Le Pr Daman-Guilé Diawara, premier Docteur Honoris Causa de l’USSGB

Pour la première fois, l’Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako (USSGB) voit l’un de ses enseignants-chercheurs recevoir le titre de Docteur Honoris Causa. La distinction, attribuée au professeur Daman-Guilé Diawara, marque une étape importante pour son institution et souligne une trajectoire académique reconnue au Mali comme à l’étranger.

Le professeur Diawara, économiste du développement et spécialiste des politiques économiques, a été élevé au grade de Docteur Honoris Causa 2025 par l’Institut Africain de Recherche Pluridisciplinaire Appliquée et le Centre de Valorisation Professionnelle de Tunis. La cérémonie s’est tenue le 19 novembre 2025 à Dakar. Il devient ainsi le premier enseignant-chercheur de l’USSGB à recevoir cette distinction, attribuée en reconnaissance de ses travaux sur le développement, le capital humain et l’enseignement supérieur. Cette attribution intervient quelques mois après son admission, en juillet 2025, au grade de Maître-assistant du Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur, ainsi que son élection à la présidence du Réseau des Économistes du Développement (REDEV) en décembre 2024.
Le parcours du professeur Diawara s’est construit au fil d’une activité scientifique régulière et diversifiée. Ses récentes missions l’ont conduit à évaluer des travaux académiques au Maroc, à contribuer à des modules de formation sur l’intégration des changements climatiques dans les politiques locales au Mali et à intervenir comme examinateur, rapporteur ou formateur auprès de plusieurs institutions africaines. Il est également membre du Réseau Francophone International en Conseil Scientifique de l’Université Laval depuis 2024, où son expertise est sollicitée pour des activités d’analyse et de conseil.
Selon un collègue de la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FSEG), cette distinction « valorise le travail accompli par les chercheurs maliens et renforce la visibilité de leurs contributions dans les débats académiques internationaux ». Les recherches du professeur Diawara portent notamment sur le développement économique et les politiques publiques, avec des travaux consacrés à la croissance, au capital humain, à la durabilité et à l’impact des politiques publiques.
Auteur de plusieurs publications, il a signé des contributions sur le changement climatique, l’enseignement supérieur, le capital humain et les investissements directs étrangers. Son ouvrage « Enseignement, capital humain et croissance économique du Mali » figure parmi ses travaux les plus connus. Il enseigne aujourd’hui à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de l’USSGB, où il poursuit ses activités de recherche et de formation.

Perturbations des cours : l’impact sur les étudiants

Voilà maintenant plus d’un semestre que l’enseignement est perturbé dans les facultés et grandes écoles maliennes. Avec son lot de répercussions importantes sur les apprenants.

Balkissa Maïga a le spleen. Et pour cause : « je n’étudie plus », se lamente-t-elle. Depuis août 2022 elle a son bac mais n’a toujours pas débuté l’université. Pour elle qui nourrit l’espoir de faire Pharmacie, l’heure est à la patience. « Les bacheliers de l’année 2021-2022, nous, inscrits à la FMPOS, n’avons pas encore commencé les cours. C’est une situation qui nous attriste fortement, surtout que dans moins de deux semaines aura lieu le bac 2023 ».

À la faculté de Médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie (FMPOS), cela fait quelques mois que les cours sont à l’arrêt. « En Pharmacie et en Médecine, fin janvier début février 2023 on a passé notre examen, session unique, le Numerus Clausus. Jusqu’à maintenant (lundi 5 juin 2023), nous n’avons pas nos résultats. Dans les normes, ils sont publiés dans les deux mois. Cette année, on en est à plus de quatre mois », regrette Bernadette Keïta, étudiante en 1ère année Pharmacie.

En novembre dernier, lors d’une conférence sur la dépression organisée par l’association estudiantine Winners, plusieurs étudiants ont témoigné « souffrir de cette pathologie ». « Les contraintes liées aux études de Médecine, les efforts importants fournis par les étudiants… Lorsque l’organisation chargée de les accueillir n’est pas efficace, ils sont souvent débordés », explique le Dr Souleymane Papa Coulibaly, responsable du service de Psychiatrie du CHU du Point G.

