Le Cameroun à l’épreuve du terrorisme

En l’espace d’une semaine, deux attaques ont touché la ville, dont un double attentat kamikaze en plein marché. Bilan de ce dernier drame : 21 morts et plus de 70 blessés. Après le Tchad et le Niger, le mouvement terroriste nigérian exporte ses méthodes barbares chez le 3ème voisin membre de la coalition créée en 2014 pour lui faire la guerre. Les observateurs plus ou moins avertis ont décelé dans le drame de Maroua la preuve de la fragilité du Cameroun, malgré les discours va-t-en guerre des autorités. Selon Marie-Claire Nana, éditorialiste au Cameroon Tribune (Quotidien gouvernemental), « ce n’est pas le Cameroun, mais le monde entier qui est aujourd’hui fragilisé par le péril djihadiste. De la Turquie à  la France, en passant par la Belgique, les Etats-Unis, l’Irak, l’Egypte, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, le Mali…. ». A l’instar du Tchad, qui a instauré des mesures drastiques après les attentats de ces dernières semaines, le gouvernement camerounais a lui aussi décidé de ne plus transiger. Intensification des opérations de police, fermeture des débits de boisson à  partir de 18h et contrôle systématique des prêches dans les mosquées, sont censés réduire le risque terroriste. En attendant, on tente de rassurer la population. Des prières ont été organisées dans les lieux de culte, deux milliards de francs CFA et des centaines de tonnes de vivres ont été distribués à  Fotokol et Maroua. Pour le Cameroun, lutter contre Boko Haram est une chose. l’autre chose est de créer des projets de développement pour cette région de l’extrême-nord, considérée comme abandonnée, et oà¹, selon l’historien et politologue Achille MBembé, il ne « reste plus aux jeunes qu’à  se faire enrôler sur les marchés régionaux de la violence ».

Nigeria-Boko Haram: Jonathan à contre-temps

l’aventure sanglante des extrémistes religieux de la secte Boko Haram a commencé il y a treize ans. Objectif affiché, imposer la charia (loi islamique, ndlr) au pays en commençant par les Etats à  majorité musulmane du nord. Depuis, les « fous de Dieu » sont devenus plus ambitieux, surtout depuis qu’ils sont sous la férule de Abubakar Shekau, leur leader depuis 2010. Dans les attentats en série aux enlèvements de masse en passant par les razzias régulières, plus de dix mille personnes ont laissé la vie. De partout des voix se sont élevées pour demander la fin du carnage. Des conférences et grandes déclarations se sont succédé, mais rien n’a changé. On n’en est finalement été réduit à  se demander comment le Nigéria, première puissance économique de l’Afrique subsaharienne, premier producteur de pétrole, grand pourvoyeur de soldats de la paix, ne parvient pas à  faire face à  Boko Haram. Et voici qu’à  quelques semaines de la présidentielle qui est prévue pour le mois de mars prochain, les autorités nigérianes, avec à  leur tête le président et non moins candidat, Goodluck Jonathan, haussent le ton. Une réaction pour le moins tardive et qui suscite de nombreux commentaires, à  commencer par ceux des Nigérians. Il aura fallu la mobilisation des voisins, Tchad et Cameroun, beaucoup plus fermes et combatives qu’Abuja et surtout la perspective d’une présidentielle disputée pour que le sort des populations intéressent leurs propres dirigeants ? La pilule a du mal à  passer. Promesse fantaisiste ? Alors qu’il était particulièrement atone sur la situation sécuritaire, se contentant de parler économie lors de la campagne, Goodluck Jonathan semble avoir enfin décider de prendre les choses en main. Le lundi dernier, Sambo Dasuki,son conseiller national à  la sécurité, annonce que «tous les camps connus de Boko Haram seront balayés» et le pays pacifié dans les six semaines de report des élections présidentielles et législatives. Utopie, répondent les observateurs parmi lesquels Roland Marchal, chercheur au CNRS et au CERI-Sciences Po. Interrogé par nos confrères de 20minutes.fr, il est très clair, cette promesse, fondamentalement liée à  la campagne présidentielle en cours, ne sera pas tenue. Six semaines pour venir à  bout d’une organisation aussi structurée, armée et riche que Boko Haram, cela semble effectivement improbable. Le camp de Goodluck Jonathan, le président sortant (Parti démocratique populaire, PDP), inquiet face à  la montée de son principal concurrent, l’ancien général Muhammadu Buhari, candidat du Congrès progressiste (ACP), essaie de regagner du terrain. Buhari rattrape Jonathan dans les sondages ces derniers jours, alors que les chiffres n’étaient pas en sa faveur il y a seulement quelques semaines. Cette annonce est donc perçue comme une tentative du parti au pouvoir de gagner du temps avant les élections, et quelques points sur Boko Haram éventuellement aussi. Le premier pari semble plus facile à  gagner que le second.

