Interdiction des ONG aux financements français : une décision aux grandes conséquences

Déjà fragilisées par l’insécurité depuis 2012, les ONG au Mali doivent désormais exercer sans financement français. Une décision du gouvernement malien en riposte à l’annonce par la France d’arrêter son Aide publique au développement (APD) à destination du Mali.

Expulsion de l’ambassadeur de France, départ de Barkhane, plainte à l’ONU… Les relations entre le Mali et la France sont très compliquées depuis plusieurs mois. Ce que certains estimaient être une brouille passagère, qui ne conduirait pas au divorce, s’étend désormais aux ONG bénéficiant de financement français, y compris humanitaires. Le 16 novembre, Paris a annoncé arrêter son Aide publique au développement au Mali, estimant que les conditions n’étaient plus réunies pour la poursuite des projets. Les autorités françaises avaient maintenu cependant l’aide d’urgence et l’action humanitaire.

La réaction des autorités maliennes n’a pas tardé. Dans un communiqué daté du 21 novembre, le gouvernement de la transition a interdit, « avec effet immédiat », toutes les activités menées sur son sol par des ONG opérant sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans l’humanitaire.

« La décision de la France, prise depuis février 2022, ne suscite aucun regret, d’autant plus qu’elle contribue à la restauration de notre dignité bafouée par une junte française spécialisée, d’une part, par l’octroi d’aide déshumanisante pour notre peuple et utilisée comme moyen de chantage des gouvernements et, d’autre part, dans le soutien actif aux groupes terroristes opérant sur le terrain malien », fustige-t-on dans le communiqué signé par le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga. D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Mali a reçu 121 millions de dollars américains, soit environ 77 milliards de francs CFA d’aide publique au développement de la part de la France en 2020. Selon des données de l’ambassade de France non actualisées, entre janvier 2013 et septembre 2017 le montant des octrois de la France au Mali, au travers de l’Agence française de développement (AFD), s’est élevé à 310 milliards de francs CFA.

Conséquences

Avant même les annonces officielles, Coordination Sud, un collectif d’une trentaine d’ONG françaises de solidarité internationale, avait fait part de son inquiétude quant aux conséquences qu’aurait l’arrêt des financements pour la population, les organisations de la société civile malienne, ainsi que ses propres organisations, dans une lettre du 15 novembre adressée aux autorités françaises.

« Alors que 7,5 millions de personnes ont besoin d’assistance, soit plus de 35% de la population malienne, et que le Mali est en 184ème position sur l’Indice de développement humain, la suppression de ces financements entrainera l’arrêt d’activités essentielles, voire vitales, menées par les organisations de la société civile malienne et internationale au profit de populations en situation de grande fragilité ou de pauvreté. Ces populations se retrouvent ainsi encore plus vulnérables à la violence et à l’influence des parties en conflit », indique-t-on dans la lettre. Selon une source française, l’aide humanitaire de la France s’élève à 9 millions d’euros, soit un peu plus de 5 milliards de francs CFA. En mai dernier, la France a paraphé une aide de 2, 625 milliards de francs CFA destinée aux populations vulnérables du Mali. Un financement alloué à trois projets. Le premier sera porté par le Programme alimentaire Mondial, pour un montant de près de 1,640 milliards de francs CFA, le deuxième par l’ONG Première Urgence internationale et le troisième par l’ONG Solidarités internationales.

« Il y aura quelques impacts à court terme, c’est sûr. Si on prend par exemple le Conseil régional de la région de Mopti, c’est une institution qui fonctionne à peu près à 70% sur financement de l’AFD. Ça veut dire que les activités de ce Conseil régional vont s’arrêter à un niveau très élevé. Plusieurs projets qu’ils ont initiés seront stoppés. Il en sera de même dans la région de Kayes, où beaucoup d’associations et de petites ONG nationales sont financées par des fonds français. Cela aura pour conséquences de mettre certains jeunes au chômage », analyse Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des associations des jeunes de la région de Mopti.

