M5-RFP : l’implosion

Le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) n’est plus aussi uni que le laissent paraître certains membres de son Comité stratégique. La divergence fondamentale de vues sur l’attitude à adopter vis-à-vis de la transition et du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) agite ce mouvement hétéroclite, dont les composantes se positionnent aujourd’hui selon leurs intérêts propre, l’objectif commun de la démission de l’ex-président IBK étant atteint. Alors qu’une partie du Comité stratégique se démarque de la Charte de la transition, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’Imam Dicko, entité importante du mouvement, s’inscrit dans une dynamique d’accompagnement du CNSP et certaines autres composantes du M5 adhèrent à cette vision.

« Ceux qui étaient opposés au changement, ce sont eux qui se sont ligués contre ceux qui se sont battus pour le changement. Nous n’accepterons pas cela. Nous continuerons de mener notre combat sereinement, de façon démocratique, jusqu’à ce qu’on nous entende. Ceci n’est pas acceptable. J’espère que les organisateurs de ces concertations nationales vont se ressaisir, qu’ils vont remettre ce document en débat et que nous pourrons en débattre sereinement », s’est offusquée Mme Sy Kadiatou Sow, très remontée à la fin de la Concertation nationale sur la transition, le 12 septembre 2020 au CICB.

Cette position été officialisée dans la foulée par un communiqué du Comité stratégique du M5-RFP, qui affirme : « le document final lu lors de la cérémonie de clôture n’était pas conforme aux délibérations issues des travaux des différents groupes » sur certains points, notamment le choix majoritaire d’une transition dirigée par une personnalité civile  et celui d’un Premier ministre civil également.

Le M5-RFP a également condamné « la non prise en compte unilatérale de très nombreux points du document qui n’avaient fait l’objet ni de rejet ni même de réserves dans aucun groupe » et s’est par conséquent démarqué du document final, qui ne  « reflète pas les points de vue et les décisions du peuple malien ».

« La volonté d’accaparement et de confiscation du pouvoir au profit du CNSP ne saurait justifier les méthodes employées, qui affaiblissent le processus de transition », s’est indigné le M5.

La CMAS satisfaite

Entièrement opposé à l’attitude du Comité stratégique du M5, Issa Kaou Djim, Coordinateur général de la CMAS et membre de ce comité, affirme être satisfait du document. « Le M5-CMAS se reconnait dans ce qui a été adopté. C’est une satisfaction et un soulagement », a-t-il clairement signifié au sortir des travaux.

Selon lui, aujourd’hui, les forces ont des intérêts qui ne sont pas convergents, pour des raisons évidentes. « Les partis politiques ont la prétention d’arriver aux affaires, les syndicats veulent faire aboutir les revendications de leurs adhérents et les religieux doivent jouer leur partition. Mais le peuple malien s’est battu pour une raison simple, que les choses changent, et aujourd’hui je pense que le CNSP doit fédérer tout le monde pour faire aboutir cette revendication ».

La veille, déjà, il avait annoncé la « mort » du M5-RFP, n’acceptant pas que les politiques du mouvement se mettent dans des calculs politiciens que la CMAS ne saurait tolérer. Des propos sur la « belle mort » du M5-RFP qu’il nous a réitérés, prenant à témoin une déclaration de l’URD en date du 14 septembre indiquant « prendre acte des conclusions issues des concertations nationales sur la transition ».

« Si l’URD, qui est la colonne vertébrale du FSD (Front pour la sauvegarde de la démocratie), dit prendre acte des décisions issues des concertations nationales, c’est  que le parti les valide. Si vous enlevez l’URD du FSD il ne reste plus grand-chose. Le MPR et le CNID n’ont pas eu d’importants suffrages lors de la présidentielle. Ce n’est pas ça, le peuple », tacle celui qui était surnommé le N°10 du M5.

« Personne ne peut contester qu’aujourd’hui la majorité des Maliens est d’accord avec la Charte de la transition », clame-t-il, avant d’ajouter « on ne peut pas rester dans une posture de contestation, rien que pour contester, alors qu’il y a des urgences ». À l’en croire, la CMAS se démarque de cette position d’une partie du M5-RFP.

Ensemble mais « opposés »

La plateforme Espoir Mali Koura (EMK), membre fondateur du M5-RFP, n’a pas encore, selon son porte-parole Pr. Clément Dembélé, consulté sa base en Assemblée générale, comme c’est sa règle, pour dégager une  position officielle sur la Charte. Mais elle a  démenti une information d’une chaine de radio étrangère imputant à son Coordinateur,  Cheick Oumar Sissoko, un soutien au document adopté.

Toutefois, ce dernier n’a pas été aperçu aux côtés de ses collègues du Comité stratégiques du M5 lors du point de presse du 15 septembre, au siège de la CMAS. Point de presse dont se sont également absentés Issa Kaou Djim, Mohamed Ali Bathily, Oumar Mariko ou encore Clément Dembélé.