Nigéria: offensive terrestre des forces tchadiennes

C’est la première fois, que les troupes tchadiennes déclenchent des hostilités sur le sol nigérian. Mardi matin, des blindés et des fantassins tchadiens ont franchi le pont séparant la ville camerounaise de Fotokol de la ville frontalière nigériane de Gamboru, après d’importants bombardements aériens et d’artillerie et des échanges de tirs nourris avec les islamistes. L’armée tchadienne avait pilonné pendant trois jours cette ville stratégique nigériane tombée aux mains des islamistes il y a plusieurs mois. Ils sont entrés en en vertu du « droit de poursuite » dont ils bénéficient, contrairement aux Camerounais dont les hommes restent pour l’instant à  Fotokol. « Nos forces basées à  Fotokol au Cameroun ont été une fois de plus lâchement attaquées par les hommes de Boko Haram et à  la suite de cela nous avons riposté, nous avons usé de notre droit de poursuite et on est arrivé jusqu’à  la ville de Gamboru et l’avons libérée totalement des forces du mal » a déclaré Hassan Sylla, ministre tchadien de la Communication tchadien et porte-parole du gouvernement sur les antennes de RFI. Selon le porte-parole, leurs éléments riposteront si elles sont attaquées. « Nous sommes décidés à  en finir avec cette bête-là  à  côté de nos frères d’armes camerounais, nigériens ou tous ceux qui sont engagés dans la lutte contre Boko Haram. » « Nous allons réagir et montrer la force de frappe de l’armée nationale tchadienne », poursuit-t-il. Entrés à  Fotokol autour de quatre heures du matin, les assaillants de Boko Haram ont égorgé plusieurs civils, incendié des habitations et des bâtiments administratifs. Il y a presque une semaine, l’Union africaine a apporté son soutien à  la force d’intervention rapide qui sera mise en place pour lutter contre les terroristes de Boko Haram. dont les actions néfastes menacent la stabilité du Nigeria et de ses voisins. Le conseil de paix et de sécurité de l’UA a lancé un appel pour la création d’une force forte régionale de 7 500 hommes pour combattre Boko Haram.

UA: un sommet consacré à la sécurité

L’Union africaine apporte son soutien à  la force d’intervention rapide qui sera mise en place pour lutter contre les islamistes de Boko Haram dont les actions néfastes menacent la stabilité du Nigeria et de ses voisins. La décision de renforcer la force pour l’instant composée de 7500 éléments de cinq nations a été prise par le Conseil de paix et de sécurité, avant le sommet des chefs d’Etat ce vendredi à  Addis-Abeba . La présidente de la Commission de l’U.A, Nkosazana Dlamini-Zuma, a fustigé Les abus épouvantables de Boko Haram, sa cruauté indicible, son mépris total pour les vies humaines, et ses destructions sans égal et gratuites de biens d’autrui. Le Nigeria, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin contribueront à  la mise en place de cette force d’intervention rapide. Et selon un communiqué de l’Union Africaine, une des missions principales de la force multinationale, qui doit être déployée avec un mandat initial d’un an, sera de « mener des opérations militaires pour empêcher l’expansion de Boko Haram et les activités d’autres groupes terroristes mais aussi de mettre fin à  leur présence dans la région. A signaler toutefois que l’Approbation de l’U.A est avant tout nécessaire pour permettre au le Conseil de sécurité des Nations Unies de donner son feu vert au déploiement de cette force.

« Je suis Africain », la manif tardive des Africains

Les Africains se réveillent sans doute trop tard mais ils se réveillent quand même. Après Charlie Hebdo, la Plateforme africaine pour le développement et les droits humains (Pladh) appelle toutes les associations Africaines, la société civile, les défenseurs des droits humains à  un grand rassemblement, le vendredi 24 janvier à  Dakar et dans toutes les autres capitales africaines pour dire «Je suis Africain», «Je suis Nigérian», «Je suis Camerounais», «Je suis kenyan»Â…, peut-on lire dans un communiqué rendu public ce lundi. Cette mobilisation fait suite au massacre perpétré à  Charlie Hebdo et à  l’immense mobilisation qui s’en est suivie dimanche 11 janvier dans les rues de la capitale française. Pour les organisateurs, il s’agira «de dire non à  l’impérialisme galopant de la France, mais aussi et surtout de se solidariser avec le peuple africain. Car les morts de «Charlie Hebdo» ne sont pas plus importants que ceux de l’Afrique ramassés par dizaine ou par centaine au nord Mali, au Nigéria, en Centrafrique, au Soudan, au Kenya, entre autres». Il est juste dommage qu’il ait fallu justement que des milliers de citoyens se lèvent en hommage aux morts de Charlie pour que quelques militants africains initient une marche. Et cette marche d’une ampleur moindre, est à  saluer, mais elle s’inscrit dans une logique de suivisme. De son côté, le président camerounais Paul Biya, dont l’armée vient de neutraliser une centaine de combattants de Boko Haram, doit se sentir bien seul. Il est l’un des rares chefs d’Etats Africains à  n’avoir pas été marcher à  Paris aux côtés de François Hollande ou de Benyamin Netanyahou… Il reste qu’aux Africains, la maxime vaut vaut tard que jamais fasse le consensus. Rendez-vous le 24 janvier à  Dakar !

