Journée nationale de la police : Pour des unités plus professionnelles

C’est devant un public conquis que plusieurs unités spécialisées de la police malienne ont procéder à des démonstrations. C’était à l’occasion de la journée nationale de la police célébrée ce 4 octobre 2018 dans la cour de l’Ecole Nationale de la Police, sise à N’Tomikorobougou. Une occasion de souligner la nécessité des efforts de restructuration.

Sous la présidence du président de la République M. Ibrahim Boubacar Kéïta plusieurs personnalités ont assisté à la présentation des différentes unités de la police nationale et de leurs missions, ainsi que des autres forces de défense et de sécurité présentes actuellement dans notre pays.

Parmi les « fiertés » de la police nationale, constituée de plusieurs unités, il y a l’une des plus récentes, la Brigade Spéciale d’Intervention (BSI), créé en 2016 et « constituée uniquement de policiers ». Né dans le contexte sécuritaire actuel, elle intervient notamment lors des cas de prises d’otage ou des situations « d’éventuelles menaces ».  Pour ces interventions, elle dispose d’un robot capable de détecter un colis suspect et de l’isoler afin qu’il soit neutralisé. Des moyens modernes destinés à s’adapter au contexte et contribuant aussi à l’efficacité des interventions.

Le public a également assisté à une démonstration du Groupement Mobile de Sécurité qui dispose désormais d’un véhicule anti émeute. Capable  de lancer des jets d’eau et muni de caméras. Son but est d’appuyer les équipes de maintien de l’ordre dans le cadre de leurs missions.

Crée en 1962, le Groupement Mobile de Sécurité (GMS) est chargé de la sécurité routière et assure aussi « le jalonnement », les escortes et les patrouilles d’interpellation dans le cadre de la sécurité routière.

La police nationale au service de l’unité

Rappelant le contexte de création de la police nationale, qui a vu le jour le 4 octobre 1960 avec le départ du « dernier directeur de la sûreté du Soudan français le  Commissaire Divisionnaire Morette Elysee, qui « passa le témoin à l’Officier de Police malien Mahamane Touré », le Directeur Général de la Police nationale, Moussa Ag Infahi a souligné que cette célébration est « un moment de communion entre la police et la population ». « Police Nationale, creuset de l’unité nationale ; Une région, un quota », c’est le thème de cette troisième édition. Il se justifie, selon le Directeur Général par la volonté du ministère de la Sécurité et de la protection civile de donner la chance à chaque malien, de toutes les régions de pouvoir postuler au recrutement, afin que la police nationale soit le reflet du peuple dans sa diversité géographique et démographique, gage de l’unité nationale et de la cohésion sociale.

Des défis à relever

S’il a salué les efforts des autorités pour l’amélioration des conditions de travail de la police qui compte poursuivre sa « restructuration » et « la professionnalisation des ressources humaines », le Directeur Général de la police a rappelé que face à la recrudescence des délits et crimes contre les particuliers, notamment les atteintes aux mœurs, qui traduisent la dégradation des valeurs sociétales, les efforts de la police  ne sauraient suffire sans « une réponse éducative depuis la cellule familiale, suivie par la société et encadrée par les pouvoirs publics ».

Le président de la République a souligné que d’importants efforts ont été consentis et continueront de l’être en vue d’assurer aux forces de défense « la compétence et l’entraînement » nécessaires à l’accomplissement de leurs missions. Sans occulter les difficultés, il a salué le professionnalisme et l’engagement de ces forces.

S’ils sont « fiers » de leur police, les citoyens attendent beaucoup de ces forces chargées d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. « Il ya trop d’insécurité et les bandits sont de plus en plus audacieux », témoigne Bakary Touré, étudiant venu assister à la cérémonie.

