Me Lala Gakou ou l’art du verbe

La Conférence du stage ou concours d’éloquence a été instaurée au Barreau du Mali depuis 2007 par le regretté bâtonnier, Seydou Ibrahim Maà¯ga. La lauréate de l’édition 2015 est connue depuis hier lundi 9 mars 2015. Il s’agit de Me Lala Gakou. Seule femme du groupe, elle a surclassé les 6 autres secrétaires désignés par un jury de 10 membres présidé par l’ancien bâtonnier, Me Kassoum Tapo. C’’était lors de la finale lundi 9 mars 2015 dans la salle Moussa Balla Coulibaly du Conseil national du patronat du Mali(CNPM). Parrainée par le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mahamadou Diarra et présidée par le Bâtonnier de l’ordre des Avocats du Mali, Seydou Sidiki Coulibaly, la cérémonie a enregistré la présence de la grande famille judicaire et bien d’autres invités de marque. Le 2ème secrétaire de stage est Me Cheick Oumar Tounkara qui est suivi par Me Mamadou Coulibaly. La 4ème place est occupée par Me Siriki Zana Koné pendant que Me Sidiki Diarra occupe la 5ème marche. Et la 6ème place revient au malien d’origine camerounaise, Bérenger Meuke. Hommage aux femmes Les quatre autres finalistes du jour ont été éliminés par le jury à  l’issue de l’exercice. C’’est avec fierté et humilité que la lauréate a accueilli ce sacre qui intervient au lendemain du 8 mars, journée internationale des droits de la femme : tout un symbole. « Le prix n’est par moi seule, il est pour toute la promotion Fanta Sylla qui est du reste un exemple pour moi. J’appelle la jeunesse malienne à  briser le mur de l’ignorance et de l’incompréhension. J’appelle les femmes à  s’éduquer, avec l’éducation on peut briser tous les murs comme le mur de l’ignorance », a confié, non sans émotion, la jeune Lala Gakou. Les 10 secrétaires ont présenté chacun un discours d’un quart heure sur le thème: « Y a t-il encore un mur ?». Un moment très captivant pendant lequel les 10 jeunes talentueux avocats ont émerveillé le public par leur maà®trise de la langue de Molière à  travers de grandes envolées lyriques dont eux seuls détiennent le secret. Comme on pouvait s’y attendre, le jury a eu bien du mal à  départager ces brillants orateurs. Les six nouveaux secrétaires de conférence vont assurer la défense pénale d’urgence des justiciables démunis auprès des juridictions de première instance du district de Bamako. En début de cérémonie, le bâtonnier, Me Seydou Sidiki Coulibaly, Me Nadia Camara et Me Kassoum Tapo ont rappelé la philosophie qui sous-tend la conférence de stage et ont rendu un vibrant hommage au défunt bâtonnier Seydou Sidiki Coulibaly pour ses efforts au service de l’Ordre et surtout pour avoir instauré cette initiative en 2007. C’’est un ministre très impressionné par la prestation de la cuvée 2015 qui a pris la parole à  la fin de la cérémonie pour demander aux organisateurs, de poursuivre l’initiative, d’offrir davantage un encadrement aux jeunes avant de faire part de toute la disponibilité de son département dans ce sens.

Mamadou GAKOU:  » Le Mali a rendu opérationnel le Fonds Climat »

Journaldumali.com: Quelles sont les activités réalisées l’année précédente? Mamadou GAKOU: En 2013, l’Agence de l’Environnement et du Développement Durable a travaillé sur l’élaboration de la stratégie nationale du développement durable, sur la promotion de la citoyenneté environnementale et l’intégration des changements climatiques dans la planification locale et surtout sur la mobilisation de financement en faveur de la lutte contre les effets du changement climatique. Comme dans la plupart des pays au Sud du Sahara, les questions de changement climatique plombent lourdement les efforts de développement dans tous les secteurs. à‰tant donné que notre pays a une économie basée sur l’agriculture, l’élevage, la pêche, le développement rural est beaucoup touché par ce phénomène. Nos activités à  l’AEDD vont dans le sens de la lutte contre le changement climatique. Depuis 2011, nous mobilisons des financements pour que toutes les catégories d’acteurs, la société civile, les services techniques, les collectivités, les associations en bénéficient. Le Mali a eu la chance de rendre opérationnel le Fonds Climat qui a été créé en 2012 et c’est le seul pays en Afrique aujourd’hui à  disposer de ce Fonds. C’est une bonne nouvelle pour notre pays. Nous recevons de plus en plus d’acteurs d’autres à‰tats qui viennent s’inspirer puisque c’est un cas d’école. Quels sont les priorités et perspectives de l’AEDD en 2014? Au Mali, tous les textes législatifs réglementaires existent en matière de protection de l’environnement et de gestion de ressource naturelle mais cela n’a pas empêché la détérioration du cadre de vie et de la nature en milieu rural. l’accent va être mis sur la communication, la collaboration avec les journalistes pour faire comprendre à  la population la nécessité de protéger les ressources naturelles et le contenu des textes. Nous allons aussi travailler sur l’application de la stratégie de développement durable avec tous les secteurs de développement pour qu’ils prennent en compte l’environnement. De quel budget disposez-vous pour mener vos différentes activités ? Pour l’instant, le budget qui a été voté dans la mise en œuvre des activités de l’AEDD s’élève à  environ 1 milliard 200 cents millions. Il peut changer puisque nous avons comme missions non seulement de d’intégrer les questions environnementales dans les politiques sectorielles mais aussi de mobiliser le financement pour tous les services, les associations, les collectivités. Actuellement C’’est un budget indicatif et peut-être après le Conseil d’Administration, nous pouvons avoir un autre montant.

