La plateforme Anté abana reste mobilisée

C’est à travers un meeting que la Plateforme Antè Abana, opposé au projet de réforme constitutionnelle, a réagi à l’annonce faite la veille par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Dans une allocution à la nation ce 18 août 2017, le président de la République a annoncé qu’il décide de surseoir « à l’organisation d’un référendum sur la révision constitutionnelle », « (…) en considération de l’apaisement du climat social ».

« Une décision politique courageuse qui a soulagé tout le monde », note Mr Soumana Kalapo, 4ème vice-président de la plateforme Antè A bana. La marche initialement prévue par son mouvement ce 19 août 2017 a donc été transformée en un meeting. « Un meeting pour féliciter le président de la République et tous les militants qui ont participé à la mobilisation », ajoute Mr Kalapo.

Une décision « accueillie favorablement » par la majorité présidentielle, qui considère qu’elle contribue aussi « à l’apaisement du climat social », selon le ministre Me Baber Gano, membre de cette majorité.

S’il s’agit « d’une victoire du peuple », selon les partisans du non, le camp du oui y voit la « fin d’une incompréhension ». L’objectif est donc de donner une nouvelle chance à ce projet de révision dont le but est de « corriger les insuffisances de la constitution de 1992 », tout en permettant au Mali de « tenir ses engagements », à travers des concertations qui permettront aux Maliens de se retrouver. selon Me Gano.

S’ils évoquent tous une victoire, pour plusieurs acteurs de la plateforme Antè Abana, il ne s’agit que d’une étape. Car beaucoup espèrent que ce mouvement né « de façon spontanée », soit désormais un organe de veille citoyenne.

Pour les défenseurs du oui, « l’intérêt du sursis au référendum c’est d’ouvrir un cadre de concertation large afin de s’entendre sur l’essentiel », selon Me Gano.

Si elle ne revendique pas l’homogénéité d’autres organisations plus structurées, la plateforme An tè Abana souhaite tout de même maintenir, la dynamique née avec ce mouvement. Pour que quelque soit « le pouvoir en place, le mouvement de veille puisse se lever et dire non lorsqu’il y a danger pour la patrie », poursuit Mr Kalapo.

Pour les futures décisions à prendre, la plateforme Antè Abana entend se prononcer lors de la prochaine assemblée générale de la structure ce 21 août 2017.

Révision constitutionnelle : IBK en ressort-il grandi ?

Face au refus d’une grande frange de la population d’adhérer au très décrié projet de révision constitutionnelle, le président de la République à décider d’y surseoir. Cette décision unanimement saluée qui devrait apaiser le climat social, permettra-t-elle à IBK d’engranger auprès des Maliens une côte d’amour fortement entamée qui l’avait mené à la présidence en 2013 ?

Dans une intervention télévisée, vendredi 18 août, le président a annoncé la suspension du projet de révision constitutionnelle : « dans l’intérêt supérieur de la nation et de la préservation d’un climat social apaisé, j’ai décidé, en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un référendum sur la révision constitutionnelle. Pour le Mali aucun sacrifice n’est de trop» a-t-il soutenu. Les avis négatifs des religieux et des chefs traditionnels sur ce projet et la menace d’une désobéissance civile brandit par la plateforme ‘’An tè a bana’’ semblent donc avoir eu raison de la détermination du président. « Ce n’était pas une décision unilatérale, le président à décidé d’écouter les chefs et les religieux, ce qui démontre toutefois l’importance de la création d’un sénat où ces personnes seraient représentées, maintenant deux choix se présentent au chef de l’État, ou il abandonne définitivement ou il continue, mais c’est à lui de décider » assure Badra Ali Sidibé, membre du RPM et un des proches du premier vice-président du RPM, Moussa Timbiné. Pour beaucoup de membres pro-régimes, cette décision honore le président, qui démontre par la même sa capacité d’écoute. « C’est un acte de grandeur, malgré sa position, il a fait preuve d’humilité, il ne voulait pas que le pays s’enlise dans ce clivage du Oui ou du Non, dont les seuls bénéficiaires étaient des hommes politiques qui ne voulaient pas que le président retire le projet » ajoute Sidibé. Il faut dire, que cette décision du président n’était pas vraiment attendue. Il y a deux semaines, dans un autre entretien télévisé, le chef de l’État réitérait une nouvelle fois sa volonté de mener à bien la réforme constitutionnelle en tenant notamment des mots forts, à savoir qu’une non tenue du « référendum est anti républicain et anti-national ».

La plateforme qui avait prévu une nouvelle marche le 19 août, l’a finalement décliné en meeting devant la bourse du travail. Devant près d’un millier de personnes massées devant la bourse du travail, le vice-président de la plateforme ‘’An tè a bana’’, Amadou Thiam a salué le revirement du président. « Nous lui avons demandé pardon pour les offenses qui lui ont été faites, et il a fait de même » déclarait-il. Des paroles qui n’ont pas véritablement plu aux manifestants dont certains réclamaient la démission du président.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur, qu’il a renoncé, il était obligé, et il veut redorer son image. Dans quelques mois, ils vont entamer les grandes manœuvres en vue de la présidentielle, en disant aux Maliens, que le président est un homme de dialogue, et qu’il se soucie d’eux, mais il n’est plus possible de tromper les maliens » analyse le chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé. Il se plaît également à rappeler, une déclaration d’IBK lors du sommet du G5 Sahel, où le président affirmait qu’abandonner le projet de réforme constitutionnelle serait trahir le pays. « Il reconnaît lui-même avoir trahi le pays, il devrait donc démissionner, nous avons besoin d’une nouvelle alternance, c’est une grande frange de la jeunesse qui a été à l’avant-garde lors de cette lutte, nombreuses ont été les promesses faites, aucune n’a été tenue, au contraire la situation s’est détériorée depuis son arrivée » ajoute-t-il. Pour conclure, Cissé estime que « ce retrait n’est que l’ultime manifestation de l’incapacité du président à mener à son terme ses projets, qui tombent les uns après les autres dans les méandres de l’échec »

 

Moussa Maïga : « L’amitié avec la France ne doit pas nous rendre aveugle »

La Plateforme « On a tout compris, Waati sera », constituée de plus d’une centaine d’associations, a été contrainte vendredi 18 août par les forces de l’ordre, d’effectuer son deuxième sit-in prévu en face de l’ambassade de France, devant la Pyramide du souvenir. Moussa Maïga, membre fondateur de Waati Sera, a expliqué au journal du Mali, les buts de cette Plateforme qui pointe du doigt le rôle «trouble» de la France au Mali et qui prend de plus en plus d’ampleur.

Pourquoi avez-vous voulu faire un nouveau sit-in devant l’ambassade de France ?

Nous l’avons fait dans l’intention de dénoncer l’ingérence française dans la gestion de la crise Malienne.

Qu’appelez vous ingérence française ?

Nous ne sommes pas d’accord avec la politique française, car la France prend parti du côté des ennemis du Mali, comme la CMA, composée de ceux qui se disent nationalistes, le MNLA et de terroristes.

Ne pensez-vous pas que dans la situation actuelle au Nord, il serait dangereux de laisser Kidal sans la présence des forces étrangères ?

Avant que la France n’arrive à Kidal, les terroristes occupaient le Nord. À l’époque il n’y avait pas d’attentat, c’était juste leur charia qu’ils appliquaient à la population. La situation s’est aggravée malgré la présence de plusieurs troupes étrangères sur le sol malien. Nous voulons connaître leur agenda, nous ne savons pas ce qu’ils font au Nord. On augmente leur mandat mais la situation ne fait qu’empirer. Même l’autre jour, Ménaka est tombée dans les mains de la CMA sous les yeux de la Minusma. Nous avons vu la libération de Gao et Tombouctou par des forces étrangères mais jusqu’à présent Kidal n’a pas été libérée, qu’attendent les forces françaises pour libérer Kidal ? Si la France avait libéré toutes les régions du nord pour combattre le terrorisme, comme ils le disent, on les soutiendrait sans problème. Qquand ils ont libéré Konna le peuple malien a applaudit, après nous avons constaté qu’au lieu de se ranger auprès du Mali ils se sont rangé au côté des terroristes.

Concrètement, demandez-vous le départ des forces étrangères ?

Ce n’est pas ça notre objectif, nous voulons leur transparence, qu’ils mettent de côté leurs intérêts pour libérer le nord du Mali d’abord. Qu’ils n’oublient pas que le peuple malien aspire à avoir la paix. Cela fait longtemps que nous sommes dans l’impasse totale et c’est la France qui est dessous tout ça.

Pour vous la France est-elle toujours une amie du Mali ?

On peut être ami mais chacun doit garder sa personnalité, l’amitié avec la France ne doit pas nous rendre aveugle. La France est toujours une amie, mais nous ne sommes pas d’accord avec ce qu’elle fait au Nord.

Selon vous, est-ce seulement la faute de la France ou aussi celle du gouvernement malien qui n’est pas suffisamment fort pour être souverain sur son territoire ?

Nous n’avons pas de gouvernement, c’est un gouvernement incompétent qui a les mains liées et qui ne peut rien faire. C’est au peuple de se défendre. Quelqu’un qui tend la main ne peut pas dénoncer celui qui lui donne à manger, notre gouvernement reste et demeure au côté du néo-colonisateur.

Peut-on vous considérer comme un mouvement anti-français ?

Nous sommes un mouvement anti politique française au mali.

Comme un mouvement nationaliste ?

Nous sommes nationalistes, nous sommes des patriotes. On aime notre pays, on ne veut pas perdre notre pays, quand on perd une chemise elle peut être remplacée pareille pour une chaussure. Mais quand on perd une nation on ne peut jamais la remplacer, nous sommes prêts à mourir pour le Mali.

Après ces deux sit-in jusqu’où comptez-vous aller ?

Nous sommes capables de révolutionner le Mali tout entier de Kayes à Kidal pour dénoncer l’ingérence des autorités étrangères. Nous avns commencer avec 30 associations et aujourd’hui il y en a plus d’une centaine et ça continue. Nous voulons la paix, que ça soit avec les autorités locales ou étrangères mais nous n’acceptons pas leur mauvaise gestion de la crise. Il faut que cette gestion soit transparente que la population sache qu’on est en train d’aller vers la paix. Connaissant les moyens logistiques dont disposent les forces étrangères qui sont au Mali, est ce que les terroristes peuvent vraiment les empêcher de libérer Kidal ? Comment la CMA peut-elle, devant la France, brandir un autre drapeau différent de celui du Mali. Ils réclament leur indépendance sous les yeux de la France et de la Minusma, sachant l’accord de paix qui a été signé. Depuis la signature de cet accord, on pensait aller vers la paix, mais c’est le contraire, nous assistons à une division du pays manigancée par la France. La France défend ses intérêts, parmi lesquels l’exploitation de nos ressources, en oubliant ceux du peuple malien.

IBK à TOMBOUCTOU trois jours après l’attaque terroriste

Revenu de Ouagadougou où il s’était rendu le mardi passé, dans l’optique de présenter ses condoléances à ce pays frère, endeuillé par l’attentat le dimanche passé ; IBK est aujourd’hui jeudi 17 août à Tombouctou où également le deuil est encore vif. Soucieux de maintenir des relations amicales et diplomatiques avec l’extérieur sans pour autant être absent à l’intérieur du pays : un pari incompris.

Apres la visite du premier ministre Idrissa Abdoulaye Maiga et le représentant spécial du secrétaire général des nations unies, Mohamed Saleh Annadif le 15 août à Tombouctou ; c’est le tour du président de la république de s’y rendre 72 heures après l’attaque. Atterri à l’aéroport de Tombouctou aux environs de 12 heures, IBK s’était rendu au quartier général de la MIINUSMA mais aussi à la légion de gendarmerie qui lui est contiguë. Il s’agissait de témoigner et réaffirmer le soutien et la solidarité du gouvernement et du peuple malien à l’endroit des familles de victimes, des forces armées maliennes et la mission onusienne. IBK et sa délégation dont les ministres de la Défense et des anciens combattants Tienan Coulibaly, de l’Administration territoriale Tieman Hubert Coulibaly, le secrétaire général de la présidence Soumeilou Boubeye Maiga, le médiateur de la république Baba Akhib Haidara, ainsi que l’ancien premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani, s’étaient rendues au camp des Forces Armées Maliennes pour les encourager et réaffirmer sa détermination à lutter contre le terrorisme. Une journée chargée, car le chef de l’État s’estt aussi rendu au domicile de l’imam de la grande mosquée Djingareyber. Des personnalités et notabilités de la ville l’attendaient déjà chez Abdarahmane Ben Essayouti imam de ladite grande mosquée. Selon Yehia Tandina, journaliste à Tombouctou, Le président très marqué par la perte brutale de ces compatriotes a affirmé que « quand un père perd ses enfants, il ne peut que s’en remettre à Dieu. C’est lui qui donne et c’est lui qui retire ». IBK avait au préalable expliqué les raisons qui l’ont poussé à se rendre à Ouagadougou au Burkina, bien que Douentza et Tombouctou aient été ciblées. « Je suis le président du G5 Sahel, un pays frère, ami et membre de cette organisation. C’est pourquoi j’ai dépêché le premier ministre et des membres du gouvernement à Tombouctou en attendant mon retour » avait justifié l’hôte de la cité de 333 saints. La délégation s’était ensuite rendue dans la famille du gendarme mort dans l’attaque, ainsi que dans les familles des six autres victimes de la barbarie. IBK n’a pas manqué d’opérer des gestes à l’endroit des notables et des parents des familles attristées.

Cette visite a été saluée par la population de Tombouctou, qui y voient un signe de considération du président à leur égard et à l’égard des victimes. Des voies s’étaient levées pour s’indigner de son déplacement à Ouaga alors que la même tragédie endeuillait son pays. Dans les régions du Nord qui ont souffert des affres de l’occupation, les populations ne cachent plus leur malaise face au pouvoir central. Certains pensent que le gouvernement ne se soucie pas de leur sort, les laissant livrer à l’insécurité chronique et au terrorisme.

Soumana Kalapo : « Si nous n’avons pas gain de cause, nous irons à la désobéissance civile »

La plateforme ANTE Abana à reporté sa marche prévue mercredi 16 août à la demande des autorités religieuses et coutumières. Cependant elle battra le pavé, ce samedi 19 août, à moins d’un geste fort du président IBK pour retirer le projet de révision constitutionnelle. Soumana Kalapo, 4ème vice président de la Plateforme « ANTE A BANA » a expliqué au Journal du Mali la détermination de son mouvement à obtenir le retrait du projet de révision constitutionnelle par tous les moyens légaux.

Votre mouvement a été reçu par les leaders religieux et les familles fondatrices de Bamako, de quoi a-t-il été question ?

Ils nous ont demandé de surseoir à notre marche du 16 août 2017. Ils nous ont dit qu’ils ont rencontré le président de la République, à qui ils ont demandé de surseoir au projet de révision constitutionnelle et lui ont demandé de rencontrer tous les Maliens en attendant de prendre une décision définitive sur la constitution, ce qu’il a accepté. Ils nous ont dit craindre, en tant qu’habitants de Bamako, (fondateurs et leaders religieux – ndlr) les troubles qui pourraient découler de cette marche.

