Anniversaire du Débarquement de Provence : Kaba Doumbia décoré au nom du Mali

Avec le débarquement de Normandie en France lors de la deuxième guerre mondiale, celui de Provence, un peu moins connu, a aussi vu la participation de nombreux soldats des anciennes colonies françaises parmi lesquels les fameux tirailleurs sénégalais et nord-africains. Pour leur rendre hommage et commémorer les 70 ans de ce débarquement, le président français François Hollande, a invité une quinzaine de chefs d’Etats africains à  Toulon dans le Sud de la France. Parmi les dirigeants invités figurent les présidents malien et ivoirien, Ibrahim Boubacar ‪‎Keà¯ta‬ et Alassane ‪Ouattara‬, ainsi que les chefs des gouvernements algérien et marocain, Abdelmalek Sellal et Abdelillah Benkirane. C’est sur un porte-avions dénommé Charles-de-Gaulle, sur la rade de la ville de Toulon, qu’ils assisteront ensemble à  une parade navale internationale, avant de dà®ner à  bord du bâtiment, fleuron de la Marine française, o๠près de 800 invités ont été conviés, parmi lesquels cent cinquante anciens combattants. Au total, 28 pays seront représentés pour cette journée marquant le souvenir de la campagne de Provence contre l’occupant nazi, qui débuta le 15 août 1944 et dura jusqu’à  l’automne, et à  laquelle participèrent quelque 450.000 soldats. Un malien décoré un ancien combattant malien de la Seconde guerre mondiale, Kaba Doumbia, a été également invité à  participer à  ces cérémonies commémoratives. Il a été décoré de la Légion d’honneur le jeudi 14 août par le ministre français de la Défense, Jean Yves Le Drian, pour sa participation aux côtés des forces françaises dans cette opération. Ce vendredi 15 août, il embarquera sur le porte-avion Charles De Gaulle pour assister à  la cérémonie commémorative en compagnie du Président Ibrahim Boubacar Kéita et des membres de la délégation malienne. Originaire de l’ex-Soudan Français (actuel Mali), Kaba Doumbia, est né en 1920 à  Ouolofobougou-Bolibana, quartier populaire de la Commune III du District de Bamako. Ancien ‘Tirailleur sénégalais’, le caporal-chef, Kaba Doumbia, a été incorporé dans l’armée française le 15 février 1940. Après trois mois de formation commune de base au centre d’Instruction de Kayes, il sera réquisitionné pour Dakar d’o๠il partira pour Marseille. La même année, il est monté au front. Au moment de sa libération du drapeau français en 1956, il était caporal-chef de l’armée française. Un bel hommage. Si aucune rencontre bilatérale n’est formellement prévue, le dà®ner de cette cérémonie sera l’occasion de faire un point sur l’actualité diplomatique, à  l’heure o๠la France est engagée militairement au Mali et en République centrafricaine, a-t-on précisé dans l’entourage du président français.

IBK :  » La communauté internationale oblige le Mali à négocier avec un groupe armé »

Vous êtes en France pour participer au sommet de l’Elysée sur l’Afrique, les 6 et 7 décembre. Tenir un tel sommet, à  Paris en 2013, n’est-ce pas du néocolonialisme ? Ibrahim Boubacar Keà¯ta : Si c’était le cas, je ne serai pas là . Je ne crois pas non plus que cela soit l’intention de François Hollande que je connais depuis une trentaine d’années. Il y a des problèmes de sécurité en Afrique qui interpellent l’ensemble de la communauté internationale. La France agit en conformité avec sa vocation, sans aucune forme de paternalisme inacceptable, ni de néocolonialisme qui n’auraient aucune chance de prospérer aujourd’hui. Voyez-vous une différence entre la politique africaine de François Hollande et celle de ses prédécesseurs ? Je ne me lancerai pas dans des comparaisons, je n’ai pas connu ses prédécesseurs, sauf François Mitterrand. Mais je connais François Hollande et nous avons une relation amicale, fondée sur des valeurs. Tout le monde s’accorde à  dire que les décisions qui ont été prises vont dans le bon sens. Il y a du respect et de l’écoute, j’y suis très sensible. En venant au sommet de l’Elysée, je n’ai pas l’impression de répondre à  un oukase. L’écoute respectueuse n’était pas là  avant ? Je ne sais pas, je n’étais pas là . Je note juste que je suis écouté avec respect et considération, nous pouvons échanger de tout, c’est important. La France est intervenue au Mali et s’apprête à  le faire en Centrafrique. Est-elle condamnée à  jouer le rôle de gendarme de l’Afrique ? Sûrement pas, mais la France a, hélas, des devoirs historiques. Quand on a fait un chemin ensemble, aussi douloureux qu’il ait pu être parfois, il en reste toujours quelque chose. La France, vis-à -vis de l’Afrique francophone, se sent un devoir qui est d’abord un devoir de solidarité. Nous sommes condamnés à  cheminer ensemble. A quoi va servir ce sommet de l’Elysée sur l’Afrique ? D’abord, il a le mérite de se tenir, de rappeler que sans la paix et la sécurité, tout le reste est vain. Nous avons de vastes problèmes de développement, il faut presque tout reprendre de zéro. Nous devons d’abord stabiliser nos pays et résoudre la question de l’Etat-nation. Aujourd’hui, ce vivre-ensemble est remis en cause de façon brutale au Mali. Même si nous avons été préparés par des crises cycliques d’irrédentisme, nous ne comprenons pas l’acuité qu’elles ont prise, avec cette revendication d’indépendance qui n’est assumée que par une infime minorité de la communauté en question . Considérez-vous que le Mali est un pays sous tutelle internationale et jusqu’à  quand les forces étrangères ont-elles vocation à  rester sur le territoire malien ? Le Mali ne sera jamais un pays sous tutelle et je ne serai jamais un président fantoche. Ces troupes ont vocation à  aider le Mali à  recouvrer son intégrité territoriale et sa souveraineté. Nous assistons, hélas, à  une situation o๠la présence de ces troupes a empêché le Mali de rétablir l’autorité de l’Etat à  Kidal, alors qu’il l’a fait à  Gao et à  Tombouctou. Pour quel motif ? Nous ne sommes pas naà¯fs, la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) est retournée à  Kidal dans le sillage des troupes qui sont venues nous libérer. La libération s’est faite de manière conjointe jusqu’aux abords de Kidal, o๠là , on a bloqué les Maliens. Pourquoi ? Serions-nous des barbares d’une autre époque qui, une fois à  Kidal, se mettraient à  massacrer tout le monde ? L’armée malienne n’est pas une armée de soudards, surtout cette armée qui est aujourd’hui en refondation. Je ne comprends pas que Kidal ait été une exception. Pour un ami de la France comme moi, j’assiste avec beaucoup de dépit à  un reflux de l’enthousiasme envers la France dans la population malienne qui avait applaudi l’intervention française au début de l’année. Aujourd’hui, les Maliens s’interrogent. Pensez-vous que la France a commis une erreur en nouant des contacts avec le MNLA ? Ce sont plus que des contacts, je suis très bien informé. Je ne peux imputer cette doctrine à  François Hollande car je note avec bonheur que ce comportement est en train de changer de manière drastique. Nous ne comprendrions pas qu’il en soit autrement. L’armée malienne, cantonnée dans un fortin, ne pouvait pas circuler dans Kidal, o๠il y a eu une épuration ethnique. Tous ceux avec la peau noire ont été priés de quitter la ville. Cela, on ne le dit pas. Selon vous, la France n’a plus de contacts avec le MNLA ? Je n’ai pas dit cela. Nous-mêmes avons des contacts avec le MNLA. Mais la tragédie de l’assassinat des deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le 2 novembre, qui m’a révolté et ému au plus profond de mon être, nous amène à  nous interroger. Claude et Ghislaine sortaient d’un entretien avec le maà®tre de Kidal, Ambeiry ag-Ghissa. Leurs ravisseurs ont franchi quatre barrages et sont repartis en retraversant les mêmes barrages, on se pose forcément des questions. Si l’armée malienne avait été là , libre de ses mouvements, je pense qu’il en aurait été autrement. Laisser croire qu’un soutien au MNLA peut conduire à  résoudre des prises d’otages est d’une naà¯veté déconcertante. La communauté internationale nous oblige à  négocier sur notre sol avec des gens qui ont pris des armes contre l’Etat. Je rappelle que nous sommes un pays indépendant. L’Etat malien est contraint de négocier avec un groupe armé qui s’en vante, dans quelle comedia dell’arte sommes-nous ? O๠en est l’enquête sur la mort des envoyés spéciaux de RFI ? Nous sommes presque certains que l’homme qui a été désigné comme le grand ordonnateur de l’événement est bien le responsable de cette tragédie. Tantôt on le dit ancien de tel ou tel mouvement, tantôt on le dit membre d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). L’enquête l’établira. Vous avez été élu, sur la promesse d’une rupture avec l’ère de votre prédécesseur « ATT ». Or vous-même et plusieurs de vos ministres étaient déjà  présents lors de la période antérieure. O๠est la rupture ? Elle est dans la façon de faire, les Maliens ne m’auraient jamais porté au pouvoir si j’avais eu la réputation de traà®ner des casseroles. Pendant la campagne, j’ai dit que certains auraient pu ouvrir une quincaillerie ! J’ai autour de moi des hommes et des femmes dont je connais l’intégrité et auxquels j’ai dit : aucune faille ne sera tolérée.

IBK à l’Elysée

Très peu a filtré de leur entretien, mais IBK et François Hollande se sont parlés à  l’Elysée ce matin pendant près d’une heure, avant le départ officiel sur le perron de l’Elysée. On peut imaginer que les deux homologues ont évoqué la situation sécuritaire au nord du pays, o๠un foyer de tension s’est déclaré ce week-end à  Tombouctou et Kidal. La situation elle reste précaire dans la ville sainte et dans le bastion des rebelles du MNLA. Concernant la situation à  Kidal, Paris se dit optimiste. « Les tensions qui persistent vont progressivement se résorber au fur et à  mesure du processus de réconciliation », assure un diplomate français. Dans un communiqué, l’Elysée confirme que le président malien a fait de la réconciliation sa première priorité. Une source française assure que IBK entend mener un dialogue avec les groupes armés et qu’il est prêt à  prendre des mesures pour rétablir la confiance entre les deux camps. D’ailleurs aujourd’hui même, on apprend que 20 nouveaux prisonniers MNLA et HCUA sont remis en liberté par le gouvernement. Paris confirme que le président Hollande et son homologue malien ont convenu de conclure un accord de défense sur des bases renouvelées et transparentes. En attendant, les troupes françaises restent sur le terrain pour poursuivre la lutte anti-terroriste. « Il faut rester vigilant », précise l’Elysée face à  une menace qui demeure d’actualité.

