François Hollande à Bagdad pour « soutenir le gouvernement »

François Hollande est arrivé ce vendredi 12 septembre au matin en Irak, pour témoigner du soutien de la France au gouvernement fraà®chement formé à  Bagdad et préciser sa stratégie contre les djihadistes de l’Etat islamique (EI). Le président français est accompagné du chef de la diplomatie, Laurent Fabius, et du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Il a rencontré à  Bagdad le président irakien Fouad Massoum et le Premier ministre Haà¯dar al-Abadi. Ce dernier est à  la tête d’un gouvernement de rassemblement approuvé lundi par le Parlement irakien même si plusieurs portefeuilles clés, dont la Défense et l’Intérieur, restent à  pourvoir. Premier chef d’Etat étranger sur place depuis la formation du gouvernement « Je tenais à  être présent aujourd’hui ici à  Bagdad » pour « affirmer le soutien et la solidarité de la France » au nouveau gouvernement irakien « qui s’est composé démocratiquement et a pu rassembler l’ensemble des composantes du peuple irakien », a déclaré le chef de l’Etat français, à  l’issue de son entretien avec son homologue Fouad Massoum. «Cette solidarité prend plusieurs formes: politique, sécuritaire et humanitaire, face à  un groupe terroriste qui n’a pas de frontières mais a des intérêts territoriaux. Qui veut faire la guerre à  tous ceux qui ne partagent pas leur vision du monde fondé sur la terreur», a-t-il ajouté. Mais le président entend aussi préciser sa stratégie à  l’encontre de l’EI. Si la France fournit depuis août des armes aux kurdes irakiens et de l’aide humanitaire aux civils, elle s’est également dite prête à  utiliser ses bombardiers dans le cadre d’une opération américaine en Irak. Onze ans après avoir refusé de suivre Washington et Londres dans l’invasion de l’Irak, la France tente ainsi de revenir sur le devant de la scène dans ce pays avec lequel elle a entretenu des liens historiques forts mais ambigus, sous le régime de Saddam Hussein – renversé par l’invasion américano-britannique de 2003. L’avion du président français transporte 15 tonnes d’aide humanitaire devant être livrées à  Erbil, dans le nord du pays, ou il devrait se rendre plus tard dans la journée, après avoir rencontré également le premier ministre Haà¯dar Al-Abadi.

Anniversaire du Débarquement de Provence : Kaba Doumbia décoré au nom du Mali

Avec le débarquement de Normandie en France lors de la deuxième guerre mondiale, celui de Provence, un peu moins connu, a aussi vu la participation de nombreux soldats des anciennes colonies françaises parmi lesquels les fameux tirailleurs sénégalais et nord-africains. Pour leur rendre hommage et commémorer les 70 ans de ce débarquement, le président français François Hollande, a invité une quinzaine de chefs d’Etats africains à  Toulon dans le Sud de la France. Parmi les dirigeants invités figurent les présidents malien et ivoirien, Ibrahim Boubacar ‪‎Keà¯ta‬ et Alassane ‪Ouattara‬, ainsi que les chefs des gouvernements algérien et marocain, Abdelmalek Sellal et Abdelillah Benkirane. C’est sur un porte-avions dénommé Charles-de-Gaulle, sur la rade de la ville de Toulon, qu’ils assisteront ensemble à  une parade navale internationale, avant de dà®ner à  bord du bâtiment, fleuron de la Marine française, o๠près de 800 invités ont été conviés, parmi lesquels cent cinquante anciens combattants. Au total, 28 pays seront représentés pour cette journée marquant le souvenir de la campagne de Provence contre l’occupant nazi, qui débuta le 15 août 1944 et dura jusqu’à  l’automne, et à  laquelle participèrent quelque 450.000 soldats. Un malien décoré un ancien combattant malien de la Seconde guerre mondiale, Kaba Doumbia, a été également invité à  participer à  ces cérémonies commémoratives. Il a été décoré de la Légion d’honneur le jeudi 14 août par le ministre français de la Défense, Jean Yves Le Drian, pour sa participation aux côtés des forces françaises dans cette opération. Ce vendredi 15 août, il embarquera sur le porte-avion Charles De Gaulle pour assister à  la cérémonie commémorative en compagnie du Président Ibrahim Boubacar Kéita et des membres de la délégation malienne. Originaire de l’ex-Soudan Français (actuel Mali), Kaba Doumbia, est né en 1920 à  Ouolofobougou-Bolibana, quartier populaire de la Commune III du District de Bamako. Ancien ‘Tirailleur sénégalais’, le caporal-chef, Kaba Doumbia, a été incorporé dans l’armée française le 15 février 1940. Après trois mois de formation commune de base au centre d’Instruction de Kayes, il sera réquisitionné pour Dakar d’o๠il partira pour Marseille. La même année, il est monté au front. Au moment de sa libération du drapeau français en 1956, il était caporal-chef de l’armée française. Un bel hommage. Si aucune rencontre bilatérale n’est formellement prévue, le dà®ner de cette cérémonie sera l’occasion de faire un point sur l’actualité diplomatique, à  l’heure o๠la France est engagée militairement au Mali et en République centrafricaine, a-t-on précisé dans l’entourage du président français.

Serval, le bon samaritain du Mali

Parent éloigné du lion, faux cousin du guépard, le Serval, qui fait penser au chat, a sauvé le Mali. Seulement, ce félin africain au cou long ne se laisse pas facilement avoir comme le chat. Il voit au loin, entend avant tout le monde, perçoit vite et prend ses dispositions pour soit attaquer sa proie ou se mettre à  l’abri. Grand sur pattes d’environ 60 centimètres, long de presque 105 centimètres et pouvant peser jusqu’à  26 kilogrammes, le Serval marque vite son territoire, tenez-vous bien en urinant presque toutes les deux minutes. Serval, le bon samaritain du Mali Bien des mois après le début de l’intervention française au Mali, on peut dire merci à  cet animal qui préfère chasser à  la nuit tombée. On comprend à  présent pourquoi les MIG 21 ont nuitamment donné l’assaut en janvier dernier. La proie repérée, le Serval attend la pénombre pour entrer en action. Avec des sauts de six mètres de long et trois mètres de haut, ce redoutable chasseur enregistre un taux de succès global en termes de chasse nocturne qui dépasse la moyenne. l’opération Serval n’est pas appelée à  durer au vu de sa dénomination d’autant que le Serval n’aime pas les zones arides. Il dévore les petites proies et obstrue les grandes. Hum, est-ce à  dire que les hommes de l’opération Serval n’ont pas trop de temps à  consacrer aux seconds couteaux ? Depuis douze maintenant, en tous cas, ils traquent les grands noms du désert comme Moctar Belmokhtar. Le Mali peut scruter l’avenir avec espoir, beaucoup d’espoir d’autant que le Serval ne cède jamais face à  sa proie. Petits, frêles et squelettiques narcotrafiquants, cachez –moi vos longues barbes ébouriffées et vos encombrants boubous, le Serval nage, saute, escalade, court et frappe fort. Pourquoi ne pas lui dédier un satisfécit pour l’immense travail déjà  abattu ! Merci Serval !

IBK :  » La communauté internationale oblige le Mali à négocier avec un groupe armé »

Vous êtes en France pour participer au sommet de l’Elysée sur l’Afrique, les 6 et 7 décembre. Tenir un tel sommet, à  Paris en 2013, n’est-ce pas du néocolonialisme ? Ibrahim Boubacar Keà¯ta : Si c’était le cas, je ne serai pas là . Je ne crois pas non plus que cela soit l’intention de François Hollande que je connais depuis une trentaine d’années. Il y a des problèmes de sécurité en Afrique qui interpellent l’ensemble de la communauté internationale. La France agit en conformité avec sa vocation, sans aucune forme de paternalisme inacceptable, ni de néocolonialisme qui n’auraient aucune chance de prospérer aujourd’hui. Voyez-vous une différence entre la politique africaine de François Hollande et celle de ses prédécesseurs ? Je ne me lancerai pas dans des comparaisons, je n’ai pas connu ses prédécesseurs, sauf François Mitterrand. Mais je connais François Hollande et nous avons une relation amicale, fondée sur des valeurs. Tout le monde s’accorde à  dire que les décisions qui ont été prises vont dans le bon sens. Il y a du respect et de l’écoute, j’y suis très sensible. En venant au sommet de l’Elysée, je n’ai pas l’impression de répondre à  un oukase. L’écoute respectueuse n’était pas là  avant ? Je ne sais pas, je n’étais pas là . Je note juste que je suis écouté avec respect et considération, nous pouvons échanger de tout, c’est important. La France est intervenue au Mali et s’apprête à  le faire en Centrafrique. Est-elle condamnée à  jouer le rôle de gendarme de l’Afrique ? Sûrement pas, mais la France a, hélas, des devoirs historiques. Quand on a fait un chemin ensemble, aussi douloureux qu’il ait pu être parfois, il en reste toujours quelque chose. La France, vis-à -vis de l’Afrique francophone, se sent un devoir qui est d’abord un devoir de solidarité. Nous sommes condamnés à  cheminer ensemble. A quoi va servir ce sommet de l’Elysée sur l’Afrique ? D’abord, il a le mérite de se tenir, de rappeler que sans la paix et la sécurité, tout le reste est vain. Nous avons de vastes problèmes de développement, il faut presque tout reprendre de zéro. Nous devons d’abord stabiliser nos pays et résoudre la question de l’Etat-nation. Aujourd’hui, ce vivre-ensemble est remis en cause de façon brutale au Mali. Même si nous avons été préparés par des crises cycliques d’irrédentisme, nous ne comprenons pas l’acuité qu’elles ont prise, avec cette revendication d’indépendance qui n’est assumée que par une infime minorité de la communauté en question . Considérez-vous que le Mali est un pays sous tutelle internationale et jusqu’à  quand les forces étrangères ont-elles vocation à  rester sur le territoire malien ? Le Mali ne sera jamais un pays sous tutelle et je ne serai jamais un président fantoche. Ces troupes ont vocation à  aider le Mali à  recouvrer son intégrité territoriale et sa souveraineté. Nous assistons, hélas, à  une situation o๠la présence de ces troupes a empêché le Mali de rétablir l’autorité de l’Etat à  Kidal, alors qu’il l’a fait à  Gao et à  Tombouctou. Pour quel motif ? Nous ne sommes pas naà¯fs, la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) est retournée à  Kidal dans le sillage des troupes qui sont venues nous libérer. La libération s’est faite de manière conjointe jusqu’aux abords de Kidal, o๠là , on a bloqué les Maliens. Pourquoi ? Serions-nous des barbares d’une autre époque qui, une fois à  Kidal, se mettraient à  massacrer tout le monde ? L’armée malienne n’est pas une armée de soudards, surtout cette armée qui est aujourd’hui en refondation. Je ne comprends pas que Kidal ait été une exception. Pour un ami de la France comme moi, j’assiste avec beaucoup de dépit à  un reflux de l’enthousiasme envers la France dans la population malienne qui avait applaudi l’intervention française au début de l’année. Aujourd’hui, les Maliens s’interrogent. Pensez-vous que la France a commis une erreur en nouant des contacts avec le MNLA ? Ce sont plus que des contacts, je suis très bien informé. Je ne peux imputer cette doctrine à  François Hollande car je note avec bonheur que ce comportement est en train de changer de manière drastique. Nous ne comprendrions pas qu’il en soit autrement. L’armée malienne, cantonnée dans un fortin, ne pouvait pas circuler dans Kidal, o๠il y a eu une épuration ethnique. Tous ceux avec la peau noire ont été priés de quitter la ville. Cela, on ne le dit pas. Selon vous, la France n’a plus de contacts avec le MNLA ? Je n’ai pas dit cela. Nous-mêmes avons des contacts avec le MNLA. Mais la tragédie de l’assassinat des deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le 2 novembre, qui m’a révolté et ému au plus profond de mon être, nous amène à  nous interroger. Claude et Ghislaine sortaient d’un entretien avec le maà®tre de Kidal, Ambeiry ag-Ghissa. Leurs ravisseurs ont franchi quatre barrages et sont repartis en retraversant les mêmes barrages, on se pose forcément des questions. Si l’armée malienne avait été là , libre de ses mouvements, je pense qu’il en aurait été autrement. Laisser croire qu’un soutien au MNLA peut conduire à  résoudre des prises d’otages est d’une naà¯veté déconcertante. La communauté internationale nous oblige à  négocier sur notre sol avec des gens qui ont pris des armes contre l’Etat. Je rappelle que nous sommes un pays indépendant. L’Etat malien est contraint de négocier avec un groupe armé qui s’en vante, dans quelle comedia dell’arte sommes-nous ? O๠en est l’enquête sur la mort des envoyés spéciaux de RFI ? Nous sommes presque certains que l’homme qui a été désigné comme le grand ordonnateur de l’événement est bien le responsable de cette tragédie. Tantôt on le dit ancien de tel ou tel mouvement, tantôt on le dit membre d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). L’enquête l’établira. Vous avez été élu, sur la promesse d’une rupture avec l’ère de votre prédécesseur « ATT ». Or vous-même et plusieurs de vos ministres étaient déjà  présents lors de la période antérieure. O๠est la rupture ? Elle est dans la façon de faire, les Maliens ne m’auraient jamais porté au pouvoir si j’avais eu la réputation de traà®ner des casseroles. Pendant la campagne, j’ai dit que certains auraient pu ouvrir une quincaillerie ! J’ai autour de moi des hommes et des femmes dont je connais l’intégrité et auxquels j’ai dit : aucune faille ne sera tolérée.