Nigeria: 132 prisonniers s’évadent d’une prison après une attaque

Après une attaque lancée dimanche contre une prison du centre du Nigeria par des assaillants armés,le bureau du gouverneur de la région touchée annonce ce lundi qu’au total, 132 prisonniers ont été libérés. « Il y avait 145 prisonniers au moment de l’attaque. L’un est mort, huit ont été recapturés, et quatre se sont rendus. Le reste s’est enfui » a déclaré à  l’AFP Jacob Edi, le porte-parole de l’Etat de Kogi, o๠se trouve la prison de Koton-Karfe. L’établissement avait été la cible d’une attaque en 2012 par le groupe islamiste armé Boko Haram. Les assaillants ont utilisé des explosifs pour s’introduire dans la prison de Koton-Karfe dimanche soir. Cette prison est connue pour abriter des combattants de Boko Haram, mais selon M. Ojukwu, l’attaque est liée à  « des activités criminelles » et non à  l’insurrection islamiste qui secoue le Nigeria depuis cinq ans. L »établissement avait déjà  été attaqué en février 2012, quand des hommes armés avaient détruit les grilles à  l’explosif, tué un gardien et libéré 119 prisonniers. Abu Qaqa, un porte-parole présumé de Boko Haram que l’armée a annoncé avoir tué depuis, avait revendiqué cette attaque, organisée pour porter secours à  des membres du groupe, avait-il dit. Le gouverneur de l’Etat de Kogi, Idris Wada, s’est rendu sur les lieux lundi pour constater les dégâts, a déclaré son porte-parole, Jacob Eli, à  l’AFP.

Chibok, il y a 6 mois…

Mais o๠sont-elles passées ? Comment peut-on expliquer que 200 jeunes femmes disparaissent ainsi de la carte ? Qu’est-il advenu d’elles ? Sont-elles seulement encore vivantes ? Quelques unes des questions qui empêchent, depuis six mois, les proches des jeunes filles de Chibok de dormir. Après avoir battu le pavé, en vain, pendant plusieurs semaines, après avoir reçu l’appui de nombreuses personnalités dans leur combat, après avoir été reçus par le Président Goodluck, après les annonces d’intervention internationale pour les recherches…plus rien ! Le silence ! Même leur ravisseur, Abu Bakar Shekau, qui brandissait leur triste sort comme une épée de Damoclès au dessus du Nigéria, n’en parle plus. A-t-il été découragé par le peu d’intérêt que finalement ces jeunes femmes ont aux yeux des autorités nigérianes ? Quand on pense à  la libération des otages camerounais, cette semaine, l’amertume est encore plus grande. Michèle Obama est retournée aux petits obèses américains, Valérie Trierweiler à  son bouquin, Ban Ki Moon a fort à  faire avec Netanyahu et la presse grignote l’os Etat Islamique. Les jeunes filles qui ont battu le pavé de part le monde sont retournées aux frasques de la Kardashian. Aux oubliettes les filles de Chibok. Et pourtant, Boko Haram existe toujours. Ces fous de Dieu continuent d’enlever des jeunes gens, de les embrigader, de tuer. l’armée nigériane continue de faire le black-out sur les combats sur le terrain qu’elle perd les uns après les autres. Chrétiens et musulmans mènent des vendettas cycliques et la mort rôde à  chaque coin de rue dans le grand nord. La charia fait son chemin au fur et à  mesure que l’à‰tat fédéral recule. Pendant ce temps, les parents des 219 jeunes filles, âgées de 12 à  17 ans, prient pour qu’elles reviennent. Aujourd’hui, six mois après, « six mois de douleur, de peine, d’angoisse et de stress », ils sont dans la rue pour demander à  tous, à  l’intérieur comme à  l’extérieur du Nigéria de ne pas les oublier. « Bring back our girls » Ce cri doit retentir, jusqu’à  ce qu’elles reviennent ! Ramenez-nous nos filles !