Cérémonie d’investiture : l’acte 2 en direct sur journaldumali.com

15h30: Déjeuner en cours au Palais de Koulouba. Les journalistes attendent la conférence de presse prévue juste après. 14h50: Le défilé est finalement annulé à  cause du retard dans le déroulement de la cérémonie. Les invités ont pris la route de Koulouba, au Palais présidentiel, pour un déjeuner offert par le Président IBK. 14H 45: Un défilé militaire doit commencer pendant lequel vont parader l’armée malienne, les troupes de la Minusma, les troupes tchadiennes, l’opération Serval… 14h30: des danseurs dogon offrent une prestation improvisée au président IBK avec les masques sacrés qui ne sortent qu’à  de rares occasions. Et pour le grand plaisir des hôtes qui ont certainement entendu parlé de ces figures légendaires de la culture malienne. IBK dit « Merci » 13h35: Après Idriss Déby Itno et le Roi du Maroc, le Président IBK prend la parole pour remercier tous les pays qui ont participé militairement, financièrement, humainement et diplomatiquement à  la résolution de la crise malienne. Il appelle tous les Maliens à  s’engager pour reconstruire le pays avec l’aide des amis. »Merci à  ceux qui n’ont pas hésité à  envoyer leurs enfants combattre pour un Mali libre » a déclaré le président élu du Mali. IBK, l’homme de la situation pour ADO 12h 50: Alassane Ouattara, président de la Côte d’ivoire et président en exercice de la CEDEAO salue la France et lui adresse une « mention spéciale ». Il a également déclaré IBK « l’homme de la situation » pour le Mali. 12h40: Le grand invité est bien entendu le président français François Hollande qui prononce en ce moment même un discours sur la tribune installé sur la pelouse du stade du 26 Mars. C’est une grande ovation qui a accueilli M. Hollande qui a qualifié ce jour d' »historique » pour le Mali. Il a dit sa fierté d’être aux côtés de ses « amis maliens » aux côtés desquels la France a gagné « la guerre contre les terroristes ». La France s’engage à  mener « le combat de la paix et de la reconstruction » aux côtés du Mali, a-t-il encore déclaré. La foule a également chaleureusement salué la présence d’Idriss Déby Itno, Président du Tchad, dont le pays a payé un lourd tribu à  la guerre de libération du Mali. 12h20: Ils ont tous répondu à  l’invitation du Mali. Ils sont tous là  pour vivre, aux côtés du peuple malien,cette journée du 19 mars 2013 qui restera dans les annales comme celle du retour du Mali sur le devant de la scène internationale. Une vingtaine de chefs d’à‰tat et de gouvernement ainsi que de nombreuses délégations étrangères sont présentes à  Bamako depuis hier mercredi. Suivez les événements de la journée sur www.journaldumali.com

F. Hollande: « La France va rester au Mali différemment d’aujourd’hui »

La conférence des ambassadeurs réunit jusqu’à  demain, jeudi 29 août, les représentants de la diplomatie française. Il s’agit d’un rendez-vous traditionnel du chef de l’Etat français. Cette année le discours d’ouverture de François Hollande, prononcé hier, mardi, a été dominé par la crise syrienne. Les moyens de la défense, l’Afrique, le conflit israélo-palestinien et l’économie ont également été largement évoqués au cours de cette allocution d’une heure qui a donné les orientations de la diplomatie française. « La France va rester au Mali différemment d’aujourd’hui » Dès le début du chapitre africain de son discours, François Hollande est revenu sur le Mali. Après l’opération Serval, après un scrutin qui a permis l’élection d’un nouveau président, Ibrahim Boubacar Keà¯ta, la France, a-t-il dit, restera aux côtés des Maliens. « La France va rester au Mali différemment d’aujourd’hui, a-t-il indiqué. Avec une présence militaire bien sûr réduite. Mais nous continuerons à  accompagner ce pays. Restaurer l’Etat, améliorer la gouvernance, préserver la sécurité, mener à  bien le développement. Voilà  les défis communs, a résumé le chef de l’Etat. Et rester d’une vigilance extrême ». François Hollande a également fait état des « atrocités » en Centrafrique. « J’appelle l’Union africaine et le Conseil de sécurité à  se saisir de la gravité de cette situation (…) Nous, Européens et Africains, devons unir nos forces pour accompagner, encadrer et former les armées », a-t-il précisé. « C’est aux Africains d’assurer leur propre sécurité », a-t-il toutefois affirmé, comme il l’avait annoncé lors du discours de Dakar, le 12 octobre dernier. « Le continent africain est plein d’avenir », a-t-il poursuivi. « La France sera toujours à  ses côtés, sans rien chercher pour elle-même. » Le discours présidentiel n’a pas oublié le Maghreb. « Notre responsabilité est aussi d’accompagner les pays arabes dans leur changement », a-t-il réaffirmé. « Aucune religion n’est incompatible avec l’exercice de la démocratie », a-t-il soutenu, à  propos de la Tunisie. Le Président a également appelé les autorités égyptiennes à  rétablir « au plus vite » la paix civile.

Hollande félicite Ibrahim Boubacar Keïta

Le président français François Hollande a félicité par téléphone, ce mardi 13 août, Ibrahim Boubacar Keà¯ta pour son accession de facto à  la présidence malienne. Il se rendra au Mali pour l’investiture d’IBK, ont fait savoir les services de la présidence. La France restera «au côté du Mali», a assuré le chef de l’Etat. L’ancien premier ministre Ibrahim Boubacar Keà¯ta s’achemine donc vers une victoire au terme du second tour de la présidentielle au Mali. «Après près des deux tiers des bulletins dépouillés, IBK arrive très largement en tête», selon une source proche de la Commission nationale de dépouillement, qui centralise les votes de l’ensemble du territoire malien. Quelques heures avant de reconnaà®tre sa défaite, l’ancien ministre des Finances Soumaà¯la Cissé dénonçait encore des fraudes électorales au profit de son adversaire. Cette reconnaissance rapide de sa défaite devrait faciliter les premiers pas d’Ibrahim Boubacar Keà¯ta dans ses nouvelles fonctions de chef de l’Etat en lui évitant toute contestation de sa légitimité. «Un succès» Malgré quelques irrégularités marginales, les observateurs maliens et internationaux ont salué le déroulement de l’élection. «Cette élection, du point de vue des normes démocratiques, est un succès», a déclaré Louis Michel, chef de la mission d’observation de l’Union européenne. «C’est une élection qui permet désormais au Mali d’entamer la conclusion d’un processus en cours: le retour à  une démocratie normale», a-t-il ajouté. Selon des observateurs maliens indépendants, le taux de participation du second tour a été en baisse par rapport au premier tour, environ 45%.