Journalistes tués au Mali: François Hollande reçoit la direction de RFI

Christiane Taubira, et le directeur général de la sécurité extérieure (DGSE), Bernard Bajolet, sont sortis de l’Elysée sans faire aucune déclaration. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est resté à  l’Elysée. Une délégation de RFI, conduite par sa PDG, Marie-Christine Saragosse, est aussitôt arrivée après la réunion pour être reçue par François Hollande. Elle comprend la directrice de la rédaction, Cécile Mégie, et le chef du service Afrique, Yves Rocle. Les envoyés spéciaux de Radio France Internationale Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés samedi à  Kidal dans le nord du Mali par des hommes armés et retrouvés morts par l’armée française à  une douzaine de kilomètres de Kidal. Exprimant « son indignation à  l’égard de cet acte odieux », le président de la République avait annoncé samedi cette réunion « pour établir précisément, en lien avec les autorités maliennes et les forces de l’ONU, les conditions de ces assassinats ». Trois points à  aborder Les trois points à  l’ordre du jour de la réunion étaient un échange d’informations sur ce qui s’est passé, l’examen des suites judiciaires à  cet assassinat et le point sur la force Serval au Mali, selon un conseiller de l’Elysée. La ministre de la Justice participait à  cette réunion car le parquet de Paris a ouvert samedi une enquête pour des faits d’enlèvement et séquestration suivis de meurtres en lien avec une entreprise terroriste. L’enquête, sous l’autorité du parquet de Paris, a été confiée à  la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et à  la sous-direction antiterroriste (SDAT). Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, en voyage au Mexique, était représenté à  cette réunion par son directeur de cabinet, Cédric Lewandowski. Le directeur de cabinet du Premier ministre, Christophe Chantepy, et le directeur de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), Bernard Bajolet, faisaient également partie des participants. Samedi, à  l’issue d’un entretien téléphonique entre François Hollande et son homologue malien Ibrahim Boubacar Keà¯ta, les deux chefs d’Etat avaient « marqué leur volonté de poursuivre sans relâche la lutte contre les groupes terroristes qui restent présents au Nord du Mali », avait indiqué l’Elysée dans un communiqué. « Les meurtres odieux commis aujourd’hui à  Kidal ne peuvent que renforcer la détermination des deux Etats à  poursuivre et à  remporter ce combat commun contre le terrorisme », avaient-ils ajouté. Selon RFI, la journaliste Ghislaine Dupont et le technicien de reportage Claude Verlon ont été enlevés par des hommes armés samedi devant le domicile d’Ambéry Ag Rhissa, un représentant du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) qu’ils venaient interviewer. Les circonstances précises de leur mort restaient inconnues dimanche matin. Assassinat de ces reporters a provoqué une vague d’indignation et d’émotion en France et à  l’étranger.

IBK à l’Elysée

Très peu a filtré de leur entretien, mais IBK et François Hollande se sont parlés à  l’Elysée ce matin pendant près d’une heure, avant le départ officiel sur le perron de l’Elysée. On peut imaginer que les deux homologues ont évoqué la situation sécuritaire au nord du pays, o๠un foyer de tension s’est déclaré ce week-end à  Tombouctou et Kidal. La situation elle reste précaire dans la ville sainte et dans le bastion des rebelles du MNLA. Concernant la situation à  Kidal, Paris se dit optimiste. « Les tensions qui persistent vont progressivement se résorber au fur et à  mesure du processus de réconciliation », assure un diplomate français. Dans un communiqué, l’Elysée confirme que le président malien a fait de la réconciliation sa première priorité. Une source française assure que IBK entend mener un dialogue avec les groupes armés et qu’il est prêt à  prendre des mesures pour rétablir la confiance entre les deux camps. D’ailleurs aujourd’hui même, on apprend que 20 nouveaux prisonniers MNLA et HCUA sont remis en liberté par le gouvernement. Paris confirme que le président Hollande et son homologue malien ont convenu de conclure un accord de défense sur des bases renouvelées et transparentes. En attendant, les troupes françaises restent sur le terrain pour poursuivre la lutte anti-terroriste. « Il faut rester vigilant », précise l’Elysée face à  une menace qui demeure d’actualité.

Hollande annonce une conférence sur la Sécurité en Afrique

La sécurité, l’une des grandes questions au C’œur du Sahel et pour les pays du Champs, a largement été évoquée par François Hollande et Idriss Déby lors de la conférence de presse conjointe avec le Président Keita à  l’occasion de son investiture à  Bamako. Pour François Hollande, la question de la sécurité sera évoquée lors d’une conférence à  Paris, prévue pour fin décembre. « L’opération serval a été une réussite et nous avons gagné cette guerre, mais la sécurité demeure une préoccupation majeure pour les Africains et j’ai l’intention de convoquer une réunion à  Paris fin décembre pour cela », a annoncé François Hollande. Si les confrères français ont largement interrogé François Hollande sur la Syrie et la possible intervention militaire qui fait débat en occident, d’autres ont interpellé les trois chefs d’Etats sur la présence française au Nord du Mali : « La France restera au Mali tant que la menace existe. La sécurisation du nord demeure l’une de mes préoccupations. Et nous aurons toujours autour du Mali des hommes; Mais surtout, nous devons mettre en place une coopération efficace entre l’armée malienne et les soldats français », a ajouté François Hollande. un sanctuaire du terrorisme De son côté, le Président Déby a évoqué la nébuleuse djihadiste et qui pourrait aussi s’étendre à  la région centrale de l’Afrique. Le Sahel ne serait plus le seul sanctuaire du terrorisme et les forces du mal pourraient s’étendre à  toute l’Afrique si la menace n’est circonscrite. « La lutte contre le terrorisme et le narcotrafic est en train de réussir mais, il nous faut demeurer vigilant », a précisé Idriss Deby. «Si nous ne faisons pas attention, demain cela peut être aussi un sanctuaire de terroristes ou bien des forces du mal, a prévenu ce dernier. La France, seule, ne peut pas à  mon avis résoudre la crise. Tout est à  refaire. Et si on n’y fait rien, évidemment on peut être surpris demain comme on a été surpris par le Mali. C’’est la France qui viendra et après peut-être les autres poursuivront. Conscients de tous ces défis, ces chefs d’Etats devraient donc se retrouver à  Paris pour évoquer ces questions et envisager une coopération sous régionale plus forte afin de lutter contre le terrorisme.

Cérémonie d’investiture : l’acte 2 en direct sur journaldumali.com

15h30: Déjeuner en cours au Palais de Koulouba. Les journalistes attendent la conférence de presse prévue juste après. 14h50: Le défilé est finalement annulé à  cause du retard dans le déroulement de la cérémonie. Les invités ont pris la route de Koulouba, au Palais présidentiel, pour un déjeuner offert par le Président IBK. 14H 45: Un défilé militaire doit commencer pendant lequel vont parader l’armée malienne, les troupes de la Minusma, les troupes tchadiennes, l’opération Serval… 14h30: des danseurs dogon offrent une prestation improvisée au président IBK avec les masques sacrés qui ne sortent qu’à  de rares occasions. Et pour le grand plaisir des hôtes qui ont certainement entendu parlé de ces figures légendaires de la culture malienne. IBK dit « Merci » 13h35: Après Idriss Déby Itno et le Roi du Maroc, le Président IBK prend la parole pour remercier tous les pays qui ont participé militairement, financièrement, humainement et diplomatiquement à  la résolution de la crise malienne. Il appelle tous les Maliens à  s’engager pour reconstruire le pays avec l’aide des amis. »Merci à  ceux qui n’ont pas hésité à  envoyer leurs enfants combattre pour un Mali libre » a déclaré le président élu du Mali. IBK, l’homme de la situation pour ADO 12h 50: Alassane Ouattara, président de la Côte d’ivoire et président en exercice de la CEDEAO salue la France et lui adresse une « mention spéciale ». Il a également déclaré IBK « l’homme de la situation » pour le Mali. 12h40: Le grand invité est bien entendu le président français François Hollande qui prononce en ce moment même un discours sur la tribune installé sur la pelouse du stade du 26 Mars. C’est une grande ovation qui a accueilli M. Hollande qui a qualifié ce jour d' »historique » pour le Mali. Il a dit sa fierté d’être aux côtés de ses « amis maliens » aux côtés desquels la France a gagné « la guerre contre les terroristes ». La France s’engage à  mener « le combat de la paix et de la reconstruction » aux côtés du Mali, a-t-il encore déclaré. La foule a également chaleureusement salué la présence d’Idriss Déby Itno, Président du Tchad, dont le pays a payé un lourd tribu à  la guerre de libération du Mali. 12h20: Ils ont tous répondu à  l’invitation du Mali. Ils sont tous là  pour vivre, aux côtés du peuple malien,cette journée du 19 mars 2013 qui restera dans les annales comme celle du retour du Mali sur le devant de la scène internationale. Une vingtaine de chefs d’à‰tat et de gouvernement ainsi que de nombreuses délégations étrangères sont présentes à  Bamako depuis hier mercredi. Suivez les événements de la journée sur www.journaldumali.com

Syrie: nouveau sursis pour Assad

Les insurgés syriens voyaient déjà  la fin de Bachar El Assad, précipitée par des frappes intensives des occidentaux. Ils devront attendre. Alors qu’une action militaire semblait imminente et que le monde entier focalisait son attention sur les risques de conflit majeur qui pendaient au dessus de nos têtes, les « grandes puissances » ont freiné leur élan. En effet, depuis hier soir, d’importants développements au sujet de la Syrie sont venus éloigner la perspective d’une intervention militaire, accordant ainsi un sursis bienvenu au président syrien qui n’en continue pas moins de pilonner les positions de ses adversaires et de leur reprendre du terrain. Vers une solution politique et pacifique? Tout a changé depuis ce mardi 10 septembre, avec la proposition Russe de mettre sous contrôle international le stock d’armes chimiques de la Syrie. Ok quasi immédiat des Etats-Unis et de la Syrie elle-même, ouf de soulagement du côté de ceux qui ne voyaient pas d’un très bon œil cette affaire d’intervention (les souvenirs irakien,lybien, etc…étant encore vivaces). Barack Obama demande au Congrès de reporter son vote sur une intervention militaire le temps d’explorer davantage les possibilités de solutions diplomatiques. Ajoutant d’ailleurs qu’il préférait personnellement que soit trouvée une solution pacifique au problème syrien. Mais en maintenant tout de même la pression en répondant favorablement à  la demande française d’une résolution contraignante à  l’ONU. La solution « pacifique » n’est pas trop au gout de François Hollande qui estime quant à  lui que les « syriens jouent la montre ». L’exécutif français trouve en effet que la situation syrienne s’est empirée à  cause des tergiversations des occidentaux et qu’il est temps de passer à  l’action, à  l’action militaire s’entend. Il a d’ailleurs réuni une nouvelle fois ce mercredi matin son conseil de défense. Prise en main russe du dossier Les russes, fervents défenseurs du président syrien, ont donc de nouveau la main dans la gestion du dossier. Le ministre des Affaires étrangères a soumis Sergue௠Lavrov a transmis aux Etats-Unis au nom de son pays un plan de contrôle des armes chimiques en Syrie. Ce dossier sera discuté jeudi à  Genève par les chefs de la diplomatie des deux pays, indique une source russe citée par les agences. Les grands perdants dans la situation actuelle sont évidemment les syriens, populations civils qui sont toujours prises en otage dans un conflit armé qui dure depuis plus de deux années et qui a fait plus de 100 000 morts, selon les Nations Unies. Car, pendant que la diplomatie cherche ses marques, la guerre elle continue, avec de nouvelles frappes, autant loyalistes qu’insurgées, qui encore fait ce mercredi plusieurs dizaines de victimes.

F. Hollande: « La France va rester au Mali différemment d’aujourd’hui »

La conférence des ambassadeurs réunit jusqu’à  demain, jeudi 29 août, les représentants de la diplomatie française. Il s’agit d’un rendez-vous traditionnel du chef de l’Etat français. Cette année le discours d’ouverture de François Hollande, prononcé hier, mardi, a été dominé par la crise syrienne. Les moyens de la défense, l’Afrique, le conflit israélo-palestinien et l’économie ont également été largement évoqués au cours de cette allocution d’une heure qui a donné les orientations de la diplomatie française. « La France va rester au Mali différemment d’aujourd’hui » Dès le début du chapitre africain de son discours, François Hollande est revenu sur le Mali. Après l’opération Serval, après un scrutin qui a permis l’élection d’un nouveau président, Ibrahim Boubacar Keà¯ta, la France, a-t-il dit, restera aux côtés des Maliens. « La France va rester au Mali différemment d’aujourd’hui, a-t-il indiqué. Avec une présence militaire bien sûr réduite. Mais nous continuerons à  accompagner ce pays. Restaurer l’Etat, améliorer la gouvernance, préserver la sécurité, mener à  bien le développement. Voilà  les défis communs, a résumé le chef de l’Etat. Et rester d’une vigilance extrême ». François Hollande a également fait état des « atrocités » en Centrafrique. « J’appelle l’Union africaine et le Conseil de sécurité à  se saisir de la gravité de cette situation (…) Nous, Européens et Africains, devons unir nos forces pour accompagner, encadrer et former les armées », a-t-il précisé. « C’est aux Africains d’assurer leur propre sécurité », a-t-il toutefois affirmé, comme il l’avait annoncé lors du discours de Dakar, le 12 octobre dernier. « Le continent africain est plein d’avenir », a-t-il poursuivi. « La France sera toujours à  ses côtés, sans rien chercher pour elle-même. » Le discours présidentiel n’a pas oublié le Maghreb. « Notre responsabilité est aussi d’accompagner les pays arabes dans leur changement », a-t-il réaffirmé. « Aucune religion n’est incompatible avec l’exercice de la démocratie », a-t-il soutenu, à  propos de la Tunisie. Le Président a également appelé les autorités égyptiennes à  rétablir « au plus vite » la paix civile.

Hollande félicite Ibrahim Boubacar Keïta

Le président français François Hollande a félicité par téléphone, ce mardi 13 août, Ibrahim Boubacar Keà¯ta pour son accession de facto à  la présidence malienne. Il se rendra au Mali pour l’investiture d’IBK, ont fait savoir les services de la présidence. La France restera «au côté du Mali», a assuré le chef de l’Etat. L’ancien premier ministre Ibrahim Boubacar Keà¯ta s’achemine donc vers une victoire au terme du second tour de la présidentielle au Mali. «Après près des deux tiers des bulletins dépouillés, IBK arrive très largement en tête», selon une source proche de la Commission nationale de dépouillement, qui centralise les votes de l’ensemble du territoire malien. Quelques heures avant de reconnaà®tre sa défaite, l’ancien ministre des Finances Soumaà¯la Cissé dénonçait encore des fraudes électorales au profit de son adversaire. Cette reconnaissance rapide de sa défaite devrait faciliter les premiers pas d’Ibrahim Boubacar Keà¯ta dans ses nouvelles fonctions de chef de l’Etat en lui évitant toute contestation de sa légitimité. «Un succès» Malgré quelques irrégularités marginales, les observateurs maliens et internationaux ont salué le déroulement de l’élection. «Cette élection, du point de vue des normes démocratiques, est un succès», a déclaré Louis Michel, chef de la mission d’observation de l’Union européenne. «C’est une élection qui permet désormais au Mali d’entamer la conclusion d’un processus en cours: le retour à  une démocratie normale», a-t-il ajouté. Selon des observateurs maliens indépendants, le taux de participation du second tour a été en baisse par rapport au premier tour, environ 45%.