Boko Haram: Hollande annonce « un plan d’action régional »

Ce plan prévoit « la coordination du renseignement, l’échange d’informations, le pilotage central des moyens, la surveillance des frontières, une présence militaire autour du lac Tchad et une capacité d’intervention en cas de danger », a détaillé François Hollande à  l’issue du sommet. « Un plan global » contre « une menace majeure » « Boko Haram est devenue une menace majeure pour l’Afrique de l’Ouest. Et maintenant pour l’Afrique centrale. Ses liens avec Aqmi et autres organisations terroristes sont établis. Boko Haram a une stratégie anti-civilisationnelle de déstabilisation du Nigeria, mais aussi de destruction des principes fondamentaux de la liberté humaine, » a déclaré François Hollande lors de la conférence de presse à  l’issue du sommet. « Plus de 200 jeunes femmes promises à  esclavage c’en est la preuve. Un plan global doit être mis en œuvre visant à  échanger les informations, coordonner les actions, contrôler les frontières et agir de façon appropriée » a-t-il ajouté. Des liens entre Boko Haram et Aqmi ? Devant ses pairs, François Hollande a affirmé que Boko Haram, une « secte terroriste », avait des « liens établis » avec al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et d’autres organisations terroristes en Afrique. Pour François Hollande, Boko Haram ne cherche plus seulement à  déstabiliser le Nigeria mais aussi toute la région. Une insurrection très efficace, en contact, selon le président français avec d’autres groupes jihadistes. « Nous sommes ici pour déclarer la guerre à  Boko Haram » a affirmé le président camerounais Paul Biya, au sortir du sommet. Le président nigérian Goodluck Jonathan, critiqué pour sa gestion de la crise et sa lenteur à  réagir, a assuré qu’il était « pleinement engagé » pour retrouver les malheureuses lycéennes, alors que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont engagé des moyens, avec notamment des avions côté américain, pour collecter du renseignement.

Paris: un sommet pour contrer la menace Boko Haram

Selon le service de presse de la présidence française, tous les chefs d’à‰tat invités devraient être présents, à  savoir : le Nigérian Goodluck Jonathan, le Tchadien Idriss Déby Itno, le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Béninois Thomas Boni Yayi et le Camerounais Paul Biya. l’Union européenne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis seront également représentés. L’objectif premier est de coordonner les services de renseignements pour localiser les jeunes filles. « Il ne s’agit pas de déverser du matériel militaire ou de faire des annonces fracassantes. Il s’agit de faire le lien politique et diplomatique entre les pays de la région. Nous voulons pousser le Nigeria à  s’ouvrir aux pays de la région, mais aussi convaincre les pays limitrophes, notamment le Cameroun et le Tchad, qu’ils sont eux aussi concernés », explique une source diplomatique. l’ambition de ce sommet est aussi de «faire prendre conscience» aux pays voisins du risque Boko Haram dans la région. «Ce rendez-vous à  Paris pourrait permettre d’envisager une meilleure surveillance aux frontières, pour le moment poreuses, pour éviter que cette secte trouve refuge dans les pays aux alentours ou pour s’approvisionner en armes», conclut cette même source. « Le terrorisme – et en particulier les insurgés de Boko Haram – représente une menace transfrontalière, justifie le porte-parole du président nigérian. Souvent, les pays voisins, le Niger, le Tchad, le Cameroun et même le Bénin ont signalé à  un moment ou à  un autre que des insurgés avaient passé leur frontière et des informations font état que certains insrugés opèrent de part et d’autres des frontières. Donc l’un des objectifs de ce sommet est selon moi de renforcer la coopération qui existe entre nos pays ». Pour Philippe Hugon, directeur de recherche à  l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), en charge de l’Afrique, «pour bloquer l’extension de la menace Boko Haram vers d’autres pays, une coopération régionale est nécessaire». La mobilisation pour libérer les 200 adolescentes capturées il y un mois, a gagné tout le monde entier. Hier jeudi à  Bamako, des jeunes ont manifesté pour réclamer leur libération.

