus une particularité cette année, en relayant les  « vœux des Présidents » des pays africains, surtout ceux prononcés sur « les chaînes partenaires », précise M. Tangara.

En attendant d’obtenir les autorisations nécessaires, à cause du contexte sécuritaire, les responsables estiment que ne pas céder à la peur est la meilleure façon de répondre au terrorisme, même s’ils disent comprendre les mesures de prudence.

Les artistes aussi, qui seront un peu partout sur les différentes manifestations, honoreront les rendez-vous avec leurs fans. Comme Oumou Sangaré, qui, avant sa traditionnelle soirée à son hôtel le 31 décembre, offrira un concert gratuit au monument de la Tour de l’Afrique le 29 décembre, dans le cadre de la célébration de ses 30 ans de carrière.

Habillement et accessoires : L’autre business des fêtes

Quelles sont les recettes pour des fêtes de fin d’année réussies ? Sans connotation culinaire, beaucoup répondront qu’il faut d’abord avoir le « style ». Et les commerçants l’ont bien compris.

Les mannequins affichés dans les différentes vitrines des magasins ont troqué les jeans contre les costumes et les robes de soirée. La mention « soldes » est placardée un peu partout pour inciter les clients à faire une halte pour des emplettes.  30% pour certaines, 50% pour d’autres, quelques-unes se targuant même de procéder à des baisses de 100%! Les boutiques ne lésinent en rien sur les moyens pour rentabiliser la période. Une importante réduction est donc consentie sur les articles les plus tendance. « Nos costumes coûtent en général de 115 à 150 000 francs CFA, mais avec les soldes les clients peuvent les acheter pour 77 000 francs, voire moins » assure Mohamed Traoré, gérant d’une boutique de prêt-à-porter. « Si vous ne consentez pas à ces sacrifices, le client ira soit acheter ailleurs soit se contentera d’une simple chemise », ajoute-t-il, lucide.

Louer plutôt qu’acheter

Certaines boutiques, conscientes de difficultés financières, proposent des services de location de costumes, sous certaines conditions. « Nous louons certains de nos articles 20 000 francs CFA. Ils doivent nous être restitués en bon état, être passés au pressing et à l’heure », explique Malick Koita, qui tient une boutique au grand marché de Bamako. Pour donc avoir le « modjo » il est nécessaire de mettre la main au portefeuille.

Pour les dames qui aspirent à une soirée « cendrillonesque », il faudra débourser légèrement plus que les messieurs. Les robes de soirée coûtent entre 80 et 150 000 francs CFA, sans compter les chaussures et autres accessoires. Dans sa boutique à Hamdallye ACI, Djenebou Keita veut écouler son stock. Un tout nouvel arrivage, fraichement débarqué de Turquie, confie cette commerçante. Elle a déjà vendu une quantité qu’elle juge acceptable, mais son vrai business, ce sont les mèches.  « Les brésiliennes », dont raffolent les dames et qui ne sont pas données. 300 à 350 000 francs pour arborer cette chevelure. « Ca coûte cher d’être une femme et de se faire jolie. Ce qui est d’une certaine beauté attire forcément, donc pour les grandes dames ou celles qui aspirent à l’être c’est un presque un passage obligé ».

Solutions de repli

Pour celles et ceux qui disposent de bourses modestes, des alternatives existent. Des robes de soirée et des costumes à prix bas qui feront à coup sûr leur bonheur.

Quels cadeaux pour les fêtes de fin d’année?

Les beaux cadeaux font les bons amis. Fêtes de fin d’année oblige, parents, conjoints ou même progéniture s’improvisent « Père Noël ». Mais difficile de faire aussi bien que le personnage historique. Quoi offrir ? Cette question taraude de nombreux esprits en ces moments de célébration.

Faire plaisir et donner du sourire peut souvent s’avérer un véritable casse-tête. Pour y pallier, des boutiques se proposent d’offrir la caverne d’Ali Baba aux clients. Bébé Lina Center en l’occurrence. « Nous avons une très large gamme de cadeaux, je ne saurais pas où commencer. Tout le monde y trouve son compte et ce n’est pas un argument commercial », explique l’une des vendeuses. Selon elle, les cadeaux les plus prisés sont les parfums, les montres ou encore les colliers. « Du classique », assure-t-elle. Pour attirer de la clientèle, la boutique a consenti une réduction de 10% sur les jouets pour les enfants. « Nous avons des costumes des princesses Disney ainsi que ceux des super-héros de la télévision. Les nombreux produits dérivés de ces univers sont aussi très prisés. Les enfants en raffolent et ça marche beaucoup en cette période », affirme notre interlocutrice.

