Le Vieux Kasse Mady sur les pas de son père

Oumar Kasse Mady Diabaté est un jeune griot d’une vingtaine d’années, fils de Kasse Mady, l’un des griots hors pair du Mandé et de la sous-région. Ce jeune décide de suivre les traces du vieux. Il joue ce vendredi 14 septembre 2018 au Café des arts.

Oumar Kasse Mady Diabaté dit Le Vieux Kasse Mady, est le fils de Kasse Mady et de Djonta Diabaté. Benjamin de la famille, il est originaire de Kela, un village malinké. Outre le célèbre disparu Kasse Mady, l’une des plus grandes cantatrices de son époque, Siramory Diabaté, est aussi de Kela.

Le jeune Diabaté s’est retrouvé sur scène grâce à Faty Kouyaté, après une année de collaboration, en 2012, lorsqu’elle l’invite à prendre part à un concert, en septembre, au Palais de la culture de Bamako. « Tout ému et inquiet, j’ai approché mon père Kasse Mady. Il n’a ménagé aucun effort et m’a envoyé chez l’un de ses jeunes frères Madou Diabaté ». Il multipliera les répétitions avec son oncle et signera ainsi son entrée dans la musique.

Bien accompagné Convaincu du talent de son neveu, Madou Diabaté décida d’accompagner Le Vieux Kasse Mady, dans sa jeune carrière d’artiste. De nos jours, il anime des cérémonies de mariage et de baptême, ainsi que des concerts. « La musique, elle est complexe. C’est de l’amusement à travers lequel on donne aux gens la joie de vivre et des conseils à la fois », lui répétait son père, Kasse Mady Diabaté.

En plus de Le Vieux Kasse Mady, d’autres membres de la famille évoluent dans la musiquer, Awa Kasse Mady, Madou Kasse Mady et Amy Kasse Mady Diabaté. Le benjamin de la famille retient de son illustre père l’image d’un homme pour qui la musique était une passion, un don, un héritage et qui a su tout supporter jusqu’à la fin de ces jours. « En tant que père et conseiller, il ne cessait de me dire d’être toujours tolérant et patient dans la vie », dit Le Vieux. Marqué par la perte de son père, le jeune artiste prévoit de lui dédier un single intitulé « Sabali ». De 2012 à nos jours, Le Vieux Kassr Mady a enregistré six chansons, dont Dakan, Muso, Bi Mogoya et Joyeux Anniversaire.

Décidé de suivre les traces familiales, Le Vieux Kasse Mady donne rendez-vous à ses fans pour un concert le vendredi 14 septembre 2018, au Café des Arts. Un évènement initié par Mbaye Boubacar Diarra, pour permettre aux artistes de se faire découvrir et dénommé « Talent des jeunes ».

Kassé Mady Diabaté : Yiriba bina

Décédé le 24 mai à 69 ans, Kassé Mady Diabaté était devenu une star au Mali grâce au titre Laban Joro de son premier album solo, Fodé, lancé en 1988. Cet artiste à la voix inimitable avait suivi le parcours de nombre de griots « modernes » maliens.

L’enfant de Kélà, village malinké emblématique, avait intégré l’orchestre local de Kangaba dès 1970, avant de rejoindre l’Ensemble instrumental national, d’être coopté quelque temps par les ex « Cubains » de Las Maravillas del Mali et d’intégrer  l’orchestre Badema national en 1976.

Kassé Mady, c’était une grande voix et en même temps un artiste curieux et partageur prêt à toutes les « fusions ». De Taj Mahal à Toumani Diabaté, de Cheick Tidiane Seck à Bassékou Kouyaté, de Vincent Ségal à Ballaké Sissoko, des musiciens flamenco de Ketama à Djelimady Tounkara, il n’a jamais refusé aucune expérience musicale, son timbre reconnaissable entre tous étant adaptable à l’infini.

Cet homme humble et discret, peu adepte de la « griotitude » des mariages, baptêmes et autres évènements lucratifs, était pourtant une véritable star, un vrai « grand arbre » du Mandé. En plus de cinq décennies de pratique, il a « distribué son art », donnant par exemple des « master class » improvisées à l’Haïtien James Germain, qu’il considérait comme un fils à qui transmettre son savoir.

