Vidéo: Blé Goudé devant le juge

Charles Blé Goudé, proche de laurent Gbagbo et leader de la Jeunesse Patriotique de Côte d’Ivoire avait été arrêté au Ghana après un an et demi de cavale. C’est menotté qu’il a été présenté au juge d’instruction ce lundi 21 janvier à  Abidjan, quelques heures après son extradition. Il est poursuivi pour crimes de guerre commis lors de la crise post-électorale de 2011.

Fin de cavale pour Blé Goudé

Il avait fui son pays, quelques heures après la chute de son mentor, l`ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, dont il était l’un des plus farouches partisans. Réfugié au Ghana, il faisait régulièrement parler de lui par ses sorties sur la situation post-crise et la gestion du nouveau pouvoir dans son pays. Charles Blé Goudé, surnommé le « général de la rue » pour son énorme capacité de mobilisation, a été arrêté jeudi à  Accra, la capitale ghanéenne. Il y vivait en exil depuis plus d`un an et demi et était recherché par la justice ivoirienne. Un nouveau coup pour le clan Gbagbo Il a été arrêté vers 8 h 00 GMT « par huit policiers en civil ghanéens et ivoiriens et forcé à  monter dans une voiture », a dit Toussaint Alain, ancien porte-parole à  Paris de Laurent Gbagbo, interrogé par Reuters. « Nous sommes profondément inquiets, parce qu’il est au Ghana en tant que réfugié politique. Nous craignons une demande d’extradition », a-t-il ajouté. Il se trouverait pour l’instant au Bureau national d`investigations (BNI, police ghanéenne), a déclaré à  l`AFP Lia Bi Douayoua, un porte-parole du collectif des exilés pro-Gbagbo dans la capitale du Ghana, joint par téléphone depuis Abidjan. L’arrestation de l’un des hommes les plus puissants de l’entourage de Laurent Gbagbo marque une nouvelle étape pour la Côte d’Ivoire, aujourd’hui en pleine réconciliation. Richard Kodjo, porte-parole du Front populaire ivoirien (FPI), parti de l`ex-président Gbagbo, a indiqué que le FPI cherchait à  connaà®tre les motifs de cette arrestation. « Je suis prêt à  aller à  la CPI Charles Blé Goudé est visé par un mandat d`arrêt de la justice ivoirienne pour son implication dans la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui s`est conclue par la chute de l`ancien chef de l`Etat et a fait environ 3.000 morts. Son arrestation intervient après celle de Justin Koné Katinan, ancien porte-parole de Laurent Gbagbo, interpellé le 24 août 2012 à  Accra. Il a passé plusieurs semaines en prison avant d`être libéré sous caution, et attend d`être fixé sur une éventuelle extradition. Régulièrement cité comme l`un de ceux qui pourraient être ciblés par la Cour pénale internationale (CPI), il s`était dit prêt à  comparaà®tre devant la Cour, dans un entretien avec l`AFP en juin 2012. « Je suis prêt à  aller à  la CPI parce que je ne me reproche rien », avait-il déclaré. Sous sanctions de l`ONU depuis 2006 (gel des avoirs, interdiction de voyager), il sillonnait l`Afrique de l`Ouest dans sa cavale et passait notamment du temps au Ghana, lieu d`exil de milliers de pro-Gbagbo depuis la fin de la crise de 2010-2011.

CPJEP, le parti de Blé Goudé!

