EXCLUSIF/ Zeina Walet Ilady : « Barkhane doit partir ou c’est nous qui partirons ! »

Depuis le début du mois d’octobre à Kidal, au Nord du Mali, les manifestations s’enchaînent contre la Force Barkhane et ses méthodes. La mort entourée de mystère, il y a un an, de Cheikh Ag Aoussa, ex-numéro 2 d’Ansar Dine, chef militaire redouté et sulfureux du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), dans l’explosion de son véhicule, est venue s’ajouter à l’hostilité suscitée par les récentes actions coups de poings de la force française. Beaucoup à Kidal pointent du doigt son rôle trouble dans la mort de ce faucon de la rébellion touarègue. Au premier plan, Zeina Wallet Ilady, la veuve de Cheick Ag Aoussa, instigatrice des manifestations qui agitent la capitale de l’Adrar des Ifoghas. Cette femme d’influence est déterminée à tout faire pour que la force Barkhane « dégage » de la région.

La force Barkhane a procédé à plusieurs interventions qui se sont soldées par des arrestations dans Kidal et sa région depuis le début du mois d’octobre. Des manifestations contre Barkhane, dont vous êtes l’une des principales instigatrices, ont lieu depuis, chaque semaine. Pourquoi une telle hostilité envers la force française ?

Depuis que Barkhane est ici, je ne vois pas ce qu’ils ont fait de bien pour Kidal. Ils arrêtent nos hommes, prennent des innocents qu’ils nomment terroristes et quand ils ont fini avec eux, ils les donnent au Mali. Quand on se tourne vers le Mali pour les faire libérer, il faut donner de l’argent, prendre des avocats, payer 2 à 3 millions de francs CFA. Ils « bouffent » ça et personne ne sort. Puis Barkhane revient encore pour prendre les gens en disant que ce sont des terroristes. Pour moi, c’est Barkhane les terroristes ! Moi, c’est eux que je crains. Leurs actes sont comme ceux des terroristes. Ils rentrent dans les maisons des personnes, les violentent, parfois les tuent, brûlent leurs biens. Pour  moi, c’est la même chose.

Pourtant ils luttent contre le terrorisme justement. Il y a eu des résultats…

On n’est pas contre Barkhane parce qu’on serait avec les terroristes ou parce qu’ils luttent contre le terrorisme. Mais Barkhane ne combat pas les terroristes, ils font de vastes coups de filet et s’en prennent aux gens de la région. Au final, c’est eux qui nous terrorisent ici chez nous, ils font ce qu’ils veulent. Je suis en charge de la gestion de la ville d’Abeïbara concernant la santé, la nourriture, l’éducation, etc. Je travaille aussi à faire revenir les jeunes dans la région. Mais personne ne souhaite revenir. Quand on essaie de les sensibiliser au retour, ils répondent : « On va nous prendre pour des terroristes, ils vont nous mettre en prison et qui nous défendra demain ? ». Comment voulez-vous les sensibiliser dans ces conditions ? On est contre tout ce que fait Barkhane ici.

 Durant vos manifestations on pouvait entendre et lire sur des banderoles les slogans « Barkhane dégage ! », « Dehors la France ! ». Souhaitez-vous vraiment le départ de la force Barkhane qui, par ailleurs, est aussi impliquée dans des actions de développement à Kidal ?

Mon souhait est que Barkhane quitte la région de Kidal. Ils savent que le terrorisme n’est pas concentré à Kidal ou dans la région. Ils savent où sont les terroristes, ils n’ont qu’à y aller avec leurs hélicos. À Kidal, ils ne développent rien. Ils ont donné un financement pour une école, ils ont refait la peinture, placer des fenêtres et mis une plaque qui prouve qu’ils ont fait quelque chose pour Kidal. Pour les autres actions de développement, je ne sais pas si c’est Barkhane, je pencherais plus pour la MINUSMA.

Vous ne mettez pas la MINUSMA dans le même sac que Barkhane ?

La première manifestation qu’on avait faite, c’était il y a un peu plus d’un an contre la MINUSMA car elle avait tué, lors d’une marche de contestation, deux jeunes. Pour moi, il y a moins de problèmes avec la MINUSMA car elle vient en aide aux populations, elle aide au développement de la région, elle transporte nos gens. Certains, durant nos manifestations, ont voulu s’en prendre à la MINUSMA. Je condamne ça. On a plus de problèmes avec Barkhane qu’avec la MINUSMA.

Jusqu’où êtes-vous prête à aller avec ces manifestations ?

C’est simple, Barkhane doit partir ou c’est nous qui partirons ! Soit elle nous laisse Kidal ou bien on s’en va ! Chaque nuit, leurs avions survolent Kidal, on a du mal à dormir avec ça. Il y a aussi leurs patrouilles qui posent problème. Depuis un certain temps ils ne viennent plus chez moi, mais avant il venait devant ma porte. Les enfants n’osaient pas sortir, les gens n’osaient pas rentrer. Même quand la porte était fermée, ils venaient regarder dans ma cour. Je ne sais pas pourquoi. Nous allons continuer de manifester contre Barkhane chaque lundi, jusqu’à ce qu’il y ait une solution !

 Avez-vous essayé de rencontrer la force française pour vous expliquer avec eux ?

Je n’ai pas parlé avec Barkhane, je n’ai même pas cherché à parler avec eux. Le 8 octobre dernier, date anniversaire de la mort de Cheikh (Cheikh Ag Aoussa, son époux – ndlr), lorsque la population est sortie pour manifester, Barkhane est sortie du camp avec ses véhicules dans la foule, alors qu’il y avait beaucoup de tension. Les gens mécontents leur ont jeté des pierres. Elle aurait dû normalement rester dans son camp parce que les gens manifestaient. Ils ont été caillasses parce qu’on ne veut plus les voir dans la ville.

Cela fait un an que Cheikh Ag Aoussa, votre mari, est décédé dans l’explosion de son véhicule, non loin du camp de la MINUSMA. Pour vous, que s’est-il passé ce 8 octobre 2016 ?

Ce jour-là, mon mari m’a dit qu’il avait une réunion à laquelle il devait assister au camp de la MINUSMA, une réunion de sécurité. Donc, à 15h, il est parti. Il devait revenir à 17h pour venir me chercher et me mener chez ma mère, que je devais aller visiter. À 18h, il n’était toujours pas revenu. Je l’ai appelé, il ne répondait pas au téléphone. Après ça, on a entendu une grosse explosion en provenance du camp de la MINUSMA. Quelques instants après, les gens m’ont appelé et m’ont dit que c’est le véhicule de mon mari qui avait sauté.

Se sentait-il menacé ? Vous avait-il fait part de quelque chose ?

Je n’ai vu aucun signe particulier, mais je sais qu’avant ça, plusieurs fois, il y a les soldats de Barkhane qui sont venus le voir à la maison. Ils disaient à Cheikh qu’il travaillait avec des terroristes. Quand il y a eu l’attaque terroriste à Nampala, où 17 soldats maliens ont été tués, quelques mois auparavant, ils sont venus chez moi et ils ont montré un rapport à mon mari. Ils lui ont dit qu’à Nampala, les armes qui ont été saisies provenaient de chez nous. Cheikh leur a dit d’entrer. Ils lui ont dit qu’il y avait des gens d’Ansar Dine parmi les attaquants. Cheikh leur a répondu que s’ils savaient qu’il y avait des gens d’Ansar Dine alors il fallait aller les prendre. J’étais là, je suis au courant de ça.

Qui a assassiné votre mari, selon vous ?

Les Français m’ont pris mon mari. Je suis sûre que ce sont eux qui ont fait ça. À chaque fois que je suis allée au camp de la MINUSMA, j’ai toujours été fouillée. Ils vous font sortir de la voiture, ils vous fouillent, ainsi que le véhicule. Ça a été aussi le cas pour Cheikh avant qu’il ne rentre dans le camp ce jour-là, comme à chaque fois qu’il s’y rendait avec ses dossiers. Donc, c’est impossible que son véhicule ait pu entrer avec une bombe à l’intérieur du camp sans que la MINUSMA ou Barkhane ne soit au courant. Il n’y a qu’à l’intérieur que ça a pu se faire. Pour moi, c’est sûr que ça a été organisé, peut-être entre la MINUSMA et Barkhane, mais les responsables sont dans ce camp.

L’enquête n’a pas pu établir qui étaient les auteurs. Un an après, cherchez-vous toujours à savoir ce qu’il s’est réellement passé ?

Je continuerai à me battre pour savoir ce qui s’est passé, même si je ne sais pas comment je peux faire, comment je peux savoir. Mais je n’ai pas peur de mourir pour ça. Vous sentez-vous menacée ? Bien sûr. J’ai peur pour moi et pour la population. J’ai vu comment ils agissent ici. Je sais que je suis en danger quand je dis à Barkhane de dégager, mais je ne peux pas laisser faire ça.

Pour vous, la paix et la sécurité dans Kidal et sa région sont-elles possibles sans la présence des forces françaises ?

La paix, c’est la route qu’a prise la CMA depuis la signature de l’Accord de paix. Je suis d’accord avec ça, même si, selon moi, il n’y aura pas de paix véritable sans séparation d’avec le Mali. Le principal problème de la sécurité ici, c’est le manque de développement et de travail pour les jeunes. S’il y a ça, l’insécurité va diminuer, même si elle ne disparaîtra pas tout à fait. Mon souhait le plus cher est que Barkhane quitte Kidal. Quand ils seront partis, la sécurité sera une autre question à résoudre, et on verra à ce moment-là ce qu’il y aura lieu de faire.

Sentiment anti-français: la grogne grandit

L’intervention française de janvier 2013 pour stopper les djihadistes avait été célébrée avec pompe par la majorité de la population malienne. Ce grand geste d’amitié, désormais inscrit dans l’histoire, s’estompe-t-il des mémoires ? On peut le croire, au vu de la multiplication de manifestations d’un certain sentiment anti-français.

L’accueil que la population de Tombouctou, tout comme celle de Bamako par la suite, avait réservé à François Hollande illustrait toute la  joie et la reconnaissance du peuple malien à l’égard de la France. Juste après avoir chassé les terroristes de toutes les capitales régionales du Nord avec l’armée malienne, la Force Serval entrera seule dans Kidal. Début de l’incompréhension. Quatre ans après, un sentiment antifrançais gagne certaines couches de la population, en particulier la jeunesse, qui ne se reconnait plus dans « l’ami » qu’elle estime ne plus servir les intérêts du Mali. Dénonciations et critiques virulentes sur les réseaux sociaux, sit-in devant l’ambassade, un sentiment de révolte émerge, qui fustige le « jeu trouble » de la France. Le mouvement « On a tout compris Waati Sera », qui en est l’emblème, dénonce « la partialité et l’ambiguïté des intentions de la France au Mali ». « Nous demandons à la France d’éclaircir son agenda et d’aider le Mali à reconquérir son intégrité et à lutter contre le terrorisme », dit Mohamed Maiga, membre de la commission communication du mouvement. « La France a piétiné notre gouvernement, c’est pour cela qu’on ne doit pas rester les bras croisés » poursuit M. Maiga, qui souhaite lever l’équivoque : « nous ne détestons pas  le peuple  français, mais  nous sommes contre la politique du gouvernement français (au Mali)». Le temps aura peut-être permis à ceux qui étaient opposés à l’intervention française au Mali d’estimer avoir raison.

