Emigration : le flux migratoire est aussi inter-africain

La « Problématique de l’émigration malienne » est le thème que s’est donné la présente édition ; l’objectif étant de débattre sur les problèmes, les risques liés à  l’émigration, la politique de l’émigration du gouvernement malien etc. Devant une assistance de journalistes, de leaders d’opinion, Abdoulaye Poudiougou, ancien ministre de la Justice actuellement délégué général des Maliens de l’extérieur, précise que 4 millions de Maliens vivent à  l’extérieur : 500 000 en Europe et 100 000 en France. Poursuivant son exposé, M. Poudiougou révèle que le flux migratoire est plus interafricain que ne l’imaginent beaucoup de gens. « En Côte d’Ivoire seulement, vivent plus de 2 millions de Maliens », indique-t-il. Du côté de la société civile, Aminata Dramane Traoré, déplore qu’après 50 d’indépendance de l’Afrique, les Africains ne puissent pas circuler librement en Europe ; Elle y voit un indice d’échec du modèle de l’Europe en l’Afrique. D’après Aminata Dramane Traoré, le continent africain a été transformé à  une gigantesque prison par l’Occident. Et « Tant que l’Europe continuera à  s’immiscer dans nos affaires, telles que les privatisations de nos grandes usines, c’est-à -dire la désindustrialisation de l’Afrique, par conséquent, le phénomène de l’émigration va continuer », estime l’altermondialiste. Avant d’affirmer par ailleurs que bien que l’émigration est un phénomène culturel en Afrique, les causes sont dues à  la pauvreté de la population. « La mobilité est l’une des facettes de la pauvreté au Mali o๠les jeunes, très faiblement instruits et sans autre qualification professionnelle que leur force physique, se voient obligés de migrer pour sortir de leur situation peu envieuse », note-elle. « l’argent de l’émigré est plus béni que celui des bailleurs de fonds » Selon Aminata Dramane Traoré, l’argent de l’émigré est destiné uniquement à  répondre aux besoins familiaux de ses parents au pays de départ, or le bailleur donne l’argent non seulement pour encourager la corruption mais aussi contribuer au dépouillement des pays de leurs matières premières. Sur un autre versant, et pour faire face à  la migration, le gouvernement a mis en place un Centre d’information et de gestion des migrations (CIGEM). Ce centre, selon Ismaà«l Sacko, chef de service et de recherche formation et documentation du CIGEM, au-delà  de son service d’accueil, est là  pour informer et sensibiliser les migrants potentiels et les populations sur les risques et dangers de la migration irrégulière, en vue de favoriser une prise de conscience des jeunes, des parents et des communautés de l’importance et des avantages d’une migration informée et consciente, s’effectuant dans le strict respect des lois et procédures établies par les pays de transit et de destination. Ousmane Diarra, président des associations des expulsés, a évoqué les conditions difficiles dans lesquelles les expulsions ont lieu, lors du rapatriement. Selon lui, ces conditions sont tout simplement « inhumaines ». Avant de fustiger l’immigration choisie de Sarkozy, qui veut dire que toute personne qui n’a pas une qualification n’aura plus sa place en Europe. Et Aminata Dramane Traoré de penser que la problématique de l’émigration doit être posée à  cette Europe déstabilisée par des crises économiques ; elle (l’Europe) est censée la comprendre, elle qui a manqué de dire que les Africains peuvent vivre dignement sans se jeter dans les océans ou devenir des esclaves en Europe.

