Ces « mendiants » qui construisent des maisons

Pour ceux qui aiment se promener dans Bamako, inutile de leur dire qu’en arrivant aux feux tricolores, aux carrefours ou dans un flot d’embouteillage, la seule voix qui se mêle à  celui des klaxons et du bruit des moteurs est le fameux « Fissabillayi » qui veut dire tout simplement donner à  Dieu. Cette voix est celle des mendiants. Ici au Mali, il y a plusieurs sortes de mendiants ; il y a ceux qui utilisent leur infirmité pour mendier, il y’a les talibés qui mendient au nom de Dieu et ceux qui promènent les jumeaux. Mais tout compte fait, la pratique s’avère lucrative à  tout ce groupe. Aider les pauvres est une recommandation de Dieu et de toutes religions monothéistes. Malheureusement de nos jours, on ne sait plus qui est pauvre et qui ne l’est pas, qui mendie par nécessité et qui le fait pour le plaisir. A première vue les mendiants, puisqu’il faut les appeler ainsi, sont très pauvres et si vous n’avez pas le C’œur en béton, vous risquez de sombrer dans un grand chagrin à  défaut de pouvoir les aider, mais si vous les suivez de près, vous verrez qu’ils sont deux fois plus riches que vous et pire, vous trouverez parmi eux des trafiquants de drogue. Les mendiants construisent des maisons : un paradoxe Les mendiants construisent bien et bel des maisons et beaucoup d’entre eux auraient même des Sotrama (car de transport public bamakois) en location. Braké Cissé un étudiant à  la FLASH résident à  Baco-djicoroni raconte : « La mendicité est devenue un métier, je dirais même un commerce bénéfique dans la circulation. La sincérité est une ouverture du C’œur et on la trouve chez peu de gens et ce que l’on voit comme ordinaire, n’est que dissimulation pour gagner la confiance des autres. Je connais des jumeaux mendiants qui sont parvenus à  construire deux villas à  Bacodjicironi et qui possèdent deux SOTRAMA en circulation mais continuent quand même de mendier. Soyons sincère, o๠est la morale ? Il faudrait plutôt les appeler des entrepreneurs au lieu de mendiants ; Moi je n’ai même pas une chambre ou poser ma tête mais je travaille dure hein ! Que dire de ceux qui en profitent pour faire du trafic de drogue avec l’argent de la mendicité ? Mendiant, mendiant… laissez-nous passer ouais ». Un vieux mendiant domicilié à  Sabalibougou se confie à  nous mais nous demande d’être discrets : JournalduMali.com : Bonjour, cela fait combien de temps que vous mendiez ? – Le mendiant : Mon fils Dieu m’est témoin que je ne te vois pas mais je sais que J’ai commencé à  mendier bien avant ta naissance en tout cas plus de trente ans auparavant. Tu as cet age ? – Journal du Mali : Non J.M : Vous mendiez vraiment par nécessité ? Le mendiant: au début oui, mais maintenant je ne sais vraiment pas pourquoi je suis ici. J.M : Gagnez-vous de l’argent ? Le mendiant : J’en gagne assez oui ! J.M : vous avez des enfants ? Le mendiant : J’en ai trois ils sont tous plus âgés que toi, ils ont tout fait pour m’empêcher de mendier mais je trouve toujours un moyen pour m’en sortir. J.M : D’autres disent que certains mendiants ont des maisons, des véhicules etc. est ce vrai ? Le mendiant : moi je vis dans ma propre maison à  Sabalibougou et beaucoup d’autres comme moi en ont aussi. Bon assez, de questions je dois continuer. J.M : Merci le vieux. Les talibés ne sont pas en marge Les « talibés » ne sont pas en marge de cette pratique, les maà®tres coraniques profitent de leur innocence pour faire fortune. Les enfants sont obligés de rentrer le soir avec une somme fixée d’avance par certains maà®tres sans scrupules. « Un enfant de 10 ans à  l’habitude de passer la moitié de la nuit devant notre portail, raconte un enseignant. Après quelques questions, je comprends qu’il ne veut pas rentrer parce qu’il n’a pas pu rassembler les deux mille francs que son maà®tre lui avait exigé. Je l’invite à  passer la nuit chez moi et ensuite, je lui remets la somme et il s’en va. ». « Baye Fall » du Sénégal Il existe groupe de mendiants venus du pays voisin Sénégal et communément appelés les « Baye Fall ». Ils tiennent cette appellation du nom de leur maà®tre qui s’appellerait Baye Fall. Ils crient à  qui veut les entendre qu’ils mendient pour leur maà®tre qui se trouve au Sénégal et lui à  son tour priera et intercédera pour eux. Ainsi ils se battent contre vents et marées pour assurer une vie luxueuse à  ce dernier. A Kalanbancoura, lors d’une de nos visites pendant le séjour du « grand maà®tre », nous avons remarqué qu’ils habitaient une grande construction et que tout le financement venait des pièces recueillies de gauche à  droite, grâce à  la population qui croit toujours donner à  Dieu. Les mères de jumeaux Quand aux femmes qui promènent les jumeaux, le sujet est encore plus délicat car profitant de la passivité de la religion musulmane, elles ont dépassé les bornes. En effet l’islam atteste qu’il est bon d’aider les jumeaux car le prophète PSL serait issu des jumeaux. Malheureusement là  aussi, les gens en ont en fait un commerce. Aujourd’hui les femmes promènent ces créatures innocentes sous un soleil sans merci, accablées de faim et de fatigue sans parler des maladies qu’ils contractent sur les lieux publics. Force est de reconnaà®tre que tous ces jumeaux ne sont pas de vrais jumeaux. Certaines femmes vont jusqu’ à  louer les enfants de mère différentes et le coût de la location s’élève à  2000F Cfa la journée, et grâce à  ces jumeaux, certaines femmes sont parvenues à  faire fortune. Vrai ou faux, les mendiants ne se plaignent pas de leur sort ! Quant à  la population, beaucoup sont ceux qui pensent que C’’est en donnant aux mendiants qu’ils se feront une place au paradis. Mais les mendiants eux se servent allègrement de l’intelligence de la population. Vigilance, vigilance !