Ce dernier, se prononçant personnellement, sans engager la plateforme EMK, partage la vision de la CMAS portée par Issa Kaou Djim. « La CMAS ne veut pas entrer dans un jeu de manipulation par les politiques. Je pense qu’il faut respecter cette vision de dialogue et de paix et non les calculs politiciens consistant à utiliser le M5 comme ascenseur pour atteindre des objectifs personnels par tous les moyens », indique t-il.

« Le M5 n’est pas la propriété politique de certains. Il représente le peuple malien et nous ne laisserons personne en faire une récupération personnelle pour des calculs opportunistes. Que ceux qui pensent que le M5 est un moyen d’accéder au pouvoir, attendent les élections  pour y parvenir, c’est aussi simple que cela », prévient –il.

À en croire Clément Dembélé, Issa Kaou Djim est toujours dans l’esprit philosophique de base du M5, qui consistait à faire partir IBK et à travailler dans un cadre organisé pour faire des propositions de solutions pour une sortie de crise honorable au Mali.

« Jamais il n’a été question de dire qu’après IBK nous devions occuper les postes et que nous devions continuer à remplir les rues pour contester à chaque fois et menacer de bloquer la bonne marche des choses », rappelle Pr. Dembélé.

Mais le Comité stratégique du M5-RFP, en prenant ces positions « courageuses et patriotiques, qu’il assume », n’entendait ni rompre ni entrer en conflit avec le CNSP, qui, encore une fois, a « parachevé la lutte qu’il a engagée pour obtenir la démission de M. Ibrahim Boubacar Keita et de son régime ».

Jeu d’intérêts

Pour l’analyste politique Khalid Dembélé, les divergences de position qui secouent le M5-RFP sont le fruit de son hétérogénéité, symbole de plusieurs tendances internes. Selon lui, les partis politiques qui le composent savent qu’ils ne peuvent pas conquérir le pouvoir ensemble et le fait de se démarquer par des déclarations çà et là s’inscrit dans le jeu politique normal.

« Chacun essaye, selon l’intérêt de son parti, de se tracer un chemin propre, pour avoir une assise en vue des futures échéances électorales », pense M. Dembélé, qui est par ailleurs très sceptique sur la disparition du M5. « Cela m’étonnerait beaucoup que le M5-RFP disparaisse. Cela peut arriver dans une année, peut-être, mais aujourd’hui ils ont tous intérêt à le garder, ne serait-ce que pour maintenir un peu de pression sur le CNSP », soutient-il.

D’ailleurs, pour Mme Sy Kadiatou Sow, très convaincue du fait, même secoué par des divergences internes, le mouvement survivra assurément. « C’est au moment où tout le monde pense que le M5-RFP est au bord de l’implosion qu’il surprend le plus, en montrant qu’il est plus uni que jamais ».

Pr. Clément Dembélé : « IBK ne laisse pas d’autre choix au peuple »

Le mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) continue de mettre la pression sur le président Ibrahim Boubacar Keita et son régime. Après avoir changé de stratégie en élaborant un mémorandum, le comité stratégique du M5-RFP appelle de nouveau les Maliens à manifester ce vendredi 10 juillet 2020 pour exiger le départ d’IBK. Professeur Clément Dembélé, l’un des porte-parole du M5 répond aux questions du Journal du Mali.

                                                

Après l’échec de la rencontre avec le Président de la République, quel sera le mot d’ordre de la manifestation que vous organisez ce vendredi 10 juillet 2020 ?

Nous revenons à la case de départ qui est la démission d’Ibrahim Boubacar Keita. Mais il faut d’abord rappeler la sagesse de l’imam Mahmoud Dicko que nous avons entendu. Nous avons écouté cette sagesse avec beaucoup d’attention. Nous avons accepté, sur sa demande et son conseil, de renoncer momentanément à la démission d’IBK et de poser d’autres revendications tout,  en respectant les médiations des grandes personnalités qui sont tous intervenus pour dire qu’ils comprennent notre revendication qui est légitime mais nous ont convié à enlever juste la démission du président IBK et de trouver une autre formule. Celle que nous avons trouvé c’est cela que nous avons proposé à l’imam sur sa demande et que nous lui avons remis pour qu’il le dépose auprès d’IBK. Ce n’est pas trop demander quand on sait qu’au préalable nous exigions la démission d’IBK et de l’ensemble de son régime. Maintenant qu’IBK n’a pas accédé à ces demandes, nous n’avons pas le choix. IBK ne laisse pas d’autre choix au peuple que de sortir ce vendredi pour la désobéissance civile, dire non à l’atteinte de la forme de la République parce que cette forme c’est la stabilité, la sécurité, la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance. Nous savons très bien que ces éléments ne sont pas réunis aujourd’hui et cela nous oblige à sortir le peuple malien pour demander simplement la démission d’IBK parce qu’il n’est pas celui qui écoute le peuple malien, qui entend la voix du peuple malien. C’est ce qui explique la sortie de ce vendredi 10 juillet. Nous allons demander à IBK de rendre aux Maliens ce qui leur appartient, c’est-à-dire le pouvoir du peuple malien.

Vous appellez désormais le peuple à la désobéissance civile. Croyez-vous en une adhésion massive à cet appel sur la durée ?