Bring Back Our Girls, la manif de Bamako

Habillés de rouge, les manifestants scandaient « Bring back our girls » (rendez-nous nos filles, en français), le message de ralliement du mouvement mondial en faveur des jeunes nigérianes enlevées le 14 Avril dernier. Sur les banderoles que brandissait la foule à  majorité composée de jeunes gens, on pouvait lire « chaque fille a le droit d’aller à  l’école sans craindre pour sa vie ». La manifestation avait pour objectif principal d’exprimer leur solidarité envers les 234 jeunes lycéennes enlevées au Nigeria par les groupes islamistes Boko Raham. l’événement a été marqué par la présence du président du Conseil National de la Jeunesse, Mohammed Salia Touré et d’autres personnalités de marque. Pour la présidente de la commission d’organisation, par ailleurs présidente de l’association Yellen Africa Mali, initiatrice de la manifestation, l’enlèvement des lycéennes au Nigeria est un acte odieux et inhumain violant tous les droits fondamentaux de la personne humaine. « Nous, organisations des jeunes du Mali, sommes réunies en ce jour pour exprimer notre amertume » déclare Hadèye Maiga. Ces 20 organisations des jeunes se sont engagées également à  soutenir leurs sœurs nigérianes et leurs familles et à  travers elles tout le peuple du Nigeria dans ces moments difficiles. Autre temps fort de cet événement est la visite surprise Shine Bhaskaran de JCI Inde , président mondial de la Jeune Chambre Internationale. « C’’est ma première activité au Mali (o๠il est arrivé hier mercredi, ndlr). Je suis très heureux de voir réunies une vingtaine d’associations de jeunes pour exprimer leur solidarité à  nos sœurs nigérianes. A travers cette activité, vous venez de montrer que nous sommes unis. Les jeunes filles sont très importantes dans le monde » a déclaré Shine Bahaskaran. Avis partagé par Mariam Diallo Dramé, présidente de l’association AFLED. « Nous sommes habillées en rouge pour exprimer notre solidarité à  nos sœurs et à  leurs parents » soutient-elle. Le président du conseil national des jeunes Mohamed Salia Touré n’a pas raté cette occasion pour féliciter les organisateurs pour leur initiative. « Nous devons continuer à  mobiliser »a-t-il souhaité. La cérémonie a pris fin par une marche symbolique et de remise de déclaration au président mondial de la Jeune Chambre Internationale et à  Mohamed Salia Touré.

Mobilisation mondiale pour les jeunes nigérianes

Il faut sauver les filles ! C’’est un élan de solidarité qui s’est créé à  travers le monde depuis environ une semaine. En effet, les fous de Dieu de la secte islamiste Boko Haram annonçaient en début de semaine que les 223 (276 selon les familles) jeunes filles qu’ils avaient enlevées seraient vendues ou traitées en esclaves. Ils en ont enlevé onze autres mardi dernier lors d’une attaque à  la frontière du Cameroun qui a couté la vie à  300 civils. La mobilisation s’intensifie et plusieurs personnalités sont montées au créneau pour demander aux islamistes de relâcher les jeunes filles. #Bringbackourgirls Une pétition en ligne sur le site change.org pour mettre la pression sur le gouvernement nigérian afin que ce dernier mette tout en oeuvre pour la libération des jeunes filles. Goodluck Jonathan, le président du Nigeria a lancé un appel à  l’aide à  la communauté internationale, appel qui a reçu des réponses positives de la France, la Chine, les Etats Unis, entres autres… Sur les réseaux sociaux, les internautes se mobilisent. En trente jours, il a été utilisé près d’1,3 million de fois.Sur Facebook, les appels aux manifestations se sont multipliés. Certaines ont déja eu lieu comme dans plusieurs villes aux Etats Unis, ici Syracuse Ou encore à  Bamako o๠une marche est prévue la semaine prochaine Ce sont les cris et les larmes des mères des jeunes filles qui ont ému le monde entier. Depuis trois semaines, elles ne s’accordent aucun répit et manifestent quasi quotidiennement pour réclamer une action en leur faveur. Sur Twitter, les ONG et de nombreuses personnalités, de Whoopy Goldberg à  Hillary Clinton, multiplient ainsi les appels pour soutenir les recherches et mettre sous pression ceux qui les mettent en œuvre. Leur hashtag de ralliement: #BringBackOurGirls. En attendant le déploiement de l’aide étrangère, la police nigériane a offert, mercredi, 50 millions de nairas (215 000 euros) à  quiconque fournirait des informations permettant de retrouver les otages. Le département d’à‰tat américain a indiqué disposer d’indications selon lesquelles les adolescentes auraient été emmenées dans des pays voisins.