Vous n’avez pas renoncé à la marche, vous l’avez reportée ?

Ils nous avaient demandé une réponse séance tenante. Mais nous leur avons dit que nous ne pouvons pas prendre cette décision. Nous devions consulter l’Assemblée Générale qui décide. Ce qui a été fait ce 15 août. Les débats ont été houleux, mais la majorité a finalement décidé d’accéder à cette demande des autorités morales de notre pays auxquelles on doit respect. Nous avons reporté au samedi, en attendant de voir ce qu’ils peuvent entreprendre avec le président pour qu’il s’adresse solennellement à la nation afin de dire qu’il retire ce projet.

Quel est l’objectif de cette marche ?

C’est continuer à demander au président de retirer ce projet et d’attendre que l’État ait sa souveraineté sur l’ensemble du territoire. Et qu’il y ait un consensus politique autour du projet. Si on tient un référendum dans ces conditions, c’est comme si on acceptait d’exclure certains Maliens.

Et si le projet n’est pas retiré ?

L’objet de la marche c’est d’amener le président à retirer le texte. A défaut, nous allons déposer à l’Assemblée Nationale une demande de mise en accusation du président pour haute trahison. Nous retiendrons qu’il viole l’article 118 de la constitution.

Le président de la République, à l’issue de sa rencontre avec les leaders religieux et coutumiers, a accepté de surseoir au projet de révision ? Que pensez-vous de cette déclaration ?

Nous pensons que c’est un pas positif. Nous l’exhortons à continuer dans ce sens. Il s’agit quand même d’une institution. Nous estimons que pour une décision importante de ce genre, il est souhaitable qu’il fasse une adresse solennelle. Comme ses prédécesseurs l’ont fait. Alpha pour le projet de réforme et ATT pour le code de la famille. Ils ont fait une allocution solennelle à la nation. Nous attendons cela de lui. Cela permettra de lever toute équivoque.

L’éventualité d’un appel à la désobéissance civile a aussi été évoquée dans certaines de vos réunions, qu’en est-il vraiment ?

Nous allons par étape. Nous faisons cette marche, si elle aboutit tant mieux, si nous n’avons pas gain de cause, nous irons à la désobéissance civile. Mais nous n’allons pas directement à ça.

Qu’entendez-vous concrètement par désobéissance civile ?

Comme nous l’avons dit, nous n’irons pas à cette étape directement. Et puis toutes nos actions sont décidées en assemblée générale. Donc c’est elle qui va décider ce qui sera la prochaine étape. Mais la désobéissance civile, de façon générale, ça veut dire qu’on ne se soumet plus à l’autorité en place parce qu’on estime qu’elle n’est plus légitime.

Est-ce que vous ne craignez pas que ce durcissement desserve votre mouvement en ce sens que certains estiment que ça peut déstabiliser le pays ?

Il y a longtemps que certains nous prêtent cette intention. Le pouvoir nous assimile à l’opposition. Moi, je ne suis pas de l’opposition, je ne mène pas un combat pour avoir le pouvoir. Notre intention ce n’est pas de déstabiliser. Dans nos manifestations, il n’y a aucune violence. Nous ne sommes pas des violents. Nous ne pensons pas que même si nous entrons en désobéissance civile, que cela va créer la violence, sauf si elle vient d’ailleurs. Ce n’est qu’un moyen constitutionnel de revendiquer.

Le mouvement « Trop c’est trop » a rendu publique un communiqué dans lequel, il déclare se désolidariser de toute action de toute action pouvant conduire à déstabiliser les institutions. Qu’en pensez-vous ?

D’abord, le premier responsable du mouvement « Trop c’est trop », était avec nous (lors de la conférence de presse du 16 août2017 – ndlr). Nous considérons que le mouvement « trop c’est trop » fait bien partie de la plateforme et adhère à ses positions. Nous pensons que cette lettre est une manœuvre pour nous diviser. C’est l’opinion d’un groupe peut-être mais pas du mouvement « trop c’est trop ». C’est l’opinion d’un groupe qui a un autre agenda. Et cette décision de lancer un ultimatum a été prise en assemblée générale et ils étaient là-bas, mais personne ne s’est exprimé contre. Notre position est claire, dans nos correspondances nous n’avons jamais demandé qu’IBK parte. Nous avons demandé un retrait du projet compte tenu de la situation sécuritaire.

Polémique autour de la visite du président IBK à Ouagadougou

Le Président de la République IBK s’était rendu le mardi 15 août 2017 au Burkina Faso pour témoigner de sa solidarité après l’attentat du dimanche à Ouagadougou qui a fait 18 victimes. Ce déplacement apparait normal, mais il a fait polémique par le fait qu’à Douentza et à Tombouctou, le lendemain, le terrorisme à fait aussi des victimes, sans qu’IBK ne se déplace sur le terrain.

L’attentat du dimanche dernier qui a fait 18 morts au Café restaurant Aziz Istanbul de Ouagadougou a motivé le déplacement du président IBK dans la capitale burkinabé. Le geste était fort et symbolique. Il s’agissait de témoigner de son soutien à son homologue Roch Marc Christian Kaboré et au peuple burkinabé en des moments aussi tragiques. Sur place, IBK a déclaré que « le G5 sahel est uni dans ces circonstances » face au terrorisme. Il a en outre visité avec son homologue, les décombres du restaurant Aziz Istanbul. Pour Ibrahim Boubacar Keita, « le doux temps de l’insouciance est terminé » et que «  nous sommes obligés d’accepter aujourd’hui, qu’à tout moment nous pouvons être agressés » a t-il souligné. Quoi de plus normal qu’un président aille s’incliner devant la mémoire des victimes d’un fléau devenu mondial et en plus s’il s’agit du Burkina, pays frontalier et membre du G5 Sahel. Seulement, la même barbarie qui a arraché la vie à des innocents n’a pas épargné le Mali.

Tombouctou et Douentza Au lendemain de l’attaque d’Ouagadougou, lundi 14 août, le camp de la Minusma à Douentza au centre du Mali, a subi une attaque terroriste qui a coûté la vie à (1) un soldat des casques bleus et à (1) un autre de l’armée malienne. Quelques heures plutard, c’est le camp de la mission internationale des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Tombouctou qui a été pris pour cible. Là aussi des victimes à l’issu des combats ont été déplorées. Neuf personnes, toutes maliennes, ont trouvé la mort dans cette attaque contre la mission onusienne. En dénombrant tout les morts dans les deux attaques y compris les assaillants, les pertes seraient de 19 morts. Sur les réseaux sociaux, certains internautes reprochent au président son «  manque de considération » aux morts du Mali. En se rendant dans ce pays voisin, IBK s’est attiré, comme le plus souvent ces derniers temps, le mépris de ceux qui pensent qu’ils auraient pu rendre hommage à « ceux qui sont morts en défendant la patrie ». Le premier ministre Idrissa Abdoulaye Maiga et le Représentant spécial du secrétaire général de Nations unies, Mahamet Saleh Annadif, ont effectué le déplacement le 15 août dans la ville de 333 saints pour constater les dégâts et témoigner leur solidarité et soutien aux blessés et aux forces en présence. Une fausse note pour le président IBK dont la côte de popularité a considérablement baissé depuis 2013.

« Le terrorisme au Sahel, conséquence de la prévarication érigée en mode de gouvernance »

Le chroniqueur de Lemonde.fr, Laurent Bigot, souligne la prédation des élites ouest-africaines et l’aveuglement – voire l’approbation – de la communauté internationale.

 Lorsque les médias parlent du Sahel, c’est pour évoquer la menace terroriste sous toutes ses formes – une menace bien réelle, comme l’ont récemment montré l’attentat à Ouagadougou, le 13 août, ou les attaques contre les Nations unies au Mali, le lendemain. C’est également le cas pour les autorités françaises, qui communiquent abondamment sur le sujet afin de vanter et de justifier le déploiement de l’opération militaire « Barkhane » dans la bande sahélo-saharienne (BSS en langage militaire). Or le sujet central du Sahel n’est pas celui-là.

Le terrorisme, ou plutôt la montée en puissance des groupes armés dans le Sahel, est la conséquence d’une grave crise de gouvernance qui touche toute l’Afrique de l’Ouest. Cette crise de gouvernance se caractérise par une disparition de l’Etat au service des populations, car l’Etat moderne est privatisé par les élites politiques à leur profit. Cette privatisation – Jean-François Bayart parle de patrimonialisation – s’est accélérée ces dernières années pour atteindre un niveau tel que, désormais dans les pays sahéliens, les populations sont livrées à elles-mêmes, plus aucune entité (Etat ou autre) n’étant chargée d’une forme d’intérêt général.

C’est particulièrement le cas au Mali, au Niger et en Mauritanie. Ces Etats ont tous en commun un système politique miné, accaparé par une élite prédatrice dont les méthodes ont non seulement porté l’estocade à ce qu’il restait de l’Etat et de son administration, mais en plus ont fait entrer au cœur même du pouvoir le crime organisé. La conquête du pouvoir et sa conservation ne sont perçues que comme un accès à une manne intarissable.

Les dégâts des ajustements structurels

Les Etats sahéliens ont été fragilisés, dans les années 1980, par les ajustements structurels imposés par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale au nom du libéralisme doctrinaire ambiant. Il fallait « dégraisser » la fonction publique, dont les secteurs les plus « gras » étaient l’éducation et la santé. Quelle politique « visionnaire » pour une zone qui allait subir quinze ans plus tard un choc démographique sans précédent dans l’histoire de l’humanité !

Le Niger est aujourd’hui le pays qui a le taux de fécondité le plus élevé au monde, soit plus de sept enfants par femme. Le Mali n’est pas loin derrière, avec un peu moins de sept. Ce n’est plus une bombe à retardement, c’est une bombe qui a déjà explosé et dont les dégâts sont en cours d’estimation. Serge Michailof rappelle dans son remarquable livre Africanistan que le secteur manufacturier au Niger crée 5 000 emplois par an quand le marché de l’emploi doit absorber chaque année 200 000 jeunes…

Le secteur de l’éducation est sinistré. Les classes du primaire dans les quartiers populaires de Niamey ont des effectifs habituels proches de la centaine d’élèves, avec des enseignants si peu formés qu’une part importante ne maîtrise pas la langue d’enseignement qu’est le français. Au Sénégal, pourtant un pays qui se maintient mieux que les autres, le système éducatif est dans un tel état que le français, langue d’enseignement, recule au profit du wolof. Si la promotion des langues dites nationales est incontestablement un enjeu, aujourd’hui leur progression est d’abord le signe de la faillite du système d’enseignement.

Que dire des systèmes de santé ? Le niveau des soins est accablant. L’hôpital de Niamey est un mouroir. L’accès aux soins est un parcours du combattant semé d’étapes successives de corruption. Les cliniques privées fleurissent dans les capitales ouest-africaines pour une clientèle privilégiée, mais le peuple doit se contenter de soins qui relèvent plus des soins palliatifs que curatifs. Il faut dire que les élites politiques n’en ont cure, elles se font soigner à l’étranger et scolarisent leurs enfants dans les lycées français (hors de prix pour le citoyen lambda, une année de scolarité pouvant représenter plusieurs années de salaire minimum) ou à l’étranger.

Des élections grossièrement truquées

Précisons à leur décharge qu’étant donné les dégâts causés par les ajustements structurels et la démographie actuelle, aucun Etat ouest-africain ne peut désormais relever sur ses seules ressources propres les défis de l’éducation et de la santé. Le rapport sénatorial sur la politique française d’aide au développement au Sahel (« Sahel : repenser notre aide au développement », juin 2016) rappelle un chiffre vertigineux : de 2005 à 2035, le Mali devra multiplier par 11 ses dépenses en la matière. La solidarité internationale pourrait en effet contribuer à financer ce type de dépenses, mais on butte sur le problème structurel qu’est la patrimonialisation ou la privatisation de l’Etat.

Aujourd’hui, les budgets de l’Etat sont exécutés en dépit du bon sens avec l’aval du FMI et de la Banque mondiale, qui froncent parfois les sourcils quand les ficelles de la prévarication deviennent trop grosses (on pense à la fâcherie de six mois des institutions de Bretton Woods, en 2014, après les surfacturations massives des marchés de défense au Mali, l’aide ayant repris sans qu’aucune procédure judiciaire n’ait été ouverte ni les méthodes changées…). Quand on sait que plus de 50 % du budget d’investissement de ces Etats proviennent de l’aide publique internationale, on peut légitimement s’interroger sur la désinvolture avec laquelle la communauté internationale gère l’argent du contribuable.

Cependant, l’irresponsabilité du système international de développement (Nations unies et coopérations bilatérales) est tel que cet argent est déversé sans aucun souci de rendre des comptes. Le critère de performance utilisé par l’Union européenne en la matière est le taux de décaissement. L’objectif est de dépenser les budgets. Savoir si cela est efficace et conforme à l’objectif fixé importe peu. Pour les autorités bénéficiaires, cette absence de responsabilité a développé un réflexe d’assistanat, le premier geste étant de tendre la main avant d’envisager quelque action que ce soit. Ensuite, c’est de se répartir la manne de l’aide, et ce d’autant plus facilement que les contrôles sur la destination finale et l’efficacité sont des plus légers.

Les élites politiques ont depuis une vingtaine d’années fait de la prévarication le mode de gouvernance le plus répandu. La démocratisation qui a suivi la vague des conférences nationales au début des années 1990 n’a rien empêché. Nombre d’élections qui se sont tenues depuis n’ont guère été sincères, parfois grossièrement truquées (deux cas d’école parmi tant d’autres : l’élection d’Alpha Condé en 2010 en Guinée, élu au second tour alors qu’il n’a fait que 17 % au premier tour et son adversaire 40 %, et celle de Faure Gnassingbé en 2015 au Togo, durant laquelle le dépouillement était environ à 40 % quand les résultats ont été proclamés…).

Tout cela avec l’approbation de la communauté internationale et les chaleureuses félicitations des différents chefs d’Etat français. La lettre de François Hollande adressée au président nigérien Issoufou en 2016 est un modèle du genre. Féliciter un président élu au second tour avec plus de 92 % des voix alors que son opposant principal a fait campagne depuis sa prison, c’est osé. Le monde occidental se targue d’être le défenseur de la cause des peuples en promouvant la démocratie, mais les peuples africains n’ont vu qu’une chose : ce monde occidental soutient les satrapes africains sans aucune considération pour les populations qui en subissent les dramatiques conséquences.

La politique financée par le narcotrafic

Cette situation dans le Sahel est un terreau propice au développement d’idéologies radicales et la lutte armée devient un horizon séduisant pour une partie de la jeunesse qui sait que, hors de l’émigration vers l’Europe ou de l’affiliation aux groupes armés, point de salut. L’affaissement de l’Etat dans les pays sahéliens s’est accéléré avec la montée en puissance des divers trafics en zone sahélo-saharienne et notamment avec le trafic de cocaïne en transit vers l’Europe.

