L’intégralité du Discours de François Hollande à Dakar

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatique, Mesdames et Messieurs, Je mesure l’honneur que vous me faites en m’invitant à  m’exprimer au sein de votre Assemblée. J’y vois un double symbole, celui de la vitalité de votre démocratie et celui de la force du lien qui unit nos deux pays. J’effectue ici, à  Dakar, mon premier déplacement en Afrique depuis l’élection qui m’a porté à  la présidence de la République française. Ce choix est celui de l’amitié. Il est aussi et surtout celui de l’avenir. Note amitié est fondée sur notre histoire. Une histoire belle, cruelle, rebelle. Une histoire qui nous lègue une langue en partage, mais aussi une culture politique en commun. Je pense en cet instant à  Blaise Diagne, et à  ses successeurs, qui ont activement participé aux travaux du parlement français après la guerre. Je pense à  Léopold Sédar Senghor qui fit partie du comité chargé d’élaborer la Constitution de la Ve République. L’histoire d’une fraternité, aussi. Celle de combats menés ensemble. La France se souvient qu’en 1914 et en 1940, elle a pu compter sur le concours de nombreux Sénégalais enrôlés de gré ou de force sous le drapeau tricolore et dont le courage a permis à  la France d’être ce qu’elle est aujourd’hui. Par deux fois au cours du siècle dernier, le sang africain a été versé pour la liberté du monde. Nous ne l’oublierons jamais. Cette histoire a aussi sa part d’ombre. Comme toute nation, la France se grandit lorsqu’elle porte un regard lucide sur son passé. Je serai cet après-midi sur l’à®le de Gorée pour rendre hommage à  la mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite, en présence d’élus des outre-mer français dont j’ai souhaité la présence à  mes côtés. L’histoire de l’esclavage, nous devons la connaà®tre, l’enseigner et en tirer toutes les leçons, parce que l’exploitation des êtres humains continue de souiller l’idée même d’humanité. Il nous revient de poursuivre le combat contre ceux qui exploitent la misère et la détresse de jeunes filles, d’enfants, de réfugiés, de migrants. à€ la Maison des esclaves, qui fait face à  l’océan Atlantique, je ne m’inclinerai pas seulement devant l’histoire, je m’engagerai pour la défense de la dignité humaine. La part d’ombre de notre histoire, c’est aussi la répression sanglante qui, en 1944, au camp de Thiaroye provoqua la mort de 35 soldats africains qui s’étaient battus pour la France. J’ai décidé de donner au Sénégal toutes les archives dont la France dispose sur ce drame afin qu’il puisse les exposer au mémorial sur Thiaroye. *** Mais la meilleure raison de ma présence ici est que je veux vous parler de l’avenir et d’une valeur universelle que nous défendons ensemble : la démocratie. Le Sénégal est un exemple pour l’Afrique. Les trois premiers présidents sénégalais ont su, dans leur diversité, transmettre, tous, le flambeau à  leur successeur, permettant à  votre pays de réussir des alternances sans déchirement. Votre Assemblée nationale, devant laquelle je m’exprime, est l’une des seules du continent à  avoir exercé la totalité de ses droits, sans interruption, depuis l’indépendance. Et quand je vois le nombre de femmes, ici, du peuple sénégalais – un nombre qui a doublé par rapport aux dernières élections -, cela m’inspire, au regard de la situation pourtant récemment améliorée en France, une nécessaire modestie… Voilà  ce que nous portons ensemble. Le respect des droits de l’homme, l’égalité devant la loi, la garantie de l’alternance, les droits des minorités, la liberté religieuse : autant de valeurs universelles ancrées chez vous et qui doivent s’épanouir dans toute l’Afrique. Je ne suis pas venu en Afrique pour imposer un exemple, ni pour délivrer des leçons de morale. Je considère les Africains comme des partenaires et des amis. L’amitié crée des devoirs : le premier d’entre eux est la sincérité. Nous devons nous parler librement. Nous devons tout nous dire, sans ingérence, mais avec exigence. La démocratie vaut pour elle-même. Mais elle vaut aussi pour ce qu’elle permet. Il n’y a pas de vrai développement économique ni de vrai progrès social sans pluralisme. J’ai une conviction profonde : si l’Afrique, berceau de l’humanité, parvient à  faire vivre pleinement la démocratie, partout et pour tous, si elle réussit à  surmonter les démons de la division, alors, elle sera le continent o๠se jouera l’avenir de la planète. L’Afrique est portée par une dynamique démographique sans précédent : la population au sud du Sahara doublera en l’espace de quarante ans – pour atteindre près de 2 milliards de femmes et d’hommes en 2050. Le nombre d’habitants aura été multiplié par dix en un siècle : c’est un changement sans équivalent dans l’histoire humaine. L’Afrique est la jeunesse du monde. Elle est aussi une terre d’avenir pour l’économie mondiale. Sa croissance, ces dix dernières années, a été supérieure à  celle de beaucoup d’autres régions émergentes. Les besoins d’infrastructure sont énormes. La qualité de son agriculture, ses ressources naturelles, ses richesses minières recèlent des possibilités immenses et encore largement inexploitées. Ses paysans, ses artisans, ses étudiants, ses entrepreneurs, ses savants constituent une ressource humaine exceptionnelle. Les grands pays émergents se tournent vers vous et investissent massivement. Vous n’avez pas à  avoir peur de cet intérêt nouveau, à  la condition expresse que vous sachiez, grâce à  vos institutions et vos pratiques, guider et orienter cet afflux d’hommes et de capitaux, et écarter les prédateurs. Votre défi, c’est de renforcer la place de votre continent dans la mondialisation. De lui donner une finalité plus humaine, d’y prendre la place qui doit être la vôtre, d’assumer une nouvelle responsabilité. Aucun enjeu planétaire ne pourra être traité sans l’Afrique. Toutes les réponses essentielles passent déjà  par votre continent : l’économie, les matières premières, l’environnement, l’énergie, la gouvernance mondiale. Dans toutes les négociations internationales sur ces sujets, la France – et au-delà  l’Union européenne, et l’Afrique partagent la même vision de l’avenir. Dans ces négociations, vous êtes notre premier partenaire. Nous sommes votre premier allié. Et notre devoir, c’est de vous accompagner dans les domaines d’avenir : l’agroalimentaire, les télécommunications, les services financiers… *** C’est vers cette Afrique de demain que je regarde en venant ici au Sénégal. Le changement viendra d’abord et avant tout des peuples. Les Africains ont pris leur destin en main et ce mouvement ne s’arrêtera pas. Chaque pays connaà®t sa propre dynamique et parfois ses rechutes. Chaque pays adapte ses institutions à  son histoire ou à  ses réalités. Chaque pays est chahuté par des mouvements qui contestent les frontières issues de la colonisation. Mais j’ai confiance, l’Afrique est en marche et les principes sur lesquels elle peut fonder son développement sont ceux que vous portez. La transparence, vous avez raison de l’exiger de toutes les entreprises qui viennent investir chez vous ou occuper des positions, et notamment dans le secteur minier et forestier. La bonne gouvernance, car c’est une condition de la stabilité, de la sécurité et de la probité. C’est pourquoi je salue l’initiative du président Sall de lancer une opération de récupération des biens mal acquis. La lutte contre la corruption, les abus financiers et contre l’impunité est l’affaire de tous. Nous devons être intraitables face à  ceux qui pourraient se croire autorisés à  voler les deniers de leur propre pays ou face à  ceux qui viennent chercher des contrats en ne négligeant aucun moyen de pression ou d’influence. L’égalité, car, si l’Afrique se développe, le nombre de pauvres ne cesse de progresser. Près de la moitié des pays du continent sont en passe d’atteindre les Objectifs du millénaire. Mais trop nombreux sont ceux qui restent au bord du chemin. La question des inégalités est, pour vous comme pour nous, au coeur du message que nos peuples attendent de nous. Et notamment les femmes, qui, en Afrique, constituent une formidable force de changement et de transformation. Elles sont de plus en plus nombreuses à  s’impliquer dans la vie économique et sociale. Elles jouent un rôle majeur auprès de la jeunesse africaine qui représente les deux tiers de la population du continent. Mais je n’ignore pas les menaces auxquelles vous faites face et les périls que vous affrontez : les crises alimentaires, les changements climatiques, les trafics de toutes sortes, les conflits, les fondamentalistes. Car nous sommes confrontés au même combat, celui de la dérive identitaire, celui du terrorisme. Je pense particulièrement au Mali, victime de groupes extrémistes qui font régner la terreur dans le Nord. C’est votre sécurité qui est en jeu, c’est aussi la nôtre, celle de l’Europe qui connaà®t la valeur inestimable de la paix pour laquelle elle a obtenu aujourd’hui l’illustre récompense du prix Nobel. Le futur de l’Afrique se bâtira par le renforcement de la capacité des Africains à  gérer eux-mêmes les crises africaines. Les organisations telles que la Cedeao et l’Union africaine se sont imposées dans le traitement des situations de crise en Afrique. C’est encourageant. L’engagement des armées africaines dans le maintien de la paix, au sein des Casques bleus, en est la preuve, je pense au courage des Burundais, Djiboutiens, à‰thiopiens, Kényans et Ougandais qui payent un lourd tribut pour libérer la Somalie. Je salue aussi ici les soldats sénégalais engagés dans des opérations de maintien de la paix difficiles, en Côte d’Ivoire, en Guinée-Bissau, en RDC ou au Soudan. Aujourd’hui, c’est la crise que connaà®t le nord du Mali, occupé et violenté, qui doit nous fédérer. On en connaà®t les causes, elles sont multiples. Les pratiques mafieuses de groupes terroristes, les erreurs qui ont marqué la fin de l’intervention en Libye, et notamment le manque de contrôle des armes. Le trafic de drogue qui a corrompu l’économie malienne, mais qui menace aussi, chacun en est conscient, toute l’Afrique d’ouest en est. L’insuffisance du développement économique et social du Sahel, qui a nourri le désespoir. L’absence de mise en oeuvre effective des accords passés qui auraient dû conduire à  une coexistence harmonieuse de toutes les communautés maliennes. Mais au-delà  de l’analyse de ces causes, nous devons prendre nos responsabilités. Les horreurs actuelles ne peuvent plus se poursuivre. Comment accepter ces mausolées profanés, ces mains coupées, ces femmes violées ? Comment tolérer que des enfants soient enrôlés de force dans des milices, que des terroristes viennent dans cette région pour y semer la terreur ? La France aussi, à  travers ses ressortissants dans la région, a été attaquée. Le Mali a fait appel à  la communauté internationale et demande un soutien. Nous devons le lui apporter, avec la Cedeao, avec l’Union africaine, avec l’Union européenne, avec les Nations unies, car la responsabilité première reviendra aux Africains. La France apportera un appui logistique. Mais à  sa place. C’est dans cet esprit que je conçois la résolution de la crise malienne. *** Chers amis, Je veux ici dire ma volonté de renouveler la relation entre la France et l’Afrique. Le temps de la Françafrique est révolu. Il y a la France et il y a l’Afrique. Il y a le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité. La clarté, c’est la simplicité dans nos rapports d’à‰tat à  à‰tat. Les émissaires, les intermédiaires et les officines trouvent désormais porte close à  la présidence de la République française comme dans les Ministères. La clarté, c’est dans la constitution du gouvernement d’avoir remplacé le ministère de la Coopération par celui du Développement auprès du Quai d’Orsay, indiquant ma conviction que nous devons affronter ensemble les grands défis de l’humanité, changements climatiques, pandémies et autres crises. Le respect, c’est la franchise. Elle doit être réciproque. Je ne céderai pas à  la tentation de la complaisance, et je n’en attends pas non plus en retour. Nous devons tout nous dire. Cette sincérité vaut en particulier pour le respect des valeurs fondamentales : la liberté des médias, l’indépendance de la justice, la protection des minorités. Car, sans à‰tat de droit, il ne peut y avoir de fonctionnement normal de l’à‰tat, ni d’investissement durable des entreprises, ni de société en paix. Nous devons enfin être particulièrement engagés dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Le respect, c’est une définition parfaitement claire de la présence militaire française en Afrique. Celle-ci ne pourra se poursuivre que dans un cadre légal et dans la transparence. Ainsi, l’accord de défense entre la France et le Sénégal a récemment été revu. Il sera rapidement ratifié dans nos deux pays. Il en sera de même partout, et ces accords ne contiendront plus de clauses secrètes. J’irai au bout de cette démarche. Je tire les enseignements des crises que nous avons à  affronter : un dispositif ne doit pas être figé, il doit s’adapter, et privilégier la réactivité plutôt qu’une présence statique. C’est dans cet esprit que sera définie la nouvelle politique de défense de la France. La solidarité, c’est le développement. L’Afrique subsaharienne est la première priorité de la politique de la France, puisqu’elle concentre plus de la moitié de notre effort budgétaire. Mon pays est particulièrement actif pour défendre les intérêts de l’Afrique dans les institutions multilatérales. Mais le partenariat franco-africain ne se réduit pas à  l’action des à‰tats. Il associe et associera aussi des entreprises de nombreuses collectivités territoriales françaises, des ONG, des associations de migrants, et tout le tissu vivant de nos sociétés civiles La solidarité, c’est l’introduction des financements innovants pour trouver de nouvelles ressources. Au niveau européen, une taxe sur les transactions financières sera bientôt en place avec onze pays. Pour la France, 10 pour cent au moins de son produit ira au développement et à  la lutte contre les pandémies qui meurtrissent votre continent : le paludisme, la tuberculose, le sida. La part de l’aide française allant aux ONG sera par ailleurs doublée. La solidarité, c’est le co-développement, qui ne peut être réduite à  la seule question migratoire. J’entends mettre fin à  ce paradoxe absurde, qui fait que la France dans un passé récent a trop souvent fermé la porte à  ceux-là  mêmes qui voulaient y créer des emplois, y développer les échanges, participer à  l’effort de recherche ou de création artistique ! Je souhaite que les procédures administratives soient simplifiées pour les étudiants, dès lors qu’ils sont motivés, talentueux, capables de subvenir à  leurs besoins, mais aussi pour les artistes et les créateurs. Votre ministre de la Culture, Youssou N’Dour m’a alerté. J’ai entendu son appel. La solidarité, c’est, enfin, la consolidation de la zone franc. Que l’on me comprenne bien, les monnaies communes à  l’Afrique de l’Ouest et à  l’Afrique centrale constituent un véritable atout, notamment en matière d’intégration régionale, et la stabilité monétaire est un avantage économique précieux. Mais je suis convaincu que les pays de la zone franc doivent pouvoir assurer de manière active la gestion de leurs monnaies et mobiliser davantage leurs réserves pour la croissance et l’emploi. Pour amplifier encore la croissance africaine, je veux aussi établir entre l’Europe et l’Afrique des relations commerciales plus équitables. Je considère que la position des pays africains dans la négociation des accords de partenariat économique n’a pas été assez prise en compte. Cette discussion s’est enlisée. Je suis favorable à  ce que nous la relancions sur de nouvelles bases, avec des conditions de calendrier et de contenu plus favorables pour les pays africains. Nous voulons permettre aux à‰tats africains de négocier de meilleurs contrats avec les multinationales étrangères, par exemple dans le secteur minier. C’est pourquoi la France mettra en place, avec la Banque mondiale, une facilité financière pour renforcer l’assistance juridique aux pays africains dans la négociation de leurs contrats. Il s’agit de permettre aux pays africains de percevoir un juste prix pour leurs ressources. Nous soutiendrons donc un renforcement de la réglementation européenne en faveur de la transparence des comptes des entreprises extractives. Une transparence réelle, avec des comptes publiés pays par pays, et projet par projet. Ici, au Sénégal, ces principes se traduisent par la volonté de la France d’être toujours à  vos côtés. C’est la raison pour laquelle la France a accordé en juillet dernier à  votre pays une aide budgétaire exceptionnelle de 130 millions d’euros, répondre aux urgences. Je sais aussi l’importance que vous accordez à  la jeunesse. Je partage pleinement cette priorité. Avec le président Sall, nous visiterons, cet après-midi, l’un des trois centres de formation professionnelle que l’Agence française de développement a récemment financés à  Dakar. La France soutiendra aussi la construction et la rénovation de collèges publics dans l’académie de Dakar. C’est par l’éducation, de l’école primaire à  la formation professionnelle, que les jeunes Africains pourront, à  leur tour, imaginer et construire l’Afrique de demain. Ce faisant, nous construisons aussi la Francophonie de demain. Communauté de langue, d’initiatives et de valeurs promises à  un grand avenir. Cet investissement humain devra être complété d’un investissement dans les infrastructures, dont l’état actuel constitue un frein au développement durable du continent africain. Votre croissance est d’abord celle de vos villes. Mais je suis conscient que votre pays a l’ambition, comme beaucoup d’autres, d’assurer un développement inclusif, qui ne laisse pas de côté ses campagnes. Il existe dans le domaine agricole de grandes marges de productivité. Partout en Afrique, et évidemment ici aussi au Sénégal, nous serons avec vous pour réduire la dépendance aux importations de produits alimentaires, afin que les Africains puissent nourrir les Africains. *** Mesdames et messieurs, chers amis Je remercie le Sénégal pour la chaleur de son accueil. Il me touche et m’encourage à  penser que nous avons encore tant à  faire ensemble. Pour nos pays et pour l’Afrique. Une grande histoire commune nous lie. Il nous revient maintenant d’écrire un nouveau récit, celui de notre avenir. C’est « épaule contre épaule », pour reprendre les mots donnés par Senghor à  votre hymne national que la France et l’Afrique avanceront ensemble. Vive le Sénégal. Vive la France. Vive l’amitié entre le Sénégal et la France.

