Fonction publique : départ des admis pour la formation militaire

Ce mardi 02 août 2022, le ministre de la jeunesse et des sports ainsi que la ministre du travail et de la fonction publique ont présidé la cérémonie de départ de la 3e cohorte du service national des jeunes pour le service militaire obligatoire des nouvelles recrues de la fonction publique d’Etat. 

Ils étaient au départ 63 677 candidats à participer au concours direct de recrutement de la fonction publique d’État session 2022. 807 personnes ont été retenues et ce sont ceux qui ont pris ce mardi 02 août 2022 la route de Ségou pour la formation militaire obligatoire des fonctionnaires d’État instauré le 30 mai 2022 par le président de la transition Assimi GOITA. Le service national des jeunes a 3 fonctions notamment la formation physique, militaire ou commune de base des jeunes, la formation morale mais aussi et surtout la formation professionnelle des jeunes. Toutefois, les fonctionnaires de l’État ne sont pas concernés par la formation professionnelle du SNJ.  Le Ministre de la jeunesse et des sports chargés de l’instruction civique et de la construction citoyenne a quant à lui d’un ton ferme chargé les responsables du Service Nationale des Jeunes à la rigueur dans la formation des nouvelles recrues de la fonction publique. Il a notamment demandé aux responsables du SNJ de « casser les durs et de redresser les tordus ».

 

 

 

 

 

 

Fonction publique : les licenciés traînent toujours leur spleen

La cour du Centre national des concours de la Fonction publique refuse toujours du monde à moins d’une semaine de la fin du dépôt des candidatures prévu pour le 1er février. Pendant ce temps, les licenciés, qui ne peuvent pas postuler, ne décolèrent pas. Ils entendent protester contre « cette injustice » et faire valoir leurs droits de participer aux concours de la Fonction publique au même titre que tous les autres diplômés.

C’est dans une directive adoptée en 2007 que l’UEMOA a instruit aux États de recourir désormais au système LMD (Licence, Master, Doctorat) au niveau de l’enseignement supérieur. Le Mali adoptera le système en 2008, à travers un décret présidentiel. Les écoles supérieures et universités fonctionnent donc depuis sur la base de ce système.

En 2014, le Mali précisera même que la licence va progressivement remplacer la maîtrise et constituer ainsi le premier grade universitaire. Malgré toutes ces décisions, indiquant en outre que les ministres concernés sont chargés de l’application de la mesure, la licence, qui correspond à la catégorie « A », n’est toujours pas prise en compte lors des concours d’accès à la Fonction publique. Une seule fois les agents de santé titulaires de ce diplôme ont été admis à passer le concours, nous confie une source, qui ajoute que la mesure d’interdiction concerne maintenant toutes les spécialités.

Invités à un séminaire d’échanges sur la question en août 2021, les directeurs des grandes écoles, ainsi que les recteurs d’universités et les doyens de facultés, ont affirmé qu’il s’agissait principalement « d’un problème de sensibilisation des directeurs des ressources humaines, qui ne prennent pas en compte la licence », affirme M. Bréhima Camara, Directeur des études de l’École supérieure de journalisme et des sciences de la communication. L’une des recommandations fut donc d’informer les DRH, afin qu’ils prennent conscience que le premier diplôme supérieur est désormais la licence.

« Notre surprise a été donc grande de constater que lorsqu’il y a un concours d’accès à la Fonction publique les détenteurs de licence sont exclus, discriminés », s’insurge Issiaka Sogodogo, chargé de la cellule de Communication et d’information du collectif qui regroupe l’ensemble des licenciés. Un collectif mis en place il y a environ  2 ans pour « lutter contre cette injustice ».

« C’est comme si la licence ne valait rien et qu’on obligeait les gens à faire le master. Or, nous n’avons pas les moyens et les autorités font la sourde oreille », ajoute M. Sogodogo. Ni les démarches administratives, ni les démarches judiciaires, puisque le collectif avait attaqué l’organisation du concours de la Magistrature, ne lui ont permis d’obtenir gain de cause. C’est pourquoi il « se bat pour tous les licenciés de toutes les facultés » puissent être entendus, même si pour le moment aucune des autorités concernées ne l’a reçu. Mais pourquoi, alors qu’elle est validée depuis plusieurs années, la « licence n’est plus considérée », s’interrogent les acteurs ?

Licence peu qualifiée ?

« Même si les masters sont ouverts, ils coûtent extrêmement cher », explique le Dr Bouréïma Touré, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences humaines et des sciences de l’éducation (FSHSE). Avant d’ajouter que le problème doit être discuté au niveau des autorités. En tant qu’enseignants, ils apportent leur appui en renonçant à une partie des fonds de formation pour les transférer aux meilleurs étudiants, qui peuvent ainsi avoir des bourses pour poursuivre en master.

« Sur le plan pédagogique, dans l’ancien système c’était au moment de la maîtrise que les étudiants étaient dotés d’outils leur permettant par exemple de réfléchir sur une problématique concernant la société et de construire un rapport qu’il présentaient ». Une maîtrise sur le plan pratique qui dotait ces cadres d’une certaine capacité à résoudre des problèmes.

Or, au niveau de la licence, même si les étudiants ont souvent des travaux pratiques leur permettant de réfléchir sur des problématiques à partir desquelles ils peuvent faire des rapports de quelques pages et les exposer, cela ne suffit pas pour acquérir la capacité demandée.