Il s’appelle Congrès panafricain des jeunes et des Patriotes et est l’émanation du Congrès panafricain des Jeunes et des Patriotes (Cojep), mouvement initié par Charles Blé Goudé. C’est au Baron bar de Yopougon qu’il a été porté sur les fonds baptismaux les 16 et 17 décembre 2012. Quelques jours auparavant, les 12 et 13 décembre, les responsables du Congrès panafricain des Jeunes et des Patriotes (Cojep), avaient tenu leur 1er congrès extraordinaire dans un endroit tenu secret. Au cours de cette rencontre, les réflexions ont essentiellement porté sur les mutations qu’impose le contexte politique en Côte-d’Ivoire. D’importantes décisions sont sorties de ce congrès, avec pour principal objectif de faire revenir leur mouvement sur le devant de la scène politique ivoirienne. Ainsi donc, le Cojep, Congrès panafricain des jeunes et des Patriotes, devient Congrès panafricain pour la Justice et l’égalité des Peuples, et passe de son statut de groupe de pression à  celui de mouvement politique. En tant qu’association, les jeunes patriotes n’avaient pas la possibilité de participer directement à  la gestion de la chose publique. Désormais, le CPJEP pourra s’asseoir à  la table des formations politiques de l’opposition significative au régime d’Alassane Ouattara. Blé Goudé, président En outre, «le Congrès extraordinaire réuni les 12 et 13 décembre 2012 à  Abidjan décide de renouveler sa confiance au camarade Charles Blé Goudé (CBG), pour diriger le mouvement, agir en son nom et préserver son image partout ou besoin se fera sentir, et ceci en conformité avec la nouvelle nature, la nouvelle ligne et les objectifs nouveaux du Cpjep». Le congrès extraordinaire a également prié le bureau politique «d’entreprendre toutes les démarches utiles afin de nouer tous les contacts nécessaires pour un partenariat et une alliance entre le Cojep et tout mouvement et ou groupement politique défendant les mêmes valeurs». Des structures spécialisées avec pour missions de dynamiser le Cojep ont été mises en place. Il s’agit de l’Union des Femmes du Cojep (l’Ufcojep), la Cellule des enseignants du Cojep (Cecojep). «l’école du Cojep» a également été créée. Elle a pour mission de donner aux militants et responsables les rudiments politiques conformes à  sa vision idéologique. Deux motions spéciales de soutien au président Laurent Gbagbo, et «aux camarades Youan bi Angénor, Yavo martial et a tous les prisonniers Cojep», et une motion de soutien aux prisonniers et aux exilés ont été lues par le congrès extraordinaire.

Revoici Blé Goudé !

C’’est par le biais d’un communiqué que Charles Blé Goudé, homme fort du régime Gbagbo, contraint à  l’exil par la chute de son mentor s’est adressé à  l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara. Depuis l’endroit o๠il se cache depuis avril 2011(beaucoup penchent pour le Ghana voisin), il appelle Alassane Ouattara à  poser des actes allant dans le sens d’une réelle réconciliation des ivoiriens. Comme par exemple, l’intégration des ex-militaires favorables à  Laurent Gbagbo dans l’armée ivoirienne. Les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, armée loyaliste, composées en grande partie d’ex-rebelles, sont de plus en plus pointées du doigt par les organisations de défense des droits de l’homme. Elles sont accusées de nombreux abus et débordements dont le dernier date de quelques jours seulement à  Vavoua et Sikensi. Dans le communiqué rendu public ce 28 décembre, il dénonce une « atmosphère politique délétère », lourde de « menaces » du fait notamment des agissements répétés des militaires des Forces républicaines (FRCI), qui « se signalent chaque jour par des exactions ». Par ailleurs, évoquant les dernières législatives, Blé Goudé affrime que la « faible » participation « rend l’Assemblée nationale peu représentative » et « remet sur la table la nécessité d’un dialogue sincère et franc entre le pouvoir et l’opposition ». « Ouattara doit abandonner le « triomphalisme » » Recherché par la justice ivoirienne pour entre autres des détournements de fonds publics, et très probablement par la CPI, Charles Blé Goudé s’exprime régulièrement depuis son exil secret. Ne bénéficiant pas du statut de réfugié politique dans le pays, quel qu’il soit, o๠il se cache, Blé Goudé n’est pas tenu par l’interdiction d’agir sur la scène politique de son pays. Il entend donc ne pas se faire oublié et surtout jouer le rôle de « réconciliateur ». Ainsi, chacune de ses interventions va dans le sens de la reconstruction du pays et de cette réconciliation vers laquelle les ivoiriens tendent depuis la fin des violences politiques qui ont suivi le scrutin contesté de fin 2010. Le régime du président Alassane Ouattara doit, selon lui, abandonner tout « triomphalisme » et lancer de véritables « consultations avec l’opposition politique d’une part et les forces militaires d’autre part, afin de créer un climat de confiance qui aboutirait à  un nouveau consensus national ».

