Fret parallèle : un business au poids

À l’aéroport de Bamako, il existe de nombreux métiers. Des conventionnels que l’on retrouve dans tous les aéroports du monde (changeurs de devises, porteurs, chauffeurs de taxi), à d’autres qui émergent mais qui n’en font pas moins le beurre de ceux qui les pratiquent. Parmi ceux-ci, le business du transport de bagages.

Il est 18h. K. troque son survêtement de sport pour un jean et un polo, une tenue plus adéquate pour sa deuxième activité professionnelle qui l’occupe une bonne partie de la nuit, 5 jours par semaine, en plus de son métier d’entîneur sportif. Le fret parallèle, faire transiter les bagages trop nombreux de certains voyageurs par d’autres moins chargés, c’est cela le business de K., qui sert d’intermédiaire et organise sa petite affaire depuis 2009. Un job simple pour de l’argent facilement gagné. Équipé de l’indispensable badge qui lui permet d’accéder aux différents points de l’aéroport, K. interpelle les partants qui arrivent bien souvent avec des suppléments de bagages et leur propose de les aider à les faire passer. Comment ? En les confiant à d’autres passagers qui « voyagent léger » et qui ont des « kilos à vendre ». « On regarde les gens qui arrivent, on compte leurs bagages, on trouve des gens qui ont des bagages ou des colis à transporter, on leur propose nos services, on met le nom sur le bagage, on négocie le prix ». K., qui s’est constitué petit à petit une clientèle, reconnaît que le business est plutôt rentable. « Les bagages sont tarifés au kilo. Entre 3 000 et 5 000 francs CFA le kilogramme. Il y a des gens qui font ce business et qui gagnent plus de 200 000 francs CFA par jour ! », poursuit K. « Il faut avoir des relations avec les bagagistes et parfois aussi avec les douaniers pour faire passer les colis », mais aussi être sérieux pour que les gens qui s’adressent à nous soient rassurés, conseille-t-il.

Nord-Sud Les bagages vont dans les deux sens. Les « businessmen des bagages » ont en général des contacts dans les pays de destination (Europe et Amérique du Nord en général) qui font faire le voyage en sens inverse aux colis à destination du Mali. Sirandou est commerçante. Elle fait venir régulièrement des accessoires féminins et des cosmétiques des États-Unis et passe par les « bagagistes » pour les faire transiter. « C’est un gain de temps et d’argent incroyable ! Avant, je faisais l’aller-retour pour faire mes achats. Aujourd’hui, je passe ma commande et j’attends tranquillement l’arrivée de ma valise que je récupère à la sortie de l’aéroport. C’est vraiment avantageux », explique-t-elle. Un trafic qui se passe à la barbe des autorités aéroportuaires, confie K. qui reconnait que l’activité n’est pas ce qu’il y a de plus licite, mais « ça rend service aux gens et nous, ça nous permet de vivre ».