Hollande à Dakar : « Le temps de la Françafrique est révolu »

« Les trois premiers présidents sénégalais ont su, dans leur diversité, transmettre le flambeau à  leur successeur, permettant à  votre pays de réussir des alternances sans déchirement », leur a-t-il dit, lors d’un discours prononcé à  l’Assemblée nationale. « Le temps de la Françafrique est révolu : il y a la France, il y a l’Afrique, il y a le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité », a-t-il ajouté. François Hollande a prôné « la sincérité » dans les relations avec les Africains, avec lesquels on peut tout se dire. « Je ne suis pas venu en Afrique pour imposer un exemple, ni pour délivrer des leçons de morale. Je considère les Africains comme des partenaires et des amis. L’amitié crée des devoirs, le premier d’entre eux est la sincérité. Nous devons tout nous dire, sans ingérence mais avec exigence », a affirmé M. Hollande. L’AFRIQUE « VA DEVENIR UN GRAND CONTINENT à‰MERGENT » Plus tôt dans la journée, à  Dakar, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue, Macky Sall, M. Hollande a exprimé sa « grande confiance dans l’avenir du Sénégal et de l’Afrique », qui, selon lui, « va devenir un grand continent émergent ». S’adressant à  M. Sall, élu en mars face à  Abdoulaye Wade, battu après avoir dirigé le Sénégal pendant douze ans, il a affirmé : « Vous êtes un exemple de transition réussie. » Arrivé en fin de matinée au Sénégal, sa première visite en Afrique depuis son élection, en mai, M. Hollande a noté que « de l’aéroport jusqu’à  Dakar, nous avons été suivis par une foule innombrable, c’est toute la France qui se sentait accueillie, fêtée ». « Je voulais être au Sénégal avant de me rendre à  Kinshasa pour le sommet de la francophonie », samedi, a-t-il affirmé. « UN GRAND CONTINENT à‰MERGENT » M. Hollande a qualifié sa rencontre avec M. Sall d' »importante, parce que entre le Sénégal et la France c’est une histoire, une langue, une culture que nous partageons, mais au-delà  de l’histoire, de la langue qui nous unit depuis si longtemps, au-delà  des personnalités, ce qui nous rassemble aujourd’hui c’est l’avenir ». « L’Afrique est un grand continent qui va devenir aujourd’hui un grand continent émergent », a-t-il dit, et « la France sera au rendez-vous ». « Il ne s’agit pas de générosité, il s’agit de solidarité et de compréhension de ce qu’est l’avenir du Sénégal et du continent », a affirmé M. Hollande. Le président Macky Sall a pour sa part noté que « dans les relations entre Etats, chaque acte posé est un signal qu’il convient de décrypter pour en saisir le sens et la portée ». Et selon lui, que François Hollande ait « consacré au Sénégal sa première visite en Afrique est un geste d’amitié et de style ».