Sécurité : la police marque son territoire

Les quartiers populaires et périphériques de Bamako font l’objet d’une surveillance accrue. Depuis l’attentat présumé de la rue Princesse et la découverte d’une cache d’armes à  Samanko quartier proche de Sébénikoro, lieu de résidence du Chef de l’Etat, les contrôles de police sont récurrents dans la capitale malienne. Nous avons profité du week-end pour suivre des éléments des forces de sécurité. Combinaison bleue-marine bien enfilée, fusil semi-automatique en bandoulière, béret cassé à  gauche, menottes accrochées sur le ceinturon, les éléments du GMS sont répartis en équipes positionnées aux différents points d’entrée de la capitale. Concomitamment des équipes mobiles patrouillent en ville. Contrôle d’identité, vérification des pièces automobiles et particulièrement du permis de conduire et fouille systématique des coffres des véhicules sont au programme des hommes du GMS. Patrouilles renforcées Entre Sébénikoro, Kanadjiguila, Samaya et Samanko, difficile de passer entre les mailles des filets des hommes en bleu. Un chef de poste nous a gentiment lancé « nous espérons que les malfrats ne se déguisent pas en journalistes pour commettre leurs forfaits », suffisant alors pour échanger avec cet officier qui veille sur le respect des automobilistes. « Nous faisons notre travail pour la quiétude des populations et non parce que le Président IBK habite à  Sébénikoro. Une équipe de militaires faisait le même travail non loin d’ici mais avec le retour de la paix, la hiérarchie militaire a jugé utile de la supprimer pour apaiser tout le monde mais avec les armes découvertes cette semaine, l’Etat se doit des gages aux populations d’o๠notre présence. Nous ne réclamons de l’argent à  personne, nous procédons à  des contrôles selon des consignes précises et tout suspect sera mis en garde à  vue. Imaginez ce qu’il adviendrait du Mali si de présumés terroristes s’attaquent à  ICRISAT ou au centre de formation du corps américain de la paix qui se trouvent à  5 kilomètres de Bamako. Au prix de notre vie, nous ferons du Mali une forteresse ». Parole d’officier. Le sentiment de la population Du côté des automobilistes, les habitants de Sébénikoro, Kanadjiguila, Samaya et Samanko affirment être partagées par la satisfaction de voir une présence quotidienne des forces de sécurité et des contrôles répétitifs parfois dérangeants. « Je suis gérant d’une quincaillerie à  Boulkassoumbougou et souvent je rentre tard ce qui fait que les policiers peuvent me contrôler plusieurs fois sur le même tronçon. Quand je sors de chez moi pour aller à  l’alimentation, je suis contrôlé idem à  l’aube quand je reviens de la mosquée » explique Soumahoro Satigui. Pour madame Nouhoum, « C’’est plus compliqué pour mes camarades et moi. Nous habitons à  Sibiribougou et en tant que femmes voilées, le contrôle se fait avec beaucoup d’interrogations. Les policiers veulent se rassurer qu’un homme ne se cache pas sous le voile dans une 4*4 remplie de femmes laissant à  peine les yeux apparaitre ». Un tour entre Magnambougou et Sikorodji et là , les éléments du GMS chargés du contrôle ressemblent à  des missionnaires de retour d’une zone désertique. La poussière rougeâtre de la latérite couvre même les cils de leurs paupières. Ils tiennent bon et tentent de placer la peur dans le camp d’en face. Qui incarne ce camp ? Seuls les résultats de l’opération en cours pourront répondre à  cette question.

Affrontements entre policiers, les populations en ont assez!

Dans la nuit de jeudi à  vendredi, des policiers membres de deux syndicats se sont livrés à  de violents heurts dans le camp du Groupement mobile de sécurité (GMS), dans le quartier N’Tomikorobougou à  Bamako. Quatre blessés, bilan non confirmé Ces affrontements ont duré deux heures et ont été marqués par de nombreux tirs. « Nous étions à  l’intérieur du GMS pour mettre sur pied une nouvelle section syndicale de la police quand les policiers de l’autre syndicat qui ont eu des promotions (…) ont commencé par tirer sur nous. Il y a eu quatre blessés par balle dans nos rang », a déclaré à  l’AFP le sergent Jean Ambroise Samaké, membre du syndicat des policiers mécontents des promotions. Drissa Samaké dit Roger, du syndicat accusé d’être proche des putschistes, a de son côté affirmé à  l’AFP que l’organisation adverse est à  l’origine des heurts. Il a démenti les quatre blessés par balles évoqués: « Ce qui est arrivé est de leur faute. Ils ont aussi tiré, ce sont des aigris ». Aucune information de source indépendante n’est disponible sur le bilan de ces heurts. D’après une autre source policière, trois des responsables du syndicat des « anti-promotions » craignant des « représailles » se sont rendus dans les locaux d’une représentation diplomatique non identifiée. Parmi eux, figurerait Jean Ambroise Samaké. Ras le bol des populations Après les affrontements de cette nuit, des habitants du quartier de N’Tomikorobougou, jeunes, femmes et vieux sont sortis massivement pour protester contre les policiers. Ils ont encerclé le Groupement Mobile de Sécurité (GMS), avant de faire un sit in. Ce vendredi, ils entendent revenir devant le camp, car ils disent en avoir assez de ces coups de fusil de policiers, alors que ces derniers devaient au contraire assurer leur sécurité et leur quiétude. Certains leur ont demandé d’aller au front sécuriser les villes au lieu de rester dans une querelle inutile. Il faut signaler que c’est toujours le problème de promotion exceptionnelle qui est le fond de cette crise au niveau de la police. Une situation que les autorités n’ont jusqu’ici pas réussi à  g*régler de manière définitive. Des heurts avaient éclaté le 26 septembre 2012 à  Bamako entre des policiers promus et d’autres qui ne l’avaient pas été, faisant deux blessés, dont un par balle, selon le bilan du gouvernement. Les promotions avaient ensuite été annulées par le président par intérim, Dioncounda Traoré. En novembre 2012, la police avait été de nouveau secouée par « l’enlèvement » de quatre policiers dont une femme, qui ont été séquestrés au GMS puis relâchés le lendemain à  la suite d’une médiation d’une organisation musulmane. Après ces violences, des policiers avaient manifesté le même mois pour réclamer de meilleures conditions de travail.