Amadou Touré, juriste et collaborateur du cabinet FSD Conseils, va plus loin, expliquant que dans une grande partie du territoire, où « l’État malien brille par son absence », seules les actions d’ONG permettent aux populations d’avoir accès à un certain nombre de services sociaux de base, notamment la santé, en assurant la continuité du service des quelques centres de santé existants.

« En outre, les ONG viennent en aide à ces populations par des activités de micro finance, afin de leur permettre d’avoir une autonomie financière, singulièrement les femmes. En filigrane, les ONG œuvrent aussi pour le retour de la paix, de la cohésion sociale et de la prévention des conflits communautaires, tout ce qui peut aider l’État du Mali dans sa politique sectorielle de réconciliation, d’où plusieurs conséquences à prévoir si la décision est appliquée avec rigueur », craint-il.

Arrêts

Certaines organisations non gouvernementales ont déjà annoncé arrêter leurs activités  pour se conformer à la décision du gouvernement malien. Il s’agit par exemple de l’ONG Santé Diabète et de son Centre Médico-Social, ainsi que de d’’AVSF (Agronomes et Vétérinaires sans frontières). Cette dernière, présente au Mali depuis 1983, soutient les éleveurs transhumants, les agropasteurs sédentaires, les familles paysannes et leurs organisations pour sécuriser l’accès à l’alimentation et créer des revenus dans des régions difficiles et dans les zones rurales.

Avec « Trois Frontières », l’un des projets qu’elle exécute au Mali et qui couvre également le Burkina Faso et le Niger, l’ONG appuie depuis 2018 des organisations paysannes en leur donnant des équipements, de l’aliment bétail, des poissons, etc. Le projet appuie également des investissements communaux sur la base du PDSEC (Eau, santé, éducation, formation).

« Dans les régions du Nord du Mali (Tombouctou, Taoudéni et Gao), environ 35 000 personnes ont eu accès à la santé humaine et animale au travers de la mise en place d’équipes mobiles de santé mixtes. Ainsi, 24 000 personnes ont accès à l’eau pour leurs ménages et leurs élevages et environ 50 000 personnes ont pu développer leurs activités agricoles (productions végétales et animales) », estime un agent de l’ONG basé dans la région de Gao.

Selon ce dernier, l’un des rares humanitaires qui a accepté de répondre à nos questions sous anonymat, leurs activités sont totalement suspendues du fait que le projet est à 100% financé par l’AFD. « Je suis impacté par l’arrêt, de même que les organisations paysannes que nous appuyons, ainsi les investissements dédiés aux collectivités. Le projet couvre 6 cercles frontaliers : Gao et Ansongo pour la région de Gao, Gourma Rharouss pour Tombouctou et Koro, Bankass et Douentza pour Mopti. Dans chacun des cercles d’intervention toutes les communes sont bénéficiaires », explique-t-il.

Partagé entre inquiétudes pour les populations bénéficiaires du projet et esprit de patriotisme, il ajoute : « personnellement, malgré que cela me mette au chômage, je soutiens la décision du gouvernement malien. La France fait du chantage et il ne faut pas céder à ce chantage ».

Les autorités de la Transition ont conforté leur décision en adoptant lors du Conseil des ministre du 23 novembre un projet de décret pour interdire « avec effet immédiat » toutes les activités menées par les associations, les Organisations non gouvernementales et assimilées opérant sur le territoire malien sur financement, ou avec l’appui matériel ou technique, de la France. Une mesure qui concerne aussi bien les associations nationales ordinaires et les associations signataires d’accords-cadres avec l’État que les associations étrangères et les fondations.

« Le Gouvernement s’engage à évaluer au niveau interministériel et au niveau des Gouverneurs de Région et du District de Bamako les effets de la décision sur les populations, afin de prendre les dispositions nécessaires pour les accompagner », promet-on dans le communiqué du Conseil des ministres.