Mali : les secrets d’une guerre éclair

Ce lundi 14 janvier 2013, dans le salon vert qui jouxte le bureau du chef de l’Etat, le débat est intense. François Hollande a réuni le deuxième conseil de défense depuis le déclenchement de l’intervention au Mali, trois jours plus tôt. Les principaux protagonistes de la plus importante action militaire menée par la France depuis un demi-siècle sont présents : Jean-Yves Le Drian, Laurent Fabius, le général Puga, conseiller militaire du président, l’amiral Guillaud, chef d’état-major des armées, et les patrons des services secrets. Tous sont d’accord sur un point : malgré la mort d’un officier français, le début de l’opération Serval est un succès. Les frappes des Mirage 2000 et des hélicoptères ont stoppé la descente des djihadistes vers le sud. Mais, sur la suite de l’intervention, les opinions divergent. A la table du conseil, deux logiques s’affrontent. « L’amiral Guillaud souhaitait concentrer tous les efforts vers un seul but : frapper Aqmi le plus fort et le plus loin possible, dit un important responsable français. Le président, lui, voulait aussi des victoires symboliques, la prise de villes, pour rassurer l’opinion publique. » Il y a un autre différend. « L’état-major imaginait une guerre façon Otan, dit un officiel de haut rang. C’est-à -dire lancer l’offensive vers le nord une fois seulement toute la logistique parvenue sur le terrain. » Obsédé par le risque d’enlisement, François Hollande veut, lui, rogner sur les délais au maximum, mener une « guerre à  la française ». Le 14 janvier, l’amiral Guillaud prévient que l’acheminement du matériel et des 4 000 hommes au Mali va prendre deux semaines. Il ajoute qu’il prévoit de libérer une seule ville, Gao, la plus facile à  prendre. « Non, il en faut deux, dit François Hollande, Gao et Tombouctou. » L’amiral répond que cela ne pourra se faire que fin février. « Fin janvier », ordonne le président de la République, qui refuse toute pause. Un pari risqué – qui sera gagné grâce à  plusieurs facteurs. Les amis à  la rescousse L’aide des alliés est indispensable. « Avec ses moyens propres,assure un officier, l’armée française ne serait pas parvenue à  tenir les délais fixés par le président. » Elle manque cruellement d’avions de transport et de moyens de renseignement. Le drone Harfang n’est pas encore opérationnel. Pour suivre les déplacements en temps réel des 2 000 djihadistes, les militaires n’ont que des ULM et de vieux appareils Atlantic. Les Britanniques viennent immédiatement à  leur rescousse. Dès le lendemain des premières frappes, ils mettent un avion de renseignement dans le ciel malien. Les Etats-Unis sont moins rapides. Un mois avant, Jean-Yves Le Drian a bien obtenu, en secret, un accord de principe pour le déploiement de drones américains, en cas d’intervention. « Mais certains drones dépendaient de la CIA, d’autres du Pentagone et le superavion de surveillance, Global Hawk, d’un commandement en Italie », raconte un haut responsable. Il faut coordonner le tout. Si bien que, pendant une semaine, les militaires français n’ont pas d’images de l’ennemi vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Pour les avions-cargos, on a loué des Antonov 124 à  des sociétés privées russes et ukrainiennes, dit une source à  la Défense, mais il n’y en avait pas assez. » Les Belges et les Allemands en fournissent quelques-uns, mais pas suffisamment. Après trois semaines de tergiversation, la Maison-Blanche accepte de mettre des C-17 à  la disposition de Paris. « Les alliés nous ont fait gagner trois semaines dans le déploiement des forces et deux semaines dans les frappes », estime-t-on au ministère de la Défense. Les erreurs des djihadistes L’intervention est d’autant plus rapide que les djihadistes font de mauvais choix tactiques. « Nous avions prévu que la prise de Tombouctou durerait cinq jours, confie-t-on à  la Défense. Mais ils ont fui et, en un jour, tout était fini. » « S’ils avaient décidé d’organiser la résistance à  Gao et Tombouctou, il nous aurait manqué deux compagnies », précise un officier. Les djihadistes n’ont pas non plus l’idée de poser des bidons vides sur la route. »Nous aurions dû envoyer une équipe de déminage pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’engins explosifs. A chaque fois, cela nous aurait retardés de plusieurs heures. » « Pendant quelques jours, ajoute un autre responsable, nous tenions le pays avec seulement trois compagnies d’infanterie. S’ils nous avaient harcelés, nous aurions beaucoup souffert. » Mais, à  part une brève embardée vers l’ouest, les djihadistes choisissent de filer vers leur citadelle de l’Amettetaà¯, au nord. « Ils ont cru que nous ne les attaquerions pas là -bas », conclut-il. Tuer Sanogo ? Alors qu’ils commencent à  tenir le pays, une question taraude les Français. N’ont-ils pas là  l’occasion de régler l’épineux problème Sanogo ? Le capitaine de l’armée malienne, auteur du coup d’Etat de mars 2012, gène bigrement Paris. Il risque de vouloir reprendre le pouvoir et de mettre à  mal toute la stratégie de l’Elysée. Que faire de lui ? « Le tuer ? Certaines capitales africaines nous l’ont demandé, et nous nous sommes interrogés, reconnaà®t un responsable français. Mais on ne l’a pas fait de peur d’aggraver la situation politique. » On préfère le neutraliser. On lui donne un titre ronflant, président du Comité de Suivi de la Réforme de l’armée. Des Africains lui proposent un exil doré. En vain. Sanogo reste. Les encombrants journalistes Très vite, la France doit gérer un autre problème : l’information. Les journalistes reprochent à  l’armée de les empêcher d’aller dans les zones de combat. Paris rejette la faute sur l’armée malienne, « qui a peur des enlèvements ». Non sans raison : « On a intercepté des communications qui indiquaient que, lors de leur raid du 9 février à  Gao, les djihadistes voulaient prendre des journalistes en otage », révèle un officiel français. Ce n’est pas toute la vérité. Furieux d’avoir à  agir aussi vite, les militaires refusent de s’encombrer de la presse. Avec le pouvoir politique, c’est donnant-donnant : on fonce, mais sans journalistes. De toute façon, quoi montrer ? Menée surtout par les forces spéciales, la guerre se résume à  des accrochages violents entre des petits groupes, alors le ministre gonfle l’importance des opérations. « Quand Le Drian annonçait une offensive, ça se résumait à  trois véhicules blindés », dit un militaire. Sus au Quai-d’Orsay ! Début février, une autre guéguerre fait rage à  Paris. Depuis la chute de Gao et de Tombouctou, le ministère de la Défense n’en démord pas : les diplomates sont trop mous, ils ne feraient rien pour régler le dossier de la réconciliation entre le pouvoir central malien et le mouvement indépendantiste du Nord. Du coup, les militaires redoutent de se retrouver coincés longtemps au Mali, à  cause d’un abcès de fixation, à  Kidal, troisième ville du Nord, tenue par les séparatistes touaregs du MNLA. « Fin janvier, la France pouvait exiger du pouvoir à  Bamako qu’il négocie avec ces rebelles, assure-t-on à  la Défense. A ce moment-là , le président Traoré aurait signé n’importe quoi. » Pourquoi avoir laissé passer cette opportunité ? « Vous vouliez que l’on fasse comme Foccart ? », demande, agacé, un haut diplomate, en référence au « Monsieur Afrique » de De Gaulle. La querelle entre la Défense et les Affaires étrangères se solde le 21 mars par la désignation d’un bouc émissaire : l’ambassadeur de France à  Bamako, Christian Rouyer, qui est débarqué. « Il ne convenait pas pour un tel poste en Afrique,juge un officiel, il aurait été parfait comme ambassadeur en Finlande. » La victoire des militaires est complète puisque ce sont eux qui soufflent le nom de son successeur, Gilles Huberson, un ancien de Saint-Cyr qui a déjà  pris langue avec le MNLA. Le MNLA, un allié gênant Les diplomates ont du mal à  digérer les reproches des militaires : si Kidal pose problème, disent-ils, c’est parce que le MNLA est protégé par la DGSE . « Les services secrets ont besoin de ces Touaregs parce qu’ils ont des liens avec les preneurs d’otages », lâche un responsable français. Pour la chasse aux djihadistes aussi, ils sont utiles, du moins le croit-on. A ce sujet, Jean-Yves Le Drian reconnaà®t que les Français « se coordonnent » avec le groupe touareg dans la guerre contre Aqmi. En vérité, « entre le MNLA et la France, il y a un deal historique : parce que c’était une force laà¯que qui a pour ennemis les terroristes islamistes, la DGSE les aide depuis dix ans », admet un haut responsable français, confirmant ce que « le Nouvel Observateur » avait révélé il y a un an. A Bamako, la mise sous protection française du MNLA agace. On reproche aux « libérateurs » de s’être alliés à  ces rebelles considérés comme responsables de la crise. Une attitude jugée d’autant plus incohérente que, selon un officielmalien, « le MNLA a vendu à  la France plus de beurre qu’il n’avait de lait ». De fait, au Quai-d’Orsay, on reconnaà®t qu' »ils ont été moins utiles qu’on ne l’avait espéré », notamment pour préparer l’assaut dans l’Amettetaà¯. 700 djihadistes tués C’est là , tout au nord du Mali, dans une vallée de 10 kilomètres sur 20, que débutent, en mars, les affrontements les plus violents. L’Ametteta௠est la citadelle des djihadistes. « Depuis trois ans, nous avions repéré qu’ils s’y étaient sédentarisés », dit un responsable. Il y a là  400 personnes, des jardins potagers et un important stock d’armes prises à  l’armée malienne en 2012 et « un peu en Libye ». « Ils avaient mis en place des canons, des lance-roquettes, mais ils ne savaient pas s’en servir, explique un officier. L’Ametteta௠a été leur péché d’orgueil. Ils ont affirmé que ce serait la mère de toutes les batailles et ils ont perdu. » Selon le ministère de la Défense, 130 djihadistes ont été tués durant ces combats-là . Aqmi y a subi une très lourde défaite militaire et psychologique. « Il a perdu la face vis-à -vis des leaders d’Al-Qaida. Et pour les jeunes tentés par le djihad, le Sahel est désormais beaucoup moins attractif que la Syrie », affirme la même source. Mais la menace n’est pas totalement écartée pour autant. Depuis le début de l’opération Serval, 600 à  700 djihadistes sont morts. Il en reste donc plus de 1 000 dans la nature. O๠? « Une moitié s’est fondue dans la population et a renoncé (provisoirement ?) au combat ; l’autre s’est dispersée plus au nord ou dans les pays limitrophes », assure une source au ministère de la Défense. Nos amis tchadiens Dans ce combat inachevé, les alliés tchadiens ont été « très utiles », reconnaà®t-on à  la Défense. C’est de N’Djamena que décollent les Mirage 2000 qui frappent les djihadistes dès le 11 janvier. Et 2 000 soldats tchadiens, seules troupes de la région aguerries au désert, sont employés au nettoyage de l’adrar des Ifoghas, le bastion d’Aqmi. Ils vont payer le prix fort : au total, 38 morts contre 6 côté français. Ont-ils servi de chair à  canon ? Nul ne l’admettra, bien sûr. A Paris, on voit dans ce nombre élevé de tués le résultat d’une « erreur tactique ». « Les Tchadiens ont voulu prendre imprudemment un piton et des tireurs les ont alignés. » A N’Djamena, on invoque « une culture de combat basée sur le risque et sur l’homme ». Quoi qu’il en soit, le président tchadien saura tirer les dividendes de son alliance avec Paris. Alors qu’il accueillera en héros les 700 premiers soldats de retour au pays, il arrêtera des opposants sans que l’Elysée ne proteste bien fort. Guéguerre à  l’Onu La France ne s’embarrasse pas de détails. Elle est pressée de partir et veut passer au plus vite le témoin à  une force de l’ONU. Les Américains acceptent à  une condition : que la France conserve sur place des troupes antiterroristes. « Pas plus de 300 hommes », dit Paris, qui veut que cette force dite « parallèle » soit commandée par un Français et que celui-ci ne prenne pas ses ordres à  l’ONU. A New York, les fonctionnaires tiquent. Ils veulent plus de soldats français et un commandement onusien. Un compromis est trouvé le 25 avril. Une résolution du Conseil de Sécurité crée une force de maintien de la paix de 12 600 hommes, la Minusma, et une force d’appui d’environ 1 000 soldats français. Sous commandement national, ces derniers interviendront « à  la demande du secrétaire général des Nations unies », mais « notre feu vert ne sera pas automatique », précise-t-on à  Paris. Comprenne qui pourra. Autre imbroglio toujours en suspens : le choix du commandant de la Minusma. Le président tchadien réclame le poste pour son fils adoptif, qui vient de rentrer duMali . A Paris, « on souhaite que ce soit un Africain… compétent ». Des élections au forceps La France devrait bientôt tourner la page de la guerre – du moins le croit-elle. La force onusienne doit se déployer le 1erjuillet. Le but : sécuriser l’élection présidentielle prévue pour le 28 juillet. Bien qu’elle s’en défende, la France a imposé ce calendrier très serré. Hollande se dit « intraitable » sur le sujet. Quitte à  ne pas entendre tous ceux qui jugent ce scrutin prématuré (qui va se dérouler en plein ramadan !). Le secrétaire général de l’ONU a émis de sérieux doutes quant à  sa faisabilité et sa légitimité. « Il n’a pas une meilleure connaissance du Mali que nous », répond un diplomate français. »Seul un gouvernement légitime pourra mener la réconciliation », argumente un autre. Et puis les Etats-Unis subordonnent la reprise de leur aide au Mali au retour d’un pouvoir démocratique à  Bamako. Mais le sera-t-il ? Des négociations entre rebelles et pouvoir central ont enfin commencé. Le président par intérim, Dioncounda Traoré, a promis à  Paris qu’il »ne reconquerrait pas Kidal [le sanctuaire des rebelles touaregs] par les armes ». Mais il a récemment changé de ton : »L’armée doit être à  Kidal avant le premier tour », a-t-il dit, laissant ainsi planer le spectre d’une nouvelle guerre civile. Le pire des scénarios pour la France.

