Nord Mali : L’otage Français exécuté par Al Qaeda

« Nous annonçons avoir exécuté l’otage français dénommé Michel Germaneau samedi 24 juillet pour venger nos six frères tués dans la lâche opération de la France », aux côtés des forces mauritaniennes contre une unité d’Al-Qaà¯da, a déclaré le chef de l’Aqmi, Abou Moussab AbdelWadoud, dans cet enregistrement diffusé sur le chaà®ne télé Al Jazeera. Plus tôt dans la journée, au Mali, des sources au sein de services de sécurité et de renseignement avaient assuré à  l’AFP que l’inquiétude était à  son comble sur le sort du Français, impliqué dans l’action humanitaire. Samedi, un responsable français avait annoncé que des militaires français (de 20 à  30) avaient participé le 22 juillet à  un raid dans le désert malien contre un groupe de l’Aqmi, en pensant avoir localisé l’otage. Le camp de l’Aqmi avait été attaqué par des commandos français et des unités mauritaniennes. Sept jihadites avaient été tués au cours de l’attaque, et quatre étaient parvenus à  s’enfuir. L’otage français, Michel Germaneau, n’était pas présent dans ce camp. Les Mauritaniens (avec l’aide des militaires français?) avaient menés samedi un autre raid ontre l’Aqmi, selon une source du ministère de la Défense. Nicolas « Sarkozy a échoué à  libérer son compatriote par cette opération mais il a, sans aucun doute, ouvert pour lui, pour son peuple et pour son pays l’une des portes de l’enfer », a encore déclaré le chef de l’Aqmi dans l’enregistrement dont l’authenticité ne pouvait être vérifiée à  ce stade. « Depuis l’enlèvement de notre compatriote, les ravisseurs, en dépit des efforts des autorités françaises, ont refusé tout dialogue et n’ont formulé aucune revendication précise », a affirmé dimanche le ministère français des Affaires étrangères. Les ravisseurs de M. Germaneau avaient diffusé le 14 mai une photo o๠il paraissait très fatigué et un appel à  l’aide de l’otage au président français Nicolas Sarkozy. Le 12 juillet, M. Sarkozy avait a fait part de sa « brûlante inquiétude ». La veille, Aqmi avait publié un message à  l’attention de Paris dans lequel il menaçait de tuer le Français sous 15 jours si Paris ne répondait pas à  ses demandes. Dans la soirée, un responsable français sous couvert d’anonymat a affirmé à  l’AFP que Paris « avait la conviction » que Michel Germaneau « était mort depuis plusieurs semaines ». Londres avait refusé de céder aux exigences du groupe qui réclamait des Britanniques qu’ils oeuvrent à  la libération de plusieurs de ses membres prisonniers dans des pays du Sahel. Ces mêmes exigences ont été formulées par Aqmi – qui détient également deux otages espagnols – pour qu’elle épargne Michel Germaneau. Réunion d’un conseil de Défense et de sécurité Un « conseil restreint de défense et de sécurité » sur l’affaire de l’otage français Michel Germaneau doit se réunir lundi matin à  9h00, a indiqué l’Elysée. Ce conseil réunira autour du chef de l’Etat, le Premier ministre François Fillon, Brice Hortefeux (Intérieur), Bernard Kouchner (Affaires étrangères), Hervé Morin (Défense) ainsi que les directeurs des administrations concernées, a-t-on ajouté. Réactions « Si l’exécution (de Michel Germaneau) se confirme, mes deux sentiments sont la tristesse et la colère », a déclaré dimanche soir à  l’AFP Olivier Thomas, maire (PS) de Marcoussis, o๠habitait Michel Germaneau. « Mon premier sentiment est la tristesse, l’injustice. Ca tombe sur un homme qui se dévoue aux autres, qui se dévoue à  un continent entier », a déploré Olivier Thomas, pointant du doigt le « fanatisme religieux, quelle que soit la religion ». Seconde question du maire: « Comment? Qui a décidé que la France allait participer (à  un raid), alors que la vie d’un otage était en jeu? Comment cela a-t-il été géré, et comment en est-on arrivé là ? », a questionné Olivier Thomas Prisonnier d’un homme « violent et brutal » Michel Germaneau est apparemment détenu par une cellule de l’AQMI dirigée par l’Algérien Abdelhamid Abou Zeà¯d, décrit comme « violent et brutal ». En juin 2009, cet homme avait déjà  exécuté un otage britannique, Edwin Dyer, enlevé six mois auparavant. La Grande-Bretagne avait alors refusé de céder à  ses exigences d’oeuvrer à  la libération de plusieurs de ses sympathisants incarcérés dans plusieurs pays du Sahel. L’AQMI a formulé les mêmes exigences vis-à -vis de la France pour la libération de Michel Germaneau. Les ravisseurs de ce dernier refusent depuis la mi-juin de laisser parvenir à  l’otage, qui souffre d’une maladie cardiaque, les médicaments dont il a besoin, selon des sources sécuritaires au Mali. Un ancien otage de l’AQMI, le Français Pierre Camatte (voir plus loin), a décrit ses ravisseurs comme des « fanatiques » qui « disent que les musulmans de France ne sont pas de vrais musulmans, que ce sont eux qui détiennent la vérité et que leur objectif est d’islamiser le monde entier ». « Zeà¯d est vraiment violent. Ils nous a reproché de travailler pour les ‘blancs’ (Européens) qui ne sont (selon lui) que des impies », a rapporté un médiateur malien qui a eu l’occasion de discuter avec lui. Abou Zeà¯d, Hamadou Abid de son vrai nom, est connu de longue date des spécialistes du terrorisme. Issu de l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), il est réputé avoir toute la confiance d’Abdelmalek Droukdel, 39 ans, qui dirige l’AQMI depuis l’Algérie o๠il a répandu la stratégie de l’attentat-suicide et de la guerre urbaine.