Résilience

Redouté par les agents des ONG soucieux de leurs emplois, la question de l’impact sur les populations se pose également. « Pour le cas spécifique du pays dogon, l’insécurité a fait que les ONG ont quitté la zone il y a plus de 5 ans. Donc la population s’est déjà adapté à l’absence d’ONG et de projets financés par tous les pays. En tant que ressortissant de la zone, ce dont je suis au courant c’est que le financement français en pays dogon est en bonne partie un financement privé. Des ONG françaises financées par des fonds publics y sont, mais ce sont surtout les initiatives privées d’associations françaises qui sont les plus nombreuses. Je pense que cette décision de l’État ne concerne pas ces financements privés », explique Adama Diongo.

De même que lui, Djibrilla Abdoulaye, acteur de la société civile de Gao, estime que depuis 2012 « les gens du Nord ont adopté une résilience face à la souffrance. Ce sont les autres qui crient toujours devant le moindre effet. J’ai vu récemment les Bamakois se plaindre du prix du carburant, qui avait atteint 800 francs. Au même moment, on l’achetait à 1000 francs ici à Gao sans faire trop de bruit », dit-il.

Ces propos sont appuyés par l’agent de l’AVSF qui insinue, en outre, que la suspension de l’aide française aura plus d’impact sur les acteurs politiques et humanitaires que sur les plus vulnérables. Et pour cause : « une grande partie des actions destinées aux plus vulnérables sont détournées par certains acteurs humanitaires. Malheureusement, ce sont des miettes qui arrivent à ces pauvres. À regarder le mode de vie richissime de certains de nos amis humanitaires, on voit bien cette dimension de détournements. Dans ce lot, on a malheureusement aussi certains élus, des notables et l’administration », assure-t-il.

Un autre aspect tendant à minimiser l’impact de l’arrêt de l’aide française est que plusieurs ONG bénéficiant de l’appui de fonds publics français disposent d’autres sources de financements. Ce qui leur permettra de continuer à exercer sur le sol malien. Comme c’est le cas de l’ONG Médecins du Monde Belgique, qui, après avoir suspendu ses activités le 22 novembre, « par mesure conservatoire vu qu’elle était bénéficiaire d’un financement français », a annoncé, via une lettre au Gouverneur de la région de Gao le 24 novembre, vouloir reprendre ses activités dans la région sans financement français.

« Les vrais perdants seront nous, les Maliens qui évoluent dans les ONG 100% financées par l’AFD et qui nous retrouverons sans doute très prochainement au chômage. Reste à voir comment le gouvernement compte compenser cela », se questionne l’agent de l’AVSF.

ONG au Mali : Continuer malgré tout

Alors que sous d’autres cieux certaines ONG sont épinglées dans des scandales, celles qui opèrent au Mali, s’efforcent d’apporter assistance et espoir à des populations très éprouvées par le conflit et l’insécurité qui prévaut. Habitués aux zones de guerre et aux situations complexes, ces organisations doivent composer avec une criminalité qui ne cesse de croître, des zones très enclavées et une population nomade.

Le 24 avril 2017, les locaux de la sous-délégation du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) à Kidal ont été cambriolés par des inconnus armés. « Le deuxième cambriolage en moins de trois mois », affirmera l’organisme dans un communiqué publié dans la foulée. Le vol de trop. Excédée, l’ONG décide d’une suspension temporaire et partielle (les urgences étaient assurées) de ses activités dans cette région. Deux mois plus tard (juin 2017) Médecins Sans Frontières est à son tour victime d’actes de banditisme dans la même région. Elle suspendra également ses activités après ce qu’elle qualifiera de troisième cambriolage de son complexe en un peu plus d’un mois. Des décisions qui ont eu des répercussions quasi immédiates sur la situation déjà peu enviable des populations. Après plusieurs consultations, estimant avoir reçu des « garanties sécuritaires », les deux organisations reprennent leurs activités d’assistance aux populations.  « Il nous a été très difficile de suspendre nos actions, mais, au-delà de nous, ce sont les populations, déjà très démunies, qui sont affectées » affirme Jamal Mrrouch, chef de mission de Médecins Sans Frontières au Mali. « La situation humanitaire au Mali continue de se détériorer. L’insécurité, qui s’est propagée des régions du Nord vers la région centrale de Mopti et jusqu’à certaines zones de Ségou (Macina et Niono), affecte la mobilité des populations et perturbe leurs moyens de subsistance et accès aux services de base, tels que l’eau potable, la santé et l’éducation. Les affrontements entre groupes armés et les violences intercommunautaires continuent de provoquer des déplacements de populations, qui requièrent une assistance humanitaire et des services de protection », peut-on lire sur les premières pages du  Plan de réponse humanitaire publié en février 2018. Le document du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) met en exergue les difficultés des organisations à mener à bien leurs activités.

