Tribune : Douentza est-elle tombée ?

Bien que je ne sois pas toujours d’accord avec les orientations de ce journal et certaines approximations (Douentza, ville du sud du Mali !!!) mais on y trouve quand même pas mal d’informations. Ce matin, j’appelle un ami tamashek, résident à  Douentza, avec qui j’ai eu l’occasion de travailler plusieurs fois en 91 et en 2006 et que je rencontre régulièrement dès que dépasse Mopti pour me rendre dans le nord du pays. Sitôt le téléphone décroché il me demande de mes nouvelles, de la famille, alors que je m’attendais à  peine à  pouvoir le joindre. Il me rassure tout de suite. Effectivement le Mujao est venu hier pour désarmer les milices de jeunes, milices d’auto-défense de la ville mises en place depuis quelques temps. En fait, me dit-il, le Mujao et Ansar Dine viennent très régulièrement à  Douentza et c’est même un des rares cercles du Nord qu’ils ne contrôlent pas vraiment. Des discussions ont eu lieu hier entre les responsables de la ville et les islamistes et tout le monde est tombé d’accord (mais la ville de Douentza avait-elle le choix ?). Aucun coup de feu n’a été tiré. La situation est calme et ne correspond pas à  celle d’une ville prise d’assaut. Pourtant, la situation n’est pas aussi simple que ce qu’il me laisse entendre au premier abord. Le Mujao et Ansar Dine comptent bien imposer une certaine « rigueur » religieuse. IIs ont de l’argent, beaucoup d’argent, et c’est ce qui manque le plus aujourd’hui à  Douentza alors que les projets et programmes ce sont retirés, que la rentrée scolaire est proche (aura-t-elle lieu?) et que les fonctionnaires ont déserté la ville. Il n’y a plus d’électricité et le service public de l’eau est assuré par une association. Comment ne pas se laisser tenter, pour de l’argent, en dénonçant quelqu’un ? Il y a des « espions » dans la place et les jeunes ont intérêt à  se tenir tranquille me dit-il, le danger est là . Si la « prise » de la ville de Douentza n’en est pas vraiment une puisque, de fait, il semble bien que les islamistes y allaient et venaient comme chez eux, c’est un pas de plus dans le contrôle du nord et, bientôt, du centre du pays. Comme me le rappelle mon ami avec un peu d’ironie, nous attendons la fin des discussions à  Bamako… En tout cas, c’est pas facile. Rédigé le 02 septembre 2012 à  12:03