La vie politique de ces Etats s’est financée auprès de narcotrafiquants notoires qui n’ont pas hésité à prendre la place du généreux guide libyen Kadhafi. C’est ainsi qu’un conseiller du président malien Amadou Toumani Touré (2002-2012) était un trafiquant notoire, aujourd’hui reconverti au Burkina Faso. C’est aussi l’affaire emblématique du Boeing chargé de cocaïne qui se pose en 2009 dans le désert malien et dont le déchargement a été supervisé par un officier supérieur de l’armée malienne, aujourd’hui général. L’un des principaux soutiens financiers du parti du président nigérien Issoufou était Chérif Ould Abidine (décédé en 2016), dont le surnom était « Chérif Cocaïne »…

La frontière entre l’Etat et le crime organisé s’est estompée progressivement, laissant les populations livrées à leur sort. L’islam radical s’est répandu comme un modèle alternatif à la démocratie, laquelle est perçue par une part grandissante de la population comme une escroquerie idéologique visant à maintenir en place des kleptocraties. Le réarmement moral passe désormais par l’islam dans sa version la plus rigoriste (et étrangère aux pratiques confrériques du Sahel), soutenu par une classe politique qui a utilisé la religion pour faire du clientélisme.

Les groupes armés dits djihadistes tels qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ou Ansar Dine, qui eux-mêmes recourent volontiers aux réseaux et aux pratiques mafieux, évoluent désormais dans un environnement de moins en moins hostile. Quand j’entends parler de terrorisme djihadiste au Sahel, je pense souvent à un magicien qui, pour réaliser son tour, attire l’attention du public avec la main droite et réalise son tour avec la main gauche. Le terrorisme, c’est la main droite. La réalité du tour, la main gauche, c’est la grave crise de gouvernance dont personne n’ose parler.

Les Etats sahéliens ont parfaitement compris tout le bénéfice qu’ils pouvaient tirer de notre peur du terrorisme djihadiste : Jean-François Bayart parle de « rente diplomatique de la lutte contre le terrorisme ».Moyennant un discours engagé contre le terrorisme et l’autorisation pour l’armée française d’opérer sur leur territoire, ces dirigeants ont compris qu’ils ne seraient pas du tout inquiétés pour les graves dérives de gouvernance. La communauté internationale reproduit la même erreur qu’en Afghanistan lorsqu’elle avait soutenu le régime indécemment corrompu de Hamid Karzaï, ce qui n’avait fait que renforcer les Talibans et accélérer le rejet par la population des forces étrangères.

Rôle trouble des services algériens

A cette cécité sur les causes profondes, ajoutons celle relative au rôle joué par les services de sécurité algériens. Comment le mouvement d’Iyad Ag Ghali a-t-il été financé ? Où se replient Iyad et ses combattants ? Comment se fait-il que Mokhtar Belmokhtar sillonne en toute impunité la zone depuis vingt ans ? Des questions qui trouvent des réponses dans la complicité d’une partie des services de sécurité algériens.

Je me souviens d’un entretien à Bamako en 2009 avec Ahmada Ag Bibi, député touareg, à l’époque bras droit d’Iyad Ag Ghali et resté depuis lors proche du chef d’Ansar Dine. Il me disait que lorsque AQMI s’est installé en 2006-2007 dans l’Adrar des Ifoghas (Nord-Mali), Iyag Ag Ghali et ses hommes l’ont combattu. Le soutien logistique algérien dont bénéficiait Iyad Ag Ghali depuis des années s’est immédiatement interrompu. Il en a déduit que s’attaquer à AQMI, c’était s’attaquer à une partie des services de sécurité algériens. Il a donc composé.

Ahmada Ag Bibi a conclu cet entretien en me disant que l’Algérie poursuivait au Sahel sa guerre de décolonisation contre la France. Il a ajouté qu’il ne comprenait pas comment la France n’avait pas saisi que l’Algérie la considérait toujours comme un ennemi. Au cours de ma vie de diplomate, j’ai pu constater, en effet, l’angélisme dont fait preuve la France à cet égard. C’est troublant.

On pourrait aussi parler des autorités des pays sahéliens qui négocient des pactes de non-agression avec ces groupes armés. C’est le cas de la Mauritanie, comme l’attestent des documents saisis par les Américains lors du raid mené contre Oussama Ben Laden en 2011 au Pakistan.

Bref, résumer la situation sécuritaire du Sahel à sa seule dimension « terroriste » est un raccourci dangereux car il nous fait tout simplement quitter la réalité du terrain.

Le destin du Sahel ne nous appartient pas

Il ne peut y avoir d’ébauche de solutions sans un constat de vérité. Si ceux qui prétendent contribuer à la solution se racontent des histoires dès l’étape du constat, comment l’élaboration de réponses aux défis du Sahel pourrait-elle être un processus pertinent ? La communauté internationale tombe dans le même aveuglement qu’elle a savamment entretenu pendant cinquante ans sur la question de l’aide au développement.

Refusant de regarder une réalité qui dérange, on s’obstine dans des réponses qui n’ont aucun impact durable sur les réalités. Aujourd’hui, nous pensons l’Afrique depuis des bureaux et des salons de ministères ou de grandes organisations internationales dont la déconnexion avec la réalité est effrayante. Plus grave encore, notre réflexion repose sur des postulats inconscients qui pourraient expliquer notre manque d’humilité.

Et si la solution était que nous cessions de vouloir tout gouverner ? Quel est ce postulat intellectuel qui consiste à considérer comme admis que nous avons la solution aux problèmes du Sahel ? Pour ma part, je pense que la solution est entre les mains des peuples concernés. Il est temps de mettre les dirigeants de ces pays face à leurs responsabilités et qu’à leur obsession d’accroître leur patrimoine personnel se substitue enfin celle de s’occuper de leur propre pays.

J’entends souvent dire que nous ne pouvons pas ne rien faire. Ah bon ? Pouvez-vous le démontrer ? Accepter que la solution puisse se mettre en place sans nous, est-ce à ce point inacceptable pour notre cerveau d’Occidental ? Des milliers d’heures de réunions dans les ministères et organisations internationales pour parler du Sahel, avec, 99 % du temps, aucun représentant de ces pays et, 100 % du temps, sans aucun point de vue des populations concernées, est-ce la bonne méthode ? Ne pourrions-nous pas accepter l’idée que nous ne savons pas ? Ne pourrions-nous pas accepter que le destin du Sahel ne nous appartient pas ?

Ou alors, si nous estimons en être coresponsables, accordons aux pays du Sahel la même coresponsabilité sur la gestion de notre propre pays. La relation serait ainsi équilibrée. Mais sommes-nous prêts à recevoir des conseils venus du Sahel ? Les trouverions-nous pertinents ? Pas plus que les populations sahéliennes lorsqu’elles nous entendent disserter sur leur sort…

« Monsieur le président, abandonnez votre projet de Constitution, la stabilité du Mali en dépend ! »

Alors qu’une plateforme de la société civile demande à Ibrahim Boubacar Keïta de rebrousser chemin avant mardi à minuit, Kamissa Camara, chercheuse à Harvard, interpelle le chef de l’Etat.

Monsieur Le Président,

Depuis plusieurs semaines, un projet de révision constitutionnelle crée la controverse au Mali et menace la stabilité politique, institutionnelle et sociale du pays. Le nouveau texte donne des pouvoirs additionnels au chef de l’Etat, ce qui, du fait d’un contexte politique fragile, noie d’autres mesures positives proposées par le projet de Constitution.

Malgré des manifestations pacifiques répétées et massives dans les grandes villes, la lettre ouverte d’un ancien groupe rebelle et vos rencontres avec les religieux, les familles fondatrices de Bamako et les sages, le projet semble suivre son cours. Maintenant que les tensions sont vives et que le pays est en alerte, aurez-vous la sagesse d’écouter votre peuple afin de sauver la fin de votre mandat, le Mali et, avec lui, la région du Sahel ?

La plateforme « Antè a Bana-Touche pas à ma Constitution » radicalise elle aussi sa position. Si vous refusez de rebrousser chemin et d’abandonner ce projet de révision constitutionnelle avant le mardi 15 août à minuit, la plateforme – composée des forces vives de la nation – « se réserve le droit d’exiger la démission immédiate et sans condition du président de la République ». Les mots sont tranchés, la démarche aussi.

Si la nouvelle Constitution était approuvée, le chef de l’Etat pourrait cumulativement nommer les présidents de la Cour constitutionnelle et celui de la Cour des comptes, ainsi qu’un tiers des futurs sénateurs. Le président de la Cour constitutionnelle était jusque-là élu par ses pairs et le président de la Cour des comptes nommé par le président. Le Sénat étant une nouvelle institution créée par la nouvelle Constitution, la prérogative de nomination d’un tiers de ses membres s’ajouterait à la majorité présidentielle qui siège déjà au Parlement.

« Le contrat de confiance est brisé »

Monsieur Le Président,

Les Maliens vous ont confié leur avenir avec un niveau de confiance qu’aucun président n’a eu dans le passé. Ce contrat qui nous lie vous interpelle-t-il aujourd’hui autant que le jour de votre élection ?

En 2013, en pleine crise sécuritaire et politique, les Maliens vous avaient plébiscité avec près de 80 % des voix… du jamais vu ! Toutefois, depuis votre élection, votre régime aura fait parler de lui, au Mali et à l’étranger, plus en mal qu’en bien. Problèmes sécuritaires, gouvernance financière douteuse, tentatives superficielles de réconciliation avec l’opposition et j’en passe. L’introduction d’un projet de révision, juste une année avant les présidentielles de 2018, est non seulement impopulaire, il ne fait qu’accroître les risques d’instabilité du pays et de toute la sous-région. Pire : celui-ci brise de fait le contrat de confiance qui vous liait tant bien que mal au peuple malien depuis 2013.

En poussant ce projet de Constitution, Monsieur le Président, vous touchez à la ligne rouge que les Maliens ont tracée pour vous et vous ont signifiée jusque-là pacifiquement. C’est cette même ligne rouge que le gouvernement malien avait clairement établie avec les groupes rebelles avant le début des négociations d’Alger, afin d’éviter toute discussion sur une division, même théorique, du territoire malien. Vous en souvenez-vous ? Par conséquent, même si le vote référendaire donne en principe une opportunité idéale aux Maliens pour se prononcer pour ou contre la nouvelle Constitution, la Constitution de 1992 reste forte dans son symbole car pour elle, les Maliens se sont littéralement sacrifiés. Pour les Maliens donc, les articles qui garantissent la démocratie et les pouvoirs du chef de l’Etat sont aussi intangibles que les frontières du Mali le sont pour vous et votre gouvernement.

En poussant ce projet de Constitution, Monsieur le Président, vous avez de fait inversé les rapports de forces. Ce sont les Maliens qui décideront désormais de votre sort car ils ont décidé que vous ne déciderez plus du leur. En effet, les Maliens vous ont perçu comme un président au grand cœur, visiblement très sensible aux compliments et surtout aux critiques. Malgré votre bonne volonté et votre statut de président démocratiquement élu, ce projet de Constitution vous donne l’air d’un président qui a soif de pouvoir. L’image que vos concitoyens ont de vous devrait vous permettre de mesurer l’impact de vos décisions. L’image que votre peuple vous renvoie devrait vous servir de boussole.

« La boîte de Pandore est ouverte »

En poussant ce projet de Constitution, Monsieur le Président, vous fragilisez l’accord de paix d’Alger. Paradoxalement, l’objet premier de la révision constitutionnelle était la prise en compte de la représentativité de toutes les régions du Mali dans les instances de prise de décision, telles que décrites et garanties dans l’accord de paix d’Alger. Hier seulement, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) s’est exprimée publiquement et pour la première fois sur le projet de Constitution, en demandant à ce que celui-ci inclue certaines dispositions contenues dans l’accord. La boîte de Pandore étant maintenant ouverte, attendez-vous à des revendications justifiées de toutes les parties prenantes aux négociations d’Alger.

Avec ce projet de Constitution, Monsieur le Président, le Mali continue d’être le maillon faible au Sahel. Dans une région aussi instable où les attaques terroristes font maintenant partie du quotidien, vous avez réussi à détourner l’attention du plus important : situation sécuritaire fragile, chômage endémique des jeunes. De ces sujets-là, on en fait quoi ?

Ce bras de fer laissera sans aucun doute des marques indélébiles dans vos relations avec vos citoyens. Le plus sage serait de surseoir à ce projet et de revenir dans quelques mois, si Allah vous l’accorde, avec un projet de texte qui porterait les fruits de plusieurs mois de dialogue avec les Maliennes et Maliens qui ne demandent en fait qu’à voir leur pays stable et prospère.

Révision constitutionnelle : Consultations décisives ?

Après que la Cour constitutionnelle ait émis des réserves sur le projet de réforme de la Constitution, le président de la République a entamé une série de rencontres avec la classe politique et la société civile.

Où vont mener les consultations pour le projet de la révision constitutionnelle ? Vont-elles à aboutir à une nouvelle date pour le référendum ou, au contraire, au retrait pur et simple du projet ? Ces questions restent pour l’heure sans réponse, mais les avis sont déjà tranchés quant à l’issue souhaitée. C’est le même discours qui revient au sein des opposants au projet de la loi référendaire. « Evidemment, nous demandons le retrait pur et simple de ce projet de révision constitutionnelle. Tant que cela ne sera pas le cas, les actions continueront » prévient le Président du parti ADP-Maliba, le député Amadou Thiam. « Pour ces consultations, ils ont tenté une division en ne recevant comme membre de l’opposition que Soumaila Cissé, mais il parle pour la plateforme. Nous sommes tous d’accord » ajoute-t-il. Le Président IBK l’a en effet reçu fin juillet pour un entretien à huis clos. « Le président s’est engagé à rencontrer la plateforme An tè A bana » soutient Abdrahamane Diarra, Président de la jeunesse URD. « C’était une promesse verbale. S’il le voulait vraiment, pourquoi prendre tout ce temps ? » s’interroge Thiam.

Dans l’ensemble, ils sont nombreux à saluer ces consultations, qui, ils espèrent, aboutiront au « juste » choix de la part du président. « Nous espérons que les échanges amèneront le président à retirer ce projet, qui divise dangereusement le peuple. L’engagement, la mobilisation et la détermination de la majorité de jeunesse et le refus de l’écrasante majorité du peuple malien doivent suffire à IBK pour retirer son projet » affirme Diarra. « Il en sortira grandi » souligne Thiam.

Lors de l’interview qu’il a accordé à l’ORTM le mardi 8 août, le Président IBK, campe toujours sur ses positions: «Dire qu’il n’y aura pas de révision constitutionnelle n’est pas républicain. Cela est anti national, en tout contraire au droit ». Cependant, au sein du RPM, les positions semblent dorénavant moins inflexibles. «C’est au président de décider. Il écoutera les Maliens et verra ce qu’il y a lieu de faire» concède le député Mamadou Diarrassouba, Secrétaire à l’organisation du RPM.