Pâques 2013: la paix « urbi et orbi »

Le pape François, qui prononçait dimanche sa première bénédiction solennelle «Urbi et orbi» place saint-Pierre, a lancé un appel à  la paix dans le monde et souhaité une solution diplomatique aux vives tensions dans la péninsule coréenne. «Paix en Asie, surtout dans la péninsule coréenne, pour que soient surmontées les divergences et que mûrisse un esprit renouvelé de réconciliation», a déclaré à  l’occasion de Pâques le pape argentin, élu le 13 mars à  la succession de Benoà®t XVI. La Corée du Nord a multiplié les annonces bellicistes ces dernières semaines, dénonçant l’accord d’armistice conclu avec les Etats-Unis dans la péninsule en 1953, menaçant de lancer une attaque nucléaire préventive et se déclarant en état de «guerre» avec la Corée du Sud. Du balcon dominant la place, o๠se pressaient selon le Vatican au moins 250.000 personnes, l’ancien cardinal Jorge Bergoglio a également appelé à  la paix entre Israéliens et Palestiniens, à  l’arrêt de la guerre civile en Syrie et à  des solutions politiques aux conflits en cours dans plusieurs pays d’Afrique comme le Mali et la Centrafrique. «Paix pour le Moyen-Orient, en particulier entre Israéliens et Palestiniens, qui travaillent à  trouver la route de la concorde, afin qu’ils reprennent avec courage et disponibilité les négociations pour mettre fin à  un conflit qui dure désormais depuis trop de temps», a dit le pape. La paix et la protection de l’environnement «Paix en Irak, pour que cesse définitivement toute violence, et, surtout, pour la Syrie bien-aimée, pour sa population blessée par le conflit et pour les nombreux réfugiés qui attendent aide et consolation». «Paix pour l’Afrique, encore théâtre de conflits sanglants. Au Mali, afin qu’il retrouve unité et stabilité; et au Nigeria, o๠malheureusement ne cessent pas les attentats qui menacent la vie de tant d’innocents et o๠de nombreuses personnes, même des enfants, sont retenues en otage par des groupes terroristes.» «Paix dans l’est de la République Démocratique du Congo et en République Centrafricaine, o๠nombreux sont ceux qui sont contraints à  laisser leurs maisons et vivent encore dans la peur», a continué le souverain pontife. Le pape François, qui a fait de la défense de l’environnement l’une des marques de fabrique de son pontificat, s’est également élevé contre «l’exploitation inéquitable des ressources naturelles» et a appelé les fidèles à  être «des gardiens responsables de la Création». Le pape, qui a choisi son nom d’après saint François d’Assise, lequel symbolise une vie frugale, s’est élevé contre les «gains faciles». «Paix au monde entier, encore si divisé par l’avidité de ceux qui cherchent des gains faciles, blessé par l’égoà¯sme qui menace la vie humaine et la famille, égoà¯sme qui continue la traite de personnes, l’esclavage le plus répandu en ce vingt et unième siècle».

Le récit d’une bataille entre Français et djihadistes

En ce lundi matin, Gao se méfie encore. La veille, une poignée de djihadistes, entre quatre et six hommes bien armés, se sont infiltrés dans la cité du Nord-Est malien. Il aura fallu plus de quatre heures et un mort à  l’armée malienne pour réduire cette petite bande de combattants suicidaires qui fuyait de maison en maison, mitraillant tout sur son passage. Le Mujao (Mouvement unicité et jihad en Afrique de l’Ouest), le groupe islamiste qui occupait Gao jusqu’à  l’intervention française, signait là  sa troisième incursion urbaine. Alors que, dans le grand nord, dans l’adrar des Iforas, Aqmi a mis un genou à  terre sous les coups des troupes françaises, Gao et sa région deviennent la priorité sécuritaire des officiers. La zone, o๠stationne un millier d’hommes, est renforcée. «La stratégie du Mujao est différente de celle d’Aqmi. Al-Qaida avait choisi, au moins au début, une confrontation frontale avec nous. Le Mujao lui a opté pour une guerre asymétrique, une guerre de harcèlement et de guérilla», souligne le général Bernard Barrera, le chef des opérations au Mali. à€ Gao et dans les villages des alentours, profitant des cachettes offertes par les arbres de cette brousse sèche, le Mujao n’a jamais vraiment lâché prise. Depuis la fin février, les accrochages s’y multiplient, presque quotidiens, autour de Bourem, Djebok ou Gao. Chaque fois l’histoire est la même: un groupe de quelques djihadistes est débusqué puis «traité». Mais rien jusqu’alors n’avait vraiment préparé les militaires français à  la bataille Imènas. «C’était un scénario qui avait été planifié», reprend le colonel Bruno Bert. Le 1er mars, à  la tête d’une colonne de 200 hommes et de 16 blindés du 92e régiment d’infanterie (RI) de Clermont-Ferrand, appuyés par autant de soldats maliens, l’officier s’approche d’Imènas à  l’aube. Trois jours que la troupe ratisse la région, dans un calme relatif. Imènas est le dernier objectif. Ce gros village, signalé par les renseignements comme un possible site de transit de l’ennemi, doit être fouillé. Quelques djihadistes, surpris, tentent une vague résistance, puis préfèrent fuir. Le plan est mis en place: le capitaine Jean-Baptiste place ses véhicules pour assiéger la bourgade et l’armée malienne entreprend de visiter les maisons. Imènas se révèle sans grand intérêt. «La population était très calme, tout se passait bien», souligne le capitaine. Avant le départ, les militaires se décident néanmoins à  vérifier les alentours, une forêt touffue, d’aspect innocent sous la chaleur. La section envoyée pour cette mission n’atteindra pas le sous-bois. «Ils ont tout de suite été pris sous un feu extrêmement intense et violent», rapporte le colonel Bert. Des dizaines de Gad («Groupe armé djihadiste» dans le jargon français) se ruent hors du couvert, kalachnikov en mains. Plusieurs roquettes RPG7 frôlent les blindés. Pris de court, les Français manœuvrent à  la hâte. Le QG mobile, un transport de troupes blindé, est presque submergé par l’ennemi. Pour se dégager, la mitrailleuse 25 mm crache sur l’ennemi à  moins de 20 mètres. Les fantassins prennent position comme ils le peuvent, vidant leurs chargeurs. Même les officiers doivent prendre leurs pistolets et tirer. «C’était très dur», commente le capitaine. «On les voyait dans les yeux.» La colonne française finit par se réorganiser, et prendre deux petites hauteurs qui surplombent ce qui devenu un champ de bataille. «Il nous fallait garder l’initiative pour ne pas subir», expliquer le jeune officier. Des hélicoptères sont dépêchés sur place, pour pilonner les arrières du Mujao et le priver de tout espoir d’obtenir des renforts ou de se réapprovisionner. Le combat durera toute la journée. Par deux fois au moins, les djihadistes relanceront des assauts insensés. Les vagues s’approchent parfois à  moins de dix mètres des fantassins français, qui encore et encore ouvrent un feu nourri. Caches d’armes dans la forêt à€ ces souvenirs, le regard des soldats, les plus jeunes d’abord, se perd un peu. «Ils étaient juste là . Les têtes éclataient comme des melons», décrit l’un. Ce combat de près, qui n’a rien de virtuel, va laisser des traces. Les Maliens, moins armés moins protégés que leurs homologues français, sont eux aussi violemment engagés. «On tirait, on tirait et ils revenaient encore. J’avais pris 100 balles et j’ai tout utilisé», se rappelle le soldat Ousman, qui n’en revient pas. L’ennemi espérait profiter de la relative faiblesse malienne pour briser l’offensive. «Les djihadistes n’étaient pas du tout désorganisés. Ce n’était pas du suicide. Ils bougeaient. Ils ont tenté à  plusieurs reprises de nous contourner tant par la droite que par la gauche. Ils ont combattu», analyse le colonel Bert. Ce n’est que le soir tombant que la fusillade cesse. Le bilan côté franco-malien est vierge. «Un vrai miracle. Le fruit de l’entraà®nement sans doute», assure un deuxième classe. Toute la nuit, le 92e RI veille. Aux premières lueurs, les forces coalisées lancent l’attaque. Cette fois, le bois tombe sans mal. Profitant de l’obscurité, les djihadistes ont fui. Sous les arbres les Français retrouvent 51 corps abandonnés. Seuls les blessés ont été emmenés par les islamistes. Combien étaient-ils au plus fort de cette bataille? «Vraisemblablement pas moins d’une centaine», estime le colonel Bert. Au moins le double, selon un responsable des renseignements. Le mystère des effectifs restera entier. La visite, serrée et tendue, des taillis d’Imènas lèvera en revanche celui de la motivation des djihadistes. Sous des bâches et branchages, dans des trous, on découvre des dizaines de caches d’armes de tous calibres. Des postes de combats bien préparés sont aussi mis au jour. Un arsenal qui n’étonne pas les officiers français. Fondus dans la population «C’est leur stratégie. Ils cachent leurs armes et vont les chercher quand ils veulent», rappelle le colonel Bert. Entre-temps, les islamistes se fondent dans la population, se muant en bergers ou en artisans. Comme en Afghanistan, l’ennemi peut donc être partout, n’ayant besoin que de quelques heures pour surgir ou se cacher à  nouveau. Chaque village peut être un jour un Imènas. Et difficile de savoir si, dans cette guérilla des plus classique, les civils sont les otages ou les complices du Mujao. «L’une des grandes différences entre la région de Gao et le reste du Mali, c’est qu’ici les islamistes ont réussi à  convaincre une partie des habitants du bien-fondé de leur thèse. Cela fait au moins une dizaine d’années que les salafistes se sont implantés avec succès», explique l’un des rares humanitaires à  être resté en ville au cours des derniers mois. Paris n’ignore rien de cette imprégnation. Les morts retrouvés sur le champ de bataille étaient tous de jeunes Noirs. Des gamins perdus recrutés sur place et qui forment aujourd’hui l’ossature du Mujao. Alors, même si après le choc d’Imènas le Mujao s’est fait nettement plus discret, les militaires se gardent bien de crier victoire.

Pape François, symbole fort pour l’Eglise et le monde

Une fois la surprise passée, le monde entier s’interroge et s’intéresse de près au nouveau Souverain Pontife. Les 115 cardinaux ont en effet porté à  la tête de l’à‰glise catholique, il y a de cela 24 heures, un quasi inconnu. Cardinal Jorge Mario Bergoglio, prête jésuite devenu archevêque de Buenos Aires, la capitale argentine, ami des pauvres et défenseur des valeurs de l’à‰glise, est devenu François, premier Pape sud-américain de l’Histoire. C’est un choix éminemment symbolique qu’ont fait ceux qui ont entre les mains la destinée des catholiques, environ un milliard d’individus sur la planète. Un Pape qui vit comme Jésus D’abord symbole pour l’à‰glise. François a donné le ton lors de sa toute première apparition, juste après son élection, il est le Pape de la simplicité, de l’humilité. Il est en effet venu saluer saluer la foule qui attendait sur la place St-Pierre sans la tenue pontificale rouge, mais en habit blanc. Il a tenu son premier discours en romain, et non en italien ou en latin, car archevêque de Rome, pour que tous comprennent son message. Puis il est resté égal à  lui-même, en s’exprimant simplement, avec une pointe d’humour. Car, Jorge Mario Bergoglio est avant un homme proche des pauvres, à  l’image de Jésus. Membre de la communauté des jésuites, des religieux qui vivent comme le Christ, au service des pauvres, il s’est investi pour améliorer le quotidien des populations les plus marginales de son pays, das les prisons et auprès des malades et des toxicomanes. La lutte contre la pauvreté sera donc un de ses principaux chevaux de bataille. Mais il est aussi, un « puriste » de la religion catholique. Dans sa toute première messe célébrée ce jeudi dans la chapelle Sixtine en compagnie de ses pairs cardinaux, il a demandé aux chrétiens de construire ensemble une à‰glise plus forte, plus ancrée sur les valeurs du Christ. Le respect de la vie, de la famille, seront certainement au C’œur de son ministère. Les catholiques du monde entier comptent en tout cas sur lui pour leur redonner un nouveau souffle. Un instrument de paix dans le monde La prière la plus célèbre du saint dont le nouveau Pape porte le nom, St François d’Assises, commence par ces mots: « Seigneur, fais de moi un instrument de paix ». Au regard de l’engagement de l’homme pour le rapprochement entre les peuples et le dialogue entre les religions, on comprend mieux pourquoi il a choisi de se nommer ainsi. Il est en effet l’un des initiateurs du dialogue islamo-chrétien engagé pendant l’ère de feu Jean-Paul II. Depuis l’à‰glise catholique, même si elle commet des erreurs de parcours, ne cesse de tenter de maintenir les ponts, avec le monde musulman. L’élection du cardinal Bergoglio est donc un signal fort pour le dialogue entre les religions, mis à  mal sous le pontificat de Benoit XIV. Tous attendent maintenant son homélie du dimanche prochain lors de sa première messe sur la place St Pierre. Selon la tradition, c’est une espèce de déclaration de politique générale,qui permet d’indiquer les axes de l’action du pontificat. Mais une chose est sure, l’à‰glise comme le monde voient dans l’avènement de François, le symbole d’une page qui se tourne et surtout d’un espoir en un avenir meilleur.