La désobéissance civile sera suivie parce qu’elle sera graduelle. Elle évoluera au fur et à mesure. Nous commençons le vendredi et la chose la plus importante pour nous c’est de mener cette désobéissance civile dans un cadre pacifique, légal et républicain. Nous ne voulons pas une désobéissance civile qui s’inscrit dans la violence. La violence est contraire à l’éthique du peuple malien. Le Mali n’a pas aujourd’hui besoin de violence. Mais cette désobéissance civile, nous allons laisser le peuple l’exprimer et la mener dans la paix et dans la sérénité mais montrer au pouvoir que désormais IBK n’a plus la main sur ce peuple et sur le Mali. La désobéissance civile sera suivie parce que le peuple malien est trop fatigué. Il est trop abandonné par ce pouvoir. Ce peuple a besoin de dignité,  d’honneur et de se retrouver. Il va donc exprimer sa solidarité, son enthousiasme, sa vigueur et sa détermination à se débarrasser d’un régime de corrompus, qui n’a  cessé de mentir et de piétiner la dignité du peuple malien. Elle sera suivie parce que la survie même du peuple malien en dépend. Aujourd’hui pour redresser le Mali, il faut le faire avec la vérité et la franchise qui ne sont pas du tout dans le camp de ce régime.

Jusqu’où ira le mouvement ?

Le mouvement est prêt à aller jusqu’au bout. Nous nous inscrivons dans la logique du peuple malien. C’est le mouvement du peuple qui aspire aujourd’hui à une bonne gouvernance, à la redevabilité et à la transparence. Vous savez, en 1991 la promesse sur la démocratie était basée sur la bonne gouvernance, la transparence, la lutte contre la corruption. Cela n’a pas été le cas. Le peuple a été dupé, trébuché dans la boue de la déchéance, de la honte, de l’indignité et de l’indignation pendant 30 ans. Aujourd’hui ce peuple se lève comme un seul homme. Il se dresse contre tous les maux de ce pays que constituent la corruption, l’injustice, l’insécurité, la magouille, la gabegie et autres. Le peuple malien va se débarrasser de ces maux pour que l’an zéro du Mali démarre avec une nouvelle génération. Certes, certains d’entre nous ont travaillé avec le régime mais quand ils ont compris que ce régime n’avait pas la solution du Mali, ils sont partis pour revenir dans la case de la vérité et de l’honneur. Cela est à saluer. Ils ne sont pas venus pour reprendre le pouvoir et moi je suis sûr et persuadé qu’ils ne sont pas venus pour prendre la place des jeunes. Ils vont les accompagner, les protéger, leur permettre d’avoir leurs places et de diriger ce pays. C’est cet ensemble qui se lève aujourd’hui pour mettre fin au régime et permettre aux Maliens d’avancer ensemble.

L’imam Mahmoud Dicko soutient-il le retour à l’exigence de la démission d’IBK quand on sait qu’il a essentiellement œuvré pour que vous l’abandonniez ?

L’imam Mahmoud Dicko est l’autorité morale. Nous l’avons choisi pour nous accompagner, pour recadrer les choses en cas de dérapage. L’Imam Dicko est très inquiet aujourd’hui. Il est inquiet pour le M5, il est inquiet pour le Mali. Il reste toujours celui qui prône la paix et la stabilité. Il nous a toujours dit de revendiquer nos droits mais de façon pacifique, démocratique et légitime. Il y a  seulement quelques jours nous l’avons rencontré et il nous a exprimé cette inquiétude, de faire tout pour ne pas répondre aux provocations, de rester Républicains, pour sauvegarder la laïcité, rester dans le principe légal et de ne pas tomber dans la violence. Aujourd’hui plus que jamais Mahmoud Dicko est solidaire au M5-RFP, à la paix et la stabilité du Mali. Il n’a jamais appelé à la violence. Cette autorité morale nous permet de gagner du terrain, de nous faire comprendre par les Maliens, et d’avoir une grande dimension. Pour cela, je tiens personnellement à le remercier, ainsi qu’au nom du M5 et du peuple malien, pour sa souplesse, sa disponibilité, la profondeur de sa sagesse. Nous restons avec Mahmoud Dicko jusqu’au bout, et ce bout c’est de donner cette  libération au peuple malien dont il a vraiment droit. Nous disons qu’entre Mahmoud Dicko et le M5, c’est une famille qui va durer toute la vie parce qu’il n’a fait que prôner ce que nous voulons, c’est à dire un Mali libre, uni, intègre et souverain.

Mali : Le FSD dresse un tableau sombre du pays

Le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) a tenu ce jeudi à la maison de la presse une conférence de presse sur l’Accord politique de gouvernance, la prorogation du mandat des députés, la révision de la constitution du 25 février 1992 et le dialogue national inclusif. Devant les médias, l’honorable Soumaila Cissé et ses camarades ont fait le tour des sujets brûlants du moment. Le début d’un retour à la charge.