Francophonie à Kinshasa : le nouveau visage de la Françafrique ?

Malgré les appels au boycott, le président français, François Hollande participera finalement à  la grand-messe de la langue française qui aura lieu la semaine prochaine en République Démocratique du Congo. Le chef d’Etat français y retrouvera une cinquantaine de ses homologues autour des « enjeux environnementaux et économiques face à  la gouvernance mondiale ». Mais au-delà  des questions de développement, ce sont bien des préoccupations politiques qui font couler de l’encre sur les berges du fleuve Congo. Pourquoi Hollande doit aller à  « Kin » Le nouveau président français, dont se sera le premier voyage en Afrique (avec une étape au Sénégal), ne pouvait pas ne pas se rendre à  ce sommet. D’abord parce qu’il s’agit du premier événement d’envergure sur le continent depuis son élection et qu’il a tout intérêt à  y effacer les souvenirs plutôt négatifs laissés par son prédécesseur. Ensuite, parce que C’’est une occasion rêvée pour lui de montrer qu’il traduit ses actes en paroles, encore une fois à  l’inverse de Nicolas Sarkozy, qui avait promis « la rupture dans la « Françafrique ». Ce n’est pas un hasard si M. Hollande commence son voyage africain au Sénégal. Pendant sa campagne, le candidat socialiste l’avait promis, s’il était élu, il ferait tout pour « rompre avec la Françafrique » et avec une « certaine vision paternaliste et ethnocentrée ».Il tâchera donc ce vendredi 12 octobre de tenir un discours complètement différent de celui de Sarkozy à  l’université de Dakar, qui avait suscité un tollé panafricain. Depuis l’Assemblée Nationale sénégalaise, Hollande sera suivi par tous les africains qui ont encore du mal à  percevoir sa politique pour le continent. Que ce soit dans le domaine financier (avenir du CFA), militaire (bases et interventions au Mali ou ailleurs), ou encore économique (présence des grosses multinationales), le nouvel homme fort français est attendu. Ce dernier semble prêt pour le «changement », maà®tre-mot de sa campagne présidentielle. Déjà , il a transformé le sacro-saint ministère de la coopération en ministère du Développement. La gestion des « affaires africaines » chasse gardée de l’Elysée pendant des décennies, est désormais confiée au ministère des affaires étrangères. Kinshasa, C’’est l’occasion pour François Hollande de mettre sur les rails, sa vision des relations entre la France et l’Afrique. A Kinshasa, diplomatie contre démocratie? Si Dakar va marquer un tournant politique important, dans la capitale congolaise, François Hollande y jouera à  l’équilibriste. Il s’agira de ne pas prêter flancs aux critiques des opposants à  sa présence à  ce sommet, qui y voit un appui au régime de Kabila. Déjà , bien avant de confirmer sa participation, le président français a affirmé que « les autorités de la RDC doivent démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit ». Une manière de dire que la caution démocratique exigée au régime de feu Mobutu en 1991, était toujours d’actualité. Caution qui est loin d’être remplie si l’on en croit l’opposition congolaise qui est allée jusqu’à  porter plainte contre l’OIF pour l’organisation chez eux de cette fête alors que leur pays fait face à  un conflit armé et les libertés loin d’être respectées. « C’’est un mauvais signal envoyé à  l’ensemble des régimes autocrates qui ne répond en rien à  la Déclaration de Bamako », a récemment déclaré sur France24 Cécile Marcel, directrice des programmes à  l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), dans une allusion au texte qui régit les règles de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en matière de démocratie et de droits de l’Homme. La France elle a choisi de saluer les avancées dans la loi pour la création d’une Commission des Droits de l’Homme ou encore la réforme de la CENI. A Kinshasa, François Hollande viendra donc en président du pays du français et tâchera de bien jouer ce rôle. Y aura-t-il des évocations à  la situation que connait la RDC avec une large partie de son territoire en proie à  une rébellion sanglante, bien malin qui, en dehors de son cabinet, pourrait le dire. Une chose est sûre, il rencontrera l’opposition politique, les militants associatifs, la société civile. « C’est le sens de la nouvelle politique africaine de la France : tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait », avait-t-il affirmé fin aout dernier à  l’annonce sa participation au sommet.

Francophonie : la jeunesse africaine écrit à François Hollande

Excellence Monsieur le président François Hollande, Au moment o๠vous vous apprêtez, en tant que président de la république française, à  effectuer votre premier voyage en terre africaine à  l’occasion du sommet de la Francophonie, nous, Jeunesse africaine, venons auprès votre Bienveillance porter un certain nombre de faits auxquels nous faisons face depuis plus de 50 ans, et sollicitons une action décisive de votre part lors de ce sommet qui se tiendra du 12 au 14 octobre 2012 à  Kinshasa au Congo. La Jeunesse africaine vient vers vous parce que ce voyage s’effectuera dans un contexte particulier. En effet, au Togo, les milliers de morts de 2005 n’ont pas toujours empêché à  ce jour l’à‰tat de mater dans le sang le soulèvement populaire, et ce malgré l’entrée historique en scène des femmes togolaises (30 août 2012) décidées de marcher nues pour maudire la tyrannie. Au Gabon, le régime a récemment réprimé dans la violence les manifestants pacifiques qui rejettent toujours le verdict des urnes des dernières présidentielles. Au Congo Brazzaville, le peuple a depuis longtemps été littéralement réduit au silence. De l’autre côté du fleuve, au Congo Kinshasa, les élections truquées ont cédé la place à  la violation des droits de l’homme et à  la naissance de la rébellion du M23 qui poursuit une guerre ayant déjà  fait plusieurs millions de morts. En Guinée comme au Cameroun, au Burkina Faso comme au Tchad, la violence policière et militaire et les manipulations des codes électoraux en vue d’assurer l’éternité politique aux chefs d’à‰tats sont devenues le mode de gouvernance qui fait de l’espace francophone africain la pire et la dernière des quatre aires linguistiques du continent (arabophone, lusophone, anglophone et francophone). De l’Afrique centrale à  l’Afrique de l’ouest francophones, quand ce ne sont pas ces événements qui font l’actualité, ce sont les caisses publiques qui sont vidées par les gouvernants dont bon nombre passent la moité de l’année dans les paradis fiscaux, laissant nos pays dans une situation de pauvreté extrême et de tension explosive. Comment ne pas s’étonner que, dans ce contexte, la Francophonie tienne son sommet de 2012 à  Kinshasa au Congo? Que ce sommet n’ait pas été déplacé dans un autre pays ayant présenté des garanties minimales de bonne gouvernance, comme au Niger par exemple, n’a pas comblé les attentes de la Jeunesse Africaine. Pour cette raison, on peut comprendre les critiques émises par les organisations de défense des droits de l’homme tant au Congo Kinshasa, dans le reste de l’Afrique qu’en France, critiques qui sont autant d’appels à  l’annulation de votre voyage au Congo, le gouvernement en place n’ayant pas toujours donné des garanties de bonne gouvernance, de justice et de démocratie. Cependant, un regard en profondeur permet de réaliser que votre présence à  ce sommet était inévitable, que votre Excellence l’ait voulu ou non, puisque la charte de l’Organisation stipule en son article 1 (2) que la Francophonie «respecte la souveraineté des à‰tats, leurs langues et leurs cultures et observe la plus stricte neutralité dans les questions de politique intérieure.» Aux yeux de la jeunesse africaine, cet article est la clé de la compréhension de tout, puisqu’il rend possible les rencontres chaleureuses, respectueuses et dénuées de critique entre les démocraties et les dictatures, heurte les promesses les plus fortes et affaiblissent de manière alarmante les exigences en matière de justice et de démocratie. Excellence Monsieur le président François Hollande, Lorsque nous nous rappelons que le jour o๠nous sommes sortis en masse pour vous élire, vous aviez fait la promesse «que le 06 mai 2012 sera une bonne nouvelle pour les démocraties et une terrible nouvelle pour les dictatures», nous pensons que l’heure de la tenue de cette promesse est arrivée, et qu’elle commence par un amendement des statuts de la charte de cette organisation. Au fait, comment la Francophonie peut-elle «observer la plus stricte neutralité dans les questions de politique intérieure» des pays dictatoriaux et y réussir l’objectif d’aide «à  l’instauration et au développement de la démocratie» comme le recommande l’article 1 (1) ? Un soutien à  l’instauration de la démocratie ne peut se faire dans un contexte de dictature que si l’on cesse d’être neutre. Aussi, trouvons-nous, jeunesse africaine, dans la relation entre l’article 1 (1) et l’article 1 (2) une opposition fondamentale qui fait la faiblesse de l’institution francophone et constitue en même temps le motif valable pour lequel nous en appelons à  votre fermeté dans la réalisation de votre promesse. Ainsi, rendu à  Kinshasa, nous vous saurions gré de bien vouloir lever cette contradiction statutaire et de procéder aux amendements règlementaires. N’avez-vous pas vous même réaffirmé le 27 août 2012, reprenant l’article 1 (1) de la charte, que «la Francophonie, ce n’est pas simplement une langue en partage mais aussi une communauté de principes et d’idéaux»? De ce fait, nous attendons de ce sommet de Kinshasa que vous pesiez, de tout le poids de la France des libertés, sur les orientations de la conférence ministérielle, instance décisionnaire, afin de modifier et de compléter l’article 1 (2) de la charte comme suit : «La Francophonie respecte la souveraineté des à‰tats, leurs langues et leurs cultures. Elle observe la plus stricte neutralité dans les questions de politique intérieure dans la mesure o๠les pays membres poursuivent sans faille et rendent concrets les objectifs de démocratie et d’à‰tat de droit contenus dans l’article 1 (1) de la présente charte». La Jeunesse africaine aimerait aussi obtenir à  ce sommet une clarification, sinon une modification de l’article 9 (3) de la charte qui stipule que «l’Organisation Internationale de la Francophonie peut contracter, acquérir, aliéner tous biens mobiliers et immobiliers, ester en justice ainsi que recevoir des dons, legs et subventions des gouvernements, des institutions publiques ou privées, ou des particuliers.» Il nous semble qu’il s’agit là  de l’article à  l’origine de toutes les manipulations, de tous les jeux de passe-passe qui font de la Francophonie la face visible de la Françafrique. Excellence Monsieur le président François Hollande, l’opinion a beau penser que le destin de l’Afrique francophone était entre les mains de sa jeunesse. Nous le voulons bien, mais la réalité est que le sommet qui se tiendra à  Kinshasa sera l’occasion pour les chefs d’à‰tats d’Afrique centrale et de l’Ouest de vouloir modifier la direction de ce destin en notre défaveur. Et s’il advenait que ce sommet accouche d’une nouvelle souris, C’’en sera une de trop. De plus, si Kinshasa ne devient pas le point de départ d’une Afrique nouvelle et de relations justes entre la France et les pays africains, nous le regretterons amèrement. Voilà  pourquoi nous vous sollicitons désormais comme allié, car le 27 août 2012, vous aviez, lors de l’annonce de votre premier voyage en terre africaine, affirmé vouloir «tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait». Ainsi, peut-être Kinshasa marquera-t-il le tournant de notre histoire; et peut-être notre rêve de voir tomber plusieurs dictatures d’ici la fin de votre premier mandat, en commençant par les plus anciennes et les plus cruelles, se transformera-t-il en réalité. Faites qu’il en soit ainsi, Monsieur le président, pour la grandeur de la Francophonie.Si rien n’est fait à  Kinshasa, les textes fondateurs de cette institution tomberont en désuétude à  mesure que l’Afrique francophone régressera sous le poids de ses régimes totalitaires. Et la conséquence ne sera rien d’autre que la percée d’une chinophilie déjà  redoutable, l’image de la France en Afrique francophone n’étant pas séduisante à  nos jours. Quand on sait que C’’est l’Afrique qui donna pourtant à  la Francophonie le plus grand contingent de pays membres, et que dans 40 ans, C’’est elle qui comprendra 80 % de Francophones du monde, on se demande comment, dans un monde dominé par l’économie, la France en est arrivée à  ne pas pouvoir y créer un grand marché de consommation de produits de la civilisation francophone. La volonté de la Chine de corriger cette erreur historique en créant en Afrique son plus grand marché de consommateurs devient compréhensible. Si la fin des dictatures n’est pas proclamée à  Kinshasa, les sommets Chine-Afrique, initiés depuis quelques années, aboutiront certainement à  la création de «l’Organisation Internationale de la Chinophonie». Seule, l’instauration des systèmes démocratiques fiables sera le gage d’une Francophonie partagée partout en Afrique, parce que renovée, modernisée et rendue compétitive face à  une Chinafrique déjà  présente et frileuse, elle aussi, des dictatures. Ce sera le signe fort de votre engagement à  faire bouger les lignes dans la perspective de la tenue de votre promesse du 06 mai 2012. Nous vous prions de croire, Excellence Monsieur le président François Hollande, en la sincérité de nos propos et en l’expression de notre haute considération.

