Iyad Ag Ghaly : attrape-moi si tu peux

On l’avait dit un temps réfugié au Burkina Faso après la déroute des jihadistes au Nord Mali. Ensuite, Iyad Ag Ghaly, ex chef d’Ancar Dine, a été repéré dans le septentrion malien, o๠un an auparavant, il faisait régner la terreur dans les rues de Tombouctou, Gao et Kidal à  coups de cravache et d’amputations. A la faveur de la libération des otages d’Areva, Iyad aurait été l’un des négociateurs, ou en tout cas, un agent de liaison entre les autorités nigériennes et françaises, pour monnayer leur rançon puis leur libération. Iyad, fréquemment décrit comme un renard du désert, aurait plutôt l’art d’être un caméléon qui se fond aussi vite dans le désert qu’un scorpion sentant la menace venir. Il a tout simplement l’art de se cacher. Alors que la diplomatie Mali-Alger reprend du poil de la bête, les services secrets français auraient identifié l’homme en Algérie, plus précisément à  Tinzaouten, une localité proche de la frontière avec le Mali et qui face à  la région de l’Adrar des Ifoghas, o๠se trouve le village du même nom, Tinzaouatène. Etrange coà¯ncidence pour l’homme le plus recherché du désert et qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis près d’un an sur la liste des terroristes les plus recherchés du Sahel. Iyad qui navigue de mouvements en alliances étranges, fut un moment, l’un des interlocuteurs de l’ancien président déchu ATT, dans la négociation pour la libération d’otages. Ayant amassé un pactole sans précédents dans l’affaire Areva, il n’aura pas eu besoin comme certains ex chefs rebelles du nord de rentrer dans les rangs de la majorité présidentielle pour obtenir toute levée de poursuites internationales. Il y a fort à  parier qu’Iyad Ag Ghaly aimer ce statut de « WANTED » ou d’homme traqué jusqu’au fin fond du Sahel. Roublard, il aurait donc atterri chez ses amis algériens, considéré par eux comme un partenaire idéal. C’est surtout sa capacité de convaincre et de rallier des adversaires hésitants à  sa cause, qui est étonnante. C’est ainsi qu’il a séduit les rebelles du MNLA, pour une alliance de circonstance avant de se rapprocher du Mujao. Il connaà®t bien sûr le Sahel, mais surtout, Iyad est un homme aussi versatile que dangereux puisqu’il sait disparaà®tre et réapparaà®tre au mauvais moment.

Vidéo : Ansar Dine dévoile en images les prises de Kidal et Tessalit

Après la chute entre les mains des groupes armés des principales villes du nord du Mali, fin mars-début avril, on s’est demandé ce qui avait bien pu se passer sur le front. Les troupes républicaines ont elles réellement livré combat ou ont-elles, comme beaucoup le leur ont reproché, fui devant l’envahisseurs. Les hommes d’Ançar Dine qui ont combattu aux côtés du MNLA pour la prise,entre autres de Kidal, Tombouctou et Gao,ont publié le 11 juillet dernier les images de la vidéo ci-dessous intitulée « la conquête de l’Azawad arabe ».

Le retour des 150 prisonniers d’Ançar Dine

l’on pourrait dire que C’’est sur la pointe des pieds que sont rentrés à  Bamako les 150 citoyens maliens fait prisonniers par le Mouvement armés des Ançardine opérant dans le nord du Mali. En effet, lors de son offensive enclenché à  partir de mi janvier dans le nord du Mali, obligeant l’armée malienne à  replier, le Mouvement Ançardine a réussi à  faire des prisonniers dans le rang non seulement de l’armée malienne mais également des populations civiles. Selon nos dernières informations, le Mouvement armé a mis le grappin sur 160 soldats maliens. Ces derniers écopaient du coup le statut d’otage. Pour vérifier nos informations, nous avons joint le directeur général de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA), le Col Idrissa Traoré qui a confirmé l’information. Les 160 prisonniers de guerre sont donc libérés par Ançardine. Un acte de bonne foi et de grande portée humanitaire, à  tous points de vue, vient donc d’être posé par le Mouvement Islamiste qui règne en maitre absolu sur les trois régions du Nord Mali. Résultat d’une longue tractation Une source proche du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) précise que ce geste d’Ançardine est le fruit de longues tractations son institution et le Mouvement Ançardine. On se rappelle que le président de l’institution avait, au cours du meeting des confessions religieuses à  Bamako, invité Iyad Ag Aly à  «Â déposer incessamment les armes ». Serait-il entrain d’être entendu par le leader d’Ançardine qui a juré, main sur le C’œur, de mettre à  sac le principe de la laà¯cité consacré par la constitution du 25 février 1992. La délégation du HCIM, conduite par l’imam Yacouba Siby de la mosquée du vendredi de Banankabougou, a parcouru toutes les régions du nord pour obtenir un consensus auprès d’Ançardine. C’’est à  elle que les 160 éléments de l’armée malienne ont été remis à  Kidal et conduits sous bonne escorte jusqu’à  l’entrée de Sévaré. Selon des sources militaires, ces prisonniers de guerre ont été libérés sans contrepartie. Après avoir passé la journée de ce lundi à  Sévaré, ils ont été acheminés à  Bamako dans la nuit. A Bamako, leur remise fera l’objet d’une cérémonie officielle ce mardi. Ils seront ensuite officiellement accueillis au CICB o๠une réception est prévue.

