Accord de Ouaga : les rebelles annoncent la suspension des négociations

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA) déclarent informer « l’opinion nationale et internationale que suite aux multiples difficultés de mise en œuvre de l’accord de Ouagadougou, causées notamment par le non respect par la partie gouvernementale malienne de ses engagements », la coordination qui rassemble ces trois groupes « a décidé de suspendre sa participation aux structures de mise en œuvre du dit accord. » Dans leur communiqué signé par Mossa Ag Attaher pour le MNLA, Ahmada Ag Bibi pour le HCUA et Boubacar Taleb pour le MAA, les trois mouvements rebelles précisent que « cette suspension est intervenue depuis le 18 septembre 2013 à  l’occasion de la deuxième réunion du Comité de suivi et d’évaluation du dit accord. » Le même jour, le MNLA, le HCUA, le MAA et la coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance (CMFPR, qui regroupe des milices Ganda Koy et Ganda Izo,) s’étaient pourtant engagés, dans une déclaration commune, à  unir leurs efforts pour une solution « définitive de la crise dite du nord du Mali ». Des propos contradictoires Après trois jours de réunion à  Bamako, ces groupes s’étaient également dits « soucieux de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la République du Mali » et « à  ne pas utiliser la violence comme moyen d’expression ». Quelques heures plus tard, le MNLA, par l’intermédiaire de son vice-président, Mahamadou Djeri Maà¯ga, affirmait à  l’AFP que son mouvement « ne négocierait rien [d’autre] que l’autonomie de l’Azawad », « ou il n’y [aurait] pas de négociations avec les autorités maliennes ». Dans le même temps, le président Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK) assurait qu’il ne « (négocierait) jamais l’intégrité territoriale du Mali ainsi que l’unité nationale ». Toutefois, les insurgés annoncent avoir envoyé « une correspondance à  la Médiation pour la tenue, à  Ouagadougou, dans l’urgence, d’une réunion extraordinaire de toutes les parties impliquées dans l’accompagnement de l’accord de Ouagadougou en vue d’évaluer la mise en œuvre de cet accord. »

Accord de Ouaga: reprise des discussions, 60 jours après la formation du gouvernement

La signature de l’accord préliminaire de Ouaga le 18 juin dernier a ouvert la voie à  la tenue des deux tours de l’élection présidentielle le 28 juillet et le 11 août sur l’ensemble du territoire malien. Le document comprenant 25 articles décrit le « processus post électoral » qui devra permettre, après la formation du nouveau gouvernement l’établissement d’une « paix globale et définitive ». L’accord prévoit la reprise des négociations 60 jours après la nomination d’un nouveau gouvernement. « La réconciliation nationale demeure la priorité la plus pressante. (…) Je veux réconcilier les C’œurs et les esprits, rétablir une vraie fraternité entre nous afin que chacun dans sa différence, puisse jouer harmonieusement sa partition dans la symphonie nationale. (… ) A cet effet, en tant que Président de la République, je m’attellerai sans relâche à  restaurer l’autorité de l’Etat. Nul ne sera au-dessus de la loi. » a déclaré le président IBK dans son discours d’investiture le 4 septembre dernier. Méfiance des mouvements touaregs Avant l’ouverture du dialogue, les mouvements du nord Mali se préparent, font monter les enchères et maintiennent la pression. Lors de l’investiture du Président IBK, le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) avait appelé la population du nord à  manifester. Pour Mossa Ag Attaher, chargé de communication du MNLA, il s’agissait d’interpeller le nouveau président dès son entrée en fonction. « C’’est pour dire au président qui vient d’être investi que derrière les mouvements de l’Azawad, il y a une population qui est en attente, une population qui n’est plus disposé à  partir avec une tête bricolée… Pour l’instant, IBK a été vague dans le discours même s’il a parlé de justice, de réconciliation, C’’est des choses très importantes. Cependant, il faut qu’il soit précis.» a-t-il déclaré sur une radio internationale. De son côté, Sidi Brahim Ould Sidatt, Secrétaire général adjoint du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA) et représentant du mouvement auprès de la commission de suivi et d’évaluation des accords de Ouagadougou affirme que « le Mali de lui-même ne va pas régler le problème ». « s’il n’y a pas une réelle force d’opinion internationale pour faire pression sur le Mali, il n’y aura pas de solution définitive pour ce problème. Nous attendons à  ce que le président fasse ses preuves. On a beaucoup fait confiance, on a finalement rien trouvé donc nous allons continuer notre mouvement armé, nos revendications jusqu’à  ce que les choses soient appliquées comme c’est écrit dans l’accord. » a-t-il poursuivi. Les débats s’annoncent compliqués et l’issue des discussions sera décisive. Les questions du désarmement des rebelles, de leur intégration ou réinsertion et du statut des régions du Nord doivent être tranchées. « Nous enclencherons les actions appropriées pour forger des solutions robustes en vue d’une paix durable afin que nous sortions définitivement de la répétition cyclique des crises dans le Nord du pays.. » a indiqué le président IBK lors de son discours.