Ibrahim Boubacar Keïta : président mal aimé ou mal compris ?

Depuis des semaines, l’opposition politique et populaire au projet de révision de la constitution, semble avoir considérablement érodé la cote de popularité du président. Au fur et à mesure que la rue gronde au son des partisans du Non, la figure présidentielle semble en prendre un coup, et quand la riposte s’organise, les éléments de langage : « désamour », « haine » « attaque » et les propos agressifs de certains ministres, loin de susciter l’accalmie, clivent et divisent le population malienne sommée de prendre parti pour le Oui ou pour le Non, pour ou contre le président. Cette communication politique non-maîtrisée, autour d’un sujet aussi sensible, à un an de l’élection présidentielle, risque d’abîmer encore plus l’image du président, qui peine à faire imprimer durablement son action politique dans l’opinion publique.

« Aujourd’hui, il est clair qu’IBK est très impopulaire, vous avez sûrement appris que dans un quartier où il passait, il a été hué ? », interroge ce membre de la Plateforme An té A bana Touche pas à ma constitution, en marge de la grande marche des partisans du Non, le 15 juillet dernier. « Chez nous, Maliens, un chef d’État qui se fait huer c’est le summum de l’impopularité », ajoute-t-il.

Parmi les slogans scandés par les manifestants, demandant le retrait pur et simple du projet de constitution, on pouvait aussi en entendre d’autres, adressés directement au chef de l’État : « IBK démission ! IBK dégage ! », preuve que ces manifestations en faveur du Non à la révision constitutionnelle, sont devenus petit à petit un réceptacle de toutes les frustrations, un pot-pourri des mécontentements qui se sont agglomérés avec la loi référendaire. « Une réforme constitutionnelle a toujours soulevé partout dans le monde des partisans et des détracteurs. On l’a vu à Dakar, en Côte d’Ivoire, partout dans le monde », souligne le ministre Baber Gano, secrétaire général du Rassemblement pour le Mali (RPM), parti au pouvoir, qui considère que cette réforme est nécessaire. « Ils ont inventé des arguments qui ne sont pas contenus dans la constitution. Il s’agit de rancoeur, de rancune et d’une haine envers le président. Mais IBK a su préserver son image, il a accepté toutes les critiques, souvent très extrémistes, voire injurieuses, il s’est comporté en vrai homme d’Etat. Quand tout ça se calmera, son travail de chef d’Etat continuera », assure le ministre des Transports.

Popularité en berne Il en avait suscité pourtant de l’amour ce candidat à la présidentielle. L’homme qui pouvait sauver le Mali, porté aux plus hautes fonctions par 77 % des suffrages, un score inédit dans le pays, qui a surpris tout le monde, à commencer par ceux qui ne l’avaient pas vu venir, ses adversaires, tous issus de la même génération politique, amis d’hier, et qui se pensaient favoris. « Est-ce que vous voyez le mal que cela a pu leur faire quand celui qui n’était pas dans leurs calculs est venu les gouverner ? Ils ne veulent pas attendre qu’il finisse son mandat, il faut le torpiller pour montrer qu’il est incapable », lance Badara Aliou Sidibé, chef de cabinet au Conseil économique et social, confortablement assis dans un fauteuil de son bureau à Koulouba.

C’est à Koulouba justement, au palais présidentiel, une bulle où les bruits du pays remontent difficilement, que le nouveau président va connaître un bref état de grâce en 2013, stoppé net par l’acquisition de l’avion présidentiel et l’affaire des marchés de l’armée. A Koulouba, sans des canaux fiables capables de remonter les humeurs du pays, la réalité du terrain s’estompe. « Il faut aussi reconnaître que le président IBK, c’est quelqu’un d’inaccessible, il l’a toujours été. C’est un chef, tout le monde n’a pas accès à lui. Il y a des ministres qui ne voient IBK que lors du Conseil des ministres. Au RPM, au bureau politique national, certains ne l’ont pas vu depuis très longtemps », explique ce collaborateur de la présidence de la République, sous couvert d’anonymat.

Aujourd’hui, cette image de président déconnecté du pays, dont les actions ne satisferaient que 46 % des Maliens, selon le sondage Mali-Mètre de mars dernier, et qui s’obstine dans un choix que beaucoup disent ne pas comprendre, lui colle à la peau. A l’international, le président suscite de plus en plus de réserves quant à sa capacité d’être à la hauteur des enjeux. « IBK ne voit pas le peuple dans cette opposition au référendum, il voit des adversaires qui veulent se comparer à lui, qui veulent montrer qu’ils sont les chefs : Tiébilé Dramé, Madame Sy Kadiatou Sow, Modibo Sidibé, etc. Ce sont eux qu’il voit et pas le peuple malien, c’est pour cela qu’il est en déphasage », observe ce chroniqueur de la scène politique malienne.

Au RPM, les partisans du président se sont lancés avec zèle dans la bataille, reprenant en éléments de langage les paroles formulées par le président, au risque de desservir ce dernier. « C’est une communication élaborée et dirigée de manière maladroite. Quand vous entendez un membre du RPM dire que c’est « une haine » qui vise le président, ça créée un malaise. C’est une grosse erreur d’appréciation », commente ce spécialiste français en communication politique, qui considère que ce type de communication peut potentiellement amener à des situations de pure confrontation.

Objet communicant non-identifié Pointés du doigt, les communicants du président, qui ne maîtrisent pas vraiment ce domaine et n’ont pas réussi, depuis son accession au pouvoir, à élaborer une stratégie de communication politique efficace valorisant l’homme, ses idées et ses actions, abîmant par là-même son image. « La communication du président fait partie du problème. On sent un passage en force, on sent un mépris de tout ceux qui peuvent avoir une autre position. C’est nous le pouvoir, nous allons l’imposer. Ce sont des invectives, des menaces. Quand vous entendez le langage des dirigeants de ce pays sur les antennes nationales, c’est incroyable ! », s’exclame Soumana Kalapo, syndicaliste et membre de la Plateforme An té A bana. Pour ce chroniqueur politique, il y a aussi une certaine crainte à aborder le chef de l’État sur ses sujets. « Je ne connais pas un conseiller en communication qui ose taper à la porte du président. Je n’ai pas vu de gens autour de lui assez responsables pour aller lui dire « on est en train de foncer dans le mur, il faudrait vraiment faire une ouverture et voilà l’ouverture qu’on peut faire. Il faut une personnalité qui pourra lui parler, lui exposer sincèrement l’État de la situation ».

Reste que cette communication « artisanale » se traduit dans l’opinion par une perte de crédibilité évidente, une image dégradée auprès des Maliens et un manque de visibilité de son action. « Il y a tellement de choses qui sont passées inaperçues que finalement on peut se dire qu’il n’y a rien. Les militaires le disent, ce qu’il a fait pour l’armée, en 50 ans d’indépendance, aucun président ne l’a fait. Moi je sais que le tableau n’est pas totalement noir, même si le bilan n’est pas reluisant. Il a fait des choses mais ce n’est pas forcément perceptible ici à Bamako. À l’intérieur du pays, le peuple croit encore à IBK », affirme ce militant du RPM.

Le sursaut ? A un an jour pour jour de la prochaine élection présidentielle, le temps semble court pour le président candidat à sa succession, qui devra mettre les bouchées doubles pour inverser la vapeur. « Tout ce qui se passe créée des sympathies pour nous et diminue, à mon avis son électorat. Le régime doit faire attention et se souvenir que les Maliens qu’il menace et maltraite aujourd’hui sont des électeurs », assène Soumana Kalapo. Mais certains veulent y croire. « C’est un patriote, c’est indéniable. Il est vraiment attaché aux intérêts du pays, mais toutes ces erreurs de communication comme de casting ont fait que ça ne s’est pas manifesté comme il le voulait. Il est largement insatisfait », poursuit ce même militant.

Sortir par le haut, dire que ce projet de révision a manqué de concertation, montrer qu’il est capable d’écoute, afin d’enclencher la dynamique pour la présidentielle de l’année prochaine, c’est ce que certains pensent au sein même de sa famille politique. « S’il a l’habileté de retourner au dialogue, de dire « je vous ai compris », comme disait De Gaulle, l’un de ses modèles, dans ce cas je crois qu’il y aura les moyens de redresser sa popularité », souligne ce cadre du parti majoritaire. « Il y a quand même un fond légitimiste dans ce pays, surtout dans le pays profond, s’appuyant sur des valeurs culturelles où, quand le chef reconnaît qu’il a eu tort et qu’il veut sincèrement réparer, il y a une possibilité. De plus, il n’y a pas dans l’opposition une personnalité qui émerge de manière évidente, qui peut opérer un renversement de l’opinion nationale en sa faveur. Donc IBK reste, malgré tout, un candidat évident et incontournable », conclut-il.

 

Non au référendum ou au régime IBK ?

Stratégie de défense pour les uns ou véritable défiance vis-à-vis de l’autorité de l’Etat, la contestation autour du projet de révision constitutionnelle, initié par le président de la République Ibrahim Boubacar KEÏTA, continue de susciter le débat entre ses défenseurs et ses opposants. Dernier en date, la conférence de presse, du Rassemblement pour le Mali (RPM) le parti du président, tenue ce 11 juillet 2017 au Centre National du Patronat du Mali (CNPM).

On peut dire que le ton est monté d’un cran lors de cette conférence de presse du parti au pouvoir, le Rassemblement pour la Mali (RPM). Revenant sur les raisons de cette révision constitutionnelle, le secrétaire général du parti Me Baber Gano, évoque entre autres la nécessité de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale ou encore celle de se conformer aux directives de l’UEMOA avec notamment la création de la cour des comptes. « Cette réforme s’inscrit dans la mise en œuvre des aspects institutionnels de cet accord, qui prévoit l’institution d’un sénat », précise Me Baber Gano, qui a dénoncé « les pratiques insurrectionnelles » des partisans du Non. Avant de prévenir qu’« aucune prime à l’impunité ne sera faites, l’autorité de l’Etat doit s’affirmer et s’affirmera ». Pour le secrétaire politique adjoint Abdrahamane Sylla, « ce n’est pas le texte constitutionnel qu’on conteste, c’est IBK qu’on n’aime pas et on va devoir l’accepter ».

Plutôt qu’un aveu du désamour entre le président de la République et une partie du peuple, certains observateurs mettent ces réactions dans le cadre d’une campagne de communication qui consiste pour chaque camp à démontrer ses arguments et surtout à « discréditer l’autre », selon Bréhima Touré, rédacteur en chef du journal l’Essor. « C’est un combat qui est engagé entre les 2 camps. » Les arguments utilisés par les responsables du RPM, « c’est pour discréditer l’opposition » « Nous sommes dans une démocratie, lorsque l’on présente quelqu’un comme étant contre cette démocratie, l’opinion peut vite prendre partie » poursuit Mr Touré.

S’opposer à ce référendum c’est refuser de reconnaître l’arrêt de la cour constitutionnelle, ce qui est inadmissible en démocratie selon Chahana Takiou directeur de publication du journal 22 septembre. Les opposants au référendum quittent donc « le terrain juridique et cela devient une question de personne. Car en s’inscrivant dans cette logique de contestation, ils refusent de reconnaître le droit constitutionnel du président et celui du peuple de s’exprimer à travers le référendum, ce qui constitue un déni de démocratie », ajoute Mr Takiou.

La bataille autour de ce projet de révision qui a été déclaré conforme à la constitution par la cour constitutionnelle sous réserves des rectifications matérielles, n’est pas encore à son épilogue.

Le sommet du G5 Sahel met en place sa riposte contre le terrorisme

Ce dimanche 2 juillet, au Palais de Koulouba à Bamako, les chefs d’États G5 Sahel ( Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad ) étaient réunis autour du président français Emmanuel Macron pour lancer l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 qui aura la charge de combattre le terrorisme transnational, le trafic de drogue et d’être humains. Lors de ce sommet, le président français a précisé le soutien de la France en termes de sécurité et de développement, réaffirmant son plein engagement envers les pays du Sahel dans la bataille contre le terrorisme.

La principale attente du sommet extraordinaire du G5 Sahel qui s’est ouvert ce dimanche 2 juillet à Bamako, était l’annonce par le président français du soutien qu’il entend donner à cette force conjointe, pour le moment encore au stade du papier et qui devrait être effective à l’automne prochain. Problème majeur pour cette force encore balbutiante, les financements, qui à part l’engagement de l’Union européenne à hauteur de 50 millions, peine à arriver pour totaliser les 423 millions d’euros estimés pour son fonctionnement. Une conférence des donateurs doit se tenir dans les prochains mois pour lever des fonds et lors du sommet, le président IBK a annoncé, que chaque pays de G5 Sahel cotisera à hauteur de 10 millions aux financements de la force conjointe.

Lors de son discours d’ouverture, le président Macron a confirmé le soutien de la France aux pays du G5 Sahel pour lutter contre le terrorisme « dans un esprit de partenariat et d’exigences réciproques ». Concrètement, avec le soutien français, la force conjointe du G5 Sahel bénéficiera d’un soutien opérationnel accru de l’opération Barkhane, en conseil et assistance et surtout d’un accompagnement de la force française au combat. Il a aussi promis l’envoi de 70 véhicules tactiques, de matériel de communication et d’interopérabilité des forces, du matériel de protection pour les hommes ainsi qu’un soutien à la mise en place de centre de préparation à l’engagement opérationnel pour le Burkina Faso, le Niger et le Mali, enfin un renforcement structurel de la coopération entre la France et les pays du G5 Sahel. « Notre engagement au Sahel c’est désormais 50 % de notre coopération de sécurité et de défense dans le monde, parce que c’est ici que se joue la sécurité du continent africain et plus largement la sécurité de notre planète » a-t-il souligné, précisant que « la force conjointe G5 ne se substitue ni se se confond à Barkhane où à la Minusma, elle vient en appui de la Minusma et de Barkhane ».La France restera d’ailleurs engagée au Mali au sein de l’opération « Barkhane », « aussi longtemps qu’il le faudra », pour gagner la bataille contre le terrorisme à ajouté le président français. Cet engagement militaire de la France représentera, « plus de 8 millions d’euros » qui seront consacrés au Sahel d’ici la fin de l’année 2017.

Le président Macron a aussi indiqué qu’il avait « bon espoir que le 13 juillet lors du Conseil franco-allemand à Paris avec la chancelière allemande, nous puissions annoncer des engagements communs autour de cette alliance ».

Il a rappelé que ce sera « aux armées de convaincre que la force G5 est efficace pour être au rendez-vous et entraîner nos partenaires, c’est l’exigence réciproque que nous nous devons ». Il a aussi demandé au pays du G5 Sahel de mener « des réformes institutionnelles et des efforts de gouvernance, appelés par vos populations ».

