Mariages et baptêmes : l’extravagance des rêveuses à son comble !

s’endetter pour paraà®tre unique le jour du mariage Pour paraà®tre incomparable le jour du mariage, nos sœurs n’hésitent pas à  bousiller les économies d’une année. Les mariages et les baptêmes sont des occasions pour étaler le symbole de la fortune et de la réussite. Le plus aberrant est qu’aucune femme dans la société malienne n’est épargnée par cette gabegie financière. Intellectuelles ou analphabètes, elles sont toutes prêtes à  balancer les billets de banques sur leurs laudateurs ou griots patentés. Les jeudis et dimanches sont des jours très prisés pour célébrer les mariages au Mali. Ces jours là , les boà®tes de nuit, restaurants et autres lieux ne désemplissent pas. Les familles des mariés ne lésinent pas sur les moyens pour marquer ce jour inoubliable dans la vie de leurs enfants. Pour la circonstance, des caméras et des appareils photos sont là  pour fixer ces images de bonheur pour la postérité. Comme d’habitude, les griots et autres maà®tres de la parole ne ratent pas l’occasion de tirer profit de ce dédale festif. Ils se répandent en éloges dithyrambiques sur le nouveau couple et les membres de leurs familles respectives. Et l’hémorragie financière des femmes provoque le vertige. Irrésistibles aux éloges des griots, ces femmes pour la plupart femmes du foyer distribuent des billets de banque, bijoux et autres objets de valeurs comme du petit pain aux miséreux. La parade des belles voitures Au-delà  de cette gabegie financière, les femmes font la parade des belles voitures louées à  des sommes faramineuses. Le nombre de berlines grosses cylindrées déterminent le niveau social des nouveaux mariés et le bonheur infini auquel ils veulent accéder. Hélas ! Une minorité de couples connaà®tront le nirvana durant leur vie conjugale. La difficile conjoncture économique du pays ne décourage pas ces rêveuses. Rokia Diallo a été la marraine d’un mariage et témoigne : « On a pas le choix pour ces dépenses, C’’est une obligation dans notre milieu, surtout si tu es choisie comme marraine, alors, toutes les femmes attendent quelque chose de toi. En bref, C’’est une question d’honneur ». Pour Aminata Ballo, il faut s’endetter pour paraà®tre « unique » le jour du mariage d’un parent. « Nous les femmes sommes nombreuses, à  l’approche du mariage ou du baptême à  emprunter les habits de fête et bijoux à  Bamako, aujourd’hui tout se loue à  l’heure. Les costumes, les robes, les grands boubous brodés, les chaussures, toutes sortes de parures, les sacs à  main sont mêmes proposés par des officines spécialisées, C’’est comme ça ! » Le mariage d’autrefois Jadis, les cérémonies sociales réunissaient un cercle relativement restreint de parents, de voisins et d’amis pour honorer les mariés (ou le nouveau-né). Le but était de resserrer les liens affectifs noués de longue date avec les organisateurs de l’événement. Aujourd’hui dès l’annonce d’une cérémonie ou même d’un décès, des personnes inconnues envahissent les lieux. Elles sont attirées par la notoriété ou la richesse de la famille en cause. Il existe dans notre capitale un univers de démesures. Une folie des grandeurs attisée par les louanges des griottes. Ces maà®tresses de la parole dopent la rivalité entre les donatrices. Mais comme dirait l’écrivain Seydou Badian Kouyaté, « Ce n’est pas le séjour d’un tronc d’arbre dans le marigot qui le transformera en crocodile » .