Exploitation minière : l’économique contre le social ?

Les pays de la sous-région ouest africaine ont connu ce que l’on peut appeler un boum minier au cours des 20 dernières années. Si autrefois, l’or, en particulier, était une ressource connue et exploitée de manière traditionnelle, aujourd’hui, les ressources minières constituent de vrais pourvoyeurs de fonds pour les Etats. Du Sénégal au Nigéria, en passant par la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, aucun pays n’échappe aujourd’hui à  cette « fièvre ». Les exploitations se sont multipliées tant en terme d’unités industrielles que de carrières de plus petite taille o๠travaillent en général les orpailleurs traditionnels qui opèrent dans l’informel. Des couteaux à  double tranchant Il est indéniable que la manne financière reversée par les opérateurs miniers est la bienvenue dans les caisses de nos pays en voie de développement (15% du PIB environ en ce qui concerne le Mali). De nombreux projets de développement ont pu être réalisés grâce aux subsides récoltés par l’Etat et la plupart des opérateurs initient des actions pour améliorer les conditions de vie des populations sur les terroirs desquels elles s’installent. Cependant, force est également de reconnaà®tre que les exploitations minières sont source de nombreux impacts sur ces mêmes communautés et sur l’environnement. Pollution des terres et des eaux par les produits toxiques utilisés pour traiter le minerai extrait, dégradation durable des sols et de la biodiversité, impacts sur la santé humaine, autant de conséquences constatées quasi unanimement dans tous les pays qui abritent aujourd’hui des mines, industrielles ou traditionnelles, quelque soit la ressource qui y est prélevée. Le cas particulier des mines d’or a occupé le premier jour des échanges des journalistes participant à  un atelier sous-régional co-organisé par le Partenariat Ouest-Africain de l‘Eau (GWP-AO) et l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) à  Ouagadougou, Burkina Faso du 1er au 5 octobre 2012. Cette rencontre qui a pour thème « exploitation minière et protection de l’environnement et des ressources naturelles en Afrique de l’Ouest » est le 6ème d’une série de réunions de journalistes s’intéressant aux questions de protection de l’environnement et de développement durable. La présente session regroupe une quarantaine de femmes et hommes de média, venus de la sous-région (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Mali, Niger, Sénégal, Togo) auxquels se sont joints des parlementaires burkinabé et des experts. Durant les cinq jours de travaux, les journalistes seront informés sur les réalités du secteur minier et sur leur rôle de veille active pour que ces pourvoyeurs de richesses ne soient pas les fossoyeurs de « la nature et de l’homme ». Mieux gérer aujourd’hui pour assurer demain Les problèmes sont en effet nombreux. Aujourd’hui, il est rare de parler d’une mine sans évoquer les conséquences de son installation sur la vie sociale (abandon scolaire, dépravation des mœurs, conflits sociaux), économique (inflation, abandon de l’activité agricole), sanitaire (maladies liées à  la mine). De plus, et C’’est de loin le plus visible, l’impact négatif durable sur l’environnement est tel qu’il suscite de plus en plus d’inquiétudes chez les populations mais aussi et surtout des organisations de la société civile qui alertent sur les risques aujourd’hui et demain. Il est cependant impensable pour les pays d’abandonner l’exploitation de leurs sous-sols au nom de considérations sociales et/ou écologiques. Il est donc nécessaire de concilier, autant que faire se peut les intérêts économiques et la protection de l’homme et de son environnement. Les législations existantes, les enjeux de leur réelle application par les miniers et les Etats, l’éveil de conscience sur les tenants et les aboutissants de l’exploitation minière, surtout, sur la possibilité de faire les choses autrement tels sont les axes de réflexion des journalistes, parlementaires, experts et des représentants des sociétés minières. l’objectif avoué étant de donner à  chacun les outils pour agir afin de pérenniser les ressources mais aussi et surtout protéger le bien-être de l’humain au nom duquel nos Etats se sont lancés dans une « révolution minière » pour l’instant mal maà®trisée et qui laisse sur le carreau des millions de laissés-pour-compte.