« Lune de fuel » sur l’axe Bamako-Dakar

Les relations entre le Mali et le Sénégal deviennent de plus en plus tendues à  cause d’une affaire de carburant. Ce liquide inflammable mérite toute l’attention des autorités des deux pays. Le problème est simple : la vente du carburant en vrac est interdite chez le voisin sénégalais suite à  une circulaire du ministre Ousmane Ngom en 2006. Pays «taxivore» par nature, le Sénégal applique des tarifs élevés sur les hydrocarbures, ce qui, logiquement, incite les transporteurs maliens à  faire le plein depuis Bamako afin de rentabiliser leur business. Malheureusement et C’’est à  ce niveau que se trouve la désinformation, certains chauffeurs exportent frauduleusement du carburant à  bord de bidons de vingt litres pour les commercialiser dans les bourgades situées le long de l’axe Tambacounda – Kaolack. Ceci constitue un manque à  gagner pour les pétroliers sénégalais qui de connivence avec les syndicats locaux ont rué dans les brancards. Diplomatie préventive Aujourd’hui, l’opinion y voit un désaccord entre Macky Sall et son homologue malien Ibrahim Boubacar Keita. Entre les deux présidents, les relations sont plutôt au beau fixe, mais ils doivent donner des signaux forts face à  ceux qui tentent de miner les rapports entre Dakar et Bamako. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme d’autant que ces deux dernières années, les motifs de brouille diplomatique sont nombreux. Blocage de bus, augmentation unilatérale de tarifs voyageurs, affaire ATT, réclamation de quote-part pour l’énergie de Manantali, tracasseries policières d’une part, racket de voyageurs d’autre part, les différends s’amoncellent et à  la longue, ce sera l’implosion. La brouille de Diawara, une localité du Sénégal oriental, entre éleveurs maliens et mauritaniens, ayant conduit à  la crise frontalière de 1989 sont encore frais dans les mémoires. Aussi, la diplomatie préventive doit prévaloir entre les deux pays qui ne peuvent accepter de transformer leur devise commune en « un peuple- deux carburants-une fin ». Nos deux présidents ont des parcours similaires et pour avoir été premiers ministres, présidents de parlement puis chefs d’Etat, ils savent que la déstabilisation de pays frontaliers ne tient qu’à  un fil. La CEDEAO et l’UEMOA doivent également s’impliquer dans ce dossier car si le corridor Dakar- Bamako se grippe, toute la sous-région en pâtira et cela débouchera, in fine sur des conséquences dommageables.