GATIA-HCUA : recherche de solutions à Bamako et d’armes à Kidal

Alors qu’à Bamako la médiation tente de faire discuter les deux mouvements armés entre eux pour trouver un terrain d’entente, à Kidal, sur le terrain, tout n’est qu’affaire de positionnement stratégique et de préparation militaire. Des réalités différentes qui minent la population désireuse de voir la paix émerger.

À Bamako les groupes armés, signataires de l’Accord de paix et de réconciliation d’Alger, restent verrouillés sur leur position : Le HCUA exige que la GATIA reste hors de Kidal et le GATIA tient à être inclus dans la gestion administrative et sécuritaire de la ville. Les efforts déployés par Mahamadou Diagouraga, le Haut représentant du chef de l’État pour la mise en œuvre de l’Accord, et la médiation internationale, via des « rencontres informelles », avec les délégation des deux mouvements pour parvenir à une solution viable, n’a pour le moment mené à aucun compromis. Chaque partie défendant âprement son point de vue, renforcé par trois conflits qui ont causé de nombreux morts de part et d’autre.

Si à Bamako le statu quo règne depuis des semaines, à Kidal, les regards sont tournés vers la capitale, d’où l’on espère fortement qu’une solution viendra. La partition jouée par les groupes armés sur place ne met pas l’accent sur la recherche de solutions mais plutôt sur le renforcement de leurs positions respectives en vue d’un prochain affrontement. « Les renforts affluent des deux côtés, ils viennent d’un peu partout. La CMA qui a perdu beaucoup d’hommes et d’équipement dans ces 3 conflits tente de se réorganiser et de se réarmer. Elle a tenté de faire venir des armes de la Libye, il y a une dizaine de jours, un grand convoi chargé d’armes et de munitions, mais il a été intercepté par la force Barkhane, à la frontière entre la Libye et le Niger, une partie est retournée en Libye, une autre a été saisie ou détruite. Si ça négocie à Bamako, ici les groupes armés sont sur le pied de guerre », affirme une source locale.

Les 3 derniers conflits entre GATIA et HCUA, en plus des morts, ont poussé sur les routes nombres de familles et fait de nombreuses veuves. « Il y a eu des centaines de mort et des centaines de blessés. Les gens ici sont très très remontés contre les chefs des différents mouvements. Il y a beaucoup de gens neutres dans ce conflit qui tentent de faire entendre leurs voix, des intellectuels, des chefs traditionnels, mais ils ne sont pas écoutés comme avant, les chefs des mouvements armés n’en font aujourd’hui qu’à leur tête », explique cet habitant joint au téléphone.

L’exaspération et la colère qui ont gagné la population, visent aussi les forces internationales, cibles de rumeurs nombreuses et d’une certaine défiance, concernant leurs buts réels dans ce conflit. « Il y a beaucoup de rumeurs, de théories du complot, autour du rôle de la MINUSMA et de la France. Dans les deux camps on soutient qu’elles aident l’autre camp, ou travaillent uniquement pour leurs intérêts. On dit ici que Barkhane soutient le HCUA, ou que la force française œuvre à affaiblir les deux mouvements pour avoir la mainmise sur la ville et les richesses de la région ». ajoute ce même habitant.

À Kidal, malgré le climat de tension, on place ses espoirs vers Bamako, même si l’on sait que les précedents accords signés, ne sont jamais parvenus à chasser la discorde et les rivalités qui animent depuis longtemps ces deux mouvements.

Kidal : calme relatif et négociations au point mort

Un calme précaire règne sur Kidal alors que les négociations ont repris entre les chefs de la Plateforme et de la CMA pour tenter d’établir un cessez-le-feu et une paix durable entre les deux groupes armés, touaregs, lancés dans une guerre fratricide.

Les négociations pour une sortie de crise entre la Plateforme et la CMA avaient été stoppés net lors du second affrontement entre les deux groupes armés à Tassik, samedi dernier. Pour l’heure, elles ont repris pour tenter de réinstaurer un dialogue entre les deux camps. Le général Gamou est toujours à Bamako mais aucun terrain d’entente n’a pu être trouvé. La CMA a estimé hier que la situation sur le terrain, qui s’est soldée, au cours des deux affrontements, par des dizaines de morts, dont deux proches de Bilal Ag Achérif, le chef du MNLA, a « dépassé les petits arrangements locaux » et que la résolution de cette crise doit désormais être traitée par les mécanismes prévus à cet effet dans l’Accord de paix et de réconciliation d’Alger. De son côté, la Plateforme reste sur sa position et ne voit comme issue à la guerre qui l’oppose à la CMA, qu’une gestion partagée de la ville de Kidal, dont la population et les principaux représentants politiques sont issus de la tribu Imghad.

À Kidal, si le calme est revenu depuis le second affrontement entre groupes armés, la raison en incombe aux forces de la CMA positionnées en majeure partie à quelques kilomètres de la ville, pour prévenir toute tentative d’approche des colonnes de la Plateforme, à la force Barkhane qui a augmenté ces patrouilles dans la zone et qui survole fréquemment avec ses hélicoptères et ses avions l’espace aérien de la ville. La Minusma aurait de plus mis en place un « dispositif sécuritaire » aux principales entrées de Kidal et effectue des patrouilles pour prévenir toute reprise des hostilités. « On entend que la Minusma sécurise les alentours de la ville, mais je ne sais pas, nous ne sortons pas beaucoup, on va au marché puis on rentre se terrer chez nous, il y a des véhicules de la Minusma qui vont vers le côté où il y a le Gatia, mais on dirait que c’est plus une ligne rouge à ne pas franchir qui a été indiqué par la Minusma au GATIA, explique cet habitant joint au téléphone.

La vie a repris malgré tout dans un climat mêlant fatalisme et incertitude quant aux jours à venir. « En ville, quand ils sortent, le gens ne s’attardent pas, l’ambiance est un peu spéciale car beaucoup de gens pro-Gatia ou Imghad ont quitté la ville. Depuis quelques jours, les chefs de la CMA ont fait passer à la radio des messages pour appeler la population à ne pas déserter Kidal », indique ce commerçant sous anonymat. Cependant, des arrestations de civils soupçonnés de complicités avec le GATIA ont rendu le climat délétère pour les partisans de la Plateforme ou pour ceux, ni-Gatia, ni-CMA, qui craignent l’instabilité dans la zone et veulent rejoindre la ville de Gao, jugée plus sûre.

Les drapeaux du MNLA et du HCUA flottent, en ville, les couleurs et les noms de ces mouvements ainsi que le terme « Azawad » s’affichent sur les graffitis un peu partout sur les murs. L’appartenance à ces groupes armés, mise en avant, semble dominer par rapport au conflit ancien entre touarègues de la tribu Ifoghas et Imghad qui bien qu’important, doit être relativisée. « Il y a beaucoup d’Imghad au sein du HCUA et de la CMA. C’est ce qui fait la force des Ifoghas, ils sont une minorité comparée au Imghad mais ils arrivent à dominer, à faire en sorte que les autres s’allient à eux », explique cette source. Le général Gamou qui revendique un partage équitable de la ville, comme entériné par les accords d’Anéfis et la déclaration de Niamey, n’est pas originaire de la région de Kidal, mais du cercle de Ménaka dans la région de Gao, où les Imghad dominent. « La CMA utilise cet argument pour dire que c’est Gamou, qui vient de loin, qui monte les uns contre les autres, il veut diriger alors que les Imghads et les Ifoghas sont de Kidal ou de sa région, et qu’ils ont grandi ensemble. Ils ont avec eux l’argent et le pouvoir, ça aide beaucoup à convaincre », ajoute cette même source. Ils y auraient des centaines d’Imghads au MNLA et au HCUA. « Il y a même des officiers supérieurs et des colonels. Lorque la situation devient intense dans les rapports entre ces deux clans et que le doute peut faire hésiter les combattants Imghads, ils sont toujours arrivés à les canaliser, à leur dire que ce n’est pas une guerre tribale mais plus une guerre entre mouvements. Le rapport entre nobles (Ifoghas) à vassaux (Imghad) intervient faiblement dans cet état de fait », conclut-il.