Expulsion de Maliens : Alou Badra Macalou interpellé à l’ Assemblée Nationale

Cette plénière s’est déroulée dans la salle Modibo Keita de l’Assemblée Nationale sous la présidence de Dioncounda Traoré, Président de l’Assemblée Nationale ce jeudi. D’emblée, l’honorable député Oumar Mariko du groupe parlementaire PARENA-SADI a demandé au Ministre des Maliens de l’Extérieur des explications sur la politique malienne d’immigration, compte tenu des expulsions massives, et aussi des éclaircissements sur sa gestion concertée des flux migratoires, enfin l’information du public. Selon Mariko, depuis le début de l’année, il y a eu environ 45 expulsions par mois sur Air France, et 135 en août 2008 en charter. En janvier 2008, poursuit-il, 85 maliens ont été expulsés du Mozambique. Cent autres expulsés d’Espagne, enfin,420 maliens ont à  nouveau été expulsés de Libye en Novembre dernier . Le député a aussi indiqué « que pour que les ressortissants maliens puissent être expulsés, le consulat doit délivrer un laissez-passer aux autorités du pays qui font la demande d’expulsion. Ce laissez-passer est une reconnaissance de nationalité et permet qu’un citoyen soit reconduit». « Pourquoi remettez-vous des laissez-passer à  ceux qui sont dans les centres de rétention en France et qui ne veulent pas quitter ce pays, et vous tardez à  le faire pour ceux qui sont dans les prisons Libyennes ? Confirmez vous que les autorités françaises vous remettent 150 euro par laissez-passer délivré? Si tel est le cas, quelle est la justification de ce montant alors qu’aucun soutien n’est apporté aux expulsés ? Les modalités de délivrance de ces laissez-passer restent très opaques. Quelles autres procédures proposez- vous pour leur délivrance ? », a demancé Mariko. La réponse du ministre En réponse, le ministre Makalou s’est limité à  faire l’éloge de la politique du gouvernement en matière de gestion des flux migratoires. Pour lui, le ministère des maliens de l’extérieur a été créee par la volonté du président ATT. Sans apporter d’ éléments concrets au député Oumar Mariko, le ministre a été stoppé dans son intervention par le Président de l’assemblée, car son temps de parole étaitépuisé. Trois autres ministres interpellés Il s’agit du Ministre de l’Equipement et Transport Hamed Diane Semega, de l’Economie et des Finances, Sanoussi Touré tous deux interpellés par le député Tidinane Guindo de l’URD. Sa question était relative au Dédouanement des engins à  deux roues. Le député Guindo s’est plaint du comportement des agents des douanes pour le guichet unique dans sa localité. Le ministre Hamed Diané Semega a répondu au député Guindo par écrit. Enfin le ministre des Mines, Mamadou Igor Diarra en déplacement en France était concerné par la question portant sur l’énergie et l’éau et les aménagements des nouveaux quartiers de Bamako comme Niamakoro, Sénou, Yirimadjo, Sokorodji, Dianéguéla en commune VI. C’’est le député Kalifa Doumbia ,élu à  Bamako, qui devait interpeller le ministre Diarra sur cette question.