Des diplomates annoncent la mort de Blé Goudé

«On n’entendra plus jamais parler de Charles Blé Goudé.» Cette confidence d’un colonel ouest-africain, en poste à  l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), sonne comme une messe de requiem pour le leader des Jeunes patriotes, fidèle parmi les fidèles de Laurent Gbagbo. Le «général de la rue», tombé entre les mains des Forces pro-Ouattara après l’arrestation de Gbagbo le 11 avril 2011, aurait été torturé à  mort et enterré dans un lieu tenu secret. Une information confirmée par un diplomate de l’Onuci qui a requis l’anonymat: «Dès qu’il est tombé entre leurs mains, les FRCI [Forces républicaines de Côte d’Ivoire, ndlr] se sont particulièrement acharnées sur lui. Ils l’ont littéralement massacré.» Ces révélations corroborent les rumeurs insistantes et inquiétantes qui avaient circulé au sujet de Blé Goudé après la chute de son mentor. l’on avait noté alors un cafouillage en règle dans le camp des pro-Ouattara. Patrick Achi, porte-parole du gouvernement, avait déclaré à  la presse que Blé Goudé avait été «appréhendé» et qu’il se trouvait en «résidence surveillée», mais il s’était rétracté peu après. Alain Toussaint, conseiller de Laurent Gbagbo à  Paris, avait déclaré après sa capture: «Charles Blé Goudé est entre la vie et la mort.» «Il a été arrêté par l’Onuci et cette dernière l’a remis aux forces d’Alassane Ouattara», avait-t-il déclaré à  Reuters à  Paris. Si cette mort venait à  être confirmée, elle n’étonnerait pas grand monde. Charles Blé Goudé était depuis longtemps une cible et ne se déplaçait qu’avec une armada de gardes du corps. D’autres farouches partisans de Gbagbo, dont on n’aurait pas donné cher de la peau, ont pu eux échapper à  la vindicte des FRCI. C’’est le cas notamment du général Bruno Dogbo Blé, chef de la garde républicaine dont les troupes sont accusées d’avoir commis plusieurs exactions sur les populations civiles, et notamment le meurtre de six femmes après une marche de partisans d’Alassane Ouattara. De même, le chef des miliciens pro-Gbagbo «Maguy-le-tocard», capturé par des éléments du «commando invisible» d’Ibrahim Coulibaly, avait eu la vie sauve. Syndicaliste et tribun de choc Né le 1er janvier 1972 à  Niagbrahio, dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé était une des figures de proue de l’ancien régime. Après avoir obtenu son baccalauréat en 1991, il entre à  l’Université d’Abidjan o๠il milite activement à  la fameuse Fédération des étudiants et scolaires de Côte d’Ivoire (Fesci), matrice syndicale de bon nombre de leaders ivoiriens dont un certain… Guillaume Soro aujourd’hui Premier ministre d’Alassane Ouattara. Très entreprenant, Blé Goudé occupe des postes à  différents niveaux. En 1996, il devient le Secrétaire national à  l’organisation au bureau national, et en 1998 succède à  Soro en tant que Secrétaire général de la Fesci pour un mandat de deux ans. Adepte des méthodes musclées, il «règne» par la terreur à  la Fesci en introduisant les machettes dans le campus universitaire. Après l’insurrection militaire nordiste du 19 septembre 2002, il fonde l’Alliance des jeunes patriotes pour le sursaut national. Une organisation nationaliste qui sera le fer de lance des manifestations anti-françaises qui feront plusieurs dizaines de morts. «Si c’est gâté, à  chacun son blanc», avait-il lancé à  ses jeunes partisans. Tribun hors pair, Blé Goudé était devenu un des piliers du régime. Le «général de la rue», avec ses petites phrases choc, pouvait faire descendre dans la rue des milliers de partisans de Gbagbo chauffés à  blanc par ses discours incendiaires.