Sur place, en ce début de week-end, on craint que le bruit des armes trouble à nouveau la tranquillité du désert, dans des combats dont personne ne peut dire formellement quelle sera la finalité.

Kidal : l’enjeu des affrontements entre frères ennemis

De violents affrontements à une trentaine de kilomètres à l’est de Kidal, ont éclaté samedi matin, entre la Plateforme et la CMA. Sur place la situation est confuse. Personne ne sait comment réconcilier ces deux mouvements qui sont enferrés dans un conflit aux multiples enjeux, qui ne semblent pas pouvoir se résoudre dans l’immédiat.

Le langage des armes a encore parlé, samedi matin, à une trentaine de kilomètres de Kidal, entre ce qu’il convient mieux d’appeler, à présent, un combat Plateforme contre CMA, tant les différents groupes armés satellites de ces deux mouvements, ont rejoint le conflit. « Nous ne combattons pas seulement le GATIA, il y a avec eux, les arabes, les peules, le MAA, les Ganda Koy et les Ganda Izo, ces groupes d’autodéfense ont tous attaqué nos positions », affirme Iknane Ag Achérif, chef de la brigade anti-terroriste de la CMA à Kidal ». Pour lui, la Plateforme est responsable du déclenchement des combats : « Nos hommes étaient partis présenter leurs condoléances aux familles dont les parents ont été exécutés par la Plateforme, vers Tassik.  Ils nous ont attaqué hier matin vers 6h et les combats ont continué jusqu’à 11H. Il y avait seulement 20 voitures de la CMA composées de tous les groupes du mouvement, en face il y avait 50 à 60 véhicules. Nous n’avons pas eu le dessus car nos renforts sont partis trop tard et sont arrivés quand nos troupes avaient déjà décroché », indique-t-il.

Une source proche de la Plateforme à Kidal, donne une toute autre version des faits. Selon elle, deux colonnes de la CMA ont quitté Kidal 3 jours avant les affrontements du samedi 30 juillet, en direction de la ville de Tin-Essako, « Ils ont voulu attaquer par surprise les positions de la Plateforme qui sont à Tassik, pour bénéficier de l’effet de surprise, mais la Plateforme était déjà bien positionnée, donc ça a déclenché les combats », explique-t-il.

S’il est difficile de comprendre comment les choses se sont réellement passées, il en est de même pour établir un bilan des victimes. Selon cette même source, la Plateforme aurait 1 mort et 4 à 5 blessés à déplorer, et se seraient emparés de 4 véhicules et fait 7 prisonniers, dont un chef du groupe terroriste AQMI, qui combattait, selon cette source, au côté de l’adversaire. La CMA accuserait la perte de 7 combattants et aurait de nombreux blessés.

 Ambiguïté des forces internationales

Le rôle des forces internationales sur le terrain, durant ces affrontements, reste assez confus. Un habitant joint au téléphone, témoigne que des hélicoptères de la force Barkhane ont survolé la zone des combats sans intervenir. « Les troupes de la CMA qui se sont repliées sur Tin-Essako, c’est ça qui a arrêté les combats », ajoute ce même habitant. La Minusma aurait mis en place un dispositif d’interposition à une dizaine de km au sud de Kidal pour protéger les populations et empêcher le conflit de gagner la ville. L’impartialité de la force onusienne dans ce conflit a d’ailleurs été décriée, sur les réseaux sociaux, suite à une vidéo postée samedi 30 juillet sur la chaîne Youtube de l’organisation. Dans cette vidéo, l’adjoint du commandant du secteur nord de Kidal, indique avoir des moyens d’observation permettant, « de déceler, au plus tôt, l’arrivée possible d’éléments du GATIA venant du sud et voulant entrer en confrontation avec la CMA qui est toujours présente à Kidal ». Cependant, ce même habitant qui était sur place, assure qu’ « il n’y a pas eu de force d’interposition à l’intérieur ni à l’extérieur de la ville, il n’y a pas eu non plus de patrouilles, la Minusma n’est pas intervenu », souligne-t-il.

La domination comme enjeu principal

Ces événements sont intervenus alors qu’une médiation avait lieu à Bamako avec le général Gamou. Les déclarations d’entente et autres accords papiers, signés depuis 2015, dont le dernier récemment à Niamey, semblent en tous cas, ne pas parvenir à endiguer une situation dont les racines conflictuelles sont nombreuses et répondent à 3 enjeux principaux : la gestion de la ville de Kidal, l’ancien conflit tribal entre Imghad et Ifoghas et la mainmise pour l’un des deux camps, sur le marché du narcotrafic. « La Plateforme et la CMA ont dans leurs rangs des gens qui travaillent dans le narcotrafic, c’est cela même qui alimente le conflit. Avant la bataille de Kidal (les 21 et 22 juillet dernier), des voitures transportant de la drogue, escortées par des éléments du GATIA, ont été interceptées par des combattants du HCUA, qui ont volé cette grande quantité de drogue pour la revendre. Il y a eu des tractations pendant 1 semaine avec le GATIA pour calmer la situation mais ça n’a pas abouti… », révèle cette source. Depuis longtemps, Kidal et sa région sont, pour le narcotrafic, un point stratégique que les deux quand entendent conserver. « Le HCUA, ce sont eux qui détiennent le marché de la drogue, ainsi que la chefferie à Kidal, leur influence est grande et ils arrivent à convaincre le MNLA de les suivre, même si ces deux mouvements n’ont pas la même idéologie », déclare cette source ayant requis l’anonymat.

Sur place, ces conflits ont fini d’exaspérer les gens et les familles qui continuent à quitter la ville. La vie semble suspendue au conflit qui agite ces deux mouvements majeurs, qui semblent déconnectés des réels intérêts de la population. Un peu partout en ville et surtout à l’extérieur de Kidal, des véhicules armés patrouillent, l’ambiance sécuritaire est à son maximum. « Les combats vont reprendre, on ne sait pas quand, aujourd’hui, demain, après-demain, mais les combats vont reprendre. Il n’y a aucune médiation pour stopper ça », conclut désabusé, cet habitant.

Les deux mouvements, suite à l’affrontement, ont réaffirmé, à travers deux communiqués diffusés ce week-end, leur attachement à la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, dont l’avenir paraît, pour nombre d’observateurs, incertain.

Azaz Ag Loudagdag : « nous ne laisserons jamais Kidal ! »

Sous le contrôle de la CMA depuis les affrontements sanglants de la semaine passée, la ville de Kidal risque de connaitre de nouvelles tensions si rien n’est fait.  Les éléments du GATIA qui étaient repliés vers la périphérie de Kidal se préparent pour retourner dans la ville. Azaz Ag Loudagdag, président de la coordination Imghad, qui était présent à la réunion de Niamey, a répondu aux questions du Journal du Mali.

Quel est le bilan des affrontements entre la CMA et le GATIA ?

Je ne m’aventurerai pas là-dessus, chacun dit ce qu’il veut, mais ce qui est sûr et certain, c’est qu’il y a eu des morts des blessés et des dégâts matériels de part de d’autres.

Dans un communiqué, la CMA a demandé au GATIA de quitter Kidal et les environs pour éviter d’autres incidents, quel est votre point de vue là-dessus ?