« J’avoue ne pas savoir ce que je veux. J’étais venu avec un début d’idée, mais je crois avoir trouvé un article qui fera plaisir », confie Mohamed Cissé, employé de banque, croisé dans les rayons de la boutique. Il assure ne pas avoir « trop dépensé » pour son acquisition. « Nous en avons pour toutes les bourses », renchérit la vendeuse. De nombreuses autres boutiques et vendeurs à la sauvette proposent des cadeaux à des prix qu’ils jurent défiant toute concurrence. Pour 600 francs CFA, et parfois moins, il est possible de se procurer des objets dont les qualités laissent toutefois à désirer.

En un clic

Cela fait plusieurs semaines qu’Amazon s’est mis en mode fêtes de fin d’année. Très complet, le site du géant du commerce en ligne propose des idées cadeaux pour aiguiller ses clients. Les propositions de l’entreprise américaine prennent en compte le sexe et l’âge des bénéficiaires et tous types d’articles y sont répertoriés.

Mamadou Baba Sylla : « Cette année nous attendons 800 exposants à la FIABA »

Baptisée cette année Foire de fin d’année de Bamako (FIABA), l’ancienne Foire d’exposition de Bamako (FEBAK), évènement annuel organisé par la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, ouvre ses portes ce 20 décembre 2018. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le président de la Commission d’organisation, M. Mamadou Baba Sylla, revient sur ce rendez vous qui, malgré les défis, veut tenir ses promesses.

Présentez nous la FIABA 2018…

La FIABA, c’est la foire de fin d’année de Bamako, l’ancienne Rue marchande, que la Chambre de Commerce a initiée il y a déjà quelques décennies avec la Mairie du District et qui se tenait au Boulevard de l’indépendance. Compte tenu de la situation du pays et de la fréquentation de cet axe, la foire s’est tenue à différents endroits avant d’obtenir le site du Parc des expositions, où elle a lieu depuis 2015.

Elle a pour but de permettre aux commerçants, dans l’atmosphère de la fête, de joindre l’utile à l’agréable afin d’écouler leurs stocks et d’entamer sereinement la nouvelle année.

Depuis  son installation au Parc des expositions, la foire a-t-elle comblé les attentes ?

Oui et l’engouement croît d’année en année. Avec les réalisations et l’organisation, la tenue de la foire à Bamako est vraiment prisée dans la sous-région. Ce qui explique que ce sont en priorité les commerçants de l’extérieur du Mali qui s’inscrivent dès l’ouverture de la vente des stands. L’année dernière, on attendait 400 exposants et il y en a eu plus du double. Ce qui nous amené à agrandir le lieu. Nous restons dans cette dynamique.

Où en est-on avec l’organisation cette année ?

Nous sommes prêts. Il reste juste à programmer l’ouverture officielle, qui dépend de l’agenda du Président de la République. La foire se tient du 20 décembre 2018 au 2 janvier 2019. Cette année, nous attendons le plein, c’est-à-dire 800 exposants. C’est notre espoir. Mais avec les différentes foires organisées par les mairies, cela pose un petit problème. Ceci va impacter l’évènement, car tous ces commerçants devaient s’inscrire ici. Mais qu’à cela ne tienne, le niveau d’enregistrement est tel que l’engouement suscité par la foire demeure.

Les prix des stands ?

Ils varient de 25 000 à 500 000 francs CFA. Cela dépend de l’espace occupé et de la bourse de chacun. Tout le monde n’a pas les mêmes moyens. Et tout le monde a sa place. Les restauratrices et les vendeurs de fruits et légumes ont même un espace dédié.

Des dispositions particulières ont-elles été prises, compte tenu du contexte sécuritaire ?

Nous avons tenu la foire en 2017 et nous sommes dans le même contexte. Nous prenons les dispositions nécessaires. Je pense que l’engouement s’explique aussi par les dispositions prises.

Quelles sont les retombées que vous attendez de cette édition ?

Une foire réussie, c’est lorsqu’à la fin chacun se frotte les mains en disant vivement la prochaine édition. Que les exposants aient les chiffres d’affaire satisfaisants et que les visiteurs trouvent les produits aux prix souhaités. Que l’animation soit aussi à la hauteur, parce que nous serons en période de vacances scolaires. Les enfants ont besoin de distraction et d’animation. Tous ces programmes sont déjà mis en place, avec des manifestations culturelles et des programmes ludiques afin que les enfants qui viennent avec leurs parents trouvent aussi leur compte.