Blé Goudé, proche de Gbagbo, serait entre la vie et la mort

Le gouvernement ivoirien, qui avait dans la journée confirmé des informations de médias français évoquant l`arrestation de Blé Goudé, s`était ensuite rétracté. Dans un message adressé à  Reuters, un porte-parole du gouvernement du président Ouattara avait déclaré à  propos de l`arrestation: « Ce n`est pas confirmé. Nous ne savons pas. » Selon Toussaint Alain, conseiller de Gbagbo, « Charles Blé Goudé est entre la vie et la mort ». « Il a été arrêté jeudi par l`Onuci (la force des Nations unies en Côte d`Ivoire, ndlr) » et cette dernière l`a remis aux forces d`Alassane Ouattara, a-t-il déclaré à  Reuters à  Paris. De source militaire au sein du nouveau gouvernement ivoirien, on a déclaré à  Reuters que Blé Goudé s`était rendu de lui-même aux casques bleus jeudi. Un porte-parole de l`Onu en Côte d`Ivoire a déclaré que Blé Goudé n`était pas aux mains de l`Onuci. « Nous ne savons rien au sujet de Blé Goudé. Nous ne détenons personne. Cela ne fait pas partie de notre mandat », a dit ce porte-parole. Selon Toussain Alain, « Charles Blé Goudé a été torturé, maltraité, et les coups ont touché des organes vitaux. » « Nous lançons un message au CICR pour qu`il soit pris en charge en tant que prisonnier de guerre », a-t-il ajouté. « C`est une question d`heures. » Blé Goudé, qui se présentait comme « le général de la jeunesse », est accusé d`avoir incité de jeunes Ivoiriens à  attaquer des civils, des étrangers et des soldats de l`Onuci. Dans le dernier gouvernement de Gbagbo, ce tribun détenait le portefeuille de la Jeunesse. Il faisait partie des personnalités de l`entourage de Laurent Gbagbo visées par des sanctions de l`Union européenne et des Nations unies. Gbagbo a été arrêté lundi à  Abidjan dans sa résidence de Cocody, quatre mois après le second tour de l`élection présidentielle dont il contestait le résultat. REUTERS – Samedi 16 avril 2011