Pas question que le GATIA quitte Kidal, la majorité de Kidal appartient aux Imghads et ils sont du GATIA. Pour preuve, toutes les élections sont gagnées en temps normal par les imghads. Le député et le maire sont des élus Imghads. Nous ne laisserons jamais Kidal ! parce que c’est eux qui sont venus à la faveur de Méharistes, d’Ansardine et des Djihadistes du MUJAO. Ils se sont bien implantés avec des complicités extérieures. Les pays étrangers les ont aidés à rester comme si c’était une part qu’on leur donne. Personne n’est d’accord qu’on quitte Kidal, nous devrons partager la ville ou advienne que pourra. Nous préférons le faire de façon pacifique, mais si on n’obtient pas cela, tous les autres moyens seront utilisés. Nous sommes majoritaires à Kidal, mais les gouvernements français et maliens ont épaulé les Ifoghas et les ont utilisés pour maitriser tout le monde. C’est une opposition ancienne, mais maintenant on est au 21ème siècle et les gens ne sont plus d’accord. Les Ifoghas considèrent les Imghads comme des vassaux et ils refusent d’être sous leur domination.

Qu’est ce qui est en jeu à Kidal et qui provoque les tensions ?

Les problèmes sont exacerbés parce que bientôt seront mise place les autorités intérimaires, donc chacun se positionne. La Plateforme estime  que le gouverneur qui a été nommé  est plus ou moins de la famille Ifoghas et qu’il ne peut pas leur tenir tête et appliquer une gestion équitable. Puisque le gouvernement leur a donné le gouvernorat, nous nous voulons la présidence de l’Assemblée régionale pour équilibrer les choses. Il n’est pas question que les deux premiers responsables de la région soient tous Ifoghas et on est prêt à affronter n’importe qui pour qu’il y ai un véritable partage du pouvoir.

On dit que la CMA a bénéficié d’une aide extérieure pour déloger le GATIA de la ville, est-ce vrai ?

Non, cela n’est pas fondé, le GATIA a effectivement pris plusieurs quartiers, entre temps il y a eu des renforts du côté de la CMA, et les renforts qui sont venus, certaines personnes estiment que c’étaient des djihadistes ou autres, mais je ne suis pas formel. Ce que je sais, c’est qu’il y a eu une médiation de la MINUSMA en la personne de Ponde Bruno, le chef de la Minusma à Kidal, qui a demandé aux uns et aux autres de quitter la ville, le général Gamou et Cheick Ag Haoussa ont été d’accord. Mais ce dernier a fait semblant de quitter pour ensuite retourner dans la ville. Donc, la CMA est restée tandis que le GATIA était hors de la ville, maintenant je ne suis pas étonné que le GATIA cherche à rentrer de nouveau dans la ville de Kidal. Ceux qui disent qu’il s’agit d’une déroute peuvent aller vérifier à la Croix rouge. C’est leur façon de communiquer, mais la réalité, croyez-moi, est tout autre.

Kidal, le calme avant la tempête ?

Les affrontements meurtriers des 21 et 22 juillet à Kidal, entre la CMA et le Gatia, ont occasionné de nombreuses victimes et poussé des familles à fuir cette zone d’instabilité. Un calme relatif règne dans la ville tenue totalement par la CMA tandis que le Gatia s’est replié à une centaine de kilomètres de Kidal, et se réorganiserait en vue d’une prochaine attaque.

Depuis deux jours, les affrontements ont cessé à Kidal et la ville porte les traces des combats intenses que se sont livrés CMA et GATIA. Un calme relatif est revenu, mais, pour la population, les jours à venir, ne semblent pas porteurs d’un quelconque apaisement. « Pour l’instant la situation est calme, mais nous sommes toujours inquiets, car le GATIA se réorganise et ils ont dit qu’ils allaient revenir, et la CMA a renforcé ses positions à l’intérieur et à l’extérieur de la ville », explique cet habitant joint au téléphone.

L’âpreté des combats a décidé beaucoup de famille a quitter la ville, « Elle parte vers la brousse, vers Tessalit, vers l’Algérie. Beaucoup ont quitté, et d’autres continuent de partir », ajoute ce même habitant.

Les stigmates des affrontements se lisent dans différents endroits de la ville, en particulier vers le gouvernorat et le fort, position tenue par le CMA, où les combats ont été les plus intenses et se sont soldés par un repli tactique du GATIA laissant la villa à La CMA. « On ne peut pas dire que la CMA a eu le dessus pendant les combats, le GATIA a été à court de munitions, il n’avait pas d’endroit pour se replier avec leurs blessés, leurs renforts n’étaient pas arrivés, ils étaient désorganisés et sont rentrés dans le combat sans y être préparé », analyse une source proche des mouvements.

Quant au nombre de victimes, résultant de ces deux jours d’affrontements, il est difficile à établir, chaque camp ayant sa propre estimation des blessés et des morts. « L’hôpital de Kidal a enregistré une soixantaine de blessés, dont 4 décédés suite à leur blessure. Le Gatia fait état de 25 blessés et une douzaine de morts. La CMA quant à elle, dit avoir enregistré 14 morts de son côté, et Il y a eu quelques pertes de civils dû à des balles perdues » indique cet employé d’une ONG local.

Suite au repli du Gatia, hors de la ville, des perquisitions ont été menées par la CMA, pour déloger les derniers combattants du Gatia qui pouvait se cacher. Le mouvement Imghad a accusé la CMA de malmener les populations qui lui sont acquises.

Selon un cadre de la CMA, l’hypothèse d’une future attaque n’est pas à exclure. « Nos informations nous rapportent que le GATIA a mobilisé une quarantaine de véhicules, et qu’il serait à une centaine de kilomètres de Kidal. La vérité c’est que Gamou a des jeunes qui travaillent dans le narcotrafic sous ses ordres, et il ne les contrôlent pas sur le terrain. Les chefs politiques peuvent s’entendre mais lui ne sait pas contrôler ses hommes, c’est pour cela qu’il y a eu des affrontements à Kidal », indique-t-il.

Le calme relatif, qui règne à Kidal depuis deux jours, pourrait faire place à une nouvelle tempête. La Minusma qui malgré son nouveau mandat « robuste », n’est pas intervenu pour faire cesser les combats et protéger les habitants, serait en discussion avec les deux camps pour essayer d’apaiser la situation.

Combats intenses à Kidal, entre Gatia et HCUA

En fin d’après-midi, des combats, qui ont toujours cours au moment où ces lignes sont écrites, opposaient le GATIA et le HCUA. Une altercation survenue mardi soir entre deux combattants de ces deux groupes armés, et le refus par la CMA de laisser passer un convoi du Gatia, aujourd’hui en fin d’après-midi, aurait mis le feu aux poudres et plonger les deux mouvements dans des affrontements.

La paix qui régnait sur Kidal depuis la signature de l’accord de Niamey entre la CMA et la Plateforme aura été de courte durée. Si le soulagement avait parcouru la population à son annonce, 3 jours plus tard, ce jeudi 21 juillet en fin d’après-midi, les rafales de balle, et les tirs à l’arme lourde, en ont effacé la portée pacificatrice.

Le feu qui a embrasé les troupes du Gatia et du HCUA, ce jeudi 21 juillet vers 17h, est parti d’une vive étincelle, une altercation entre deux cousins de la tribu Imghad, l’un appartenant au HCUA et l’autre au GATIA, une dispute sur leur appartenance à leurs mouvements respectifs qui a dégénéré. Le combattant du HCUA a alors tiré sur son cousin du GATIA, qui est tombé raide mort. Un frère d’armes du Gatia, alerté, a alors fait feu sur le tireur du HCUA, le tuant lui aussi. « Les familles se sont réunis et elles se sont pardonnées, mais les gens du HCUA n’ont rien voulu entendre, alors même que les frères de la victime ont donné leur pardon. Ils veulent que le combattant du GATIA soit arrêté. Ils ont entretenu un climat de tension et de revanche depuis mardi, explique une source, jointe au téléphone.