Au-delà des annonces sécuritaires, le président Macron a aussi fait des annonces concernant « le second défi » que représente le développement. L’aide de la France en termes de développement s’articulera sur 4 axes : des actions en faveur de l’éducation et de la formation, un soutien à l’agriculture et au pastoralisme, la lutte contre les changements climatiques et enfin sur la gouvernance et la justice. L’agence française de développement (AFD) mettra 200 millions d’euros sur 5 ans pour mener à bien différentes actions visant au développement des pays du G5. L’AFD nommera aussi un directeur régional de la région Sahel basé à Ouagadougou pour coordonner ces actions. Nos « efforts de sécurité sont inutiles s’ils ne s’appuient pas sur des actions de développement » a indiqué Mr Macron, démontrant par des annonces fortes, lors de ce sommet extraordinaire du à Bamako, la grande détermination de la France d’être aux côtés des pays du G5 Sahel pour remporter cette bataille contre le terrorisme.

Charte pour la paix : nouveau coup d’épée dans l’eau ? 

Au Mali, vingt-quatre mois après la signature de l’accord issu du processus d’Alger, le train de la paix semble toujours à quai. Pendant ce temps, les actes de banditisme, les attaques et les enlèvements se multiplient de façon inédite. C’est dans ce contexte que la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, élaborée à la suite de la Conférence d’entente nationale, a été remise au président de la République mardi 20 juin dernier. Mais nombreux sont les Maliens qui s’interroge sur ce qu’elle apporte au processus, et sur sa capacité, dans le climat de défiance et de division actuel, de mener le pays vers le chemin de la paix.

Deux ans jour pour jour après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, se voyait, le 20 juin 2017, remettre des mains du Médiateur de la République, Baba Akhib Haïdara, la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, censée exprimer la volonté et l’engagement de toutes les composantes de la nation à œuvrer à la consolidation de la paix et à l’unité. Ce document rédigé sur la base des conclusions de la Conférence d’entente nationale (CEN) intervient à un moment où le pays traverse une crise sociale et sécuritaire sans précédent, où les divisions et le pessimisme ambiant gangrènent la vie des populations, faisant de cette paix tant souhaitée, un projet intangible.

Une charte de paix qui divise « Cette charte aurait été une bonne base pour consolider la paix, mais vu la situation actuelle et compte tenu de tout ce qui se passe, elle ne reflète aucune réalité. C’est du vide ! », lâche, désabusé, Ibrahim Ag Eouegh de la CMA, membre de la commission spéciale en charge de rédaction de la charte, qui deux semaines durant, avec une quarantaine de membres, a planché pour produire un document final dans le court temps imparti. Selon lui, toutes les missions qui se sont rendues dans le pays et surtout à l’extérieur pour présenter et expliquer le projet de texte aux compatriotes, sont revenues porteuses des mêmes échos : « On n’a rien compris à la CEN, on ne peut rien comprendre à cette charte, on nous parle des Accords, il ne sont pas appliqués, il y a des griffonnages sur le papier mais sur le terrain il n’y a rien ! » « À Kidal, les gens nous ont dit qu’ils ne se reconnaissaient pas dans la Charte pour la paix, et dans l’Azawad, qu’ils ne partagent aucune valeur, aucun principe avec les gens du Sud », poursuit notre interlocuteur. Dans le bastion du Nord, la tentative de vulgarisation de ce texte censé favoriser l’union sacrée a plutôt récolté une fin de non-recevoir. « Ils sont venus nous parler de paix alors que nous sommes en guerre. Ils viennent nous parler de réconciliation nationale alors que le gouvernement envoie ses milices nous attaquer », s’exclame ce membre de la CMA joint au téléphone à Kidal. « Effectivement, la semaine où nous étions là-bas, il y a eu plus de 30 morts dans des conflits intercommunautaires et tout ce que nous sommes venus exposer a évidemment été très mal reçu », explique Ibrahim Ag Eouegh, qui déplore que l’impératif de la date de remise de la charte au président IBK ait primé sur le temps et la qualité du travail et que tous les compte-rendus de mission n’aient pas été utilisés pour l’élaboration de la charte, notamment ceux concernant l’épineux sujet de l’Azawad, passé, selon lui, à la trappe.

Cet autre membre de la commission rédaction, a quant à lui été surpris par le « fort scepticisme » des populations à voir s’installer la paix. « Pour la plupart des gens rencontrés, ce qui est difficile à croire, c’est la capacité de l’État à mettre en œuvre ce qu’on leur a dit. Les gens ne sont plus comme ils étaient il y a trois ou quatre ans. Les populations n’écoutent plus, parce qu’on leur a trop fait de promesses et finalement ils ne croient plus à rien. Je fais parti de ceux qui croit qu’il sera difficile de faire appliquer ces mesures, ce pessimisme est généralement partagé. Pour eux la paix est un mirage ».

Démarrer le train de la paix Depuis sa signature en juin 2015, l’accord de paix fait du sur place. Ce constat globalement admis, même par ceux qui sont le plus enclin à dire qu’il y a des progrès, ne permet pas pour autant, malgré des symptômes connus, d’appliquer les remèdes qui permettraient de le faire avancer. « La réalité c’est que l’accord traite d’un problème entre le Nord et le Sud qui n’a jamais existé, alors que nous avons un problème intercommunautaire et de gouvernance locale. Il y a eu plus de morts chez moi après la signature de l’Accord de paix qu’avant. Les gens pensent que c’est un problème touareg, de racisme, que nous sommes marginalisés. Pourtant, aujourd’hui la CMA est prête à accepter des militaires noirs issus du Mali alors qu’elle n’accepte pas la Plateforme, donc c’est d’abord un problème du Nord et du Nord. Nous contaminons tout le reste des Touaregs dans le Nord du Mali avec nos problèmes communautaires », analyse Abda Ag Kazina, 1er vice-président de l’autorité intérimaire de Kidal, toujours sans exercice et cantonné à Bamako.

Si l’on pouvait désigner un symbole de cette paix à construire, Kidal, « là où tout a commencé et là où tout devra finir », ironise ce membre de la Plateforme, serait celui-là. Ce bastion qui résiste à la souveraineté de l’État pourrait, si l’administration et l’armée y faisaient un retour effectif comme cela est prévu pour fin juillet, devenir un signal fort et un vecteur de paix. « Le gouvernement malien a fait de Kidal le symbole de la restauration de l’autorité de l’État. Tant que le drapeau malien ne flottera pas à Kidal, tant que l’armée ne sera pas de retour, il n’y aura pas de reconstruction de la paix. Or il faut se rappeler, que même lorsque l’État était présent à Kidal, la situation était loin d’être apaisée. Je pense donc que Kidal n’est qu’un symbole politique », objecte cet officiel européen proche du dossier. « Y a-t-il un autre endroit où l’on peut parler de paix dans ce pays ? », s’interroge Ilad Ag Mohamed, qui regrette cette focalisation sur la capitale de l’Adrar des Ifoghas. « Les gens sont plus préoccupés par les symboles que par la vie réelle et le quotidien des populations qui, elles, attendent toujours une attention particulière de la part du gouvernement ».

Pour Oumar Alassane Touré, président de la Coordination nationale du réseau des jeunes patriotes du Nord pour la paix et le développement, la question du Nord ne doit pas être gérée par le gouvernement mais directement de Koulouba, parce qu’il y a des choses sur le terrain qui ne peuvent être réglé sur le plan judiciaire et règlementaire. « Le président a le pouvoir discrétionnaire qui lui permet de réagir sur le plan institutionnel au niveau de la sécurité, de la justice. Un ministre, un préfet ou un directeur au niveau local, ne peut pas s’engager sur certaines choses, ils doivent toujours écrire, mais cela met parfois des mois, une année, pour être traité par les services techniques de l’État, c’est long et la question du Nord est urgente ». Pour le président de la coordination, le fait que les accords de paix aient été signés avec les leaders des mouvements armés qui n’ont pas ou peu de leadership sur le terrain, rend la population inaudible. « Ces leaders peuvent vous dire oui mais le lendemain il y a des attaques et des sabotages, ils ne contrôlent pas le terrain. Tous ces mouvements ont un commandement local, un chef de zone. Ce sont eux qui détiennent la réalité du terrain, sur le plan militaire et sécuritaire. À tout moment, ils sabotent ce que Bamako dit. Il faut une stratégie pour que les décisions prises à Bamako à destination des populations soient appliquées de manière automatique sur le terrain ». Une gageure quand on sait que les décisions de Bamako sont difficilement relayées au niveau des cercles, des communes, des villages car dans beaucoup d’endroits, les services techniques de l’État ne sont plus présents.

Cette instrumentalisation des populations par les groupes armés, les djihadistes mais aussi par les autorités traditionnelles voir par les partis politiques, sont autant d’obstacles qui contrecarrent le processus de paix. « Nous avons vu des gens de l’opposition politique venir dire aux jeunes, chez nous, de ne pas déposer les armes, parce qu’IBK ne contrôle pas l’État. Ils disent de garder les armes jusqu’aux prochaines élections et qu’on verra la situation après. Donc les jeunes, armés, continuent d’attaquer les gens dès qu’ils ont besoin de carburant ou de mouton à manger, car il n’y a pas de loi pour celui qui a faim », confie ce combattant de la région de Gao.

Obtenir la paix localement « Au Mali il y a deux grands problèmes, un problème de gouvernance et un problème d’impunité, il faut mettre un terme à tout cela, il faut que les gens comprennent qu’on est dans un État organisé avec des responsabilités et des lois qu’il faut respecter », estime Azarock Ag Innaborchad, président du CJA.

À cela s’ajoute des décisions trop centralisées à Bamako et déconnectées des régions. « La paix ne se joue pas qu’autour d’une table à Bamako avec des conseillers, à la télé ou dans les médias, mais aussi et surtout là où la population aspire au développement et au progrès. Il faut des actions concrètes, visibles sur le terrain à destination des populations. Il faut s’intéresser avant tout à ce qu’elles demandent. Ces populations seront les meilleurs conseillers du président », assure le leader du CJA.

La responsabilité seule des autorités maliennes ne peut cependant être désignée car pour le gouvernement de Bamako, la situation est aussi délicate à gérer, entre les problèmes locaux et les agendas des partenaires internationaux. « Aujourd’hui sur la zone Sahel et sur le Mali, au niveau international, vous avez au minimum 17 stratégies, et entre ces stratégies, vous n’avez aucune coordination, mais la même méthodologie », confie ce spécialiste de l’Afrique subsaharienne. « À un moment, il faut faire un virage à 360 degrés, voir et énumérer les problèmes au niveau local, ensuite au niveau national et international, pour essayer de les régler concrètement. Pour construire une paix durable au Mali, il faut renverser la table et travailler sans tarder sur ces aspects-là », préconise-t-il.

 

Démonstration de force contre la révision constitutionnelle

Plusieurs milliers de personnes ont marché ce matin contre le referendum voulu par le gouvernement pour une révision de la constitution.

Vox populi, vox dei. C’est une véritable marée humaine qui a déferlé ce matin dans les rues de Bamako. A l’appel d’une quarantaine de partis politiques et de plusieurs associations, un nombre conséquent de personnes sont venus marcher pour dire non à la réforme constitutionnelle et au referendum du 9 juillet prochain. Des milliers de personnes brandissaient des affiches sur lesquels on pouvait notamment lire ‘’touche pas à ma constitution ‘’, ‘’non à la monarchie’ ’ou encore non à la ‘’partition du Mali’’. Tous scandaient en cœur ‘’IBK, carton rouge, on en a marre, dégage’’. « Il nous a déçu, on a eu confiance en lui, mais il nous prend pour des incultes » se lamente un marcheur. Un sentiment partagé par nombre de personnes présentes qui s’estiment trahis par le régime du président Ibrahim Boubacar Keita. Au milieu de la foule encore en ordre dispersée, le député Mamadou Hawa Gassama, toujours chaud bouillant, harangue ses partisans. Prévue pour 9h, la marche à pris du retard. En partie, selon les organisateurs, à cause du blocage du pont qui ne serait selon eux que l’œuvre du gouvernement. « Vous voyez qu’il y a déjà beaucoup de monde ici, il y en a encore plus de l’autre côté du fleuve, sûrement le double, qui cherche à nous joindre, nous les attendons un peu, l’objectif est de faire voir au gouvernement que notre détermination est sans faille » affirme Modibo Diakité de la plateforme An tè a bana.

Au milieu de la foule compacte, certaines personnalités de divers horizons se sont également jointes au mouvement contestataire. Parmi eux, le rappeur Mobjack, un temps célèbre auprès des maliens, le chanteur-entrepreneur Amkoulel ou encore l’humoriste Paracetamol. Le frère d’Oumar Mariko, également présent se faisait confondre avec le président du parti SADI, et n’échappait donc pas à des séances de selfies.

Vers 10h, le cortège formé par le chef de file de l’opposition Soumaila Cissé, Modibo Sidibé de FARE, le député Amadou Thiam, le populiste Ras Bath et le prêcheur Chouala Baya Haidara ont entamé le trajet qui les mènera de la place de la liberté à la bourse du travail.

Derrière le cortège, une sonorisation mobile joue le célèbre morceau du groupe Tata Pound ‘’Président T’jikan’’, une ode à la lutte contre les dérives et une marche à suivre pour la bonne santé du pays. Au milieu des manifestants, un homme se fait remarqué. L’habit mouillé par sa sueur, il invective à tous va, le président et sa famille, sous les applaudissements d’une partie de la manifestation. « Il veut (IBK) créer le sénat pour mettre à sa tête son fils, on l’accepte pas, on ne le fera jamais, le Mali c’est pour nous tous » disait-il notamment.

A la bourse du travail, une énorme foule était massée dans l’attente des différentes interventions.

Amadou Thiam de l’ADP-Maliba, s’est exprimé en premier. Ne jouissant pas d’une grande popularité, sa parole n’a eu que peu d’échos auprès des personnes qui se posaient la question de savoir qui il était.

« Nous ne voulons pas de cette révision constitutionnelle, et nous saluons tous ceux qui sont sortis pour montrer leur dévouement au combat » a enchaîné Chouala Haidara.

Prenant la parole sous les applaudissements nourris, Ras Bath a d’abord tenu à remercier ironiquement le ministre Kassoum Tapo, et le président IBK. « Sans eux, ce rassemblement n’aurait pas pu se faire, il y a plus de vingt ans nous sommes sortis pour nous opposer à Moussa Traoré car nous estimions qu’il avait trop de pouvoir, nous ne voulons plus retomber dans cette époque, ceci n’est qu’une petite dose de «choquer pour éduquer», s’ils l’enttendent et qu’ils font marche arrière tant mieux, dans le cas contraire prenez tous vos cartes NINA et allez voter, non » a exhorté l’animateur.

 

Révision constitutionnelle : Projet de loi adopté en attendant le référendum

Samedi 3 juin, tard dans la nuit, l’Assemblée nationale du Mali a adopté à la majorité, la loi portant révision de la Constitution. Si après le référendum de juillet prochain, cette révision constitutionnelle est adoptée, le Mali se verra doté d’un sénat qui viendra renforcer le parlement. L’opposition s’oppose à cette révision constitutionnelle, jugée comme une manœuvre visant à élargir les pouvoirs du président IBK, même si la loi sur les mandats présidentiels reste inchangées.