Les hommes de Gbagbo

Ces dernières semaines, les FDS (Forces de défense et de sécurité) fidèles à  Laurent Gbagbo comptaient 55 000 hommes. Aujourd’hui, le président sortant peut s’appuyer sur un noyau dur de 5000 hommes, issus de ces FDS, et d’autres troupes d’élites militaires. A sa résidence particulière de Cocody, l’agence AFP avance le chiffre de 200 partisans assurant sa sécurité. En parallèle, plusieurs alliés, autorisés à  parler à  la presse, diffusent la parole du président retranché dans son bunker. Alain Toussaint, la « voix de Gbagbo » Proche conseiller en poste à  Paris, Alain Toussaint peut être considéré par les pro-Ouattara comme la « voix de la propagande » du camp Gbagbo. Aucune information sur sa biographie n’est disponible sur la Toile, mais il laisse en revanche son numéro de téléphone à  qui veut bien l’entendre. [Il explique ce vendredi qu’il est un ancien journaliste, travaillant avec des universitaires notamment européens, au service de Laurent Gbagbo depuis 2001, et président d’une Fondation de Sciences Politiques à  Abidjan.] Car en effet, depuis l’offensive éclair du camp Ouattara, s’il n’est pas en mesure de riposter par les armes, le camp Gbagbo réplique par les mots. La cible est toute trouvée: la France. Le 4 avril, la force française Licorne était considérée comme « une armée d’occupation en dehors de tout mandat » de l’ONU. La rébellion pro-Ouattara, c’est une « coalition de mercenaires et de soldats européens et américains (qui) bénéficient de l’appui logistique, du renseignement de la force Licorne », ajoutait-il. Le même jour, alors qu’il fustigeait ainsi les forces armées françaises, il assurait aux citoyens français sur place une totale sécurité. Le 6 avril, Alain Toussaint condamnait des « actes illégaux », « des actes de guerre ». « La finalité de cette action, c’est l’assassinat du président Gbagbo », avait-il déclaré. Ce jeudi, le conseiller de Laurent Gbagbo nie avoir tenté de négocier avec l’ONU et la France la reddition du président sortant: « Tout cela n’est que supputation, il n’y a d’ailleurs aucun général militaire impliqué dans une quelconque tentative de négociation », comme l’avait récemment fait entendre Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères français, indique-t-il. Il ajoute: « Les seules possibilités de dialogue que nous [le camp Gbagbo] accepterons, c’est l’arrêt immédiat et total des hostilités, ainsi qu’une discussion à  propos des issues politiques de la crise, par l’intermédiaire de personnalités civiles, en présence d’Alassane Ouattara et sous l’égide de l’ONU. Rien d’autre. » Réclamant il y a peu le départ de Côte d’Ivoire des Nations Unies, le camp Gbagbo aurait donc changé d’avis: « L’ONU doit aujourd’hui jouer son vrai rôle de force impartiale, et cela se fera avec le concours de la Russie, de l’Angola, de la Chine et de l’Union africaine. » Et si le camp Ouattara refuse? « On avisera ». Ahoua Don Mello, le « technicien » Originaire de Bongouanou, au nord d’Abidjan, Ahoua Don Mello est un « technicien doublé d’un politique ». SelonJeuneafrique.com, il a obtenu un diplôme d’ingénieur à  l’à‰cole nationale supérieure des travaux publics (ENSTP) de Yamoussoukro en 1982, avant de poursuivre ses études à  Paris, o๠il a milité au FPI (parti de Laurent Gbagbo). De retour au pays, et après avoir tenté de créer sa propre formation politique- La Renaissance -, il est revenu au FPI, o๠il a pris le poste de président du comité de contrôle, devenant l’un des promoteurs du nationalisme économique ivoirien. Directeur général du BNETD (Bureau national d’études techniques et de développement), il a entrepris, lors de son passage au sein des institutions ivoiriennes, le transfert des institutions à  Yamoussoukro, le prolongement de l’autoroute du nord vers Singrobo, et la construction du quatrième pont d’Abidjan. Aujourd’hui, il est le ministre de l’Equipement et porte-parole du gouvernement Gbagbo. Ce mercredi, alors que des négociations entre la France et le camp Gbagbo étaient engagées selon l’ONU, Ahoua Don Mello affirmait que le président sortant n’en était pas « pour le moment » à  envisager une reddition. Il a ajouté que Laurent Gbagbo « s’interroge: pourquoi cette attaque alors qu’il attendait le haut représentant de l’Union africaine pour des négociations » qui avaient été proposées du 4 au 6 avril à  Addis Abeba. Le lendemain, il annoncait que l’assaut lancé par les combattants pro-Ouattara « est une tentative d’assassinat du président Gbagbo ». Il a accusé la force française Licorne