Hamdi MONGI: « Quelle serait la situation sans la MINUSMA? »

Journaldumali.com: Quel bilan peut-on tirer des deux années de présence de la MINUSMA sur le sol malien? Hamdi Mongi:La MINUSMA s’est énormément investie dans l’ensemble des domaines confiés par le mandat du Conseil de sécurité. Je vais vous citer quelques exemples si vous le voulez bien. – La Résolution 2100 du Conseil de sécurité a demandé à  la MINUSMA de déployer ses forces au nord, notamment dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal. Ce déploiement s’est accru et la mission compte aujourd’hui 9,250 militaires sur 11,200 autorisés, dont 90% sont déployés sur 12 sites dans 3 régions susmentionnées et 1 062 policiers sur 1440. l’objectif primordial est d’appuyer les autoritésmaliennes à  stabiliser les principales agglomérations et de protéger les civils dans la limite de nos capacités et nos moyens. Sans préjudice de la responsabilité des autorités maliennes.La MINUSMA a effectué à  cet effet plus de 24 mille patrouilles depuis son établissement et a détruit ou stocké plus de 6 mille tonnes d’armes et de munitions. Toutefois, au regard de l’étendue du territoire, la MINUSMA ne saurait être partout.Elle n’en a ni les moyens, ni établie pour se substituer à  l’Etat malien. Le lourd tribut payé par la MINUSMA jusqu’à  présent avec le décès de 35 casques bleus et plus de 150 blessés graves démontre à  quel point la MINUSMA est confronté à  un environnement particulièrement difficile et volatil. – En matière de restauration de l’autorité de l’Etat:la MINUSMA a facilité le retour de3 à  4 gouverneurs17 préfets et 78 sous-préfets; le retour du personnel judiciaire:magistrats, greffiers et personnel d’appui à  l’administration territoriale dans la région de Gao.La Mission a assuré la réhabilitation et la construction de locaux des justices de paix et des prisons d’Ansongo, Boureim et Menaka ; facilité la réouverture du tribunal de paix de Gao avec un effectif minimum de 3 magistrats sur 11 prévus, suivi d’une formation de 20 agents pénitentiaires / surveillants de prison, remise en état de la prison, du commissariat de Tombouctou et du commissariat de police et de la gendarmerie de Gao). – En matière de droits de l’homme dans le pays : la MINUSMA a effectué entre juillet 2014 et avril 2015, 128 missions d’établissement des faits suite à  des allégations de violations des droits de l’Homme. Ce travail contribue activement à  la protection des civils en prévenant les violations et en répondant aux violations avérées par l’engagement direct avec les parties concernées. Il s’agit de s’assurer in fine de la cessation de ces violations. La présence de nos équipes des Droits de l’Homme dans le nord du pays, notamment dans les localités o๠les autorités de l’Etat ne sont pas présentes, constitue un rôle prépondérant. Tout comme, la mise à  disposition d’un numéro vert gratuit vers lequel la population peut nous contacter 24/7 et ce dans leslangues locales. Nous avons aussi établi un compte fiduciaire (Trust Fund) pour assister les victimes dans la participation aux procédures judiciaires. Nous avons contribué au rafraà®chissement des compétences de plus de 350 avocats, juges et journalistes dans le domaine des droits de l’Homme. – En matière de coopération avec l’Autorité malienne de l’aviation civile avec laquelle la MINUSMA a entamé un projet de développement des infrastructures maliennes d’aviation civile dans le nord du pays: Kidal, Tombouctou, Tessalit et Gao. Les travaux, dont certains sont terminés (piste d’atterrissage/décollage à  l’aéroport de Gao), comprennentla mise en place de clôtures, portes d’entrée de véhicules, l’amélioration de pistes, l’agrandissement des rampes pour les hélicoptères. C’’est un apport vital non seulement pour les besoins propres de la MINUSMA, mais également pour le développement et la croissance économique de ces régions en termes de désenclavement et de création d’emplois. – La MINUSMA également lancé un grand nombre de projets a impact rapide dans les régions du Nord (fiche ci-jointe qui peut être communiquée au journaliste) qui visent à  soutenir des initiatives qui améliorent sensiblement le bien-être de la population. – s’agissant du processus politique, la MINUSMA continue à déployer inlassablement son soutien et son expertise en étroite en coordination étroite avec la Médiation internationale sous les auspices de l’Algérie. Ces efforts conjugués ont conduit à  la signature de l’Accord de paix et de réconciliation. Point besoin de vous listerles actions,les activités, sur le plan interne, régional età  New-York visant à  soutenir, rapprocher, convaincre et aboutir à  des compromis. Autant d’initiatives qui visent à parvenir à  une paix inclusive et pérenne au Mali. Pour conclure sur ce point, je souhaiterais souligner qu’il serait utile de se poser la question suivante : quel aurait été le bilan de la situation au Mali en l’absence la MINUSMA ? Certes, on pointe du doigtsans cesse, ce que la MINUSMA n’a pas pu faire, même si elle n’est pas en position de le faire, car effectivement la MINUSMA n’a pas vocation à  tout faire, tout régler. Toutefois pense-t-on à  toutes les femmes, les enfants et les hommes que la MINUSMA a pu protéger et épargner des effetsdes violentes confrontations armées?A Ménaka actuellement, pour ne citer que cet exemple.A-t-on idée du nombre de personnes auxquelles l’aide humanitaire a pu parvenir grâce aux efforts de sécurisation effectués par la MINUSMA? Aux centaines de blessés maliens évacués et parfois soignés? Aux milliers de personnes, officiels, société civiles etc. transportées de Bamako vers les régions du Nord, aux capitales des régions et vice-versa pour contribuer aux efforts de paix et de réconciliation? Les exemples sont très nombreux et méconnus. Pour ma part, il me semble essentiel de se concentrer sur la moitié pleine du verre plutôt que sur la moitié vide. Surtout, si ce vide ne relève pas uniquement de la responsabilité de la MINUSMA. Aujourd’hui, la Mission est critiquée, et par les autorités et par les citoyens. A votre avis, pourquoi cette situation et que peut-on faire pour la corriger? La MINUSMA, nous l’avons évoqué et le répèterons sans cesse, s’acquitte de son mandat avec toute l’impartialité requise. Cela étant dit, je crois qu’il ne faut pas trop généraliser quand on parle de critiques au sujet de la MINUSMA. Nous avons de bonnes relations de travail avec le Gouvernement et les parties prenantes au processus de paix, lesquelles comprennent le mandat de la MINUSMA et ses limites. Nous avons également de très bons rapports avec la société civile malienne. Ses membres et ses structures savent également que nous sommes ici pour les soutenir dans leurs efforts quotidiens visant à  stabiliser le pays et à  parvenir à  une paix inclusive et pérenne. Actuellement, nous intensifions nos efforts, et devons le faire davantage, pour bien expliquer notre mandat au public : ce qu’il nous ait permis de faire et ce qu’il ne nous ait pas permis de faire ; pourquoi nous le faisons et comment nous le faisons. Nous allons continuer à  expliquer que la MINUSMA est ici en qualité d’ami, de partenaire de confiance.Que notre rôle et nos capacités ont des limites. Que nous ne sommes pas ici pour prendre parti ni pour imposer la paix aux Maliens, ni pour nous substituer aux autorités du Mali, qui est un pays souverain. Néanmoins, cela aiderait énormément si tout le monde focalise ses efforts, y compris en termes de communication, sur l’objectif ultime auxquels tous les maliens sont profondément attachés, à  savoir mettre fin à  la crise malienne par la voie du dialogue, plutôt que de se concentrer sur des rhétoriques sulfureuses et démagogiques. Elles ne servent nila cause de la paix et nila réconciliation nationale. [b Sur les évènements de Gao, l’enquête a établi la responsabilité des casques bleus. Quelle suite sera apportée à  ce dossier?} La suite nécessaire a déjà  été donnée à  ce dossier et ce conformément à  la décision du Secrétaire général. l’unité de Police à  laquelle appartiennent les éléments impliqués dans les tirs sur les manifestants durant les évènements tragiques de Gao,a fait l’objet d’un rapatriement à  destination du pays d’origine. Conformément aux règles établies par l’Assemblée générale de l’ONU, le pays concerné a entamé une enquête et les Nations Unies continuent à  suivre de près ce dossier pour s’assurer que les responsables répondent de leurs actions. La MINUSMA a également initié avec diligence les mesures nécessaires aux fins de réparationscompensatoires aux victimes et familles des victimes concernées. Nous travaillons aussi à  mettre en œuvre les mécanismeset les dispositions appropriésafin d’éviter de tels drames à  l’avenir. Les attaques contre la MINUSMA se multiplient tant à¡ Bamako que dans les zones de conflit. Allons-nous vers un renforcement du mandat après son réexamen dans quelques jours? C’’est une réalité hideuse mais hélas on ne peut plus présente : les attaques asymétriques contre la MINUSMA se sont accrues. Ces attaques sont le fait de terroristes qui ne sont habités que par un seul objectif: effectuer un maximum de dégâts sans aucune considération pour la vie humaine. A cet égard, nous faisons tout pour limiter ces attaques et les prévenir en étant activement présent à  travers des patrouilles terrestres et aériennes. Nous essayons également de réduire leur impact sur la sécurité de notre personnel en répondant à  ces attaques. Toutefois, il faut clairement réitérer que la MINUSMA n’est pas mandaté pour lutter contre le terrorisme. Cette responsabilité relève de l’opération Barkhane et des autorités maliennes. N’oublions pas que C’’est le Conseil de sécurité qui a défini le mandat de la MINUSMA. La question de revisiter et de renforcer ce mandat a été soulevée par le Mali l’année dernière.En revanche,le Conseil de sécurité a jugé que celui-ci était suffisamment robuste. Je ne peux me substituer au Conseil de sécurité, mais notre mandat lors de son prochain examen au mois de juin, ne comprendra pas une composante de lutte active contre le terrorisme, même s’il sera révisé à  la lumière des récents développements dans le processus de paix.