Comme il le disait lui-même lors d’une interview au journal français Télérama, à l’occasion de l’un de ses rares déplacements à l’étranger, « j’ai joué de la musique acoustique, électrifiée, cubaine ; j’ai chanté avec un rappeur et des rockeurs brésiliens [Rivière noire]. Mais, au fond, je n’ai jamais bougé mes lignes et je suis resté fidèle aux rythmes et modes anciens ». C’était un vrai djéli, un as de la science métaphorique mandingue, un orfèvre des mots. C’est une vraie « voix d’or », et le terme n’est pas galvaudé dans le cas d’espèce, qui vient de « tomber ».

Gargaci Mairiga : « Etre griot et gagner sa vie, c’est possible ! « 

Etre griot et gagner sa vie, C’’est possible, déclare Gargaci Mairiga, la trentaine bien révolue qui n’est nullement un apprenti, encore moins un parvenu dans le monde du griotisme. Ce travail là , je l’ai appris de mes parents. Je suis le griot du Lamido. Mon grand-père et mon père ont fait ça jusqu’à  moi-même. Cette longue et riche expérience qu’il a su tisser dans ce domaine au fil des ans lui a d’ailleurs valu un nom de star que seuls ses fans connaissent mieux que quiconque: On m’appelle Régional. Partout o๠il y a des cérémonies ou des réunions, je suis là -bas. Le griotisme : une tradition africaine Gargaci Mairiga est donc un artiste d’un autre genre que tout le monde aimerait voir prester, de toutes les façons, que vous le vouliez ou pas, ce ne sont pas les lieux et les cérémonies qui manquent pour ses prestations. Quand il y a des cérémonies, des mariages, des baptêmes, je suis là -bas. D’ailleurs comme dans la musique moderne, les rythmes ici sont diversifiés: Il y a le Gargaci, le Algueta, le Paré, le Djaodjé, le Banga et le Conciré. Plus ces rythmes sont diversifiés, plus les adeptes s’y plaisent et plus aussi, les revenus du griot sont énormes. Il y a des mariages o๠on donne 10 000, parfois 20 000 jusqu’à  100 000 ou 200 000 Fcfa. Etre griot et gagner dignement sa vie est donc vraiment possible. Les griots, gardiens de l’héritage de la communauté qu’ils se transmettent de père en fils oralement (faute d’écriture) sont présents dans les principales circonstances, de la vie: circoncision, excision, mariage, funérailles, etc. La caste des griots est née puis s’est développée dans un contexte o๠n’existaient historiquement ni l’écriture (sauf pour les religieux), encore moins la radio ou la télévision. Le griot est ainsi considéré comme étant notamment le dépositaire de la tradition orale. Les familles griotiques sont spécialisées soit en histoire du pays et en généalogie, soit en art oratoire ou soit en pratique musicale. Les principaux groupes de griots ou communicateurs traditionnels sont appelés djéli en pays mandingue, guéwà«l en pays wolof et gawlo chez les Toucouleurs. On ne devient pas griot, on naà®t griot Par des liens particuliers. Le cas des djélis. Tout enfant est initié dès son plus jeune âge aux techniques et aux savoirs de sa caste. Ce sont les anciens qui forment les jeunes. àŠtre griot, c’est donc appartenir à  la caste des djélis (sang), caste qui peut être identifiée par le nom de famille: Kouyaté, Diabaté, Dramé, Niakaté, Soumano… Il n’est pas possible de passer d’une caste à  une autre. De plus, les mariages exogames sont interdits. Les djélis, porteurs des savoirs et des mystères, ne peuvent épouser que des membres de leur caste afin de sauvegarder la djéliya et de préserver l’identité des djélis. Un enfant (fille ou