Hamadoun Touré : « Cultiver les réflexes démocratiques »

Un cocktail de presse à  la Maison de la Presse du Mali, jeudi 10 Mai, C’’est la formule qu’a choisi Hamadoun Touré, le nouveau ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de transition pour rencontrer les acteurs de la presse malienne. «Â Cultiver le réflexe démocratique » Face aux rumeurs, intoxications et amalgames de toutes sortes, la presse dans son ensemble est ciblée pour le rôle qu’elle à  jouer dans la résolution de la crise malienne «Â D’autant plus, estime Hamadoun Touré, qu’une partie de ce que traverse le Mali, peut être mis en corrélation avec l’exercice plus ou moins transparent des médias ces dernières années. » Presse partisane, presse à  sensations, presse à  propagande, toutes les dérives existent dans le paysage médiatique malien. La crise que traverse le Mali représente donc une période particulièrement sensible : «Â Nous vivons une situation unique, nos valeurs, nos traditions, ce que nous avons de plus cher est malmené aujourd’hui », a souligné le ministre. Avant sa nomination au gouvernement, Hamadoun était porte-parole et directeur par intérim du Bureau de l’information publique de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). Il a toujours baigné dans le milieu : « La communication, les médias, C’’est-ce que je connais le mieux et C’’est pourquoi J’ai voulu vous rencontrer et vous transmettre deux choses : La première, C’’est de restaurer au plus vite l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national. Et la deuxième, C’’est d’avoir les réflexes démocratiques. » Pour l’ancien fonctionnaire des Nations-Unies, rompu à  la tâche de porte-parole, les réflexes démocratiques sont une autre obligation, presque un état d‘esprit à  cultiver pour chaque malien. Quels démocrates sommes-nous ? Comment intégrer une notion qui a été mise à  rude épreuve depuis un mois maintenant. Il n’a fallu que quelques heures aux putschistes pour renverser ce qu’ils ont appelé une «démocratie de façade» jeune de 20 ans. « Communication de crise » Pour son premier exercice de communication post-crise, Hamadoun Touré a fait une déclaration télévisée pour appeler la population malienne au calme après les évènements du 30 avril o๠des affrontements ont opposé bérets verts et rouges. Une déclaration brève qui montrait le ministre prendre toute la mesure de la communication de crise. Pour la plupart des journalistes présents au cocktail de presse, la rencontre avec le ministre s’imposait dans un contexte o๠la communication est essentielle, voire primordiale. N’est-ce pas cette absence d’informations qu’on avait reproché au régime d’ATT ? Cette fois, le nouveau gouvernement que dirige Cheick Modibo Diarra, ne pourra échapper à  un devoir capital: celui de dire la vérité aux Maliens, toute la vérité sur ce qui passe dans leur patrie.