« L’heure est grave !», interpelle dès le début de son discours le président du FSD et chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé. Dans une salle pleine de militants et journalistes, l’élu de Niafunké peint un sombre tableau de la situation sécuritaire du pays. Selon lui, « l’actualité s’est accélérée  avec les recompositions politiques qui ont abouti à la formation du gouvernement actuel et surtout, avec une accélération incroyable, des actes des violences qui endeuillent les populations semant le désespoir », dresse-t-il. Le principal conférencier a aussi évoqué le nombre de tués depuis le premier trimestre 2019 établi par le rapport de la MINUSMA.  « Aujourd’hui, l’insécurité a atteint un seuil intolérable  qui menace la survie voire l’existence même de notre pays », s’inquiète le président de l’URD.

Désaccords avec le gouvernement                              

Lors de cette rencontre avec la presse, Soumaila Cissé a tenu à clarifier la position de son regroupement politique sur l’Accord politique de gouvernance signée le 2 mai par certains partis de l’opposition, la Plateforme Ensemble pour le Mali et le gouvernement.  Même s’ils ont participé à son élaboration le document final ne prenait pas en compte les préalables soulignés par le FSD. « Le document a été remplacé par un texte où était purement et simplement  biffé toute la partie relative au « partage de responsabilité », révèle le principal challenger du président IBK en 2013 et 2018. Et de lever toute confusion : « le FSD n’est pas signataire de l’Accord politique de gouvernance ! ».  Il souligne toutefois « que c’est à la  suite du constat de graves périls planant sur la Nation et la nécessité subséquente d’une union sacrée autour du Mali que le FSD a demandé avec insistance, l’instauration d’un « dialogue national inclusif avec toutes les forces politiques et sociales  significatives du Mali … »

Le deuxième sujet qui mobilise les membres du FSD est la prorogation du mandat des députés qu’ils  perçoivent comme « une violation flagrante de la constitution ».  Le conseil des ministres extraordinaire du vendredi 7 juin 2019 a prorogé d’un an le mandat des députés qui prend fin le 30 juin. Pour le FSD, il s’agit là « d’une violation grave de l’Accord politique de gouvernance mais aussi et  surtout  une négation des prérogatives du dialogue politique inclusif », car le dit Accord indiquait que le programme d’action du gouvernement devait être axé autour de « l’organisation de consultations référendaires, des élections législatives, locales et régionales dans les délais convenus lors du dialogue politique inclusif ».  Aussi, pour l’honorable Soumaila Cissé, le constat d’absence de l’avis de la Cour Constitutionnelle est cette fois ci « symptomatique ».

Sur l’autre sujet sensible qu’est la révision de la Constitution, les membres du FSD parlent de la même voix et se réfère à l’article 118 alinéa 3 de la Constitution en vigueur stipulant que « aucune procédure de la révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire. »  Leur demande est formelle. « Il faut d’abord assurer l’intégrité du territoire en libérant Kidal et en le faisant revenir  dans le giron national. »

Mais la discorde entre le pouvoir en place et ces partis et associations de l’opposition tient sur le dialogue national inclusif. La désignation  « unilatérale » par le président de la République des personnalités chargées de conduire le processus du dialogue inclusif ne trouve pas non plus l’adhésion du FSD qui estime que cette décision est contraire à « toutes les mesures d’inclusivité, et de l’esprit des discussions avec le Chef de file de l’opposition politique ».

Pour le président du Mouvement patriotique pour le Renouveau MPR, Choguel Kokala Maiga,  « c’est au vu des graves périls qui pèsent sur notre pays, autrement dit si cette spirale continuait après ce qui s’est passé dans le courant du mois de janvier, février, mars, nous allons nous retrouver avec un Etat totalement effondré et on ne parlera plus ni de l’opposition ni de la majorité. C’est à cause de tout cela que nous avons décidé de laisser tomber tous les éléments de contestation précédente pour nous donner la main avec le chef de l’Etat et faire l’union sacrée des Maliens pour sauver le Mali », explique-t-il.

Enfin, le FSD assure que « la plus urgente mesure de sortie de crise était la tenue indispensable d’un dialogue politique national inclusif, pour permettre à tous les Maliens de se parler afin de sauvegarder l’essentiel, aujourd’hui, dangereusement menacé par une crise multidimensionnelle sans précèdent ».

Gouvernement : Autopsie d’une équipe hétérogène

La liste du gouvernement de large ouverture a été révélée le dimanche 5 mai, après plus de dix jours d’attente. C’est une équipe de 38 ministres, avec des figures politiques de l’opposition et de la majorité. Revue des troupes.

Au bout de l’attente, un gouvernement de 38 ministres, après d’intenses concertations ayant abouti à un accord politique. Dans cette équipe, des personnalités jusque-là opposées au pouvoir et des figures qui ont déjà fait leurs preuves. Si certains ont été reconduits, il y a plusieurs entrées. Certains ministères ont tout simplement changé d’appellation, alors que le Premier ministre cumule son poste avec l’Économie et les finances, avec une ministre déléguée au Budget. « Il y a dans ce gouvernement des hommes et femmes valables de par leur passé, comme le ministre de la Justice et d’autres », note Dr Aly Tounkara, sociologue et professeur à la faculté des Sciences humaines et des sciences de l’éducation. Il note aussi la présence de certains ministres à qui sont « reprochées certaines pratiques à un moment donné, même si elles n’ont pas été prouvées par un travail judicaire ». Deux secrétariats d’État sont les nouveautés quelque peu inédites de ce gouvernement. Un auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargé de la Promotion et de l’intégration de l’enseignement bilingue, et l’autre auprès du ministère de l’Agriculture.