Ançar Dine au temps des croisades saintes…

Le fondamentalisme religieux est entrain de gagner du terrain au Mali ». Ces propos d’une grande militante féministe prononcés en Août 2009 au Mali, précisément, au moment o๠le nouveau code de la famille avait été voté puis renvoyé en seconde lecture à  l’Assemblée nationale, trouvent tout leur écho dans la situation que vit Tombouctou, lnouvelle cité de la charia. Les adeptes de l’Islam radical en ont désormais fait leur capitale et ne comptent pas s’arrêter là Â… Trois ans plus tard, Tombouctou la cité culturelle, historique est devenue le fief des islamistes de tout bord. Les 333 saints doivent se retourner dans leur tombe, puisque la charia est de rigueur. Après avoir descendu le drapeau du MNLA, qui a pris Tombouctou le 31 Mars, les hommes d’Iyad Ag Ghaly, le chef du mouvement Ançar Dine ( serviteurs de Dieu ) ont pris le relais et planté leur drapeau à  la place du celui du MNLA : La charia et rien d’autre témoigne Oumar guide touristique, avec un brin d‘humour malgré la situation Sauf que les islamistes, ont déjà  commencé à  faire appliquer la charia dans la cité du désert. Une annonce à  la radio a été faite et toutes les femmes de Tombouctou se sont aussitôt voilées. La chose n’a pas dû être très difficile puisque les citoyennes de Tombouxtou s’habillent en dampè et se recouvrent la tête par habitude. Par ailleurs, l’alcool, et même la musique sont interdites dans la ville Dans la ville, les hommes d’Ançar Dine ont aussi rencontré quelques imams de la ville. Pour les convaincre de leur idéologie. La guerre sainte Pour s’assurer du bien fondé de leur mission, les hommes d’Ançar Dine se sont faits accompagner de leaders d’Al Qaeda au Maghreb Islamique, AQMI, qui fait la loi dans la bande sahélo-saharienne. Face à  ces mouvances, la population de Tombouctou a-t-elle le choix ? De jeunes voleurs ont même été arrêtés, d’autres pour avoir pillé l’EDM de Tombouctou en profitant du pillage orchestré par la prise de la ville. Pour peu, on leur aurait coupé la main… Ançar Dine, qui ne partage pas les revendications indépendantistes du MNLA, tend à  instaurer une loi rigoureuse comme l’exprime Iyad Ag Ghaly los d’un réunion publique de l‘association des jeunes musulmans de Tombouctou : Alors que le MNLA, retranché aux abords de la ville, près de l’aéroport, cherche une nouvelle voie, Ançar Dine ne compte pas s’arrêter là . A Bamako, le mouvement du même nom, dirigé par le prêcheur Ousmane Madani Haidara, affirme n’avori aucun lien avec la branche d’Iyad Ag Ghaly. La crainte demeure pourtant chez la population de voir s’imposer les idées d’Ançar Dine à  Bamako. Si le MNLA a clairement affirmé vouloir le contrôle des régions du Nord, Ançar Dine compte bien répandre son message à  tout le Mali. Le temps des croisades est revenu.

Nord Mali : A quoi joue Ançar Dine ?

Depuis quelques jours, le mouvement Ançar Dine (Défenseur de l’Islam en arabe ) fait parler de lui. Avec pour objectif d’instaurer la Charia au Mali, il a à  sa tête Iyad Ag Ghali, un ancien rebelle des années 90, et ex membre de l’administration malienne. Revendiquant à  travers une vidéo diffusée sur Internet, sa participation aux attaques d’Aguel Hoc, en janvier, le groupe armé va jusqu’ à  prétendre avoir  des liens avec le Mouvement Ansardine du prêcheur et guide spirituel Ousmane Madani Chérif Haidara. En réponse, Haidara, a tenu à  rappeler qu’il n’existe aucun rapport, ni de près, ni de loin avec le groupe islamiste aujourd’hui très contesté crée par Iyad Ag Ghali.