Insuffisances

Autre faculté, même problème. À la Faculté des Sciences économiques et de gestion (FSEG) ce n’est qu’en mai dernier que les admis au bac 2022 ont commencé les cours. Ils forment une classe parallèle à celle des bacheliers 2020 et 2021, qui sont toujours en 1ère année. Les responsables universitaires imputent la situation, entre autres, à l’insuffisance des salles de classe. Par manque d’amphithéâtres, certains apprenants n’étudient parfois que deux heures par jour pour céder ensuite la place à d’autres. « Cela nous met en retard. J’ai un bac 2020. Mes camarades qui sont allés dans les universités privées ont déjà leur licence. J’ai assisté récemment à la soutenance de l’un d’eux. Il a terminé alors que nous n’avons même pas atteint la 2ème année. C’est triste », déplore l’étudiant Hamidou Touré.

Outre les facultés, les grandes écoles subissent aussi des perturbations. Notamment L’École normale supérieure (ENSUP). Les professeurs étant en grève depuis mars, elle est à l’arrêt. Ce qui provoque une double peine pour Mariam Camara. L’élève-enseignante en Lettres a abandonné les cours qu’elle donnait dans des lycées pour se consacrer pleinement à ses études. « Maintenant, cela fait trois mois que je ne gagne plus cet argent. Et toujours pas de cours », s’attriste-telle.

Enseignement supérieur : les syndicats haussent le ton

En grève depuis le 20 mars dernier, les syndicats d’enseignants de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ont reconduit leur mot d’ordre cette semaine, du 27 au 31 mars 2023. Avec de nouvelles revendications, qui viennent s’ajouter aux précédentes, ils brandissent également la menace d’un prochain arrêt de travail.

De cinq points revendiqués initialement par le Comité exécutif national du SNESUP, la Coordination des syndicats d’enseignants de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique unifie désormais ses actions autour de neuf points.

Au-delà des revendications liées à l’application et à la revalorisation des primes et indices salariaux, à la sécurisation de l’espace universitaire et au paiement des arriérés, les grévistes ajoutent le recrutement massif d’enseignants-chercheurs, mais aussi et surtout l’octroi d’un passeport de service à ceux-ci.

Selon Dr. Alou Diarra, Secrétaire général du Bureau national du SNESUP, cette grève est la suite logique des actions qui sont en cours depuis fin janvier. « Ce sont des revendications légitimes des travailleurs de l’Enseignement supérieur, nous voulons que l’État s’exécute, car c’est l’État qui a signé les conventions en notre faveur. Il doit les respecter », s’offusque-t-il

Mot d’ordre suivi ?   

Dans la mesure où le bicéphalisme à la tête du SNESUP subsiste depuis longtemps, la question  du suivi du mot d’ordre de grève par l’ensemble des enseignants dans les structures concernées se pose. M. Diarra reconnait que les difficultés au sein du SNESUP ont impacté « quelques petites structures, qui ne sont pas avec nous », à l’instar de l’INFSS, qui ne suit pas le mot d’ordre de grève.

Mais, selon lui, il est suivi à 86% par les structures de l’enseignement supérieur. « Si l’ENI, l’ENSUP, la FLSL, l’École de médecine, la FSEG, la FAG sont en grève, il ne reste plus rien de l’Enseignement supérieur », argue le Secrétaire général du Bureau national du SNESUP.

Nos tentatives pour joindre l’autre camp n’ont pas abouti, alors que le Dr. Alou Diarra affirme que la grève dépasse le cadre du SNESUP et que « les trois syndicats de l’Enseignement supérieur sont tous ensemble pour défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs ».

Il annonce que si le gouvernement ne réagit pas, cette grève sera suivie d’une autre, de 120 heures, qui sera sanctionnée par un arrêt de travail pur et simple.