garçon), né(e) dans une famille de djéli, reçoit l’instruction propre à  sa caste, une instruction qui s’établit selon neuf paliers de sept années chacun, chaque pilier correspondant à  une étape de la vie. De nos jours, du fait de l’exode rural, de l’émigration et de la mondialisation, nombreux sont les enfants de griots qui ignorent tout des pratiques artistiques et des connaissances de leurs ancêtres. Par ailleurs, il est possible que des membres appartenant à  d’autres castes accomplissent des fonctions de griots mais ceux-là  ne peuvent être assimilés aux griots. Il en est ainsi de Salif Keà¯ta (descendant de Sundjata Keita, caste des rois). Les maà®tres de la parole: Les griots Le griot a de tout temps été considéré comme le détenteur de la parole, par conséquent la mémoire sociale du groupe. Il retient les faits et les événements importants de son temps mais aussi des temps passés, que ses pères lui ont confiés pour qu’il les restitue aux générations futures. C’est ainsi que, véritable professionnel de la parole, le griot veille à  leur bonne transmission. On fait appel à  lui lors des événements importants pendant lesquels il ne se fait pas prier pour reconstituer la généalogie d’une famille donnée au son de la kora ou d’un autre instrument de musique selon le type de société. Périodiquement, de grandes réunions à  caractère ésotérique rassemblent les griots initiés pour des récapitulations de l’histoire des peuples. Lors de ces cérémonies, les plus jeunes d’entre eux acquièrent de nouvelles connaissances. Les aà®nés leur présentent des sites sacrés, tombes ou anciens autels, leur apprennent les systèmes de décompte du temps pour chaque ethnie et les formes anciennes des langues qui permettent aux chefs des sous-groupes de se comprendre. D’autres agents qui interviennent dans la transmission de la tradition orale sont les conteurs qui ont toujours des messages à  véhiculer lors des veillées nocturnes, mais aussi les chanteurs qui puisent à  volonté dans le répertoire national. Un peu plus tard, on retrouvera ce rôle chez les écrivains africains, en effet la peinture de la société traditionnelle est très présente dans l’oeuvre d’un Senghor, d’un Birago Diop ou encore d’un Mamby Sidibé. Même si cette transmission n’est pas faite par le canal oral, elle mérite d’être citée car la finalité demeure, inculquer aux enfants les valeurs traditionnelles. Cependant, avant tout, les griots sont restés des maà®tres de la parole; ce sont eux qui font et défont les réputations, apaisent ou excitent l’ardeur des chefs, relatent et magnifient la naissance, l’apogée ou la chute d’un état, et font entrer dans la légende tel un brave ou en sortir tel un méchant guerrier. C’est pour cela que tant qu’existeront les traditions chez les Soninke, Mandingues et autres Peul, ces mots du célèbre griot Mamadou Kouyaté resteront d’actualité: Nous sommes des sacs à  paroles, nous sommes les sacs qui renferment des secrets plusieurs fois séculaires. L’Art de parler n’a pas de secret pour nous; sans nous les noms des rois tomberaient dans l’oubli, nous sommes la mémoire des hommes; par la parole nous donnons vie aux faits et gestes des rois devant les jeunes générations. Je tiens ma science de mon père Djeli Kedian qui la tient aussi de son père; l’Histoire n’a pas de mystère pour nous; nous enseignons au vulgaire ce que nous voulons bien lui enseigner, c’est nous qui détenons les clefs des douze portes du Manding…