Pris pour cible

Selon un autre rapport d’OCHA rendu public en septembre 2017, 100 cas de contraintes d’accès humanitaire ont été recensés au Mali. Un chiffre jamais égalé depuis 2013, au plus fort de la crise. En dépit de la signature de l’Accord de Paix en 2015, le pays s’enlise et l’insécurité chronique ne cesse de s’accroître. « Nous avons l’ensemble des garanties de sécurité de la part des parties prenantes au conflit, nous ne demandons pas plus que cela. Ce que nous craignons le plus en tant qu’humanitaires, ce sont les bandits de grand chemin », assure Jean Nicolas Marti, chef de délégation du CICR au Mali. L’ONG a notamment pâti il y a peu des conséquences de cette situation sécuritaire très volatile. Au début du mois de février, l’un de ses collaborateurs a été abattu dans la région de Gao par des bandits armés.  « Tout le monde a une arme à Gao. Dans certaines localités, des jeunes n’hésitent pas à vous lancer qu’une personne qui a un fusil ne saurait mourir de faim et ces personnes bénéficient d’une totale impunité. Elles ne se privent donc pas de commettre des actes répréhensibles », explique Mohamed Touré, coordinateur du Groupe de recherche pour l’amélioration des initiatives de la population, une ONG qui opère dans la région de Gao depuis 1995. Œuvrant pour la paix et la cohésion sociale, l’organisation de ce natif de la région éprouve néanmoins d’énormes difficultés. « Le banditisme a pris le pas sur tout ici. Nous ne pouvons pas nous déplacer sans craindre d’attaques, même dans les pinasses nous sommes pris pour cible », regrette-t-il. En plus des vols de véhicules et de matériels, les ONG sont victimes d’attaque sur les routes. En raison de l’enclavement de certaines zones, elles sont difficilement praticables et dangereuses. MSF en a fait les frais. L’organisation, qui opère au Mali depuis 1985 en offrant des soins et une assistance médicale à la population, a vue l’un de ses camions (loué) se faire attaquer dans la région de Mopti.  Transportant des vaccins destinés à une campagne dans la région de Kidal, il a été victime d’un carjacking dans le Centre, causant au passage la blessure du chauffeur.

Nombreux défis

Les observateurs l’assurent, 2018 sera une année de grands défis pour les humanitaires. La montée en puissance annoncée du G5 Sahel et le rapprochement effectué par certains groupes radicaux devraient donner lieu à des confrontations très violentes. « Nous en constatons déjà les prémices. Les conséquences humanitaires de ces combats-là seront plus importantes que tous ce que nous avons connu jusqu’ici dans le Nord du Mali », prédit Marti. « Le CICR a renforcé ses équipes à Mopti et sa capacité de réponse », ajoute-t-il.  Et ce n’est pas non plus la décision du Chef d’Etat-major Général des Armées (CEMGA) d’interdire la circulation des motos et pick-up dans les régions de Ségou, Mopti et Tombouctou qui fait des heureux. Pour certaines de ces organisations, qui avaient déjà du mal à acheminer leurs aides, la pilule passe mal. « Nous avons des patients qui viennent dans les centres de soins à moto. Il y a des zones qui sont inaccessibles avec un véhicule. Nous respectons certes la décision, mais cela va compliquer notre travail » se plaint le chef de mission de MSF. Au-delà de l’aspect sécuritaire, les effets du changement climatique devraient aussi bientôt se faire sentir. « La tendance est de conjuguer la situation humanitaire du Mali avec l’insécurité qui règne dans le pays, mais les changements climatiques causeront d’énormes besoins », souligne OCHA dans son rapport. La faible pluviométrie de l’année 2017 fait craindre à l’organisme onusien une crise alimentaire grave. « En juin 2018, lorsque la période de soudure débutera, 4,1 millions de personnes, soit plus d’un Malien sur cinq, seront en situation d’insécurité alimentaire et auront besoin d’assistance humanitaire, y compris 795 000 personnes ayant besoin d’assistance immédiate », affirme OCHA. Sur les 262 millions de dollars que le bureau souhaite mobiliser dans le cadre du Plan de réponse humanitaire pour l’année 2018, 91 seront destinés au Programme alimentaire mondial (PAM).