Recrutement dans la fonction publique : le concours lancé

C’est ce 03 janvier  2022 que commence la réception des dossiers de candidature au concours direct de recrutement dans la  fonction publique de l’Etat. C’est ce qu’a annoncé la ministre du Travail de la fonction publique et du dialogue social, madame Diawara Aoua Paul Diallo.

Au total, ce sont 883 emplois qui sont mis en compétition. Toutes les catégories (A, B2, B1 et C) et tous les secteurs d’activité sont concernés. Les centres de concours sont ceux de  Kayes, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Bamako. Les candidats des autres régions peuvent s’inscrire sur les sites de leurs choix. Les dossiers de candidature qui sont reçus pour les candidats de Bamako au centre national des concours pour la fonction publique et au niveau des gouvernorats pour les régions, le seront jusqu’au 1er février 2022.

A noter désormais un changement dans l’âge des candidats. Alors que le minimum est de 18 ans pour toutes les catégories, il est de 43 ans pour la catégorie A, 38 ans pour les catégories B et 35 ans pour la catégorie C.

Les concours se dérouleront les 19 et 20 février et les 26 et 27 février 2022 dans les centres régionaux et le District de Bamako. Aussi cette année en raison de l’insécurité persistante sur le tronçon Mopti Tombouctou, la région de Tombouctou est désignée comme centre de concours.

Salaire des médecins : « En deçà de l’effort demandé »

Avec un salaire net d’environ 227 000 francs CFA, le médecin généraliste malien peut espérer en gagner 20 000 ou 25 000 francs de plus lorsqu’il se spécialise (en fonction du nombre d’années passées pour la spécialisation). Jugé « dérisoire », compte tenu du coût de la vie, les médecins espèrent voir revaloriser leur traitement, tout comme leurs conditions de travail, pour une meilleure qualité de soins.

« Si nous voulons avoir un système de santé performant », correspondant aux aspirations des citoyens, « il faut ce statut », déclare le Docteur Chaka Kéïta, médecin-pédiatre et Secrétaire général du Syndicat des médecins du Mali (SYMEMA).

Ce « statut de l’agent de santé » fait partie des revendications faisant l’objet de discussions entre le gouvernement et les syndicats de médecins. Des discussions pour le moment au point mort, selon le Docteur Kéita. « Nous avons signé un protocole d’accord avec l’État le 25 juillet 2018 et on était censé mettre en place 4 commissions. Mais aucune ne s’est réunie. Rien n’a été fait pour que les choses avancent », déplore le Docteur Kéïta.

Pour le moment, les médecins qui relèvent du Statut général des fonctionnaires peuvent avancer tous les 2 ans, lorsqu’ils « sont bien notés », et avoir une augmentation de 10 000 francs CFA. C’est pourquoi, après 10 ans de carrière, « certains n’ont pas plus de 350 000 francs », relève pour sa part le Docteur Chaka Traoré, médecin généraliste au Centre de santé de référence (CSRéf) de Dioïla, en deuxième région. Après 5 années au sein d’un centre de santé et avec un salaire net (indemnités et primes comprises) de 215 000 francs, « sans avancement », il intègre la fonction publique en 2016. Depuis, il touche environ 230 000 francs. Un salaire « insuffisant », compte tenu des « contraintes de la vie ici », selon le Docteur Traoré.

Le paradoxe étant, selon nos interlocuteurs, que si au plan macro économique les chiffres font rêver, au niveau salaire, le Mali est « dernier ou avant-dernier » de la CEDEAO.

Salaire des enseignants : Des progrès à faire

Au Mali, les grèves incessantes des enseignants interrogent sur leurs conditions de vie. Révéler son salaire, c’est comme transgresser un tabou. « Les enseignants n’ont pas le même salaire, ni la même situation administrative, ni le même nombre d’enfants, ce n’est pas facile de savoir ce que chacun gagne», explique un syndicaliste, membre du Syndicat national de l’Éducation et  de la culture (SNEC). Nonobstant, à travers la grille et la valeur indiciaire, le salaire net est calculable. La loi  007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental mais aussi de l’éducation préscolaire et spéciale, spécifie les traitements. Ainsi, les salaires peuvent être déterminés en fonction de la grille salariale du fonctionnaire multipliée par la valeur indiciaire, 400.

Chaque catégorie, soit A, B2 ou C, a son niveau de grade en classe et échelon. Par exemple, un enseignant du préscolaire de la catégorie C, de niveau  3ème classe,  6ème échelon, marié et père de deux enfants, à l’indice 310, gagnerait par mois 124 000 francs CFA nets, plus 36 500 francs CFA toutes primes confondues (prime de zone, allocations, etc.) plus 2 500 francs pour chaque enfant. Son revenu mensuel serait donc environ de 163 000 francs CFA.  De même, un maitre principal de l’enseignement fondamental de catégorie B2, 2ème classe, 1er échelon, indice 425, marié et père de trois enfants, obtiendrait  211 000 francs CFA nets plus 57 500 francs CFA de primes. Soit 268 500 francs au total. Au regard des besoins de la famille, la somme concourt à joindre les deux bouts, mais sans moyen de faire une épargne durable. Au niveau de l’enseignement secondaire, un professeur principal de catégorie A, 3ème classe, 3ème échelon, avec indice 410, toucherait 164 000 francs CFA.  Le total s’élèverait avec les primes s’élèverait à 242 000 francs CFA.