Les chantres du mouvement « On a tout compris Waati sera », dont les manifestations régulières depuis trois mois accueillent de plus en plus de participants, s’ils reconnaissent toutefois que l’intervention française aura permis au Mali d’éviter le pire, n’en restent pas moins critiques.  « On pensait que la France était venue pour nous aider, mais les faits ont montré qu’elle était plutôt venue pour diviser le pays », déplore Kabili D. Dembélé, un autre membre du mouvement. Pour Oumar Maiga, Secrétaire aux relations extérieures du mouvement ultranationaliste Songhoy Ganda, la France a posé un acte politique très fort en empêchant les FAMAs d’entrer à Kidal et il estime qu’elle est la source de toutes les rebellions et de toutes les déstabilisations de gouvernements que le Mali a vécues.

« ON A TOUT COMPRIS–Waati –Sera » organise son 3ème sit-in devant l’ambassade de la France

 

Le mouvement « ON A TOUT COMPRIS – Waati – Sera » a organisé un sit-in devant l’ambassade de France au Mali, le 07 septembre 2017. L’objectif du rassemblement était de demander à la France de clarifier sa position dans la crise malienne.

Convaincu que la France peut jouer un rôle central dans la stabilisation du Mali, les jeunes du mouvement « ON A Tout COMPRIS-Waati Sera », souhaite que « l’armée malienne soit présente sur tout le territoire et que l’administration soit redéployée, déclare Adama Ben Diarra, porte-parole du mouvement qui ajoute que « face à la position ambigüe de la France », ils ont décidé d’agir. Troisième du genre, ce sit-in sera suivi d’une marche prévue ce 22 septembre 2017.

Selon Mohamed Diarra, malien de la diaspora participant au sit-in, « le Mali dispose d’énormes richesses » pour lui permettre d’assurer son développement. « C’est à la nouvelle génération de prendre conscience et de ne pas se laisser intimider afin d’assurer notre indépendance », ajoute Mr Diarra.

Une conviction partagée par Mohamed Maiga, membre du mouvement, ancien président de la jeunesse de Gao, « L’heure est venue de prendre conscience, après 57 ans d’indépendance, nous devons nous dire la vérité pour assurer la stabilité du Mali. ».

Après cette manifestation qui a mobilisé des dizaines de jeunes, « ON A TOUT COMPRIS-Waati -Sera » entend maintenir la dynamique en réunissant notamment d’autres mouvements autour de ses mots d’ordre.

 

 

Kémi Séba : « Le franc CFA permet à l’oligarchie française et aux serviteurs de la Françafrique de prospérer »

Alors que jeudi 31 août, à l’Élysée, les présidents français et ivoirien ont réaffirmé leur attachement à la zone franc et souhaité son extension à tout l’espace CEDEO, Kémi Séba, militant anti-impérialiste relaxé la semaine dernière pour avoir brûlé un billet de CFA, appelle à une gigantesque mobilisation en réponse aux « vautours » qui défendent cette « servitude monétaire ». Il a répondu aux questions de Journal du Mali mardi dernier, alors qu’il venait d’apprendre que le ministère de la justice sénégalais faisait appel de sa décision de relaxe. Le lendemain, 06 septembre, il était de nouveau arrêté par la justice sénégalaise qui l’a expulsé manu militari vers la France.

 Le ministère de la Justice sénégalais à fait appel mardi matin de la relaxe décidée par les tribunaux à votre endroit. Comment réagissez-vous à cette nouvelle ?

C’est à mon sens lié à l’appel à la mobilisation que nous avons lancé pour le 16 septembre prochain, qui sera la plus grosse mobilisation de l’histoire contre le franc CFA sur le continent africain, mais aussi dans la diaspora, pour protester contre le néo-colonialisme émanant des élites politiques françaises. Quand j’ai été relaxé, ils pensaient que j’allais cesser le combat. Mais, à partir du moment où le Président ivoirien Alassane Ouattara, en partenariat avec le Président Macron, ont clamé leur volonté d’étendre le franc CFA à la CEDEAO, méprisant par là même les peuples qui s’opposent à cette servitude monétaire, cela nous pousse à lancer une nouvelle mobilisation et à faire notre possible pour que les voix des peuple soient entendues. C’est de la légitime défense.

Pourquoi, selon vous, le Président Alassane Ouattara, ainsi que d’autres, se posent-ils en défenseurs du franc CFA ?

Le franc CFA est quelque chose qui apporte à ces vautours un certain nombre de recettes substantielles, via les comptes d’opérations, et en aucun cas ils ne voudront couper le cordon. Car c’est ce cordon du franc CFA qui permet à l’oligarchie française et aux serviteurs de la Françafrique de prospérer, sur bon nombre de plans.

La solution pourrait-elle passer, comme évoqué par le Président Macron, par une « modernisation » du franc CFA ?

C’est comme moderniser les chaînes qu’ils nous font porter, en y mettant de la peinture dorée. Le peuple africain ne veut plus de servitude. Nous ne voulons pas de modernisation de la servitude, nous voulons la briser. C’est pour cela que la proposition de Macron, qui est peut-être vu comme progressiste, contrairement à celle de son serviteur Alassane Ouattara, qui est scandaleuse, n’est pas acceptable. Nous voulons une rupture définitive et complète d’avec ce franc CFA, une monnaie frappée chez nous, qui ne soit plus liée à la France, une monnaie africaine. Nous nous battrons pour cela.

Certains avancent que sortir du franc CFA pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les économies de ces pays ?

Il y a évidemment des scénarios catastrophiques, parce que le franc CFA est stable, qu’il est garanti par la France, qu’il a une homogénéité, une stabilité, sur un certain nombre de points. De la même façon, à l’époque de l’esclavage, il y avait une stabilité pour les esclaves, trois repas garantis, ce qui pouvait leur faire redouter de prendre leur liberté de peur de ne pas parvenir à se nourrir eux-mêmes. Mais il mieux vaut vivre libre dans l’incertitude que vivre dans le silence en étant dans un régime d’oppression.

Le projet de monnaie unique de la CEDEAO a été de nouveau repoussé. Y souscriviez-vous ?

On attendait de voir ce que cela allait apporter, s’il y allait avoir une rupture réelle d’avec le franc CFA, mais il y avait un grand manque de transparence. C’était un problème central. Mais, pour l’instant, on a aucun élément de réponse, a fortiori maintenant que ce projet a été de nouveau repoussé, alors que Alassane Ouattara veut étendre le franc CFA aux pays anglophones. Comme si on avait besoin de ça aujourd’hui !

Il y aura une grande mobilisation anti-CFA le 16 septembre. Nous ne comptez pas brûler des billets de CFA de nouveau ?

Ce n’est pas le projet. On a mis sur nos affiches un billet brûlé parce que c’est devenu le symbole d’une révolution. Le but n’est pas de lancer un appel à brûler des billets, mais de se mobiliser, avec toute la force et la pression sociale nécessaires, contre ce satané franc CFA et la servitude monétaire qu’il symbolise.

 

Moussa Maïga : « L’amitié avec la France ne doit pas nous rendre aveugle »

La Plateforme « On a tout compris, Waati sera », constituée de plus d’une centaine d’associations, a été contrainte vendredi 18 août par les forces de l’ordre, d’effectuer son deuxième sit-in prévu en face de l’ambassade de France, devant la Pyramide du souvenir. Moussa Maïga, membre fondateur de Waati Sera, a expliqué au journal du Mali, les buts de cette Plateforme qui pointe du doigt le rôle «trouble» de la France au Mali et qui prend de plus en plus d’ampleur.

Pourquoi avez-vous voulu faire un nouveau sit-in devant l’ambassade de France ?

Nous l’avons fait dans l’intention de dénoncer l’ingérence française dans la gestion de la crise Malienne.

Qu’appelez vous ingérence française ?

Nous ne sommes pas d’accord avec la politique française, car la France prend parti du côté des ennemis du Mali, comme la CMA, composée de ceux qui se disent nationalistes, le MNLA et de terroristes.

Ne pensez-vous pas que dans la situation actuelle au Nord, il serait dangereux de laisser Kidal sans la présence des forces étrangères ?

Avant que la France n’arrive à Kidal, les terroristes occupaient le Nord. À l’époque il n’y avait pas d’attentat, c’était juste leur charia qu’ils appliquaient à la population. La situation s’est aggravée malgré la présence de plusieurs troupes étrangères sur le sol malien. Nous voulons connaître leur agenda, nous ne savons pas ce qu’ils font au Nord. On augmente leur mandat mais la situation ne fait qu’empirer. Même l’autre jour, Ménaka est tombée dans les mains de la CMA sous les yeux de la Minusma. Nous avons vu la libération de Gao et Tombouctou par des forces étrangères mais jusqu’à présent Kidal n’a pas été libérée, qu’attendent les forces françaises pour libérer Kidal ? Si la France avait libéré toutes les régions du nord pour combattre le terrorisme, comme ils le disent, on les soutiendrait sans problème. Qquand ils ont libéré Konna le peuple malien a applaudit, après nous avons constaté qu’au lieu de se ranger auprès du Mali ils se sont rangé au côté des terroristes.

Concrètement, demandez-vous le départ des forces étrangères ?

Ce n’est pas ça notre objectif, nous voulons leur transparence, qu’ils mettent de côté leurs intérêts pour libérer le nord du Mali d’abord. Qu’ils n’oublient pas que le peuple malien aspire à avoir la paix. Cela fait longtemps que nous sommes dans l’impasse totale et c’est la France qui est dessous tout ça.

Pour vous la France est-elle toujours une amie du Mali ?

On peut être ami mais chacun doit garder sa personnalité, l’amitié avec la France ne doit pas nous rendre aveugle. La France est toujours une amie, mais nous ne sommes pas d’accord avec ce qu’elle fait au Nord.

Selon vous, est-ce seulement la faute de la France ou aussi celle du gouvernement malien qui n’est pas suffisamment fort pour être souverain sur son territoire ?

Nous n’avons pas de gouvernement, c’est un gouvernement incompétent qui a les mains liées et qui ne peut rien faire. C’est au peuple de se défendre. Quelqu’un qui tend la main ne peut pas dénoncer celui qui lui donne à manger, notre gouvernement reste et demeure au côté du néo-colonisateur.

Peut-on vous considérer comme un mouvement anti-français ?

Nous sommes un mouvement anti politique française au mali.

Comme un mouvement nationaliste ?

Nous sommes nationalistes, nous sommes des patriotes. On aime notre pays, on ne veut pas perdre notre pays, quand on perd une chemise elle peut être remplacée pareille pour une chaussure. Mais quand on perd une nation on ne peut jamais la remplacer, nous sommes prêts à mourir pour le Mali.

Après ces deux sit-in jusqu’où comptez-vous aller ?