d’avoir fourni « un appui aérien et terrestre », ce qu’a démenti Paris. Charles Blé Goudé, le « ministre de la rue » Charles Blé Goudé est le chef des des Jeunes Patriotes armés par le camp de Laurent Gbagbo. C’est lui qui est en charge de mobiliser la jeunesse quand le président sortant sent qu’il perd la main sur le terrain. Le 21 mars dernier, il mobilisait une foule de jeunes Ivoiriens, venus s’enroler dans les forces pro-Gbagbo. « Ministre de la rue « , de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Charles Blé Goudé organise, depuis l’offensive éclair des pro-Ouattara, la résistance dans les rues d’Abidjan. Souvent, c’est à  ses forces que sont imputés les tirs isolés que l’on peut entendre en fin de journée, lorsque les tirs à  l’arme lourde cessent. Le journal Le Monde soupçonne ces Jeunes Patriotes d’être également à  l’origine de pillages. « Il n’y aura pas de guerre civile », avait-il martelé le 27 mars devant une foule de sympathisants. Voyant que ses paroles sont restées veines, il n’était plus apparu sur la chaà®ne de la RTI depuis le début de la semaine. Mais ce dimanche, il a redonné de la voix: « Non, je ne suis pas un fuyard. Charles Blé Goudé est bel et bien là  o๠il doit être. » Présent, Charles Blé Goudé l’a toujours été, et ce depuis le début de la crise ivoirienne en 2002, année o๠il rentre en Côte d’Ivoire, après des études en Angleterre. Ancien de la Fesci (syndicat nationaliste étudiant), il organise en 2004 plusieurs actions violentes contre la présence française sur le sol ivoirien. Il est condamné par l’ONU en 2006, interdit de voyager, et ses avoirs sont gelés. « Devenu depuis quelques années, selon des diplomates américains, un homme d’affaires très prospère, avec des intérêts conséquents dans des hôtels et des boà®tes de nuit en Côte d’Ivoire », Charles Blé Goudé faisait profil bas avant novembre 2010. Aujourd’hui, il fait parti des derniers soutiens de Laurent Gbagbo à  Abidjan. Philippe Mangou, « l’hésitant » Philippe Mangou est, parmi les soutiens de Laurent Gbagbo, le plus fragile de tous. Approché par Guillaume Soro le 25 mars, il a évité de peu le blâme, et a refusé de mettre l’armée à  la disposition d’Alassane Ouattara, comme le demandait son Premier ministre. Le 30 mars, sa résidence étant la cible de tirs, il s’est réfugié à  l’ambassade d’Afrique du Sud, donnant à  penser qu’il faisait défection. Quelques jours plus tard, il réintégrait le commandemant des armées de Laurent Gabgbo. Donnant l’image d’un chef d’Etat-major indécis – alors qu’il semble avoir toujours fait preuve deloyauté envers le président sortant -, mais conscient des enjeux sur le terrain pour la population civile, c’est lui qui a, ce mardi, demandé un cessez-le-feu. Le 3 avril, jour de son retour dans les forces armées, Alain Toussaint lui témoignait toute sa confiance sur Facebook: « Le Général Philippe Mangou de retour à  la maison. En novembre 2004, à  Yamoussoukro, j’ai été le témoin privilégié de ton engagement pour ta patrie lors de l’opération « Dignité ». Com’ théâtre puis Cema, tu n’as jamais trahi. Merci, merci, merci Philippe. » Comme si du fait de son accent hésitant, il lui fallait une deuxième conscience pour lui rappeler dans quel camp il se trouve. Car si le chef d’Etat-major des armées venait à  réellement faire défection, Laurent Gbagbo perdrait au final le peu de crédibilité militaire qu’il lui reste. La débâcle militaire ne serait alors plus évitable. Les autres soutiens de Laurent Gbagbo Laurent Gbagbo peut compter sur des personnalités françaises, une « garde blanche » surprenante dont L’Express faisait une galerie de portrait en janvier dernier. Et sur d’autres personnalités ivoiriennes. Parmi elles, le journal Le Monde note Mamadou Ben Soumahoro, ex-journaliste et « l’un des rares fidèles encore présents à  Abidjan »; et Augustin Mian, secrétaire général de la Fesci, qui veut désormais lancer un appel « à  tous ceux qui sont sur les fronts à  respecter la vie des civils, des étrangers, et des ressortissants français. » La RTI, un autre relais du « Gbagboland » La télévision d’Etat ivoirienne contrôlée par le président sortant Laurent Gbagbo, qui résiste avec acharnement dans ses derniers bastions d’Abidjan aux troupes de son rival Alassane Ouattara, diffusait dimanche de violents messages contre la France. « Le génocide rwandais se prépare en Côte d’Ivoire par les hommes (du président français Nicolas) Sarkozy. Ivoiriennes, Ivoiriens, sortons massivement et occupons les rues », lançait un bandeau défilant. La suite ici.

