Avons-nous sous-estimé l’ennemi?

Bien sûr que non ! Depuis des mois et venant de partout, des mises en garde sur le risque de guerre larvée, de guerilla qu’entrainerait une intervention armée. C’’était d’ailleurs le principal argument de ceux qui prônaient la négociation, car, il fallait craindre l’ « afghanistanisation » du Mali. Attaques kamikazes, attentats, utilisations de mines… le scénario catastrophe est en train de devenir réalité. Des batailles mais pas encore la guerre Mais alors pourquoi semblons-nous surpris de la force et de la ténacité de l’adversaire ? C’’est vrai qu’après les voir vu « prendre la fuite sans combattre » lors de la montée des troupes maliennes et françaises vers le front, on pouvait se dire que finalement, les « djihadistes » (soldats de Dieu) n’étaient pas si déterminés que cela à  mourir pour leur cause. Ces derniers jours nous ont prouvé qu’ils n’ont fait que reculer pour mieux sauter, se préparant pour ce qu’ils savent bien faire et dont ils ont fait leur stratégie dans d’autres pays, ce que les médias internationaux et les stratèges militaires appellent « guerre asymétrique ». Selon l’encyclopédie en ligne Wikipédia, ce terme compliqué indique une « guerre qui oppose la force armée d’un à‰tat à  des combattants matériellement insignifiants, qui se servent des points faibles de l’adversaire pour parvenir à  leur but souvent politique ou religieux. Les guerres asymétriques englobent notamment le terrorisme ou la guérilla et se distinguent des guerres entre à‰tats ». C’’est exactement ce qui se passe au Mali depuis la mi-janvier avec la première attaque suicide de l’histoire du pays. Après les victoires éclairs des opérations Serval et MISMA, il semble que ce soit maintenant que la guerre a commencé. Avec des règles du jeu définies par les djihadistes. « Des combattants matériellement insignifiants » ? Pas si sûr ! s’ils ne sont pas aussi nombreux que les troupes franco-maliennes qui leur font la guerre, les « djihadistes » sont loin d’être « insignifiants ». En témoigne l’impressionnant arsenal qu’ils laissent derrière eux et qui prouve si besoin en était qu’ils détiennent une puissance de feu à  ne pas négliger. Des armes sophistiqués, dont certaines sont de génération récente et apparemment livrés il y à  peine deux ans aux rebelles libyens comme l’évoquait il y a peu un journal français. Les islamistes armés utiliseraient donc les mêmes armes, ou presque, que les militaires français ? Les combattants islamistes « ont les capacités d’une armée, la capacité de destruction d’une armée ». Ces mots, rapportés le 25 février dernier par l’AFP, sont ceux du Laurent Mariko, commandant de la zone de Gao. l’armée malienne a donc face à  elle un ennemi redoutable. Lourdement armés, les djihadistes emploient également de meurtrières techniques de harcèlement avec les engins explosifs improvisés (EEI), utilisées pour les attentats-suicide ou commandées depuis un téléphone portable. Plusieurs engins ont été déjà  été découverts, dont un lors de l’intrusion jeudi de djihadistes dans le centre de la ville de Gao. Comme l’a écrit un confrère du quotidien burkinabé Le Pays, au Mali, « l’ennemi n’est pas près de disparaà®tre, et la paix est loin d’être installée ». La guerre non seulement au Mali mais aussi dans les pays voisins et ceux qui sont impliqués dans l’opération de la MISMA. Des menaces d’attentats et aussi l’enlèvement de ressortissants français au Cameroun sont la preuve que le conflit malien tend à  s’internationaliser. Notre confrère burkinabé de poursuivre, « toutes les populations ouest-africaines sont donc condamnées, face à  de telles menaces, à  une véritable révolution mentale. l’histoire de l’humanité nous l’a suffisamment enseigné: on ne doit jamais discuter avec la haine, fût-elle religieuse; on la combat ». Mais même maintenant que nous connaissons l’ampleur de la menace, que nous avons une vision claire de ceux que nous avons en face, une question demeure que nous nous posons tous : au nom de quoi se battent et meurent donc ces hommes ? La religion justifie-t-elle vraiment à  elle seule un tel déchaà®nement de violence ?