Campagne électorale : Chacun selon ses moyens

A défaut d’un budget plafond fixé par la loi électorale, les candidats à l’élection présidentielle battent campagne en fonction de leurs moyens propres. Si elle peut coûter des centaines de millions de francs CFA à certains, tous disent en minimiser les coûts en privilégiant des approches nouvelles.

Même s’il est difficile de chiffrer une campagne électorale au Mali, les candidats à l’élection présidentielle s’acquittent tous de certaines dépenses obligatoires. En effet, pour battre campagne dans un pays aussi vaste, il faut pouvoir se déplacer pour aller à la rencontre des populations. Des déplacements qui nécessitent d’importants moyens, dont des véhicules. Pour parcourir 50 cercles, il faut envisager la location de deux ou trois véhicules, selon l’importance géographique de la localité visitée. « À 75 000 francs la location journalière du véhicule, multipliée par le nombre de cercles, vous pouvez vous faire une idée du coût à ce niveau », explique Monsieur Nouhoum Togo, conseiller à la communication du candidat Soumaïla Cissé. À ces dépenses il faut ajouter « l’organisations de soirées ou de matchs de football », ajoute Monsieur Togo.

Si les nouvelles dispositions de la loi électorale, qui ont notamment interdit « les pratiques publicitaires à caractère politique et commercial (offre de pagnes, tee-shirts…) (…), les dons et libéralités en argent… », ont « allégé les coûts », il faut toujours compter avec les « Worosongo » ou prix de colas en bamanan, remis à certaines autorités coutumières pour signaler sa venue dans une localité. Les déplacements à l’extérieur du pays pour y rencontrer les Maliens de la diaspora font également partie du programme et représentent des coûts importants pour les candidats.

Pour mobiliser les ressources, les candidats misent d’abord sur leurs propres moyens, mais aussi sur des amis « qui croient en eux ». Dans un pays en proie au chômage et aux difficultés économiques, certains pensent même que la « période de campagne est l’occasion de faire part de ses besoins ».

Malgré un tel contexte, « le financement populaire » est une réalité, selon Monsieur Boubacar Traoré, porte-parole du candidat Mamadou Diarra. S’il « n’est pas question d’acheter qui que ce soit, il faut cependant pouvoir aller à la rencontre des Maliens. Ce qui nécessite une logistique lourde ». Pour réussir, il compte sur « des compatriotes riches qui sont à l’extérieur et veulent voir les choses changer. Ils n’hésitent pas à mettre des moyens importants ».

S’il compte sur ses donateurs, le candidat de l’ADP Maliba, Aliou Boubacar Diallo, fournit d’importants efforts, selon le secrétaire politique du parti, Cheick Oumar Diallo. Plutôt que de focaliser sur les chiffres, il préfère « se concentrer sur la tenue d’une campagne responsable, sans effets d’annonce mais avec un programme pour le Mali ».