Mali : pour Hollande, une étape est franchie

Sur au moins une des «urgences» dont parlait François Hollande, les réunions auront été utiles. Si sur la question syrienne ou la menace iranienne les discussions diplomatiques en marge de l’Assemblée générale des Nations unies n’ont pas fondamentalement changé la donne, sur la crise sécuritaire au Mali le chef de l’à‰tat s’est félicité mercredi qu’une «étape importante (puisse) être franchie». Avant de quitter New York, le président de la République a participé mercredi matin à  une réunion de «haut niveau»: quarante et un participants, dont plusieurs de premier plan comme le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, la secrétaire d’à‰tat américaine Hillary Clinton, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, le président du Nigeria Goodluck Jonathan, le président de l’Union africaine, le président du Bénin, des représentants du Niger, du Sénégal… et François Hollande, décidé à  prendre un leadership sur ce dossier qui concerne de près la France. Une partie du Mali est aujourd’hui hors de contrôle: les groupes terroristes contrôlent le nord du pays. «Ce qui se produit au Nord-Mali n’est pas un défi pour l’autorité de ce pays seulement, c’est une menace pour l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale», a affirmé François Hollande à  la tribune. «Nous ne pouvons pas accepter ces mains coupées, ces femmes violées, ces enfants déplacés. Nous ne pouvons pas accepter que le terrorisme puisse se structurer sur un territoire.» Le principal obstacle à  une intervention internationale a été levé. Les autorités maliennes – qui sont parvenues à  s’entendre malgré leurs divergences – ont finalement saisi la Communauté des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Union africaine et l’ONU pour qu’une «force de stabilisation» puisse entreprendre la reconquête du pays. François Hollande a apporté son soutien à  cette future intervention. «La France soutient pleinement cette initiative. Elle demande qu’il y ait le plus tôt possible une nouvelle réunion du Conseil de sécurité», a-t-il ajouté. L’adoption d’une résolution permettrait de donner le cadre légal indispensable à  l’intervention. François Hollande a aussi approuvé l’envoi d’un émissaire spécial des Nations unies. Toutes les difficultés ne sont pas levées pour autant. Le secrétaire général Ban Ki-moon a recommandé que «toute solution militaire pour résoudre la crise sécuritaire au Nord-Mali (soit) envisagée avec extrême prudence». «Je sais qu’il peut y avoir une tentation de mener des négociations», a commenté François Hollande. Mais «négocier avec des groupes terroristes, il ne peut en être question. Toute perte de temps, tout processus qui s’éterniserait ne pourrait faire que le jeu des terroristes». Le chef de l’à‰tat évite cependant de donner une indication sur le délai avant une intervention: question de semaines ou de mois? Il souhaiterait aller vite. Il repousse l’hypothèse d’organiser des élections dans le pays tant que le territoire n’a pas été reconquis. La France ne maà®trise pas tous les paramètres. Le soutien de la France se limitera «au plan logistique», a insisté François Hollande en récusant officiellement l’idée d’une action militaire directe. «Ce sont les Africains qui ont la clé de la situation si nous savons les appuyer», a-t-il ajouté. La composition de la force de stabilisation est donc encore incertaine. L’autre problème concerne la sécurité des otages français, menacés directement par Aqmi en cas d’intervention française. «On ne peut pas conditionner notre position sur le Nord-Mali par rapport à  la question des otages», a expliqué le président. Le chef de l’à‰tat a pris acte d’une volonté de contact des ravisseurs. «La France fera tout pour la libération de ses ressortissants», a assuré le chef de l’à‰tat.

Blaise Compaoré à l’Elysée, un médiateur controversé dans la crise malienne

François Hollande, qui poursuit ses rencontres avec les grands dirigeants africains au sujet de la crise malienne, recevait ce mardi après-midi Blaise Compaoré, président du Burkina Faso depuis 25 ans et médiateur de la CEDEAO pour le Mali. Plusieurs organisations se sont réunies la veille pour protester contre cette « médiation à  la française ». A l’initiative de l’association Survie qui se bat depuis de longues années contre la Françafrique, ce rassemblement contre la venue du président burkinabè a reçu le soutien du Front de Gauche et du Collectif des Maliens de France pour la Paix. Une petite cinquantaine de personnes était présentes, un résultat satisfaisant pour Survie, dans la mesure o๠«nous n’avons pu lancé l’appel que samedi, et l’annonce de la venue de Compaoré a été faite seulement lundi matin sur le site de l’Elysée» explique Danyyel Dubreuil de Survie, dénonçant « un manque d’information criant de la part de l’Elysée, qui nous laisse très peu de marge de manœuvre». « Compaoré trop compromis pour être médiateur » Un changement immédiat de médiateur dans la crise malienne est réclamé à  l’unisson par les intervenants. Officiellement, Compaoré se pose en garant d’une stabilité démocratique et d’une certaine justice dans la région. Ce qui plaà®t à  Paris. « Dans la réalité, il ne fait que maintenir la Françafrique et défendre les intérêts des puissances occidentales et françaises dans la région », explique Danyel Dubreuil. Imposé par la CEDEAO pour résoudre la crise malienne, Compaoré se fait le relais d’une « médiation à  la française » qui ne ferait qu’empirer la situation. « C’’est un dictateur, en place depuis 25 ans et compromis dans de nombreuses affaires politiques et criminelles non résolues, comme l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara et plus récemment le procès du libérien Charles Taylor, au cours duquel il a régulièrement été cité » poursuit-il. Marine Malberg, membre du Collectif Afrique du PCF rappelle que la demande d’enquête parlementaire concernant la mort de Thomas Sankara est toujours en attente de réponse, ainsi que son soutien à  la veuve de ce dernier. « Une intervention militaire au Nord-Mali serait inacceptable» Après la guerre en Lybie, le problème de l’ingérence des états européens dans les crises africaines est donc vivement relancé. « Le peuple malien, qui n’a pas été consulté sur l’éventualité d’une intervention militaire, refuse l’idée d’une coalition armée des pays de la région. La solution de la crise malienne doit provenir des Maliens eux-mêmes. Seule une intervention soumise à  la légalité internationale, composée par exemple de casques bleus pourrait éventuellement être tolérée », affirme Pierre Boutry du Parti de Gauche, pour qui «la dynamique de redéploiement militaire français dans la région est inquiétante, notamment au Burkina Faso o๠le réinvestissement de certaines bases militaires a d’ores et déjà  été acté ». Le président Hollande sous surveillance Pour les organisations réunies lundi soir, cette visite signifie le soutien de Hollande au président burkinabè qui « a pourtant à  répondre pour ses actes devant le Tribunal Pénal International» selon les slogans repris en coeur. La déception est pour l’instant à  la hauteur des attentes suscités par l’élection du nouveau président. Deux mois après la visite du gabonais Ali Bongo, l’attention est à  présent tournée vers la visite prochaine de Hollande à  Joseph Kabila au Congo Kinshasa lors du Sommet de la Francophonie. Ces rencontres à  répétition de l’hôte de l’Elysée mettent chaque fois à  mal sa promesse de ruputure avec la Françafrique, inscrite dans son programme de campagne.