Négociations sur le Mali: réponse attendue de Bamako et des rebelles touareg au projet d’accord

La délégation de Bamako, conduite par l’ancien ministre Tiébilé Dramé, et la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) « ont demandé quelques heures pour retourner faire un compte-rendu à  leur base et à  leurs mandants afin de pouvoir revenir ce mardi 11 juin pour l’adoption finale de ce document », a indiqué Djibrill Bassolé, chef de la diplomatie burkinabè. L’enjeu des négociations est de permettre la tenue à  Kidal de la présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali, élection destinée à  aider le pays à  sortir de l’ornière. Le MNLA et le HCUA ont ces derniers mois refusé la présence de l’armée et de l’administration maliennes à  Kidal, exigeant la sécurisation du scrutin par la future force onusienne, la Minusma, attendue en juillet au Mali et qui absorbera la force panafricaine (Misma) déjà  sur place. Appuyée par des diplomates (ONU, Union africaine et Union européenne) représentant la communauté internationale, la médiation, qui espérait un accord dès lundi, a travaillé « en particulier » sur la question du déploiement des forces armées maliennes dans la région de Kidal, a souligné M. Bassolé. « Nous avons obtenu un accord sur le principe » pour « un retour pacifique, réussi » des forces maliennes « en même temps que de l’administration d’Etat et des services sociaux de base au Nord-Mali », a-t-il poursuivi. « Rien ne bloque », a-t-il insisté. « Toutes les dispositions sont prises dans l’accord pour qu’il n’y ait aucun incident, aucun désagrément qui puisse rompre la confiance » et compromettre la tenue de l’élection à  la date prévue, a assuré le ministre burkinabè. « Déterminer les modalités de retour de l’armée malienne » à  Kidal Le projet d’accord prévoit de créer « une commission mixte de sécurité » réunissant les deux camps pour « déterminer les modalités de retour de l’armée et surtout pour créer le bon esprit », a-t-il ajouté, sans préciser ces modalités ni le calendrier. Selon une source proche des discussions, la médiation a proposé un « retour graduel » des forces armées maliennes à  Kidal et un « cantonnement » des éléments des groupes armés touareg. Pour rassurer les mouvements touareg qui « n’ont pas confiance en l’armée malienne », craignant « des massacres », les forces armées maliennes devraient être « encadrées » par l’armée française, présente à  l’aéroport de Kidal, et la Minusma, a précisé une source diplomatique. Plus tôt, M. Bassolé avait reconnu que la « méfiance » persistait entre les deux camps, « en particulier après les derniers événements d’Anefis », une ville située à  une centaine de kilomètres au sud de Kidal, que l’armée malienne a reprise le 5 juin aux groupes touareg après des combats.

Les groupes touaregs refusent toujours l’armée malienne à Kidal

A l’issue de discussions engagées mardi au Burkina Faso, pays médiateur dans la crise malienne, des délégations du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ont scellé le rapprochement de leurs organisations et adopté une position commune sur la présidentielle. « L’armée malienne n’a pas de rôle à  jouer dans le système électoral et dans les élections présidentielles », a déclaré devant la presse Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA, qui s’exprimait au nom des deux groupes. Ces élections « doivent être sécurisées par les forces de la Minusma », la force onusienne de maintien de la paix censée se déployer en juillet, a-t-il poursuivi, affirmant que « les exactions continuent tous les jours contre les populations touareg et arabes dans les zones contrôlées par l’armée malienne ». « Nous pensons que nous pouvons, avec la communauté internationale, avec la médiation, avec la Minusma, organiser l’élection présidentielle sans que l’armée malienne soit à  Kidal », a insisté M. Attaher. La Minusma doit se déployer à  partir du 1er juillet et absorber la Misma, la force africaine mise en place après l’intervention lancée par la France, en soutien à  l’armée malienne, et qui a permis depuis janvier de reprendre le nord du Mali aux islamistes liés à  Al-Qaà¯da qui occupaient la région depuis 2012. Grâce à  cette intervention, les autorités maliennes ont rétabli leur souveraineté sur le Nord, à  l’exception de Kidal, o๠domine le MNLA, rébellion touareg autonomiste et laà¯que, qui fut l’an dernier alliée aux islamistes dans la région avant qu’ils ne l’en évincent. « Conditions favorables » Le gouvernement de transition de Bamako, fixant cette semaine au 28 juillet le premier tour de la présidentielle, a souligné que le scrutin devait se dérouler sur tout le territoire national, alors que l’occupation de Kidal suscite la colère d’une bonne partie de l’opinion et de la classe politique maliennes. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, s’est réjoui du rapprochement entre le MNLA et le HCUA, auquel poussait Ouagadougou. Les prochaines négociations entre les mouvements touareg et Bamako « vont bientôt aboutir à  une normalisation et à  la création des conditions favorables à  la tenue des élections », a-t-il estimé, saluant une « bonne volonté de part et d’autre ». « Il faut bien sûr régler les modalités pratiques, en particulier la question relative au retour de l’armée à  Kidal », a-t-il toutefois admis, sans se prononcer sur un calendrier. Dans l' »accord-cadre » sur lequel ils se sont entendus, le MNLA et le HCUA, qui se rendront dorénavant « à  la table des négociations comme un seul mouvement » selon M. Attaher, sont allés au-delà  de la question de Kidal et de l’élection. Ils ont en effet appelé à  un « cessez-le-feu » avec Bamako sous l’égide de la communauté internationale. Ils ont aussi réclamé une résolution de l’ONU leur garantissant le « retrait de l’armée malienne du territoire de l’Azawad » (nom qu’ils donnent à  tout le Nord malien) et la reconnaissance d’un « statut juridique spécifique » à  cette région. Ils plaident à  terme pour le « droit à  l’autodétermination du peuple de l’Azawad », sans évoquer l’indépendance, revendication à  laquelle avait renoncé il y a plusieurs mois le MNLA, qui en était le fer de lance. Les deux mouvements ont enfin souhaité la libération de « tous les +Azawadiens+ détenus par les autorités maliennes ». Médiateur au nom de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le président burkinabè Blaise Compaoré avait engagé lundi des discussions avec les autorités maliennes et les mouvements touareg, qui doivent déboucher prochainement sur un « dialogue direct » intermalien sous ses auspices.