Nous sommes capables de révolutionner le Mali tout entier de Kayes à Kidal pour dénoncer l’ingérence des autorités étrangères. Nous avns commencer avec 30 associations et aujourd’hui il y en a plus d’une centaine et ça continue. Nous voulons la paix, que ça soit avec les autorités locales ou étrangères mais nous n’acceptons pas leur mauvaise gestion de la crise. Il faut que cette gestion soit transparente que la population sache qu’on est en train d’aller vers la paix. Connaissant les moyens logistiques dont disposent les forces étrangères qui sont au Mali, est ce que les terroristes peuvent vraiment les empêcher de libérer Kidal ? Comment la CMA peut-elle, devant la France, brandir un autre drapeau différent de celui du Mali. Ils réclament leur indépendance sous les yeux de la France et de la Minusma, sachant l’accord de paix qui a été signé. Depuis la signature de cet accord, on pensait aller vers la paix, mais c’est le contraire, nous assistons à une division du pays manigancée par la France. La France défend ses intérêts, parmi lesquels l’exploitation de nos ressources, en oubliant ceux du peuple malien.

La France a livré pour 1,6 milliard $ d’armement à l’Afrique en 2016

Le marché de l’armement en Afrique fait le bonheur de la France : d’après le site sud-africain DefenceWeb, l’Hexagone a signé pour l’année 2016 des contrats de centaines de millions de dollars avec les pays africains, dont beaucoup sont en proie à des conflits armés.

La France a signé en 2016 pour 1,166 milliard d’euros de contrats d’armement avec l’Afrique qui a représenté 22,4% des livraisons d’armement de la France dans le monde, d’après le sit sud-africain, qui s’appuie sur un rapport du ministère français des Armées (2017).

Livraisons d’armements de la France à l’Afrique en 2016

L’Egypte se taille la part du lion avec 1,3 milliard d’importations, un montant qui s’explique par la livraison des deux porte-hélicoptères Mistral, initialement commandés par la Russie à l’Egypte pour un montant de 950 millions d’euros.

L’Egypte est suivie du Maroc (127 millions d’euros), de l’Algérie (107 millions d’euros), du Sénégal (30 millions d’euros), du Cameroun (16 millions d’euros), du Botswana (8,5 millions d’euros), de l’ Afrique du Sud (8,3 millions d’euros), du Mali (6 millions d’euros) du Gabon (6 millions d’euros), du Togo (3 millions d’euros) et de la Tunisie (1 million d’euros).

Commandes d’armement de l’Afrique à la France en 2016

Encore une fois, l’Égypte est à la tête du classement avec des commandes d’une hauteur de 623 millions d’euros en 2016.

L’Afrique du Nord a commandé quant à elle, des équipements d’une valeur de 170,4 millions d’euros, contre 111,8 millions d’euros en 2015, poursuit DefenceWeb.

Le Maroc a ainsi commandé des équipements d’une valeur de 89,9 millions d’euros, l’Algérie pour 63,7 millions d’euros et la Tunisie pour 16,7 millions d’euros, détaille le site.

L’Afrique subsaharienne n’est pas en reste puisqu’elle a commandé pour 379,9 millions d’euros d’équipements militaires à l’Hexagone. Une hausse importante en comparaison à 2015 où elle avait acheté pour 89,6 millions d’euros de matériel.

Le Botswana a été le plus grand client, révèle le rapport, puisqu’il a acheté pour 304,2 millions d’euros des systèmes de défense aérienne (missiles Mistral et VL-Mica).

Le Nigeria arrive en deuxième position (27,6 millions d’euros), suivi par l’Afrique du Sud (20,6 millions d’euros), le Cameroun (8 millions d’euros), l’Ouganda (5,2 millions d’euros), la Somalie (4 millions d’euros) et l’Éthiopie (3,6 millions d’euros).

Les armes qui intéressent les africains

Certains pays africains se distinguent par leur achats frénétiques de frégates, sous-marins, et autres hélicoptères de combats.

Les pays qui sont dans une logique de guerre, comme le Cameroun et le Nigéria qui luttent depuis quelques années contre le groupe armé Boko Haram, préfèrent pour leurs part les armes légères, les appareils d’aviation militaire et quelques drones de combat, révèle un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) dans une étude faite sur la période 2011-2015.

La vente d’armes, un secteur florissant pour la France

Dans son ouvrage « Marchands d’armes, enquête sur un business français » (Editions Tallandier), le journaliste indépendant Romain Mielcarek, a enquêté sur le rôle de la France dans l’industrie de l’armement.

Avec 6% des ventes, la France est le quatrième marchand d’armes du monde. Et 3 % de ce business est réalisé en Afrique, quand 54 % se fait au Proche-Orient et au Moyen-Orient, indique le journaliste qui rappelle qu’avec près de 160 mille salariés, ce secteur est stratégique pour l’économie française.

Le journaliste revient sur les interventions de la France dans le monde et rappelle que les 4 mille militaires français sont actuellement déployés dans le Sahel, devenu l’un des terrains privilégiés de l’armée française pour y tester ses armes. Il souligne aussi le fait que naissent souvent des « liaisons dangereuses » avec « des pays peu recommandables ».

La France « vendeuse d’armes » trempe aussi dans de nombreux scandales, comme celui de l’Angolagate (vente d’armes à l’Angola pendant la guerre civile), qui a éclaté en 1999, rappelle l’auteur.

Des scandales qui entachent d’ailleurs régulièrement la réputation de l’Hexagone comme l’a récemment révélé la revue française “XXI” qui a consacré un dossier sur les “crimes” commis par la France en Afrique.

Le journaliste Patrick de Saint-Exupéry y accuse notamment Hubert Védrine, ex-ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin, secrétaire général de l’Elysée auprès du président François Mitterrand au moment du génocide au Rwanda en 1994.

Saint-Exupéry qui a mené une longue enquête, et récolté de nombreux témoignages, accuse Védrine d’avoir signé un ordre qui autorisait le réarmement des Hutus -responsables de la mort de près d’un million de Tutsi-, alors que le pays était soumis à un embargo de l’ONU sur les armes.

Des propos démentis « en bloc » par Védrine qui estime dans un communiqué que ces « allégations et accusations sont fondées sur des spéculations ».

Quoiqu’il en soit, le marché de l’armement ne connaîtra pas la crise dans les années à venir, estiment les observateurs, rappelant que de nombreux pays africains vivent actuellement sous la menace de nombreux groupes armés en tout genre, aussi bien Boko Haram au Lac Tchad, que les groupes armés qui ne cessent d’attaquer populations et forces de l’ordre en RD Congo, au Mali et dans les pays du Lac Tchad entre autres (Cameroun, Nigéria, Tchad, Niger).

La ministre française des armées et son homologue allemande en visite au Sahel

La ministre française des armées Florence Parly a entamé lundi 31 juillet 2017 une tournée au Sahel par la capitale Tchadienne qui abrite le commandement de la force Barkhane. Une force de 4000 hommes déployée au Sahel par la France et qui a pour mission de lutter contre le terrorisme.

« Les 4000 Hommes de la force Barkhane auront les moyens de leur mission », a déclaré la ministre. Une déclaration destinée, selon les observateurs à rassurer les armées françaises de la mise à disposition des moyens malgré le changement intervenu à la tête des forces armées françaises.

La ministre française et son homologue allemande de la défense ont aussi rencontré les autorités Nigeriennes ce 31 juillet. Le Niger et le Mali dernière, étape de cette visite, constituent avec le Tchad, la Mauritanie et le Burkina Faso les 5 pays du G5 Sahel. Le G5 Sahel, cette force conjointe qui doit compter 5000 hommes fournis par les 5 pays concernés. Sa mise en place soutenue par la France et l’Allemagne qui ont un promis un soutien logistique et l’appui dans la formation des troupes. Mais le G5 Sahel qui, en principe doit être opérationnel à partir de septembre prochain, ne dispose pas encore du financement de 423 millions d’euros nécessaires à son fonctionnement annuel.

« Il y a effectivement beaucoup de travail à faire actuellement. (…) Les postes de commandement sont en train d’être mis en place et après sou concomitamment les bataillons seront mis en place. Nous attendons donc d’avoir la pleine capacité opérationnelle de la force conjointe dans le 1er semestre de l’année 2018 », a déclaré le général Didier Dakouo commandant de la force conjointe sur RFI.

La ministre française et son homologue allemande Ursula Von Der Leyen ont clôturé leur tournée dans le Sahel à Bamako. Elles ont été reçues ce 1er août 2017 par le président Malien Ibrahim Boubacar Keïta. Avec les autorités maliennes, les entretiens ont porté sur « des progrès très substantiels » réalisés depuis la tenue du sommet du G5 Sahel le 02 juillet à Bamako.

La ministre française des armées s’est aussi rendue à Gao où sont stationnées les forces de l’opération Barkhane, qui doit relayée, par la force conjointe du G5 dans la lutte contre le terrorisme. « Je sais que vous menez déjà régulièrement des opérations conjointes transfrontalières avec les forces armées des pays du G5, ces opérations préfigurent largement ce que sera demain la force conjointe du G5 Sahel », a déclaré la ministre française des armées avant d’encourager la force Barkhane à soutenir la montée en puissance de cette force du G5. Elle a ensuite réaffirmé la volonté des autorités françaises et allemandes à mobiliser les partenaires européens et internationaux à soutenir cette initiative.

France : Attentat raté sur les Champs-Elysées

Un homme a lancé lundi son véhicule contre un fourgon de gendarmerie sur les Champs-Élysées, sans faire de victimes. Voici ce que l’on sait de cet attentat raté dans lequel l’assaillant de 31 ans est mort.

L’attaque

A 15H48, un homme au volant d’une berline blanche double par la droite un escadron de gendarmerie qui descendait l’avenue vers la place de la Concorde. Il percute le fourgon de tête de cet escadron de quelque 75 gendarmes mobiles de Chaumont (Haute-Marne) à hauteur du rond-point des Champs-Élysées.

La voiture s’embrase. Selon une vidéo amateur visionnée par l’AFP, une épaisse fumée jaune s’échappe ensuite du véhicule entouré par les gendarmes.

Un fourgon de gendarmerie percuté à Paris © Sophie RAMIS AFP
Un fourgon de gendarmerie percuté à Paris © Sophie RAMIS AFP

Un adolescent interrogé par l’AFP, qui se présente sous le seul prénom de Lazare, 16 ans, a raconté avoir entendu « un bruit » qui ne ressemblait pas à une explosion, « mais plutôt celui quand on allume un briquet à côté d’un déodorant en spray ».

Une kalachnikov, deux armes de poing et une bonbonne de gaz sont retrouvées dans la voiture, au terme d’une opération de déminage. L’attaque n’a pas fait de blessé parmi les forces de l’ordre ni parmi les civils.

A 16H34, la préfecture de police de Paris annonce que la situation est maîtrisée.

L’assaillant

Âgé de 31 ans, le conducteur est extrait du véhicule par les gendarmes qui brisent les vitres à l’aide d’un pied-de-biche. Les autorités annoncent qu’il est grièvement blessé puis qu’il est mort, sans préciser les circonstances. Aucun coup de feu n’a été tiré, selon les premiers témoignages.

Des images montrent l’homme vêtu d’un short foncé et d’un tee-shirt blanc gisant sur le ventre au milieu de la chaussée.

La section antiterroriste du parquet de Paris a aussitôt ouvert une enquête et une perquisition était en cours lundi soir à son domicile dans l’Essonne.

Le lieu

Les Champs-Élysées, lieu touristique emblématique à deux pas de la présidence française, ont été rapidement sécurisés et la station de métro desservant la célèbre avenue a été fermée.

Le musée du Grand Palais a été évacué après une phase de confinement de quelque 370 visiteurs et d’une centaine de membres du personnel.