Législatives françaises : exit le scénario cohabitation ?

Selon des résultats partiels du ministère de l’Intérieur, la gauche arrive en tête à  l’issue du premier tour des législatives avec 29,4% des voix. Avec ce score, le Président français et ses alliés peuvent espérer asseoir leur légitimité et travailler dans la quiétude. Des projections hier soir leur donnaient 283 à  329 sièges à  l’Assemblée Nationale, o๠la majorité absolue est de 289 sièges. Ils peuvent déjà  comptabiliser 20 sièges gagnés à  l’issue du premier tour de ce 10 juin. Autre motif de satisfaction, en particulier pour le Premier Ministre, aucun ministre ne semble en difficulté pour l’emporter, pas même ceux qui se présentaient dans des circonscriptions difficiles, comme Stéphane Le Fol dans la Sarthe ou Aurélie Filippetti en Moselle. Au moins cinq ministres ainsi que le Premier ministre lui-même s’offrent le luxe d’être élus dès le premier tour. Jean-Marc Ayrault a appelé «les Françaises et les Français à  se mobiliser dimanche prochain pour donner au président de la République une majorité large». La gauche craignait un sursaut des électeurs de droite qui s’ils donnaient cette majorité à  l’UMP, imposeraient à  François Hollande de cohabiter avec une Assemblée Nationale hostile. La gifle de Mélenchon Pour définitivement prendre le contrôle de l’Hémicycle, le Parti socialiste devra certainement s’allier avec Europe-Ecologie-Les-Verts qui pourraient obtenir 12 à  18 députés (il en faut 15 pour constituer un groupe parlementaire). Mais au sein de la gauche, il y a également eu des échecs cuisants. Comme le Front de gauche qui avec 6,6% des voix et un 13 à  19 députés (contre 20 actuellement) ne réalise pas un score à  la hauteur de ses espoirs. Son leader charismatique Jean-Luc Mélenchon a été battu à  Hénin-Beaumont o๠il était allé défié la présidente du Front National, Martine Lepen. Un Front National qui réalise aussi un bon score lors de ces législatives. Il y a cinq ans, le parti d’extrême droite était au bord du gouffre, avec moins de 5% au plan national. Avec 13,6 %, il se rapproche de son meilleur niveau – 15% en 1997. « Le Rassemblement bleu marine résiste remarquablement bien (…). Nous confirmons ce soir notre position de 3e force politique de France », a déclaré Marine Le Pen depuis Hénin-Beaumont. Quand au parti du président sortant, Nicolas Sarkozy, l’Union pour un Mouvement Populaire limite la casse. Avec 27,1% des suffrages, l’UMP et ses alliés peuvent obtenir entre 210 et 263 sièges. A l’issue du premier tour, il comptabilise au moins six élus et peut encore espérer préserver 250 sièges. Signe de ce maintien: d’anciens ministres du gouvernement Fillon qui étaient en difficulté sur le papier, comme Xavier Bertrand dans l’Aisne, se retrouvent en ballottage favorable Grosse abstention Si la présidentielle avait fortement mobilisé, les français ont boudé ces législatives. l’abstention s’élèverait ainsi à  57%, un record dans l’histoire des législatives françaises. Les électeurs ont surtout fait faux bond au Front National dont plusieurs élus se retrouvent en difficulté. En attendant le second tour, les tractations ont commencé pour garantir les résultats du premier tour, voire inverser la tendance dans certaines circonscriptions. l’UMP a d’ores et déjà  prévenu qu’elle ne ferait pas d’alliance avec le FN en cas de triangulaire.

France : Un gouvernement 50-50 pour Ayrault

34 ministres, 17 femmes, C’’est la prouesse réussie par Jean-Marc Ayrault. Le gouvernement annoncé en fin de journée par Pierre-René Lemas, secrétaire général de l’Elysée est parfaitement équilibré en ce qui concerne le genre, mais pas seulement. Les amis récompensés Même si la composition de ce gouvernement a semblé ne pas prendre de temps, il aura donné du fil à  retordre au nouveau Premier Ministre. En effet, il ne fallait froisser personne et représenter toutes les sensibilités. Les discussions ont donc duré toute la journée avec le Président Hollande. Et le nouveau chef de l’Etat tient une de ses promesses de campagne, la parité est parfaite mais encore mieux, les jeunes sont présents, sept ministres ont moins de 40 ans. A noter aussi que la composition du gouvernement respecte un équilibre politique délicat. Les caciques du parti socialiste sont là . A l’exception de Martine Aubry qui voulait entrer à  Matignon. Elle a donc décliné toutes les autres offres. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, Pierre Moscovici, emménage à  Bercy. Le plus heureux ce soir est sans doute Laurent Fabius qui se retrouve numéro deux, au Quai d’Orsay. Stéphane Le Foll, fidèle parmi les fidèles, est quant à  lui ministre de l’Agriculture et de l’Agro-alimentaire et Najat Vallaud-Belkacem, porte- parole du candidat est désormais celui du gouvernement tout en occupant le poste de ministre du Droit des femmes. Tous les bords de gauche Les verts sont aussi présents. Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts devient ministre de l’Egalité des territoires et du logement tandis que le conseiller économique d’Eva Joly, Pascal Canfin, est en charge du Développement. La main tendue à  François Bayrou ne s’est en revanche pas concrétisée. Aucun centriste n’intègre le gouvernement. Le bras droit de Martine Aubry, François Lamy, sera ainsi chargé de la ville. Benoit Hamon, porte-parole du PS tenant de l’aile gauche, s’occupera de l’Economie sociale et solidaire tandis que la très proche de Ségolène Royal, Dominique Bertinotti, est chargée de la Famille. Taubira, ce n’est que Justice l’une des surprises de ce gouvernement est la nomination de la réalisatrice et adjointe à  la mairie de Paris, Yamina Benguigui, qui s’occupera des Français de l’étranger et de la Francophonie. Mais le must, C’’est sans doute, la présence de Christiane Taubira place Vendome. Le nouveau garde des sceaux est un électron libre de la gauche car elle n’appartient pas au PS. Elle s’est rendue célèbre par ses prises de position à  l’emporte-pièce sur la mémoire du devoir de mémoire pour l’esclavage. Un signe fort d’ouverture envers les radicaux de gauche, dont elle avait porté les couleurs lors de la présidentielle de 2002. La radicale Sylvia Pinel est quand à  elle chargée de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme.

François Hollande, investi président de la République Française

Programme respecté à  la seconde près, protocole impeccable, la cérémonie d’investiture de François Hollande, septième président de la cinquième République française n’a pas dérogé à  la règle. Ce que l’on retiendra surtout de ce 15 mai, C’’est d’abord la pluie. Elle accueille le nouveau chef de l’Etat à  son arrivée à  l’Elysée. Si on était en Afrique, d’aucuns y verraient un heureux présage pour le quinquennat. Un Président « rassembleur » On retiendra aussi la sobriété d’un événement qui n’a pas pour autant perdu de sa solennité. Très peu de figures du show-bizz, une trentaine d’invités « personnels » et surtout personne de sa famille. Les enfants qu’il a eu avec Ségolène Royal, ni ceux de sa compagne, ne sont pas venus. Hollande, semble-t-il, ne voulait pas jouer le remake de 2007 o๠Nicolas Sarkozy était entouré de sa large famille recomposée. Les symboles aussi. D’abord entre les deux présidents, le sortant et l’entrant. Une attitude cordiale, un entretien à  huis clos qui a duré presque 40 minutes, un peu plus longtemps que celui de la précédente passation Chirac-Sarkozy. La présence de dix prix Nobel, invités par le président. Et celle de personnalités de droite qui ont reçues comme toutes les autres, la chaleureuse poignée de main et les quelques mots que Mr Hollande a tenu à  donner à  tous. Le Président se veut « rassembleur ». Le discours de François Hollande est dans la même veine, avec le mot « confiance » répété une demi-douzaine de fois. Le nouveau Président sait que C’’est ce dont les français ont le plus besoin, de retrouver la confiance en leur pays, en son économie, en ses valeurs. « Je tiens à  adresser un message de confiance aux Français », démarre le nouveau président, qui rappelle son désir de «faire vivre ensemble tous les Français autour des mêmes valeurs, celle de la République ». « Je mesure aujourd’hui même le poids des contraintes auxquelles notre pays fait face : une dette massive, une croissance faible, un chômage élevé, une compétitivité dégradée, une Europe qui peine à  sortir de la crise », a ajoutera-t-il, affirmant qu’il n’y a « pas de fatalité ». Départ digne pour Sarkozy C’’est sous les vivas et les « Nicolas merci» de ses partisans que le nouveau « ancien-Président » français a quitté l’Elysée après avoir remis les clés de la « maison » à  son successeur. « Je ne peux pas comprendre qu’on laisse partir quelqu’un comme ça » se lamentait une dame devant les grilles de l’Elysée, la larme à  l’œil. Tôt dans la matinée, Carla Bruni-Sarkozy accueillait Valérie Trierweiler sur le perron du palais présidentiel. Quelques heures plus tard, Nicolas Sarkozy, main dans la main avec son épouse, est raccompagné jusqu’au perron du palais en compagnie de la nouvelle Première dame de France. Il a descendu le tapis rouge jusqu’à  la voiture avec laquelle il a quitté la cour d’honneur du palais présidentiel, saluant de la main journalistes, collaborateurs de l’Elysée et gardes républicains massés dans la cour d’honneur. Le couple Sarkozy s’est envolé pour le sud de la France pour quelques jours de repos. Aucune information officielle n’a filtré sur l’avenir de l’ancien Président. François Hollande lui a souhaité «bonne chance» pour sa nouvelle vie. Par contre, pas d’état de grâce pour ce dernier. Après les honneurs de ce matin, il rendra hommage à  Jules Ferry et Marie Curie, qui représentent deux priorités de son mandat, l’éducation et la recherche. Les réjouissances avec ses parents et amis terminées, le nouveau chef de l’Etat se rendra en fin d’après-midi à  Berlin pour une première rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel. Le dossier brulant de la crise et de l’austérité voulue par les allemands et à  laquelle se refuse Hollande sera sur la table. Mais avant, il aura annoncé le nom de son Premier Ministre qu’une indiscrétion ce matin avait déjà  dévoilé. Ce sera son ami, le député-maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault.