Des récompenses pour les chefs de Boko Haram, AQMI et du Mujao

Washington offre depuis lundi jusqu’à  23 millions de dollars de récompense pour toute information conduisant notamment à  la capture de djihadistes et de terroristes basés au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Le département d’Etat américain offre une récompense allant jusqu’à  7 millions de dollars (5,35 millions d’euros) pour toute information qui permettrait de localiser Abubakar Shekau, le chef de la guérilla islamiste Boko Haram, installée au Nigeria. Une récompense de 5 millions de dollars est promise pour des informations sur Mokhtar Belmokhtar, dissident d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et considéré comme le cerveau de l’attaque contre le site gazier algérien de Tiguentourine en janvier. Donné pour mort par le Tchad en avril, il a menacé il y a dix jours de lancer de nouvelles attaques au Niger après les attentats-suicides de la fin mai. Yahia Abou El-Hammam, le chef d’AQMI, notamment impliqué dans la mort de l’otage français Michel Germaneau au Niger en 2010, est également l’objet d’une récompense de 5 millions de dollars. Ces récompenses, qui visent également Malik Abou Abdelkarim (3 millions de dollars), commandant d’AQMI, et Oumar Ould Hamahathe (3 millions de dollars), porte-parole du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), s’inscrivent dans le programme « Récompenses pour la justice » (« Rewards for justice »). Ce programme du département d’Etat offre depuis 1984 des sommes d’argent à  tout informateur permettant l’arrestation ou l’élimination d’individus qui menacent les intérêts des Etats-Unis. AFFICHES PLACARDà‰ES NOTAMMENT AU MALI ET AU NIGERIA Les Etats-Unis s’alarment depuis des mois de la puissance des groupes islamistes armés dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest, et Washington a applaudi et appuyé l’opération militaire française au Mali. « AQMI est de plus en plus actif dans le nord et l’ouest de l’Afrique. Ils font partie des tout premiers groupes qui kidnappent contre rançons dans la nébuleuse terroriste mondiale, indique un responsable du département d’Etat. Ils représentent pour nous une grande source d’inquiétudes. Tout ce que nous pouvons faire pour réduire les capacités d’AQMI, pour obtenir des informations sur ces individus et les traduire en justice, c’est notre objectif. » La campagne du département d’Etat se fera notamment par des affiches placardées au Mali, au Nigeria et dans les pays voisins, plaçant sur le même poster des photos de dirigeants d’AQMI et de Boko Haram. « Ils entretiennent des relations depuis un moment », notamment avec des entraà®nements et des caches d’armes communes, selon le responsable du ministère.

Menace terroriste : quand le cancer gagne toute l’Afrique…

Une famille française vient d’être enlevée à  la frontière du Cameroun et du Nigeria par l’un des groupes terroristes les plus radicaux. Boko Haram. Réputés pour leur violence et leurs exactions contre les chrétiens, ces fous de la barbarie n’ont pour la vie humaine aucune considération. Il est dès lors aisé de s’inquiéter du sort des otages français qu’ils détiennent depuis hier. Conséquence de l’intervention française au Nord Mali ?, se demandent certains. Les intégristes avaient prévenu que si la France s’engageait, ils livreraient une guerre sans merci à  leurs ressortissants. Ce n’était pas une menace en l’air. Même si aucune corrélation n’est encore établi entre les jihadistes d’Ansar Dine, retranchés dans les massifs de l’Adrar des Iforas à  l’extrême nord du Mali, ceux qui ont kidnappé la famille française en Algérie s’inscrivent en droite ligne de la politique de terreur voulue par Al Qaeda, Aqmi et toutes ses branches par extension. La branche «Â Ansaru » dissidente de Boko Haram joue ainsi le jeu de ses maà®tres, qui ont ôté la vie à  près d’une quarantaine de personnes, dont plusieurs français, lors de la prise d’otages sanglante du site gazier d’In Amenas en Algérie en janvier dernier. Conscient de cela, François Hollande, le Président de la République française, n’a pour autant pas reculé et engagé près de 4000 hommes au nord du Mali. Faut-il dès lors craindre d’autres attaques et prises d’otages et à  chaque fois dans des lieux inattendues. Car nous étions loin de penser qu’elles pouvaient survenir au Cameroun. Il y a peu, des jihadistes auraient également été appréhendés à  la frontière mauritano-sénégalaise, créant la psychose. Bien des chefs d’Etats africains doivent se rendre compte que la menace est réelle et pourrait s’étendre à  toute l’Afrique, étant déjà  bien implantée au nord du continent, et de Nouakchott à  Djibouti. Entre les shebabs somaliens, les sanguinaires de Boko Haram, Al Qaeda dans la péninsule arabique ou encore les fous de Dieu qui opèrent dans toute la bande sahélo-saharienne, le cancer de la terreur gagne chaque jour un peu plus du terrain. Il est temps d’agir !