L’avenue parisienne a déjà été le théâtre d’un attentat : le 20 avril Karim Cheurfi, un Français de 29 ans au lourd passé judiciaire, avait tué par balles un policier, Xavier Jugelé, et en avait blessé deux autres, avant d’être abattu. Un message manuscrit « défendant la cause de Daech » avait été retrouvé sur un papier près de son corps et l’attaque avait été revendiquée par le groupe État islamique (EI).

Maliens de France – Consulat : Le bras de fer

« Bonjour, bienvenue au consulat du Mali, veuillez ne pas quitter, nous allons prendre votre appel…». Et l’attente peut être longue, car ce serveur vocal du consulat malien à Paris, souvent saturé, ne garantit pas l’accès à un interlocuteur. Depuis l’accord passé avec les occupants du consulat, il devait être renforcé par au moins trois lignes téléphoniques, mais selon ces derniers, il n’en serait toujours rien. Symptôme d’une situation qui depuis deux mois ne cesse de se dégrader, alors que la majorité des doléances acceptées par le consulat ne sont pour la plupart pas effective. Le 18 mars, à l’appel des collectifs Mains propres et Citoyen Mali, la communauté malienne de France battra à nouveau le pavé afin d’exprimer son exaspération et sa détermination.

« C’est choquant à notre époque que l’on galère pour avoir des documents officiels ». « Une journée entière à attendre qu’on s’occupe de nous ». « Je me suis fait recensé au mois d’août 2016 et n’ai toujours pas ma carte NINA à ce jour ». « Je me retrouve sans passeport, sans titre de séjour et j’ai perdu mon emploi ». « On en a marre ! ». « Trop c’est trop ! ». Deux mois après l’occupation du consulat du Mali, les réclamations fusent de toutes part. Pourtant, la communauté malienne de France avait porté haut, en décembre dernier, des revendications administratives concernant notamment le lien entre la carte NINA et le passeport biométrique. Cette fronde menée par le collectif Mains propres avait débouché, après la médiation de deux ministres et le départ du consul, à un accord signé en 20 points. Aujourd’hui, la liesse du changement promis a fait place au mécontentement et à la colère, malgré la mise en œuvre partielle des accords et la création d’un second consulat à Lyon (centre-est de la France). « Nous n’avons obtenu satisfaction que sur deux points : l’identification des agents du consulat grâce à un badge et la prolongation des passeports », résume Bakou Dembélé, représentant du collectif Citoyen Mali dans le comité de suivi des accords, qui confirme un mécontentement grandissant, mais sans surprise.

Je veux ma carte NINA et mon passeport ! À la signature de l’accord, le 3 janvier 2017, le collectif avait laissé trois mois au consulat pour appliquer l’ensemble des 20 points signés. Bien qu’aucun calendrier n’ait été établi par la partie consulaire, certaines mesures étaient néanmoins datées, notamment la délivrance de toutes les fiches NINA au niveau de Bamako et l’envoi de tous les passeports en souffrance, pour le 31 janvier. De ces actions, selon le collectif, aucune n’a été entreprise pour l’instant. L’obtention du passeport biométrique lié à l’obtention de la carte NINA, processus dénoncé par les membres du collectif, mais obligatoire et incontournable pour toutes les phases de demande du précieux document, reste actuellement selon l’association, toujours aussi problématique. « Ça constitue un véritable casse-tête ! Si tu n’as pas de passeport, tu ne peux pas renouveler ton titre de séjour. La majorité des Maliens de France sont aujourd’hui en situation irrégulière. Ils perdent leur emploi, ils perdent leurs papiers et les conséquences sont lourdes », poursuit Bakou Dembélé

Les frais consulaires de ce document administratif s’élèvent normalement à 85 euros, mais peuvent atteindre parfois jusqu’à 200 euros, pour un traitement administratif plus rapide mais pas vraiment effectif. En comparaison, le coût de renouvellement d’un passeport sénégalais coûte une trentaine d’euros pour un délai d’obtention qui n’excède pas les 3 jours ouvrés, contre trois semaines actuellement pour le Mali. « Nous devons en plus payer les passeports dans une banque avec qui l’État souverain malien a passé un contrat. Ce partenaire bancaire ne fait pas confiance à l’État malien pour collecter les sommes et lui reverser sa part, donc il prend directement sa part et reverse à l’État malien. Si jamais il y a une erreur sur la carte NINA, ce qui est très fréquent car près de 20 % des cartes NINA délivrées en contiennent, on ne peut pas retourner à la banque pour se faire rembourser », précise le représentant du collectif Citoyen Mali. Du 23 décembre 2016 au 2 février 2017, ce collectif a recensé plus de 3 000 Maliens en souffrance sur la question des passeports, sans compter le problème de la carte NINA. Le collectif explique cette situation par un manque de volonté manifeste de la partie consulaire, qui pour sa part brandit des chiffres : 535 passeports ont été prorogés depuis la signature de l’accord, et sur 2 047 fiches NINA arrivées au consulat, 1 000 auraient déjà été distribuées, selon ses services.

Dialogue rompu En l’espace de deux mois, les relations entre le consulat et les collectifs se sont considérablement dégradées, au point que les différentes parties ne se parlent plus. Pour les collectifs, le gérant intérimaire, Tidjani Djime Diallo, est le principal fautif. « Pendant les négociations, nous ne sommes pas parvenus pas à nous entendre avec lui. Nous lui avons dit les points sur lesquels il y a eu des avancées, quel est le niveau de blocage et pourquoi nous n’avons pas obtenu satisfaction, mais il ne nous répond pas. Il est le président de la commission de suivi des accords, mais il ne nous a pas convoqué pour la réunion de mars. Il a coupé les ponts. Nous sommes frustrés car nous sommes considérés comme des Maliens de seconde zone! », déplore Tapa Konté.

Pour le gérant intérimaire, les relations avec les collectifs se sont tendues lors des sessions d’enrôlement du RAVEC à Bobigny et Grigny, où ces derniers ont exercé des pressions pour se substituer à l’administration en exigeant que les équipes travaillent parfois jusqu’à 21h, ou en voulant obtenir des machines pour exécuter eux-mêmes l’enrôlement. « Nous devions nous rencontrer pour la réunion du comité de suivi, jeudi 8 mars, mais quelques jours avant, ils ont appelé à une mobilisation et ont commencé à instrumentaliser les gens dans les foyers. J’ai donc annulé », justifie Tidjani Djime Diallo.

Dans ce bras de fer, beaucoup au sein des deux collectifs considèrent que le consulat et plus largement, le gouvernement malien, ne les prennent pas au sérieux. Pour Mamadou, jeune malien de 25 ans, les choses doivent changer : « Ils ne comprennent pas que la jeunesse malienne en France est différente des aînés. Avant, ils voyaient les uns, les autres et les choses se calmaient. Nous, nous ne sommes plus de cette génération et nous sommes déterminés à revendiquer nos droits », affirme-t-il.

Au niveau du consulat, La coupe semble aussi pleine «  Tout ce qui pouvait être réalisé à déjà été mis en œuvre. Maintenant, conformément à l’Accord, tout ce qui demande des changements profonds nécessite des fonds et des autorisations. Nous avons fait un plan global de réorganisation du consulat, nous attendons l’aval de Bamako », indique le gérant intérimaire, qui ajoute, « nous restons toujours ouverts à un accompagnement avec des associations responsables, mais ces associations doivent rester à leur place. Elles doivent savoir qu’il n’y aura pas de co-gestion de fait et que tout accompagnement dans ce sens est voué à l’échec ». Seule lueur d’espoir, l’arrivée prochaine, même s’ils ne savent pas quand, du nouveau consul, le magistrat Moussa Kenneye Kodio, nommé le 4 janvier dernier. « La question est de savoir sur quelle base sont nommés les gens affectés dans les différents consulats et ça, on ne le sait pas », objecte David Dakouo, résident malien en Allemagne.

Piqûre de rappel C’est par SMS et grâce à leurs réseaux personnels, qu’en vue de la manifestation du 18 mars qui se tiendra devant le consulat du Mali, les membres des différents collectifs ont pu atteindre quelques milliers de Maliens, en dehors du réseau social Facebook. « Le 18 mars, nous ne comptons pas demander le ciel mais seulement que l’État respecte ses engagements, qu’il prenne et assume ses responsabilités. Nous n’avons pas d’autres choix face à ces drames que vivent nos concitoyens. Cette manifestation sert uniquement à rappeler et à montrer aux autorités maliennes que nous ne sommes pas prêts à lâcher l’affaire et que s’il faut aller jusqu’au bout, nous irons jusqu’au bout », conclut Tapa Konté.

 

Sommet Afrique-France :  5 ans de relations franco-maliennes

Le vendredi 13 janvier prochain, s’ouvrira le 27e sommet Afrique-France à Bamako, auquel prendra part le Président français, François Hollande, dont le quinquennat a été marqué, au plan de la politique extérieur, par l’intervention militaire française au Mali en janvier 2013.

Bamako, le 14 juillet 2016. Gilles Huberson, alors ambassadeur de France au Mali, célèbre la fête nationale de son pays avec plusieurs membres du gouvernement, des anciens Premier ministres, l’ancien président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, des membres de l’Assemblée nationale, des représentants des institutions maliennes, des représentants du corps diplomatique. L’ambassadeur indique que les relations franco-maliennes sont nées de quelques événements historiques que sont la traite des Noirs, la colonisation, les deux guerres mondiales au cours desquelles près de 80 000 soldats maliens ont combattu. «L’histoire est faite ainsi, a ajouté M. Huberson. Et si je n’entends pas occulter les tragédies, je souhaiterais insister sur ce qui nous unit : il est probable que les Antillais de France sont en partie d’origine malienne ; les petits-enfants des anciens immigrés maliens sont désormais français ; nos deux peuples partagent une même langue ainsi que des valeurs et des références communes. »

Mais, depuis quelques années, il y a un événement qui unit davantage les deux pays. Il s’agit, comme l’a relevé M. Huberson, de l’intervention française en 2013, à travers laquelle la France a démontré « qu’elle était prête à s’engager au soutien d’un pays Frère, en danger de mort. C’est cette nouvelle dynamique, c’est ce nouveau rapport entre la France et l’Afrique que reflétera le prochain Sommet Afrique-France, qui marquera aussi le retour du Mali sur la scène internationale ». Les 13 et 14 janvier prochains, Bamako, la capitale malienne, accueillera le 27e sommet Afrique-France dans un contexte difficile que traverse l’Afrique, marqué par des crises : enjeux, défis et perspectives, l’accaparement des terres, la migration, la gouvernance durable des ressources naturelles, l’éducation et la formation.

Il y a quatre ans, la France lançait l’opération Serval pour vider les trois régions du nord du Mali des hordes d’extrémistes d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), du MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) et d’Ansardine. Soit une année après l’arrivée au pouvoir de François Hollande, élu en 2012 après sa victoire face à Nicolas sarkozy, et qui avait voulu se démarquer de son prédécesseur en rompant avec la « Françafrique » que François-Xavier Verschave a défini, au début des années 2000, comme « une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’Aide publique au développement… Le système autodégradant se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie. » Mais, vite, celui qui avait annoncé la mort de la « Françafrique » s’est forgé « un destin africain », « s’est africanisé », comme le montre dans son livre « Hollande l’Africain », Christophe Boisbouvier, journaliste à Radio France Internationale. En envoyant des troupes pour intervenir au Mali, François Hollande s’est attiré les critiques de ceux qui attendaient de lui qu’il signe la fin de cette politique française consistant à intervenir dans les affaires intérieures des anciennes colonies. En France l’opinion publique nationale lui a fait le reproche de ne trouver du confort qu’en Afrique où, relève l’écrivain djiboutien Abdourahman A. Waberi, « jamais la France n’a envoyé autant de militaires à l’étranger, et notamment au Sahel ». Cependant au Mali, il était vu comme le « sauveur », « Hollande le Malien ». La 27e édition du sommet Afrique-France, viendra clore 5 ans de politique africaine du président Hollande, qu’il qualifie, en ce qui concerne le Mali, de« succès ».