L’AEEM revient sur le drame de la FAST

L’Association des élèves et étudiants du Mali s’est exprimée pour la première depuis ce drame au cours duquel son secrétaire général a été blessé. « Faites tout pour sauver l’année scolaire même si je meurs. » Depuis son lit d’hôpital, Hamadoun Traoré, le secrétaire général de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) a fait passer ce message dramatique aux membres de l’association, qui l’ont eux-même rapporté lors d’une conférence de presse animée par Ibrahim Traoré, secrétaire général par intérim. Selon Ibrahim Traoré l’état de santé d’Hamadoun Traoré s’améliore, il marche actuellement à  l’aide d’un bâton. Retour sur un drame Le 30 avril à  15h40, des hommes ont uniformes arrivent au pied de la résidence universitaire de la FAST dans un véhicule du Groupement mobile de sécurité. Avec eux, des cvils sur des motos. Hamadou Traoré vient à  leur rencontre. Le ton monte. Les tirs partent. Sekou Samaké, secrétaire administratif du bureau, est touché. Il succombera dans la nuit. Quelques minutes après le départ des assaillants, des étudiants descendent des étages de la résidence universitaire en portant le corps d’Abibatou Dagnoko, touchée en plein poitrine. Selon Ibrahim Traoré tout est parti de la condamnation du coup d’Etat par Hamadoun Traoré le 26 mars à  la Bourse du travail. A bord de son véhicule à  l’ACI le leader estudian est une première fois ciblé par des tirs le 21. Le 30 avril quelques heures avant l’attaque des bérets rouges, il échappe une nouvelle fois aux balles. « Je croyais à  l’arrivée des rebelles à  Bamako », raconte Ibrahim Traoré car je ne pouvais pas comprendre qu’on puisse utiliser des Kalachnikovs sur un campus universitaire. Hamadou a été battu jusqu’au sang. Des enquêtes sont ouvertes, je ne peux pas me prononcer pour le moment. » « Hamadoun entre le marteau et l’enclume » « On a voulu nous utiliser comme des boucliers, pense le secrétaire général par intérim. Certains voulaient que nous libérions l’ORTM. Nous avons refusé. D’autres ont décidé de nous faire la peau car ils pensent que nous sommes instrumentalisés par des hommes politiques. Hamadoun était entre le marteau et l’enclume. » Les autorités, explique-t-il, leur ont donné l’assurance que toute la lumière sera faite sur les circonstances de la mort de leurs camarades. « Hamadoun Traoré m’a chargé d’assurer l’intérim et d’appeler les élèves et les étudiants au calme » a expliqué Ibrahim Traoré. « C’est à  la demande de l’AEEM que la reprise des cours a été reportée », poursuit-il. « Nous avons suggéré au ministre de l’Education de remettre ça à  une date ultérieure. Nous voulions auparavant nous exprimer sur ce drame. »

Lundi noir à Bamako, Abibata Danioko meurt sur le campus

Mise à  jour : 18h46 En l’espace d’une semaine, Hamadoun Traoré, le secrétaire général de l’Association des Eléves et Etudiants du Mali ( AEEM ) a échappé plusieurs fois à  la mort. Ce dimanche soir encore, sa voiture aurait été criblée de balles aux environs de 23h. Qui en veut à  Hamadoun Traoré au point de vouloir lui ôter la vie ? Victime collatérale Et ce lundi 30 avril, sur le campus de l’Université de Bamako, le drame a eu lieu. Abibata Danioko, une jeune étudiante en Licence de Sciences Humaines, a perdu la vie, innocente victime du règlement de comptes entre le leader de l’AEEM et ses détracteurs, devenus ennemis à  mort. Selon un témoin sur place, des hommes en uniforme ont fait irruption sur le campus, aux environs de 15h30 pour en découdre Hamadoun Traoré. Après l’avoir appréhendé, ils battent le jeune homme jusqu’au sang, sortent leurs armes et blessent un proche du secrétaire général. Pour Abibata Danioko, une balle l’atteint en plein poitrine. La demoiselle meurt sur le chemin de l‘hôpital. Hamadoun Traoré est transporté aux urgences. Regain de tension l’annonce de la tentative du dimanche a fait le tour des établissements scolaires et universitaires ce lundi matin. Aux environs de 10h, une marche de protestation des étudiants les conduits à  la Radio Kayira appartenant au leader du SADI, Oumar Mariko, accusé d’avoir orchestré l’assassinat du secrétaire général. Le mouvement est réprimé par les forces de l’ordre et les manifestants dispersés. Les représailles ne vont pas tarder. Les deux hommes avaient vu leurs relations se détériorer au lendemain du coup d’état du 22 Mars. Hamadoun Traoré ayant vivement critiqué le soutien d’Oumar Mariko à  la junte, par des déclarations incendiaires dans la presse. A l’heure actuelle, rien ne vient corroborer le fait que Mariko soit l’instigateur de ces tentatives de liquidation. Lundi noir… Ce 30 avril est une journée noire pour le Mali, avec la violence qui prend de l’ampleur chaque jour un peu plus. Comme si cela ne suffisait pas, des affrontements ont opposé les Bérets rouges, aux hommes du capitaine Sanogo à  plusieurs endroits de Bamako. A l’ORTM, des tirs nourris ont été entendus en fin d’après midi. Si le bilan exact n’est pas connu, il y aurait eu des morts et des blessés. Les bamakois se sont réfugiés chez eux, sans aucune information officielle, inquiets de ce que leur réserve l’avenir… Un autre étudiant décède Secrétaire administratif du bureau national de coordination de l’AEEM et leader estudiantin dans sa faculté, Seydou Samaké ‘’major », qui a d’abord été blessé, a rendu l’âme hier nuit à  l’hôpital Gabriel Touré aux environs d’une heure du matin. Il faut rappeler qu’il avait été victime, au même titre qu’Abibata Danioko, d’une balle en pleine poitrine lors de la descente musclée et irresponsable de certains agents de police sur le campus. Le décès de ce jeune étudiant vient s’ajouter au deuil d’une innocente, plongeant du coup l’université dans un état de psychose sans précédent depuis les évènements de mars 1991.