Actions de grâce

Les besoins sont grands, immenses même. L’urgence est donc d’anticiper pour y répondre efficacement. Mais la meilleure volonté du monde ne suffit pas sans les moyens. Et la tendance actuelle, selon Jamal Mrrouch, est à une diminution des financements destinés aux ONG. Une tendance qui, si elle se confirmait, ferait dangereusement planer le spectre d’une catastrophe humanitaire. « Notre budget est en augmentation par rapport à l’année dernière. Nous faisons le plaidoyer nécessaire pour obtenir de nos supports le plus d’actif possible, afin que le Mali ne devienne pas un conflit oublié » plaide notre interlocuteur du CICR. Avec plus d’un siècle et demi d’existence, l’organisation humanitaire a été sur plusieurs théâtres de guerre. Au Mali elle est présente depuis les années 1990, avec une longévité et des méthodes de travail, qui prônent notamment une totale impartialité, qui lui ont permis de gagner la confiance des parties signataires et non-signataires de l’Accord de Paix. Ce qui la fait bénéficier d’un dôme pour exercer ses activités. Une présence qui prend des allures de véritable bouée de sauvetage pour des populations très démunies. Dans des régions où l’autorité de l’État est absente, ces organisations apparaissent comme une lueur dans une obscurité infinie. « Dans une zone de guerre, il y a toujours un sentiment ambivalent, des populations qui nous remercient et apprécient nos actions, mais ces populations en même temps sont démunies de tout, donc elles aimeraient que le CICR en fasse plus qu’il ne le fait parfois », analyse Marti. Le Centre de Santé de Référence de Kidal fonctionne grâce au CICR, qui prend en charge les salaires mensuels d’une cinquantaine d’agents, assure la gratuité des soins dans certains cas et fournit l’eau potable. Il est difficile de quantifier les personnes qui ont bénéficié d’assistance, mais elles pourraient se chiffrer à des centaines de milliers, voire atteindre le million au Nord du Mali.

 

Les humanitaires maliens sont enfin libres!

Dans un communiqué conjoint, les présidents français et malien, indiquent que les ex-otages « sont en bonne santé ». Les deux chefs d’Etat ont exprimé leur soulagement et adressé « leurs félicitations aux militaires français qui ont permis aux cinq hommes détenus par les terroristes de recouvrer la liberté ». Pour sa part, le président Ibrahim Boubacar Keita a remercié et adressé « sa profonde gratitude à  son homologue François Hollande pour l’engagement de la France aux côtés du Mali depuis 2013 ». « La France et le Mali demeurent résolument engagés, aux côtés d’autres Nations, dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, et le narco-trafic dans le Sahel », poursuit le communiqué. Enlevés par le MUJAO C’’est à  un journaliste de l’AFP qu’un responsable du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) avait confirmé l’enlèvement. « Nous avons pris (…) un (véhicule) 4X4 des « ennemis de l’islam » avec leurs complices », a déclaré Yoro Abdoulsalam, responsable connu du Mujao, dans un bref entretien téléphonique avec un journaliste de l’AFP à  Bamako. s’agissait-il de l’équipe du CICR ? Il a répondu : « Oui », avant de préciser qu’« ils sont en vie et en bonne santé », sans donner plus de détails. Ceux qui ont connu Yoro Abdoulsalam en 2012, lorsque le Mujao contrôlait la ville de Gao le présente comme l’un des chefs de l’aile des trafiquants du groupe islamiste. En plus des quatre travailleurs du CICR enlevés, la cinquième personne est un vétérinaire appartenant à  une autre organisation qui se trouvait à  bord du véhicule. Ils sont tous de nationalité malienne et voyageaient sur le trajet entre Kidal (extrême nord-est) et Gao (nord-est).