Mali: début en avril du retrait français, combats violents près de Gao

Des groupes islamistes qui font preuve d’une vive résistance et causent de nouvelles pertes à  la France. Un 4e soldat français a ainsi été tué mercredi dans des combats avec les combattants islamistes près de Gao, dans le nord du pays. En visite à  Varsovie, François Hollande a déclaré que la « phase ultime » de l’intervention « allait durer encore tout le mois de mars ». « Et, à  partir du mois d’avril, il y aura une diminution du nombre de soldats français au Mali dès lors que les forces africaines seront en relais, appuyées par des Européens », a ajouté M. Hollande. Début février, son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait affirmé que le nombre de soldats français au Mali -environ 4.000 hommes- devrait commencer à  diminuer « à  partir de mars, si tout se passe comme prévu ». Le chef de l’Etat a par ailleurs affirmé que des « chefs terroristes » avaient été « anéantis » dans le massif des Ifoghas dans l’extrême Nord du Mali o๠sont déployées des forces françaises. C’est dans cette région que les militaires tchadiens affirment avoir tué la semaine dernière les jihadistes Abou Zeid, haut responsable d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et Mokhtar Belmokhtar, chef d’une branche dissidente d’Aqmi. Une deuxième « offensive » a été lancée autour de Gao, dans le nord, « o๠nous sommes convaincus qu’il y a un certain nombre de combattants terroristes », a également indiqué M. Hollande. Le terme « terroriste » désigne pour l’armée et l’exécutif français les groupes armés islamistes, notamment Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), présents dans le nord du Mali. Interrogé sur les déclarations de son prédécesseur à  l’Elysée, Nicolas Sarkozy, qui critique l’intervention militaire française au Mali, François Hollande a assuré de manière générale que « l’histoire retiendrait que cette opération qui a été faite par la France, au nom de la communauté internationale et avec l’Europe en soutien, a été une étape très importante dans la lutte contre le terrorisme ». Sur le terrain, alors que de violents combats opposent les soldats français et tchadiens aux jihadistes dans le massif des Ifoghas, de petits groupes harcèlent les troupes maliennes et françaises plusieurs centaines de km plus au sud, autour de Gao. Une dizaine de combattants islamistes et un soldat français ont ainsi été tués mercredi lors de combats près de Tin Keraten, selon l’armée française. Quatre militaires maliens ont également été blessés dans cet « accrochage ». Selon le ministère français de la Défense, une dizaine de « terroristes » ont été tués par de frappes de Mirage 2000 et d’hélicoptères appuyant 200 soldats maliens. C’est au cours de ces combats qu’un soldat français a été « mortellement touché ». Le militaire participait à  une mission de reconnaissance avec un détachement de l’armée malienne, quand son unité a été prise à  partie par un groupe de combattants islamistes. « Une demi-dizaine » de combattants islamistes se sont rendus aux soldats français dans les Ifoghas, a précisé le ministère. Un total de 24 hommes interpellés dans le nord du Mali depuis le début de l’opération militaire française ont été présentés ces derniers jours à  des juges à  Bamako pour « détention d’armes », « terrorisme », « rébellion », a indiqué à  l’AFP le procureur chargé du dossier. La mort du soldat français porte à  quatre le nombre de militaires français tués depuis le début le 11 janvier de l’opération Serval, l’offensive visant à  chasser les groupes islamistes armés du nord du Mali. AFP

Le Tchad, précieux allié de la France au Mali

Début février, dans le Gao tout juste libéré des forces islamistes, les soldats tchadiens restaient discrets. Tout juste voyait-on de temps à  autre un de leur pick-up sable monté d’une dizaine hommes puissamment armés, un chèche remonté jusqu’aux yeux. Sans doute cette avant-garde du plus puissant contingent étranger au Mali derrière l’armée française, avec quelque 2 000 militaires, savait-elle qu’elle ne resterait pas longtemps dans cette ville. L’objectif était déjà  le grand Nord, le combat au près contre les islamistes. Désormais, le gros des Fatim (Forces armées tchadiennes en intervention au Mali) s’engage au plus profond des montagnes de l’Adrar des Iforas, dans l’extrême nord-est du pays, o๠se sont retranchés des djihadistes. Le 22 février, au cours d’un engagement sérieux, les Fatim ont perdu 26 hommes, les plus grosses pertes des armées de la coalition. Les djihadistes auraient, selon les officiers tchadiens, perdu 96 personnes. Les conditions précises de cette bataille, comme le lieu, demeurent imprécises. «C’était un assaut d’une position pas une embuscade», précise-t-on simplement. Il démontre, dans tous les cas, l’utilité du soutien tchadien dans cette opération. Pour la France, l’entrée en guerre tchadienne fut, sinon une surprise, au moins une bonne nouvelle. Avant même l’ouverture des hostilités, et alors que la situation au Mali se détériorait, les militaires français plaidaient pour recevoir l’appui de ces troupes. «Dans cette partie du continent, l’armée tchadienne est la seule à  être suffisamment nombreuse, équipée et entraà®née pour être réellement efficace», souligne un officier français. Les armées ouest-africaines, engagées d’entrée aux côtés de l’à‰tat malien, souffrent en effet de graves lacunes logistiques et tactiques. L’expérience des Tchadiens dans les terrains désertiques rendait leur engagement plus précieux encore, tout comme leur habitude de se coordonner avec les Français. L’intervention des Fatim n’allait pourtant pas d’elle-même. Au Quai d’Orsay, des diplomates s’inquiétaient des conséquences que pourrait avoir une collaboration aussi proche entre Paris et le régime de N’Djamena, loin d’être un modèle de démocratie. Ils s’interrogeaient aussi sur les règles d’engagement des Tchadiens pas toujours très respectueuses des lois de la guerre édictées en Occident. La question semble s’être réglée lors d’une visite du président Déby à  l’à‰lysée le 5 décembre dernier et d’un long tête-à -tête entre François Hollande et son homologue. Paris a toujours nié avoir négocié. Mais N’Djamena n’a jamais caché son intention de régler à  cette occasion quelques dossiers en souffrance, notamment celui de L’Arche de Zoé. Une force autonome Seule certitude, le Tchad s’est très vite engagé après l’intervention «surprise» des Français, le 14 janvier. En masse. C’est l’élite des troupes tchadiennes qui a été déployée, notamment la garde présidentielle, pour la plupart des Zaghawas, le clan de Déby. Elles ont été placées sous le commandement du général Oumar Bikomo, mais surtout sous les ordres opérationnels du fils du président, le général Mahamat Déby. Leur intervention depuis le Niger, et non depuis Bamako, montre que les Tchadiens ne se sont pas vu confier une simple mission d’appui ou de soutien. «Les Tchadiens opèrent de leur côté, avec les Nigériens, sous le commandement de la coalition. Les Français et les Tchadiens ne se battent pas ensemble», assure-t-on à  Paris. L’armée française a simplement déployé un détachement de liaison d’une quinzaine d’hommes auprès du QG tchadien pour coordonner les efforts et régler les interventions aériennes. De son côté, le président tchadien trouve lui aussi matière à  se féliciter. Si, au Tchad, l’intervention est parfois critiquée, notamment après la bataille du 22 février, elle impressionne en Afrique. Idriss Déby a pu ainsi s’imposer comme un leader régional. Et c’est comme un leader qu’il a tancé ses pairs, le 27 février, lors d’un sommet de la Cédéao, les enjoignant à  «plus de célérité» dans le déploiement de leurs troupes.

Mali : l’atout touareg pour libérer les otages français

Mohammed Moussa Ag Mohammed et Oumeà¯ni Ould Baba Akhmed. Les deux hommes ont été arrêtés dimanche près de la frontière algérienne. Non par l’armée malienne, ni par l’armée française, mais par le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad). Du moins le groupe indépendantiste touareg le revendique-t-il. Tout comme il affirme vouloir les mener dans la ville de Kidal, o๠sont actuellement positionnés à  la fois combattants touaregs et militaires français. Une étrange cohabitation, peut-être même une collaboration, dont les termes sont pour le moment très flous. Des renseignements précieux pour Paris «C’est le hasard des événements, déclarait lundi sur RFI le député malien Ibrahim Ag Mohammed Assaleh, en charge des relations extérieures du MNLA. Les militaires français savaient que nous étions à  Kidal lorsqu’ils sont arrivés. C’est comme ça que les choses ont avancé.» Aucun accord officiel, donc, mais «je pense bien qu’il devrait y avoir des opérations communes, du partage de renseignements, d’informations.» Un échange qui pourrait commencer très vite, puisque le MNLA semble disposé à  remettre ses prisonniers de marque aux Français. Les captifs pourraient détenir des renseignements précieux pour Paris, notamment sur les otages retenus au Sahel. «Le moment est venu de les libérer»,a lancé François Hollande aux ravisseurs samedi, lors de sa visite au Mali. Sans négocier, a-t-il pré­cisé sur un ton qui sonnait comme une menace. C’est que, justement, les sept otages français, enlevés par Acmi et le Mujao, pourraient se trouver au nord de la ville de Kidal, plus précisément dans le massif des Ifoghas, fief des combattants touaregs du MNLA. Une hypothèse «probable», selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian. Et qui pourrait expliquer à  la fois la présence et la discrétion des forces françaises dans cette ville, aux confins du Nord-Est désertique malien. Chasser les groupes islamistes armés Dans le sud du pays, o๠l’intervention française menée à  Kidal sans associer l’armée malienne passe mal, tout le monde croit à  un accord entre Paris et le MNLA: la France servirait de médiateur entre le groupe rebelle et Bamako, en échange de son aide pour obtenir la libération des otages. Rien ne permet d’affirmer qu’un tel accord existe. François Hollande s’en est défendu samedi, à  Bamako: «La France n’a pas vocation à  s’ingérer dans le processus politique malien, a-t-il déclaré. Il ne nous appartient pas de faire des choix politiques pour le Mali.» Mais, même sans accord, il est clair que la promptitude du MNLA à  soutenir les efforts français dénote à  tout le moins une volonté de se faire bien voir de Paris. Depuis dès mois, les indépendantistes touaregs – qui demandent aujourd’hui un nouveau «statut» pour le nord du Mali, et non une indépendance immédiate – clament leur disponibilité à  combattre au côté des forces libératrices pour chasser les groupes islamistes armés. Une proposition qui n’avait jamais reçu de réponse officielle mais qui semble aujourd’hui prendre forme. «Tout prêt» des sept captifs C’est autour de Kidal, dans le massif des Iforas, que seraient détenus les sept otages français au Sahel, selon Paris. à‰voquant leur sort samedi, François Hollande a jugé que «les ravisseurs doivent comprendre que le moment est venu de libérer les otages», ajoutant que les forces françaises au Mali en étaient désormais «tout près». Le président nigérien Mahamadou Issoufou a aussi jugé dimanche que les quatre Français enlevés au Niger en septembre 2010 étaient «vivants» et «probablement» dans le nord du Mali, «vers la frontière avec l’Algérie, dans les montagnes des Iforas». Enfin, lundi, le général nigérian Shehu Abdulkadir, commandant en chef de la Mission africaine (Misma), a évoqué sur BFMTV une opération franco-africaine de libération des otages: «La Misma est en train de préparer quelque chose. (…) Nous y travaillons. Je ne veux pas vous révéler la teneur de nos plans. On garde ça pour nous, pour l’instant.»