Mali : les secrets d’une guerre éclair

Ce lundi 14 janvier 2013, dans le salon vert qui jouxte le bureau du chef de l’Etat, le débat est intense. François Hollande a réuni le deuxième conseil de défense depuis le déclenchement de l’intervention au Mali, trois jours plus tôt. Les principaux protagonistes de la plus importante action militaire menée par la France depuis un demi-siècle sont présents : Jean-Yves Le Drian, Laurent Fabius, le général Puga, conseiller militaire du président, l’amiral Guillaud, chef d’état-major des armées, et les patrons des services secrets. Tous sont d’accord sur un point : malgré la mort d’un officier français, le début de l’opération Serval est un succès. Les frappes des Mirage 2000 et des hélicoptères ont stoppé la descente des djihadistes vers le sud. Mais, sur la suite de l’intervention, les opinions divergent. A la table du conseil, deux logiques s’affrontent. « L’amiral Guillaud souhaitait concentrer tous les efforts vers un seul but : frapper Aqmi le plus fort et le plus loin possible, dit un important responsable français. Le président, lui, voulait aussi des victoires symboliques, la prise de villes, pour rassurer l’opinion publique. » Il y a un autre différend. « L’état-major imaginait une guerre façon Otan, dit un officiel de haut rang. C’est-à -dire lancer l’offensive vers le nord une fois seulement toute la logistique parvenue sur le terrain. » Obsédé par le risque d’enlisement, François Hollande veut, lui, rogner sur les délais au maximum, mener une « guerre à  la française ». Le 14 janvier, l’amiral Guillaud prévient que l’acheminement du matériel et des 4 000 hommes au Mali va prendre deux semaines. Il ajoute qu’il prévoit de libérer une seule ville, Gao, la plus facile à  prendre. « Non, il en faut deux, dit François Hollande, Gao et Tombouctou. » L’amiral répond que cela ne pourra se faire que fin février. « Fin janvier », ordonne le président de la République, qui refuse toute pause. Un pari risqué – qui sera gagné grâce à  plusieurs facteurs. Les amis à  la rescousse L’aide des alliés est indispensable. « Avec ses moyens propres,assure un officier, l’armée française ne serait pas parvenue à  tenir les délais fixés par le président. » Elle manque cruellement d’avions de transport et de moyens de renseignement. Le drone Harfang n’est pas encore opérationnel. Pour suivre les déplacements en temps réel des 2 000 djihadistes, les militaires n’ont que des ULM et de vieux appareils Atlantic. Les Britanniques viennent immédiatement à  leur rescousse. Dès le lendemain des premières frappes, ils mettent un avion de renseignement dans le ciel malien. Les Etats-Unis sont moins rapides. Un mois avant, Jean-Yves Le Drian a bien obtenu, en secret, un accord de principe pour le déploiement de drones américains, en cas d’intervention. « Mais certains drones dépendaient de la CIA, d’autres du Pentagone et le superavion de surveillance, Global Hawk, d’un commandement en Italie », raconte un haut responsable. Il faut coordonner le tout. Si bien que, pendant une semaine, les militaires français n’ont pas d’images de l’ennemi vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Pour les avions-cargos, on a loué des Antonov 124 à  des sociétés privées russes et ukrainiennes, dit une source à  la Défense, mais il n’y en avait pas assez. » Les Belges et les Allemands en fournissent quelques-uns, mais pas suffisamment. Après trois semaines de tergiversation, la Maison-Blanche accepte de mettre des C-17 à  la disposition de Paris. « Les alliés nous ont fait gagner trois semaines dans le déploiement des forces et deux semaines dans les frappes », estime-t-on au ministère de la Défense. Les erreurs des djihadistes L’intervention est d’autant plus rapide que les djihadistes font de mauvais choix tactiques. « Nous avions prévu que la prise de Tombouctou durerait cinq jours, confie-t-on à  la Défense. Mais ils ont fui et, en un jour, tout était fini. » « S’ils avaient décidé d’organiser la résistance à  Gao et Tombouctou, il nous aurait manqué deux compagnies », précise un officier. Les djihadistes n’ont pas non plus l’idée de poser des bidons vides sur la route. »Nous aurions dû envoyer une équipe de déminage pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’engins explosifs. A chaque fois, cela nous aurait retardés de plusieurs heures. » « Pendant quelques jours, ajoute un autre responsable, nous tenions le pays avec seulement trois compagnies d’infanterie. S’ils nous avaient harcelés, nous aurions beaucoup souffert. » Mais, à  part une brève embardée vers l’ouest, les djihadistes choisissent de filer vers leur citadelle de l’Amettetaà¯, au nord. « Ils ont cru que nous ne les attaquerions pas là -bas », conclut-il. Tuer Sanogo ? Alors qu’ils commencent à  tenir le pays, une question taraude les Français. N’ont-ils pas là  l’occasion de régler l’épineux problème Sanogo ? Le capitaine de l’armée malienne, auteur du coup d’Etat de mars 2012, gène bigrement Paris. Il risque de vouloir reprendre le pouvoir et de mettre à  mal toute la stratégie de l’Elysée. Que faire de lui ? « Le tuer ? Certaines capitales africaines nous l’ont demandé, et nous nous sommes interrogés, reconnaà®t un responsable français. Mais on ne l’a pas fait de peur d’aggraver la situation politique. » On préfère le neutraliser. On lui donne un titre ronflant, président du Comité de Suivi de la Réforme de l’armée. Des Africains lui proposent un exil doré. En vain. Sanogo reste. Les encombrants journalistes Très vite, la France doit gérer un autre problème : l’information. Les journalistes reprochent à  l’armée de les empêcher d’aller dans les zones de combat. Paris rejette la faute sur l’armée malienne, « qui a peur des enlèvements ». Non sans raison : « On a intercepté des communications qui indiquaient que, lors de leur raid du 9 février à  Gao, les djihadistes voulaient prendre des journalistes en otage », révèle un officiel français. Ce n’est pas toute la vérité. Furieux d’avoir à  agir aussi vite, les militaires refusent de s’encombrer de la presse. Avec le pouvoir politique, c’est donnant-donnant : on fonce, mais sans journalistes. De toute façon, quoi montrer ? Menée surtout par les forces spéciales, la guerre se résume à  des accrochages violents entre des petits groupes, alors le ministre gonfle l’importance des opérations. « Quand Le Drian annonçait une offensive, ça se résumait à  trois véhicules blindés », dit un militaire. Sus au Quai-d’Orsay ! Début février, une autre guéguerre fait rage à  Paris. Depuis la chute de Gao et de Tombouctou, le ministère de la Défense n’en démord pas : les diplomates sont trop mous, ils ne feraient rien pour régler le dossier de la réconciliation entre le pouvoir central malien et le mouvement indépendantiste du Nord. Du coup, les militaires redoutent de se retrouver coincés longtemps au Mali, à  cause d’un abcès de fixation, à  Kidal, troisième ville du Nord, tenue par les séparatistes touaregs du MNLA. « Fin janvier, la France pouvait exiger du pouvoir à  Bamako qu’il négocie avec ces rebelles, assure-t-on à  la Défense. A ce moment-là , le président Traoré aurait signé n’importe quoi. » Pourquoi avoir laissé passer cette opportunité ? « Vous vouliez que l’on fasse comme Foccart ? », demande, agacé, un haut diplomate, en référence au « Monsieur Afrique » de De Gaulle. La querelle entre la Défense et les Affaires étrangères se solde le 21 mars par la désignation d’un bouc émissaire : l’ambassadeur de France à  Bamako, Christian Rouyer, qui est débarqué. « Il ne convenait pas pour un tel poste en Afrique,juge un officiel, il aurait été parfait comme ambassadeur en Finlande. » La victoire des militaires est complète puisque ce sont eux qui soufflent le nom de son successeur, Gilles Huberson, un ancien de Saint-Cyr qui a déjà  pris langue avec le MNLA. Le MNLA, un allié gênant Les diplomates ont du mal à  digérer les reproches des militaires : si Kidal pose problème, disent-ils, c’est parce que le MNLA est protégé par la DGSE . « Les services secrets ont besoin de ces Touaregs parce qu’ils ont des liens avec les preneurs d’otages », lâche un responsable français. Pour la chasse aux djihadistes aussi, ils sont utiles, du moins le croit-on. A ce sujet, Jean-Yves Le Drian reconnaà®t que les Français « se coordonnent » avec le groupe touareg dans la guerre contre Aqmi. En vérité, « entre le MNLA et la France, il y a un deal historique : parce que c’était une force laà¯que qui a pour ennemis les terroristes islamistes, la DGSE les aide depuis dix ans », admet un haut responsable français, confirmant ce que « le Nouvel Observateur » avait révélé il y a un an. A Bamako, la mise sous protection française du MNLA agace. On reproche aux « libérateurs » de s’être alliés à  ces rebelles considérés comme responsables de la crise. Une attitude jugée d’autant plus incohérente que, selon un officielmalien, « le MNLA a vendu à  la France plus de beurre qu’il n’avait de lait ». De fait, au Quai-d’Orsay, on reconnaà®t qu' »ils ont été moins utiles qu’on ne l’avait espéré », notamment pour préparer l’assaut dans l’Amettetaà¯. 700 djihadistes tués C’est là , tout au nord du Mali, dans une vallée de 10 kilomètres sur 20, que débutent, en mars, les affrontements les plus violents. L’Ametteta௠est la citadelle des djihadistes. « Depuis trois ans, nous avions repéré qu’ils s’y étaient sédentarisés », dit un responsable. Il y a là  400 personnes, des jardins potagers et un important stock d’armes prises à  l’armée malienne en 2012 et « un peu en Libye ». « Ils avaient mis en place des canons, des lance-roquettes, mais ils ne savaient pas s’en servir, explique un officier. L’Ametteta௠a été leur péché d’orgueil. Ils ont affirmé que ce serait la mère de toutes les batailles et ils ont perdu. » Selon le ministère de la Défense, 130 djihadistes ont été tués durant ces combats-là . Aqmi y a subi une très lourde défaite militaire et psychologique. « Il a perdu la face vis-à -vis des leaders d’Al-Qaida. Et pour les jeunes tentés par le djihad, le Sahel est désormais beaucoup moins attractif que la Syrie », affirme la même source. Mais la menace n’est pas totalement écartée pour autant. Depuis le début de l’opération Serval, 600 à  700 djihadistes sont morts. Il en reste donc plus de 1 000 dans la nature. O๠? « Une moitié s’est fondue dans la population et a renoncé (provisoirement ?) au combat ; l’autre s’est dispersée plus au nord ou dans les pays limitrophes », assure une source au ministère de la Défense. Nos amis tchadiens Dans ce combat inachevé, les alliés tchadiens ont été « très utiles », reconnaà®t-on à  la Défense. C’est de N’Djamena que décollent les Mirage 2000 qui frappent les djihadistes dès le 11 janvier. Et 2 000 soldats tchadiens, seules troupes de la région aguerries au désert, sont employés au nettoyage de l’adrar des Ifoghas, le bastion d’Aqmi. Ils vont payer le prix fort : au total, 38 morts contre 6 côté français. Ont-ils servi de chair à  canon ? Nul ne l’admettra, bien sûr. A Paris, on voit dans ce nombre élevé de tués le résultat d’une « erreur tactique ». « Les Tchadiens ont voulu prendre imprudemment un piton et des tireurs les ont alignés. » A N’Djamena, on invoque « une culture de combat basée sur le risque et sur l’homme ». Quoi qu’il en soit, le président tchadien saura tirer les dividendes de son alliance avec Paris. Alors qu’il accueillera en héros les 700 premiers soldats de retour au pays, il arrêtera des opposants sans que l’Elysée ne proteste bien fort. Guéguerre à  l’Onu La France ne s’embarrasse pas de détails. Elle est pressée de partir et veut passer au plus vite le témoin à  une force de l’ONU. Les Américains acceptent à  une condition : que la France conserve sur place des troupes antiterroristes. « Pas plus de 300 hommes », dit Paris, qui veut que cette force dite « parallèle » soit commandée par un Français et que celui-ci ne prenne pas ses ordres à  l’ONU. A New York, les fonctionnaires tiquent. Ils veulent plus de soldats français et un commandement onusien. Un compromis est trouvé le 25 avril. Une résolution du Conseil de Sécurité crée une force de maintien de la paix de 12 600 hommes, la Minusma, et une force d’appui d’environ 1 000 soldats français. Sous commandement national, ces derniers interviendront « à  la demande du secrétaire général des Nations unies », mais « notre feu vert ne sera pas automatique », précise-t-on à  Paris. Comprenne qui pourra. Autre imbroglio toujours en suspens : le choix du commandant de la Minusma. Le président tchadien réclame le poste pour son fils adoptif, qui vient de rentrer duMali . A Paris, « on souhaite que ce soit un Africain… compétent ». Des élections au forceps La France devrait bientôt tourner la page de la guerre – du moins le croit-elle. La force onusienne doit se déployer le 1erjuillet. Le but : sécuriser l’élection présidentielle prévue pour le 28 juillet. Bien qu’elle s’en défende, la France a imposé ce calendrier très serré. Hollande se dit « intraitable » sur le sujet. Quitte à  ne pas entendre tous ceux qui jugent ce scrutin prématuré (qui va se dérouler en plein ramadan !). Le secrétaire général de l’ONU a émis de sérieux doutes quant à  sa faisabilité et sa légitimité. « Il n’a pas une meilleure connaissance du Mali que nous », répond un diplomate français. »Seul un gouvernement légitime pourra mener la réconciliation », argumente un autre. Et puis les Etats-Unis subordonnent la reprise de leur aide au Mali au retour d’un pouvoir démocratique à  Bamako. Mais le sera-t-il ? Des négociations entre rebelles et pouvoir central ont enfin commencé. Le président par intérim, Dioncounda Traoré, a promis à  Paris qu’il »ne reconquerrait pas Kidal [le sanctuaire des rebelles touaregs] par les armes ». Mais il a récemment changé de ton : »L’armée doit être à  Kidal avant le premier tour », a-t-il dit, laissant ainsi planer le spectre d’une nouvelle guerre civile. Le pire des scénarios pour la France.