Aujourd’hui aux alentours de 17 h, un convoi du GATIA s’est présenté à la porte nord de la ville. Des membres du HCUA et de la CMA, posté au checkpoint, lui ont barré la route et l’on interdit de passer, le ton est monté et la CMA a fait feu sur le convoi, déclenchant le début des affrontements. « Il y a des combats des 4 côtés et à l’intérieur de la ville depuis maintenant 2 h, ça n’arrête pas, des deux côtés les gens sont déterminés », confie cette source, difficilement jointe au téléphone, sa voix étant parfois couverte par les détonations dûs aux affrontements.

Les délégations de la CMA et de la Plateforme qui ont participé aux négociations de Niamey, sont arrivés en ville pour essayer de pacifier la situation. Joint au téléphone, Azaz Loudag-Dag, chef de la communauté Imghad, confie : Nous lançons des appels à l’apaisement, il faut que le calme revienne, nous comptons mettre en œuvre des initiatives pour que le conflit cesse et que la paix soit de retour ».

Selon nos informations, le ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, Mohamed Ag Erlaf, serait mobilisé pour trouver une solution viable qui pourrait faire taire les armes.

Sur place, les gens sont reclus chez eux, « la population pensait que le conflit entre ces deux groupes était réglé avec le processus de Niamey. On ne sait pas quand ça a s’arrêtera, mais si Barkhane ou la Minusma n’agisse pas, ça risque de continuer. » déplore inquiet cet habitant.

Après l’accord signé à Niamey, Kidal peut-elle enfin souffler ?

La Plateforme et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) sont parvenus à un accord, signé dimanche dernier, à Niamey au Niger, qui entérine leur coprésidence pour la gestion socio-économique et sécuritaire de la ville, la mise en place des autorités intérimaires et des patrouilles mixtes conformément aux accords d’Alger. A Kidal, la nouvelle a été accueilli avec soulagement et la tension semble retomber entre les deux mouvements belligérants.

Kidal, la ville bastion, la capitale économique et politique, concentrant toutes les attentions car qui la tient, possède les rênes de toute la région et même de tout le Nord, va peut-être pouvoir souffler. Après 3 jours de négociation, le conflit qui couvait depuis plusieurs mois, entre les deux groupes armés, concernant la gestion socio-économique et sécuritaire de la ville, a finalement trouvé une issue positive dimanche dernier sous la médiation du Niger, à Niamey. « Les différentes forces ont compris qu’il n’y avait pas d’intérêt pour elles d’aller vers l’affrontement, elles y perdraient beaucoup d’hommes et le camp qui serait vaincu perdrait définitivement la main sur Kidal, c’était donc un gros risque à prendre », indique cet officiel proche du dossier. L’accord signé stipule que les deux mouvements partageront la gestion administrative de la ville, coopéreront au niveau sécuritaire, notamment sur les checkpoints qui seront gérés de concert et oeuvreront à « faire baisser la tension à Kidal ».

Très attendu, cet accord a été accueilli avec un grand soulagement à Kidal, car il succédait à 24 h d’extrême tension. « Avant que la nouvelle ne tombe, il y a avait une rumeur comme quoi les négociations avaient échoué, on disait même que Gamou avait gifflé Alghabass Ag Intalla. C’était très tendu en ville, jusqu’à 18 h. Les gens étaient anxieux car les groupes armés étaient positionnés sur la ligne de front qui est située à la sortie de Tessalit. Le jour même, d’autres renforts du HCUA étaient arrivés en ville, la situation était très grave. Quand la nouvelle est tombée, tout le monde l’a accueilli avec beaucoup d’enthousiasme, même les plus radicaux du MNLA étaient contents », explique cette source.

Aujourd’hui, même si les combattants armés ne se sont pas retirés, l’hostilité palpable entre partisans des deux mouvements est retombée. L’heure est à l’attente, des délégations, d’une part, qui devront dès leur retour, jeudi 21 juillet, mettre en application de façon concrète cette cogestion de la ville et ensuite, la mise en place des autorités intérimaires. « Les gens sont quand même optimiste quant à l’application de cet accord entre les deux mouvements. Ils ont souffert, ils veulent maintenant quelque chose qui leur amène plus de cohésion. Même la jeunesse qui est enrôlée dans les différents mouvements est dans cette tendance », souligne un habitant, joint au téléphone. « En réalité, Gamou n’est pas intéressé par le poste de président du conseil régional pour les autorités intérimaires. Tout ça était plus pour mettre la pression sur la CMA afin  d’amener l’égalité, entre eux, au niveau de la gestion de la ville et de sa gestion sécuritaire », ajoute ce proche du GATIA.

Un calme relatif semble succéder aux tensions vives qui régnaient en ville depuis des semaines, même si on déplorait, mardi soir, la mort de 2 combattants, du GATIA et du HCUA, lors d’une altercation pour divergence politique.

Quand Kidal se négocie à Niamey et à … Bamako

Les divergences entre les deux mouvements majeurs de la ville de Kidal, le GATIA et le HCUA, sont au menu de la réunion de médiation qui se tient à Niamey, pour tenter d’apaiser les tensions. Mais cette tentative de médiation peut-elle réussir, alors qu’une guerre d’influence se joue à Bamako ?

À Kidal, la tension vive entre GATIA, majoritairement composé de la tribu Imghad, et membre de la Plateforme, et le HCUA composé d’Ifoghas, l’un des 3 acteurs de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), peut s’apprécier au nombre de combattants lourdement armés positionnés en ville. La non-concrétisation de l’accord d’Anéfis, spécifiant que « les deux communautés s’accordent sur la gestion concertée et inclusive des problèmes politiques sur la base du partage équitable des pouvoirs », semble être l’élément qui a mis le feu aux poudres. «  Des accords on en a signé, mais sur le terrain les choses sont souvent très différentes », déclare ce cadre de la Plateforme.

Points de discorde Les relations de « bon voisinage » et de « fraternité », prônée par l’accord, sont maintenant révolues entre les deux mouvements et leurs signataires : le général El hadj Gamou pour le GATIA, en froid avec les autorités de Bamako, et Alghabass Ag  Intallah pour la CMA, actuellement dans les bonnes grâces du gouvernement. Les points de discorde entre eux sont nombreux : partage équitable du pouvoir entre les commissions qui gèrent la vie socio-économique de la ville, mainmise de la CMA sur les check-points stratégiques, nomination d’un gouverneur à Kidal notoirement très proche du HCUA et enfin, le poste de président du conseil régional, dans le viseur des deux mouvements. « Gamou n’était même pas disposé à rencontrer les chefs de la CMA. Il estimait qu’ils ont trahi sa confiance, puis il a accepté à condition que Mahamadou Diagouraga, Haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’accord, soit présent pour garantir les décisions qui seront prises. La CMA, de son côté, voulait rencontrer les chefs de la Plateforme et Gamou en tête à tête sans d’autres parties. Les faire venir à Niamey n’a pas été aisé », explique un officiel proche du dossier.

