L’Afrique, le cygne noir de Cannes

Tapis rouge, icônes vivantes, robes et bijoux de créateurs, smoking de grande classe. Pour des millions de personnes dans le monde, Cannes c’est avant tout la fête du glamour. Mais pour les amoureux de la bobine, la grand-messe du cinéma est l’occasion de vivre une quinzaine endiablée entre salles obscurs et événements mondains sur la Croisette. La vile du sud de la France s’anime à  partir de ce 15 mai pour le Festival de Cinéma le plus célèbre du monde, qui porte son nom, Cannes. Cette année encore, de grands noms, de beaux films et des activités plus grandioses les unes que les autres vont faire la une de l’actualité. L’édition 2013 présidée par le réalisateur Steven Spielberg sera marquée sans nul doute par La venue de Leonardo DiCaprio, star de Gatsby le magnifique, du réalisateur australien Baz Luhrmann. Le film sera présenté en 3D ce soir en ouverture du 66e Festival. D’autres stars sont également à  l’affiche avec un palmarès composés de 20 films seront en lice. Ceux-ci sont plus axés cette année sur des histoires intimes que de grands sujets politiques et on promet même et quelques scènes torrides… Les autres membres du jury sont la star australienne Nicole Kidman, l’acteur autrichien Christoph Waltz, le Français Daniel Auteuil ou encore les cinéastes taiwanais Ang Lee et roumain Cristian Mungiu. L’Afrique, petite présence remarquée Sur le papier, la lutte promet d’être rude compte tenu du nombre de talents confirmés et prometteurs retenus par le délégué général Thierry Frémaux: le Danois Nicolas Winding Refn («Only God forgives» avec Ryan Gosling), l’Américain James Gray («The immigrant» avec Marion Cotillard), l’Iranien Asghar Farhadi («Le Passé» avec Bérénice Béjo et Tahar Rahim). L’Afrique est représentée par deux cinéastes. Il s’agit du Tchadien Haroun et du Franco-Tunisien Kechiche. Et avec eux, plusieurs films tournés sur le continent africain. Une cinquantaine de films ont été retenus sur presque deux mille propositions de long-métrages envoyés à  Thierry Frémaux, délégué général de la manifestation, dans l’espoir de figurer dans la sélection officielle du Festival de Cannes. Parmi eux, plusieurs ont été tournés sur le continent africain ou au Moyen-Orient. Surtout, deux longs-métrages de cinéastes originaires d’Afrique seront en lice pour la Palme d’or. Le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun réussit l’exploit de figurer pour la deuxième fois en trois ans sur cette liste prestigieuse. Prix du jury en 2010 pour Un homme qui crie, il présentera Grigris, du nom de son héros, un jeune de 25 ans qui veut devenir danseur malgré sa jambe paralysée, mais doit abandonner ce rêve pour se livrer à  divers trafics afin d’aider son oncle malade. Le Franco-Tunisien Abdellatif Kechiche, plutôt habitué de la Mostra de Venise, o๠avaient été projetés La Graine et le mulet et Vénus noire, est quant à  lui pour la première fois à  Cannes. Avec La Vie d’Adèle, changeant semble-t-il complètement de sujet, il raconte une histoire d’amour passionnelle entre une adolescente et une jeune femme aux cheveux bleus, adaptation d’une bande dessinée de la Française Julie Maroh (Le bleu est une couleur chaude, prix du public au festival d’Angoulême en 2010). Projeté le soir de la clôture, Zulu est, lui, hors compétition. Réalisée en Afrique du Sud par le cinéaste français Jérôme Salle, cette adaptation du polar éponyme de Caryl Férey, paru chez Gallimard en 2008, bénéficie d’un casting hollywoodien : l’Africain-Américain Forest Whitaker et le Britannique Orlando Bloom. Le premier a déjà  reçu un prix d’interprétation à  Cannes en 1988 – il incarnait le jazzman Charlie Parker dans Bird de Clint Eastwood – et un oscar pour son rôle d’Amin Dada dans Le Dernier roi d’à‰cosse en 2007. Le second s’est illustré dans les Pirates des Caraà¯bes. Zulu évoque une enquête périlleuse menée par deux policiers, un Zoulou et un Afrikaner, dans les townships du Cap. Un portrait sans concessions de l’Afrique du Sud post-apartheid.