 

Migration massive dans des centres d’accueil pour les migrants de la « jungle de Calais »

La « jungle de Calais » a commencé à être évacuée. Environ 6 000 à 8 000 migrants sont concernés par ce grand déménagement.

Aujourd’hui, lundi 24 octobre, a commencé le démantèlement de la « jungle de Calais », un camp réunissant des réfugiés et des migrants qui tentent pour la plupart d’entrer sur le territoire du Royaume-Uni. Venus d’Afghanistan, d’Erythrée, du Soudan, ces migrants seront conduits vers des centres d’accueil se trouvant dans les régions françaises. Environ 6 000 à 8 000 migrants sont concernés par ce grand déménagement.

« C’est une opération dont on souhaite qu’elle se déroule dans le calme et dans la maîtrise. C’est pour l’instant le cas. », a déclaré Bernard Cazeneuve, le ministre français de l’Intérieur, alors qu’il s’exprimait au cours d’une rencontre à Paris avec les collectivités territoriales contre la radicalisation. Pour le gouvernement français, il s’agit d’une opération « humanitaire » qui permettra de « casser » le plus grand bidonville de France.

Ce qui les attend

Le but recherché par les autorités françaises est d’évacuer le camp aujourd’hui en transportant 2 400 personnes vers les 80 centres d’accueil et d’orientation, où ils seront pris en charge. Ensuite, ils devront prendre rendez-vous à la préfecture. Le dossier de ceux qui ont déjà fait une demande d’asile en France sera transféré dans la région d’accueil. Et les services chargés de l’asile vont se déplacer dans les centres pour instruire les dossiers. En cas de non obtention de l’asile, le migrant doit quitter dans le mois son centre et le territoire.

Parmi les migrants et les réfugiés de la « jungle », se trouvaient environ 1300 mineurs. Ils bénéficieront d’un traitement spécifique : ils resteront dans la « jungle » pendant 15 jours en attendant de savoir s’ils pourront rallier le Royaume-Uni ou pas.

 

 

Alep : reprise des bombardements sur fond de tension diplomatique

Le régime syrien et son allié russe ont intensifié les bombardements sur la partie est d’Alep.

Un temps remisés, les combats ont repris de plus belle à Alep. Les bombardements russes et syriens se sont intensifiés hier mardi contre des quartiers rebelles, et ont fait 25 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres. Paul Khalifeh, correspondant de RFI dans la région, rapporte que les raids ont surtout visé le quartier de Boustane al-Qasr, aux mains des rebelles présents dans la partie est du pays. Ce quartier n’en demeure pas moins stratégique en raison du fait « qu’il constitue une sorte de verrou, qui commande l’accès à d’autres secteurs de la ville ».

C’est le prolongement de l’offensive lancée le 22 septembre par le régime de Bachar El Assad et son grand protecteur qu’est la Russie, pour reprendre les quartiers d’Alep aux mains des rebelles. Depuis mars 2011, la Syrie est plongée dans la guerre civile.

Le 6 octobre, l’ONU tirait la sonnette d’alerte sur le fait que le risque est grand que la partie est d’Alep soit détruite avant la fin de l’année. L’organisation a fait état de 376 personnes tuées, 1266 blessés par les bombardements.

Pendant ce temps, sur le plan diplomatique, les pays sont en peine de s’entendre pour arrêter cette escalade de la violence. Pour preuve, le Président russe, Vladimir Poutine, a annulé sa prochaine visite à Paris le 19 octobre prochain, quelques jours après le veto russe sur une résolution française à l’ONU par rapport au cessez-le-feu à Alep. Au Royaume uni, Boris Johnson, ministre des Affaires étrangères, a fait savoir qu’il « voudrait voir des manifestations devant l’ambassade de Russie » à Londres pour protester contre le rôle de Moscou en Syrie.

 

 

Gabon : Tous contre Ali Bongo

En août prochain, Ali Bongo briguera un second mandat. Face à lui, des barons du microcosme politique gabonais qui lui dénient le droit d’être candidat.

 

Au Gabon, le mardi 12 juillet, à 18 heures, l’opération de dépôt de candidatures a pris fin auprès de la Commission électorale nationale autonome et permanente gabonaise (Cenap). En tout, 18 candidatures ont été déposées sur la table de la commission qui doit les valider ou non avant le 15 juillet. Aussi, faut-il rappeler que ces candidats seront amenés la caution qui s’élève à 20 millions. Parmi eux, il y a Jean Ping, ancien Président de la Commission de l’Union africaine et qui fait aujourd’hui figure d’adversaire principal d’Ali Bongo Ondimba. Ensuite, Pierre-Claver Maganga-Moussavou, porte-drapeau du Parti social-démocrate, qui a également été candidat aux élections de 1993, 1998 et 2009. Casimir Oyé Mba, ancien Premier ministre d’Omar Bongo ayant butiné au sein du Parti démocratique gabonais (PDG) avant de mettre les voiles, est le candidat de l’Union nationale (UN). A ceux-ci, il faut ajouter Guy Nzouba-Ndama, Raymond Ndong Sima, Bruno Ben Moubamba, Leon Paul Ngoulakia, Dieudonné Minlama Mintogo, Paul Mba Abessolé, Augustin Moussavou King, Gérard Ella Nguema, Michel Bouka Rabenkogo, Roland Désiré Aba’a Minko, Jean-Jacques Ndong Mbadinga, Gervais Nzovi Moulengui, Pierre-Claver Mouele Mboumba, Abel Mboumbe Nzondou, Camille Mouivo-Matsima et enfin Ali Bongo Ondimba. Le Président sortant, Ali Bongo Ondimba, 57 ans et dont le mandat s’achève en août prochain, est candidat à sa propre succession. Il reste qu’il fait face à la tempête d’une contestation de son droit d’être candidat, soulevée par certains candidats de l’opposition.

Polémique

A un mois de la présidentielle, la polémique est loin de désenfler sur les origines d’Ali Bongo Ondimba. Le 23 avril dernier, l’Union sacrée pour la patrie (USP), une coalition réunissant des partis d’opposition et des ONG de la société civile a, dans un communiqué publié le 9 mai, annoncé qu’elle allait recourir au Parlement pour destituer Ali Bongo. Elle estime qu’il n’est pas gabonais et qu’il ne doit donc pas diriger le Gabon. Déjà, le 23 avril dernier, la coalition avait lancé au chef de l’État un ultimatum de deux semaines pour retirer sa candidature ou démissionner, annonçant un recours au cas où ce dernier n’obtempérait pas. De fait, Ali Bongo est accusé, par ses opposants qui se basent sur des dissensions familiales, d’être plutôt un enfant nigérian adopté pendant la guerre du Biafra, auquel cas la constitution gabonaise l’empêche de prétendre à la fonction de président. Mais ces accusations essuient un démenti catégorique de la part du camp présidentiel. Elles sont apparues en 2014 dans le livre « Nouvelles affaires africaines, mensonges et pillages au Gabon » de l’essayiste français, Pierre péan avant de se répandre comme une traînée de poudre. Officiellement, Ali Bongo est né le 09 février 1959 au Congo Brazzaville. Sa demi-sœur, Onaïda Maïsha Bongo Ondimba, a déposé une plainte et a obtenu la copie de l’acte de naissance, laquelle ne serait pas conforme à ceux des enfants nés dans les colonies françaises avant l’indépendance.

 

 

Le Niger menacé… Issoufou à Paris

Du 13 au 16 juin, le président nigérien est en visite officielle en France dans un contexte marqué par les récentes incursions de Boko Haram sur son territoire.

Pourquoi cette visite du Président nigérien, Mahamadou Issoufou, en France ? À Paris depuis lundi, il a rencontré, mardi, le Président François Hollande et le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. Demain Jeudi, il aura un tête-tête avec le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Le président Issoufou s’est entretenu avec François Hollande, de la menace terroriste avec en toile de fond les dernières attaques de Boko Haram, il y a plus d’une semaine, qui ont visé la localité de Bosso, dans le sud-est du Niger, tuant 26 soldats. Un véritable électrochoc. L’attaque la plus meurtrière depuis que le Niger est entré en guerre, en 2015, contre la secte islamiste nigériane.

Maillon faible

Dans le Sahel, Issoufou est l’un des alliés de la France dans la guerre sans merci, qu’elle fait aux terroristes qui écument la région. Il reste que le Niger, aux yeux de beaucoup d’observateurs, fait figure de « maillon faible » dans cette lutte, certains experts allant jusqu’à rappeler que les forces armées nigériennes, manque de matériels et d’hommes, outre le fait qu’elles sont en permanence la cible d’attentats perpétrés par la secte islamiste.
Ce voyage du président nigérien, intervient un mois après le sommet d’Abuja consacré à la lutte contre Boko Haram qu’on disait aux abois depuis le début de l’année,  mais qui continue de semer la terreur.

Est-ce à dire que ce fut un sommet pour rien ? ce n’est pas l’avis du Malien Soumeïlou Boubèye Maïga, ancien ministre de la Défense, ayant également dirigé les services de renseignement, et aujourd’hui expert à l’Union africaine sur les questions de terrorisme et extrémisme :

« Nous sommes dans une situation asymétrique qui fait que les armées conventionnelles -la preuve en est faite tous les jours- ont beaucoup de difficultés à cerner durablement les activités des groupes terroristes (…) Le Sommet a certainement contribué à mieux définir les axes de coopération, c’est-à-dire que plus d’efforts doivent être portés sur la conception, la planification, la logistique et l’organisation du commandement et du renseignement. Et surtout ce qu’on voit bien, c’est que c’est un conflit qui ne se mène pas à une échelle nationale. Donc cela doit conduire nos pays à nous engager dans une offensive permanente, générale. Il faut que ce soit une vraie guerre jusqu’à atteindre le niveau d’éradication [de Boko Haram] afin que cela ne pose plus problème au fonctionnement normal des États. », confiait-il à R.F.I il y a quelques jours.
Lors de leur déclaration conjointe, le Président français a souligné que la France apportera un appui au Niger dans la lutte contre Boko Haram. Il s’agira surtout d’un travail de coopération, de formation, d’équipement, de renseignement. Il a aussi été question de la participation de la France pour appuyer la Force multilatérale et « ainsi porter les coups nécessaires à Boko Haram ». Le déploiement dans la région du Sahel des forces françaises a aussi été évoqué, à cause de la «tentative toujours répétée des groupes terroristes de faire en sorte que le nord du Mali puisse être déstabilisé ».