Prises de guerre ?

Pour mener à bien les réformes nécessaires à l’évolution de l’histoire démocratique du pays, le choix des certains hommes de l’opposition a aussi primé. L’effervescent  Président du Parena, Tiebilé Dramé se retrouve aux Affaires étrangères, alors que son camarade du Front pour la sauvegarde de la démocratie FSD, Pr Oumar Hamadoun Dicko, prend le portefeuille du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique. L’autre entrée de taille est celle de l’Honorable Amadou Thiam, à qui revient le ministère des Réformes institutionnelles et des relations avec la société civile. Dans un pays en proie à l’insécurité et à une opaque distribution de la justice, la venue du général de division Ibrahim Dahirou Dembelé à la tête du département de la Défense et celle de Me Malick Coulibaly au ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des sceaux, soulagent certains observateurs. Pour le politologue Ballan Diakité, le Premier ministre Boubou Cissé « aurait pu mettre en place un gouvernement de technocrates. Des hommes avec un programme et une feuille de route à mettre à exécution au bout de deux ou trois ans, pour ensuite évaluer les résultats de leur travail ».

Opposition: En ordre de marche…dans la divergence

Le 8 décembre, les forces de l’ordre dispersaient à coup de gaz lacrymogènes une énième marche de l’opposition dans les rues de Bamako. Depuis la réélection du Président IBK en août, l’opposition ne cesse de contester. Certains de ses leaders, réunis au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ne reconnaissent pas la légitimité du président, contrairement à la Coalition des forces patriotiques (CoFoP), avec laquelle ils sont alliés pour dénoncer « la mauvaise gestion du pays ».

« L’objectif final  de toutes ces marches n’est pas de créer des problèmes au pays, mais qu’il y ait un cadre de dialogue pour traiter toutes les préoccupations en cours, par ce qu’il est illusoire aujourd’hui d’organiser des  élections sur la base de l’élection présidentielle, avec toutes ses failles ». C’est ainsi que l’Honorable Mody N’diaye, Président du groupe Vigilance républicaine démocratique (VRD) résume le combat que mène l’opposition. Depuis le début du nouveau mandat du Président Ibrahim Boubacar Keita, les différentes composantes de l’opposition, au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ou de la Coalition des forces patriotiques (CoFoP), se font entendre. « L’élection présidentielle a été émaillée de beaucoup d’irrégularités et la façon la plus appropriée pour les dénoncer ce sont les marches. Celles qui ont suivi sont dues à la crise sécuritaire, à laquelle s’ajoute la crise sociale,  économique et politique », poursuit le député de l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Les différentes actions s’inscrivent dans cette démarche. « Depuis les premiers résultats, qu’elle avait rejetés, l’opposition s’inscrit dans une logique de contestation de la légitimité d’IBK. Ses différentes manifestations démontrent qu’elle est restée sur sa position, par ce qu’elle estime que l’élection a été émaillée de fraudes et d’irrégularités », analyse Ballan Diakité, politologue et chercheur  au Centre de recherche et d’analyses politiques, économiques et sociales (CRAPES). Mais le Président de la République a prêté serment le 4 septembre, avec la reconnaissance de la communauté internationale. Pour Jeamille Bittar, Président  du Mouvement citoyen ATT (MC-ATT), membre de la majorité, « on ne change pas les règles du jeu en plein match. Il faut être des bons perdants », dit-il, s’adressant à l’opposition. « On ne met pas le feu à la case qu’on veut habiter plus tard ».

Une opposition hétérogène

Dans leur annonce de la marche du 8 décembre, le FSD et la CoFoP, ainsi que l’Adema association, devaient battre le pavé contre la « mauvaise gestion du pays ». Si les regroupements partagent cette conviction, ils divergent sur plusieurs points. Le FSD est considéré comme la branche radicale qui s’oppose depuis 2013 à IBK et qui s’obstine à ne pas le reconnaitre alors que tout est terminé et la CoFoP compte en son sein des anciens ministres du premier mandat d’IBK, comme Housseini Amion Guido ou Moussa Mara. Elle a pris acte de la réélection du président et se démarque de tout projet contraire. Dans une interview accordée il y a plus d’un mois à Journal du Mali, Housseini Amion Guindo précisait  que leur combat était différent de celui du FSD. « Nous nous associerons avec tous ceux qui sentent leur avenir menacé. Mais nous ne nous engagerons pas dans un combat qui mettra en cause l’élection du président de la République ou sa légitimité. C’est la ligne rouge à ne pas franchir », disait-il. Certains observateurs qualifient même cette alliance « d’incestueuse » et sans lendemain.  