Les liens troubles entre Boko Haram et AQMI au Nigeria

Après les années d’obscurité, celles de la violence. Boko Haram, secte qui revendique à  présent des liens avec le voisin d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), est engagé dans une insurrection qui frappe, au jour le jour, une partie du nord du Nigeria. Un exemple ? Pour le seul lundi 5 mars 2012, jour ordinaire, trois militants de Boko Haram étaient tués par les forces de sécurité alors qu’ils tentaient d’incendier une école de la ville de Maiduguri (dans le nord-est), et trois policiers étaient tués dans le mitraillage du domicile d’un commissaire de Kano (dans le nord). Encore était-ce un lundi sans batailles rangées ni attentats, ni comme le 20 février, lorsque les combattants de Boko Haram avaient ouvert le feu sur le marché de Maiduguri et tué une trentaine de personnes. Un mois plus tôt, il y avait eu 185 morts à  Kano dans des attaques de la secte. A la mi-janvier, Human Rights Watch avait calculé que Boko Haram avait tué 935 personnes au Nigeria depuis la reprise de ses actions militaires, à  la mi-2009. On ne dispose pas de chiffres sur le nombre de personnes tuées par les forces de sécurité. Boko Haram, qui signifie « l’éducation occidentale est un péché », n’est qu’un surnom, donné au Jama’atu Ahlis-Sunnah Lidda’awati Wal Jihad (« disciples du Prophète pour la propagation de l’islam et de la guerre sainte »), qui a fait allégeance à  AQMI en octobre 2010. Boko Haram est-il en train d’ouvrir à  Al-Qaida une voie royale en Afrique de l’Ouest ? Le mouvement nigérian est beaucoup de choses à  la fois. Ses membres sont en rupture avec l’islam des confréries soufies du nord-est du Nigeria, mais exigent le strict respect de la charia dans cette région. Ils essayent aussi de venger la mort de leur chef charismatique, Mohamed Yusuf, en juillet 2009. Après ce décès, le mouvement donnera l’impression d’être éteint. Les survivants sont simplement entrés dans la clandestinité, notamment à  la campagne. Certains militants – plusieurs centaines selon certaines sources – se réfugient dans les pays voisins : au Tchad, et surtout au Niger, o๠on les trouve à  Zinder, Maradi et Diffa. Dans cette dernière ville, l’un des responsables actuels de Boko Haram est installé à  demeure. Des liens se sont tissés entre Boko Haram et AQMI. L’opération d’enlèvement par AQMI de deux jeunes Français à  Niamey, au Niger, qui s’est terminée dans le sang, avait été organisée grâce à  des renseignements collectés par un membre de Boko Haram présent dans la capitale nigérienne. D’autres indices font état de liens plus profonds. Des militants de Boko Haram arrêtés au Niger étaient en possession « de cartes SIM avec les numéros de téléphone satellitaire des chefs de plusieurs katiba (phalanges) », note une source de l’antiterrorisme. Ce qui ne signifie pas qu’Al-Qaida soit présent, à  travers Boko Haram, dans le nord du Nigeria. Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chercheur au Ceped (Centre population et développement), spécialiste du Nigeria, relève que la secte s’apparente avant tout à  un « mouvement de protestation sous l’égide d’un leader spirituel ». Il précise : « Sur le plan idéologique, Boko Haram ne répond sûrement pas aux canons du wahhabisme car ses militants croient aux forces de l’invisible et utilisent des amulettes pour se protéger des attaques de la police ou de l’armée. Quant au chef spirituel du mouvement, Mohamed Yusuf, il professait des idées syncrétiques et était réputé pour avoir recours à  la sorcellerie pour envoûter ses fidèles en droguant leur thé. On voit mal ses successeurs se fondre dans un vaste réseau destiné à  entretenir et promouvoir l’héritage politique de Ben Laden. » Plus préoccupant est le « saut technique » opéré par les membres de Boko Haram dans l’organisation d’attentats-suicides. Un spécialiste de ce secteur, qui a travaillé sur la montée de la vague d’attentats organisés par le groupe d’Abou Moussab Al-Zarkaoui, en Irak, a été surpris de découvrir des similitudes dans les techniques opératoires. Ce qui suppose un apprentissage et une transmission qui « ne peuvent se faire que sur Internet », selon la même source. Certains éléments de Boko Haram se seraient rendus chez les Chabab, en Somalie. Certains d’entre eux sont présents dans les katiba d’AQMI. En attestent les témoignages d’otages libérés et de négociateurs, qui les ont rencontrés. Mais on est loin de l' »allégeance » complète. Comme le note James Forest, professeur à  l’université du Massachusetts et spécialiste des questions de terrorisme : « Al-Qaida a longtemps cherché un groupe affilié en Afrique de l’Ouest, et de préférence au Nigeria. Bien qu’on distingue des tentatives avec Boko Haram, rien n’indique que cela ait eu du succès. Mais il y a quelques relations personnelles entre AQMI et Boko Haram qui ont facilité des échanges d’armes et de renseignements ; ceux-ci ont été accompagnés de quelques déclarations publiques de coopération au niveau de leurs organisations. »

