Nord-Mali: « Barbe-Rouge », (enfin) mort?

Omar Ould Hamaha, alias Barbe Rouge dont la tête avait été mise à  prix par les Etats Unis pour trois millions de dollars, aurait été tué lors des frappes aériennes françaises de début de mois. En attendant cette nouvelle, on a une impression de « déjà -vu », car la mort de l’un des hommes les plus recherchés au monde avait été annoncée à  plusieurs reprises par le passé. En 2013, le 23 mars, la nouvelle de son décès par des Arabes kountas lors d’affrontements qui se seraient déroulés dans la région de Gao, faisait le tour des agences de presse. Le monde entier s’était réjoui de la fin de partie pour celui qui prétendait combattre au nom du djihad pour mieux garnir son compte en banque grâce au trafic de cocaà¯ne. Hélas! Le beau-frère du sanguinaire Mokhtar Bel Mokhtar n’avait pas fini de faire entendre parler de lui. Chef djihadiste craint à  Tombouctou pendant l’occupation des régions du nord du Mali, il avait créé sa katibat « Ansar Al charia » avec des combattants issus de la mouvance du MUJAO et de la katibat « Al Moulathamine » de son beau-frère borgne. Selon des sources militaires maliennes et sous-régionales citées par RFI, il aurait donc trouvé la mort la semaine dernière lors de frappes de l’aviation française dans le nord du Mali.

Le Chef d’état major du Mujao, Oumar Ould Hamaha se confie à Radio Nièta

Et pour l’application de la charia, l’homme est on ne peut plus clair : elle sera totale. Parlant des non musulmans, le chef d’état major général du MUJAO est plus conciliant et parle même de frères et non d’ennemis. Entretien. Radio « Nièta » : Vous êtes aujourd’hui chargé de la sécurité du MUJAO. Est-ce que la sécurité des populations et des villes que vous occupées sont réelles, voire garanties ? M. Oumar Ould Hamaha : Gao est en sécurité parce que nos éléments y patrouillent. Il y a des patrouilles permanentes de jour comme de nuit. Dieu merci, les Moudjahidines s’entendent bien avec la population. Je vous invite à  demander aux populations, elles sont bien placées pour vous répondre. Radio « Nièta » : Est-ce que la population est d’accord avec l’application de la charia ? M. Oumar Ould Hamaha : La charia est une imposition divine. Nous sommes des serviteurs y compris les djihadistes ainsi que les populations et toute l’humanité. Et C’’est aux esclaves de se soumettre au seigneur. La charia est une imposition divine. Si la population l’accepte ou pas, nous sommes là  pour l’appliquer comme Dieu l’a dit dans le Coran. Je sais qu’il y’a des bonnes personnes, pieuses qui l’acceptent, mais par contre, il y a d’autres qui vivent de vols, de pillages, de cambriolages parce que C’’est contre leur mode de vie. Radio « Nièta » : Nous avions reçu ici à  Bamako des gens dont le pied ou la main ont été amputés et qui soutiennent qu’il n’y avait pas de preuve contre elles. Qu’en dites-vous ? M. Oumar Ould Hamaha : D’abord, il faut savoir que nous pratiquons la charia après avoir eu des preuves concrètes ainsi que des témoins. Et lorsque nous vous prenons la main dans le sac, l’application de la charia est indiscutable. Nous n’avons jamais pratiqué la charia sans jugement et la personne doit reconnaitre les faits. Vous savez tous ceux qui ont été châtiés selon la religion musulmane l’ont été avec des preuves irréfutables contre eux. Radio « Nièta » : Des rumeurs persistantes affirment que les éléments du MUJAO ne sont pas des maliens, y compris vous. Que répondez-vous ? « Je suis malien. Cela ne souffre d’aucun doute » M. Oumar Ould Hamaha : Demandez à  l’administration territoriale, elle me connaà®t depuis le régime du Général Moussa Traoré. En clair, je m’appelle Oumar Ould Hamaha. Je suis né le 5 juillet 1963 à  Kidal. Et J’ai obtenu mon bac en 1984 à  Tombouctou. Vous pouvez demandez aux membres du gouvernement ainsi qu’à  mes promotionnaires. Ils sauront vous répondre. Je suis un malien cela ne souffre d’aucun doute. Radio « Nièta » : Etes vous prêts pour le dialogue ? M. Oumar Ould Hamaha : Bien sur que nous sommes prêts pour le dialogue. Nous l’avons toujours prêché