Barkhane: La France va envoyer 600 militaires supplémentaires

Le ministère des Armées officialisé l’information le dimanche 2 février dans un communiqué. Le président Emmanuel Macron a décidé de porter à 600 le nombre de troupes supplémentaires au Sahel allouées à l’opération Barkhane. C’est plus que ce que le renfort de 220 soldats annoncé en janvier lors d’un sommet à Pau avec les pays du G5 Sahel (Niger, Mali, Burkina, Tchad, Mauritanie).

« L’essentiel des renforts sera déployé dans la zone dite des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Une autre partie de ces renforts sera engagée directement au sein des forces du G5 Sahel pour les accompagner au combat », indique le communiqué de la ministre des Armées Florence Parly. « Cette étape majeure de notre engagement au Sahel doit marquer un tournant à la fois dans la mobilisation de nos partenaires européens et la montée en puissance des forces du G5 », précise le texte.

Gal B. Guibert, Commandant de la Force Barkhane : « Il n’y a plus de sanctuaire terroriste au Mali »

Quelques heures après une attaque contre le camp Minusma de Kidal, le Commandant de la force française Barkhane rassure : la situation tourne en défaveur des groupes terroristes. Ces derniers ont été frappé au cœur de leur dispositif grâce à une opération encore en cours et qui a permis de neutraliser ou d’arrêter des individus dont de nombreux cadres de l’EIGS et du JNIM.  

Opération de communication inédite pour le chef de la Force Barkhane. Le général de division Bruno Guibert a rencontré la presse ce jeudi 22 mars 2018. L’officier supérieur connait bien le Mali. Il y a été d’aout 2013 à avril 2014 en tant que chef de la mission de formation de l’Union européenne, l’EUTM. Depuis juillet 2017, il a pris le commandement de la force française, déployée dans cinq pays de la bande sahélo-saharienne, avec PC à N’Djamena (Tchad).

Lancée, le 1er août 2014, la Force Barkhane est déployée essentiellement au nord du Mali où  elle lutte contre le terrorisme. En près de quatre ans, des centaines de terroristes ont été mis « hors de combat », des bases démantelées etc. « Cette tâche, nous la continuons », assure le Général Guibert qui se réjouit que l’opération menée dans le Liptaco-Gourma depuis trois semaines et qui aura déjà permis de toucher près de 70 terroristes, ait permis de déstabiliser les actions des groupes installés dans cette zone. Une action qui se mène sur le terrain  en collaboration avec les différents acteurs militaires sur le terrain (troupes internationales, Forces armées maliennes et des pays voisins), mais aussi certains groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation(APR).

 Général Bruno Guibert, le 22 mars 2018, à propos de la collaboration avec certains groupes armés. Copyright JDM

« Je ne fais pas de politique »

« Barkhane est une force militaire. Donc moi je mène des combats, je ne m’occupe pas de politique, je ne me positionne pas sur le champ politique même si je comprends que l’action militaire à des impacts sur le champ politique », précise le Général français. La question de la mise en œuvre de l’APR entre en ligne de compte dans la gestion des opérations sur le terrain, « ce qui est décidé au niveau politique en CTS par exemple en ce qui concerne la circulation des armes et des munitions, n’est appliqué par personne ».  Barkhane a  des « preuves de collusion de certains  acteurs avec les groupes terroristes ». « Il faut faire preuve de courage et de détermination, choisir son camp et avancer vers la paix dans le cadre de l’APR tel qu’il a été signé par ces mêmes groupes […] Tout le monde doit faire des efforts pour que la paix progresse». De soupçon de collusion, il en a été question après la frappe d’Abeïbara qui avait causé la mort de soldats maliens. « C’est un sujet difficile et compliqué », reconnait le patron de Barkhane qui « en tant que chef militaire qui a ordonné cette opération», n’a « aucun doute sur la nature du groupe qui avait été frappé et dont le comportement était clairement caractéristique de celui d’un groupe armé » mais ne saurait dire si la situation des militaires maliens était « délibérée, volontaire ou imposée ». « On ne connaitra certainement jamais la vérité profonde de ce qui a pu se passer. Malheureusement, ça fait partie des risques de la guerre, où il n’y a jamais de certitude absolue », conclut-il pour clore le sujet en demandant de passer « au-delà de cette affaire pour avancer ensemble ».

Quid du centre du Mali ?

La zone d’instabilité descend depuis plusieurs mois vers le sud du pays. Avec des actions de groupes armés majoritairement peuls et les conflits intercommunautaires, la question de l’insécurité du centre du Mali est le sujet de préoccupation du moment. Alors que la Force conjointe du G5-Sahel commence timidement son déploiement, que la Minusma subit des pertes à cause d’engins explosifs, Barkhane est absente de la zone. « Si aujourd’hui nous ne sommes pas engagés dans le centre du Mali, c’est que les autorités maliennes ne l’ont pas souhaité », explique le Général Guibert. « Nous agissons essentiellement dans le nord du Mali, parce que c’est là que se concentrent certains foyers terroristes et les donneurs d’ordre de ces groupes se trouvent dans le nord. Pour le moment, il n’est pas prévu que Barkhane intervienne dans le centre où les Famas mènent des opérations  avec succès», précise-t-il. Des succès qui font dire à l’officier qu’il n’y a « plus de sanctuaire terroriste au Mali. Je ne dis pas que la menace n’existe plus mais il n’y a plus d’impunité des groupes terroristes au Mali. Ils sont traqués partout ».

L’armée malienne fait des efforts pour se restructurer et monter en puissance.

Général Bruno Guibert, le 22 mars 2018, à propos des FAMas. Copyright JDM