Le véritable rôle du griot dans la société malienne

Sociologie d’un groupe endogame Les griots politiques appartenant à  une caste sont socialement autorisés à  interpréter en public un répertoire d’épopées et de poèmes de louanges. Souvent, ils sont également la mémoire généalogique des familles importantes selon les aires culturelles. On peut citer le plus célèbre d’entre eux, l’illustre Balla Fasséké Kouyaté, griot de l’empereur Soundjata Keita. Dans ces aires culturelles différentes, le plus grand groupe endogame auquel appartiennent les griots est désigné par le terme de . Parmi les , les diverses activités économiques ne se chevauchent pas. Par exemple, le forgeron (numu) travaille le métal et sculpte le bois, tandis qu’un maroquinier (garangè) ne travaille que le cuir. Un funè ou fina est mime et poète de louanges musulmans. Le griot est un artisan de la parole impliqué dans la médiation et la communication, à  la fois entre les individus et les groupes entre les personnes de l’ici-bas et celles de l’au-delà . Familles de griots De nombreuses familles exercent le métier de griot, dont les . Tous les membres d’une famille de griots ne font pas de représentations publiques, n’ayant pas le même talent ni les mêmes aptitudes Une formation longue Comme les familles de griots sont endogames, de nombreux griots ont grandi en écoutant les représentations de leurs parents ou de griots en visite. Au Mali, les enfants sont autorisés à  assister aux représentations publiques, et s’ils montrent un quelconque talent pour jouer d’un instrument ou pour chanter de la poésie, leurs familles les encouragent à  développer ce potentiel. Un jeune homme peut commencer à  jouer d’un instrument de musique tel le ngà²ni, sorte de banjo à  quatre cordes, ou bien le balan, un xylophone fait main, et s’il est talentueux, il peut devenir l’apprenti d’un parent en dehors de sa famille directe. Trois modes d’expression Les griots peuvent utiliser trois modes d’expression dans le cadre d’une représentation : la narration, la chanson et l’accompagnement musical. Un homme seul peut se vanter d’exercer les trois talents, déclamer, chanter et jouer mais un maà®tre chanteur peut aussi se contenter de déclamer la narration et interpréter éventuellement certaines des chansons comprises dans l’épopée. Les griots femmes (jeli-musu), qui habituellement ne narrent jamais les récits, peuvent chanter les chansons d’une épopée en solo ou en chœur avec d’autres femmes lorsqu’elles s’intercalent entre les phrases narrées par le maà®tre chanteur. Les rôles traditionnels du griot Comme tous les nyamakalaw, les griots participent aussi bien de la sphère sociale que de la sphère économique. Dans le système de croyances mandingue, la parole du griot est censée avoir non seulement un pouvoir de persuasion mais aussi un pouvoir occulte (nyama). C’est pourquoi une formule sera toujours récitée lorsqu’on gratifie le griot après sa performance : (éloigne le pouvoir occulte !). La gratification du griot est donc perçue comme nécessaire pour neutraliser le nyama. Ce processus donne au griot professionnel un moyen de subsistance. Le rôle traditionnel dévolu au griot implique sa maà®trise de la parole. En tant qu’artisan de la parole, il est un arbitre du passé et du présent, remplissant les fonctions d’historien et d’interprète/analyste de l’histoire de la nation, du groupe économique, du village et/ou de la famille  » hôte « , en fonction de ses propres rattachements. Une autre mission du griot consiste en la négociation et la préservation de coutumes et de valeurs sociales. Parce que les griots appartiennent à  une caste et parce toute fonction politique leur est interdite, ils sont libres d’exprimer publiquement leurs opinions sur les comportements sociaux sans pour autant avoir à  en subir de représailles. Rites et traditions Les griots interviennent également lors des principaux rites de passage mandingues, dans les mariages et dans les cérémonies islamiques d’attribution du nom. Ils y récitent des poèmes de louange et certains épisodes tirés de récits épiques. Ils ont un rôle important en tant que médiateurs officiels dans le cas de disputes entre groupes. En effet, ils arrivent à  établir une précieuse communication indirecte entre familles, entre personnes, ou entre des anciens qui se disputent au village. Ici aussi, puisqu’ils n’ont pas le droit d’occuper un poste politique, ils ont l’autorisation sociale de rendre un avis impartial sans être soupçonnés de le faire dans le but lucratif, même s’ils sont rémunérés pour leur peine. Cette médiation peut être indirecte dans le sens o๠tout au long des négociations, le griot rencontrera chaque groupe séparément, facilitant ainsi une résolution du conflit sans qu’il n’y ait de frictions inhérentes en face à  face. De nouveaux rôles, de nouvelles situations Le rôle des griots contemporains est complexes et parfois ambigu. Ils ont évolué avec la société. Des différences régionales existent par rapport à  ce que l’on attend des griots ou ce qui leur est permis. Depuis quelques années, les griots mandingues se produisent sur scène en Europe et aux à‰tats-Unis, chantant des compositions traditionnelles ou récentes et jouant de la kora, du ngà²ni et du balafon. Certains ont des résidences aussi bien en pays mandingue qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Aujourd’hui avec l’avènement de la démocratie, les griots participent pleinement à  l’amélioration du paysage politique au Mali, une manière de consolider à  la cohésion sociale et la paix durable en tant membre de a société civile selon Monsieur Ben Sherif Diabaté.