Pour Hollande, les élections doivent avoir lieu sur « tout le territoire malien »

Vendredi 10 mai, lors d’un point presse organisé à  l’à‰lysée après un entretien avec le président nigérien Mahamadou Issoufou, François Hollande s’est montré ferme sur l’épineuse question des élections présidentielle et législatives prévues au mois de juillet au Mali. « Ces élections doivent se tenir sur tout le territoire malien, j’insiste bien, sur tout le territoire malien. Aucune fraction du Mali ne doit être privée de la possibilité d’organiser le scrutin », a déclaré François Hollande devant des journalistes. à€ « Kidal (dans le nord-est du pays) comme dans le reste des villes maliennes », a-t-il soigneusement insisté. « Nous devons faire en sorte que l’administration malienne civile puisse être installée partout pour l’organisation de ces élections. Et la France, à  travers sa présence militaire, et d’autres armées y contribueront », a-t-il précisé. Combat asymétrique La France et le Niger sont « attachés » à  ce que le scrutin ait lieu « à  la fin du mois de juillet », a souligné le président français. « Non seulement, l’opération Serval a réussi militairement, mais elle peut maintenant déboucher politiquement. Et dans la lutte contre le terrorisme, la politique est aussi une arme », a fait valoir François Hollande. « La démocratie, les élections, la sécurité, la qualité du développement, tout cela contribue à  lutter contre le terrorisme », a-t-il ajouté. « Aujourd’hui, nous pouvons considérer que les terroristes et les trafiquants de drogue sont militairement vaincus, même s’ils vont continuer à  développer des opérations asymétriques », a pour sa part commenté Mahamadou Issoufou. Toutefois, en raison de ces « actions asymétriques que vont développer les terroristes au Mali », la future mission de l’Onu au Mali ne doit pas être de type « classique » pour les Nations unies, mais « avoir un mandat fort, un mandat offensif », a indiqué le président nigérien. (Avec AFP)

Elections de juillet 2013 : à la guerre comme à la guerre…

Le compte à  rebours a commencé pour les élections de juillet prochain. La visite du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le week-end passé a été l’occasion pour les autorités maliennes de confirmer le cap de juillet pour la tenue des élections. Certains Maliens émettent des doutes sur l’organisation des élections à  la date indiquée. Si ce sentiment habite les partis politiques, ils ne s’endorment pas pour autant sur leurs lauriers. Ils ne veulent pas se laisser surprendre et prennent déjà  le pouls des fiefs électoraux. Sur un air de précampagne Au Rassemblement pour le Mali(RPM), l’on est déjà  dans la dynamique des élections. Les jeunes du parti comptent mettre un point d’honneur pour porter leur porte-étendard, Ibrahim Boubacar Kéita, à  la tête du pays. Ils sont d’autant plus déterminés qu’ils sont conscients qu’IBK joue sa dernière carte pour une élection présidentielle. « Les jeunes seront le fer de lance du parti pour le scrutin à  venir. Le Président même fonde beaucoup d’espoirs sur nous et nous allons travailler pour ne pas le décevoir », confiait il y a quelques semaines un jeune du parti du tisserand. Prochainement, la machine juvénile va se mettre en branle. Pour joindre l’acte à  la parole, des responsables du bureau politique national, des jeunes et des femmes du parti sont descendus sur le terrain, à  l’intérieur du pays notamment, il y a plus de semaines dernières pour remobiliser les troupes dans la perspective de juillet. Il s’agit d’encadrer, informer et d’éduquer les militants à  la base sur la stratégie électorale du RPM. l’Adéma /PASJ, fort de son statut de première force politique du pays, est d’ores et déjà  dans la mouvance des élections avec les primaires et une pléaide de candidats déclarés, dont d’anciens barons du régime ATT. Sauf changement de dernière minute, le parti doit devra dévoiler demain, mercredi 10 avril 2013, le nom de celui qui défendra ses couleurs à  la présidentielle de 2013. Startings blocks Le parti Yéléma du jeune maire de la commune IV, Moussa Mara, se prépare aussi tant bien que mal. Malgré sa jeunesse, le parti du changement veut figurer dans les starting-blocks pour la présidentielle. Selon un membre du parti, on pense aux primaires pour choisir les candidats aux législatives. A la Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance(SADI), il n’y pas d’obsession sur le scrutin. Loin d’être désintéressé par les échéances électorales, le parti d’opposition est plus préoccupé par la souveraineté du pays et l’organisation des concertations nationales. Créé pour soutenir la candidature de l’ancien premier ministre, Modibo Sidibé, le regroupement Fare/Anka wili tente de ratisser large sur fond de débauchage. Selon des informations, des responsables s’emploieraient à  ramener des militants d’autres partis dans leur cas. C’’est le cas de ce jeune d’un parti de la place qui, à  l’instar d’autres membres de son parti, a été contacté très proche parente de Modibo Sidibé pour

Le récit d’une bataille entre Français et djihadistes

En ce lundi matin, Gao se méfie encore. La veille, une poignée de djihadistes, entre quatre et six hommes bien armés, se sont infiltrés dans la cité du Nord-Est malien. Il aura fallu plus de quatre heures et un mort à  l’armée malienne pour réduire cette petite bande de combattants suicidaires qui fuyait de maison en maison, mitraillant tout sur son passage. Le Mujao (Mouvement unicité et jihad en Afrique de l’Ouest), le groupe islamiste qui occupait Gao jusqu’à  l’intervention française, signait là  sa troisième incursion urbaine. Alors que, dans le grand nord, dans l’adrar des Iforas, Aqmi a mis un genou à  terre sous les coups des troupes françaises, Gao et sa région deviennent la priorité sécuritaire des officiers. La zone, o๠stationne un millier d’hommes, est renforcée. «La stratégie du Mujao est différente de celle d’Aqmi. Al-Qaida avait choisi, au moins au début, une confrontation frontale avec nous. Le Mujao lui a opté pour une guerre asymétrique, une guerre de harcèlement et de guérilla», souligne le général Bernard Barrera, le chef des opérations au Mali. à€ Gao et dans les villages des alentours, profitant des cachettes offertes par les arbres de cette brousse sèche, le Mujao n’a jamais vraiment lâché prise. Depuis la fin février, les accrochages s’y multiplient, presque quotidiens, autour de Bourem, Djebok ou Gao. Chaque fois l’histoire est la même: un groupe de quelques djihadistes est débusqué puis «traité». Mais rien jusqu’alors n’avait vraiment préparé les militaires français à  la bataille Imènas. «C’était un scénario qui avait été planifié», reprend le colonel Bruno Bert. Le 1er mars, à  la tête d’une colonne de 200 hommes et de 16 blindés du 92e régiment d’infanterie (RI) de Clermont-Ferrand, appuyés par autant de soldats maliens, l’officier s’approche d’Imènas à  l’aube. Trois jours que la troupe ratisse la région, dans un calme relatif. Imènas est le dernier objectif. Ce gros village, signalé par les renseignements comme un possible site de transit de l’ennemi, doit être fouillé. Quelques djihadistes, surpris, tentent une vague résistance, puis préfèrent fuir. Le plan est mis en place: le capitaine Jean-Baptiste place ses véhicules pour assiéger la bourgade et l’armée malienne entreprend de visiter les maisons. Imènas se révèle sans grand intérêt. «La population était très calme, tout se passait bien», souligne le capitaine. Avant le départ, les militaires se décident néanmoins à  vérifier les alentours, une forêt touffue, d’aspect innocent sous la chaleur. La section envoyée pour cette mission n’atteindra pas le sous-bois. «Ils ont tout de suite été pris sous un feu extrêmement intense et violent», rapporte le colonel Bert. Des dizaines de Gad («Groupe armé djihadiste» dans le jargon français) se ruent hors du couvert, kalachnikov en mains. Plusieurs roquettes RPG7 frôlent les blindés. Pris de court, les Français manœuvrent à  la hâte. Le QG mobile, un transport de troupes blindé, est presque submergé par l’ennemi. Pour se dégager, la mitrailleuse 25 mm crache sur l’ennemi à  moins de 20 mètres. Les fantassins prennent position comme ils le peuvent, vidant leurs chargeurs. Même les officiers doivent prendre leurs pistolets et tirer. «C’était très dur», commente le capitaine. «On les voyait dans les yeux.» La colonne française finit par se réorganiser, et prendre deux petites hauteurs qui surplombent ce qui devenu un champ de bataille. «Il nous fallait garder l’initiative pour ne pas subir», expliquer le jeune officier. Des hélicoptères sont dépêchés sur place, pour pilonner les arrières du Mujao et le priver de tout espoir d’obtenir des renforts ou de se réapprovisionner. Le combat durera toute la journée. Par deux fois au moins, les djihadistes relanceront des assauts insensés. Les vagues s’approchent parfois à  moins de dix mètres des fantassins français, qui encore et encore ouvrent un feu nourri. Caches d’armes dans la forêt à€ ces souvenirs, le regard des soldats, les plus jeunes d’abord, se perd un peu. «Ils étaient juste là . Les têtes éclataient comme des melons», décrit l’un. Ce combat de près, qui n’a rien de virtuel, va laisser des traces. Les Maliens, moins armés moins protégés que leurs homologues français, sont eux aussi violemment engagés. «On tirait, on tirait et ils revenaient encore. J’avais pris 100 balles et j’ai tout utilisé», se rappelle le soldat Ousman, qui n’en revient pas. L’ennemi espérait profiter de la relative faiblesse malienne pour briser l’offensive. «Les djihadistes n’étaient pas du tout désorganisés. Ce n’était pas du suicide. Ils bougeaient. Ils ont tenté à  plusieurs reprises de nous contourner tant par la droite que par la gauche. Ils ont combattu», analyse le colonel Bert. Ce n’est que le soir tombant que la fusillade cesse. Le bilan côté franco-malien est vierge. «Un vrai miracle. Le fruit de l’entraà®nement sans doute», assure un deuxième classe. Toute la nuit, le 92e RI veille. Aux premières lueurs, les forces coalisées lancent l’attaque. Cette fois, le bois tombe sans mal. Profitant de l’obscurité, les djihadistes ont fui. Sous les arbres les Français retrouvent 51 corps abandonnés. Seuls les blessés ont été emmenés par les islamistes. Combien étaient-ils au plus fort de cette bataille? «Vraisemblablement pas moins d’une centaine», estime le colonel Bert. Au moins le double, selon un responsable des renseignements. Le mystère des effectifs restera entier. La visite, serrée et tendue, des taillis d’Imènas lèvera en revanche celui de la motivation des djihadistes. Sous des bâches et branchages, dans des trous, on découvre des dizaines de caches d’armes de tous calibres. Des postes de combats bien préparés sont aussi mis au jour. Un arsenal qui n’étonne pas les officiers français. Fondus dans la population «C’est leur stratégie. Ils cachent leurs armes et vont les chercher quand ils veulent», rappelle le colonel Bert. Entre-temps, les islamistes se fondent dans la population, se muant en bergers ou en artisans. Comme en Afghanistan, l’ennemi peut donc être partout, n’ayant besoin que de quelques heures pour surgir ou se cacher à  nouveau. Chaque village peut être un jour un Imènas. Et difficile de savoir si, dans cette guérilla des plus classique, les civils sont les otages ou les complices du Mujao. «L’une des grandes différences entre la région de Gao et le reste du Mali, c’est qu’ici les islamistes ont réussi à  convaincre une partie des habitants du bien-fondé de leur thèse. Cela fait au moins une dizaine d’années que les salafistes se sont implantés avec succès», explique l’un des rares humanitaires à  être resté en ville au cours des derniers mois. Paris n’ignore rien de cette imprégnation. Les morts retrouvés sur le champ de bataille étaient tous de jeunes Noirs. Des gamins perdus recrutés sur place et qui forment aujourd’hui l’ossature du Mujao. Alors, même si après le choc d’Imènas le Mujao s’est fait nettement plus discret, les militaires se gardent bien de crier victoire.

Le Mali est loin d’avoir retrouvé sa souveraineté

Le président français François Hollande a assuré mercredi 20 mars que la souveraineté sera rétablie sur «la quasi-totalité» du territoire malien dans «quelques jours». «Dans la dernière phase o๠nous sommes, la quasi totalité du territoire sera revenue à  la souveraineté du Mali dans quelques jours», a déclaré le président français au cours d’un dà®ner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). «Notre intervention a permis d’obtenir en deux mois des résultats importants: l’offensive des groupes terroristes a été arrêtée (et) les villes reconquises», a-t-il souligné. Un peu plus tôt dans la journée, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait déclaré devant l’Assemblée nationale que le retrait des troupes françaises du Mali débuterait «à  partir de la fin du mois d’avril». Voiture piégée à  Tombouctou Sur le terrain, la guerre continue. Les attaques contre les forces d’intervention se multiplient. Une voiture piégée a explosé dans la nuit du 20 au 21 mars près de l’aéroport de Tombouctou, ville du nord-ouest du Mali, faisant deux morts. Il s’agit d’un «jihadiste» et d’un militaire malien selon une source militaire malienne. Des échanges de tirs ont également été entendus dans cette ville après une tentative d’infiltration d’hommes armés. «Une voiture avec des gens armés a tenté de rentrer par force à  Tombouctou dans la nuit de mercredi à  jeudi. Et les militaires français et maliens ont riposté», a affirmé une source sécuritaire malienne sur place. Depuis le début de l’intervention des armées maliennes et françaises, la ville de Tombouctou avait été épargnée, contrairement à  la région de Gao (nord-est) et surtout au massif des Ifoghas (extrême nord-est), o๠se concentrent depuis plusieurs semaines les combats entre soldats français et tchadiens d’un côté, éléments jihadistes de l’autre. Lire la suite sur http://www.slateafrique.com/116357/mali-souverainete-sur-la-quasi-totalite-du-pays-dans-quelques-jours-selon-hollande