Mali : Ayrault et Steinmeier: le couple franco-allemand en tournée dans le Sahel

En visite de deux jours, depuis ce dimanche 1er mai, Jean-Marc Ayrault et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier étaient dans la capitale malienne pour montrer que l’Europe, via le «Â couple européen » partagent le même intérêt à  stabiliser la région. Les deux chefs de la diplomatie se sont, lors de ce séjour, rendus à  Gao. Le ministre des affaires étrangères français a tenu à  rendre hommage, dans le camp de la force Barkhane à  Gao, aux trois soldats morts en avril dans une explosion au passage de leur véhicule blindé sur une mine alors qu’ils faisaient route vers Tessalit. Le chef de la diplomatie française a déclaré face aux soldats rassemblés pour l’occasion, «Â Votre combat est un combat contre le fanatisme, contre la barbarie, pour la paix et la liberté. Ce combat, nous le mènerons jusqu’au bout ». S’adressant au ministre de la Défense et des anciens combattants, Tiéman Hubert Coulibaly, le ministre a ajouté : «Â La paix au Mali est essentielle. Les terroristes qui avaient tenté de s’emparer du Mali sont les mêmes que ceux qui frappent partout dans le monde. Au Proche-Orient, à  Grand-Bassam, à  Bruxelles ou à  Paris. Et face à  cet ennemi commun, le constat s’impose: la sécurité du Mali, de cette région, C’’est aussi notre sécurité ». La délégation a aussi rendu une visite, au pas de course, à  la Fondation Savama en charge de la restauration des manuscrits de Tombouctou. Les deux chefs de la diplomatie se sont envolés dans la soirée pour Niamey o๠ils doivent rencontrer le président nigérien Mahamadou Issoufou. Il faut rappeler que c’est le troisième déplacement d’un officiel allemand au Mali depuis le début de l’année. Il y a eu précédemment la visite de Georg Schmidt, directeur Afrique du ministère des affaires étrangères allemand en début d’année et la visite de la ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen en avril dernier. Ce déplacement des ministres axé sur la sécurité et le développement était aussi lié à  une autre préoccupation : le corridor que représentent les pays du Sahel pour les migrants en partance pour la Libye avant d’espérer atteindre les côtes européennes. l’Allemagne qui est le plus gros pays d’accueil de migrants, et la France, ont à  coeur de juguler ces flux migratoires, venus de l’Afrique Subsaharienne, qui déferlent sur l’Europe.

Hommage aux trois soldats français morts au Mali

Une cérémonie d’hommage aux trois soldats français morts au Nord Mali, la semaine dernière dans la cadre de l’opération Barkhane, s’est tenu à  Paris, dans la cour d’honneur des Invalides en présence du président de la République Ibrahim Boubakar Keà¯ta, du président de la République française François Hollande, du Premier ministre Manuel Valls et du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Les trois militaires tués, le soldat Mickaà«l Poo-Sing, 19 ans, le maréchal-des-logis Damien Noblet, 31 ans, le brigadier Michael Chauwin, 20 ans, faisaient partis du 511e régiment du train d’Auxonne (dans le département de la Côte-d’Or). Le président Hollande a remis, aux trois militaires, la légion d’honneur à  titre posthume. Depuis le lancement de l’opération Barkhane, qui mobilise 3500 militaires français déployés sur 5 pays du Sahel, sept militaires français ont été tués et plus d’une centaines de djihadistes ont été arrêtés. Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes qui ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée à  l’initiative de la France en janvier 2013 et qui se poursuit actuellement.

Lamine Camara, un élu franco-malien au cœur de la cité

Né à  Kayes il y a 36 ans, Lamine Camara, est l’aà®né et le seul garçon d’une famille de 6 enfants. Dans la cité des rails o๠il effectuera ses études primaires et secondaires, il apprend la valeur du travail auprès de son père, enseignant. « Un mauvais résultat scolaire était aussitôt suivi d’une punition », se souvient-il. Quand il n’est pas en classe, il court derrière les troupeaux, petite contribution à  la bonne marche de la famille. Produit de l’Université de Bamako, notamment de la Faculté des sciences juridiques et économiques, Lamine Camara milite au sein de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), dont il prendra la tête en tant que secrétaire général en 2001. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, il inspire à  ses camarades, à  la fois crainte et respect. Un Master de droit en poche en 2003, Lamine Camara travaille pendant quelques temps dans un cabinet bamakois spécialisé dans le droit des affaires, qu’il quittera néanmoins brusquement. « On ne travaillait que sur des problématiques de riches, je n’étais pas fait pour ce travail », justifie t-il. Pendant les cinq ans qui suivront sa démission, le jeune juriste évoluera auprès de la militante altermondialiste et ancienne ministre Aminata Traoré, présidente du Forum pour l’autre Mali, qui le présente affectueusement comme « un jeune homme brillant dont je suis fière en tant que mère ». Intéressé par les questions environnementales, ce militant dans l’âme quitte finalement le Mali en 2008 pour la France, et s’installe à  Grigny, une banlieue « difficile » de la région parisienne. Il poursuit ses études, couronnées en 2009 par un Master 2 en politique environnementale et développement durable de l’Institut catholique de Paris. Ne bénéficiant d’aucune bourse, « la nuit je travaillais comme agent de sécurité à  l’aéroport. C’était très dur». Fondateur de l’Association « Maya » en 2010, et qui vise à  mettre l’humain au C’œur des enjeux du monde actuel, il travaille notamment avec les jeunes nés en France de parents étrangers, auprès desquels il prône l’importance du « vivre ensemble ». Grand militant associatif, ce franco-malien en quête perpétuelle de « liens » est appuyé par Philippe Rio, maire communiste de Grigny, qui l’aide à  se positionner sur la liste PCF-Front de Gauche en àŽle de France, lors des élections régionales de décembre 2015. Bien lui en prend, puisqu’il gagne son pari et devient conseiller régional, au sein de la région capitale, désormais dirigée par la Droite. Aujourd’hui unique franco-malien à  occuper un tel poste, après la défaite d’Ali Soumaré (PS), l’élu a choisi de se focaliser, pendant les six années à  venir, sur la formation professionnelle des jeunes et la coopération internationale, notamment celle entre le Mali et la France.

Vivre à l’extérieur : de rares exemples d’intégration

La sénégalaise Fatou Diome, auteur à  succès en France décrivait dans « Le Ventre de l’Atlantique » son parcours épineux, pourtant réussi, une fois arrivée en France. Mais pour nos compatriotes maliens, le chemin de l’intégration est bien plus long. C’’est le cas de Malick Coulibaly qui dans son ouvrage « Sans papiers, sans paris » publié en 2002, racontait ses pérégrinations et sa vie d’immigré, squatteur d’un immeuble sans eau ni électricité. Malick a pu néanmoins s’affirmer par la suite dans le monde de l’écriture avec deux autres romans, dont l’un publié par les Editions Cauris au Mali. Pour d’autres, l’intégration s’exprime dans le milieu artistique. Mams Yaffa, 34 ans, n’est pas vraiment un immigré mais il est arrivé en France à  l’âge de trois mois avec sa famille originaire de la région de Kayes : « Je travaille pour le label et la marque de vêtements Wati-B, bien connue des Maliens. J’ai fait mes études en province et je suis peut être mieux paré pour la vie française. Ceux qui sont arrivés dans les années 2000 ont sans doute eu plus de chances que ceux qui s’y aventurent aujourd’hui », estime-t-il, avec un regard critique sur les possibilités d’évolution des jeunes Maliens en France. D’autres comme Mamadou Cissé, 40 ans aujourd’hui, ont foulé le sol français il y a une quinzaine d’années et après bien des difficultés, ont réussi à  créer quelque chose. Une société de sécurité notamment qui emploie près d’une quarantaine de personnes dont 70% de Maliens. Si des exceptions comme l’homme d’affaires Malamine Koné, fondateur de la marque Airness, Dadia Diakité alias Dawala, producteur du label Wati be ou encore la chanteuse d’origine malienne Inna Modja, peuvent représenter des modèles pour ces jeunes qui veulent tenter leur chance en Europe ou ailleurs, l’issue de l’aventure reste incertaine pour la plupart. Et Mams Yaffa, sans tabous, conseillerait plutôt à  ses compatriotes de développer des projets dans leur pays d’origine. Lui qui possède une agence en communication et évènementiel, se rend d’ailleurs fréquemment au Mali. Sa structure est l’incubateur de référence pour les Maliens ou franco-maliens qui souhaitent créer une entreprise au Mali. Chemin faisant…

Ali Soumaré, jeune politicien de la diversité

Militant associatif devenu politicien, Ali Soumaré, 35 ans, a toujours su donner tout son sens au mot engagement, que ce soit dans les quartiers ou en politique.

Ali Soumaré est né le 25 décembre 1980 à  Montmorency, en banlieue parisienne. Ce jeune Soninké dont les parents sont originaires de la région de Kayes, délaisse les études en fin de lycée et c’est dans l’animation socio-culturelle et le milieu associatif, qu’il se lance. Il y connaîtra une ascension rapide. « Mes armes, je les ai faites en banlieue, ce sont les conditions de vie dans les quartiers qui ont fait naître ma conscience politique », résume-t-il. Malgré son activisme social, il comprend vite « que pour réellement faire bouger les choses, il faut entrer en politique là où les décisions se prennent ». Le 21 avril 2002, quand un certain Jean-Marie le Pen, crée le choc en parvenant au second tour de l’élection présidentielle, il s’engage à  gauche dans la section du Parti socialiste (PS) de Villiers le Bel, une commune du Val-d’Oise située au nord de Paris.

Une évolution politique Dans cette circonscription, il côtoie un député de renom, Dominique Strauss-Kahn, qui lui met le pied à  l’étrier. À force de travail, à 24 ans, il devient secrétaire de sa section, puis en 2007, quand le malaise des banlieues explose et se traduit en émeutes violentes, il est propulsé dans l’arène médiatique et s’avère un atout majeur pour son parti, comme porte-parole et médiateur de ces quartiers sensibles qui s’embrasent. Conscient de sa valeur, le PS l’investit tête de liste aux élections régionales de 2010. Dans cette campagne où tous les coups sont permis, son investiture fait grincer des dents à  l’intérieur du PS comme dans le camp adverse. Il devient la cible d’attaques violentes qui le plonge dans un tourbillon médiatico-judiciaire. « Ce n’est pas moi qui étais visé mais tous ce que je pouvais représenter, j’étais noir, jeune, issu de la banlieue ». Malgré les coups bas, il remporte la confiance des électeurs, qui avec 57,48 % des suffrages contre 42,52 % pour son adversaire, lui permettent d’entrer au conseil régional à 30 ans. Avec ses nouvelles fonctions, il consolide ses attaches avec le Mali, étant membre de la commission des affaires internationales pour l’Afrique de l’Ouest. En 10 ans, ce sont plus de 10 millions d’euros qui seront versés par cette commission pour soutenir l’effort de développement malien. « Je me sens autant concerné par ma région que par mon pays d’origine. J’aimerais que l’Afrique puisse relever la tête », confie ce franco-malien à  l’aise dans sa double identité. Mais le 13 décembre dernier, à l’issue du second tour des régionales, il n’est pas réélu, à un siège prêt. Philosophe sur sa défaite, Ali Soumaré sait qu’il n’est qu’à l’aube de sa carrière et que son avenir politique reste très prometteur.