Habib Koité, le « griot » moderne de la musique malienne

Né au Sénégal, Habib Koité grandit dans la région de Kayes, réputé pour ses griots chanteurs d’origine Kahassonké. C’est là  qu’il apprend la musique auprès des siens. Avec une mère chanteuse et un père habile au Ngoni, la guitare traditionnelle, son avenir était déjà  tout tracé. Il suit donc les traces paternelles et s’essaye à  l’instrument à  six cordes qu’il maà®trisera très vite. Habib Koité possède aujourd’hui un toucher de guitare fluide et virtuose, une rythmique subtile qui accompagne ses chants emprunts de nostalgie, des textes qui célèbrent aussi cette Afrique qu’il aime tant et qu’il a dans le sang. Avec 5 albums à  son actif, Habib Koité a séduit les fans du monde entier. Afriki, le dernier album est un condensé de cet art musical, un message lancé à  l’Afrique, afin qu’elle se prenne en main et avance ! Rencontre à  Sébénikoro, chez lui ! Journaldumali.com : Habib, tu as fait le 17 octobre dernier un concert au Centre Culturel Français de Bamako et qui a affiché complet ? Habib Koité : Oui, ce concert a bien marché et la salle a affiché comble. Je venais tout juste d’une tournée en Europe et à  Taiwan. J’y ai joué des morceaux de mon album « Afriki » et le public a plutôt bien réagi. J’ai fait un solo de 30minutes sur scène et des morceaux avec mon groupe « Bamada » avec qui je tourne depuis des années. Journaldumali.com : Cet album Afriki, il marche bien depuis trois ans ? Habib Koité : : Oui ! Dieu merci et tellement bien que j’ai même peur qu’on me demande un autre album. Il est sorti en septembre 2007 et je me souviens d’avoir même fait une émission avec vous à  RFI. Deux ans se sont écoulés depuis et l’album a bien marché, malgré les problèmes de piraterie sur le marché du disque, je suis assez satisfait du résultat. Je ne parlerai pas de ventes, parce qu’ici, on ne vend pas au Mali. Mais ailleurs, à  l’extérieur, les tournées ont généré de l’argent; Journaldumali.com : Après cette tournée, quels sont les autres concerts prévus ? C’est ton retour sur scène à  Bamako Habib Koité : J’évolue beaucoup en Europe. Je n’appartiens pas à  un seul endroit même si je suis Malien et que je vis ici. Je repars bientôt. Ce n’est pas un retour au pays, je suis juste de passage chez moi pour revenir ensuite. Alors, je peux vous parler du concert que j’ai fait au stade Modibo Keita avec l’Unicef, pour le lavage des mains au savon, avec près de 10000 enfants. C’était assez mémorable comme moment. Journaldumali.com : Justement, parle-nous de ton engagement en tant qu’artiste ? Habib Koité : Ce concert était une opportunité pour sensibiliser grâce à  la musique sur le lavage des mains. Et l’Unicef m’a sollicité. C’est déjà  un bon début de se laver les mains, n’est-ce pas? Et on va continuer à  le faire dans les différentes langues du pays. Je fais aussi des campagnes pour le coton Malien, le riz du Mali, du Burkina par exemple. Journaldumali.com : Donc, Habib Koité a un champ ? Habib Koité : Oui ! Le problème, c’est qu’avec les tournées, je n’ai plus le temps de cultiver comme il faut (rires). Au début, je cultivais du haricot mais avec l’hivernage, je ne suis jamais là , et quand tu es loin, ce n’est pas facile de cultiver 5 hectares de loin. Alors, il faut envoyer de l’argent, faire contrôler le champ, les récoltes sans parler du conditionnement, des attaques des insectes etc… Il n’y a qu’une seule année o๠j’ai pu suivre mes récoltes, mais je ne désespère pas rires) Journaldumali.com : revenons à  la musique, on te considère comme l’un des ambassadeurs de la musique Malienne, comment collabores-tu avec d’autres musiciens Maliens ? Habib Koité : Disons qu’avec les tournées, on se voit rarement, mais de temps en temps on se croise sur les scènes européennes, avec Amadou et Mariam ou Rokia Traoré par exemple. Mais les tournées emmènent un artiste très loin, parfois juqu’à  l’autre bout du monde et cela fait partie de notre vie; Et c’est d’ailleurs comme cela qu’on rencontre un public franc qui apprécie votre musique ! Alors, oui je peux me considérer comme un ambassadeur de la musique Malienne aujourd’hui. Journaldumali.com : Puisque tu es au Mali, quels évènements t’ont touché dernièrement ? Que penses-tu du nouveau code de la famille ? Habib Koité : Beaucoup de choses me touchent. Pour cette histoire du code de la famille, je suis passé devant le stade du 26 Mars, le jour du fameux rassemblement des 50000 personnes et j’étais vraiment impressionné. Je pense que le président a bien fait de renvoyer le texte en seconde lecture, les gens ne sont pas prêts et cela prend du temps pour sensibiliser les mentalités au changement. Ce n’était pas le bon moment pour promulguer ce code tout simplement. Journaldumali.com : Habib Koité prépare t-il un nouvel album ? Quels sont les autres projets à  venir ? Habib Koité : Des concerts ! Alors on m’a demandé d’être l’ambassadeur du festival d’Essakane et du festival sur le Niger de Ségou. Par ailleurs, je vais chapeauter la grosse fête des Nuits Mandinques et aussi le nouveau festival sur le Pays Dogon, prévu du 26 au 31 décembre 2009 sur un très beau site. Je m’occupe aussi de petits shows avec les enfants, à  l’image des Balanis, et qui permettent d’occuper les enfants pendant les vacances; Voilà  un peu les projets prévus. En attendant de repartir en tournée. Mais pour l’album, je prends mon temps, je compose, j’écris, je joue la guitare. Concert Live d’Habib Koité avec le groupe Bamada