Mali: début en avril du retrait français, combats violents près de Gao

Des groupes islamistes qui font preuve d’une vive résistance et causent de nouvelles pertes à  la France. Un 4e soldat français a ainsi été tué mercredi dans des combats avec les combattants islamistes près de Gao, dans le nord du pays. En visite à  Varsovie, François Hollande a déclaré que la « phase ultime » de l’intervention « allait durer encore tout le mois de mars ». « Et, à  partir du mois d’avril, il y aura une diminution du nombre de soldats français au Mali dès lors que les forces africaines seront en relais, appuyées par des Européens », a ajouté M. Hollande. Début février, son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait affirmé que le nombre de soldats français au Mali -environ 4.000 hommes- devrait commencer à  diminuer « à  partir de mars, si tout se passe comme prévu ». Le chef de l’Etat a par ailleurs affirmé que des « chefs terroristes » avaient été « anéantis » dans le massif des Ifoghas dans l’extrême Nord du Mali o๠sont déployées des forces françaises. C’est dans cette région que les militaires tchadiens affirment avoir tué la semaine dernière les jihadistes Abou Zeid, haut responsable d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et Mokhtar Belmokhtar, chef d’une branche dissidente d’Aqmi. Une deuxième « offensive » a été lancée autour de Gao, dans le nord, « o๠nous sommes convaincus qu’il y a un certain nombre de combattants terroristes », a également indiqué M. Hollande. Le terme « terroriste » désigne pour l’armée et l’exécutif français les groupes armés islamistes, notamment Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), présents dans le nord du Mali. Interrogé sur les déclarations de son prédécesseur à  l’Elysée, Nicolas Sarkozy, qui critique l’intervention militaire française au Mali, François Hollande a assuré de manière générale que « l’histoire retiendrait que cette opération qui a été faite par la France, au nom de la communauté internationale et avec l’Europe en soutien, a été une étape très importante dans la lutte contre le terrorisme ». Sur le terrain, alors que de violents combats opposent les soldats français et tchadiens aux jihadistes dans le massif des Ifoghas, de petits groupes harcèlent les troupes maliennes et françaises plusieurs centaines de km plus au sud, autour de Gao. Une dizaine de combattants islamistes et un soldat français ont ainsi été tués mercredi lors de combats près de Tin Keraten, selon l’armée française. Quatre militaires maliens ont également été blessés dans cet « accrochage ». Selon le ministère français de la Défense, une dizaine de « terroristes » ont été tués par de frappes de Mirage 2000 et d’hélicoptères appuyant 200 soldats maliens. C’est au cours de ces combats qu’un soldat français a été « mortellement touché ». Le militaire participait à  une mission de reconnaissance avec un détachement de l’armée malienne, quand son unité a été prise à  partie par un groupe de combattants islamistes. « Une demi-dizaine » de combattants islamistes se sont rendus aux soldats français dans les Ifoghas, a précisé le ministère. Un total de 24 hommes interpellés dans le nord du Mali depuis le début de l’opération militaire française ont été présentés ces derniers jours à  des juges à  Bamako pour « détention d’armes », « terrorisme », « rébellion », a indiqué à  l’AFP le procureur chargé du dossier. La mort du soldat français porte à  quatre le nombre de militaires français tués depuis le début le 11 janvier de l’opération Serval, l’offensive visant à  chasser les groupes islamistes armés du nord du Mali. AFP

Le Tchad, précieux allié de la France au Mali

Début février, dans le Gao tout juste libéré des forces islamistes, les soldats tchadiens restaient discrets. Tout juste voyait-on de temps à  autre un de leur pick-up sable monté d’une dizaine hommes puissamment armés, un chèche remonté jusqu’aux yeux. Sans doute cette avant-garde du plus puissant contingent étranger au Mali derrière l’armée française, avec quelque 2 000 militaires, savait-elle qu’elle ne resterait pas longtemps dans cette ville. L’objectif était déjà  le grand Nord, le combat au près contre les islamistes. Désormais, le gros des Fatim (Forces armées tchadiennes en intervention au Mali) s’engage au plus profond des montagnes de l’Adrar des Iforas, dans l’extrême nord-est du pays, o๠se sont retranchés des djihadistes. Le 22 février, au cours d’un engagement sérieux, les Fatim ont perdu 26 hommes, les plus grosses pertes des armées de la coalition. Les djihadistes auraient, selon les officiers tchadiens, perdu 96 personnes. Les conditions précises de cette bataille, comme le lieu, demeurent imprécises. «C’était un assaut d’une position pas une embuscade», précise-t-on simplement. Il démontre, dans tous les cas, l’utilité du soutien tchadien dans cette opération. Pour la France, l’entrée en guerre tchadienne fut, sinon une surprise, au moins une bonne nouvelle. Avant même l’ouverture des hostilités, et alors que la situation au Mali se détériorait, les militaires français plaidaient pour recevoir l’appui de ces troupes. «Dans cette partie du continent, l’armée tchadienne est la seule à  être suffisamment nombreuse, équipée et entraà®née pour être réellement efficace», souligne un officier français. Les armées ouest-africaines, engagées d’entrée aux côtés de l’à‰tat malien, souffrent en effet de graves lacunes logistiques et tactiques. L’expérience des Tchadiens dans les terrains désertiques rendait leur engagement plus précieux encore, tout comme leur habitude de se coordonner avec les Français. L’intervention des Fatim n’allait pourtant pas d’elle-même. Au Quai d’Orsay, des diplomates s’inquiétaient des conséquences que pourrait avoir une collaboration aussi proche entre Paris et le régime de N’Djamena, loin d’être un modèle de démocratie. Ils s’interrogeaient aussi sur les règles d’engagement des Tchadiens pas toujours très respectueuses des lois de la guerre édictées en Occident. La question semble s’être réglée lors d’une visite du président Déby à  l’à‰lysée le 5 décembre dernier et d’un long tête-à -tête entre François Hollande et son homologue. Paris a toujours nié avoir négocié. Mais N’Djamena n’a jamais caché son intention de régler à  cette occasion quelques dossiers en souffrance, notamment celui de L’Arche de Zoé. Une force autonome Seule certitude, le Tchad s’est très vite engagé après l’intervention «surprise» des Français, le 14 janvier. En masse. C’est l’élite des troupes tchadiennes qui a été déployée, notamment la garde présidentielle, pour la plupart des Zaghawas, le clan de Déby. Elles ont été placées sous le commandement du général Oumar Bikomo, mais surtout sous les ordres opérationnels du fils du président, le général Mahamat Déby. Leur intervention depuis le Niger, et non depuis Bamako, montre que les Tchadiens ne se sont pas vu confier une simple mission d’appui ou de soutien. «Les Tchadiens opèrent de leur côté, avec les Nigériens, sous le commandement de la coalition. Les Français et les Tchadiens ne se battent pas ensemble», assure-t-on à  Paris. L’armée française a simplement déployé un détachement de liaison d’une quinzaine d’hommes auprès du QG tchadien pour coordonner les efforts et régler les interventions aériennes. De son côté, le président tchadien trouve lui aussi matière à  se féliciter. Si, au Tchad, l’intervention est parfois critiquée, notamment après la bataille du 22 février, elle impressionne en Afrique. Idriss Déby a pu ainsi s’imposer comme un leader régional. Et c’est comme un leader qu’il a tancé ses pairs, le 27 février, lors d’un sommet de la Cédéao, les enjoignant à  «plus de célérité» dans le déploiement de leurs troupes.

Mali : une guerre peut en cacher une autre

Cette mise en scène ne vise pas seulement à  s’emparer de l’or et de l’uranium maliens, elle ouvre surtout la voie à  une déstabilisation de l’Algérie. « l’appétit vient en mangeant », dit le proverbe. Après avoir recolonisé la Côte d’Ivoire et la Libye, puis tenté de s’emparer de la Syrie, la France lorgne à  nouveau sur le Mali pour prendre l’Algérie à  revers. Durant l’attaque de la Libye, les Français et les Britanniques ont fait un large usage des islamistes pour combattre le pouvoir de Tripoli, les séparatistes de Cyrénaà¯que n’étant pas intéressés à  renverser Mouammar el-Kadhafi une fois Benghazi indépendante. à€ la chute de la Jamahiriya, J’ai personnellement été témoin de la réception des dirigeants d’AQMI par des membres du Conseil national de transition à  l’hôtel Corinthia, qui venait d’être sécurisé par un groupe britannique spécialisé venu exprès d’Irak. Il était évident que la prochaine cible du colonialisme occidental serait l’Algérie et qu’AQMI y jouerait un rôle, mais je ne voyais pas quel conflit pourrait être utilisé pour justifier une ingérence internationale. Paris a imaginé un scénario dans lequel la guerre pénètre en Algérie par le Mali. Peu avant la prise de Tripoli par l’OTAN, les Français parvinrent à  soudoyer et à  retourner des groupes Touaregs. Ils eurent le temps de les financer abondamment et de les armer, mais il était déjà  bien tard pour qu’ils jouent un rôle sur le terrain. Une fois la guerre finie, ils retournèrent dans leur désert. Les Touaregs sont un peuple nomade vivant au Sahara central et sur les bordures du Sahel, soit un vaste espace partagé entre la Libye et l’Algérie, le Mali et le Niger. s’ils ont obtenu la protection des deux premiers Etats, ils ont au contraire été délaissés par les deux derniers. Par conséquent, depuis les années 60, ils n’ont cessé de remettre en question la souveraineté du Mali et du Niger sur leurs terres. Bien logiquement, les groupes armés par la France décidèrent d’utiliser leurs armes pour faire aboutir leurs revendications au Mali. Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) prend le pouvoir dans presque tout le Nord-Mali o๠il habite. Cependant, un groupuscule d’islamistes touaregs, Ansar Dine, rattaché à  AQMI, en profite pour imposer la charia dans quelques localités. Le 21 mars 2012, un étrange coup d’à‰tat est perpétré au Mali. Un mystérieux « Comité pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’à‰tat » (CNRDRE) renverse le président Amadou Toumani Touré et déclare vouloir restaurer l’autorité malienne au Nord du pays. Il en résulte une grande confusion, les putschistes étant incapables d’expliquer en quoi leur acte améliorera la situation. Le renversement du président est d’autant plus bizarre qu’une élection présidentielle était prévue cinq semaines plus tard et que le président sortant ne se représentait pas. Le CNRDRE est composé par des officiers formés aux à‰tats-Unis. Il empêche la tenue de l’élection et transmet le pouvoir à  un des candidats, en l’occurrence le francophile Dioncounda Traore. Ce tour de passe-passe est légalisé par la CEDEAO, dont le président n’est autre qu’Alassane Ouattara, mis au pouvoir un an plus tôt par l’armée française en Côte d’Ivoire. Le coup d’à‰tat accentue la division ethnique du pays. Les unités d’élite de l’armée malienne (formées aux USA) ayant un commandement touareg rejoignent la rébellion avec armes et bagages. Le 10 janvier, Ansar Dine —appuyé par d’autres groupes islamistes— attaque la ville de Konna. Il quitte donc le territoire touareg pour étendre la loi islamique au Sud du Mali. Le président de transition Dioncounda Traore décrète l’état d’urgence et appelle la France au secours. Paris intervient dans les heures qui suivent pour empêcher la prise de la capitale, Bamako. Prévoyant, l’à‰lysée avait pré-positionné au Mali des hommes du 1er Régiment parachutiste d’infanterie de marine (« la coloniale ») et du 13e Régiment de dragons parachutistes, des hélicoptères du COS, trois Mirage 2000D, deux Mirage F-1, trois C135, un C130 Hercule et un C160 Transall. En réalité, il est fort peu probable qu’Ansar Dine ait représenté une menace réelle, car la vraie force combattante, ce ne sont pas les islamistes, mais les nationalistes touaregs, lesquels n’ont aucune ambition au Sud du Mali. Pour conduire son intervention militaire, la France demande l’aide de nombreux à‰tats, dont l’Algérie. Alger est piégé : accepter de collaborer avec l’ancienne puissance coloniale ou prendre le risque d’un reflux des islamistes sur son sol. Après hésitation, il accepte d’ouvrir son espace aérien au transit français. Mais en définitive, un groupe islamiste non identifié attaque un site gazier de British Petroleum au Sud de l’Algérie en accusant Alger de complicité avec Paris dans l’affaire malienne. Une centaine de personnes sont prises en otages, mais pas seulement des Algériens et des Français. Le but est manifestement d’internationaliser le conflit en le transportant en Algérie. La technique d’ingérence française est une reprise de celle de l’administration Bush : utiliser des groupes islamistes pour créer des conflits, puis intervenir et s’installer sur place sous prétexte de résoudre les conflits. C’’est pourquoi la rhétorique de François Hollande reprend celle de « la guerre au terrorisme », pourtant abandonnée à  Washington. On retrouve dans ce jeu les protagonistes habituels : le Qatar a pris des parts dans de grandes sociétés françaises installées au Mali, et l’émir d’Ansar Dine est proche de l’Arabie saoudite. Le pyromane-pompier est aussi un apprenti sorcier. La France a décidé de renforcer son dispositif anti-terroriste, le plan Vigipirate. Paris ne craint pas une action des islamistes maliens sur le sol français, mais le reflux des jihadistes de Syrie. En effet, durant deux ans, la DCRI a favorisé le recrutement de jeunes musulmans français pour se battre avec l’ASL contre l’à‰tat syrien. Du fait de la débandade de l’ASL, ces jihadistes reviennent actuellement au pays natal o๠ils pourraient être tentés, par solidarité avec Ansar Dine, d’utiliser les techniques terroristes qu’on leur a appris en Syrie. Thierry Meyssan

Opération Serval : Une guerre sans merci au Nord

Près d’un mois après le déclenchement de l’opération Serval, l’étau se resserre autour des djihadistes. Les frappes françaises continuent pour anéantir la capacité opérationnelle des fous de Dieu. Cette dynamique est boostée maintenant par les Etats-Unis qui ont déjà  commencé à  prêter main-forte aux efforts français. La confirmation de cet appui a été donnée hier par le vice-président américain, Joe Biden en visite en France. «Â Nous sommes tombés d’accord sur la nécessité mettre en place au plus vite une mission internationale africaine au Mali et de la placer aussi rapidement que possible sous l’autorité des Nations unies », déclaré Joe Biden à  l’issue de sa rencontre avec le président français François Hollande. Appui américain En effet sur le terrain, l’appui américain est perceptible. Ainsi selon des sources américaines, l’armée de l’air des USA a effectué, à  la date du 3 février, 30 vols pour soutenir les Français. Ces frappes intensives visent les caches d’armes, les centres d’entrainement… Ces derniers temps, elles visent particulièrement les montagnes de l’Adrar des Iforas de Kidal, seul repaire des djihadistes après leur débâcle dans les autres villes qu’ils occupaient. Et oà¹, selon toute vraisemblance, sont détenus les otages français. Pour François Hollande, la France va continuer sa mission qui consiste, selon lui, à  recouvrer l’intégrité territoriale du Mali avant de passer le relais aux troupes africaines et plus tard à  une mission de la paix. Cette position française traduit la perspective de l’arrivée prochaine du reste des troupes maliennes et africaines pour assurer le contrôle et la sécurité des zones débarrassées des islamistes. Les africains s’y préparent activement comme l’attestent les propos du président ivoirien et président en exercice de la Cédéao, Alassane Dramane Ouattara, selon lesquels toutes troupes africaines doivent être au Mali dans un très bref délai. Il s’agira donc de renforcer les troupes nigérianes, togolaises, nigériennes, tchadiennes, sénégalaises etc. qui évoluent sur le terrain. Au regard de tous ces derniers développements, l’on est en droit de se poser la question de savoir sur l’avenir des islamistes. En tout cas ça sent le roussi !