France-Afrique : la rupture ?

La présence du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, en France le jour de l’élection présidentielle, le 6 mai dernier, pour une visite d’Etat et celle du candidat socialiste sénégalais au siège du Parti Socialiste le soir de la victoire de François Hollande, témoignent de la nature des rapports entre la France et les pays africains, notamment ses ex-colonies. Battu ce soir du 6 mai, le président sortant Nicolas Sarkozy était le candidat mal-aimé des Africains. Cependant, faut-il se réjouir de ce retour de la gauche au pouvoir? Aucun changement fondamental ! Pour Dr Etienne Oumar Sissoko, la réponse C’’est oui, si on est homme de gauche. Pour ce professeur d’économie à  l’Université internationale « Sup-Management » de Bamako, la nouvelle fait plaisir, car il consacre « la fin d’une politique catastrophique qui a régné pendant cinq ans ». Cependant, prévient l’universitaire, il ne faut pas céder à  l’euphorie. Car, dit-il, pour l’Afrique, un Français en vaut un autre, et sera préoccupé par la sauvegarde des intérêts français en Afrique. « Que les Africains ne se fassent pas d’illusions, cette politique ne changera absolument rien aux politiques françaises en Afrique et ne contribuera nullement à  améliorer les conditions de vie des Africains, ni même amorcer un processus de développement », nous déclare le Dr Sissoko. « Il ne sera donc pas étonnant de voir que la libération des Français détenus au nord Mali soit plus au centre des débats, coté français, que la libération du nord de notre pays et le recouvrement de notre souveraineté », tranche l’économiste qui ajoute que les Africains, surtout de l’Afrique subsaharienne, doivent être très attentifs aux orientations que le nouveau Président donnera à  sa politique vis-à -vis des pays africains. « Hollande est élu pour les Français, et non pour les Africains ! » Beaucoup d’Africains reprochent à  Sarkozy son comportement vis-à -vis du continent. Et le tollé suscité par les déclarations de Dakar, faisant croire que « l’Afrique n’a pas d’histoire » a ajouté à  la colère des ex-colonies. Pour d’autres, C’’est la pilule du durcissement des conditions d’immigration qui ne passe pas. En général, C’’est surtout « le style Sarkozy agace. Et si Hollande veut se démarquer, il doit d’abord supprimer la cellule Afrique de l’Elysée. On doit refonder les relations entre l’Afrique et la France. Le problème sous Sarkozy C’’est une politique à  géométrie variable. Et cela a été perceptible au Niger avec Tandia, au Cameroun avec Paul Biya, en République démocratique du Congo avec la réélection de Joseph Kabila, en Libye sous Kadhafi, etc. », analyse un conseiller d’un ministère sous le couvert de l’anonymat. Mais notre interlocuteur est formel : « Hollande est élu par et pour le français et non pour les Maliens ». Un visage humain à  l’immigration Si cet avis est largement partagé par de nombreux observateurs, ils attendent du nouveau président français « une coopération normale entre la France et l’Afrique basée sur le principe de respect des Droits de l’homme ». En ce sens, expliquent-ils, il doit donner un visage humain à  notre coopération notamment dans le domaine de l’immigration en renonçant à  la politique d’ « immigration choisie » de son successeur. « Le tout nouveau président a bien les moyens de le faire, car l’Afrique compte pour lui et il comptera pour l’Afrique s’il parvient à  recoller un continent divisé et déstabilisé par Sarkozy », martèle un ancien expulsé de France, aujourd’hui militant de l’Association malienne des expulsés (AME). La fin du supposé soutien français au MNLA Adama Coulibaly, spécialiste en sciences politiques (ancien étudiant de la Sorbonne à  Paris), s’attarde lui sur l’implication de la France dans la crise au nord du Mali. Selon lui, parmi les aspects de la coopération Afrique–France qui vont changer, il y aura la fin du «soutien au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dont les responsables ont été reçus en grande pompe par Sarkozy ». Ce qui va aussi changer, ce sont les conditionnalités démocratiques dans les Etats africains. « Hollande, comme l’a fait Mitterrand, va sans doute se montrer plus exigeant envers les démocraties africaines avant de les soutenir », analyse-t-il. Pour cet assistant parlementaire à  l’Assemblé nationale, « l’Aide publique au développement allouée par la France, devrait augmenter, notamment en direction du Mali, dans le cadre du programme socialiste de lutte contre l’immigration. « Je crois que Hollande va mettre l’accent les aspects du développement local. Car cela va constituer une réponse à  l’immigration, en permettant de fixer le potentiel migratoire », conclut notre interlocuteur.

Sarkozy battu, enfin une bonne nouvelle pour les maliens !

Une vraie clameur s’est levée dimanche soir à  Bamako aux alentours de 18h. Dans certains quartiers, klaxons, cris de joie et courses folles en moto faisaient penser aux jours de match victorieux. Malheureusement, ce n’était pas non plus la reconquête du Nord Mali que fêtaient les jeunes bamakois, mais tout simplement la victoire de François Hollande à  la présidentielle française. Ou plutôt la défaite d’un certain Nicolas Sarkozy. Dix ans de désamour Le petit Nicolas venait en effet d’être annoncé battu avec 48,4% des voix contre 51,6% pour son adversaire socialiste, il est vrai peu connu du public malien. François Hollande a pourtant obtenu plus de 77% des voix parmi les français du Mali, dont beaucoup sont des binationaux. Ce désamour pour le quasi ancien président français remonte à  2002, quand ce dernier est devenu ministre de l’intérieur. Il a bâti sa réputation sur une politique migratoire restrictive et répressive, avec son lot de rapatriements forcés. Cette politique a été poursuivie une fois Sarkozy élu président, par ses successeurs Brice Hortefeux et Claude Guéant. « Sarkozy n’aime pas les étrangers, alors que lui même n’est pas totalement français », argumente Mala, un jeune commerçant de Djicoroni. Pour Lansina, ingénieur vivant en France, qui a obtenu son titre de séjour sous François Mitterrand, « avec un nouveau président socialiste, ce sera plus facile pour nous les immigrés ». Un chef d’Etat manquant d’humanité envers les étrangers et stigmatisant les musulmans, C’’est donc l’image que laissera Nicolas Sarkozy dans l’opinion publique malienne. Victime collatérale de l’aventure libyenne Mais la guerre en Libye y est aussi pour quelque chose. Sarkozy et la France étaient à  l’avant garde des opérations menées par l’OTAN en 2011 contre le régime de Mouammar Khadafi, considéré par de nombreux maliens comme un bienfaiteur. Certains ont été jusqu’à  organiser des marches de soutien à  l’ancien dictateur. La ranC’œur contre Sarkozy s’est renforcée depuis que les troupes Khadafiennes en déroute, en partie composées de touaregs maliens, ont attaqué le Nord Mali, aujourd’hui occupé. Même si cette situation doit beaucoup à  l’incompétence du président ATT, lui aussi sorti par la fenêtre, Sarkozy reste dans l’imaginaire malien le principal responsable des attaques du MNLA. « La branche politique de la rébellion n’a t’elle pas été reçue en grande pompe par des responsables politiques français, la France n’a-t’elle pas négocié son soutien contre la libération de ses otages ? », s’insurge un cadre de banque bamakois. Tout est dit, l’homme de la rue rend Sarkozy comptable de la situation catastrophique que vit le Mali, pour avoir mal géré l’après Libye. Même si le pays reste coupé en deux et que la transition peine à  s’organiser à  Bamako, nos compatriotes ont un peu de baume au C’œur car la défaite du petit Nicolas constitue déjà  une première victoire.

François Hollande, Président de tous les Français!