Visite du président malien à Paris : 5 choses à savoir sur IBK et la France

l’héritage de Verdun Lors de sa visite en France, outre le palais de l’à‰lysée et la capitale parisienne, Ibrahim Boubacar Keà¯ta, se rendra à  Douaumont, près de Verdun. Il entend ainsi s’incliner devant l’ossuaire des soldats tombés lors de la Première guerre mondiale. Un hommage officiel aux nombreux Africains tombés sur le champ de bataille. Mais également un recueillement tout personnel. Le grand-père du président a lui-même succombé dans les tranchées de Verdun en 1916. l’étudiant IBK sera également de passage, le temps d’une conférence, à  l’université parisienne de La Sorbonne. Il a occupé les bancs de la faculté parisienne dans sa jeunesse, qu’il a en partie passée en France. En 1958, le jeune Ibrahim Boubacar Keà¯ta, 13 ans, remporte ainsi le concours général organisé par la France dans chacune de leurs colonies. Il y gagne un aller simple pour Paris, o๠il suit ses études secondaires au prestigieux lycée Janson de Sailly. Pensionnaire, il se rendait les week-ends dans une famille d’accueil o๠séjournait également Martine Aubry, ancienne ministre et ex-premier secrétaire du Parti socialiste français (PS). Après être retourné au Mali pour finir sa scolarité au lycée Askia Mohamed de Bamako, il s’inscrit à  la faculté des lettres de l’université de Dakar, puis à  la Sorbonne, o๠il effectue une maà®trise d’histoire. à‰galement diplômé en relations internationales puis chargé de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et enseignant sur les « systèmes politiques du Tiers-Monde » à  l’Université de Paris Tolbiac, IBK a conservé un goût prononcé pour la littérature et le cinéma français, celui de Jean-Luc Godard notamment. Un passage chez Citroà«n Durant ses études à  Paris, Ibrahim Boubacar Keà¯ta a également été responsable de l’Association des étudiants et stagiaires maliens en France (AESMF), une des sections de la Fédération des étudiants africains de France (FEANF), o๠il rencontre notamment Alpha Condé, actuel président guinéen. C’’est également à  Paris durant ses études qu’il rencontre Laurent Gbagbo. à€ l’époque, il est surtout un farouche opposant au régime militaire en place à  Bamako. Résultat : sa bourse d’études octroyée par l’à‰tat malien est suspendue. Reste alors au jeune IBK, selon la version officielle, à  se débrouiller par ses propres moyens. Il devient donc ouvrier chez Citroà«n et manutentionnaire aux Halles de Paris pour financer ses études. Un proche du Parti socialiste Surtout, par la suite, à  travers son parti, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) puis le Rassemblement pour le Mali (RPM), membre de l’Internationale socialiste, IBK a tissé des liens avec de nombreux responsables socialistes français et européens. Vice-président de l’Internationale socialiste à  partir de 1999, il fait notamment, aux détours des Congrès, la connaissance de François Hollande, de Manuel Valls ou encore de Laurent Fabius, aujourd’hui respectivement président de la République, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères. l’affaire « Tomi » Cette visite sera également l’occasion d’évoquer des sujets qui fâchent entre la France et le président malien. En effet, Ibrahim Boubacar Keà¯ta est un des deux chefs d’à‰tat africains, avec le Gabonais Ali Bongo Ondimba, à  avoir été écouté, sur une période allant de juillet 2013 à  octobre 2014, par la justice française dans le cadre de l’affaire dite « Tomi », du nom de Michel Tomi, considéré comme le dernier parrain de la « Corsafrique ». Les présidents du Mali et du Gabon auraient, selon les informations révélées par la presse française, reçu des cadeaux de la part du magnat corse, en échange d’avantages commerciaux accordés dans leur pays. Michel Tomi n’aurait ainsi pas hésité à  offrir à  IBK des voitures de luxe, des chambres d’hôtels dans de prestigieux palaces de Marseille ou Paris, ou des soins médicaux. Selon une enquête de l’Office anti-corruption français, Michel Tomi est, par exemple, directement intervenu auprès du président malien pour vendre un jet privé d’un million d’euros à  la présidence, alors que l’à‰tat malien disposait déjà  d’un avion présidentiel. IBK a estimé dans une interview donnée à  Jeune Afrique que Michel Tomi était resté son ami mais affirme qu’il n’a jamais été question d’argent entre eux. l’enquête est toujours en cours.

Mali-France : dans la continuité

Le 2 février 2013, en pleine opération Serval, le Président François Hollande s’était rendu à  Sévaré, Bamako et Tombouctou o๠les Maliens manifestèrent leur gratitude pour l’action militaire de la France qui avait permis la déroute des djihadistes. Plus de deux ans après, même si la côte d’amour est depuis moins élevée, la France, parfois accusée de partialité dans la question du nord, demeure un partenaire privilégié pour le Mali. ssistance financière ». La coopération militaire est celle qui a fait couler le plus d’encre et de salive. Signé il y a tout juste un an, l’accord de coopération militaire « participe à  une paix et à  une sécurité durables et est compatible avec les engagements de chaque à‰tat dans le cadre de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’Organisation des Nations unies », selon Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense. La France participe également à  la mission européenne de conseil et de formation (EUTM) au profit des forces de sécurité, en mettant à  disposition des coopérants militaires. Pourtant, cette forte présence française dans le champ militaire n’est pas toujours positivement perçue et de nombreuses critiques vont dans le sens de celle de Maitre Cheick Oumar Konaré, avocat malien. « Les relations franco-maliennes se sont renforcées à  la faveur de l’intervention de la force Serval, en janvier 2013. Mais depuis, la France exerce une véritable tutelle sur le Mali, lequel n’est pas près de s’émanciper au vu de son armée en lambeaux et de son économie sinistrée », assure le juriste. Sur le plan économique justement, la France a marqué les esprits en annonçant au début 2015 l’annulation de la dette pour un montant de 64,8 millions d’euros, soit environ 42,5 milliards de francs CFA. Quant à  l’Aide publique au développement, elle intervient sous différentes formes : appui budgétaire (19 milliards en 2014), appui à  la gouvernance (2,8 milliards), développement économique et rural (5,2 milliards), projets et programmes sociaux (4,2 milliards), aide humanitaire (1 milliard), etc. Premier bailleur bilatéral du Mali, et second contributeur au Fonds européen de développement (68 milliards pour 2014-2018), la France envisage d’engager 472 millions d’euros de projets de développement sur la période 2014-2018. Les investisseurs français sont également de retour, plaçant le Mali au rang de 3ème pays d’accueil de la sous-région avec un stock de 3,4 milliards de dollars (31% PIB) en 2013. « La vieille francophilie d’IBK, la complicité politique qui le lie à  François Hollande et la volonté française de contrôler durablement le Sahel ne favoriseront pas une atténuation de la domination politique, économique et militaire de la France sur le Mali », poursuit Me Konaré, qui se demande ce qu’y gagne le Mali. « Peut-être la garantie de son existence en tant qu’à‰tat et une certaine assistance financière ».

Le patronat français à la conquête du Mali

Le Mali se remet tant bien que mal de la plus grave crise qu’il traverse depuis 2012. En dépit de la résurgence de l’insécurité ces derniers jours tant au nord que dans la capitale à  l’image de l’attaque contre le bar-restaurant ‘’La Terrasse » à  l’Hippodrome, les perspectives de relance surtout sur le plan économique se dessinent lentement mais surement. C’’est dans ce cadre qu’une vingtaine d’entreprises françaises se trouve dans la capitale malienne. Elle est conduite par Jean Paul Bacquet, président de Business France et Dominique Lafont, vice-président du comité Afrique du MEDEF, le patronat français. Cette visite de trois jours à  Bamako organisée en collaboration avec l’Ambassade de France au Mali était axée sur les projets structurants dans le cadre du développement et la reconstruction du Mali. La visite a été sanctionnée par un communiqué qui revient sur les temps forts de la visite et marque les centres d’intérêt des entreprises françaises au Mali. Selon le communiqué la priorité des entreprises est de proposer une offre qualitative et structurée dans divers domaines comme l’ingénierie, l’énergie solaire, le transport, la construction … A l’issue de cette importante visite, les deux chefs de la délégation, Jean Paul Bacquet et Dominique Lafont ont animé une conférence de presse mercredi dernier en présence de l’Ambassadeur de France au Mali, Gilles Huberson. Les visiteurs ont fait part de leur volonté d’accompagner le processus de développement du Mali qui présente de bonnes perspectives selon eux. Dominique Lafont a marqué son intérêt pour l’investissement dans le domaine des infrastructures ferroviaires. Des domaines variés comme la santé l’hôtellerie, l’agriculture l’énergie, et la logistique intéressent également le vice-président du comité Afrique de MEDEF international. Pendant la conférence de presse, Jean Paul Bacquet a souligné l’intérêt des entreprises pour le Mali à  travers le respect de la promesse en juillet dernier des hommes d’affaires français devant le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita. Tout en affirmant son optimisme pour le développement des investissements français au Mali, il a indiqué QUE les entreprises françaises vont s’intéresser aux projets structurants. l’Ambassadeur du Mali, Gilles Huberson, a précisé que ces chefs d’entreprises sont au Mali pour le développement des relations bilatérales dans un partenariat gagnant-gagnant entre les deux pays.

L’Institut Choiseul dévoile les 100 leaders économiques de 2015

l’Institut Choiseul est un centre de recherche indépendant dédié à  l’analyse des grandes questions économiques, politiques et stratégiques internationales. Il publie régulièrement des Notes Stratégiques destinées à  éclairer les pouvoirs publics sur des sujets d’intérêt majeur, ainsi que Géo économie, revue de référence consacrée aux enjeux liés à  la gouvernance mondiale. Le Choiseul 100 est la rubrique qui effectue le classement annuel des 100 leaders économiques de demain. En clair, Le Choiseul 100 recense les entrepreneurs, dirigeants ou cadres de 40 ans et moins qui feront la France de demain. Cent autres profils à  haut potentiel ont été intégrés à  l’étude dans le Choiseul 200. Réalisée en toute indépendance pour la troisième année consécutive par l’institut Choiseul cette étude ambitionne de faciliter la reconnaissance des nouveaux talents français et promouvoir l’excellence de jeunes à  fort potentiel. Un classement qui reflète l’audace et la diversité des jeunes talents français Selon Pascal Lorot, président de l’Institut Choiseul, « Au fil du temps, l’Institut Choiseul est devenu de fait un détecteur de talents». En 2015, ils sont 35 entrepreneurs présents dans le classement, 39 lauréats proviennent du secteur de l’Industrie, 25 lauréats sont en poste dans les NTIC. Les femmes également émergent à  des postes influents avec 72 femmes dans l’édition 2015 notamment Angélique Gérard première du classement. Cette étude est le fruit de parcours académiques diversifiés : 22,5 % des lauréats ont étudié à  l’étranger, 40,5 % sont passés par une école d’ingénieur, 35 % sont passés par une école de commerce, 35 % ont étudié les sciences politiques, 20,5 % sont issus de formation universitaire et 2,5 % sont autodidactes. Comme quoi la diversité ne peut qu’être bénéfique pour un pays comme la France.

