Baba Ahmed, d’Associated Press, lauréat du Gramling Award

Baba Ahmed est connu du terrain au Mali. Correspondant de Jeune Afrique à  Bamako, il est également celui de l’Associated Press au Mali. Volontaire et courageux, à  26 ans, Baba Ahmed a plusieurs fois durant la crise malienne, sillonné ce nord d’o๠il est originaire pour couvrir la guerre, rencontrer les populations locales, les autorités, parfois les rebelles et même un certain chef djihadiste borgne qu’il croisa sur une plage à  Gao. Conscient des risques, Baba Ahmed ne recule devant aucune hésitation pour faire son travail de journaliste. C’est sans doute pour cela que l’agence Associated Press lui a décerné ce prix. Du reste, le jeune journaliste ne se repose pas sur ses lauriers et a déjà  recommencé à  bourlinguer. Entretien. Journaldumali.com : Vous venez de décrocher le Gramling Award, à  New York qui récompense un journaliste de l’AP ? Baba Ahmed : Effectivement, l’annonce des Lauréats a été faite depuis le mois d’août, mais la remise de prix a eu lieu le 23 octobre dernier à  New York, au siège de l’agence de presse Associated Press (AP). Je vais juste préciser qu’en terme d’audience dans le monde, AP est la plus grande agence de presse au Monde. Cette année, il y avait avec 7 autres lauréats qui ont aussi gagné le Gramling Award dans différentes domaines bien sûr. Journaldumali.com : Quelle est la spécificité de ce prix ? Baba Ahmed : En plus d’être un prix d’excellence, ce prix porte le nom de Oliver S. Gramling qui était un grand journaliste et cadre majeur au sein d’Associated Press. Après sa mort, il a légué tous ses biens à  l’agence. Le Gramling Award est donc un concours annuel d’AP qui récompense les journalistes en interne, qui se sont distingués par leur travail, et leur innovation dans le domaine de la presse durant l’année écoulée. Journaldumali.com : Vous êtes plutôt un journaliste de terrain, au Mali, parlez-nous de votre travail au quotidien ? Baba Ahmed : La plupart des journalistes dans le monde sont de terrain. Quant à  moi, il y a deux choses que je fais pour couvrir l’actualité malienne. Lorsque je suis à  Bamako, je passe plus de temps à  me déplacer pour rencontrer ceux qui font l’actualité à  l’international ou au téléphone pour savoir ce qui se passe à  l’intérieur du Mali. Quand je me déplace à  l’intérieur du pays, j’essaie de rencontrer le maximum d’habitants du grand nord, mais aussi, les leaders locaux, et les autorités militaires pour collecter des infos. C’est cela mon quotidien… Journaldumali.Com : Les derniers évènements, la crise puis la guerre au Mali, ont constitué une vraie matière pour les journalistes d’agence, partagez-vous ce constat ? Baba Ahmed : Qu’ils soient au Mali, ou dans un autre pays, lorsqu’il y a des conflits ou des crises, les journalistes sont toujours appelés à  faire la couverture médiatique des évènements pour informer sur ce qui se passe. Pour les agence de presse, Associated Press (AP) avait trois équipes pour couvrir la guerre au Mali : une équipe rédactionnelle composée de 3 personnes, une autre photo composée de deux personnes et une team télévision de deux personnes. Toutes ces équipes étaient partagées entre Bamako, Gao, et Tombouctou o๠moi-même J’étais détaché pour assurer une couverture médiatique de la crise malienne. Cela nous a permis d’éviter beaucoup d’erreurs que certains de nos concurrents ont commis. Je pourrai vous citer en exemple, le supposé « corps à  corps » entre les djihadistes et les soldats français à  Diabaly, alors qu’il n’y avait ni djihadistes ni soldats français ou maliens dans cette ville au moment o๠l’information était donnée. Ce qui a entraà®né une certaine forme de désinformation. Journaldumali.Com : comment envisagez-vous votre métier de journaliste dans l’avenir ? Baba Ahmed : Pour le moment, je compte faire ce travail avec passion et engagement. On verra bien ce que l’avenir nous réserve. Un dernier mot ? Baba Ahmed : Je voudrais dédier ce prix à  toute la presse malienne et prouver à  à  tous ceux qui pensent que la presse malienne n’est pas capable de produire de journalistes qui font correctement leur métier, qu’ils ont tort.