Rencontre avec Bruce Finley, reporter Environnement au Denver Post

Bruce Finley, reporter nous accueille au siège du Denver Post. Un édifice immense abrite ce quotidien numéro 1 dans l’état du Colorado, en plein milieu des montagnes rocheuses et ses sommets encore couverts de neige. La vue de la salle de réunion est imprenable, la bibliothèque fournie fait envie, tout comme les écrans web disséminés dans la rédaction. A l’autre bout, Gregory Moore, afro-américain et rédacteur en chef veille au grain. Avec un tirage quotidien de 300000 exemplaires, contre 800000 auparavant en raison de la crise de la presse écrite, le Denver Post caracole malgré tout en tête des journaux. En face, le Colorado Independant, est un site exclusivement en ligne qui se veut, la voix de la critique, de l’investigation. Pour compléter le tableau, des stations de TV comme 9news, dédiées aux informations locales, celles de l’état fédéré et rien que cela, créent l’audience, misent sur la culture, les sujets de sociétés ou les gros faits divers… Face à  la concurrence, le Denver Post, qui a vu chuter ses ventes ces dernières années a du miser sur le multimédia, la diversité de ses contenus, mobiles et multiplier les supports, TV et Internet avec 20 millions de viewers par mois… ‘Nous nous réinventons au quotidien, et pouvons décliner un sujet sur plusieurs plateformes. Chaque jour, nous développons de nouvelles aptitudes, explique Bruce Finley, spécialiste des questions eau et environnement, par ailleurs avocat. Pour le reporter, tout est du aux lecteurs : ‘ Nous sommes à  leur service, nous essayons d’être impartial. Le challenge quand on est journaliste est d’être indépendant et de toujours vérifier’. Bien que l’environnement ne soit pas un sujet facile, ni vendable en Une, Finlay réalise une grosse enquête sur l’eau, une ressource qui se raréfie dans le Colorado et pourrait sérieusement manquer d’ici 2050… Amoureux de l’Afrique Bruce Finley a grandi dans le Colorado. Ses yeux bleus brillent lorsqu’il évoque cette enfance, au milieu de la nature, des montagnes, le long des rivières du Colorado. l’envie d’aventures a ensuite conduit ce passionné de reportages en Irak, sur des terrains difficiles, puis en Afrique, au Zimbabwe, au Sénégal, en Mauritanie, ou il enqueta sur les origines d’un africain vivant aux USA. En 1992, Bruce Finley découvre le Mali. Guidé par le cinéaste Souleymane Cisse, il écrit sur les problèmes d’accès a l’eau et ces femmes qui portent des seaux sur des kilomètres pour se ravitailler : ‘ J’ai des souvenirs si beaux, si purs du Mali, J’étais jeune, déterminé, je voulais découvrir le monde’, raconte-t-il, curieux de savoir ce que devient notre cinéaste international. Nous l’informons que Souleymane Cissé vient de tourner ‘Oka’, projeté au dernier festival de Cannes. Bruce promet de revenir au Mali. ‘ Je suis arrivé en 1992 dans ce pays, en pleine élection présidentielle, se souvient ‘il, C’’était la fin du ramadan, je devais écrire sur la désertification, la coupe des arbres l’eau etC’… Souleymane et moi avons parlé de cinéma, de Spike Lee et de toutes les belles anecdotes derrière les gros reportages…’ Avocat de formation, diplômé d’une université anglaise, Bruce Finley sait que la crise de la presse oblige à  innover. ‘Il y a un changement dans la perception qu’ont les Américains de notre travail et nous y réfléchissons constamment, admet Bruce, convaincu que le journalisme est un métier noble qui lui permet de raconter des histoires, d’être plus engagé et au service du peuple. ‘ C’’est une belle mission qui permet d’aider les autres…’ D’ailleurs, le reporter souhaite que les medias américains s’intéressent plus à  l’Afrique, y envoient plus de reporters. Des préoccupations communes, des défis de santé, le paludisme, le réchauffement climatique, tout cela nous lie et devient des questions globales’. La COP 21en décembre a Paris, Bruce Finlay n’en attend pas grand-chose, plutôt préfère t’il écrire sur les questions d’électricité, liées a la production du charbon et éventuellement parler d’une usine dont la fermeture pourrait entrainer des conséquences terribles pour des milliers de travailleurs du Colorado…