et nous sommes prêts à  dialoguer avec qui que ce soit et même si Obama venait nous voir, nos portes lui seront ouvertes à  plus forte raison nos frères musulmans du Mali. Radio Nièta » : Etes-vous pour la partition du pays comme le MNLA le demande ? Oumar Ould Hamaha : Nous sommes contre la division du Mali. Je l’ai toujours dit et vous pouvez écouter tous mes discours, notre position n’a pas changé et ne changera pas sur ce sujet. Pas de partition du Mali qui demeure et demeurera indivisible. Radio « Nièta » : Qu’en est-il de vos rapports avec le MNLA ? M. Oumar Ould Hamaha : Ce sont des gens qui tiennent un double langage, ils sont pour un mali un et indivisible, tantôt, ils veulent une partition du pays. Ce qui est archi-faux. Et C’’est la raison pour laquelle nous les avons chassé de Gao avec 67 victimes qui ont été recensées dans leurs rangs. Idem pour nos frères Berabich du FLA ainsi que ceux du « Ganda-Izo » à  Douentza. Tous ces gens-là  prônaient la désunion. Ce qui est contraire à  notre vision, celle de l’Islam. C’’est pour cela que nous avons décidé qu’il n y aura plus de milices armées afin que tout le monde soit sous un seul commandement. Tout le monde doit être uni sous le couvert de la religion. Vous voyez que ceci est un travail d’unicité. Radio « Nièta » : Y’a t-il des contacts avec les autorités à  Bamako ? M. Oumar Ould Hamaha : Le week-end dernier, J’ai reçu un contact téléphonique du Ministère de la Défense, me disant qu’ils sont prêts pour le dialogue. Ce que J’ai accepté mais à  condition que tout le monde se soumette à  la charia (la loi divine). Le Ministre de la défense m’a répondu que : « le Mali est un pays laà¯c et que chacun est libre de choisir sa religion ». Je lui ai dit que seule la charia pourra nous unir et demeure l’unique solution. Dans le cas contraire, C’’est le sabre qui nous opposera. A notre grande surprise, il va le même jour à  Abidjan donner le feu vert pour l’arrivée des troupes de la CEDEAO. C’’était le comble et la déception pour nous. Un acte que nous regrettons parce que les pays de la CEDEAO ne peuvent pas affronter les djihadistes, même s’ils sont épaulés par ceux de l’OTAN. En clair, aucun pays du monde ne peut s’arrêter devant les djihadistes. Nous sommes prêts à  affronter n’importe quelle armée terrestre ou aérienne. Radio « Nièta » : Est-ce que vous avez les moyens et les hommes pour l’application de la charia dans tout le Mali et dans tout le reste de l’ Afrique ? M. Oumar Ould Hamaha : Oui sur toute la planète, s’il plait à  Dieu. C’’est une promesse divine révélée dans le coran depuis 1400 ans que nous sommes entrain de réaliser. Radio « Nièta » : Ici dans certains milieux, on accuse votre mouvement d’être en relation avec certains pays arabes comme le Qatar et l’Irak. Que répondez-vous ? [b M. Oumar Ould Hamaha : Ce n’est pas vrai. Nous n’avons aucune relation avec ces pays. Notre relation est avec Dieu. Dieu nous suffit. Nous avons suffisamment d’armes et plus de 45% de l’arsenal de l’armement libyen et toutes les casernes du nord Mali sont sous nos mains puisqu’abandonnées par l’armée. Radio « Nièta » D’autres sources persistantes font état du soutien de certains pays voisins du Mali (La Mauritanie, le Burkina Faso et l’Algérie) à  votre mouvement. Qu’en est-il ? M. Oumar Ould Hamaha : Vous savez la Mauritanie s’est rendue compte qu’elle ne peut pas nous affronter après avoir vécue l’expérience des djihadistes depuis plus longtemps, à  plus forte raison qu’on est maintenant surarmé. L’armement dont dispose les djihadistes est 20 fois supérieur au nombre des djihadistes eux mêmes. Radio « Nièta » : Est-ce à  dire que sous votre occupation, les populations vivent mieux que sous l’administration ? » M. Oumar Ould Hamaha : Je vous confirme que nous sommes en très bonne entente d’autant plus que avons aidé la plupart des cultivateurs pour les semences, le paiement des factures pour tous les indigènes ainsi que les plus faibles sans compter l’aide aux démunis. Il va de soi que la population nous accepte. D’abord nous les avons déchargé du fardeau de la douane