Nigéria: Boko Haram s’attaque à la téléphonie mobile

Le mystère est désormais levé sur l’origine de la vingtaine d’explosions de ce début de semaine, visant des relais de transmission de compagnies de téléphonie mobile dans le nord du Nigeria. Ce jeudi, le groupe islamiste Boko Haram s’est dénoncé comme en étant à  l’origine. Nous avons décidé de lancer des attaques contre des relais d’opérateurs de téléphonie mobile car ils fournissent de l’aide aux agents de sécurité, indique le groupe dans un message internet. Pour lui, les informations transmises par les relais téléphoniques aident les forces de sécurité à  arrêter nos frères. Ce sont neuf compagnies de téléphonie mobile annoncent avoir subi des dommages, dont le géant sud africain MTN. Leurs antennes ont été prises pour cibles et incendiées en 48 heures par Boko Haram à  Kano, Maiduguri, Gombe, Bauchi ou encore Potiskum. Peu après l’arrestation d’un de ses porte-parole présumés qui avait été localisé grâce à  son téléphone portable, le groupe islamiste avait menacé, en février dernier déjà , de s’en prendre aux installations des sociétés de télécommunications. C’était peu après l’arrestation d’un de ses porte-parole présumés qui avait été localisé grâce à  son téléphone portable. En adressant dans ce même message, des menaces aux collaborateurs de la radio américaine Voix de l’Amérique (VoA), le groupe entend faire comprendre à  tous, qu’il n’a pas non plus apprécié l’annonce le mois dernier par VoA que le groupe avait entamé des discussions avec le gouvernement nigérian. Bien plus, il reproche à  la radio de nuire à  l’islam. Une nouvelle forme d’attaques de Boko Haram qui a eu recours jusqu’ici surtout à  des attentats à  la bombe ou des attaques armées contre ses cibles. l’organisation terroriste va plus loin dans ses menaces contre VoA, en avertissant devrait arrêter de travailler pour la station. Rappelons que Boko Haram, s’est rendu responsable par les autorités de la mort de plus de 1 400 personnes, surtout dans le nord à  majorité musulmane mais aussi dans le centre du pays depuis 2010. s’illustrant notamment par une série de violences à  l’encontre du gouvernement, des chrétiens et de la population musulmane des régions o๠ils sont implantés ; tout en prônant un islam radical et rigoriste.

Nord Mali : Boko Haram s’en mêle

Une toile d’arignée. Les islamistes, salafistes et autres djihadistes tissent une véritable toile d’araingée au Nord du pays et rendent plus complexe la reconquête du nord comme le souhaitent de nombreux ressortissants du nord qui battent le pavé à  Bamako. Mais les chef islamistes n’en ont cure et poursuivent leurs croisades idéologiques qui n’engagent qu’eux et leurs hommes. Au moment o๠des villes comme Gao se vident de sa population et lorsque des émissaires d’Al Qaeda ont déjà  rendu visite à  Iyad Ag Ghaly, le chef salafiste, calife à  la place du MNLA, on apprend que des membres du mouvement islamiste nigérian Boko Haram prêtent main forte aux islamistes pour étendre leur influence dans la zone. D’après des sources à  Gao, ces combattants venus des rangs de Boko Haram, sont de nationalité nigérienne, mais surtout nigériane. Ils étaient soit en formation dans les katibas, cellules au Sahel, quand l’actuelle crise dans le septentrion malien a commencé, soit ils venaient à  peine d’arriver sur le terrain, en provenance du Nigeria. Boko Haram est connu pour ses positions radicales et la brèche ouverte au nord du Mali est l’occasion d’étendre son influence dans la zone. Haidara se défend de toute accointance Le prédicateur Cherif Ousmane Madani Haà¯dara réfute lui toute accointance avec les mouvements islamises qui ont envahi le nord : « Mon association a été créée en 1991. Elle s’appelle Ansar Eddine. Notre but est de sensibiliser les gens et de leur faire savoir que l’islam, c’est la tolérance. L’autre groupe qu’ils viennent de créer au Nord, s’appelle aussi Ansar Dine. Mais nous n’avons rien à  voir avec eux », a d’abord affirmé Haà¯dara, dont l’organisation religieuse est basée à  Bamako, dans le quartier très populaire de Banconi, d’o๠elle rayonne dans plusieurs pays frontaliers comme la Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso. Face à  la complexité de cette présence au Nord, d’aucuns préconisent une intervention militaire.  » Comment négocier avec ces chefs religieux qui s’allient entre eux, l’option militaire est la seule voie », juge un habitant de Bamako. Du reste, les salafistes ont déjà  commencé à  faire plier les habitants à  leur idéologie. Tombouctou est devenu en quelques jours le berceau du djihad, sauce Iyad Ag Ghaly…