Affrontements entre policiers : la révolte des déflatés

Tout est parti de la promotion à  titre exceptionnel de certains fonctionnaires de la police. De sources concordantes, plus d’une centaine de policiers ont été gradés à  l’occasion du 52è anniversaire de l’accession du Mali à  l’indépendance, le 22 septembre dernier. Ces policiers gradés ne sont autres que les éléments du bureau syndical dirigé par Siméon Keita, devenu commissaire principal alors qu’auparavant il était adjudant. Il s’agit surtout de policiers ayant participé au coup d’Etat du 22 mars 2012 à  coté de la junte militaire dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Le hic est que certains policiers se disent trahis par Siméon Keita. D’autres affirment qu’il est inacceptable que certains fonctionnaires de police soient favorisés par le pouvoir au détriment de ceux qui ont effectué plus de 8 ans de service sans être gradés. « Après 8 ans, je suis toujours sergent alors que certains sergents stagiaires se retrouvent avec le grade d’inspecteurs de police. C’’est inacceptable! », peste un fonctionnaire de police en colère. Pour beaucoup, Siméon Keita a mené un combat personnel. Comment l’affrontement s’est déroulé ? C’’est vers 6 heures 30 du matin, après le rassemblement sous le drapeau qu’un groupe de policiers s’est dirigé vers le bureau syndical pour demander l’annulation des nominations spéciales accordées à  certains de leurs camarades. Ce qui a provoqué l’ire des policiers concernés(gradés) qui ont riposté par le feu. La même source nous indique que deux policiers sont tombés sous les balles. Selon des informations que nous n’avons pu vérifier, parmi les blessés, figure le policier Mohamed Keita, fils de Falaye Keita, Contrôleur général de la police. Il aurait succombé à  ses blessures. Cette information a ensuite été démentie par Siméon Keita secrétaire général du bureau syndical de la police. Joint par téléphone, il affirme qu’aucun blessé n’ a été enregistré. « Des mesures ont seulement été prises pour éviter que certaines personnes mal intentionnés de s’attaquer à  la police » explique –t-il. Son argumentaire contredit par la cellule de la communication du ministère de la sécurité intérieure et de la protection civile, qui à  travers un communiqué de presse confirme pourtant que la promotion à  titre exceptionnel de certains fonctionnaires de police à  des grades supérieurs a fait l’objet de contestation au sein de la famille policière. Selon le même communiqué, les coups de feu entendus au niveau du camp du Groupement Mobile de sécurité (GMS), sis au quartier de N’Tomikorobougou de la capitale, sont liés à  cette mesure de promotion à  titre exceptionnel. « Les incidents au GMS ont fait deux blessés dont un par balle perdue ». Appel au calme En réaction, le Ministre de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile a déclaré que tout était mis en œuvre pour un retour rapide à  un climat serein et cordial au sein de la corporation policière. Le Ministre invite également l’ensemble des fonctionnaires de police au calme et prévient les uns et les autres qu’aucune atteinte à  la discipline ne sera tolérée. Vers 10h, lors de notre passage au GMS un calme régnait mais les militaires du comité de suivi et réforme de l’armée étaient déployés pour sécuriser les lieux. A rappeler que depuis la démilitarisation de la police, C’’est la deuxième fois qu’il procède à  des nominations spéciales. La première fut celle d’un policier qui a arrêté à  Gao, le terroriste tunisien évadé de la prison centrale de Bamako. Celui-ci a été gradé. A Noter le conseil des ministres de ce mercredi a été reporté à  demain, car les policiers auraient refusé de faire l’échelonnement pour le passage du cortège présidentiel.