La guéguerre entre l’AEEM et Oumar Mariko crée l’émeute à Bamako

Ce lundi matin, une marche des élèves du lycée Fily Dabo Sissoko a eu pour cible la Radio Kayira, un organe privé appartenant au leader du parti SADI, Oumar Mariko réputé proche de l’ex junte. Animés par la colère, ces élèves et étudiants, qui disaient agir au nom de leur secrétaire Hamadoun Traoré, ont décidé de s’en prendre au siège de la Radio située au quartier de Djélibougou en commune I de Bamako. Sur leur passage, les jeunes lycéens ont brûlé des pneus et barré la circulation avant d’être dispersés par les policiers. «Â Ce matin, ces élèves, une centaine environ, sont venus se rassembler devant notre radio. Selon eux, une consigne leur a été donnée par le bureau de coordination de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali, (AEEM), pour tenir une assemblée devant la radio Kayira », explique Mamadou Diarra, coordinateur du réseau Kayira. «Â  Lynchage orchestré » Il y’a une semaine, Hamadoun Traoré a donc échappé à  une tentative d’assassinat après saccage des locaux de l’AEEM en début de mois. Deux suspects avaient alors été interpellés par la brigade anti criminalité (BAC) suite à  une patrouille à  Lafiabougou en commune IV. Les deux suspects qui ont été présentés au procureur de la Commune IV sont proches d’un député de l’Assemblée nationale et qui est en même temps responsable d’un parti politique de l’opposition. La marche de ce lundi matin, visait donc à  venger Hamadoun Traoré de cette tentative d‘assassinat. « Ce ne sont ni les élèves, ni les étudiants qui sont contre la radio Kayira, mais plutôt Hamadoun Traoré et ses complices qui s’en prennent à  nous pour avoir révélé certaines vérités sur le fonctionnement corrompu de l‘AEEM », affirme de son côté Mamadou Diarra du réseau Kayira Pour rappel, l’association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), a jadis été dirigé par de jeunes leaders du mouvement démocratique de Mars 1991, comme Oumar Mariko. Le différend entre les deux hommes, serait né depuis qu’Oumar Mariko du parti SADI, a prêté allégeance au CNRDRE à  la faveur du coup d‘état du 22 Mars. Depuis lors, Oumar Mariko et Hamadoun Traoré, se regardaient en chiens de faà¯ence au point de se lancer des flèches par médias interposés. Du reste, cette divergence suffit-elle à  orchestrer une tentative d’assassinat comme le prétendent les partisans d’Hamadoun Traoré et commanditée par Oumar Marilo ? Loin de retomber, le mouvement s’est poursuivi sur la colline du savoir au niveau de l’Université de Bamako. La colère semble ne pas retomber du côté des élèves et étudiants du Mali. «Â  D’autres radios sont visées par l’AEEM… » Après l’interpellation de quelques manifestants à  la radio par les forces de l‘ordre, certains journalistes sur place ont affirmé que l’AEEM aurait donné l’ordre à  saccager toutes les radios Kayira au Mali en guise de vengeance. « La radio Kayira de Koutiala a également été saccagée, le directeur de cette radio est même blessé et six policiers sont dans un état critique. Ce sont désormais les dix radios du réseau Kayira au Mali qui sont menacées », précise un animateur. Sur place, on pouvait constater ce matin un dispositif important de forces de sécurité tout autour de la radio Kayira. Selon le chargé de sécurité de la Radio , les éléments de police du 6è et du 12è arrondissement, ainsi que des membres du CNRDRE ( l’ex junte ) ont formé un cercle de sécurité pour protéger la radio contre d’éventuelles agressions. Affaire à  suivre.