Les résultats définitifs du second tour de la présidentielle française sont tombés tard dans la nuit de ce dimanche 6 mai. Le socialiste François Hollande a été élu en recueillant 51,62 % des voix. Il devance son rival, le président UMP sortant Nicolas Sarkozy, qui n’a recueilli que 48,33 % des voix. La participation au second tour de l’élection présidentielle a atteint 81,03%, taux supérieur à  celui de premier tour (79,5%). « Réparer les blessures » Dix-sept ans après la fin du second mandat de François Mitterrand, un candidat socialiste va s’installer au palais de l’à‰lysée. Le président élu a réservé sa première déclaration publique aux personnes réunies sur la place de la cathédrale, à  Tulle, chef lieu du département de la Corrèze, dont il est président du Conseil général. « Je serai le président de tous », a-t-il lancé à  la foule. Un peu plus tard dans la soirée, il s’est rendu sur la place de la Bastille o๠l’attendaient des dizaines de milliers de personnes. A la foule en liesse, François Hollande a dit remercier « le peuple de France », auquel il a promis de « réparer » pendant cinq ans, après « des années de blessure ». Il a également tenu à  lancer un message aux partenaires européens de la France. « Je suis sûr que dans bien des pays européens ça a été un soulagement, un espoir, l’idée qu’enfin l’austérité ne pouvait plus être une fatalité. Et c’est la mission qui désormais est la mienne (…) et c’est ce que je dirai le plus tôt possible à  nos partenaires européens et d’abord à  l’Allemagne. Ma victoire doit être un nouveau départ pour l’Europe », a-t-il poursuivi. Une question de style Vaincu sans être écrasé, Nicolas Sarkozy, visiblement ému, s’est exprimé dès 20h30 ce dimanche. « Je porte toute la responsabilité de cette défaite », a annoncé Nicolas Sarkozy, visiblement ému. « Je resterai l’un des vôtres, mais ma place ne pourra plus être la même. Après cinq ans à  la tête de l’à‰tat, mon engagement sera différent », a-t-il expliqué. On ne sait pas encore quel sera son rôle dans les prochains mois en particulier pour les législatives dans la vie de son parti, l’UMP. C’’est la première fois, depuis Valéry Giscard d’Estaing et sa défaite de 1981, qu’un chef d’à‰tat français ne parvient pas à  se faire réélire. Selon la plupart des analystes politiques, Sarkozy a plus perdu à  cause de son style qu’ à  cause de ses actions. Il a su gérer la crise mieux que dans plusieurs autres pays européens, le défend un de ses supporters. Au travail, très vite Une fois sa victoire célébrée et digérée, François Hollande devrait rapidement se mettre au travail. La crise économique s’est rappelée à  son bon souvenir avec une ouverture en baisse de la Bourse de Paris ce lundi matin. La crise, la dette, le chômage sont les dossiers urgents auxquels le candidat Hollande avait promis de s’attaquer de front pour contrer l’austérité proposée par son adversaire. Les partenaires européens de la France attendent de voir à  l’œuvre le nouveau chef de l’Etat français. La chancelière Angela Merkel a invité le président élu en Allemagne pour travailler à  un pacte de croissance. Et le président américain Barack Obama l’a félicité pour son élection, tout en évoquant d’emblée des « dossiers difficiles » à  gérer en commun. Allusion évidente à  l’Afghanistan et à  la crise de la dette européenne. La proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel doit intervenir d’ici à  jeudi et la passation des pouvoirs est prévue pour le 15 mai prochain.

Hollande :  » Je serai le président de tous « 

« Je suis fier d’avoir été capable de redonner espoir», a lancé le candidat socialiste qui offre à  la gauche sa première victoire à  une présidentielle depuis 1988, trente et un ans après la victoire de François Mitterrand. Selon les chiffres définitifs du ministère de l’Intérieur publiés ce matin en intégrant le vote des Français de l’étranger, il obtient 51,62% des voix face à  Nicolas Sarkozy, (48,38%). Le taux d’abstention est de 18,96%. Quelque 17,8 millions de suffrages se sont portés sur le président élu, 16,7 millions sur son prédécesseur et 2,1 millions d’électeurs ont voté blanc ou nul, selon cette totalisation portant sur plus de 45 millions d’inscrits et 36,6 millions de votants. Le taux d’absention est de 18,97% (contre 20,7% au premier tour cette année et 16,03% au second tour de 2007), soit 8,6 millions de personnes. Le candidat socialiste comptait une «victoire ample», soit 52% des voix au moins. «Si les Français doivent faire un choix, qu’ils le fassent clairement, massivement, qu’ils donnent à  celui qui sera investi toutes les capacités et les moyens d’agir», avait déclaré vendredi le député de Corrèze. Il s’en approche. Les résultats des Français de l’étranger devraient être connus lundi matin, tandis que la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel doit intervenir d’ici à  jeudi. Triomphe pour la gauche  » Depuis Tulle, François Hollande a adressé un «salut républicain à  Nicolas Sarkozy». Avant de promettre : «Je serai le président de tous.» «Ce soir, il n’y a pas deux France, il n’y a qu’une seule nation réunie dans le même destin. Chacun sera traité avec les mêmes droits et de devoirs. Trop de fractures, trop de ruptures ont pu séparer nos concitoyens. C’en est fini !». Le nouveau président a promis de faire avancer «la cause de l’égalité» dans les cinq ans à  venir et de ne pas être le président de l’austérité, sur fond de crise. A 57 ans, celui que personne n’attendait, qui n’a jamais exercé de responsabilité ministérielle et était donné battu à  la primaire PS jusqu’à  la mise hors course de Dominique Strauss-Kahn il y a un an à  New York, accède à  l’Elysée. «Qui avait imaginé qu’un jour…? Oui, je l’avais imaginé !» a clamé le président élu depuis son fief de Tulle.

Lettre ouverte de la diaspora à François Hollande

Monsieur HOLLANDE, Très cher camarade, Qu’attendez-vous de l’Afrique? Que ferez-vous face à  cette tentative de partition « de facto » du Mali ? Le FNC(Front du Non à  la nouvelle Constitution) vous présente ses compliments et vous félicite sincèrement de votre score au premier tour de l’élection présidentielle. Votre résultat ne nous a guère surpris; nous aurions plutôt été abasourdis et démobilisés du contraire. Soyez-en donc remerciés, vous personnellement et toute votre équipe, au nom de toute l’Afrique en lutte pour une égale dignité des peuples et pour de nouvelles espérances. Ce succès attendu ne vous a point été offert ; vous l’avez conquis de hautes et constantes batailles au nom de vos convictions et de l’idéal politique de votre parti. Cette première victoire augure une nouvelle ère pour nous aussi ; Africains-Français et Français-Africains, engagés dans les mêmes combats, parfois dans le même parti ou dans la même section du même parti, d’autres fois en alliés ou sympathisants.  » Nous expatriés d’Afrique en France  » Alors, nous ne sommes donc pas seulement proches, nous sommes ensemble depuis longtemps et pour tous les combats futurs, pour de nouvelles victoires communes. Aussi, nous, Expatrié(e)s d’Afrique en France, Africain(e)s de France, Français(e)s d’Afrique, militant(e)s engagé(e)s dans les luttes pour une Afrique véritablement libre, éduquée, saine et prospère, vous interpellons, sur la politique extérieure de la France en Afrique, particulièrement au Mali, et sur l’avenir de la France avec l’Afrique. Nous, Citoyen(ne)s africain(e)s immergé(e)s dans les traditions et valeurs de la France, convaincu(e)s des principes d’égalité et de respect mutuel des peuples, déclarons, à  votre adresse particulière, notre exigence pour que la politique en Afrique cesse d’être une entreprise sanglante, affamant, exilant et tuant notre peuple avec le soutien de la France. Nous vous demandons de vous engager nettement sur les points ci-dessous qui relèvent de la politique de la France à  l’égard des Français d’origine africaine et des ressortissants africains sur son territoire et,notamment de la politique de la France en Afrique. Nous vous en appelons, Monsieur François Hollande à  respecter et faire respecter, au nom de la France, la souveraineté des peuples africains et l’intégrité de leurs territoires tels qu’ils sont fixés depuis les indépendances, et plus singulièrement l’inviolabilité des frontières qui sont reconnues à  la République du Mali le 22 septembre 1960 ; [  » Fin de la Françafrique  » ] A mettre un terme à  l’immixtion physique directe ou indirecte de la France dans les questions de politique intérieure des états africains, et plus singulièrement dans l’acceptation implicite de l’occupation des régions Nord de la République du Mali par des hommes armés à  la solde de fanatismes et trafics internationaux ; A exprimer la sensibilité de la France face aux expressions ouvertes des frustrations populaires, se muant en de pérennes foyers de te nsions voire, par endroits, en conflits armés fratricides pendant que le sida et le paludisme, entre autres désastres, s’acharnent à  laminer la santé et l’intelligence des Africains ; A soutenir les légitimes aspirations des peuples des anciennes colonies à  un mieux-être souvent occulté et jetant leur jeunesse, privée d’avenir sur la terre africaine, dans l’exil et dans toutes sortes d’aventures armées pour quelques moyens de survie ou, dans le meilleur des cas, pour quelques amorces d’un certain * »développement local ». A s’associer aux volontés des peuples indépendants d’Afrique de s’éduquer, se former, se soigner et de vivre en paix sur leur terre et de sa seule richesse. Au plan économique et monétaire, quand ils ne sont pas de simples filiales d’institution financière * »mère »* de la métropole, les établissements bancaires en Afrique sont, pour la plupart, précaires ou ruinés par la faute des dirigeants affairistes. Alors, les dépôts des fonds détournés s’effectuent essentiellement en occident, particulièrement en France qui se donne le loisir de les * »geler »* suivant les circonstances.  » Droit des peuples souverains » Nous vous en conjurons de tout faire pour que la France s’engage à  reconnaà®tre et préserver le droit des peuples d’Afrique à  vivre et tirer profit des richesses de leur sol et sous-sol ; A refuser d’héberger les fonds détournés sur les deniers publics des peuples laborieux d’Afrique en luttant contre l’enrichissement illicite des Elites et Hommes politiques; A manifester sa désapprobation des transactions immobilières frauduleuses en faveur des tenants du pouvoir, par les achats de châteaux, villas, etc. A mettre un terme aux compromissions d’affaires consistant au pillage systématique des ressources et matières premières nationales ; A témoigner de sa volonté pour la relecture des clauses des contrats d’endettement et les conditions de la mise à  plat de la dette de l’Afrique. Les luttes pour les Droits et les Libertés en Afrique sont indissociables des combats pour la paix et la justice dans le monde, contre le racisme et toutes formes de discriminations. Elles sont parties intégrantes des grands mouvements universels d’émancipation et d’égalité des peuples. Elles doivent, à  cet effet, servir la promotion d’une nouvelle dynamique du Panafricanisme souverain des peuples d’Afrique. Dans cette attente nous, Expatrié(e)s d’Afrique en France, Africain(e)s de France, Français(e)s d’Afrique, militant(e)s réuni(e)s au sein du *Front du Non à  la Nouvelle Constitution (FNC)*, faisons « Appel » à  votre sens élevé de la justice et de la paix sociales.