Côte d’Ivoire: Tout risque de se mélanger encore…

Des manifestations à  haut risque à  partir de samedi Charles Blé Goudé disait vouloir donner une chance à  la diplomatie en reportant la manifestation d’hier. Selon le ministre de la Jeunesse, il s’agissait de faire un geste de bonne volonté à  l’égard de la Cedeao, tout en préservant des vies humaines, car des informations persistantes laissaient entendre que des partisans du RHDP voulaient infiltrer la manifestation pour semer la mort et la désolation. Ce geste de bonne volonté n’a pas été salué à  sa juste valeur par le RHDP qui y a vu une reculade. Est-ce cela qui explique que 24 heures après le départ des médiateurs, le ministre de la Jeunesse ait décidé de mettre à  nouveau la pression, en projetant une série de manifestations à  hauts risques à  partir du Samedi 1er Janvier 2011 pour libérer l’hôtel du Golf ? Cela signifie-t-il que le ministre Blé Goudé ne croit pas en la Cedeao et ne veut plus donner de chance à  la diplomatie ? Les échos de la médiation ne sont-ils pas positifs ? La rumeur selon laquelle Laurent Gbagbo aurait admis le principe de son départ est-elle fondée à  la lumière de l’offensive que compte lancer Charles Blé Goudé ? Déjà  des observateurs craignent le pire et une grave escalade à  partir de Samedi. s’inspirant de l’action spontanée des patriotes à  Yopougon, qui ont mis en déroute une vingtaine de casques bleus, puis de celui de ceux qui hier ont poussé l’Onuci à  rebrousser chemin hier à  Abobo, Charles Blé Goudé compte aller les mains nues devant l’Onuci à  l’Hôtel du golf, pour mettre fin à  l’imposture et capturer Guillaume Soro . Cela pourrait déclencher une série d’actions et de réactions. Réponse du berger à  la bergère Le RHDP ayant voulu libérer la RTI et la Primature, les partisans de Laurent Gbagbo comptent à  leur tour libérer l’hôtel du Golf. Les mains nues….. A coup sûr, malgré le blocus qui pèse sur eux, les personnalités installées dans l’enclave de l’hôtel du Golf constituent un os dans la gorge de la République, et sont le symbole de ce que la situation n’est pas normale ? Si chacun des responsables du RHDP rentre chez lui, et que les uns et les autres doivent se réunir régulièrement pour mener la fronde contre Laurent Gbagbo, ce sera plus difficile, que d’être rassemblé dans un hôtel, malgré la précarité de la situation. Les partisans de Ouattara annoncent déjà  qu’ils envisagent se joindre aux patriotes pour non pas libérer l’hôtel du Golf, mais plutôt protéger ses pensionnaires. Même si l’entourage de Blé Goudé raille déjà  ces profiteurs de marches, qui attendant toujours que les autres prennent des initiatives pour s’y inviter, ne faut-il pas craindre une série de nouvelles violences à  partir de Samedi prochain, avec des risques d’affrontement direct entre patriotes et Onuci d’une part, et d’autre part entre FDS et Casques bleus. Avec les mains nues, on peut créer autant de grabuges et de dégâts que les mains armées. Dire que tout risque de se mélanger à  partir de Samedi ne veut pas dire qu’on fait du catastrophisme. A moins que Charles Blé Goudé ait choisi de mettre juste la pression, et d’effrayer le RHDP en leur faisant passer un mauvais 31 Décembre, d’autant plus que le Samedi 1er Janvier 2011, marque la date anniversaire d’Alassane Ouattara. Qui veut la paix prépare la guerre, dit l’adage. Ne s’agit-il donc de se mettre en alerte pour éviter de se faire surprendre par l’adversaire qui donne de la voix et dément que l’option militaire a été abandonnée ? Toutes les hypothèses restent possibles ! Cette situation signifie clairement que de part et d’autre, tout en campant sur leurs positions respectives, le camp Gbagbo et le camp Ouattara commencent à  en avoir marre. Et voici que l’année 2011 va nous trouver dans la crise. Dieu nous prête longue et veille sur les uns et les autres.