Mamadou GAKOU: « A Durban, les enjeux du Mali sont ceux de l’Afrique »

Journaldumali.com ] : Quels sont les enjeux pour le Mali à  cette conférence de Durban Mamadou GAKOU : Les enjeux du Mali à  Durban ne sont ni plus ni moins que les enjeux de l’Afrique. Notre ministre de l’environnnement préside la conférence des ministres africains de l’environnement (CMAE) et tous les pays africains ont décidé de parler d’une seule voix à  cette conférence de Duban. Le Mali comme tous les autres pays, souhaite un engagement pour une deuxieme période du protocole de Kyoto. Que les pays développés s’engagent au delà  de 2012. Le protocole de Kyoto constitue aujourd’hui l’instrument le plus contraignant pour la réduction des gaz à  effet de serre. La discussion tourne autour du fait que les pays développés veulent que des pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, puissent aussi s’engager dans le protocole, puique ces pays commencent aussi à  polluer. Nous les Africains ne produisons pas de gaz à  effet de serre mais nous subissons les conséquences, la désertification, les feux de brousse, la réduction des nappes phréatiques, l’insécurite alimentaire, toutes ces questions sont liées aux changements climatiques. Journaldumali.com : Pour l’ Afrique, il s’agit surtout d’adaptation, d’atténuation des effets du changement climatique, le Mali va lancer à  Durban son Fonds Climat ? Mamadou GAKOU : Effectivement le Fonds Climat est un instrument de lutte contre les changements climatiques, il servira aussi à  attirer d’autres partenaires internationaux pour avoir des financements. Ce fonds va servir aujourd’hui à  plusieurs activités, nous avons au Mali une politique nationale, une stratégie et un plan d’action contre les effets du climat. Le plan d’action définit 180 actions et 80% de ces actions sont dédiées à  l’adaptation, ce qui constitue aujourd’hui la priorité de l’Afrique. Il s’agit de conduire des projets faibles en carbone et dont les résultats ne conduisent pas à  l’émission de gaz à  effet de serre. Ces projets concernent le développement local et tous les groupes d’acteurs seront concernés par ce fonds climat. Journaldumali.com : Le Mali est aujourd’hui vu comme exemple avec l’Ethiopie en terme de lutte contre les changements climatiques ? Mamadou GAKOU : Il faut souligner en effet, que C’’est la premiere fois qu’un pays met en place un fonds dédié à  la lutte contre le climat au niveau national. Le Mali et l’Ethiopie sont les premiers pays à  le faire. En cela, nous constituons un exemple. Journaldumali.com : A quoi servent ces grandes conférences, l’africain est il pleinement conscient de la notion d’environnement et de sa preservation aujourd’hui ? Mamadou GAKOU : Il faut penser globalement et agir localement. Mais participer à  ces grands rendez vous est important. Le Groupe du Mali est fortement présent à  Durban que ce soit la societe civile, les ONG, les parlementaires ou les médias et nous nous répartissons dans les différentes reunions, mais il s’agit de voir quelles sont les opportunités en terme d’information, de financement et aussi de partenariat, des expériences que nous devons ramener au niveau du pays, nous avons donc un devoir de rendre compte. Nous vivons dans un pays pauvre et l’environnement est un luxe pour ceux qui pensent d’abord à  se nourrir, mais d’un autre coté, les questions de développement sont intimement liées à  ca. Avant Copenhague, les ministres africains ont tenu des réunions et lors de toutes ces réunions, une position commune africaine a été clairement définie. Et cette position a été réiterée à  la Conférence Africaine des Ministres de l’Environnement CMAE. Le consensus au niveau africain existe.