Le Mali s’invite dans le débat Sarkozy-Hollande

Le grand débat attendu par les téléspectateurs de «Â France 2 » et de «Â TF1 » a tenu ses promesses ce mercredi soir. Au cours de ce face-face entre le candidat du Parti Socialiste, François Hollande et celui de l’UMP, Nicolas Sarkozy, plusieurs sujets ont été abordés. Sur le Mali, l’immigration, mais aussi et surtout la sécurité dans la bande sahélo-saharienne, étaient attendues. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) détient au total treize Européens dans le Sahel, dont six Français. Deux géologues, ont été enlevés le 24 novembre 2011 dans leur hôtel à  Hombori dans le Nord de notre pays, entre Mopti et Gao. Les quatre autres, collaborateurs du groupe nucléaire public «Â Areva » et de son sous-traitant «Â Satom » ont été capturés au Niger le 16 septembre 2010. «Â  Risque d’un foyer terroriste au Sahel » Interrogé sur la question ce mercredi, le candidat socialiste mesure tout l’enjeu sécuritaire dans cette zone. Pour François Hollande, «Â il faut aider le Mali et ses voisins du Niger et de la Mauritanie ». Que faut-il faire pour libérer ces otages ? Le candidat socialiste dit n’avoir pas tous les éléments en sa possession. Mais la nécessité d’obtenir leur libération en renforçant la coopération militaire avec ces pays pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé, est cruciale. Le risque principal étant l’installation d’un foyer terroriste durable dans le sahel. Nicolas Sarkozy, qui est sur la même longueur d’onde, exige d’abord que le Mali organise des élections. «Â Le Mali est miné en ce moment. Il n’a pas, avec ses voisins, la stature d’un Etat pour faire face à  la menace terroriste », a souligné Sarkozy, qui prône également la coopération militaire entre les différents Etats du sahel en partenariat avec la France. Le candidat de l’UMP, qui a déconseillé aux ressortissants français de se rendre dans cette zone, est revenu sur «Â la détermination » de son gouvernement à  faire libérer les otages retenus par les ravisseurs. «Â Le Mali et la question migratoire » Au moment o๠Hollande propose «Â la maitrise de l’immigration », Sarkozy lui prône le durcissement des conditions d’entrée sur le sol français. Son discours rappelle aux Maliens le débat houleux sur les fameux «Â Accords de réadmission » relatifs à  la gestion concertée des flux migratoires. Initié par le gouvernement Sarkozy à  l’endroit des pays africains, cet accord stipule que «Â chaque partie accepte de recevoir sur son territoire à  la demande de l’autre partie et dans le respect de la dignité des droits fondamentaux des personnes, toute personne en situation irrégulière sur le territoire de l’autre partie ». A ce jour, le Mali est le seul pays africain à  ne pas avoir signé cet accord, malgré les nombreuses pressions exercées par Sarkozy à  travers le Quai d‘Orsay. On estime à  plus de 120.000 Maliens vivant en France, dont 60.000 en situation irrégulière. Selon le rapport Charles Milhaud sur «Â l’intégration économique des migrants et la valorisation de leur épargne », publié par la documentation française, les immigrés maliens vivant en France apporteraient par an à  leur pays plus de 180 millions d’euros, soit 4,4% du Produit national brut (PNB). Les Maliens vivant à  l’extérieur apportent au pays 221 millions de dollars par an, soit le double de l’aide publique au développement estimée à  104 millions.

Débat Sarkozy-Hollande: scénario pour un duel attendu

Amélie Dalmazzo, docteur et coauteur de Médias et élections*, a regardé ce dimanche, sur Paris Première, trois rencontres qui ont déjà  opposé Hollande à  Sarkozy. Pour 20 Minutes, elle explique ce à  quoi s’attendre lors du débat. La manœuvre fléchée. Le sempiternel débat des valeurs. «Hollande va parler de solidarité, Sarkozy de méritocratie. L’un se positionne sur l’espérance, l’autre sur l’austérité, supputée plus réaliste.» La désignation de l’ennemi. Contrairement aux débats de 1998 et 1999, les rôles sont inversés. «Représentant l’opposition, Hollande va attaquer le bilan du gouvernant Sarkozy. La stratégie de ce dernier vise à  se défausser sur l’international. Sa campagne est axée sur cette idée: Sarkozy est la barrière face à  un contexte difficile. Hollande pointera sa responsabilité dans la situation actuelle.» L’expert vs l’inexpérimenté. «Face à  ses adversaires, Sarkozy se pose en expert et aime leur demander s’ils connaissent tel ou tel chiffre. Hollande devra aussi l’attaquer avec des données.» La méthode Sarkozy. Le style du président sortant est direct et fougueux. Sa pédagogie repose sur l’art de la répétition. «Il part d’un exemple concret: “Trouvez-vous normal que l’ouvrier untel…” et l’érige ensuite en cas général. Il joue la carte de la proximité.» La tactique Hollande. «Il parle plus des concepts et apparaà®t comme bien élevé et cultivé. Ses propos sont modérés: “on peut ne pas être d’accord, mais…”». La guerre des responsabilités. Les vieux dossiers vont ressortir. «Sarkozy va parler des 35 heures, Hollande du bouclier fiscal. Vont-ils porter le débat sur la moralisation de la politique? L’un pourrait évoquer l’affaire DSK, l’autre, les liens avec Kadhafi.» Les escarmouches viendront quand l’un ou l’autre n’aura plus d’arguments. «Les deux ont beaucoup d’humour. Le débat peut se révéler musclé.»

Les Français du Mali préfèrent Hollande

Une rue barrée par des véhicules de la police malienne, puis une barrière gardée par la gendarmerie française, un premier sas de sécurité, un second sas avec fouille des bagages et des corps avant, finalement, de pouvoir laisser tomber son bulletin dans l’urne. Les Français du Mali ont voté sous haute sécurité à  l’ambassade de France dimanche 22 avril. Six Français sont toujours détenus par Al Qaida au Maghreb islamique et la présence de groupes islamistes armés dans les principales villes du nord du Mali fait redouter de nouveaux enlèvements, voire des attentats. Hollande loin devant Sans surprise les Français du Mali ont largement pris leur distance avec Nicolas Sarkozy lors du premier tour de l’élection présidentielle. L’actuel président a obtenu seulement 19% des voix, contre 27,18% au niveau national, d’après les résulats en attente de validation. Le candidat socialiste arrive largement en tête au Mali (58,54%), alors que Marine Le Pen (2,47%) est derrière Jean-Luc Mélenchon (10,45%) et François Bayrou (5%). Abstention vertigineuse Autre constat au Mali, les Français se sont très peu déplacés. Environ 900 personnes seulement sont allées voter, soit environ 27% de votants, contre près de 80% au plan national.  » Ceci s’explique aussi par le fait que beaucoup de Français ont quitté le Mali en raison de la situation sécuritaire post-coup d’état, témoigne Alassane, franco malien. L’avance de François Hollande est le résultat de la radicalisation de la politique de Nicolas Sarkozy. Sans parler de la crise sociale. Le chômage a atteint dix millions en France aujourd’hui. Sarkozy a été sanctionné par la crise. » Pour Carole Maiga, le départ des Français n’a rien changé au vote. Le nombre de votants dépasse cette année celui de 2007. Si Sarkozy réalise donc un mauvaise score au Mali, les Français de l’étranger dans leur ensemble l’ont préféré à  François Hollande (38% contre 28,31%). « Pour le deuxième tour, il n’y aura que deux bulletins de vote… et les réserves de voix sont abondantes », écrit l’Association des Français de l’étranger-Mali (gauche), en référence aux pronostics qui donnent François Hollande gagnant.

Elysée 2012 : Hollande en tête, la percée de Marine le Pen… Ce qu’il faut retenir du premier tour

La dynamique pour François Hollande François Hollande vire en tête, avec plus de 28%. C’est le plus haut score pour un candidat socialiste depuis François Mitterrand en 1988, qui avait alors culminé à  34,11%. Pour mémoire, Ségolène Royal avait conquis 25,87% en 2007, Jospin 16,18% en 2002, le même Jospin 23,30% en 1995. François Hollande fait même mieux que Mitterrand en 1981, une élection qui a souvent été comparée à  celle de cette année. Le dernier président socialiste de la Ve République avait alors recueilli 25,85% des voix. Pour autant, rien n’est gagné: avec près de 50% des voix, la France penche à  droite. La résurrection du Front national Elle ambitionnait d’être au second tour. Elle en est loin, mais Marine Le Pen se console en étant sur le podium avec un score record pour le FN, portée par son recentrage sur l’immigration et l’insécurité dans la dernière ligne droite. Avec près de 20%, elle fait mieux que les 16,87% de son père en 2002. C’est l’échec de la stratégie de siphonnage des voix du FN par l’UMP, qui avait si bien réussi à  Nicolas Sarkozy en 2007 et la réussite de la dédiabolisation entamée par Marine Le Pen depuis qu’elle a pris la présidence du parti. Malgré tout, Nicolas Sarkozy pourrait en profiter au second tour: l’ensemble des voix de droite, c’est à  dire les siennes ajoutées à  celles de Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen, l’amènent à  près de 50%. La campagne de second tour sera très « Patrick Buisson », du nom de l’ex directeur de Minute aujourd’hui conseiller de Nicolas Sarkozy. La déception Mélenchon Victime du vote utile en faveur de François Hollande, Jean-Luc Mélenchon réalise un score très décevant au regard de la dynamique que les sondages lui accordaient. Du coup, les réserves de voix du candidat socialiste sont plus faibles que prévu. François Bayrou, cinquième homme Le leader du Modem est cinquième, avec moins de 10%. Une énorme déception évidemment. François Bayrou peut toutefois se consoler en se disant que le second tour s’annonce très serré et que le vote de ses électeurs risque d’être déterminant. François Hollande aura besoin de lui. Il ne perd pas totalement son rôle d’arbitre, et sa voix comptera. Le taux de participation très élevé On a beaucoup dit que la campagne avait été ennuyeuse.Visiblement, cela n’a pas dissuadé les électeurs. Avec 80% de participation, on est beaucoup plus proche des 83,8% de 2007 – le record sous la Ve République – que des 71,6% de 2002.