L’ONU pressée de voir l’accord signé

Les choses trainent. Pour un accord qui selon les vœux du gouvernement malien, aurait dû, aurait pu être signé le 26 Mars, il faudra encore attendre, mais jusqu’à  quand ? « on ne peut pas donner de délai, mais on ne peut pas attendre indéfiniment », a affirmé Mongi Hamdi, chef de la Minusma, lundi à  sa sortie d’ audience avec le Premier ministre malien Modibo Keà¯ta. La communauté internationale s’impatiente, pressée qu’elle est dans son rôle d’observateur de voir se conclure, un accord définitif de mise en oeuvre de la paix au Mali. La Coordination des mouvement de l’Azawad ne voit pas les choses ainsi et ne semble pas encline à  parapher un accord, qui lui échappe et qui ne prend pas en compte, ses revendications les plus intimes. L’idée pourtant à  faire passer est que « l’accord pourrait être utilisé comme une base pour la mise en place d’ une paix durable, crédible et juste pour tous les Maliens et toutes les Maliennes, pour tout le monde », réitère l’envoyé spécial des Nations Unies. Au même moment, une information fait état d’un déplacement de la coordination des mouvements de l’Azawad, à  Alger, pour y être entendus par la médiation. Une information à  confirmer, mais là , il ne s’agira pas d’un autre round de discussions. Mais peut être de concertations en OFF.