Maroc/Algérie : des aides humanitaires au Mali pour séduire le nouveau régime

Avec le retour au calme, le Mali est au C’œur d’une concurrence entre le Maroc et l’Algérie.Mieux encore, le roi Mohammed VI assistera, le jeudi 19 septembre, à  la cérémonie d’investiture du nouveau président Keita. Une première. Le Maroc et l’Algérie ne lésinent pas sur les moyens pour séduire le nouveau président malien, Ibrahim Boubacar Keà¯ta. Rabat entend que Bamako lui renvoie l’ascenseur en soutenant l’intégrité territoriale totale du royaume. Bien avant l’intervention française, le Mali a nettement pris ses distances avec le Polisario, et ce, même sous le régime du président Amadou Toumani Touré, renversé par un coup d’Etat le 22 mars 2012. Depuis ce pays a cessé de reconnaà®tre la RASD. Une reconnaissance qui remontait à  la dictature de Moussa Traoré (1968-1991). De l’autre côté, Alger souhaite que son opposition à  l’intervention de l’armée française contre les groupes islamistes -laquelle a permis de mettre un terme à  l’occupation pendant des mois du nord du Mali, par les antennes d’Al Qaida- ne lui soit pas préjudiciable. Alger envoie des aides humanitaires, Rabat installe un hôpital militaire Le lundi dernier, une dépêche de l’APS annonçait que « le président Abdelaziz Bouteflika a décidé d’octroyer des aides humanitaires urgentes au Mali et au Niger, suite aux inondations qui ont affecté ces deux pays voisins ». Et d’ajouter que « la première opération d’acheminement sur Bamako, confiée aux Forces aériennes de l’Armée nationale populaire (a commencé) le lundi 9 septembre ». Quatre jours plus tard, le Maroc riposte. C’’est au tour de la MAP d’indiquer que le roi Mohammed VI a donné « ses hautes instructions pour l’installation d’un hôpital militaire de campagne à  Bamako, capitale de la république du Mali, ainsi que pour l’envoi d’une aide humanitaire au peuple malien frère ». Aussitôt, un pont aérien a été mis en place pour l’acheminement du matériel médical nécessaire. Neuf avions ont fait la navette entre le Maroc et le Mali. Hier, le JT de 21 heures à  Al Oula a consacré un reportage à  l’hôpital qui devrait accueillir les patients dès mardi. Mieux encore, le roi se rendra, jeudi, au Mali Dimanche, le cabinet royal annonce, dans un communiqué, que le roi Mohammed VI « effectuera, jeudi 19 septembre 2013, une visite à  la république du Mali, pour prendre part à  la cérémonie d’investiture du nouveau président malien, son excellence M. Ibrahim Boubacar Keita ». Depuis son accession au trône en 1999, C’’est en effet, la première fois que le souverain assiste à  une telle cérémonie. D’habitude, C’’est le chef de gouvernement qui s’acquitte de cette mission. En avril dernier, C’’est Abdelilah Benkirane qui s’était déplacé au Kenya pour le même objectif. Parfois, C’’est le ministre des Affaires étrangères ou un ministre d’Etat qui assume ce rôle. Si le Maroc a réagi vite à  la décision algérienne d’envoyer des aides humanitaires au Mali, il n’a pas encore bougé pour faire la même chose avec le Niger, également frappé par des inondations. Un avion militaire algérien est arrivé, le 12 septembre, avec à  son bord des vivres, des médicaments et des couvertures. Pour mémoire, en août 2005, le roi Mohammed VI avait effectué un déplacement dit de « solidarité » à  Niamey. Le Niger souffrait, alors, de la famine. Un hôpital militaire avait été installé.