L’Assemblée nationale du Mali a adopté samedi 3 juin par 111 voix pour, 35 contre et 0 abstention, la loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992. Ce vote valider par le référendum national du 9 juillet prochain. Malgré une forte opposition, le gouvernement justifie cette révision constitutionnelle par la nécéssité de corriger des lacunes et des insuffisances de la Constitution de 1992.

Ce projet de loi permettrait au Mali de se doter d’un parlement composé de deux chambres, l’Assemblée nationale le Sénat en tant que chambre haute du parlement. Les clauses de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali seraient aussi prisent en compte dans cette révision constitutionnelle, tandis que la loi portant sur la durée et le nombre de mandat présidentiel, qui est de 5 ans renouvelable une seule fois au Mali, resterait inchangée.

Divisions politiques L’opposition malienne, dénonce cette révision constitutionnelle, qui selon eux, permettra d’accroître les pouvoirs du président Ibrahim Boubacar Keita, qui pourra nommer un tiers des sénateurs qui composeront le futur Sénat dans cette version révisée de la constitution. Le texte voté ce week-end dotera le président  «d’un pouvoir d’arracher au gouvernement la mission de la détermination de la politique de la Nation», en nommant «ses sénateurs», regrette Mody Ndiaye, président du groupe parlementaire d’opposition Vigilance républicaine et démocratique (VRD). D’autres députés de l’opposition ont dénoncé dénoncer un texte « élaboré pour servir purement et simplement les intérêts politiques de IBK ».

Le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi), du député de Kolondiéba, Omar Mariko, candidat à l’élection présidentielle, dénonce pour sa part, une nouvelle constitution qui ne reflète pas les aspirations du peuple malien. Selon le SADI, le texte soumis aux députés samedi à l’assemblée nationale n’a pas été rédigé par les fonctionnaires maliens mais serait l’œuvre d’un cabinet français engagé par le gouvernement de Bamako.

Face ces attaques, le gouvernement brandit le référendum du 9 juillet qui permettra aux Maliens de «faire leur choix», concernant cette loi portant révision de la Constitution, qui divise la classe politique.

Macron à Gao : Pour un redimensionnement et une accélération de l’engagement français

Le président Emmanuel Macron se trouve ce vendredi sur la base de Gao au Mali, pour une visite éclair aux forces armées sans passer par Bamako, afin de réaffirmer l’engagement militaire de la France au Mali. Il a exprimé, lors d’une conférence de presse, sa « détermination » à lutter contre la menace djihadiste et sa volonté « d’accélérer » la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, en parallèle d’actions de développement pour le pays, antidote au terrorisme.

C’est à 10h00 GMT qu’a attéri sur la base militaire française de Gao, à bord de son falcon présidentiel, le chef de l’État français Emmanuel Macron accompagné du ministre des Affaires Étrangères Jean-Yves Le Drian, de la ministre des Armées, Sylvie Goulard ainsi que du directeur général de l’Agence française de développement (AFD) Rémy Rioux, pour une visite éclair de six heures avec un programme très chargé. Le président IBK a fait le déplacement de Bamako pour accueillir le président français.

Après un entretien de 45 minutes avec le président IBK sur la lutte contre le jihadisme et l’application de l’accord de paix, le président Macron a passé en revue les troupes présentes sur la base de l’opération française Barkhane avec son homologue malien. Puis les deux chefs d’État ont pris part à une conférence de presse conjointe.

Lors de cette conférence, le président Macron à réaffirmer à son homologue malien l’engagement de la France aux côtés du Mali, il a assuré qu’il se montrerait « intraitable » avec les groupes djihadistes et qu’il y aurait une « accélération » dans la mise en oeuvre de l’accord d’Alger. « L’accord d’Alger est un bon cadre, qu’il faut relancer » a-t-il souligné, déplorant la lenteur de sa mise en œuvre. Le président français a aussi exprimé sa volonté d’articuler l’action militaire de la France avec des politiques de développement car c’est « un antidote au terrorisme » a-t-il ajouté.

Interrogé par une journaliste sur le rôle que pourrait jouer l’Allemagne et l’Europe dans le dossier sécuritaire malien, le président français a déclaré qu’il souhaitait « renforcer le partenariat avec l’Allemagne au Mali » et « faire davantage avec l’Europe » car cette menace est aussi un risque claire pour les européens.

Le chef de l’Etat français s’est également dit prêt à se rendre, à l’invitation du président IBK, président en exercice du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), à une prochaine réunion de cet ensemble « dans les semaines qui viennent ».

Le programme du président Macron se poursuivra avec une séance d’information avec les commandants de l’opération Barkhane. Il déjeunera aussi avec les troupes françaises, visitera une unité chirurgicale, aura un exposé des opérations militaires en cours et prononcera un discours devant les forces françaises, avant de s’envoler pour la France.

Macron au Mali pour donner une nouvelle dimension à l’engagement français

Pour son premier déplacement hors d’Europe, le président Emmanuel Macron se rend vendredi sur la base de Gao au Mali, pour donner une nouvelle dimension à l’engagement militaire de la France, présente depuis quatre ans pour lutter contre les jihadistes.

Moins d’une semaine après son entrée en fonctions, le chef de l’Etat veut non seulement marquer sa « détermination » à poursuivre l’engagement au Sahel mais aussi l’inscrire dans une coopération renforcée avec l’Allemagne. Il entend encore compléter l’action militaire par une stratégie d’aide au développement, a indiqué son entourage, comme le réclament d’ailleurs des organisations humanitaires.

Il sera accompagné par ses ministres Jean-Yves Le Drian (Europe et Affaires étrangères) et Sylvie Goulard (ministre des Armées), ainsi que par le directeur général de l’Agence française de développement (AFD) Rémy Rioux. 25 journalistes seront également du déplacement, alors qu’une quinzaine de sociétés de journalistes, des directeurs de rédaction et Reporters sans frontières ont protesté jeudi contre l’organisation de sa communication, notamment du choix des journalistes l’accompagnant au Mali.

A son arrivée, il sera accueilli par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, avec qui il aura un entretien sur la lutte contre le terrorisme, le dossier sahélien, le volet politique du dossier et la difficile mise en oeuvre des accords de paix de 2015.

Le nouveau chef des armées compte également s’adresser aux 1.600 soldats déployés sur la base de Gao (nord) dans le cadre de l’opération « Barkhane », et se fera présenter les différentes composantes du dispositif, selon la même source.

L’Elysée a choisi Gao car il s’agit de la plus importante base des forces françaises engagées à l’extérieur.

Davantage que l’ex-président François Hollande (2012-2017), son successeur veut mettre l’accent, selon son entourage, sur la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme, avec les autres pays européens, notamment l’Allemagne, premier contributeur de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma).

La France veut « une impulsion franco-allemande pour que l’Europe joue un rôle croissant dans les dossiers de sécurité et de défense, dont ceux de l’Afrique et du Sahel ». Une question déjà évoquée lundi avec Angela Merkel.

Sortir du ‘purement militaire’

Autre nouvel axe affiché: articuler davantage l’approche militaire avec les politiques de développement, comme le montre la présence du directeur général de l’AFD, a souligné l’entourage du président.

C’est ce que demandent plusieurs organisations humanitaires, pour qui la seule approche militaire ne résoudra pas les violences secouant le Mali.

La politique française en Afrique est trop « purement militaire », et doit « investir dans le secteur de la gouvernance », notamment dans « la lutte contre l’impunité » en « réorientant son aide publique vers la justice », plaide la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), qui dénonce au Mali « un niveau d’insécurité sans précédent ».

Même diagnostic pour l’organisation humanitaire Human Rights Watch, qui appelle le président Macron à « exhorter le président du Mali à s’attaquer frontalement aux problèmes qui ont mené à des décennies d’instabilité, notamment une faible gouvernance, une corruption endémique et les abus commis par les forces de l’ordre ».

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, qui ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes. Depuis 2015, ces assauts se sont étendus au centre et au sud du pays, où la sécurité se détériore de plus en plus.

Dix-sept militaires français ont été tués au Mali depuis l’intervention Serval en janvier 2013, à laquelle a succédé en août 2014 l’opération Barkhane (4.000 hommes), étendue sur cinq pays du Sahel (Mali, Burkina-Faso, Mauritanie, Niger et Tchad), selon un décompte de l’AFP.

Au Mali, aux 1.600 soldats français s’ajoutent les 12.000 soldats de la Minusma.

En janvier, un attentat-suicide visant des combattants de groupes armés signataires de l’accord de paix avait fait près de 60 morts dans la ville de Gao.

IBK : La victoire d’Emmanuel Macron est un grand moment de démocratie

Le Président IBK s’est exprimé dans la foulée de l’élection d’Emmanuel Macron (En Marche !) à la présidence de la République française au micro de Radio France Internationale.

 Ibrahim Boubacar Keïta : Je crois que c’est une belle victoire, peut-être le début également d’une belle espérance, pour la France et tous ses pays amis. Et il y a 24 heures, le 6 mai, nous avons reçu deux émissaires d’Emmanuel Macron qui nous ont indiqué la constance de son intérêt pour la coopération avec l’Afrique, son souci de l’Afrique, singulièrement du Sahel et de la sécurité dans cette zone. En tant que président en exercice du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), je m’en réjouis d’autant qu’il souhaite dans les meilleurs délais me rencontrer. Ce sera avec plaisir. Donc, une belle victoire. Cette victoire d’aujourd’hui, c’est un grand moment de démocratie.

 RFI : Qu’est-ce que vous pensez de cet écart important, de 30 points, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ?

Je crois que cela a son sens, tout son sens dans le temps où chacun avait commencé de s’interroger sur certaines vagues qui ne pouvaient manquer de nous inquiéter. Mais nous voilà tous rassurés quant à la constante des valeurs, ces valeurs qui ont fait aimer la France aux peuples du monde entier dont le nôtre. Cela nous a rassurés.

 Et ce dimanche soir, vous êtes soulagé ?

Je crois que ce soir, tous les démocrates du monde dormiront d’un sommeil léger. Inch’Allah !

 Vous aviez quelques craintes de voir l’extrême droite à un niveau plus haut dans la France de 2017 ?

Comment ne l’aurais-je pas été ? En tant qu’historien contemporanéiste de formation, je sais ce que cela a coûté dans un temps pas trop lointain à notre humanité.

 Et l’amitié franco-malienne aurait souffert si madame Le Pen avait été élue ?

Je crois qu’elle avait dit son souhait de poursuivre l’engagement français en Afrique, et particulièrement au Mali, parce que ce n’est pas seulement le Mali qui est en cause.

 On connaît la position du Front national contre les immigrés. Est-ce que le peuple malien est satisfait aujourd’hui du résultat aujourd’hui en faveur d’Emmanuel Macron ?

Pour l’arrière-petit-fils d’un homme qui repose dans la forêt de Douaumont, ce problème nous est très sensible. Il s’agit là de quelque chose qui touche à l’essentiel de l’humanité, les forces humaines en chacun de nous. Et quand c’est en cause, cela ne peut pas manquer d’inquiéter. Et je vous dis simplement aujourd’hui que c’est un jour d’espérance renouvelée et de confiance renouvelée à la France de toujours.

 Est-ce que l’image de la France à l’étranger a souffert ces dernières semaines ?

Nous avons tous suivi les débats tout au long de ces longues journées de campagne, et surtout mercredi 3 mai. Chacun en a tiré les conclusions qui lui correspondaient. Pour ma part, je vous dis que la conclusion d’aujourd’hui est très heureuse pour la France et pour le monde, pour le monde qui croit en l’humain.

 Est-ce que vous avez déjà rencontré Emmanuel Macron ? Est-ce que vous vous connaissez ?

Je l’ai croisé à l’Elysée. Je sais que c’est un homme compétent, un homme résolu, et un homme loyal. Vous vous souvenez s’agissant de mon ami Hollande, il a dit « Il a été empêché ». Cela vaut son pesant d’or.

 C’est-à-dire que pour vous, c’est un héritier de François Hollande ?

Je n’ai pas dit ça. C’est un homme qui a travaillé avec François Hollande et qui, ce jour où il aurait pu encore lui tourner le dos, est d’une loyauté qui est à la hauteur de sa valeur morale.

IBK à Riyad : signe de partenariats fructueux

En visite d’Etat en Arabie Saoudite pour six jours, Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République, accompagné d’une forte délégation, compte renforcer le partenariat public privé des deux pays.

Le chef d’État, Ibrahim Boubacar Keïta a entamé ce lundi 17 avril une visite de six jours en Arabie Saoudite. Une première dans l’histoire politique du Mali. Accueillis avec tous les honneurs par le Roi Salman Bin Abdul Aziz Al Saoud, le chef de l’État accompagné d’une forte délégation à Riyad a rencontré Ahmad Bin Souleymane Alradjhi, président de la Chambre de commerce du Royaume. Les deux hommes ont échangé sur le renforcement du partenariat des secteurs privés des deux pays dans le cadre du plan de développement 2020-2030 du Royaume. Le chef de l’État n’a pas hésité à étaler les différentes potentialités du pays dans la production du riz, du coton et de l’or. Pour rappel, ce plan est destiné à diversifier l’économie saoudienne qui dépend à plus de 70 du pétrole. Riyad prévoit en effet de vendre en Bourse moins de 5% du géant pétrolier Saudi Aramco et se doter d’un fonds souverain de 2000 milliards de dollars (1777 milliards d’euros), le plus important au monde.

La récente adoption par l’Assemblée nationale de la loi relative au partenariat public-privé pourrait donc inciter les opérateurs économiques saoudiens à venir investir au Mali. Fawzi Olian Al-Saud, vice-président du Fonds saoudien de développement a d’ores et déjà assuré son engagement à appuyer le Mali dans les projets d’infrastructures routières (financement de la route Kouala-frontière mauritanienne), de la santé, des forages et de l’agriculture.

L’islam un point commun. Le Mali et le royaume de l’Arabie Saoudite sont tous les deux de grandes nations de l’islam. Un autre point qui rapproche les deux États. Le ministre saoudien des Affaires islamiques, Saleh Al Cheick a donc été reçu à tour de rôle par le chef de l’État et le ministre des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Omar Hass Diallo. Une équipe est attendue à Bamako pour inspecter la Grande mosquée de la capitale, baptisée récemment au nom du Roi Fayçal. Des actions seront également menées dans le cadre de l’eau et de l’énergie et des mines.

 

Nouveau gouvernement : les dernières cartes d’IBK ?

Le film du mandat d’Ibrahim Boubacar Keïta, pourrait être raconté comme une histoire qui redémarre continuellement. La constitution du nouveau gouvernement, autour du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, le 4è depuis septembre 2013, marque ainsi une nouvelle étape, avec l’objectif de mettre en branle la machine gouvernementale pour répondre aux attentes des Maliens et de faire face aux nombreux défis auxquels le pays est confronté. Principale nouveauté : le PM est issu du parti majoritaire, le Rassemblement pour le Mali, alors que jusqu’ici, le président avait choisi son chef de gouvernement parmi des personnalités de la société civile, ou au sein de partis minoritaires. Cela suffira-t-il pour satisfaire une opinion publique impatiente, voire désabusée ?