Meeting du COPP: Maitre Gakou, l’opposant du jour ?

Critiques vis à  vis du régime actuel Jamais un parti politique n’a été autant acerbe vis à  vis du régime. Se classant d’emblée comme l’opposant par excellence, le président et avocat Me Gakou a tenu l’assemblée en exergue. L’immense foule convié au meeting n’oubliera pas de sitôt le discours kilométrique prononcé pour la circonstance. S’autoproclamant porte-parole du bas peuple, Me Gakou n’y est pas allé avec le dos de la cuillère et s’est attaqué avec virulence aux actions du gouvernement dans la gestion des grands sujets qui préoccupent la nation. Au nombre de ceux-ci, il faut citer l’école, la mauvaise gouvernance, la corruption, le chômage. A ces maux, il faut ajouter l’épineuse équation du foncier. Le clou de la matinée fut l’intervention du président de la COPP. Après avoir rendu un hommage appuyé au PIDS, seul parti invité et seul à  avoir fait le déplacement, il a salué « l’intégrité morale et les compétences intellectuelles de Daba Diawara, président de cette formation politique amie». Ensuite, Me Gakou s’est dit fier d’être le président d’un parti qui regroupe autant d’hommes et de femmes, de vieux et de jeunes, de si haute qualité, qui «ont toujours su apporter leurs contributions à  la recherche de solutions aux grandes questions d’intérêt national». L’ Education au programme La COPP promet de rendre public le projet de société qu’il a concocté pour le Mali. Il est axé essentiellement sur l’éducation, la formation et la santé. Domaines dans lesquels l’Etat a lamentablement échoué. En effet, selon lui, si l’Etat renonce à  son train de vie et aux dépenses inutiles, accepte d’investir dans l’école et la formation, il pourrait améliorer le sort des autres citoyens. A ce moment, affirme Me Gakou, tous les étudiants pourront avoir accès à  la bourse scolaire, dès la première année d’études. Concernant son parti, il a informé les médias que le parti couvrait les trois quarts du territoire national, et était présent dans 522 communes. Selon Me Gakou, le meeting sera mis à  profit pour reconnaà®tre le mérite des uns, quand il le faut, épingler les autres, si cela s’impose. Aussi, il affirme que par cette sortie, il tient à  entamer les discussions sur les questions qui préoccupent son parti et la Nation entière. Questions sécuritaires Les grandes questions ont essentiellement trait à  la politique étrangère et à  l’insécurité. « Nous commençons à  nous inquiéter de la politique diplomatique du Mali», a avoué Me Gakou. A l’entendre, avec 90% des résolutions de l’OUA qui proviennent du Mali, il est inquiétant de constater que la voix de ce pays n’est plus entendue. «D’ailleurs, en a-t-elle encore dans l’arène internationale ? », s’interroge l’orateur. Pour preuve, constate le président de la COPP, le Nord de ce pays est devenu un sanctuaire pour toutes sortes de criminels, bandits, drogués, vendeurs d’armes et autres terroristes. Les autres doivent tout mettre en œuvre pour doter les forces armées et de sécurité de tous les moyens adéquats pour faire revenir la paix et la sécurité dans le Septentrion. Cela aura également le mérite de favoriser le développement socio-économique. Parce qu’après cinquante ans d’indépendance, le Mali compte parmi les pays les moins avancés, et fait partie des «mendiants internationaux». Dans ces conditions, même l’exercice de la démocratie est difficile. Qu’est-ce que la démocratie ? Selon l’orateur, la démocratie, C’’est avant tout le courage. Courage de lutter « contre l’emprisonnement de journalistes, contre la libération de détenus en l’absence de toute décision de justice, contre le maintien en détention de citoyens alors même qu’une décision d’acquittement a été signée ».

Mamadou GAKOU : « A chaque fois que l‘on pose un acte anodin, on peut faire du mal à la nature ! »