Nahawa Doumbia sacrée Reine des Tamani d’or 2009

Sa mère décèdera en couche. Elle est tout de suite rejetée par son père qui n’arrive pas à  se faire à  l’idée que sa femme soit morte. Celui-ci la voyant comme « une malédiction venue tout droit du ciel. » C’’est sa grand-mère maternelle qui se chargera de son éducation jusqu’à  sa maturité. La famille hostile à  une carrière musicale A ses débuts, la famille de Nahawa avait imposé un refus catégorique face à  sa passion pour la musique. Aucun membre de la famille n’étant chanteur, ni musicien. « Selon les dires de ma grand-mère, ma mère m’avait prédit un avenir brillant dans la musique, alors qu’il n’existe pas de griot dans ma famille. » Explique-t-elle. Cependant, son courage et sa perspicacité la mèneront loin, très loin même. Elle se cachait pour participer à  certains concours inter-quartiers. Elle se perfectionne petit à  petit au sein d’un groupe. Premiers pas dans l’univers musical En 1980, Nahawa participe clandestinement à  la biennale artistique et culturelle du Mali. Elle interprétera une chanson qu’elle a elle-même composée et, décrochera le prix du meilleur solo de chant de l’année. Nahawa est remarquée par le maestro Boncana Maiga qui deviendra son arrangeur et, elle sera produite Ibrahim Sylla, de Syllart production. C’’est grâce à  sa divine et mélodieuse voix, que Nahawa attire l’attention des professionnels de la chose pour la toute première fois. C’’est avec cette même chanson qu’elle postule au prix Découverte RFI. Elle remporte le prix en 1981. C’’est à  partir de ce moment précis, qu’elle se fera connaà®tre sur le plan international. En avant la tradition Nahawa met en exergue le Didadi (rythme musical de Ségou) et les rythmes du wassoulou (balafon, kamalé n’goni, guitares et percussions). En somme, sa musique est purement traditionnelle. Elle élabore elle-même ses textes malgré le fait qu’elle ne soit pas allée bien loin à  l’école. Elle tire son inspiration dans les faits de tous les jours. Dans tout ce qui l’entoure, les difficultés qu’elle a rencontré. Surtout quand on sait que la vie n’a pas toujours été gaie pour elle. « Je remercie vraiment le Bon Dieu pour le bonheur qu’il me procure aujourd’hui. Il ne faut jamais désespérer de la vie. J’ai échappé à  la mort depuis ma tendre enfance, C’’est pour cette raison que je suis devenue infirmière. Pour soigner et sauver des vies. », ajoute Nahawa au bord des larmes. Signalons qu’elle est infirmière à  ses heures perdues. Elle exerce son métier à  l’hôpital de Bougouni. C’’était son premier boulot d’ailleurs avant de baigner complètement dans la musique. Mère et fille Nahawa Doumbia est mère d’une fille âgée d’une trentaine d’années. Il s’agit de la chanteuse Doussou Bakayoko. Oui, Nahawa a initié sa fille à  l’art musical. C’’est son unique enfant qu’elle aime et chérit par-dessus tout. « Je fais le maximum, pour donner à  Doussou, ce que moi je n’ai pas eu la chance de vivre avec ma mère. », fait-elle tout sourire. D’ailleurs, Doussou chante parfois des chansons de sa mère. Et dans ces cas de figure, on a parfois de la peine à  distinguer leurs voix qui se ressemblent incroyablement. Discographie Son premier album intitulé ‘’Bougouni », sortira chez Syllart production. Il sera suivi de ‘’Mangoni », en 1993, toujours avec la même maison de production. En 1997, ‘’Yankaw », produit par Mali k7, est mis sur le marché. Et en 2000, son dernier album en date ‘’Yaala », produit par Mali k7, est dans les bacs. Nahawa Doumbia vient tout juste de remporter le Tamani d’Or de la Musique Malienne aux Trophées de la Musique Malienne 2009 et qui se sont tenus ce week-end à  l’Hôtel Laico Amitié de Bamako. Une vidéo de Nahawa Doumbia