C’est le mardi 4 avril, sous la pression de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM) qui menaçait de déposer une motion de censure à l’Assemblée nationale, que le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a accepté la démission de son Premier ministre, Modibo Keïta. Ce dernier était entré à la Primature 2 ans et 3 mois plus tôt, en remplacement de Moussa Mara, ouvertement en conflit avec plusieurs membres de son gouvernement, et à l’origine du drame de Kidal en mai 2014, où plusieurs civils avaient perdu la vie, avant que l’armée malienne ne soit mise en déroute par les mouvements rebelles.

Un départ attendu « Modibo Keïta a parfaitement compris la psychologie du président, mais l’inverse n’est pas vrai », se lamentait un cadre du parti majoritaire, tant ce dernier parvenait, contre toute attente, à se maintenir au poste de Premier ministre, alors que son départ était régulièrement annoncé pour redynamiser l’action gouvernementale. Grand de taille, adepte des discours grandiloquents, « il savait mieux que quiconque dire et agir pour plaire à un président lassé d’entendre des mauvaises nouvelles », commente un collaborateur de la présidence de la République, sous couvert d’anonymat. Bien qu’ayant lui même annoncé lors de sa prise de fonction, et plusieurs fois ensuite, « qu’il ne se sentait pas à sa place et qu’il devait partir pour laisser place à l’action politique », dans les faits, « Modibo semblait avoir pris goût à la fonction », affirme la même source. Il n’avait pas la force de s’attaquer aux problèmes du pays, commente Lamine Doumbia, cadre de banque, pour qui l’ancien PM était discrédité depuis la révélation en 2015 de l’attribution de logements sociaux à ses proches, mais avait pourtant su écarter ses rivaux trop ambitieux. Désormais de nouveau retraité, « Missié », comme le surnommaient certains de ses ministres pour moquer son style professoral, peut mettre à son actif la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, en mai et juin 2015. Mais les difficultés de son application, le lancinant problème d’insécurité dans le septentrion, et l’absence de l’État de plus en plus ressentie dans le centre du pays, atténuent largement ce bilan. Sans parler des grèves dans les secteurs de la justice, de la santé et de l’enseignement supérieur, ainsi que du bras de fer avec les Maliens de France à la fin 2016, qui ont contribué à « mettre à nu les carences du gouvernement, le manque de cohésion au sein de l’équipe, et souvent obligé IBK à monter en première ligne », souligne un éditorialiste malien. En définitive, le bilan est plutôt en demi teinte, et Modibo Keïta, tout comme lors de son premier passage à la Primature en 2001, ne laissera sans doute pas un souvenir impérissable dans les annales de l’action gouvernementale.

Douche froide Si les caciques du RPM, à l’image de Nancouma Keïta, vice président du parti et ancien ministre, se réjouissaient à l’annonce de la nomination d’Abdoulaye Idrissa Maïga, le samedi 8 avril, que « le fait majoritaire soit enfin respecté », la composition du gouvernement dévoilé le 11 avril semble avoir quelque peu douché l’enthousiasme. Avec 10 portefeuilles dans l’équipe sortante, les personnalités se revendiquant du parti majoritaire ne sont désormais plus que 7 sur 35, sans compter le Premier ministre. Des figures du parti on en effet été limogées, telles qu’Oumou Ba, vice présidente, qui occupait le poste de ministre de la Promotion de la femme depuis 2013, Ousmane Koné, également vice président, ancien ministre du Logement, dont c’était la 3è affectation après la Santé et l’Environnement, et enfin Mahamane Baby, ancien président de la jeunesse du RPM, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle depuis le début du mandat. Maître Baber Gano, secrétaire général du parti depuis le congrès d’octobre 2016, est le seul à faire son entrée au gouvernement, en tant que ministre des Transports. Un poste qui apparaît comme un lot de consolation, car amputé du stratégique secteur de l’équipement, toujours détenu par Seynabou Diop. Alors que d’aucuns attendaient un gouvernement de combat pour préparer la réélection d’IBK en 2018, ils ont hérité d’un « gouvernement Modibo sans Modibo », avec les 2/3 des membres restés en fonction, et où le RPM n’hérite d’aucun poste régalien. Par ailleurs, ce remaniement ministériel a dévoilé des tensions toujours persistantes au sein du parti majoritaire, dont l’absence du président, le Dr Bokary Treta, pendant toute la séquence, en dit long. « Treta ne s’est pas donné la peine de rentrer de Paris, où il s‘était rendu en voyage privé, sans doute par défiance envers le nouveau Premier ministre qu’il considère comme son rival » au sein du parti, témoigne un militant membre du Bureau politique national. La fronde des députés RPM ne semble donc pas avoir porté ses fruits. Et l’attribution de l’Administration territoriale, à 15 mois de l’élection présidentielle, à Tièman Hubert Coulibaly, président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD), un parti membre de la majorité présidentielle, en lieu et place de Mohamed Ag Erlaf, militant RPM désormais en charge de l’Éducation, ne fera qu’aggraver le malaise.

Équilibres ? En outre, la majorité présidentielle n’est représentée que par 6 partis : l’ADEMA, le RPM, l’UM-RDA, l’UDD, le MODEC de Konimba Sidibé et le PS-Yelen Coura d’Amadou Goïta, au grand dam des quelques soixante autres membres de la Convention de la majorité présidentielle (CMP), qui espéraient bénéficier de la proximité des prochaines échéances électorales pour intégrer l’équipe gouvernementale. C’est donc un paradoxe : la société civile, dont le symbole est le nouveau ministre de la Défense, Tiena Coulibaly, est majoritaire au sein du gouvernement Maïga avec 19 membres. Autre grande tendance, les ressortissants des communautés du Nord sont représentés par au moins 10 personnalités, ce qui ne manquera pas de faire grincer des dents, comme l’explique le journaliste écrivain Adam Thiam (voir page 5), alors qu’après le départ de Marie-Madeleine Togo, qui paie la grève dans les hôpitaux, et de Barthélemy Togo, il ne reste plus aucun représentant de la communauté chrétienne. Autre point notoire, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), l’ancienne rébellion, a refusé de faire son entrée au gouvernement, alors que la Plateforme y a deux représentants. Quant aux femmes, malgré la promesse qu’IBK leur a faite à l’occasion du 8 mars dernier, elles sont encore loin de représenter 30% de l’effectif, et ne comptent que 8 femmes représentantes, soit 23%. « Si la première institution du pays ne respecte pas la loi, qui d’autre va le faire ? », s’interroge un journaliste, faisant allusion à la loi sur les quotas qui prévoit 30% de femmes dans les postes nominatifs et électifs.

La patte IBK Constitué dans le cadre de tête-à-tête entre le président IBK et le nouveau Premier ministre, le gouvernement porte clairement la touche présidentielle. Le souhait d’Abdoulaye Idrissa Maïga de garder le portefeuille de la Défense et d’y nommer l’un de ses proches en tant que ministre délégué lui a été refusé, tout comme l’intégration et le maintien de certains cadres du RPM. Mais il a néanmoins obtenu le retour de Tièman H. Coulibaly, son prédécesseur à la Défense. L’arrivée de Maître Tapo (Droits de l’Homme et Réforme de l’État, compagnon de l’ADEMA des années 1990), d’Oumou Touré (Promotion de la femme), d’Arouna Modibo Touré, dit « Papou » (Économie numérique et Communication) et de Taher Dravé, témoigne que « ce gouvernement est surtout constitué de proches du président et de son entourage », affirme, frustré, un ministre recalé de la nouvelle équipe. « La plupart des collaborateurs de la présidence, y compris le secrétaire général, Soumeylou Boubeye Maïga, ont été tenus à l’écart de la constitution de l’équipe. Résultat, on assiste à de nouveaux saucissonnages et à un « turnover » sans précédent, comme à la Défense ou à la Communication, qui connaissent leur 5è titulaire en moins de 4 ans ! », ajoute-t-il. Le principal enseignement à tirer de cette séquence serait « le manque de perméabilité du président IBK aux pressions politiques, et dont le mode de désignation aux hautes fonctions est davantage basé sur l’affectif et les liens personnels », estime un diplomate ouest-africain en poste à Bamako.

Dans ce contexte, avec une équipe qui porte très peu sa touche, Abdoulaye Idrissa Maïga aura-t-il les marges de manœuvre pour agir ? C’est la question sur toutes les lèvres. Gestion des grèves dans les hôpitaux et au niveau de l’éducation, insécurité, instabilité dans le centre du pays, crise du football malien, application de l’accord pour la paix, etc, les défis ne manquent pas. Connu pour sa pigne, voire son intransigeance, ce natif de Gao est déjà sous pression, car la réaction plus que mitigée de l’opinion publique à l’annonce du nouveau gouvernement laisse présager qu’il n’aura pas d’état de grâce. Le président IBK joue sans doute ses dernières cartes pour améliorer son bilan, et tenter de conjurer le mythe de Sisyphe.

Abdoulaye Idrissa Maïga réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ?

Avec l’ex-président de la république sénégalais, Abdoulaye Wade, dont le premier septennat a été fortement marqué par des départs de Premiers ministres, c’est sans doute Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) qui détient la palme d’or en termes de remaniements ministériels. En quatre ans de pouvoir, IBK est déjà à son quatrième Premier ministre.

Le premier s’appelait Omar Tatam Ly, qui a dû jeter l’éponge parce que se refusant à être le faire-valoir du fils du chef de l’Etat, en la personne de Karim Kéïta. Le deuxième est Moussa Mara, limogé pour son entêtement. On se rappelle, en effet, que c’est ce Premier ministre qui, envers et contre tous, avait décidé de se rendre à Kidal, occasionnant un affrontement meurtrier entre les forces armées maliennes et les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Quant au troisième PM, c’est-à-dire, Modibo Kéïta, il aura été emporté, dit-on, par le front social en ébullition depuis quelque temps ; en témoignent les grèves perlées dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Et vint maintenant Abdoulaye Idrissa Maïga qui, hier 10 avril 2017, a été officiellement installé dans ses fonctions. Précédemment ministre de la Défense, ce natif de Gao est connu pour être un hiérarque du sérail, du fait de sa proximité avec IBK dont il fut d’ailleurs le directeur de campagne. C’est dire que le nouveau Premier ministre bénéficie de beaucoup de préjugés favorables à même de lui permettre d’avoir les coudées franches. Seulement, réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? On attend de le voir à l’œuvre pour le juger, tel un maçon au pied du mur. Car, il faut le dire, la tâche est titanesque et les défis nombreux. L’un de ces défis à relever est de travailler à calmer le front social. Ce qui est loin d’être une sinécure, tant les attentes des Maliens sont immenses.

En un an, beaucoup d’eau pourrait couler sous les ponts

Encore faut-il que Abdoulaye Idrissa Maïga dont on dit qu’il est « un homme assez têtu », sache discuter et négocier avec les syndicats afin de détendre la situation dans un pays où les besoins sociaux de base restent entiers. Et toute autre attitude risquerait d’envenimer la situation. Le deuxième chantier sur lequel est attendu le nouveau chef du gouvernement malien, est la lutte contre l’insécurité. C’est la priorité des priorités, étant donné qu’on ne peut rien entreprendre ni construire dans un pays, sans sécurité. Or, c’est peu de dire que le Mali actuel est loin d’être un pays sûr ; en témoignent les attaques terroristes quasi-quotidiennes qui endeuillent de nombreuses familles. A cela s’ajoute le rapt d’Occidentaux par des bandes armées, faisant du Mali, notamment dans sa partie septentrionale, un no man’s land. Abdoulaye Idrissa Maïga doit donc travailler à rassurer les Maliens qui, de guerre lasse, ne savent plus à quel groupe armé ni à quel djihadiste se vouer. En le faisant, il donnera la preuve qu’il est un « Premier ministre qui est venu pour essayer de relever les défis et non pas un Premier ministre directeur de campagne », comme le pensent à tort ou à raison certains qui voient en sa nomination, une volonté à peine dissimulée du président IBK de préparer la prochaine présidentielle qui a lieu dans un an. Cela dit, en un an, beaucoup d’eau pourrait couler sous les ponts. Et qui dit d’ailleurs que d’ici là, IBK ne nommera pas un autre Premier ministre qui ferait le cinquième en un mandat, soit un Premier ministre par an ?

52% de Maliens insatisfaits des actions du président IBK

Hier, mardi 21 mars 2017, la fondation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) a organisé à l’Hôtel Salam de Bamako, une cérémonie de présentation du huitième numéro de son sondage d’opinion « Mali- Mètre ». La 8ème édition est principalement axée sur la problématique de la mise en œuvre de l’Accord surtout dans ses aspects politico-institutionnels ( autorités intérimaires) et sécuritaires (patrouilles mixtes, cantonnement) de même que la réconciliation. Elle retrace également les questions de gouvernance des institutions, de justice et développement socio-économique. S’agissant du point de vue des Maliens sur les actions du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, 46% des personnes enquêtées se disent satisfaites contre 52% à être insatisfaites, selon les résultats de l’étude.

Dans ses mots de bienvenue, la représentante Résidente de la Fondation Friedrich Ebert, Annette LOHMANN a fait savoir que l’insécurité demeure une préoccupation pour les populations enquêtées au Mali, mais les défis restent d’ordre socioéconomique et de gouvernance. « Le chômage, l’inégalité d’accès aux services sociaux de base, la corruption et l’impunité préoccupent beaucoup les Maliens et Maliennes, indépendamment de la localité, du sexe, de l’âge et du niveau d’instruction », a-t-elle dit. A sa suite, le directeur des programmes de la Fondation Friedrich, Abdourhamane Dicko a présenté les résultats du Mali-Mètre 8. Dans sa présentation, il a mis l’accent sur l’état de satisfaction et de confiance des maliens et maliennes dans les institutions de la République. « Niveau de satisfaction du Président de la République dans la gestion du pays : Si 46% des personnes enquêtées se disent satisfaites des actions du Président de la République, elles sont 52% à être insatisfaites (avec 28% de plutôt insatisfait et 24% de très insatisfait). Au niveau des régions, Ménaka (73%), Ségou (60%) et Sikasso (49%) présentent la proportion la plus élevée de personnes satisfaites, contrairement à Bamako (67%) et Kidal (73%) où les proportions d’insatisfaits sont les plus élevées. Selon le niveau d’instruction, les citoyens les plus insatisfaits se comptent parmi ceux ayant un niveau secondaire et supérieur : 57% d’insatisfaits contre 41% de satisfaits pour le niveau secondaire et 62% d’insatisfaits contre 38% de satisfaits pour le niveau supérieur », a précisé Dicko. L’enquête démontre également que les priorités pour les maliens sont la lutte contre le chômage (56,3%), la lutte contre la cherté de la vie (40,4%), la lutte contre l’insécurité alimentaire (23,1%), l’amélioration de l’accès à la santé (19,8%) et la lutte contre l’insécurité physique (19,8%). Selon Abdourhamane Dicko, plus de 75% de Maliens pensent que l’impunité est fréquente au Mali. Avant d’ajouter que 63,2% de maliens pensent que la corruption est très élevée au Mali et 18% estiment qu’elle est élevée. « Cinq principales raisons sont avancées pour justifier l’existence de la corruption : la pauvreté des populations (45%) ; le bas niveau des salaires et des revenus (34,7%) ; les mauvais exemples des dirigeants (31,9%) ; l’avidité (28,7%) et l’impunité (25,6%). Selon les résultats de l’enquête, les domaines les plus concernés par la corruption sont : la justice (41%) ; la police (38,3%) ; la douane (27,6%) ; la mairie (26,7%) et la santé (18,1%). Tant pour les hommes que pour les femmes, la justice est le principal domaine concerné par la corruption 45% et 37% dans l’ordre », indique le présentateur.