Le Mali refuse d’inhumer Amedy Coulibaly

Selon nos informations, le corps d’Amedy Coulibaly, l’assassin de la policière de Montrouge (Hauts-de-Seine) et de quatre hommes juifs dans le supermarché casher de la porte de Vincennes, devait être acheminé ce mercredi après-midi par avion à  Bamako, au Mali. Mais suite à  un refus de dernière minute des autorités maliennes, la dépouille du terroriste était de retour ce mardi soir à  l’institut médico-légal de Paris. Le sort du corps du terroriste en rappelle un autre : en 2012, au terme d’une vive polémique, Mohamed Merah, l’auteur des tueries de Toulouse et Montauban, avait finalement été enterré dans le carré musulman du cimetière intercommunal de Cornebarrieu (Haute-Garonne), près de Toulouse, après le refus de l’Algérie d’accueillir sa dépouille comme le demandait sa famille. Les raisons du refus inconnues Selon la loi, les proches d’un défunt doivent demander l’autorisation d’inhumation au maire de la commune du cimetière choisi. Théoriquement, les édiles ne peuvent la refuser là  o๠il habitait, là  o๠il est mort ou encore là  o๠se trouve un caveau familial. A notre connaissance, la mairie de Grigny (Essonne), d’o๠était originaire Amedy Coulibaly et o๠vivent toujours sa mère et sa sœur, n’a pas reçu de demande d’inhumation. Celle de Viry-Châtillon, dans le même département, o๠il était inscrit sur les listes électorales, non plus. Sa famille très bien pu demander à  ce que sa dépouille soit transférée au Mali, son pays d’origine. Les raisons du refus de Bamako sont pour l’instant inconnues. Chérif et Saà¯d Kouachi, responsables de l’attaque meurtrière contre Charlie Hebdo, ont été inhumés ce week-end là  o๠ils résidaient, à  Gennevilliers (Hauts-de-Seine), pour le premier, et à  Reims (Marne), pour le second. Dans les deux cas, les maires avaient expliqué n’avoir «pas le choix», même s’ils auraient préféré ne pas inhumer des terroristes sur leur commune.

Dammartin/Paris: fin de parcours pour les terroristes

Ils étaient retranchés depuis la fin de matinée à  Dammartin-en-Goà«le (Seine-et-Marne) dans une entreprise o๠ils retenaient une personne. Les frères Kouachi, jihadistes français, soupçonnés d’avoir perpétré mercredi la tuerie à  Charlie Hebdo, ont été tués en fin d’après-midi dans l’assaut donné par le GIGN. Fin de cavale pour les tueurs de Charlie Hebdo L’assaut a été lancé à  17 heures par le GIGN. Des négociations avaient été menées pendant des heures, sans parvenir à  convaincre les terroristes de se rendre. L’opération a duré à  peine quelques minutes et l’otage est sain et sauf, les frères Kouachi n’auraient pas repéré sa présence durant le siège de l’imprimerie. Un gendarme a été légèrement blessé. C’est au volant d’une voiture volée que Chérif et Saà¯d Kouachi, 32 et 34 ans avaient été localisés en début de matinée et pris en chasse par les gendarmes, avant d’investir les locaux de l’entreprise. Des hélicoptères ont survolé le site tout l’après-midi, encerclé par les hommes du GIGN, qui ont mené l’opération appuyés par des équipes du Raid. Les écoles avaient été évacuées et les commerces fermés. Assauts coordonnés Simultanément à  l’assaut à  Dammartin-en-Goà«le, une opération a été menée au sein de l’épicerie casher à  côté de la porte de Vincennes à  Paris. Le preneur d’otage, Amedy Coulibaly, qui réclamait la libération des frères Kouachi, a été tué par les forces de l’ordre. Après plusieurs détonations, des policiers ont pénétré dans le magasin o๠le jeune home de 32 ans, soupçonné d’avoir déjà  tué une policière municipale stagiaire à  Montrouge jeudi, retenait une dizaine de personnes en otage dans une épicerie casher à  côté de la porte e Vincennes à  Paris. Les locaux du magasin étaient entièrement piégés. Quatre personnes sont mortes. Il n’était pas possible dans l’immédiat de savoir si ces blessés étaient des otages ou des membres des forces de l’ordre. Quatre autres otages sont très grièvement blessés, leurs jours sont en danger. Deux hommes du Raid auraient également été touchés dans l’assaut, on ignore pour l’instant le degré de gravité de leurs blessures. Un lourd bilan Le preneur d’otage est donc le même qui a tué une policière, jeudi à  Montrouge. Amédy Coulibaly, un délinquant multirécidiviste né à  Juvisy-sur-Orge. Il avait rencontré Chérif Kouachi, le plus jeune des deux frères impliqués dans l’attentat de Charlie Hebdo, en détention. Les deux hommes avaient été impliqués en 2010 dans l’enquête sur une tentative d’évasion de Smaà¯n Aà¯t Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA), condamné pour l’attentat à  la station RER Musée d’Orsay en octobre 1995 à  Paris. Kouachi avait bénéficié d’un non-lieu mais Coulibaly avait été condamné à  cinq ans de prison en décembre 2013. A eux trois, les terroristes qui ont jeté la France dans l’émoi depuis le mercredi auront causé la mort de dix-sept personnes. Le président français s’exprimera à  19h GMT sur cette affaire et sur les circonstances de

France: la traque en cours, Paris sous tension

L’inquiétude et la tension augmentent en France o๠deux prises d’otages sont en cours depuis ce matin. Les deux hommes responsables de la fusillade au journal Charlie Hebdo sont retranchés depuis les premières heures de la matinée dans une zone industrielle en Seine-et-Marne. Ils auraient réussi à  prendre au moins un otage. Dans le même temps, une autre prise d’otages a lieu à  Paris, dans une épicerie casher. 6 personnes au moins retenues par les terroristes La première prise d’otages se déroule dans une imprimerie à  Dammartin-en-Goà«le (Saint-et-Marne), à  35 km au nord de Paris. Les terroristes présumés ont investi l’entreprise Création Tendance Découverte. Il s’agirait des frères Kouachi et détiendraient au moins un otage. Pas de mort ou de blessé, selon les autorités. L’autre prise d’otages a démarré vers 13 h, Porte de Vincennes, à  Paris (XIIe), dans un supermarché casher. Une fusillade a éclaté peu avant, faisant un blessé. Depuis la situation n’a guère évoluée, sauf du coté du bilan qui est de 2 morts du côté de l’épicerie Porte de Vincennes. Dans la boutique qui vend des produits destinés aux personnes de confession juive, au moins deux hommes deux femmes et un bébé seraient retenus. Le preneur d’otages de Vincennes serait armé de deux armes automatiques et pourrait être le tireur de Montrouge. Un homme a tiré et tué une jeune policière dans la journée du jeudi dans ce quartier parisien et a été pisté toute la journée sans être arrêté. Il pourrait s’agir de Amedy Coulibaly, un djihadiste connu des services de polices et de renseignements et qui aurait des liens avec les tueurs de Charlie Hebdo. Dispositif sécuritaire impressionnant Les forces de police et de gendarmerie sont mobilisées pour faire face à  cette situation inédite en France. Le pays, victime à  plusieurs reprises d’attaques dans les années 90, s’était préparé depuis les menaces lancés par l’Etat islamique et les autres groupes extrémistes. C’est un déploiement très important qui a été mis en place depuis mercredi et qui s’est intensifié ce vendredi depuis que les suspects ont été repérés et localisés et le début des prises d’otages. Le GIGN est à  la manoeuvre. Le policiers du Raid sont en appui. Les négociations auraient commencé. La topographie de l’usine, de ses issues et de ses abords est analysée avec soin. Le général d’armée Denis Favier, directeur général de la gendarmerie nationale qui avait mené l’assaut contre l’Airbus de Marignane en décembre 1994, dirige en personne les opérations. Des centaines de personnes sont mobilisés et des dizaines de véhicules impliqués dans les opérations. Une nouvelle réunion d’urgence vient de commencer à  l’à‰lysée. Le président François Hollande, le premier ministre Manuel Valls, les ministre de l’Intérieur ainsi que de la Justice, Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira, y participent. La traque de Saà¯d Kouachi et de son frère Chérif Kouachi, les deux suspects dans l’attentat contre Charlie Hebdo, dure maintenant depuis plus de 48 heures. Une traque faite de nombreuses fausses pistes et d’autant de rebondissements, de Paris à  Villers-Cotterêts, en passant par Pantin ou encore Reims.

Kidal : Nouvelle attaque terroriste sur les Casques bleus

L’attaque a fait sept blessés , quatre ayant eu des blessures légères et trois autres, souffrant de fractures, seront transportés à  l’hôpital de la MINUSMA à  Gao. La zone o๠l’explosion a eu lieu à  été immédiatement sécurisée et une investigation par des experts de la MINUSMA sur la nature de l’explosif utilisé est en cours. La MINUSMA, tout en souhaitant un prompt rétablissement aux soldats blessés, condamne avec vigueur cette ignoble attaque terroriste sur les Casques bleus, qui sont venus au Mali dans le seul but d’apporter assistance aux autorités et au peuple maliens. La MINUSMA réitère son appel aux acteurs présents sur le terrain impliqués dans le processus de paix en cours de se conformer à  l’engagement qu’ils ont pris en septembre 2014 à  Alger de prévenir les attaques sur les casques bleus. La MINUSMA lance encore une fois un appel pour que les responsables de ces crimes soient identifiés et répondent de leurs actes devant la justice.

Transport aérien : Aigle Azur défie Air France

Amorçant un tournant dans sa stratégie commerciale, Aigle Azur, la compagnie française filiale du groupe Chinois HNA, renforce sa présence à  Bamako et concurrence Air France avec des tarifs attractifs pour célébrer les fêtes de fin d’année entre Bamako et Paris. Aigle Azur est bien présente en Afrique, avec une part de marché annoncée de 42% entre la France et l’Algérie, mais Bamako reste sa seule destination au-delà  du Sahara. La capitale du Mali fait l’objet de toutes les attentions de la compagnie : une représentation commerciale y a été ouverte fin novembre 2014. « La Compagnie souhaite ainsi s’assurer une plus grande visibilité sur le marché malien et un service de proximité, conforme à  la demande de sa clientèle », a-t-elle indiqué dans un communiqué. Aigle Azur” ajoute également une fréquence de vol hebdomadaire du 10 décembre 2014 au 24 janvier 20154 pour satisfaire la clientèle malienne en France ainsi que les maliens souhaitant célébrer les fêtes de fin d’année en France. Ce sera donc au total 3 vols par semaine durant cette période. La deuxième compagnie aérienne française, Aigle Azur, met sur le marché des prix très attractifs sur le parcours Bamako-Paris-Bamako: 299 900 F CFA TTC pour la période de fin d’année. Pas sûr que la première compagnie Française, Air France, voit d’un bon œil la présence renforcée d’Aigle Azur au Mali qui pourrait être annonciatrice d’une expansion prochaine en Afrique. Aigle Azur veut s’y développer, alors que la région représente le troisième marché du réseau d’Air France qui y réalise 13% de son trafic. Sans oublier que, C’’est généralement au moment des congés scolaires ou autour des fêtes de fin d’année que les prix ont tendance à  flamber chez Air France. Pour trouver un vol pas cher pour le Mali depuis la France, il existe différentes stratégies. S’y prendre à  l’avance est une bonne idée mais guetter les offres de dernière minute peut également s’avérer payant, a conseillé la compagnie elle-même sur son site. Une chose est certaine, Aigle azur est désormais bien installée au Mali et compte bien y rester.