Sur la prorogation du mandat des députés, aucun des élus de l’opposition  n’a voté contre alors que certains la désapprouvaient publiquement. « Cela peut être interprété comme une inconstance pour quelqu’un qui n’est pas initié en politique, mais toujours est-il que cette opposition  a une coalition parlementaire assez grande. Cela montre aussi une certaine connivence entre les grands partis au sein de la Nation », explique Ballan Diakité. Cette prise de position a en effet étonné ceux qui avaient foi en l’opposition. « Je me suis abstenu et ceux qui l’ont  votée ont estimé qu’en n’allant pas dans ce sens ils risquaient de se faire exclure », se défend l’Honorable Mody N’diaye, notant que « le processus est contraire à la Constitution dans tous les cas ».

Des mesures drastiques

Un nouvel arrêté du gouverneur du district de Bamako en date du 4 décembre scelle toutes grandes artères et places publiques de Bamako. Une manière de contrer toute protestation dans la capitale. En réaction, une cinquantaine d’organisations de défense des droits humains ont dans un communiqué conjoint dénoncé « une violation de la Constitution et un acte de nature à mettre en péril la démocratie malienne ». Pour le politologue Ballan Diakité, le gouverneur « n’a aucune légitimité pour interdire à des partis politiques de marcher », car « le droit de manifester fait partie des droits fondamentaux dans une démocratie ». Il s’inquiète du durcissement des mesures du gouvernement.  « Plus les jours passent, plus le régime d’IBK s’assimile à un régime autoritaire plutôt qu’à un régime démocratique. À un moment donné, il faut revenir aux textes ». Alors que le Comité pour la défense de la République (CDR)  prévoyait lui aussi une marche le 10 décembre, un dispositif policier a été installé tôt le matin au niveau des points stratégiques. Ces mesures,  qui, selon les autorités, s’inscrivent dans le cadre de l’état d’urgence, risquent d’accroitre le mécontentement.

Quelle issue ?

Dans le souci de calmer la situation politique, des leaders religieux et chefs des familles traditionnelles de Bamako ont rencontré le 5 décembre les ténors de l’opposition. Il s’agissait d’asseoir les bases d’un dialogue entre les deux parties. Même si l’initiative a son sens, elle n’a pas produit de résultats concrets, car la protestation prévue pour le samedi 8 décembre a été maintenue. Pour Ballan Diakité, un dialogue entre les deux tendances est « inopportun ». « Il n’y pas de  crise au plan interne entre les partis politiques qui nécessite un certain dialogue entre le gouvernement et l’opposition. L’opposition est dans son plein droit en marchant », justifie-t-il. Il va même plus loin. « La crise que connait le Mali, c’est celle du nord. La laisser de côté et perdre du temps sur ces questions n’est pas respectueux vis-à-vis des citoyens maliens, et surtout vis-à-vis de ceux qui sont au nord et qui souffrent de  l’insécurité depuis 2012 », ajoute-t-il.

Les défis du moment et les réformes à venir nécessitent une convergence des acteurs. Sur la question du consensus, Jeamille Bittar estime que le pouvoir a mené des tentatives. « Le président a tendu la main, mais comment comprendre qu’un Premier ministre se déplace pour une prise de contact avec des formations politiques et que les uns et les autres essayent de fermer leur porte ? », s’étonne-t-il. Il ajoute : « tout le monde veut le dialogue, mais on n’arrive pas à y aller ». De l’autre côté, on affirme aussi la même chose. Et la surenchère de l’opposition a sa finalité. « Nous avons fait une retraite au cours de laquelle nous avons traité de toutes les questions institutionnelles, des réformes administratives en cours et des perspectives de la loi électorale. Le document sera adopté ce 15 décembre par notre conférence nationale et, dans le cadre d’un dialogue constructif, nous pouvons le partager avec la majorité », révèle l’Honorable Mody N’diaye, président du groupe parlementaire VRD à l’Assemblée nationale. Déjà, le Rassemblement pour le Mali (RPM) a tenu une rencontre similaire. Le député conclut sur une note d’espoir d’un dépassement des uns et des autres pour le Mali. « Nous sommes ouverts au dialogue, nous voulons seulement qu’on ne fasse pas l’impasse sur les réformes majeures à venir et sur les propositions de toutes les parties prenantes, partis politiques comme société civile. C’est en allant dans ce sens que le pays va gagner et il qu’il y aura la paix », dit-il, convaincu.

Dr Oumar Mariko : « Les marches et meetings permettent de stabiliser le pays »

Le vendredi 16 novembre, une marche initiée par l’opposition malienne, à travers le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et la Coalition des forces patriotiques (COFOP), a été violemment dispersée par les forces de l’ordre devant la Bourse du travail de Bamako. Des blessés ont été déplorés dont un député SADI. L’Honorable Oumar Mariko, Président du parti, livre à Journal du Mali ses sentiments sur la situation politique actuelle et les actions à venir.

Quels sont vos sentiments après la dispersion par les forces de l’ordre de votre marche, non autorisée ?