François Hollande, notre Diatigui !

Place de l’indépendance à  Bamako ce samedi 2 février 2013. Une foule enthousiaste, tricolore aux couleurs du drapeau français, attend le Président français François Hollande. Après Mopti, Sévaré et Tombouctou o๠l’accueil fut plus que chaleureux, Hollande, notre diatigui, notre hôte du jour atterrit enfin à  Bamako. Il est le héros du jour. De cette journée, qu’il dira être l’une des plus importantes, sinon la plus importante de sa vie politique, on retiendra l’humilité et la grandeur d’un homme politique conscient des défis du terrorisme au Mali et en Afrique de l’Ouest :  » Oui le terrorisme a été repoussé, il a été chassé, mais il n’a pas encore été vaincu », déclarera t’il devant la foule bigarrée. Sur des affiches, on peut lire : « Merci Papa Hollande et tonton Le Drian et Fabius ». L’expression peut faire tiquer, tant François Hollande dans son discours, prône une rupture nette avec la vieille relation ambiguà« entre la France et ses ex colonies : « Nous nous battons en fraternité, Maliens, Français, Africains, parce que moi je n’oublie pas que lorsque la France a été elle-même attaquée, lorsqu’elle cherchait des soutiens des alliés, lorsqu’elle était menacée pour son unité territoriale, qui est venu alors ? C’’est l’Afrique! C’’est le Mali! Merci merci au Mali. Nous payons aujourd’hui notre dette à  votre égard, mais la souveraineté vous appartient ». Ainsi rappellera-t-il, que la France, en dépit d’une intervention rapide et d’urgence, n’a pas vocation à  rester au Mali, ni à  s’y éterniser.  » C’est à  la force africaine de prendre le relais ». Lucide devant cette foule qui l’acclame aux côtés de Dioncounda Traoré, François Hollande ne perd pas le nord, ni la mesure des mots qu’il prononce à  l’endroit du peuple malien. « On ne répare pas une injustice par une autre injustice. Vous devez être exemplaires, vous êtes regardés par toute la communauté internationale », comme pour rappeler les Maliens à  l’ordre et face à  tout risque d’amalgame ou d’exactions, qui suscitent la crainte à  Bamako et ailleurs…  » Faà®tes de belles élections ! Montrez que vous êtes un exemple et refaites votre indépendance ! ». Des mots forts, des mots qui renvoient le Mali à  sa situation fragile depuis ce 22 mars 2012, lorsque les institutions tombèrent comme un château de carte. Une manière de rappeler aux Maliens, que le « jour d’après » leur appartient pleinement. Et l’avenir de la reconstruction nationale et l’installation de la vraie démocratie. Oui touché, François Hollande l’est par l’accueil des Maliens, honoré d’être ce héros du peuple malien pour 24h. Et non sans appeler les Africains à  leur responsabilité, celle d’aider le Mali dans la suite de cette guerre, il promet le soutien inconditionnel de la France dans les domaines du développement, de l’éducation ou encore de la culture. La journée aura été belle, pour tous ceux qui auront pu approcher l’homme d’Etat français. Et trop courte sera-t-elle pour notre diatigui, qui se sera envolé pour la France. Il nous reste désormais à  tirer les leçons politiques de cette visite. Car la tâche ne fait commencer pour tous les Maliens !

François Hollande à Bamako demain

C’’est un communiqué de à‰lysée qui l’a annoncé ce vendredi matin, François Hollande se rend au Mali pour une visite de quelques heures le samedi 02 février 2013. Le chef de l’Etat français rencontrera son homologue malien avant de se rendre sur le théâtre des opérations, à  Tombouctou, libérée il y a quelques jours par les soldats français, en appui aux soldats maliens. Il est précisé que François Hollande «sera accompagné par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian et le ministre chargé du Développement, Pascal Canfin.» Selon « Libération », la présidence n’a pas souhaité que des journalistes accompagnent ce voyage. Une autre phase pour l’intervention militaire Ce voyage intervient trois semaines presque jour pour jour après le déclenchement de l’offensive militaire française, appuyant les forces maliennes, contre les combattants islamistes du nord du pays. Le dernier succès des forces alliées franco-maliennes a été la prise hier jeudi, de la localité de Kidal par les militaires maliens, après la prise de contrôle de l’aéroport et de ses environs par les Français. Lundi, François Hollande a assuré que les forces françaises et panafricaines sont en train de « gagner la bataille » au Mali, tout en prévenant, prudemment, qu’il appartenait désormais aux Africains de poursuivre la traque des « groupes terroristes » qui contrôlent encore le nord du pays. Ce qui pourrait prendre du temps. M. Hollande quittera le sol français ce vendredi soir et est attendu à  Bamako tôt le samedi matin. Cette visite, la première du Président français au Mali depuis son élection à  la mi-2012, est bien sûr placée sous très haute sécurité. Bienvenue M. Hollande Un élan de sympathie sans précédent a suivi le début de l’intervention militaire française qui a permis de stopper l’avancée de djihadistes vers Bamako, le 11 janvier dernier. Des drapeaux aux couleurs de la France ont fleuri partout dans le pays, des manifestations de soutien aux soldats ont été organisées dans les villes libérées o๠les militaires français ont été accueillis en héros. Plusieurs nouveaux-nés maliens portent le nom du président français, ultime marque de reconnaissance et d’estime dans la culture malienne. C’est dire si cette visite sera favorablement accueillie à  Bamako et dans tout le Mali. Le fait que le président français soit accompagné de son ministre en charge du développement est également un signal, une façon de dire qu’il ne sera pas seulement question de guerre pendant cette visite.

Francophonie à Kinshasa : le nouveau visage de la Françafrique ?

Malgré les appels au boycott, le président français, François Hollande participera finalement à  la grand-messe de la langue française qui aura lieu la semaine prochaine en République Démocratique du Congo. Le chef d’Etat français y retrouvera une cinquantaine de ses homologues autour des « enjeux environnementaux et économiques face à  la gouvernance mondiale ». Mais au-delà  des questions de développement, ce sont bien des préoccupations politiques qui font couler de l’encre sur les berges du fleuve Congo. Pourquoi Hollande doit aller à  « Kin » Le nouveau président français, dont se sera le premier voyage en Afrique (avec une étape au Sénégal), ne pouvait pas ne pas se rendre à  ce sommet. D’abord parce qu’il s’agit du premier événement d’envergure sur le continent depuis son élection et qu’il a tout intérêt à  y effacer les souvenirs plutôt négatifs laissés par son prédécesseur. Ensuite, parce que C’’est une occasion rêvée pour lui de montrer qu’il traduit ses actes en paroles, encore une fois à  l’inverse de Nicolas Sarkozy, qui avait promis « la rupture dans la « Françafrique ». Ce n’est pas un hasard si M. Hollande commence son voyage africain au Sénégal. Pendant sa campagne, le candidat socialiste l’avait promis, s’il était élu, il ferait tout pour « rompre avec la Françafrique » et avec une « certaine vision paternaliste et ethnocentrée ».Il tâchera donc ce vendredi 12 octobre de tenir un discours complètement différent de celui de Sarkozy à  l’université de Dakar, qui avait suscité un tollé panafricain. Depuis l’Assemblée Nationale sénégalaise, Hollande sera suivi par tous les africains qui ont encore du mal à  percevoir sa politique pour le continent. Que ce soit dans le domaine financier (avenir du CFA), militaire (bases et interventions au Mali ou ailleurs), ou encore économique (présence des grosses multinationales), le nouvel homme fort français est attendu. Ce dernier semble prêt pour le «changement », maà®tre-mot de sa campagne présidentielle. Déjà , il a transformé le sacro-saint ministère de la coopération en ministère du Développement. La gestion des « affaires africaines » chasse gardée de l’Elysée pendant des décennies, est désormais confiée au ministère des affaires étrangères. Kinshasa, C’’est l’occasion pour François Hollande de mettre sur les rails, sa vision des relations entre la France et l’Afrique. A Kinshasa, diplomatie contre démocratie? Si Dakar va marquer un tournant politique important, dans la capitale congolaise, François Hollande y jouera à  l’équilibriste. Il s’agira de ne pas prêter flancs aux critiques des opposants à  sa présence à  ce sommet, qui y voit un appui au régime de Kabila. Déjà , bien avant de confirmer sa participation, le président français a affirmé que « les autorités de la RDC doivent démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit ». Une manière de dire que la caution démocratique exigée au régime de feu Mobutu en 1991, était toujours d’actualité. Caution qui est loin d’être remplie si l’on en croit l’opposition congolaise qui est allée jusqu’à  porter plainte contre l’OIF pour l’organisation chez eux de cette fête alors que leur pays fait face à  un conflit armé et les libertés loin d’être respectées. « C’’est un mauvais signal envoyé à  l’ensemble des régimes autocrates qui ne répond en rien à  la Déclaration de Bamako », a récemment déclaré sur France24 Cécile Marcel, directrice des programmes à  l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), dans une allusion au texte qui régit les règles de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en matière de démocratie et de droits de l’Homme. La France elle a choisi de saluer les avancées dans la loi pour la création d’une Commission des Droits de l’Homme ou encore la réforme de la CENI. A Kinshasa, François Hollande viendra donc en président du pays du français et tâchera de bien jouer ce rôle. Y aura-t-il des évocations à  la situation que connait la RDC avec une large partie de son territoire en proie à  une rébellion sanglante, bien malin qui, en dehors de son cabinet, pourrait le dire. Une chose est sûre, il rencontrera l’opposition politique, les militants associatifs, la société civile. « C’est le sens de la nouvelle politique africaine de la France : tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait », avait-t-il affirmé fin aout dernier à  l’annonce sa participation au sommet.