L’accès des humanitaires aux zones libérées : une mission bien difficile !

l’occupation des territoires du nord Mali par les jihadistes pendant de longs mois, a aggravé les conditions de vie des populations déjà  touchées par la crise alimentaire de 2011-2012. Elles n’avaient plus accès aux services sociaux de base à  cause de l’absence de l’administration et la cessation des activités de la plupart des organisations humanitaires présentes sur le terrain. Avec l’intervention des forces françaises aux côtés des forces maliennes depuis le 11 janvier 20013 pour libérer ces régions, on constate un retour à  la normale dans certaines zones. Difficile accès au terrain Malgré cette liberté retrouvée par endroit, la mobilité des ONG humanitaires reste réduite pour diverses raisons. Si ce ne sont les mines posées sur certains axes routiers par les rebelles, C’’est la crainte d’être leur cible. Ayant pour principale mission d’alléger en toutes circonstances les souffrances des Hommes, ces organisations cherchent d’autres solutions pour porter assistance aux populations ou acheminer les produits de première nécessité. Pour y parvenir, l’aide du personnel local est d’une importance capitale. Selon Habibatou Gologo, chargé de communication d’OXFAM Mali, l’ agence procède à  la ₺relocalisation du personnel et noue des partenariats avec les organisations locales pour mener à  bout les projets. Une manière de se faire discret sur le terrain tout en étant actif. Pour Zlatan Milisic, Directeur du Programme Alimentaire mondial (PAM) au Mali, si on ne peut pas acheminer des vivres par la route, on peut utiliser des avions. «Â Nous essayons d’éviter ce moyen parce que C’’est très cher, car; il y a moins d’argent pour acheter les vivres. Nous avons pour projet d’ouvrir une nouvelle route pour logistique à  partir de Niamey parce que les besoins au nord sont immenses… ». s’il y a des endroits inaccessibles, il faut considérer toutes les options. Prise en charge médicale et consultations d’urgences Pour sa part, l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a affirmé sur son site internet, qu’elle a continué de à  travailler trois semaines après le début des opérations militaires dans le nord du Mali notamment à  Mopti, Gao, Ansango, Konna, Douentza et Tombouctou, en fournissant des soins médicaux vitaux et de la chirurgie d’urgence pour les patients… Depuis janvier, les équipes sur le terrain ont mené quelque 9000 consultations médicales régulières dans la région. Des fournitures médicales et des médicaments ont été livrés à  neuf centres de santé dans la région de Tombouctou. La reprise de l’assistance humanitaire dans ces régions nécessite la mobilisation de moyens humains, financiers et matériels face aux énormes besoins de la population. Il faudra non seulement assister ceux qui sont restés mais aussi les personnes déplacées. La sécurisation et la dépollution des localités doivent vite se faire pour sauver des milliers de vies.

Bienvenue Baronne Amos !