Mali : l’atout touareg pour libérer les otages français

Mohammed Moussa Ag Mohammed et Oumeà¯ni Ould Baba Akhmed. Les deux hommes ont été arrêtés dimanche près de la frontière algérienne. Non par l’armée malienne, ni par l’armée française, mais par le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad). Du moins le groupe indépendantiste touareg le revendique-t-il. Tout comme il affirme vouloir les mener dans la ville de Kidal, o๠sont actuellement positionnés à  la fois combattants touaregs et militaires français. Une étrange cohabitation, peut-être même une collaboration, dont les termes sont pour le moment très flous. Des renseignements précieux pour Paris «C’est le hasard des événements, déclarait lundi sur RFI le député malien Ibrahim Ag Mohammed Assaleh, en charge des relations extérieures du MNLA. Les militaires français savaient que nous étions à  Kidal lorsqu’ils sont arrivés. C’est comme ça que les choses ont avancé.» Aucun accord officiel, donc, mais «je pense bien qu’il devrait y avoir des opérations communes, du partage de renseignements, d’informations.» Un échange qui pourrait commencer très vite, puisque le MNLA semble disposé à  remettre ses prisonniers de marque aux Français. Les captifs pourraient détenir des renseignements précieux pour Paris, notamment sur les otages retenus au Sahel. «Le moment est venu de les libérer»,a lancé François Hollande aux ravisseurs samedi, lors de sa visite au Mali. Sans négocier, a-t-il pré­cisé sur un ton qui sonnait comme une menace. C’est que, justement, les sept otages français, enlevés par Acmi et le Mujao, pourraient se trouver au nord de la ville de Kidal, plus précisément dans le massif des Ifoghas, fief des combattants touaregs du MNLA. Une hypothèse «probable», selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian. Et qui pourrait expliquer à  la fois la présence et la discrétion des forces françaises dans cette ville, aux confins du Nord-Est désertique malien. Chasser les groupes islamistes armés Dans le sud du pays, o๠l’intervention française menée à  Kidal sans associer l’armée malienne passe mal, tout le monde croit à  un accord entre Paris et le MNLA: la France servirait de médiateur entre le groupe rebelle et Bamako, en échange de son aide pour obtenir la libération des otages. Rien ne permet d’affirmer qu’un tel accord existe. François Hollande s’en est défendu samedi, à  Bamako: «La France n’a pas vocation à  s’ingérer dans le processus politique malien, a-t-il déclaré. Il ne nous appartient pas de faire des choix politiques pour le Mali.» Mais, même sans accord, il est clair que la promptitude du MNLA à  soutenir les efforts français dénote à  tout le moins une volonté de se faire bien voir de Paris. Depuis dès mois, les indépendantistes touaregs – qui demandent aujourd’hui un nouveau «statut» pour le nord du Mali, et non une indépendance immédiate – clament leur disponibilité à  combattre au côté des forces libératrices pour chasser les groupes islamistes armés. Une proposition qui n’avait jamais reçu de réponse officielle mais qui semble aujourd’hui prendre forme. «Tout prêt» des sept captifs C’est autour de Kidal, dans le massif des Iforas, que seraient détenus les sept otages français au Sahel, selon Paris. à‰voquant leur sort samedi, François Hollande a jugé que «les ravisseurs doivent comprendre que le moment est venu de libérer les otages», ajoutant que les forces françaises au Mali en étaient désormais «tout près». Le président nigérien Mahamadou Issoufou a aussi jugé dimanche que les quatre Français enlevés au Niger en septembre 2010 étaient «vivants» et «probablement» dans le nord du Mali, «vers la frontière avec l’Algérie, dans les montagnes des Iforas». Enfin, lundi, le général nigérian Shehu Abdulkadir, commandant en chef de la Mission africaine (Misma), a évoqué sur BFMTV une opération franco-africaine de libération des otages: «La Misma est en train de préparer quelque chose. (…) Nous y travaillons. Je ne veux pas vous révéler la teneur de nos plans. On garde ça pour nous, pour l’instant.»

La guerre au Mali : phase 2

A l’occasion de la visite du président français au Mali, trois semaines après le début de l’opération militaire Serval qui a permis de reconquérir avec l’armée malienne les grandes villes occupées, le président François Hollande a déclaré que « le terrorisme a été repoussé, il a été chassé mais il n’a pas encore été vaincu ». Les forces terroristes restantes semblent s’être repliées dans le nord du pays. En effet, à  part quelques ilots de résistance, les forces terroristes restantes se sont repliées dans le nord du pays, dans le massif de l’Adrar des Iforas. Une région saharienne et montagneuse o๠se joue dorénavant, avec l’arrivée des forces françaises sur l’aéroport de Kidal, une nouvelle séquence de cette guerre. Les combattants de l’Adrar des Iforas Juste après le siège de Gao, dans la journée du 26 janvier 2013, entre deux cents et trois cents véhicules des forces rebelles auraient quitté précipitamment la boucle du fleuve pour monter se réfugier dans le nord montagneux et désertique du pays, dans l’Adrar des Iforas. Un massif rocheux creusé de grottes qui sont autant de citadelles et de caches naturelles que connaissent parfaitement les populations touareg de la région. Ces montagnes, o๠se trouveraient probablement les otages, ont abrité de 2010 à  2011 le sanctuaire d’Aqmi,(Al-Qaà¯da au Maghreb islamique) une organisation salafiste extrémiste dirigée par Abdelmalek Droukdel, un ancien du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), une organisation qui avait semé la terreur en Algérie dans les années 90 et qui constitue avec Ansar Dine (les défenseurs de la religion) et le Mujao (le mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’ouest) les forces rebelles de ce conflit. Aujourd’hui l’Adrar est aussi le refuge du très charismatique chef touareg d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali. Un ancien chef de la rébellion touareg qui a su rassembler autour de lui toutes les forces rebelles pour partir à  la conquête du sud et qui se retrouve maintenant dans une situation quelque peu désespérée, reclus dans les montagnes fortifiées, avec les derniers combattants restants, qui comptent certainement parmi les plus durs et les plus déterminés, et se préparent probablement à  un assaut final. Une autre composante des forces politique touareg qui circulent dans cet espace est le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), une organisation armée qui dit se battre contre les rebelles, et qui aurait annoncé la libération de plusieurs ville de l’Adrar dont la grande ville de Kidal. Elle aurait livré à  la France des chefs rebelles qu’ils auraient fait prisonnier à  la frontière algérienne. Le MNLA joue sa crédibilité sur ces actions contre les rebelles. l’organisation serait coupée de l’autorité de Bamako et s’inquiéterait pour ses populations des risques d’exactions et de dérapages ethniques dont elles pourraient être victimes (un positionnement partagé par le MIA le mouvement islamiste de l’Azawad nouvellement crée). Les opérations françaises dans l’Adrar des Iforas De toute évidence, d’après de nombreux observateurs, avec l’arrivée des forces françaises sur l’aéroport de Kidal, nous sommes passés à  une autre étape de cette guerre. Les objectifs et les intervenants ne paraissent plus être tout à  fait les mêmes. Il ne s’agit plus de reconquête et de normalisation comme avec l’opération «Serval» mais il semblerait que nous soyons en présence de forces spéciales avec des objectifs différents. Une opération plus secrète qui n’est pas sans rappeler l’opération Sabre, qui serait, dit-on, dirigée par le Commandement des opérations spéciales, la Direction des Renseignements Militaires et la Brigade des Forces Spéciales Terre, depuis l’été 2012. Le COS, le Commandement des Opération Spéciale, comme l’explique Jean-Henri Gontard (un consultant qui cherche à  favoriser les contacts entre les rebelles du MNLA et la France), « est basé à  Ouagadougou au Burkina Faso, et travaillerait depuis longtemps sur cette zone. Il dépendrait directement de l’Etat Major des Armées et regrouperait un ensemble de forces spécialisés : 1er Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (1er RPIMa), les Commandos Marine (Jaubert, Trepel, de Penfentenyo, de Montfort, Hubert) et le GCMC, le Commando Parachutiste de l’Air n°10 (CPA 10), le Détachement ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre) des Opérations Spéciales (DAOS) une escadrille d’hélicoptères basés à  Pau, ainsi que le Détachement des Opérations Spéciales (DOS) des avions de transport Hercules C130 et C160 dotés d’équipements spécialisés qui ressembleraient beaucoup à  ceux que l’on a vus atterrir à  Kidal. » D’autre part, les troupes spéciales françaises auraient formé et entrainé des GSI (groupes spéciaux d’intervention) en Mauritanie (400 hommes), au Mali (200 hommes) et au Niger (200 hommes). « Les GSI, sont des unités très mobiles, équipées de puissants pick-up Toyota armés de mitrailleuses lourdes. Les soldats ne dépendent d’aucune base, ils vivent en permanence dans le désert en se déplaçant au gré des renseignements glanés par les services de renseignement et de la reconnaissance aérienne. » (France 24). Ces groupes de soldats locaux avaient été formé pour combattre AQMI et organiser des opérations longue distance avec droit de poursuite. Ils sont déjà  intervenus en septembre 2010 depuis la Mauritanie pour détruire une unité AQMI, la Seryat El Voughrane, à  Tombouctou. Les trafics Les combattants rebelles ont besoin d’autre part de rétablir les routes et les réseaux des trafics qu’ils contrôlaient et qui ont certainement joué un rôle très important dans cette guerre. Car de tout temps, il y a toujours eu de nombreux trafics dans cette région. Trafics d’êtres humains, avec principalement le phénomène de migration d’Afrique vers l’Europe et trafics de marchandises de toutes sortes, essence, voitures, ou cigarettes. Mais le plus gros de ce trafic, dont l’activité jouerait un rôle très important est d’une part le trafic d’armes (on estime qu’il y aurait près d’un million de kalachnikovs actuellement dans le nord du Mali), et surtout le trafic de cocaà¯ne pour remonter la drogue des ports d’Afrique de l’ouest vers les rives méditerranéennes. Une activité aujourd’hui très désorganisée à  cause de la guerre, et qui tente de se restructurer pour gérer les importantes quantités en transit dans le nord du pays, estimées actuellement par les experts à  près de 50 tonnes de cocaà¯ne. Les options sur le terrain Face à  cette situation, deux options s’imposent aux observateurs : soit les rebelles déjà  affaiblis restent dans leur montagnes et attendent qu’on les y déloge, soit ils tentent de partir mais leurs options paraissent limitées. Car il semblerait que les différentes routes de sortie soient déjà  fermées ou sérieusement surveillées par tous les pays de la région. En tout état de cause, nous entrons dans une autre séquence de cette guerre qui sera probablement réalisé dans la plus grande discrétion par les services de renseignement et les forces spéciales à  l’abri de tous les regards.

François Hollande au Mali : 24h dans la vie d’un président héros

« Je voudrais dire aux Maliens qu’aucune fraction du Mali ne sera occupée et nous allons poursuivre les actions pour libérer le Mali. Nous resterons à  coté du Mali le temps qu’il faut ». Chose due, chose promise, le lendemain de la visite de Hollande au Mali, l’opération serval a procédé ce dimanche 3 février à  une frappe aérienne sur les sites d’entrainement des terroristes à  Kidal près de la frontière Algérienne. « Aucun village aucune ville ne sera occupée par les terroristes au Mali. Les terroristes seront traqués dans leur dernier retranchement », avait assuré le président français, dans un discours prononcé au Palais de Koulouba. [b Point de presse Ensuite, les journalistes maliens n’ont pas raté l’occasion trop belle, pour interroger le président Hollande sur la fâcheuse question des négociations avec le MNLA lors d’un point de presse à  la résidence de l’Ambassadeur du Mali. Sans tabou le Président Hollande affectueusement appelé ‘’le malien » s‘est exprimé : « Nous sommes là  pour traquer les terroristes, mais ceux qui décideront de faire la politique, ont droit de faire la politique dans un pays démocratique. Ceux qui utilisent les armes contre nous répondront de leurs actes ». «Â C’’est la justice en ce moment qui doit faire son travail », a ajouté François Hollande. l’organisation des élections a bien sur été évoquée par le Président français. Selon lui, la feuille de route du gouvernement devrait permettre au Mali d’organiser de belles élections. Concernant les otages français au nord du Mali, le Président Hollande a déclaré que les ravisseurs doivent comprendre qu’il est temps de libérer les otages. Quant au capitaine putschiste Amadou Haya Sanogo, retranché dans ses quartiers à  Kati et opposé à  l’intervention de la force internationale, le président de la république par intérim, s’est réservé de faire des commentaires tout en annonçant que la France ne s’impliquait pas dans une affaire interne au Mali. La France reconnaissante « Lorsque la France a été attaquée, qui est venu ? l’Afrique et le Mali ». C’’est par cette phrase historique, pleine de reconnaissance que le Président François Hollande a justifié l’intervention de l’armée française aux côtés du Mali pour, ajoutera-t-il, faire échec au projet d’occupation du Mali par les terroristes. C’’était lors de son discours, au Boulevard de l’indépendance. De mémoire de Malien, jamais une telle mobilisation n’avait été enregistrée pour accueillir un Chef d’Etat étranger. Femmes, jeunes et vieux ont effectué le déplacement pour témoigner leur reconnaissance à  l’homme qui a sauvé le Mali contre les envahisseurs. Merci Papa Hollande Partout la foule scandait « François le Mali vous remercie », « François Hollande le malien », « François Hollande le sauveur, le libérateur ». Pour la circonstance l’hôte du jour était accompagné de son ministre de la défense Jean-Yves Le Drian et de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères. La délégation était aussi accompagnée de la directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova. s’adressant au peuple malien, François Hollande comblé de joie, a affirmé vivre la journée la plus importante de sa vie politique. « J’ai pris la décision la plus grave d’envoyer les soldats français combattre les terroristes au Mali. C’’est un devoir pour la France d’aider le Mali à  retrouver son intégrité territoriale ». Reconnaissant une dette de la France envers les Africains, François Hollande a déclaré « Je n’oublierai pas que l’Afrique, dont le Mali a aidé la France à  retrouver son intégrité territoriale. Lorsque la France a été attaquée qui est venu ? l’Afrique et le Mali ». Déclaration accueillie par un tonnerre d’applaudissements. Engagement français Hollande n’a pas manqué d’ ajouter que la France resterait au Mali le temps qu’il faudra avant de signaler que les forces africaines dans le cadre de la MISMA, assureront plus tard la relève. « Je pars du Mali confiant en la capacité de nos militaires et optimiste sur la reconstitution du Mali ». Pour le Président Dioncounda Traoré, les Maliens doivent être en mesure de surmonter toutes les difficultés en devenant exemplaires. «Tous les maliens sont venus vous témoigner leur reconnaissance. Nous devons être en mesure de surmonter nos difficultés ». « Vive Tombouctou, Vive le Mali, et vive la France ! »

François Hollande, notre Diatigui !