Mali : pour Hollande, une étape est franchie

Sur au moins une des «urgences» dont parlait François Hollande, les réunions auront été utiles. Si sur la question syrienne ou la menace iranienne les discussions diplomatiques en marge de l’Assemblée générale des Nations unies n’ont pas fondamentalement changé la donne, sur la crise sécuritaire au Mali le chef de l’à‰tat s’est félicité mercredi qu’une «étape importante (puisse) être franchie». Avant de quitter New York, le président de la République a participé mercredi matin à  une réunion de «haut niveau»: quarante et un participants, dont plusieurs de premier plan comme le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, la secrétaire d’à‰tat américaine Hillary Clinton, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, le président du Nigeria Goodluck Jonathan, le président de l’Union africaine, le président du Bénin, des représentants du Niger, du Sénégal… et François Hollande, décidé à  prendre un leadership sur ce dossier qui concerne de près la France. Une partie du Mali est aujourd’hui hors de contrôle: les groupes terroristes contrôlent le nord du pays. «Ce qui se produit au Nord-Mali n’est pas un défi pour l’autorité de ce pays seulement, c’est une menace pour l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale», a affirmé François Hollande à  la tribune. «Nous ne pouvons pas accepter ces mains coupées, ces femmes violées, ces enfants déplacés. Nous ne pouvons pas accepter que le terrorisme puisse se structurer sur un territoire.» Le principal obstacle à  une intervention internationale a été levé. Les autorités maliennes – qui sont parvenues à  s’entendre malgré leurs divergences – ont finalement saisi la Communauté des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Union africaine et l’ONU pour qu’une «force de stabilisation» puisse entreprendre la reconquête du pays. François Hollande a apporté son soutien à  cette future intervention. «La France soutient pleinement cette initiative. Elle demande qu’il y ait le plus tôt possible une nouvelle réunion du Conseil de sécurité», a-t-il ajouté. L’adoption d’une résolution permettrait de donner le cadre légal indispensable à  l’intervention. François Hollande a aussi approuvé l’envoi d’un émissaire spécial des Nations unies. Toutes les difficultés ne sont pas levées pour autant. Le secrétaire général Ban Ki-moon a recommandé que «toute solution militaire pour résoudre la crise sécuritaire au Nord-Mali (soit) envisagée avec extrême prudence». «Je sais qu’il peut y avoir une tentation de mener des négociations», a commenté François Hollande. Mais «négocier avec des groupes terroristes, il ne peut en être question. Toute perte de temps, tout processus qui s’éterniserait ne pourrait faire que le jeu des terroristes». Le chef de l’à‰tat évite cependant de donner une indication sur le délai avant une intervention: question de semaines ou de mois? Il souhaiterait aller vite. Il repousse l’hypothèse d’organiser des élections dans le pays tant que le territoire n’a pas été reconquis. La France ne maà®trise pas tous les paramètres. Le soutien de la France se limitera «au plan logistique», a insisté François Hollande en récusant officiellement l’idée d’une action militaire directe. «Ce sont les Africains qui ont la clé de la situation si nous savons les appuyer», a-t-il ajouté. La composition de la force de stabilisation est donc encore incertaine. L’autre problème concerne la sécurité des otages français, menacés directement par Aqmi en cas d’intervention française. «On ne peut pas conditionner notre position sur le Nord-Mali par rapport à  la question des otages», a expliqué le président. Le chef de l’à‰tat a pris acte d’une volonté de contact des ravisseurs. «La France fera tout pour la libération de ses ressortissants», a assuré le chef de l’à‰tat.

France : Un gouvernement 50-50 pour Ayrault

34 ministres, 17 femmes, C’’est la prouesse réussie par Jean-Marc Ayrault. Le gouvernement annoncé en fin de journée par Pierre-René Lemas, secrétaire général de l’Elysée est parfaitement équilibré en ce qui concerne le genre, mais pas seulement. Les amis récompensés Même si la composition de ce gouvernement a semblé ne pas prendre de temps, il aura donné du fil à  retordre au nouveau Premier Ministre. En effet, il ne fallait froisser personne et représenter toutes les sensibilités. Les discussions ont donc duré toute la journée avec le Président Hollande. Et le nouveau chef de l’Etat tient une de ses promesses de campagne, la parité est parfaite mais encore mieux, les jeunes sont présents, sept ministres ont moins de 40 ans. A noter aussi que la composition du gouvernement respecte un équilibre politique délicat. Les caciques du parti socialiste sont là . A l’exception de Martine Aubry qui voulait entrer à  Matignon. Elle a donc décliné toutes les autres offres. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, Pierre Moscovici, emménage à  Bercy. Le plus heureux ce soir est sans doute Laurent Fabius qui se retrouve numéro deux, au Quai d’Orsay. Stéphane Le Foll, fidèle parmi les fidèles, est quant à  lui ministre de l’Agriculture et de l’Agro-alimentaire et Najat Vallaud-Belkacem, porte- parole du candidat est désormais celui du gouvernement tout en occupant le poste de ministre du Droit des femmes. Tous les bords de gauche Les verts sont aussi présents. Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts devient ministre de l’Egalité des territoires et du logement tandis que le conseiller économique d’Eva Joly, Pascal Canfin, est en charge du Développement. La main tendue à  François Bayrou ne s’est en revanche pas concrétisée. Aucun centriste n’intègre le gouvernement. Le bras droit de Martine Aubry, François Lamy, sera ainsi chargé de la ville. Benoit Hamon, porte-parole du PS tenant de l’aile gauche, s’occupera de l’Economie sociale et solidaire tandis que la très proche de Ségolène Royal, Dominique Bertinotti, est chargée de la Famille. Taubira, ce n’est que Justice l’une des surprises de ce gouvernement est la nomination de la réalisatrice et adjointe à  la mairie de Paris, Yamina Benguigui, qui s’occupera des Français de l’étranger et de la Francophonie. Mais le must, C’’est sans doute, la présence de Christiane Taubira place Vendome. Le nouveau garde des sceaux est un électron libre de la gauche car elle n’appartient pas au PS. Elle s’est rendue célèbre par ses prises de position à  l’emporte-pièce sur la mémoire du devoir de mémoire pour l’esclavage. Un signe fort d’ouverture envers les radicaux de gauche, dont elle avait porté les couleurs lors de la présidentielle de 2002. La radicale Sylvia Pinel est quand à  elle chargée de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme.

François Hollande, investi président de la République Française

Programme respecté à  la seconde près, protocole impeccable, la cérémonie d’investiture de François Hollande, septième président de la cinquième République française n’a pas dérogé à  la règle. Ce que l’on retiendra surtout de ce 15 mai, C’’est d’abord la pluie. Elle accueille le nouveau chef de l’Etat à  son arrivée à  l’Elysée. Si on était en Afrique, d’aucuns y verraient un heureux présage pour le quinquennat. Un Président « rassembleur » On retiendra aussi la sobriété d’un événement qui n’a pas pour autant perdu de sa solennité. Très peu de figures du show-bizz, une trentaine d’invités « personnels » et surtout personne de sa famille. Les enfants qu’il a eu avec Ségolène Royal, ni ceux de sa compagne, ne sont pas venus. Hollande, semble-t-il, ne voulait pas jouer le remake de 2007 o๠Nicolas Sarkozy était entouré de sa large famille recomposée. Les symboles aussi. D’abord entre les deux présidents, le sortant et l’entrant. Une attitude cordiale, un entretien à  huis clos qui a duré presque 40 minutes, un peu plus longtemps que celui de la précédente passation Chirac-Sarkozy. La présence de dix prix Nobel, invités par le président. Et celle de personnalités de droite qui ont reçues comme toutes les autres, la chaleureuse poignée de main et les quelques mots que Mr Hollande a tenu à  donner à  tous. Le Président se veut « rassembleur ». Le discours de François Hollande est dans la même veine, avec le mot « confiance » répété une demi-douzaine de fois. Le nouveau Président sait que C’’est ce dont les français ont le plus besoin, de retrouver la confiance en leur pays, en son économie, en ses valeurs. « Je tiens à  adresser un message de confiance aux Français », démarre le nouveau président, qui rappelle son désir de «faire vivre ensemble tous les Français autour des mêmes valeurs, celle de la République ». « Je mesure aujourd’hui même le poids des contraintes auxquelles notre pays fait face : une dette massive, une croissance faible, un chômage élevé, une compétitivité dégradée, une Europe qui peine à  sortir de la crise », a ajoutera-t-il, affirmant qu’il n’y a « pas de fatalité ». Départ digne pour Sarkozy C’’est sous les vivas et les « Nicolas merci» de ses partisans que le nouveau « ancien-Président » français a quitté l’Elysée après avoir remis les clés de la « maison » à  son successeur. « Je ne peux pas comprendre qu’on laisse partir quelqu’un comme ça » se lamentait une dame devant les grilles de l’Elysée, la larme à  l’œil. Tôt dans la matinée, Carla Bruni-Sarkozy accueillait Valérie Trierweiler sur le perron du palais présidentiel. Quelques heures plus tard, Nicolas Sarkozy, main dans la main avec son épouse, est raccompagné jusqu’au perron du palais en compagnie de la nouvelle Première dame de France. Il a descendu le tapis rouge jusqu’à  la voiture avec laquelle il a quitté la cour d’honneur du palais présidentiel, saluant de la main journalistes, collaborateurs de l’Elysée et gardes républicains massés dans la cour d’honneur. Le couple Sarkozy s’est envolé pour le sud de la France pour quelques jours de repos. Aucune information officielle n’a filtré sur l’avenir de l’ancien Président. François Hollande lui a souhaité «bonne chance» pour sa nouvelle vie. Par contre, pas d’état de grâce pour ce dernier. Après les honneurs de ce matin, il rendra hommage à  Jules Ferry et Marie Curie, qui représentent deux priorités de son mandat, l’éducation et la recherche. Les réjouissances avec ses parents et amis terminées, le nouveau chef de l’Etat se rendra en fin d’après-midi à  Berlin pour une première rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel. Le dossier brulant de la crise et de l’austérité voulue par les allemands et à  laquelle se refuse Hollande sera sur la table. Mais avant, il aura annoncé le nom de son Premier Ministre qu’une indiscrétion ce matin avait déjà  dévoilé. Ce sera son ami, le député-maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault.