De l’IPR de Katibougou aux Monts mandingues Diplômé de l’Institut Polytechnique Rurale de Katibougou, il choisit la spécialisation Eaux et Forêts alors que tous les autres étudiants tendaient vers Agriculture. En 1988, il est affecté à  Kayes pour suivre un projet de «Â Ceinture Verte » complétant son stage de fin de cycle. Il fallait planter autour de la ville de Kayes (Sud du Mali) des arbres, un projet fabuleux, ajoute l’ingénieur, un brin nostalgique. « C’’était la première fois qu’un partenaire technique appuyait un tel projet, aujourd’hui, il ne reste plus rien de cette ceinture verte, pourtant Kayes est une région très chaude »Â . Aujourd’hui, si l’on parle de reboisement intensif, Mamadou Gakou s’intéressait déjà  aux plants depuis l‘enfance. A Yélimané, à  la frontière mauritanienne, il travaille avec la population rurale et la police forestière pour mener des actions de reboisement intensif, entre 1982 et 1983. «Â J’ai beaucoup appris sur le terrain, l’administration locale, les rapports etC’… ». En 85, il est affecté à  Kita, pour suivre un projet du BIT sur l’utilisation de la main d’œuvre. Puis un autre projet de l‘OAPF, (Opération d’Aménagement et de production forestière ) le conduit à  suivre le reboisement des Monts Mandingues, à  quelques kilomètres de Bamako. «Â A l’époque, explique l’ingénieur, nous avons reboisé près de 600 hectares de forêt, par an ». Le besoin d’apprendre En 1988, après 7 ans de terrain, Mamadou Gakou éprouve le besoin d’apprendre, de se perfectionner davantage et d’acquérir des capacités d’analyse sur la question environnementale. Il s’envole aux Etats-Unis pour effectuer un «Â Master of Sciences«. Mais Mamadou n’oublie pas ces années passées auprès du père cultivateur, qui connaissait bien la fertilité des sols, les périodes de semailles, l‘influence du temps sur les cultures. A l’époque, l’ingénieur pouvait voir la baisse du lit végétal à  vue d’œil, et ce qu’on appelle aujourd’hui la désertification correspondait déjà  aux grandes sécheresses qui ont touché le Mali dans les années 80. « Mais restons, optimistes, car nous n’avons pas atteint le point de retour malgré les constats alarmistes »Â , juge l‘ingénieur. A Copenhague, o๠il s’est rendu, Mamadou Gakou a tout entendu, l’Afrique sera le continent le plus touché par les conséquences du changement climatiques, certes, la désertification, la dégradation des sols sont des processus qui dépendent des conditions biologiques des sols, des zones arides, de la pluviométrie annuelle et la répartition des eaux, mais il y a aussi le facteur anthropologique, l’action néfaste de l’homme sur la nature. [c Mamadou Gakou ] A chaque fois que l‘on pose un acte anodin, on peut faire du mal à  la nature ! » [c/] Changements climatiques et compensation « Les économies africaines sont faibles et dépendent d’autres décisions économiques des pays du Nord et qui ont un effet désastreux sur notre environnement« , ajoute Mamadou Gakou, qui dirige aujourd’hui le Secrétariat Technique Permanent du Ministère de l’Environnement du Mali. « l’Afrique mérite bel et bien la compensation financière réclamée à  Copenhague, ce n’est même pas un dû mais droit », s’insurge l’ingénieur, car C’’est le paysan africain qui subit les effets néfastes du changement climatique. D’o๠l’instauration récente au Mali de la politique de Gestion Durable des Terres… Gestion Durable des Terres C’’est la politique qui prévaut actuellement au Mali et a été récemment adoptée par le comité Interministériel pour l’environnement, cela dans la logique du Sommet sur le Développement Durable qui doit se tenir à  Bamako en Décembre. « Aujourd’hui, il y a une réelle volonté du gouvernement à  prendre à  compte les questions environnementales et l‘environnement dans sa globalité», ajoute Mamadou Gakou. Au STP, une structure née en 1998 dans le cadre de la politique nationale de protection de l’environnement, il s’agit de créer un cadre institutionnel pour coordonner les politiques environnementales, intégrer ces questions dans tous les départements, tous les secteurs, que ce soit l’Agriculture, l’élevage, l’industrie, en somme, faire de tous, des écolo-citoyens, conscients des défis et des menaces qui pèsent sur notre environnement : « Il y a des opportunités de financement que les pays, les organisations de la société civile ou les privés, doivent aujourd’hui saisir, il faut aller chercher les ressources, les mobiliser et le STP travaille à  cela. » Et la nouvelle agence pour l’environnement crée par décret du 1er Juillet 2010 devrait mieux prendre en compte ces problématiques et appliquer la mise en cohérence des programmes nationaux de protection de l’environnement. La politique environnementale du Mali En la matière, le Mali n’est pas en reste et a ratifié plusieurs conventions internationales, près d’une trentaine, estime l’ingénieur, content, de même qu’il cite le Plan National de protection de l’environnement de 1998 comme la genèse de cette politique. «Mais, il faut que chaque Malien sache que lorsqu’on donne un coup de pioche, ou qu’un pose un acte anodin, on peut faire du mal à  la nature !», conclut l’ingénieur. Les défis sont là  !