Place de l’indépendance à  Bamako ce samedi 2 février 2013. Une foule enthousiaste, tricolore aux couleurs du drapeau français, attend le Président français François Hollande. Après Mopti, Sévaré et Tombouctou o๠l’accueil fut plus que chaleureux, Hollande, notre diatigui, notre hôte du jour atterrit enfin à  Bamako. Il est le héros du jour. De cette journée, qu’il dira être l’une des plus importantes, sinon la plus importante de sa vie politique, on retiendra l’humilité et la grandeur d’un homme politique conscient des défis du terrorisme au Mali et en Afrique de l’Ouest :  » Oui le terrorisme a été repoussé, il a été chassé, mais il n’a pas encore été vaincu », déclarera t’il devant la foule bigarrée. Sur des affiches, on peut lire : « Merci Papa Hollande et tonton Le Drian et Fabius ». L’expression peut faire tiquer, tant François Hollande dans son discours, prône une rupture nette avec la vieille relation ambiguà« entre la France et ses ex colonies : « Nous nous battons en fraternité, Maliens, Français, Africains, parce que moi je n’oublie pas que lorsque la France a été elle-même attaquée, lorsqu’elle cherchait des soutiens des alliés, lorsqu’elle était menacée pour son unité territoriale, qui est venu alors ? C’’est l’Afrique! C’’est le Mali! Merci merci au Mali. Nous payons aujourd’hui notre dette à  votre égard, mais la souveraineté vous appartient ». Ainsi rappellera-t-il, que la France, en dépit d’une intervention rapide et d’urgence, n’a pas vocation à  rester au Mali, ni à  s’y éterniser.  » C’est à  la force africaine de prendre le relais ». Lucide devant cette foule qui l’acclame aux côtés de Dioncounda Traoré, François Hollande ne perd pas le nord, ni la mesure des mots qu’il prononce à  l’endroit du peuple malien. « On ne répare pas une injustice par une autre injustice. Vous devez être exemplaires, vous êtes regardés par toute la communauté internationale », comme pour rappeler les Maliens à  l’ordre et face à  tout risque d’amalgame ou d’exactions, qui suscitent la crainte à  Bamako et ailleurs…  » Faà®tes de belles élections ! Montrez que vous êtes un exemple et refaites votre indépendance ! ». Des mots forts, des mots qui renvoient le Mali à  sa situation fragile depuis ce 22 mars 2012, lorsque les institutions tombèrent comme un château de carte. Une manière de rappeler aux Maliens, que le « jour d’après » leur appartient pleinement. Et l’avenir de la reconstruction nationale et l’installation de la vraie démocratie. Oui touché, François Hollande l’est par l’accueil des Maliens, honoré d’être ce héros du peuple malien pour 24h. Et non sans appeler les Africains à  leur responsabilité, celle d’aider le Mali dans la suite de cette guerre, il promet le soutien inconditionnel de la France dans les domaines du développement, de l’éducation ou encore de la culture. La journée aura été belle, pour tous ceux qui auront pu approcher l’homme d’Etat français. Et trop courte sera-t-elle pour notre diatigui, qui se sera envolé pour la France. Il nous reste désormais à  tirer les leçons politiques de cette visite. Car la tâche ne fait commencer pour tous les Maliens !

Hollande accueilli par la cité des 333 saints

Il en aura pour moins de 24h en terre malienne, le temps pour François Hollande de venir soutenir les troupes françaises et appeler les pairs africains à  se mobiliser davantage pour le Mali. Accueilli dans la matinée par son homologue Dioncounda Traoré sur la base militaire de Sévaré, le président français François Hollande a pu saluer les troupes françaises et maliennes massées sur le tarmac. Une visite qui intervient trois semaines jour pour jour après le début de l’opération Serval. S’i avait déclaré quelque temps après que la France n’avait pas vocation à  rester au Mali, son arrivée au Mali est symbolique et cristallise bien des attentes. Mener la mission française jusqu’au bout et permettre que la sécurité s’installe au Mali. Mais le président pourrait annoncer un retrait des troupes françaises, qui seraient relayées par les soldats de la Misma. Notons également que des otages français sont encore détenus par AQMI au nord du Mali. Visite à  Tombouctou Après Sévaré, François Hollande est arrivé à  Tombouctou, o๠il a été accueilli par des soldats français et maliens qui ont récemment repris cette ville emblématique du nord du Mali aux groupes islamistes armés qui l’occupaient, a constaté un journaliste de l’AFP. Le président français, accompagné du président malien par intérim Dioncounda Traoré, doit notamment visiter une mosquée historique, le centre de conservation de précieux manuscrits anciens, dont certains ont été incendiés par les islamistes, et rencontrer la foule. Sur la place principale de Tombouctou, entre deux et trois mille personnes sont déjà  rassemblées pour «dire merci» à  la France. Elles dansent au son des tam-tams, qui étaient interdits lors de l’occupation de la ville par les groupes islamistes. « François Hollande, nous, les femmes de Tombouctou, on le remercie très infiniment, il faut lui dire qu’il a abattu l’arbre, mais il reste à  le déraciner», a déclaré dans la foule Fanta Diarra Touré, 53 ans, ex-réceptionniste, vêtue d’un boubou blanc orné de broderies et portant le drapeau français comme un châle ». Après Tombouctou, retour à  Bamako aux environs de midi, suivront une visite de travail à  Koulouba et un dépôt de gerbe au monument de l’indépendance de Bamako et le départ vers la France. François Hollande est accompagné de trois de ses ministres, dont Jean Yves le Drian, à  la Défense et Laurent Fabius aux Affaires étrangères.

François Hollande à Bamako demain

C’’est un communiqué de à‰lysée qui l’a annoncé ce vendredi matin, François Hollande se rend au Mali pour une visite de quelques heures le samedi 02 février 2013. Le chef de l’Etat français rencontrera son homologue malien avant de se rendre sur le théâtre des opérations, à  Tombouctou, libérée il y a quelques jours par les soldats français, en appui aux soldats maliens. Il est précisé que François Hollande «sera accompagné par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian et le ministre chargé du Développement, Pascal Canfin.» Selon « Libération », la présidence n’a pas souhaité que des journalistes accompagnent ce voyage. Une autre phase pour l’intervention militaire Ce voyage intervient trois semaines presque jour pour jour après le déclenchement de l’offensive militaire française, appuyant les forces maliennes, contre les combattants islamistes du nord du pays. Le dernier succès des forces alliées franco-maliennes a été la prise hier jeudi, de la localité de Kidal par les militaires maliens, après la prise de contrôle de l’aéroport et de ses environs par les Français. Lundi, François Hollande a assuré que les forces françaises et panafricaines sont en train de « gagner la bataille » au Mali, tout en prévenant, prudemment, qu’il appartenait désormais aux Africains de poursuivre la traque des « groupes terroristes » qui contrôlent encore le nord du pays. Ce qui pourrait prendre du temps. M. Hollande quittera le sol français ce vendredi soir et est attendu à  Bamako tôt le samedi matin. Cette visite, la première du Président français au Mali depuis son élection à  la mi-2012, est bien sûr placée sous très haute sécurité. Bienvenue M. Hollande Un élan de sympathie sans précédent a suivi le début de l’intervention militaire française qui a permis de stopper l’avancée de djihadistes vers Bamako, le 11 janvier dernier. Des drapeaux aux couleurs de la France ont fleuri partout dans le pays, des manifestations de soutien aux soldats ont été organisées dans les villes libérées o๠les militaires français ont été accueillis en héros. Plusieurs nouveaux-nés maliens portent le nom du président français, ultime marque de reconnaissance et d’estime dans la culture malienne. C’est dire si cette visite sera favorablement accueillie à  Bamako et dans tout le Mali. Le fait que le président français soit accompagné de son ministre en charge du développement est également un signal, une façon de dire qu’il ne sera pas seulement question de guerre pendant cette visite.

Guerre au Mali : Changements d’axes et de stratégies

Les forces spéciales françaises sont en ce moment même engagées sur le terrain à  Diabali. Objectif, traquer les jihadistes qui on pris mardi le contrôle de Diabali et se sont fondus dans la foule. Difficile de les identifier, quant ils ont abandonné leurs véhicules pick-up. Joint par téléphone, A Diarra, un habitant de Diabali, témoigne : «Â Ils sont visibles dans la ville et ont planté leurs drapeaux noirs partout. Ils ont même saboté le réseau de communication pour empêcher les habitants de communiquer avec l’extérieur et surtout de fournir du renseignement aux forces françaises sur leur localisation ». Un témoignage qui confirme que désormais, la stratégie de bataille de part et d’autre des belligérants a changé. Comment ? De l’aérien vers le terrestre Pour les soldas français engagés dans l’opération militaire malienne Serval, il a d’abord fallu intervenir dans les airs, pour arrêter la progression des jihadistes du centre ( Konan ) vers le Sud du Mali. En bombardant leurs positions au nord, ils voulaient affaiblir les rebelles d’Ansar Dine, d’Aqmi ou du Mujao. Rafales, Mirages, hélicoptères gazelles, les engins ont survolé la zone pour pilonner les positions jihadistes, hors du centre des villes occupées, en éparnant les habitants. Douentza un peu plus au nord, n’y a pas échappé, tout comme Konan, dont on apprend par le ministre français des Affaires Etrangères que, la ville n’a pas entièrement été reprise. Cela signifie que les rebelles se cachent encore dans la ville. Il faut donc les affronter au sol, les débusquer et les combattre. C’’est là  que la stratégie française prend une nouvelle tournure au 6è jour de l’opération Serval. Comme l’indique son nom, inspiré d’un félin, qui «Â urinerait 30 fois par jour » pour marquer son territoire, les troupes françaises devront confirmer leur emprise sur les jihadistes, pour ensuite être sécurisés par la force Africaine MICEMA. De celles-ci, un bataillon de 900 hommes venus du Nigéria est attendu ce mercredi à  Bamako. Le travail est donc double à  Diabali (400km de Bamako) pour éviter toute nouvelle progression de l’ennemi vers la capitale malienne. Sécurisation Pour parer à  cela, une stratégie de protection a été actionnée, en dirigeant une quarantaine de blindés français vers le Nord, d’une part à  Diabali, d’autre part vers Mopti, l’autre ville tampon. Si Konan reste toujours assiégée, il faudra tenter de libérer totalement la ville. Plus au sud, des blindés sont positionnés à  Markhala, o๠se trouve le barrage hydroélectrique, un point stratégique entre Ségou et Niono. Autant dire que les populations de ces localités retiennent leurs souffles en matière de riposte islamiste. De même à  Bamako, la protection se renforce avec la présence d’unités spéciales comme le GIGN français, chargé de vérifier la sécurité des édifices administratifs, ainsi que des soldats français postés devant les administrations, ambassades et lycées français à  Bamako, ce qu’a reconfirmé l’ambassadeur français, lors d’une conférence de presse tenu hier à  Bamako. De l’occupation à  la guérilla populaire… On le savait, les jihadistes sont des combattants au sol, des guérilleros attachés à  l’embuscade, au contournement et à  la surprise. Voilà  leurs forces en plus d’être surarmés. Mais l’armée française depuis le début de l’opération Serval a tenté de détruire une partie importante de leur arsenal guerrier hérité du conflit lybien. Chassés de Gao, Tombouctou et Kidal, ils se cachent désormais parmi les populations des villes prises, oû se retranchent dans leurs abris. Ils se déplacent aussi très vite. La mobilité est donc l’un de leurs points forts. De la frontière mauritanienne vers Diabali, des combattants d’Ansar Dine se sont repliés vers le centre pour échapper aux bombardements. Mais l’armée malienne qui se dirige également au nord, tentera de les encercler. Le Général français de Corps d’armée Dominique Delors, précise qu’il faudra pour «Â  les forces françaises rester équipés, en alerte face à  des hommes habitués à  se mouvoir très vite dans les sables du Sahel… ». Guerre de communication Mais sur Diabali, une autre guerre a commencé, celle de la communication, les rebelles ont ainsi saboté le réseau de téléphonie, tout comme à  Gao. «Â Ils ont coupé les communications, ils accusent des habitants de donner des informations aux militaires, a déclaré un habitant de Gao, à  1.200 km au nord-est de Bamako, l’une des principales villes du nord du Mali, joint par l’AFP sur un téléphone satellitaire. Un élément à  ne pas négliger d’o๠la force du renseignement que propose les Etats Unis, un appui logistique plus grand de la part de la CEDEAO et de la communauté internationale. Du reste, ce sont 2500 hommes qui seront progressivement déployés au Mali, par la France, a précisé le chef de l’Etat, François Hollande il y a quelques jours. Autant dire que la guerre ne fait que commencer au Mali.