Son parcours a de quoi faire pâlir d’envie les féministes les plus engagées pour la représentativité des femmes dans les hautes instances décisionnelles. Originaire de l’à®le de Guyana, une ancienne colonie britannique au large du Venezuela, Valérie Ann Amos, arrive à  l’âge de 9 ans en Angleterre et incarne désormais la réussite de minorités noires en Grande Bretagne. Membre du parti travailliste, elle est la première femme noire à  diriger la chambre haute du Parlement britannique ou «Â Chambre des Lords » après avoir occupé plusieurs postes ministériels. Valérie Amos étudie la sociologie à  Warwick et de Birmingham, dans le Nord-ouest de l’Angleterre avant d’intégrer l’université d’East Anglia, des académies modestes, mais qui n’entraveront l’ascension de cette femme au caractère bien trempé. Engagée aux côtés des populations des quartiers défavorisés de Londres dans des activités de terrain, elle manie aussi l’establishment british que le langage de la rue. Moderne, avec un look jeune, Valérie Amos, est passionnée de sport et de cricket. Elle ne s’est jamais mariée et n’a pas d’enfants, préférant sans doute se consacrer à  sa carrière professionnelle. Ascension politique Après ses études, elle s’engage dans la vie associative, puis monte un cabinet de consultants, en 1989. Avec un carnet d’adresses international, elle conseillera le gouvernement du Président Mandela, sur les droits de l’homme ou l’équité socio professionnelle. C’’est avec l’arrivée de Tony Blair à  la tête du gouvernement britannique qu’elle entame son ascension politique. Anoblie par la reine en 1997, avec le titre de Baronne de Brondesbury, sur proposition du leader du parti travailliste, elle devient ensuite porte-parole pour les Affaires sociales et féminines, puis Secrétaire d’à‰tat aux Affaires étrangères chargée de l’Afrique et visite plusieurs pays comme le Cameroun, la Guinée et l’Angola en 2003. Ensuite, elle hérite du Ministère de Développement international, en devenant la première femme noire à  siéger dans le cabinet exécutif. Un poste qu’elle quittera très vite pour diriger la deuxième chambre législative du royaume. La légende de la Baronne Amos est née. IntéresséE par les questions internationales, sa bonne connaissance du continent ont fait de Valérie Amos, une candidate idéale pour le système des Nations Unies. En 2005, elle devient chef du Programme des Nations Unies pour le développement en Grande Bretagne, puis, Haute Commissaire de la Grande Bretagne en Australie en Octobre 2000. En 2010, Ban Ki Moon la nomme Sous-secrétaire des Nations Unies aux Affaires humanitaires, ce qui complète sa carrière internationale. Valérie Amos s’est notamment rendue en Syrie en Mars 2012, pour faire pression sur le gouvernement syrien et permettre l’accès des organisations humanitaires dans le pays afin de secourir les populations touchées par la crise. Ce 28 Août, C’’est au Mali que la Baronne Amos effectuera une visite de 3 jours. Venue s’enquérir de la situation humanitaire et alimentaire après la crise qui a durement frappé le pays, Valérie Amos, qui doit aussi rencontrer les autorités de transition, a déclaré souhaiter se rendre dans la région de Mopti. Bienvenue Baronne Amos !

Burkina Faso : Des humanitaires français quittent l’est du pays

Depuis le début du mois de juillet, les ressortissants français résidant au Mali, au Niger, au Sénégal, en Mauritanie et en Algérie, reçoivent régulièrement des messages de leur ministère des affaires étrangères. Ces messages demandent à  tous ces français de faire attention à  d’éventuelles menaces d’enlèvement par Al Qaeda au Maghreb Islamique. Mais la psychose s’est accentuée durant ces dernières semaines avec l’exécution de l’humanitaire français de 78 ans, Michel Germaneau. Celui-ci a trouvé a été tué suite à  un raid pour tenter de le libérer. 25 humanitaires français quittent petit à  petit le Burkina Ainsi, vingt-cinq jeunes français travaillant dans entre la frontière du Burkina avec le Niger sont retournés dans la capitale Ouagadougou le week-end dernier. Ces départs feraient suite à  d’éventuelles menaces terroristes de l’organisation islamiste AQMI. Signalons que la ville frontière Fada N’Gourma, est située à  tout juste 220 km de Ouagadougou. Le gouverneur de la ville explique que « les français de Fada ont accepté de quitter la ville sur les conseils des autorités françaises. » Le consul de France à  Ouaga a précisé qu’il n’y a pas de panique à  avoir mais, mieux vaut prévenir que guérir. Les jeunes sont pour la plupart des étudiants, élèves infirmiers et scouts. Certains ont quitté le Burkina depuis le début de la semaine pendant que d’autres ont trouvé refuge chez des agents du consulats et de l’ambassade. AQMI crée la psychose en France AQMI a réussi à  créer la psychose au plus haut sommet de l’Etat français. Les islamistes qui depuis des années s’attaquent à  des occidentaux, semblent avoir restreint pour quelques temps, leurs cibles. Il s’agit notamment des français contre qui ils sont assez remontés. La cause étant la perte de sept de leurs hommes lors du raid franco-mauritanien du 22 juillet dernier. Précisons que sur le site du Quai d’Orsay, certains zones du sahel sont classées rouge et orange. Il est formellement déconseillé à  tout français de se rendre au Mali, au Niger et en Mauritanie. Cela dit, la situation est-elle arrivée à  un tel stade au point de priver ces pays de ses touristes qui sont pour la plupart, européens et américains ?