et des taxations. De nos jours, il n’ya ni douane, ni taxes à  payer. Les camions chargés depuis Niamey, Algérie et la Mauritanie, débarquent leurs marchandises sans payer de droits de douane. Chaque jour, il ya plus de 50 camions qui viennent décharger à  Gao, et les produits sont vendus moins chers qu’auparavant. Et dieu merci il y’a la sécurité totale, la prospérité et la bienséance… Radio « Nièta » : vous maitrisez la gestion d’état et vous aviez les moyens de votre politique, n’avez-vous pas d’autres appuis extérieurs ? M. Oumar Ould Hamaha : Nous n’avons pas besoin de partenaires. Il faut savoir que C’’est une bénédiction divine qui nous dirige et nous encourage. Nous avons suffisamment d’armements que nous pouvons d’ailleurs vendre. Demandez à  l’armée malienne ce qu’elle a laissée derrière elle ? Ici, C’’est la solidarité agissante de façon permanente qui constitue nos ressources. Ce n’est pas comme dans un gouvernement ou chacun cherche à  prendre l’argent du gouvernement. Chez nous, la plupart vient avec leur véhicule et leur arme. Dans un pays islamique, tout le monde vient en aide au gouvernement islamique : les éleveurs, les cultivateurs, les commerçants etc. D’ailleurs, tous les marchés et les ONG sont donnés aux gens du milieu et les bénéfices reviennent aux autochtones. Pourquoi la population ne s’entendrait pas avec nous, elle ne paye ni l’électricité ni l’eau ? Radio « Nièta » : La presse peut-elle venir couvrir les événements du nord, sans problème ? M. Oumar Ould Hamaha : Je signale qu’il ya la paix et la sécurité totale partout au nord. Pourquoi à  à  Bamako, les gens sont entrain de s’entretuer, c’est parce qu’il ya une mauvaise gestion et un gouvernement pas crédible. Le Mali a une armée sans morale et est sous équipée. Les hommes qui sont au pouvoir n’ont pas été choisis, ils se sont imposés de force à  la population. Ce qui est contraire à  la religion musulmane qui parle de justice, d’équité. Radio « Nièta » : Parlant des initiatives du Haut Conseil Islamique du Mali et des frères musulmans qui sont au sud, est-ce que vous êtes prêt à  discuter avec eux pour trouver un terrain d’entente ? M. Oumar Ould Hamaha : Nous préférons que ce soit le HCI au nom du gouvernement qui vienne vers nous. Sinon toute autre personne, non. Comme vous le savez, C’’est par le canal du Haut Conseil Islamique qu’on peut dialoguer et négocier avec les autorités. Et C’’est un honneur qu’on leur donne parce que, ce sont nos frères musulmans. Radio « Nièta » : Est-ce que vous êtes prêts à  appliquer les différents consensus avec le Haut Conseil Islamique du Mali ? M. Oumar Ould Hamaha : Bien sur qu’on est prêt à  les appliquer, tant qu’ils ne sont pas hors de la charia, qu’ils ne sortent pas du cadre de la religion. Radio « Nièta » : Qu’est-ce que vous avez à  dire à  vos frères musulmans et non musulmans du Sud ? M. Oumar Ould Hamaha : J’ai un message particulier à  donner à  tous mes frères sans tenir compte de la langue ni de la race, qu’ils soient peulh, bambara dogon, sonrai, nous ne sommes pas leurs ennemis et nous ne sommes pas venus pour les faire souffrir. Bien au contraire, nous sommes des frères et nous devons nous entraider à  honorer la religion, à  nous soumettre à  la loi divine et que Dieu nous agrée tous et qu’Allah fasse du Mali un pays uni en paix, sécurité et bienfaisance sous la couverture de la loi divine. Radio « Nièta » : Par rapport à  votre appartenance au Mali, vous avez des frères non musulmans, quel est votre message à  leur endroit ? M. Oumar Ould Hamaha : Bien sur il y a des maliens qui ne sont pas musulmans, mais nous sommes tous fils d’Adam. C’’est Dieu qui va juger et chacun sera jugé selon ses actes et sa foi. Il n’ya point de contrainte dans la religion. D’ailleurs, les chrétiens sont des hommes du livre, nous les respectons, ils peuvent vivre sous domination musulman Radio « Nièta » : Avez-vous un appel ? M. Oumar Ould Hamaha : Je m’adresse à  tout le monde, y compris au gouvernement, à  l’armée, la population. Je les invite à  se soumettre à  dieu et qu’Allah nous agrée tous !