 Le puissant lobby du HCUA Dans cet optique, c’est en coulisses à Bamako, que depuis des semaines, des jeux d’influence ont lieu, pilotés par le HCUA, dont le lobbying est considérable dans la capitale, s’appuyant sur des députés de l’Assemblée nationale, le ministre de le Réforme de l’État, Mohamed Ag Erlaf, jusqu’aux milieux intellectuels touareg. « Ils ont le bras plus long à Bamako que le GATIA et les forces pro-gouvernementales. Ça va jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir », révèle une source bien informée. « Les lobbyistes du HCUA ont mené beaucoup de tractations pour essayer d’écarter Gamou, puis le GATIA, ce qui a considérablement renforcé les tensions », ajoute cette même source. Pour y parvenir, ils ont pu convaincre Bilal Ag Chérif, chef du MNLA (CMA), de faire le déplacement à Bamako pour l’anniversaire de l’Accord, et la récompense aurait été l’aval du gouvernement pour écarter le GATIA. « Il y a eu des deals secrets car ils veulent s’assurer la gestion totale de la ville, tous les pouvoirs. Le HCUA connait beaucoup d’hommes politiques. Ces derniers ont d’autres calculs, un autre agenda », indique ce proche des mouvements. « Il y a aussi le fait qu’une partie du gouvernement est très loin de la réalité d’ici », indique pour sa part un sympathisant de la Plateforme.

À Kidal, la population est très préoccupée par l’imminence d’un affrontement et espère que la réunion de Niamey pourra régler la situation. Là-bas, ces jeux de pouvoirs fatiguent. « Pour la présidence du conseil régional, ils n’ont qu’à organiser des élections ! », lâche excédé cet habitant, joint par téléphone ce mardi. Comme pour lui répondre, retentissent dans la ville des tirs d’armes lourdes devenus récurrents ces dernières semaines.

Duel pour la gestion de Kidal

Après la signature du document d’ « Entente » fin juin à Bamako, entre le gouvernement et les groupes armés, les chefs des différents mouvements s’en sont retournés à Kidal. Mais le calendrier établi pour la mise en place des autorités intérimaires semble suspendu à la résolution d’un conflit entre GATIA et HCUA, Plateforme et CMA.

À Kidal, l’« Entente » signée entre le gouvernement et les groupes armés n’est pas du tout palpable sur le terrain. Deux mouvements armés, le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) sont au bord de l’affrontement. La gestion sécuritaire, socio-économique de la ville de Kidal et de sa région, ainsi que l’attribution des postes des futures autorités intérimaires, sont les enjeux de la discorde. « C’est très tendu ici en ville, on entend chaque jour des tirs d’armes de sommation et d’armes lourdes, les gens craignent un affrontement après la fête de l’Aïd, s’il n’y a pas de négociation ou d’initiative pour instaurer un dialogue », explique une source locale. Ce sont des centaines de combattants armés qui affluent vers la ville, une bonne partie étant positionnée devant le bâtiment du gouvernorat. « Bilal Ag Chérif et son mouvement, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), ne semblent pas vouloir prendre partie. De toute façon, c’est un chef politique, il n’a pas une grande aura ici. Ce sont plutôt les chefs militaires du HCUA, comme Cheick Ag Aoussa et Mohammed Ag Najim pour le MNLA, qui ont le dernier mot », indique cette même source.

Nécessité d’un dialogue Cette tension entre mouvements découlerait du non-respect des engagements qui ont été signés entre groupes armés à Anéfis, sur le partage régional du pouvoir. La Plateforme et le GATIA s’estiment lésés dans ce partage, et la mise en place des futures autorités intérimaires qui auront la charge d’administrer la région a accentué les tensions. « Les autorités intérimaires ne pourront être mises en place tant qu’il n’y aura pas un dialogue entre les deux parties. Même si l’administration revient demain, s’il y a un affrontement, qui va assurer la sécurité ? C’est ça le problème… », déplore un habitant. Pour la population, la crainte d’un affrontement imminent occulte la mise en œuvre des dispositions du document d’ « Entente », qui devrait débuter le 15 juillet prochain. « Les gens n’ont plus le cœur de croire à la résolution de ce conflit, il fait très chaud, il n’y a pas d’eau, et si jamais il y a un affrontement, ce sera catastrophique. Ils sont plus obnubilés par ce qui se passe dans leur quotidien », résume un commerçant.

« Entente » à Bamako, bras de fer entre Gatia et CMA à Kidal

Tandis que les chefs des groupes armés sont tous à Bamako, depuis dimanche, pour entériner le document d’Entente avec le gouvernement et prendre part à l’anniversaire de la signature de l’Accord de paix et de réconciliation. Ce début de semaine a vu un fort regain de tension entre le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), occultant par là même ce qui se passe dans la capitale malienne.

Le partage de la gestion socio-économique et sécuritaire de Kidal et des villes de la région, semble encore être au coeur des tensions entre mouvements armés à Kidal. Le pillage, de l’entrepôt de vivre du Programme Alimentaire Mondial (PAM), le 6 juin dernier, a été un point d’orgue dans les tensions vives qui règnent entre ces deux groupes. Le Gatia se sentant lésé dans ce partage qui bénéficie majoritairement à la CMA. Depuis, la situation va en se dégradant. Le Gatia a établi deux checkpoints de sécurité autour de Kidal, sur la route venant de Gao et sur celle menant à Tessalit, un autre checkpoint a été dressé à Tessalit. «  À présent ils contrôlent et taxent les camions qui desservent les villes en vivre, les camions qui quittent Gao et surtout ceux qui viennent d’Algérie. Ce n’est pas pour les bloquer, ils les arrêtent et leur font payer des taxes. Ça a fortement déplu à la CMA et ça a rehaussé le niveau des tensions qui existaient déjà déjà entre eux », révèle une source locale. Le Gatia a indiqué que ces checkpoints étaient des mesures de sécurité car le quartier de Kidal qu’ils contrôlent se trouve sur cet axe. Dimanche soir, au plus fort des tensions, des salves de tir à l’arme lourde ont raisonné dans la ville de Kidal, provenant des deux camps. Ces tirs avaient pour but d’intimider l’adversaire et de mettre les armes à niveau, en vue d’un éventuel conflit. Des renforts ont rallié la ville, des deux côtés, et les combattants patrouillaient en tenue et en arme, faisant craindre à la population l’imminence d’un affrontement.

Sur place, confrontée à la dure réalité du carème, à la chaleur, à l’absence de courant électrique et aux tensions entre groupes armés, la population ne semblent pas touchée par les tractations des chefs à Bamako. « On en entend parler sur les réseaux sociaux, sinon les gens ici ne commentent même pas ce qui se passe là-bas», indique cet habitant. La préoccupation première de la majorité, c’est qu’il n’y est pas d’affrontement. « Ce qui est en train de se jouer c’est plus un bras de fer entre le Gatia et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), pour avoir le leadership. Même si les autorités interimaires determineront qui dirigera, il va y avoir des oppositions vives, pour trancher qui de la CMA ou de la Plateforme aura la gestion de la ville. C’est une bataille de poste », confie cet employé d’une ONG locale.

À Kidal, les services sociaux ne sont plus présents depuis 2012, il n’y a pas d’école, pas d’hôpitaux, la ville ne connaissait pas ces problèmes avant la crise. « Le retour de l’administration et de l’armée, la majorité des gens le souhaite. Mais la majorité reste silencieuse car elle craint la minorité qui dirige. Dans cette minorité, une petite partie ne souhaite pas un retour de l’État, mais maintenant ils sont perdus. Leur chef, Bilal Ag Achérif, est arrivé à Bamako dimanche dernier, pour participer à l’anniversaire de l’Accord. Depuis, ils disent que Kidal est vendu, et ils n’ont plus d’espoir sur personne. Que ce soit chez les groupes armés ou dans la population, les gens sont devenus fatalistes », conclut cette source.

Vers une suspension de l’aide humanitaire à Kidal ?

Lundi 6 juin, à Kidal, au nord du Mali, un entrepôt de vivre stockant des denrées humanitaires du Programme alimentaire mondial (PAM) a été pillé par des habitants. Ces denrées devaient répondre aux besoins alimentaires d’environ 11 000 personnes peuplant les 11 communes de Kidal. Les tensions entre groupes armés, sur place, mettent aujourd’hui en péril l’aide humanitaire vitale pour les populations.