J’ai été profondément déçu de la dispersion violente de cette marche. Déçu par le comportement du gouverneur et du commissaire de police du 1er arrondissement et par l’attitude du directeur général de la police. Je suis aussi surpris et déçu par Soumeylou Boubeye Maiga, qui nous avait rencontré le matin et avait évoqué ses souvenirs de combat contre la dictature, sans rien laisser présager de ce qui se préparait contre nous. J’ai un sentiment de révolte contre de telles pratiques et la détermination pour qu’elles s’arrêtent définitivement au Mali.

Quelles actions comptez-vous mener désormais ?

Nous envisageons des actions judiciaires contre ceux qui ont posé de tels actes et également de saisir les associations des droits de l’homme, nationales et internationales. Nous comptons aussi faire jouer aux députés leur rôle parlementaire d’interpellation. Le 4 décembre, nous allons organiser une grande marche de protestation, sur toute l’étendue du territoire national, partout où nous pouvons agir, partout où nous avons des forces pour bouger.

Selon certains observateurs, la situation du pays ne sied pas à un climat politique exacerbé. Qu’en pensez-vous ?

Je pose la question : qu’est ce qui a fragilisé le pays ? Est-ce que ce sont les marches, les meetings et les dénonciations ou l’attitude irresponsable et prédatrice des gouvernants ? Si nous arrivons à la conclusion que ce sont les marches qui déstabilisent le pays, nous les arrêterons. Les marches et meeting, selon nous, ne sont pas cet élément, car ils permettent de stabiliser le pays et doivent aboutir à mettre dehors l’élément déstabilisant, le pouvoir illégal et illégitime d’Ibrahim Boubacar Keita. Il ne faut pas que les gens nous prennent pour des canards sauvages. Les députés ont voté jeudi dernier une loi de 93 milliards de francs CFA, soi-disant pour la sécurité. Mais cette somme n’est pas pour la sécurité du Mali, elle ira dans les poches de gens bien connus du pouvoir. Ce sont les intérêts de petites gens que la répression est en train de servir aujourd’hui, pas ceux du peuple.

Housseini Amion Guindo : « Ce n’est pas un combat contre le Président IBK »

Ces dernières semaines, le président de la Convergence pour le développement du Mali (CODEM), Housseini Amion Guindo, est monté au créneau. L’ancien ministre s’engage dans un combat nouveau contre la prorogation des mandats des députés. Le dimanche 21 octobre, avec d’autres personnalités de la scène politique, il a créé la Convergence des forces patriotiques pour sauver le Mali (COFOP).  « Poulo » revient sur ces prises de position et les raisons de cette nouvelle lutte.

Au second tour vous avez soutenu le président IBK. Vous venez de crée une coalition politique, alors que certains disent que vous êtes membres du Front pour la sauvegarde de la démocratie. Quelle est  réellement votre position ?

Je rappelle que j’ai été membre du gouvernement d’IBK pendant quatre ans suite au soutien que nous lui avons apporté au second tour en 2013. Quand il s’est agi d’aller  à une nouvelle élection présidentielle pour un nouveau mandat en 2018, notre parti a estimé qu’il fallait  conformément à nos statuts présenter une candidature. C’est  qui m’a amené à démissionner de mon propre chef. Au second tour de l’élection,  pour une question de cohérence et de constance notre parti  a soutenu IBK. Ensuite il a été question des  élections législatives. Et pour nous, autant la présidentielle obéit à des délais, les législatives aussi. Le collège électoral a été convoqué. Mais jusqu’au dépôt des liste on ne  nous a pas parlé de report. Le gouvernement peut reporter mais  la prorogation des mandats des députés  ne doit pas venir de lui. Parce que l’Assemblée nationale est censée contrôler le gouvernement.  Si c’est le gouvernement qui  donne mandat aux députés on renverse du coup la République. Pour nous, il fallait un débat inclusif pour faire face à la situation.  Mais il aurait fallu que le gouvernement reconnaisse son incapacité à tenir l’élection et invite la classe politique pour savoir ce qu’il faut faire. Il y a des réformes aujourd’hui  indispensables pour le pays. Et ces réformes ne  doivent pas se faire dans le mépris et l’arrogance.  Nous nous opposons à la dictature d’une personne ou d’un clan contre notre loi fondamentale et au mépris du peuple.

D’où est venue l’idée de cette convergence ?                                                                       

Je suis l’initiateur de cette convergence des forces patriotiques pour sauver le Mali.  C’est moi qui suis parti voir tous les autres membres.  Il est réel que souvent nous sommes différents dans les points de vue mais nous nous sommes voulus complémentaires contre cette dérive et d’autres dérives du pouvoir.

Etes-vous membres du FSD ?

Je n’ai jamais été membre du Front pour la sauvegarde de la démocratie(FSD). Nos combats sont différents, car eux ont du mal à reconnaitre IBK comme Président de la République alors que nous,  nous le reconnaissons. Nous sommes contre cette coalition Cour Constitutionnelle-Gouvernement-Assemblée qui viole notre Constitution. Notre action est une alerte. Si le président qui est la première institution pense que c’est comme cela qu’il faut faire alors notre action se dirigera contre lui.