Lors de traditionnelle rencontre avec la presse à  la suite du Maouloud dernier, le prêcheur avait aussi laissé entendre qu’aucun membre de son association n’oserait prendre les armes contre sa patrie. Par ailleurs, un membre du Haut Conseil Islamique du Mali, dont on connaît la position tranchée pour une application rigoureuse de la loi musulmane au Mali, aurait affirmé à  l’AFP, avoir été contacté par le groupe Ançar Dine. Objectif de ces derniers : « Instaurer la charia par la lutte armée ». De là  à  cautionner les idéaux du mouvement Ançar Dine, il y a un pas.… Démenti du MNLA Ançar Dine va encore plus loin dans sa stratégie de communication et affirme contrôler le nord-est du Mali, aux côtés des rebelles : « Grâce à  Dieu, nous avons sous notre contrôle, l’Adrar des Iforas (nord-est). Nos soldats de Dieu occupent et contrôlent Tinzawaten, Tessalit, Aguelhok, et nous aurons bientôt d’autres victoires », indique le mouvement dans un communiqué récent. De con côté, le MNLA, qui cherche l’indépendance du territoire Azawad, prétend, ne pas tout à  fait avoir les mêmes objectifs, même si l’ennemi est le même : « Le MNLA veut « une République, mais aujourd’hui, les autres (Ançar Dine) veulent la charia. On n’est pas d’accord et si c’est comme ça, chacun prendra sa route ».

Ançar Dine s’inscrit malgré tout aux côtés des rebelles du MNLA, en semant la confusion dans les esprits : « Quiconque n’est pas d’accord avec nous doit quitter nos terres », le mouvement qui affirme qu’il va « bientôt libérer au moins 110 prisonniers civils et militaires arrêtés dans tout le nord du Mali ». Le MNLA, rappelle alors à  qui veut l’entendre que : «Â  Ansar Edine n’est pas fortuit. Cette association crée en 1983 à  Bamako et qui compte les non moins bien célèbres « salafistes » Cherif Ousmane Haidara et Mohamed Dicko tous deux bien connus pour avoir planifié la mort du code de la famille au Mali et déclaré publiquement leur engagement politique à  influer les résultats des élections présidentielles à  venir au Mali ont certainement trouvé des oreilles attentives pour oeuvrer dans le même sens sur le territoire de l’Azawad espérant que l’effet domino qui consiste à  perturber les élections présidentielles en se positionnant comme recours ultime en tant que médiateurs tout en permettant au président Amadou Toumani Touré de garder la main en fin de mandat sur l’avenir du pays sous quelque forme que ce soit. » Avec pour objectif d’appliquer la charia au Mali, le mouvement Ançar Dine, n’est pas très loin des revendications d’AQMI en voulant s’inscrire dans la logique de conquête du MNLA sur près de 2/3 du territoire national, de Léré à  Tessalit.

Si l’on déplore la faiblesse de l’armée malienne face à  ses ennemis sur le terrain, on assiste à  une fragmentation de la rébellion, depuis ses origines jusqu’à  nos jours, où chacun, prend les armes pour réclamer un combat personnel. A quoi joue Iyad Ag Ghali ? Est-il vraiment pour une application de la charia au Mali, où fait-il le jeu du pouvoir qui a accusé AQMI de combattre aux côtés de la rébellion ? Brouiller les pistes Ces déclarations de part et d’autre attestent en tout cas une volonté de brouiller les pistes sur la situation au nord du Mali. Pour le citoyen lambda, qui ne saisit pas la réalité géographique du conflit armée au nord du pays, les enjeux de cette crise sont véritablement plus complexes qu’‘un simple retour de la rébellion.…Mais sur le terrain, ce sont des maliens qui sont tués chaque jour et des milliers de personnes déplacés de leurs habitations. C’’est sans doute pourquoi les femmes de Kati sont à  nouveau sorties ce lundi 19 Mars à  Bamako pour réclamer à  ATT, le retour de leurs soldats du nord. Mais le nord doit-il être laissé à  lui-même? Ou aux mains des rebelles, des islamistes, des djihadistes de tout genre ou tout simplement de trafiquants d’armes venus de Libye et de bandits armés animés par la volonté de semer le trouble ? La réunion du Conseil de paix et de sécurité (CSP) de l’Union Africaine qui s’est ouverte ce matin à  Bamako va-t-elle apporter une autre réponse à  cette crise ? C’’est quand même l’intégrité territoriale du Mali qui est en jeu !