À Kidal, tout le social est géré par des commissions (commission santé, commission énergie, etc.) dirigées par la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) monopolise certaines de ces commissions, comme celle des œuvres sociales qui gère la distribution des dons humanitaires, qui proviennent d’ONG ou de l’État. Cette gestion constitue un point de tension entre le groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) appartenant à la Plateforme et la CMA. Quand le GATIA a fait son retour à Kidal, il y a quelques mois, le mouvement a exigé une gestion à part égale des commissions administrées par la CMA, cette répartition était convenu entre les deux mouvements depuis les accords d’Anéfis. Dans un premier temps, des membres de la Plateforme ont été placés dans chaque commission. Il devait y avoir une représentativité à part égale entre les deux mouvements, mais la CMA a continué à monopoliser certaines commissions, comme celle en charge de l’humanitaire.

Avec l’échec du Forum de Kidal et la méfiance que se portent ces deux mouvements la situation est rapidement devenu explosive, et les tensions larvées entre les deux mouvements ce sont déplacées sur le terrain humanitaire. « La CMA détourne une majeure partie des dons alimentaires qu’elle revend sur les marchés locaux ou par camion jusqu’à Gao », révèle cette source, « Ça constitue une grande manne pour eux, ils ont pu se faire pas mal de liquidités, on dit qu’ils l’utilise pour payer leurs combattants » ajoute-t-il. Le GATIA de son côté lutte pour que les dons soient partagés en part égale pour les démunis. Deux secteurs qui sont peuplés par des Imghad (la tribu dont sont majoriatirement issus les membres du mouvement GATIA) ne reçoivent pas les dons alimentaires comme les autres secteurs de Kidal, « ils ne sont pas parvenus à s’entendre, ils se sont opposés plusieurs semaines là-dessus jusqu’au pillage de l’entrepôt lundi dernier », explique cet habitant.

Lundi 6 juin au matin, des pick-ups de la Plateforme sont partis se positionner devant l’entrepôt, rapidement rejoint par des combattants de la CMA. Les échanges ont été très tendus. Ne parvenant pas à s’entendre avec la CMA, des combattants du GATIA ont ouvert les portes de l’entrepôt et ont laissé les gens piller les vivres. Hommes, femmes, enfants et même certains combattants de la CMA se sont précipités et se sont servis. « C’est le besoin qui a amené les gens à faire ça, surtout en ce début de ramadan. Ces aides sont destinées aux gens mais finalement, avec la CMA, il n’en bénéficie pas et quand c’est partagé les gens ne reçoivent que quelques kilos. J’espère que ça ne va pas continuer comme ça, les gens ont apprécié, mais ça ne doit pas continuer », déclare un commerçant.

Une réunion devait se tenir vendredi dernier, entre les différents mouvements pour établir les mesures à prendre, dans la concertation. Cette réunion n’a pu avoir lieu et a été repoussée à une date ultérieure, les tensions demeurant très vive entre les deux mouvements. « la violence est contenue, mais si une coup de feu échappe entre eux, c’est la garantie d’un conflit », explique cette source. La Plateforme a créé, fin de semaine dernière, sa propre coordination qui s’occupera de l’aide humanitaire en parallèle à celle de la CMA. Les organisations humanitaires, sur le terrain, ne s’y retrouvent plus, ils sont à présent obligés de passer par deux commissions rivales, plus une autre association créée par le député de Tin-Essako, pour la gestion et l’acheminement des vivres. Sur place, la situation est très confuse, et certains organismes humanitaires menacent de suspendre leurs aides s’ils n’ont pas des garanties de pouvoir travailler de façon efficace et en toute sécurité.

Les tensions entre CMA et Plateforme se crispent à un moment où les pourparlers entre mouvement armés et gouvernement sont en dents de scie, concernamant l’application de l’Accord de paix et réconciliation, notamment sur les autorités intérimaires et la Désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). De plus, la situation dans le région de Kidal reste fragile, depuis la mort de plus d’une dizaine de soldat appartenant à la mission onusienne et à l’opération barkhane. Ces derniers ont d’ailleurs entrepris, depuis plusieurs semaines, la construction d’un camp dans le fief même des djihadistes à Abeibara, « La pression mise par l’opération barkhane a permis d’arrêter de nombreux djihadistes, mais la situation est très tendu là-bas , des gens ont fui la zone, et à cause de l’action des forces françaises les djihadistes seraient en train de de se déplacer vers Tombouctou », conclut cette source.

Douentza, encore un pas en arrière pour la paix

On dira ce qu’on voudra, mais il est difficile d’occulter le fait que le problème des mouvements d’autodéfense est lié au tribalisme qui est devenu un mal profond dans cette partie du pays, et qui fait qu’on ne pense plus en Malien, mais plutôt en Imghad, Ifoghas, etc.

C’est un fait, dans le Nord, le Mali est loin de sortir du désordre. Rien ne le prouve mieux que les affrontements, sanglants, qui ont opposé samedi 11 juin, le Groupe d’autodéfense Imghads Touaregs et alliés (Gatia) au Groupe d’autodéfense Ganda Izo, à Ndacki, dans le Gourma. Le bilan fait état de 8 à 10 morts. Cet affrontement intervient dans un contexte de blocage de l’Accord de paix dont tout le monde attend la mise en œuvre pour fermer la page de la crise. Mais dans le Nord, les affrontements entre les groupes armés, les embuscades et tirs d’obus terroristes visant souvant les forces armées, les assassinats et pillages font partie du quotidien de ces populations qui se sentent abandonnées et absentes des préoccupations du pouvoir central.

Les derniers affrontements entre groupes d’autodéfense prouvent à suffisance que les obstacles sur le chemin de la stabilité sont encore nombreux. Car ce n’est pas la première fois que ces deux groupes décident d’en découdre. Depuis le début du mois de mai, les hostilités, entre eux, sont ouvertes. Dans son communiqué de ce matin, le mouvement Ganda Izo reproche au Gatia ses « velléités communautaristes longtemps cachées », mais « bien connues des autres communautés vivant dans la zone ». Le mobile de l’attaque serait que le Gatia voulait désarmer les éléments du mouvement Ganda Izo. Pour nombre d’observateurs, cela fait ressurgir la question qui était sur toutes les lèvres les jours qui ont suivi la création dumouvement : Faut-il se méfier du Gatia ?

À l’époque, nombreux sont ceux qui étaient d’avis que le Gatia avait été créé pour devenir « une force incontournable sur le terrain capable de s’imposer, d’exister, dans le dessein, éventuellement, de supplanter le leadership Ifoghas, la tribu dominante qui se trouve à la tête de la pyramide des Kel Adagh à Kidal. », écrivait le journaliste et écrivain touareg Intagrist El Ansari. Il est difficile d’occulter le fait que ce problème des mouvements d’autodéfense est lié au tribalisme, qui est devenu un mal profond dans cette partie du pays, et qui fait qu’on ne pense plus en Malien, mais plutôt en Imghad, Ifoghas…

Le plus grave reste que personne à l’heure actuelle, pas même l’État malien, ne peut obtenir de ces groupes qu’ils désarment, car tout reste suspendu désormais à l’accord de paix. Alors que l’insécurité va crescendo aussi bien au nord qu’au sud du pays. On imagine mal comment tout cela aboutira à une solution globale, à partir du moment où, dans cette situation de ni-paix ni guerre, l’Etat reste limité dans sa capacité d’intervention au nord du Mali. Alors que sa mission, des plus complexes, reste de réconcilier les « Maliens » de cette partie du territoire, sur fond de vengeance et de rivalités.

Douentza: affrontement entre Ganda Izo et Gatia

Après des affrontements meurtriers samedi 11 juin, les deux groupes se sont retrouvés le dimanche pour discuter et vider les contentieux.