Pour certains c’est par ce que vous vous  n’êtes pas vu récompenser par IBK ?

En 2013, nous avons été cinquièmes à l’élection présidentielle. Mais le CODEM ne figurait pas dans le gouvernement Tatam LY. Pourtant, nous nous ne sommes pas opposés à lui. Mieux, la majorité m’a combattu en tant que député élu à Sikasso et à la limite volé mes voix. Bien avant qu’IBK ne soit au pouvoir j’ai eu à proposer des ministres dans les gouvernements. Mon ambition n’est pas d’être ministre. Je suis dans le privé et j’ai mes établissements. J’ai toujours vécu en comptant sur moi-même, toute ma vie. J’ai fait trois ans au ministère des Sports  sans que mes établissements reçoivent un seul élève de l’Etat. Personne ne m’a entendu m’en plaindre. Personne ne peut dire que je suis dans les histoires de marché ou de détournements. Je me suis toujours battu pour l’intérêt général.

Ne craignez-vous pas que ces revirements impactent l’image de votre parti ?

Il n’y a pas  de revirement. Notre parti n’est pas un parti d’opposition à IBK. Nous nous opposons à un fait que nous estimons contraire à notre constitution. Quand j’étais membre du gouvernement pendant le  projet de  révision constitutionnelle mon parti était opposé au OUI. Ce n’était pourtant pas une carrière d’opposant.  La position du CODEM a été de demander au président d’écouter son peuple. Je suis  parti le voir et lui dire d’écouter son peuple et de se raviser par rapport à  ce projet. Nous sommes cohérent dans ce nous faisons.

Que comptez-vous entreprendre après ?

Pour le moment c’est une alerte.  J’avais déjà annoncé qu’on combattra cette façon de faire de toutes nos forces et sans répit. Ils ont parlé de report sans arrêter le processus. Nous allons créer un regroupement plus large. Nous serons avec tout ce qui se sentent mal ou qui ont peur de l’avenir pour agir ensemble. Nous userons de tous les moyens légaux pour que nous soyons entendus.  Nous nous associerons avec tous ceux qui sentent leur avenir menacé. Mais nous ne nous engagerons pas dans un combat qui mettra en cause l’élection du président de la république ou sa légitimité. C’est la ligne rouge pour nous à ne pas franchir.  Ce n’est pas un combat contre le président IBK mais un combat contre les dérives.

Paul Ismaël Boro : « Se rassembler pour faire face aux maux du pays »

Le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) a été lancé le 6 octobre pour mettre fin aux dérives du régime d’IBK selon le manifeste de cette nouvelle coalition. Paul Ismaël Boro, qui a lu la déclaration liminaire de ce front qui doit encore trouver sa structure et son organisation, a répondu aux questions de Journal du Mali.

Comment en êtes-vous arrivés à mettre en place ce front ?

Avec tous les maux que connait le pays, il nous fallait impérativement nous rassembler pour y faire face. Il est vrai que nous étions dans la dynamique de remettre le candidat Soumaïla Cissé, dans ses droits, mais nous nous sommes dits que nous devions aller plus loin. Nous ne pouvons pas que revendiquer pour Soumaïla, nous ne pouvons non plus rester indifférents aux problèmes que connaît notre pays. Pour ne pas que ces problèmes deviennent des obstacles à notre démocratie, des personnalités et des Maliens lambda se sont mis ensemble pour sauvegarder cette démocratie.

Vous abandonnez le combat pour Soumaïla Cissé au profit de nouveaux objectifs ?

Dans notre manifeste, nous avons un passage qui évoque les fraudes enregistrées lors des élections. Laisser le combat pour Soumaïla au profit d’autres combats, j’y réponds non. Nous étions avec Soumaïla Cissé au second tour. D’autres tels qu’Oumar Mariko et Housseini Amion Guindo ne l’ont pas soutenus mais sont dans le FSD. Les magistrats qui sont engagés dans un bras-de-fer avec le gouvernement peuvent aussi se retrouver dans le front. Il faut nous mettre ensemble pour défendre tous ceux qui peuvent mettre en péril les valeurs de notre pays.

Tous les leaders d’opinion n’ont pas adhéré au front. Des consultations sont-elles prévues?

Nous avions les représentants du chérif de Nioro et de Mahmoud Dicko au lancement. Moi-même j’ai été directeur de campagne de Modibo Koné lors de la présidentielle, mais je ne peux engager le Mouvement Mali Kanu sans son accord. Nous avons Tiebilé Dramé et Soumaïla Cissé. Ce qui est compliqué c’est d’amorcer le départ. Après, pour ceux qui ne sont pas au parfum, nous nous organisons afin de faire comprendre aux uns et aux autres que nous ne pouvons faire le Mali seuls. Ceux qui doivent être contactés le seront, et ce travail est déjà en cours.

Comment comptez-vous mener la lutte ?

Je ne sais pas pour le moment. Nous avons un siège, c’est celui qui servait de cadre à Soumaïla Cissé durant la présidentielle. Nous voulons nous retrouver dans la semaine afin de tout finaliser, et de commencer le travail au plus vite.