Eau : « L’Afrique n’a pas encore pris le problème à bras le corps »

Les Afriques : Selon nos informations, l’OMVS a fait appel à  votre expertise et savoir-faire pour la réorganisation des services de l’institution. Quels ont été les résultats de cet audit ? Jean-François Donzier : Sur financement de la Banque mondiale et à  la demande de l’OMVS, l’Office international de l’eau a effectivement mobilisé son expertise pour formuler des recommandations de réforme institutionnelle, et non pour réaliser un audit en tant que tel. A partir d’une analyse fonctionnelle complète, l’OIEau a élaboré une proposition qui se concentre sur : – l’amélioration de la gouvernance du système OMVS, tant au niveau du Haut-commissariat que des sociétés de gestion des barrages ; – la recherche d’une meilleure cohérence institutionnelle, organisationnelle et économique de cet ensemble ; – l’amélioration de la gestion des ressources humaines. Les recommandations formulées devraient permettre une meilleure adéquation entre les ressources et les tâches à  réaliser, une diminution des coûts pour réduire la pression sur les Trésors publics des Etats membres de l’Organisation, la création de capacités propres d’investissement dans les secteurs prioritaires définis par les Etats et une gestion plus transparente et cohérente des ressources financières de l’Organisation. A ce jour, la réforme de l’organigramme du Haut-commissariat a déjà  été validée, permettant une cohérence plus grande dans la répartition des tâches et l’entrée d’experts guinéens, suite à  l’adhésion de ce pays à  l’OMVS. LA : A l’instar de l’OMVS, êtes-vous sollicité par d’autres agences de bassin d’Afrique dans la mise en place des réformes et d’un cadre environnemental de gestion cohérent ? JFD : l’OIEau travaille régulièrement, depuis plus de cinq ans, avec une majorité des grands organismes de bassin transfrontaliers du continent africain, notamment dans le cadre d’audits, de réformes institutionnelles et organisationnelles : au-delà  de l’OMVS, l’Autorité du bassin du Niger (ABN), l’Autorité du bassin de la Volta (ABV), la Commission internationale du Congo Oubangui Sangha (CICOS), la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), l’Organisation de mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG), essentiellement. l’OIEau, en tant que secrétaire du Réseau international des organismes de bassin, apporte également son appui au Réseau africain des organismes de bassin, le RAOB, qui réuni la quasi-totalité des institutions de bassin d’Afrique sous la houlette de l’AMCOW. Ce réseau régional est aujourd’hui remarquablement actif et son secrétariat est aussi assuré par l’OMVS. Le projet KPI, visant, avec l’appui de la Facilité européenne pour l’eau et des Coopérations française et anglaise, à  mettre en place un système d’indicateurs de performances pour les bassins transfrontaliers africains, est particulièrement novateur et permettra de mobiliser les organismes concernés et de rendre compte des progrès qu’ils obtiennent pour la mise en œuvre de la gestion intégrée des ressources en eau, dans leur bassin respectif. LA : Quels sont les pays en Afrique qui, à  travers leurs sociétés de distribution d’eau, ont réalisé des performances en termes de résultats et de réformes ? JFD : D’une façon générale, il faut regretter que l’Afrique, dans sa globalité, n’ait pas encore partout pris le problème de la gestion de l’eau à  bras le corps pour en faire une réelle priorité : elle risque, ainsi, d’être le seul continent ou les objectifs du Millénaire pour l’accès à  l’eau saine et à  l’assainissement de base ne seront pas atteints en 2015 ! Ceci étant, plusieurs pays, et ce ne sont pas forcément les plus riches, font figure de pilotes et ont d’ores et déjà  obtenu des résultats très significatifs : il est difficile de les citer tous, mais l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, le Kenya, le Maroc, l’Ouganda, le Sénégal ou la Tunisie ont réussi, entre autres, des progrès très importants, notamment pour l’accès à  l’eau potable… Le rôle de l’AMCOW comme force politique est à  souligner tout particulièrement. Il permet de dégager les consensus nécessaires sur les réformes à  conduire partout, en s’inspirant des réussites déjà  obtenues sur le continent. Ces exemples démontrent qu’il n’y a pas de fatalité et que la volonté politique de réformes ambitieuses permet d’obtenir rapidement des résultats appréciables. [c/Jean-François Donzier]« l’OIEau travaille régulièrement, depuis plus de cinq ans, avec une majorité des grands organismes de bassins transfrontaliers du continent africain, notamment dans le cadre d’audits, de réformes institutionnelles et organisationnelles. »[/c] LA : Le monopole des firmes étrangères dans le secteur de l’eau est-il un signe que le marché de l’eau au sud du Sahara est porteur ? JFD : Je ne sais pas s’il est bien approprié de parler de « monopole des firmes étrangères », car de nombreuses entreprises publiques africaines obtiennent des résultats significatifs, dès lors que les réformes nécessaires à  leur modernisation ont été conduites à  bonne fin… Ceci étant, les distributeurs privés, notamment nos grandes entreprises françaises de l’eau, permettent, là  ou il y a une décision politique, de faire appel à  eux, et, aujourd’hui, sous le contrôle étroit de la puissance publique nationale, d’introduire rapidement les savoir-faire et les méthodes de management utiles, de bénéficier des meilleures technologies issues de leurs centres de recherches et, le cas échéant, de mobiliser les capitaux indispensables à  l’investissement… l’OIEau peut d’ailleurs apporter aux gouvernements qui le souhaiteraient un appui institutionnel pour créer, dans les législations nationales, les outils permettant la signature, dans les meilleures conditions possibles de mise en concurrence et de contrôle de la puissance publique, des différents types de contrats adaptés aux besoins locaux pour l’intervention efficace des entreprises privées dans le secteur de l’eau. LA : La question du financement des infrastructures de l’eau dans les pays du Sahel par les bailleurs de fonds se pose avec acuité. Selon vous, comment faut-il s’y prendre pour attirer les investisseurs étrangers et bailleurs de fonds ? JFD : Il faut créer la confiance et donner des garanties, ce qui passe obligatoirement par des réformes des institutions et la création de mécanismes de gestion et de financement assurant la pérennité des services des eaux, que leur gestion soit publique ou privée. Il faut être conscient que les investisseurs, comme les bailleurs, interviennent, pour l’essentiel, sous forme de prêts dont il faudra bien assurer le remboursement tout en garantissant l’exploitation, la maintenance et le renouvellement des installations : il n’y a pas de miracle, les fonds nécessaires ne peuvent venir que des budgets publics nationaux ou locaux, financés par les impôts, ou bien des tarifs des services payés par les abonnés, ou encore de transferts venant, le cas échéant, d’autres secteurs économiques, comme par exemple l’énergie ou l’électricité. LA : l’eau est un service à  forte valeur ajoutée, mais méconnu encore sur une grande partie du continent africain. En France, ce service coûte moins cher qu’un paquet de cigarettes. Pourquoi ? JFD : Oui, C’’est vrai qu’en France le prix d’un mètre cube d’eau potable, incluant le coût de l’assainissement, de l’épuration des eaux usées et les redevances des agences de bassin pour la gestion de la ressource, est inférieur au prix d’un paquet de cigarettes… Nous ne sommes pas arrivés à  ce résultat en quelques mois, mais par un effort soutenu sur plusieurs décennies. Nous avons établi un cadre législatif moderne et efficace, qui est aujourd’hui, pour l’essentiel, commun à  tous les pays de l’Union européenne, et, même s’il y a eu pendant longtemps des subventions des Etats, presque partout aujourd’hui en Europe, les coûts sont couverts par les tarifs payés par les consommateurs, tout en tenant compte des difficultés que rencontrent les classes les plus démunies de nos populations, qui doivent bénéficier de l’accès aux services dans des conditions économiques acceptables. Notre rôle est de montrer que ce qui est possible en Europe, l’est également partout ailleurs, et d’aider les pays qui le souhaitent, non pas à  copier, mais à  s’inspirer des méthodes mises en œuvre pour, eux-mêmes, moderniser le secteur au bénéfice de leurs populations et de leur développement économique et social. LA : Quelle est la place de l’Afrique au C’œur de la problématique des changements climatiques ? JFD : l’Afrique est probablement l’une des régions du monde qui sera le plus impactée par cette problématique. Observez les statistiques de pluviométrie dans le bassin du Niger ou dans celui du lac Tchad : la baisse de la pluviométrie et l’augmentation de l’évapotranspiration se cumulent au problème démographique et de développement en général. Les populations africaines y sont également les plus vulnérables. l’Afrique est donc très directement et fortement concernée. C’’est la raison pour laquelle, avec les participants à  la dernière Assemblée générale mondiale du RIOB, qui s’est tenue symboliquement à  Dakar, et donc pour la première fois en Afrique, nous avons adopté une déclaration finale qui insiste sur l’importance de la gestion par bassin pour s’adapter le plus rapidement possible aux conséquences prévisibles du changement climatique sur la disponibilité des ressources en eau.

Guinée Conakry : L’ancien premier ministre François Fall en lice pour la présidence

Quand diplomatie et politique font bon ménage A 61 ans, le diplomate et politicien guinéen François Lonsény Fall est candidat à  la prochaine élection présidentielle guinéenne, prévue dans un peu plus d’un mois. l’homme a étudié et enseigné le droit à  l’université de Conakry. Il se lance très tôt dans la politique est réputé être un excellent diplomate, d’o๠la raison de sa sollicitude pour le défunt président Lansana Conté. Un diplomate à  la quête du pouvoir François Fall a été pendant quelques années, ministre des affaires étrangères de son pays, avant d’accéder à  la tête du gouvernement. Entre temps, il a crée le front uni pour la démocratie (FUDEC). Parallèlement à  ses postes de ministre, le politicien multiplie ses activités avec son parti qui visait depuis cette époque, la présidence. Ainsi en juin 2002, il sera nommé ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, suite à  un remaniement ministériel du premier ministre d’alors Lamine Sidibé. Deux années plus tard, plus précisément le 23 avril 2004, il sera nommé chef du gouvernement après la réélection de Lansana Conté à  la tête du pays. Démission surprise de François Fall A la surprise générale, le président du Fudec rendra sa démission deux mois plus tard. Il a profité d’une rencontre internationale à  Paris (France), pour dire publiquement qu’il démissionnait parce qu’il lui était impossible de travailler avec le chef de l’Etat. Son départ qui n’avait pas été pas calculé par Conté, laissera le pays sans premier ministre durant quelques mois. Après quelques mois d’inactivité, le diplomate exercera quelques années aux Nations-unies. Suite à  la mort du président Conté en 2008 et à  la prise du pouvoir par la junte militaire, il retourne au pays et soutient ouvertement le coup de force. En 2009, François Fall crée avec les autres hommes politiques guinéens dont Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, la société civile et les syndicats, ce qui va s’appeler les forces vives de Guinée. Ils défendront corps et âmes «les intérêts du peuple de Guinée » et dénonceront les dérives au sein du pouvoir dirigé à  l’époque par le capitaine Moussa Dadis Camara. François Fall était aussi au stade du 28 septembre le jour du sanglant massacre contre leurs militants le 28 septembre 2009. Rappelons que la campagne a officiellement été lancée le lundi 17 mai dernier et la liste devrait être clôturée ce vendredi 21. Le scrutin du 27 juin 2010 s’annonce serré avec une multitude de candidatures malgré le montant élevé de la caution fixée à  40 millions de FCFA.