Des violences ont de nouveau opposé les deux groupes d’autodéfense, le samedi 11 juin, dans la commune rurale de Gandamia, non loin de Douentza. Les responsables du Groupe d’autodéfense des Touaregs de la tribu des Imghads et ses alliés (Gatia) et de Ganda Iso, issus des tribus touarègues et peules ont discutés le dimanche à Bamako sous la supervision des responsables de l’association Tabital Pulaaku. Le Gatia a ainsi pris l’engagement de rendre, au Ganda Izo, dès ce lundi, les morts, blessés, prisonniers ainsi que les véhicules, motos et même animaux emportés pendant l’affrontement, et tout cela sans contrepartie. Les membres du Ganda Iso se sont engagés de leur côté à ne mener aucune vendetta en dépit de quelques mouvements d’humeur en leur sein appelant à des actes de représailles. Des partisans des deux camps qui se sont confiés à RFI ont clairement indiqué que l’heure n’était pas à la mise en accusation d’un groupe armé, mais plutôt à jouer la carte de l’apaisement pour une cohabitation pacifique.

Dans la nuit de samedi à dimanche, des affrontements sanglants ont opposé le Gatia et Ganda Izo, deux groupes d’autodéfense installés dans la partie septentrionale du Mali. Ces violences ont fait d’énormes pertes dans le camp des Peuls du Ganda Iso; une dizaine de morts, une dizaine de prisonniers ainsi que du bétail emporté.

Exclusif / Maire de Kidal: « Pour leur sécurité, les populations se débrouillent »

À Kidal, le communiqué conjoint de la CMA et de la Plateforme, suivant l’entrée du GATIA dans la ville, a été suivi d’une attaque terroriste le 12 février, visant le camp de la Minusma, relançant la question du défi sécuritaire dans la région. Le maire RPM « sans pouvoir » de Kidal, Arbakane Ag Abzayack, s’exprime sur cette situation.

Journal du Mali : Quelle est la situation à  Kidal actuellement ?

Arbakane Ag Abzayack : La situation à  Kidal est calme. Les populations sont dans l’attente d’une paix totale, dans l’esprit de l’accord signé. Si la cohabitation est effective entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme, la cohésion sera possible, les choses iront mieux et cela pourra encourager les réfugiés à  rentrer au pays, ainsi que le redémarrage effectif de l’administration.

Depuis l’attaque du camp de la mission onusienne à  Kidal, la ville est-elle plus sécurisée par la Minusma ?

La Minusma se sécurise elle-même d’abord, ce qu’elle a déjà  du mal à  faire. Il n’y a aucun check-point à  Kidal à  part ceux de la Minusma qui donnent sur son camp. Elle ne sécurise rien pour le moment. Normalement, la protection des populations sur le territoire relève de sa mission. On ne devrait donc pas avoir besoin de la démarcher pour ça. […] Pour leur sécurité, les populations se débrouillent donc elles-mêmes. Moi, je suis maire et je fais de même, je n’ai pas d’armes, je n’ai pas d’éléments armés avec moi, j’essaye de ne pas avoir de problèmes.

Kidal reste donc un point de haute tension malgré l’accord ?

Oui c’est une poudrière, surtout si on parle des armes, des masses d’armes, dans la ville ou aux alentours. Cela est dû à  un conglomérat de mouvements armés : les mafias, les narcotrafiquants, les salafistes, c’est une vraie « salade composée » de différentes catégories de personnes. Tout le monde est là . Je pense que ces gens veulent que la situation reste ainsi puisque ça leur permet de continuer leur trafic. La Minusma ou Barkhane ont la volonté de sécuriser cette zone mais peut-être que cela les dépasse. La situation nécessite d’y mettre plus d’efforts, en tout cas.

Quelles sont les attentes de la population sur place par rapport aux derniers événements ?

Le souhait le plus cher de la population maintenant c’est la mise en application rapide de l’Accord pour la paix et la réconciliation, qui passe nécessairement par le DDR (Désarmement, démobilisation et réintégration) et le cantonnement. Tant que ça ne sera pas fait, on n’en sortira pas. C’est ce qu’on attend le plus. On ne peut pas avoir d’autres souhaits tant que ce n’est pas effectif. On ne peut pas penser au développement, même pas à  l’école.

Après l’entrée du GATIA dans la ville, le gouvernement est resté muet. Que pensez-vous de cette attitude de Bamako ?

Je pense que quelque part ça les arrange. Qui ne dit mot consent, comme disent les Français. Mais je pense que cela ne s’est pas fait sans l’assentiment des Français, justement. Parce que je sais qu’un général qui commande l’opération Barkhane au Tchad était à  Gao environ trois semaines avant que les troupes du GATIA entrent dans Kidal, et je sais qu’il a rencontré certains éléments de la Plateforme à  Gao. Je me demande si les Français ne sont pas derrière tout ça.

Faut-il se méfier du GATIA?