Hollande et le Mali : quelques voix discordantes à droite et à gauche

« La Constitution dit qu’il peut être organisé un débat sans vote au Parlement dans les prochains jours. Je souhaite qu’il ait lieu rapidement. Nous nous mettrons certainement rapidement d’accord », avec les responsables des deux assemblées reçus lundi soir, a-t-il dit à  la presse en marge d’un déplacement à  Caen. De fait, l’intervention au Mali met tout le monde d’accord, ou presque. L’opposition, en pleine préparation de la manifestation contre le « mariage pour tous », a mis de côté ses griefs ce week-end pour saluer l’engagement des forces françaises, décidé par le président de la République. SOUTIEN A l’UMP ET CENTRE Jean-François Copé a publié un communiqué dans lequel il « apporte son soutien à  la décision prise par le président Hollande d’engager les forces françaises au Mali afin d’entraver l’établissement d’un Etat narcoterroriste ». Le président de l’UMP ajoute, un brin critique : « Il était grand temps d’agir. » Jean-Louis Borloo, le président de l’UDI, s’est joint au chœur : « Je salue l’esprit de responsabilité du président de la République et du premier ministre dans cette situation d’extrême urgence et de danger pour la population malienne et pour les ressortissants français. » Le centriste estime que tous les partis doivent être solidaires : « La décision d’engager les troupes françaises est un acte grave qui nécessite un débat. Même si l’unité nationale ne se décrète pas, le rassemblement des forces politiques qui concourent à  la démocratie est nécessaire dans ces moments-là . » DEUX MESSAGES AU FN Même la présidente du FN Marine Le Pen a appuyé la décision de François Hollande, lundi 14 janvier : « Je la crois légitime », a-t-elle déclaré Marine Le Pen sur RTL. Pas question en revanche de donner un satisfecit global à  la politique étrangère française : « Je pense que le développement des islamistes au Nord-Mali est la conséquence directe de l’action, des choix, des erreurs manifestes, stratégiques, qui ont été faits notamment en Libye et en Syrie. » Jean-Marie Le Pen s’est lui insurgé contre ce déploiement de force : « Nous avons soutenu, avec M. Sarkozy et le soutien du PS, des rebelles djihadistes en Libye, même militairement, considérablement. D’ailleurs, c’est le boomerang : nous retrouvons en face de nous l’armement qu’on a parachuté aux djihadistes de Libye. Idem en Syrie, on souhaite la victoire des djihadistes de Syrie, et on la combat au Mali : comprenne qui pourra, c’est la démarche de la bonne femme saoule qui titube d’un bord à  l’autre de la route. » LA VOIX DISCORDANTE DE DOMINIQUE DE VILLEPIN Une voix discordante s’est tout de même élevée ce week-end, celle de l’ancien premier ministre, Dominique de Villepin. Dans une tribune au Journal du dimanche, il estime qu' »aucune des conditions n’étaient réunies pour décider de cette intervention ». Celui qui fut ministre des affaires étrangères, et partisan de la non-intervention en Irak en 2003, développe son argumentaire : « Nous nous battrons à  l’aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le Sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’AQMI [Al-Qaida au Maghreb islamique], sont autant de guerres différentes. » Il évoque l’isolement de la France sur ce dossier : « Nous nous battrons seuls faute de partenaire malien solide. Eviction du président en mars et du premier ministre en décembre, effondrement d’une armée malienne divisée, défaillance générale de l’Etat, sur qui nous appuierons-nous ? (…) Nous nous battrons dans le vide, faute d’appui régional solide. La Communauté des Etats de l’Afrique occidentale reste en arrière de la main et l’Algérie a marqué ses réticences. » Le texte intitulé « Non la guerre, ce n’est pas la France », s’interroge : « Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ? » SOUTIEN ET RESERVES A GAUCHE François Hollande ne bénéficiera pas non plus d’un soutien appuyé sur sa gauche. Jean-Luc Mélenchon a critiqué la position du président. « L’intérêt d’une intervention militaire extérieure pour régler le problème posé au nord du Mali est discutable. En décider alors que les intérêts fondamentaux de la France ne sont pas en cause, selon le chef de l’Etat lui-même, et alors que les troupes africaines sont engagées, est discutable », écrit le leader du Front de gauche dans un communiqué. Il regrette que le Parlement et le gouvernement n’aient pas été consultés. Le PCF aurait souhaité de son côté que l’intervention se déroule « dans le cadre d’une mission de l’ONU et de l’Union africaine, réalisée sous drapeau de l’ONU, par des forces maliennes et africaines, dans le strict respect de la Charte des Nations-Unies, dans les limites imposées par l’exigence de la souveraineté malienne ». « La France, ancienne puissance coloniale, ne peut apparaà®tre comme voulant poursuivre les pratiques dominatrices de la ‘françafrique’. » La méthode choque également Noà«l Mamère qui s’étonne « que le président de la République reproduise les mêmes méthodes que son prédécesseur en ne saisissant le Parlement qu’une fois les opérations lancées ». Le député écologiste rejoint ses collègues communistes dans sa critique : « On a le triste sentiment de revenir aux méthodes anciennes de la Françafrique. S’il y avait un vote au Parlement, je refuserai de participer à  cette mascarade. » Europe Ecologie-Les Verts a une position moins tranchée. Réservé sur la forme, le parti écolo admet la nécessité d’une opération « limitée dans le temps » dans un communiqué : « Conscients de la gravité de la situation, en ayant une pensée pour les otages retenus dans la région, EELV, tout en regrettant que le Parlement n’ait pas été consulté en amont de cette décision, souhaite que l’opération engagée par la France soit strictement limitée dans le temps et que l’armée française laisse très rapidement la place à  une force d’intervention africaine qui aura pour mission de veiller à  la mise en place, en accord avec les populations concernées, d’un processus démocratique et d’une paix durable. » L’EXTRàŠME GAUCHE CONDAMNE EN BLOC Le NPA d’Olivier Besancenot a réagi via un communiqué à  l’annonce de la mise en place de l’opération Serval : « Le NPA dénonce cette intervention militaire impérialiste décidée par Hollande, une fois de plus sur le dos des peuples ! Ce n’est pas de cette façon que les Maliens se libéreront de tous les fondamentalismes. » « Qui a dit que la Françafrique c’était fini ? » s’interroge le parti, qui dénonce un double discours de François Hollande, destiné à  « protéger les intérêts » de la France sur place. La porte-parole de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, met dans le même sac l’opération avortée en Somalie pour libérer l’otage et l’intervention au Mali. Elle dénonce l’attitude des soldats français, venus libérer « un barbouze », qui « ont assassiné indifféremment preneurs d’otages et civils ». « L’attitude de l’armée française en Afrique, qui se considère là -bas comme en terrain conquis, est révoltante. Troupes françaises hors d’Afrique ! » conclut-elle.

Les frappes françaises se poursuivent au Mali

Les avions français ont bombardé des cibles dans le nord du Mali, notamment à  Gao, le fief des rebelles. Les islamistes sont mieux équipés et entraà®nés que prévu, a glissé l’entourage de François Hollande. • L’avancée islamiste contenue, des civils tués L’armée malienne, appuyée par des forces françaises, a repris samedi le contrôle complet de Konna après de violents affrontements. L’état-major malien fait état de 11 morts dans ses rangs et une centaine chez les islamistes. Un officier français a lui été mortellement blessé vendredi lors d’un raid hélicoptères. La France a joué «un rôle capital» aux côtés de l’armée malienne dans la reprise de la ville, a estimé le capitaine Amadou Sanogo, chef des putschistes de mars 2012 et à  la tête d’un comité militaire officiel. Parmi les pertes essuyées par les islamistes figure un haut responsable du groupe islamiste armé Ansar Dine (Défenseurs de l’Islam), Abdel Krim dit «Kojak», «un revers de taille», jugent des experts de la région. Les affrontements à  Konna ont également fait des morts dans la population civile. L’ONG Human Rights Watch affirme que dix civils, dont trois enfants, ont péri. L’association s’inquiète du sort des enfants soldats enrôlés chez les islamistes, qui ont «été blessés, et pour certains sont sans doute tués au cours des combats». • Troisième jour de frappes aériennes Les frappes aériennes françaises se sont poursuivies samedi et dimanche afin de bloquer l’avance de colonnes de pick-up armés des islamistes. «Il y a des raids en permanence. Il y en a en ce moment, il y en a eu cette nuit, il y en aura demain», a déclaré sur Europe 1 le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour qui sans intervention extérieure, les rebelles islamistes auraient fait tomber Bamako en deux ou trois jours. Les cibles se trouvent dans plusieurs localités du nord du Mali, comme un camp de combattants jihadistes à  Léré, à  quelque 150 km au nord de Konna, et proche de la Mauritanie. Les appareils français ont visé des dépôts d’armes, de munitions et de carburant stockés par le groupe Ansar Dine . Quatre avions de combat Rafale venus de France ont également visé et détruit dimanche plusieurs cibles à  proximité de Gao, le fief des islamistes. «Des camps d’entraà®nement, des infrastructures et des dépôts logistiques constituant les bases arrière des groupes terroristes» ont été détruits, a annoncé le ministère de la Défense dans un communiqué. Selon le ministre, la progression des islamistes vers le sud du pays n’est pas encore «totalement empêchée». Les colonnes «terroristes» descendaient depuis jeudi «par deux voies», «la voie ouest et la voie est», a-t-il souligné. Si la seconde n’avance plus, sur la voie ouest les accrochages continuent. La France affronte des groupes islamistes sont mieux équipés et armés que prévu, a glissé l’entourage François Hollande. «A l’origine, on pouvait penser qu’il s’agissait de quelques soudards à  bord de Toyota avec quelques armes mais les groupes ont récupéré en Libye un matériel moderne sophistiqué, beaucoup plus robuste et efficace que ce qu’on pouvait imaginer», explique-t-on. • Des renforts français et africains Des militaires français sont arrivés samedi à  Bamako en provenance de Côte d’Ivoire et du Tchad. Ces hommes «seront rejoints par d’autres qui arriveront directement de la France dans les heures qui suivent. D’ici à  lundi prochain, le groupe sera au complet et opérationnel aux côtés de leurs frères maliens au front», a affirmé la télévision publique l’ORTM, sans fournir de nombre. Interviewé, le commandant du détachement français au Mali, le colonel Paul Gèze, a déclaré: «Mes souhaits, quant à  la mission» assignée, «c’est de la réussir le plus rapidement possible, dans les meilleures conditions possibles, avec toujours le souci de la sécurité des personnes – que ce soit de la population malienne, de mes hommes ou de l’armée malienne». La Grande-Bretagne annonce qu’elle va fournir une assistance militaire logistique à  la France mais ne déploiera pas de personnel en situation de combat. Des troupes originaires de plusieurs pays africains sont également attendues. Le Burkina Faso, le Togo le Niger et le Sénégal vont déployer chacun un bataillon de 500 hommes, le Bénin 300. Le Nigeria affirme avoir envoyé une équipe technique de l’armée de l’Air ainsi que le commandant de la future force internationale. Le sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui doivent former une force d’intervention contre les islamistes occupant le nord du Mali, n’aura pas lieu mercredi mais samedi prochain à  Abidjan. • Villepin défavorable à  l’intervention française Alors que la classe politique soutient dans sa majorité l’intervention française au Mali, Dominique de Villepin a fait entendre sa voix discordante dans une tribune au Journal du Dimanche, intitulée «Non, la guerre ce n’est pas la France». «L’unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà -vu des arguments de la guerre contre le terrorisme m’inquiètent», écrit celui qui avait porté en février 2003 à  l’ONU le «non» de la France à  la guerre en Irak et qui ne cite jamais le nom de François Hollande. Pour Villepin, «au Mali, aucune des conditions de la réussite n’est réunie». «Nous nous battrons à  l’aveuglette. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’Aqmi sont autant de guerres différentes», ajoute-t-il. Dénonçant un partenaire malien instable politiquement, il dénonce aussi le manque «d’appui régional solide».

Après l’offensive jihadiste, Dioncounda Traoré demande une aide militaire à la France

Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, après avoir officiellement sollicité une aide militaire de la France pour contrer l’offensive jihadiste, doit s’adresser à  la nation, dans la soirée du vendredi 11 janvier, à  la télévision nationale. Sur le terrain, des renforts sont venus grossir les rangs de l’armée malienne à  Sévaré. Le geste en dit long sur l’urgence de la situation au Mali. Quelques heures à  peine après la chute de Konna aux mains des islamistes radicaux, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a demandé, jeudi 10 janvier, une aide militaire rapide de la France pour repousser la progressions des groupes jihadistes. Jeudi soir, des consultations sur le Mali ont eu lieu au Conseil de sécurité. « Les décisions françaises seront annoncées à  Paris demain (vendredi, NDLR) », a déclaré l’ambassadeur français auprès de l’ONU Gérard Araud. La demande d’aide malienne est contenue dans deux lettres. L’une est adressée au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et l’autre au président français François Hollande. Selon des diplomates du Conseil de sécurité, la lettre adressée aux autorités françaises est une « demande d’aide militaire ». « La France est l’amie du Mali et se tient aux côtés de son peuple et de ses autorités, en particulier dans les circonstances actuelles », s’est contenté de souligner Gérard Araud. De son côté, le gouvernement malien a annoncé que le président Traoré s’adressera vendredi à  la Nation. Selon une source au palais de Koulouba, cette intervention, diffusée à  la télévision publique ORTM, est prévue à  20h00 GMT. Dans une déclaration adoptée jeudi par ses 15 pays membres, le Conseil de sécurité a demandé un « déploiement rapide » de la force internationale au Mali devant « la grave détérioration de la situation sur le terrain ». Il a en outre appelé les à‰tats membres à  « aider les forces de défense et de sécurité maliennes à  réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés » qui contrôlent le nord du pays. Urgence « Pour le moment, le Conseil a envoyé un message pour dissuader les terroristes d’avancer vers le sud du Mali, en direction de la capitale Bamako », a déclaré M. Araud, qualifiant cette offensive des groupes islamistes d’attaque terroriste. « Si ce message n’est pas entendu, a-t-il ajouté, le Conseil pourrait se réunir de nouveau ce week-end pour réagir plus fermement. La survie du gouvernement malien et la protection des civils sont désormais en jeu, il est donc urgent d’agir contre cette menace ». Pour l’ambassadeur français, la percée des islamistes, qui ont pris jeudi la localité de Konna (centre), peut être interprétée comme « soit une démonstration de force dans le cadre de la négociation politique, soit une décision d’avancer vers le Sud avant l’arrivée de la force africaine ». Le déploiement de cette force de quelque 3 000 hommes a été autorisée par le Conseil de sécurité le 20 décembre prendra dans les faits plusieurs semaines, voire plusieurs mois. L’ambassadrice américaine Susan Rice a également indiqué que Bamako avait demandé un soutien extérieur, en particulier de la part de la France. Décrivant la lettre du président Traoré à  François Hollande, elle a expliqué : « Elle disait en résumé : « au secours la France » ! ». « Il y a eu au sein du Conseil un consensus clair sur la gravité de la situation et le droit des autorités maliennes de rechercher toute l’assistance possible », a-t-elle ajouté. Renforts Par ailleurs, l’armée malienne organise la résistance dans la région de Mopti. Jeudi, des avions militaires transportant des armes et des soldats étrangers sont arrivés à  Sévaré, o๠l’armée dispose d’un aéroport gros porteur et d’un poste de commandement opérationnel. Aucune indication précise n’a toutefois pu être obtenue sur le nombre et la provenance de ces avions, armes et soldats étrangers. Un des témoins travaillant à  l’aéroport a évoqué la présence de Blancs parmi les soldats. « J’ai vu atterrir des cargos C-160 (avions de transport militaire, NDLR). Ils ont débarqué des armes et des hommes. Certains hommes avaient la peau blanche », a affirmé ce travailleur de l’aéroport de Sévaré (plus de 650 km au nord de Bamako). « Les avions ont fait plusieurs rotations à  l’aéroport de Sévaré o๠ils ont déposé du matériel et des hommes », a expliqué un autre travailleur de l’aéroport. Un troisième témoin a signalé la présence, parmi les avions arrivés jeudi, d’un appareil de l’armée malienne, sans en préciser le type. Sollicité par l’AFP au sujet de ces informations, le ministère malien de la Défense a répondu qu’il apporterait les éclaircissements nécessaires lors d’une conférence de presse prévue vendredi. L’arrivée d’hommes et d’avions à  Sévaré a été confirmée par un responsable malien. Selon lui, en plus de l’avion de l’armée malienne, évoqué par un des témoins, des avions d’un pays européen non précisé se sont également posés avec des hommes et du matériel à  Sévaré. D’après un expert international, il s’agit d’une mission d’assistance qui était prévue avant les récents affrontements entre militaires et islamistes. (Avec AFP)