Immigration, les raisons du départ

l’immigration clandestine fait davantage de morts chaque jour. Ils veulent tous partir, mais partir o๠? Comment partir ? C’’est à  ces questionnements que nous essayerons de répondre afin de mieux comprendre les attitudes des uns et des autres face à  ce phénomène qui ronge le continent africain. Pourquoi veulent-ils tous partir ? Les causes de l’immigration sont-elles liées aux conditions de vie misérables de la population ou au taux de chômage trop élevé ? l’altermondialiste Aminata Dramane Traoré estime que le Mali est un pays à  forte tendance migratoire :« les candidats à  l’immigration sont surtout des jeunes et leur envie de partir est due, d’une part, à  l’échec des programmes d’ajustement structurels, la mauvaise gestion de ressources humaines et financières et les partis-pris. ‘l’Afrique subit les conséquences des choix macro-économiques qui lui sont imposés’. Depuis les évènements dramatiques de Ceuta et Melilla, les alter- mondialistes se sont impliqués dans un travail de communication avec les jeunes, afin de les amener à  mesurer et à  comprendre les risques liés à  la l’immigration clandestine », explique Aminata Traoré, ‘ Dans de nombreux villages du Mali, récemment visités, les jeunes n’ayant pas de projet d’émigration, n’ont aucune chance d’avoir une fiancée ! ‘ Partir est un objectif à  atteindre coûte que coûte et par tous les moyens, quitte à  y perdre la vie’ Kayes, une région du Mami à  fort potentiel migratoire Le taux de migrants originaires de la région de Kayes est élevé. La ville de Kayes qui compte 1 400 000 habitants est considérée comme l’exemple réussi de l’immigration au Mali, en raison de l’apport économique des migrants au pays. Le jeune fonctionnaire de police de 28 ans, Abdoulaye, met le phénomène de l’immigration sur le compte de la pauvreté et du chômage : « Partir est une seconde nature chez l’être humain. Même si on a tout le luxe voulu, cela ne suffit pas, il faut toujours découvrir de nouveaux horizons. Lui est prêt à  partir loin de son pays dès qu’une occasion se présentera. ‘’C’’est un idéal que je souhaite atteindre. Mon poste de policier ne me permet pas de gagner ma vie comme je le voudrais réellement. Je trouve mon salaire trop bas pour le train de vie que mènent ma femme et mes gosses. » Drissa Sidibé est gardien d’une grande banque de la place. Il est lui aussi très favorable à  l’immigration. Avec 30.000 FCFA mensuels, Drissa se plaint de ne pas pouvoir s’occuper convenablement de sa femme et de ses quatre enfants : le loyer à  payer, l’électricité, l’eau et toutes les petites dépenses constituent une lourde charge. A plus de 45 ans, Drissa est prêt à  risquer sa vie et laisser sa famille pour partir se chercher ailleurs comme il dit. Encadrer le phénomène migratoire au Mali ! La réalité de l’immigration irrégulière et de ses drames au quotidien, la prise conscience par les gouvernements des pays d’origine des potentiels humains financiers et culturels des migrants, constituent des enjeux de société importants. C’’est au regard de tout ceci, que la Commission de l’Union Européenne (UE), a envisagé, avec la collaboration du gouvernement malien, la création du centre d’information et de gestion des migrations (CIGEM) qui a été inauguré le 6 octobre dernier au quartier ACI Hamdallaye. Le Président de la Commission Européenne, Louis Michel explique que ‘’le Mali étant le 2e pays de l’Afrique de l’ouest par sa taille, a davantage conscience des avantages que la migration peut apporter au développement. Il y a la nécessité de réduire au maximum, ses effets négatifs. Le gouvernement malien mène depuis plusieurs années, des actions en faveur des Maliens de l’extérieur. Le Mali a ainsi été choisi par la commission de l’UE pour abriter ce centre ». Selon Abdoulaye Konaté, le directeur du CIGEM, le centre vise à  mettre en place un cadre de gestion durable des flux migratoires. Le Mali reçoit également des migrants venus d’ailleurs et particulièrement, d’Afrique. Il est donc nécessaire de promouvoir la migration légale. Le centre accueille principalement les migrants expulsés de France, d’Espagne, de Libye et d’ailleurs. Ce sont surtout eux qui viennent pour des cas de réinsertion et retour par voie légale. l’expérience du CIGEM aborde la problématique migratoire selon une approche globale et durable. Cette approche est en cohérence avec les éléments de politique de développement du Mali qui visent non pas à  arrêter le phénomène mais à  le positiver, le développer et le structurer. Notons que le refus du Mali de signer avec la France, un accord de gestion des flux migratoires, démontre sa volonté de ne servir de telles fins. Signalons aussi que contrairement à  ce que beaucoup semblent penser, la première destination des maliens C’’est l’Afrique : Côte d’Ivoire, Gabon, Congo, Angola, Guinée Equatoriale … Sur une population expatriée estimée à  plus 4 millions de personnes, quelques 3.5 millions se trouvent dans ces pays là . Le gouvernement espagnol, en collaboration avec l’ANPE, a procédé au recrutement d’une trentaine de cultivateurs maliens pour l’Espagne. Parmi ces candidats, Brahima Traoré : Refoulé le 23 novembre 2007 avec de nombreux compatriotes, il est passé par des pirogues de fortunes, et s’est fait arrêter par les autorités espagnoles aux larges des côtes marocaines. Après 40 jours à  la Croix Rouge Espagnole, ils ont été expulsés au Mali. ‘’Je voudrais cette fois ci, passer par la voie normale, légale. Lorsque J’ai entendu parler de cet appel à  candidature lancé par le CIGEM, je suis venu…’. Les trente candidats seront en Espagne d’ici quelques semaines et n’attendent plus que la confirmation de leurs visas. l’impact économique des migrants sur le Mali est assez important et diversifié. Selon une étude réalisée par la banque africaine de développement (BAD), la diaspora africaine transfère de 14 à  17 milliards de dollars US par an. Cette étude relève aussi que la diaspora malienne de France effectue par le circuit officiel, un transfert annuel de 120 milliards de francs CFA, un montant supérieur, au niveau de l’aide publique au développement perçue par le Mali. Plus récemment, selon l’agence PANA, se référant au haut conseil des maliens de France( HCMF), environ 200 milliards de francs CFA sont transférés chaque année, à  travers différents circuits, par la diaspora malienne.