Depuis un peu plus de six mois, il ne se passe une journée sans que l’on ne parle d’eux. Sur le terrain, ils accumulent les victoires et repoussent toujours plus loin le MNLA et ses alliés de la Coordination des Mouvements de l’Azawad. Eux, C’’est le GATIA, Groupe autodéfense touareg imghad et alliés. Créé en aout 2014, ce groupe armé touareg a décidé de se battre contre les séparatistes pour restaurer l’intégrité territoriale du Mali. Mais pas seulement. « Nous venons de créer le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) pour défendre les intérêts de notre communauté dans le nord du Mali, notamment contre le MNLA », le Mouvement national de libération de l’Azawad, déclarait alors son secrétaire général Fahad Ag Almahmoud. Une sortie qui avait fait craindre des revendications à  caractère ethnique. La Plateforme des cadres et leaders touaregs, association qui regroupe les Touaregs des trois régions du nord du Mali, avait ainsi condamné la naissance du Gatia, « créé sur une base tribale ». Inquiétude injustifiée selon le journaliste Sidy Elmehdy Albarka qui rappelle qu’il y a des représentants d’autres communautés que les Imghad(tribu majoritaire au sein des Touareg, environ 500 00 personnes) dans le GATIA. « Plusieurs autres communautés de Kidal, qui avaient été chassées de la ville par le MNLA, ont pris les armes et rejoint le groupe. l’objectif commun est de rétablir l’intégrité du territoire et la stabilité ». Il s’agit de protéger les populations qui se retrouvent prises en otages, et régulièrement pillées, par les divers groupes armés opérant dans ce qui est devenu un no-man’s land : la large zone entre Gao et Kidal. « Forces patriotiques » ou « milice gouvernementale » ? De partout dans le Mali, on applaudit, en privé comme en public, la création et les succès de ces « patriotes ». Sur les réseaux sociaux la sympathie pour ces « défenseurs du Mali »s’accroit chaque jour, il suffit pour s’en rendre compte de visiter leur page facebook , o๠les commentaires de soutien se succèdent. A Tabankort, Teninkou ou Ntilit, ils reprennent du terrain aux séparatistes et vont là  o๠l’armée malienne est absente depuis 2012, voire bien avant. Avec, en ligne de mire, Kidal, dernier bastion du MNLA. Des succès militaires et un soutien à  l’armée qui leur vaut le nom de « milice pro-gouvernementale », une appellation rejetée et par Bamako, et par le GATIA. Le 29 janvier dernier, lors de sa première visite au nord du pays depuis son élection, le Président IBK salue le courage des « patriotes » restés fidèles au Mali. Une quasi-reconnaissance officielle. Qui vient « légitimer » le combat que le GATIA qui est, il convient de le rappeler, né à  l’initiative d’un haut gradé de l’armée malienne, le général El hadj Ag Gamou, héros de guerre que ses faits d’armes auréolent de gloire aux yeux de Maliens. Les succès militaires qui s’enchaà®nent n’ont cependant pas encore permis au GATIA d’atteindre l’un, sinon son objectif majeur : se faire invité, comme acteur à  part entière, à  la table de négociations. Les pourparlers inter-maliens qui en sont à  leur cinquième round ont en effet démarré avec une délégation du groupe armé. Inclus dans celle de la Plate-forme d’Alger, qui regroupe d’autres groupes « loyalistes ». Pas assez représentative de la force du GATIA sur le terrain, chuchote-t-on dans les rangs du groupe, o๠l’on espérait être traité au moins aussi bien que le MNLA. Car C’’est bien pour cela que ces hommes avaient pris les armes. «Il fallait nécessairement avoir un groupe armé, comme tous les autres, afin de participer au processus de paix », avait affirmé Fahad Ag Almahmoud. Qu’à  cela ne tienne, les représentants du GATIA sont à  Alger. Le danger de la sous-traitance sécuritaire Pourtant, dans cet élan général, des voix se font entendre pour appeler à  la prudence face à  la montée en puissance du GATIA. Déjà , lors de la création du mouvement, l’ancien Premier ministre, Ahmed Mohamed ag Hamani, président de la Plateforme des cadres et leaders touareg, s’inquiétait. Parlant de la création de « milices ethniques armées », il affirmait qu’elles risquaient« de nous conduire infailliblement, si des dispositions ne sont pas prises – c’est-à -dire leur démantèlement et leur désarmement-, vers une guerre civile dans ce pays. » Préoccupation partagée par Me Mamadou Ismaà¯la Konaté qui pense que « cette situation de sous –traitance de la sécurité d’un pays est compromettant car elle peut donner lieu à  des dérapages que l’Etat ne pourra pas maitriser ». Car comme le note à  propos le journaliste Sidy Elmehdy Albarka, « ce sont les hommes du GATIA qui meurent à  Téninkou, pas l’armée malienne ». Des dizaines de localités leur doivent aujourd’hui survie et protection, car les militaires maliens en sont absents et la MINUSMA semble ne pas parvenir à  prendre efficacement le relais sécuritaire. Un internaute se veut encore plus alarmiste : « si le gouvernement du Mali se montre faible et incapable d’assurer sa propre sécurité, le GATIA deviendra bientôt le prochain groupe armé à  abattre pour l’unité du pays» assure-t-il. Une inquiétude qui n’est pas la chose la plus partagée en ce moment mais qui existe. Les diplomates occidentaux montrent du doigt des méthodes peu compatibles avec les attentes des forces de maintien de la paix présentes dans le nord, et ce en période de négociations de cessez-le-feu. Ils ont d’ailleurs exhorté les autorités maliennes à  mieux « contrôler » le mouvement. Du côté du GATIA, on se défend d’avoir des intentions inavouées. « On n’a jamais voulu prendre les armes, on aurait préféré que tout cela prenne fin », affirmait encore récemment le secrétaire général du groupe armé. Aucune velléité de rébellion à  l’horizon… Du moins pour l’instant. Au Mali, l’histoire enseigne que les différentes insurrections sont nées de groupes renforcés à  l’issue des accords signés qui les mettaient en position de force par rapport aux autres communautés. Une autre déclaration récente du secrétaire général du GATIA a d’ailleurs ajouté de l’eau au moulin des alarmistes. « On le fait pour l’honneur, et pas pour l’unité du Mali » assure Fahad. Quid de la défense du territoire et des populations ? Pour l’instant, seules semblent compter les belles œuvres du GATIA sur le terrain. Et tous, des plus optimistes aux sceptiques, veulent continuer à  croire à  la bonne volonté du Groupe autodéfense touareg imghad et alliés.

Combats au nord : le Gatia contrôlerait Tabrichatt

En dépit des appels au calme, C’’est à  une véritable escalade que l’on assiste au nord du Mali. Depuis ce matin, les combats ont repris entre Le Gatia et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) à  Tabankort. Pour l’instant, aucun bilan n’est communiqué. Selon nos informations, Tabrichatt se trouve désormais sous le contrôle du Gatia, loyal au gouvernement malien. Tabrichatt est une localité située entre Tabankort et Tarkint. Une autre information faisant état d’une avancée du Gatia à  Kidal avec la prise de 4 positions du MNLA a été démentie par les responsables du groupe indépendantiste. Ces accrochages interviennent au moment o๠la Minusma, par l’entremise de son premier responsable au Mali, Mongi Hamdi,a convoqué une réunion extraordinaire les 5 et 6 février à  Alger entre le gouvernement et les groupes armés. l’objectif de cette rencontre urgente consécutive à  la brusque détérioration de la situation sécuritaire dur le terrain, est de geler les positions des groupes armés au nord du Mali. Histoire de déblayer le terrain dans la perspective de la reprise des pourparlers d’Alger. Justement cette situation délétère qui met en scène les mouvements membres de la plateforme et ceux de la coordination risque bien d’hypothéquer le prochain round des pourparlers inclusifs inter-maliens d’Alger censé qui redémarrer dans le courant de ce mois de février. Il faut rappeler que depuis les événements dramatiques du mardi 27 janvier à  Gao, le nord du Mali connaà®t depuis une recrudescence de l’insécurité. Cette situation se caractérise par une multiplication des attaques, vols et pillages. Le village de Kano a ainsi été attaqué le vendredi dernier. Au cours de cette attaque, les assaillants ont enlevé 54 personnes. Ils ont aussi emporté avec eux plus d’une dizaine de motos, une importante quantité d’essence et de gas-oil et plus de 3 millions de francs CFA. Aux dernières nouvelles 50 villageois ont été libérés. Pour l’instant, l’on est sans nouvelle des 4 autres villageois qui restent entre les mains du MNLA de Ber, localité située à  quelques 15 kilomètres de Kano.

Groupes armés : Vous avez dit Gatia ?

Gatia, C’’est le nom de ce nouveau groupe, dit d’autodéfense, et qui s’est adressé aux autorités maliennes il y a quelques jours, pour participer aux prochains pourparlers de Paix d’Alger, prévus pour début septembre. Opposé à  toute idée d’autonomie, le Gatia est composé de Touaregs de la tribu Imrads, se dit proche des autorités maliennes. Le groupe d’autodéfense, revendique même un millier d’hommes et veut plaider sa cause à  Alger. « Proches de Gamou » Proches du général Gamou, l’un des hauts gradés les plus célèbres de l’armée malienne, le Gatia, qui a pris les armes, affirme ne pas être en rébellion contre les autorités maliennes. Plutôt, expliquent-ils leur démarche, par la nécessité de se faire respecter par les autres groupes armés, qui font la pluie et le beau temps au Nord du Mali. « On est prêts à  faire la paix avec tous nos autres frères qui ne partagent pas la même vision que nous, pourvu qu’ils nous respectent et respectent notre point de vue », a déclaré l’un de leurs porte-paroles à  la presse. Le Gatia peut-il être considéré comme légitime pour participer aux négociations d’Alger ? Du côté de Bamako, pas de réaction à  la création du Gatia qui intervient après « le retrait des forces armées et de sécurité de la zone au nord de Gao. Nous sommes devenus des laissés pour compte », a exposé le porte-parole de ce nouveau groupe armé. Pour lui, « on ne peut pas être impliqués en tant que communauté tout court. Il fallait nécessairement avoir un groupe armé, comme tous les autres, afin de participer au processus de paix.» Malgré tout, les autorités maliennes ne doivent pas se laisser distraire par de nouveaux mouvements et mettre en péril le processus de négociations, quant on sait que des divergences demeurent déjà  au sein des groupes déjà  assis à  la table des négociations. L’inquiétude vient maintenant de possibles affrontements entre le Gatia et les autres mouvances rebelles.