Le diplomate Chéaka A Touré de la Cedeao étale les insuffisances de l’accord

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger, les enquêteurs soulignent que plus de 40% de Maliens sont contre la mise en place des autorités intérimaires. Et de poursuivre que 75% de maliens déclarent ne pas avoir connaissance de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR). Pour la réconciliation au Mali, 62% de personnes préconisent l’organisation des rencontres intercommunautaire et intracommunautaire. En outre, plus de 85% des personnes enquêtées estiment que l’implication des chefs religieux est fondamentale pour la sécurisation du Mali. Par ailleurs, 39% des citoyens estiment être satisfaits de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali) contre 42% qui ne le sont pas. Comme perspectives, les Maliens souhaitent d’ici cinq ans, le retour de la paix et de la sécurité (80,4%), l’emploi des jeunes (42,2%) de bonnes récoltes et la sécurité alimentaire (27%), la relance de l’économie (24,2) et la fin de la pauvreté (22,1%).

En réponse aux questions des journalistes, Sidiki Guindo de l’institut Gisse a fait savoir que la difficulté majeure rencontrée lors du sondage a été le problème de déplacement des enquêteurs d’une localité à une autre.

Invité d’honneur de cette cérémonie de présentation des résultats, le représentant de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) au Mali, Chéaka Aboudou Touré a apprécié l’enquête d’opinion « Mali-Mètre » qui, selon lui, a atteint le stade de la maturité. « Ce qui est important, c’est la fiabilité des résultats », a-t-il insisté. Aux dires de l’Ambassadeur Chéaka Aboudou Touré, l’accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger a produit des effets instantanés en un laps de temps. Pour preuve, dit-il, des gens qui ne croyaient pas être Maliens le sont aujourd’hui. Par contre, le diplomate Touré n’a pas manqué d’étaler les faiblesses dudit accord qui, selon lui, sont le manque de programmation des résultats, des objectifs et le manque de consensus autour de l’accord.

A noter que l’enquête s’est déroulée du 25 novembre au 06 décembre 2016 sur un échantillon global de 2142 personnes enquêtées. Les enquêtés sont âgés de 18 ans ou plus et répartis dans l’ensemble des capitales régionales, y compris Kidal, Ménaka et Taoudénit. 35 enquêteurs et 11 superviseurs ont été mis à contribution pour réaliser Mali-Mètre 8. «Mali-Mètre » est un sondage d’opinion développé par la Friedrich-Ebert-Stiftung, dans le but d’appréhender les perceptions des Maliennes et des Maliens sur des thématiques d’actualité.

 

Younous Hameye Dicko : « IBK est une chance pour le pays »

Les militants du Rassemblement pour le développement et la solidarité (RDS) ont renouvelé leur confiance au président sortant Younouss Hameye Dicko à l’issue du 3è congrès ordinaire tenu les 11 et 12 mars. Dans un entretien accordé en exclusivité à Journal du Mali, l’ancien ministre donne son avis sur la gestion du pays sous le président IBK et la relation de son parti avec ceux de la majorité présidentielle.

Vous venez d’être réélu à la tête du RDS. Quelles seront vos priorités pour ce nouveau mandat ?

Les premières priorités de ce bureau seront de faire renaitre le Rassemblement pour le développement et la solidarité (RDS), après toutes ces années difficiles qui ont vu notre base se disperser en partie, particulièrement dans le nord où elle était solide. Quand on n’a pas beaucoup d’argent, il faut du temps et du talent pour récupérer sa base. Il s’agit pour nous de se battre, de lutter sans relâche pour le retour de la sécurité dans notre pays. Nous ne pouvons plus voir notre pays se décomposer, l’insécurité grandir alors que nous avons des hommes et des femmes pour l’empêcher.

Comment le RDS se sent aujourd’hui au sein de la majorité présidentielle ?

Notre parti n’a pas de problème avec les autres partis au sein de la majorité présidentielle parce que nous avons une personnalité bien définie et que nous nous battons pour la patrie. Des questions de personnes ou de places ne sont pas les problèmes du RDS. C’est la gouvernance qui nous préoccupe, c’est aussi la sécurité et l’intégrité de ce pays. Nous pensons que cette bataille doit se faire autour de quelque chose et de quelqu’un. Ce quelqu’un est le chef de l’État autour duquel nous devons nous battre. Sans exagérer, nous nous pensons qu’Ibrahim Boubacar Keïta est une chance pour ce pays.

Sa gestion du pays est pourtant très critiquée par certains.

C’est un problème intéressant : tout le monde pense ou les rumeurs qu’on entend, disent que le pays est mal géré. Mais en réalité, il ne l’est pas. Le pays n’est pas mal géré parce qu’il n’était pas du tout géré avant. Quand Ibrahim Boubacar Keïta est arrivé au pouvoir, la situation était trop grave. Le pays était à genoux, on décidait pour le Mali, on nous bloquait au niveau de la CEDEAO comme on voulait. Aujourd’hui tout cela n’est plus possible. Le pays peut être bloqué mais plus de la façon que nous avons connue en 2012 et 2013. C’est un homme qui est venu dans un véritable chaos, pour essayer de mettre de l’ordre. Ceux qui croient que le moment est venu de faire tomber le gouvernement sont trop pressés.

 

Visite de Mohammed VI : les raisons d’un report

L’annulation de la visite officielle que devait effectuer Mohammed VI à Bamako est la conséquence d’une intense pression algérienne sur le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), selon des sources diplomatiques marocaines. Conséquence: Mounir Majidi a été missionné pour inaugurer le projet de clinique voulu par le roi

Le roi Mohammed VI, arrivé hier soir en Guinée-Conakry devait se rendre au Mali dès le 22 février, après sa visite en Zambie. Selon des sources diplomatiques consultées par Le Desk, cette étape pourtant dûment programmée dans l’agenda de cette nouvelle tournée africaine a été annulée « à la dernière minute ».

Le compte Twitter de la Présidence du Mali avait annoncé dans la matinée du mardi 21 février que la visite programmée du souverain à Bamako a été reportée à une date ultérieure « à la demande de la partie marocaine ».

https://twitter.com/PresidenceMali/status/833997677683687424

En réalité, une intense pression algérienne sur le président Ibrahim Boubakar Keïta (IBK) l’a contraint à céder au diktat de son grand voisin du nord qui influe depuis toujours sur la politique extérieure de Bamako pour des raisons sécuritaires. D’ailleurs Alger n’a pas lésiné sur les moyens pour faire barrage au Maroc : un protocole d’accord pour l’édification de deux centrales électriques a été signé en début de semaine entre les deux pays dans le cadre du « plan d’urgence sociale » cher à IBK.

UNE GÈNE PERCEPTIBLE À BAMAKO

Depuis quelques jours à Bamako, les officiels ont tenté en vain d’enfumer les journalistes en avançant tantôt des raisons de sécurité, tantôt qu’IBK était souffrant, se rendant ainsi indisponible pour recevoir le roi. En fait, rien de tout cela, le chef de l’Etat malien a lui-même dirigé mercredi 22 février le Conseil des ministres, rapporte RFI, sans oublier que la veille, « il recevait un diplomate américain au palais présidentiel ».

https://twitter.com/PresidenceMali/status/834107272733327361

« Le grand voisin du Mali travaille à occulter la visite du souverain marocain », ont ajouté les sources de RFI qui confirment l’activisme du pouvoir d’Alger dans le but de faire capoter tout rapprochement entre Rabat et Bamako.

Evidemment la question du Sahara est au cœur de cette bataille diplomatique. Le Mali fait officiellement partie des pays qui reconnaissent la « RASD » soutenue à bouts de bras par l’Algérie. La visite royale devait ainsi à coup sûr changer la donne dans le sens d’un rééquilibrage des positions de Bamako.

« Nos relations avec Rabat sont très bonnes et nous voulons les renforcer », a expliqué un diplomate malien à RFI qui rappelle que « le Maroc vient d’offrir au Mali l’une des cliniques les plus modernes de la sous-région ». Il était en effet prévu que Mohammed VI inaugure en personne l’ouvrage ce jeudi 23 février.

MAJIDI SOLLICITÉ POUR CETTE MISSION PARTICULIÈRE

C’est donc sur instructions du roi qu’une délégation accompagnée du premier ministre malien, Modibo Kéïta, a procédé ce jeudi à Bamako, à l’inauguration de la « Clinique périnatale Mohammed VI », comme l’a annoncé l’agence MAP.

« Moderne et intégrée, cette clinique, réalisée par la Fondation Mohammed VI pour le développement durable sur une superficie globale de 5 hectares (don de l’Etat malien) dont 7 270 m2 couverts, profitera aux populations maliennes », poursuit la dépêche.

Fait inhabituel, la délégation marocaine est conduite par Mohamed Mounir El Majidi, directeur du secrétariat particulier du roi qui est rarement associé à des missions diplomatiques de ce genre.

Selon les sources du Desk, la raison est autant logistique que protocolaire. Les plus proches conseillers du roi, dont Fouad Ali El Himma l’accompagnent entre la Zambie et la Guinée, mais le choix s’est aussi porté sur Majidi pour appuyer le fait que cet événement ne concerne pas uniquement la coopération bilatérale à un niveau institutionnel, mais découle aussi d’une sollicitude personnelle du roi.

La présence du professeur Abdelaziz Maaouni, médecin personnel du roi et celle de Mostafa Terrab, en sa qualité de président délégué de la Fondation Mohammed VI pour le développement durable, confirment cette attention royale à l’égard d’IBK malgré son incapacité à s’affranchir totalement de la tutelle du régime d’Abdelaziz Bouteflika.

105 MILLIONS DE DIRHAMS INVESTIS

« Après avoir coupé le ruban symbolique, la délégation marocaine et Kéïta ont visité les différentes dépendances de cette clinique de référence de niveau 3 pour les maternités de la région de Bamako, et qui a pour objectifs la fourniture de services périnataux spécialisés, la prise en charge de grossesses à risque et la limitation de la mortalité maternelle et infantile », a rapporté la MAP

Cette structure sanitaire, dont la réalisation a nécessité un budget de 105 millions de dirhams, « dispose de nombreux services, à savoir les soins intensifs et réanimations pour les mères, la réanimation néonatale (cas graves nécessitant ventilation artificielle), et la néonatalogie », apprend-on de la même source.

« Quant au plateau d’explorations, il est équipé d’une radiologie avec radio conventionnelle ultrasons et scanner, d’une angiographie, d’un laboratoire spécialisé, de deux blocs opératoires, de quatre salles d’accouchement, d’une salle d’accueil pour les familles accompagnatrices et d’une administration », précise la MAP.

Cette structure sanitaire est d’une capacité globale de 79 lits, 5 000 naissances par an avec possibilité de traiter jusqu’à 2.000 césariennes, 1.400 admissions par an en soins intensifs et réanimations mères, et 470 admissions par an en néonatalogie et réanimation néonatale.

UN DÉLAI DE RÉALISATION DE 22 MOIS

Cette clinique, réalisée dans un délai de 22 mois, est dotée d’un effectif de 277 employés, dont 164 en personnel médical et paramédical.

Le roi Mohammed VI, accompagné du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, avait présidé, en février 2014 à Bamako, la cérémonie de pose de la première pierre pour la construction de cette clinique périnatale moderne et intégrée, rappelle aussi la MAP.

La cérémonie d’inauguration de cette clinique a été marquée par le présence de l’ambassadeur du Mali au Maroc Ousmane Amadou Sy, de hauts responsables maliens, de l’ambassadeur du royaume au Mali, Hassan Naciri, des membres de la représentation diplomatique du Maroc à Bamako et des cadres marocains établis au Mali.

 

« Un sommet Afrique-France ? Pourquoi pas, mais, de grâce, pas au Mali ! »

Le chroniqueur de Le Monde Afrique, déplore l’absence de vision politique de la France, engagée au Mali, et la faillite des responsables politiques maliens.

Le sommet Afrique-France se tiendra à Bamako les vendredi 13 et samedi 14 janvier. Si le débat sur l’utilité d’un tel sommet est légitime, ce qui me dérange le plus, c’est de le voir se tenir au Mali. Le Mali incarne à lui seul le mal qui ronge la sous-région : un pouvoir politique qui a fait de l’incurie sa marque de fabrique, une clique de kleptocrates qui ont mis en coupe réglée le pays et les logiques mafieuses qui sont désormais les seules qui prévalent dans tous les secteurs d’activité au Mali.

On pourrait qualifier le Mali de failed State, « Etat failli », mais je préfère parler de fake State, « un semblant d’Etat ». Le pouvoir malien a cultivé l’art de sauver les apparences, apparences au-delà desquelles la communauté internationale ne va pas. Le président Amadou Toumani Touré (ATT, 2002-2012) excellait dans cet art, bien servi il est vrai par les griots de la communauté internationale qui chantaient ses louanges. Aujourd’hui l’actuel président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), bénéficie des services d’un griot en chef prestigieux : François Hollande.

Essai non transformé

Le président français veut faire du Mali un exemple de la réussite de sa politique internationale. La décision d’intervenir militairement en janvier 2013 était sans nul doute une décision courageuse. Malheureusement, l’essai ne fut pas transformé à cause d’une absence totale de vision politique. Une opération militaire ne peut pas être un objectif en soi, une victoire militaire ne sert à rien si elle n’est pas le moyen d’atteindre un objectif politique.

Donc, une fois les djihadistes éparpillés, l’opération « Serval » a été rebaptisée, avec un mandat plus large, opération « Barkhane », les casques bleus ont débarqué au Mali et aujourd’hui le résultat est sans appel : le nord du pays est désormais hors contrôle.

Cette situation n’est pas que la conséquence d’une absence de vision politique de la part de la France. Elle est aussi et surtout de la responsabilité des autorités politiques à Bamako qui ont failli. Le peuple malien a confié en 2013 les rênes du pays à IBK dans le cadre d’une élection dont le résultat final ne peut être contesté. Aujourd’hui cette légitimité politique a disparu car le pouvoir politique a tout simplement renoncé à incarner l’intérêt national. Les « logiques patrimoniales », pour reprendre l’expression de Jean-François Bayart, ont pris le dessus sur toute autre considération, la kleptocratie érigée en mode de gouvernance.

Cette « gouvernance » n’est pas l’apanage du seul Mali. Le Niger et la Mauritanie, pays voisins du Mali, souffrent du même mal et, pour ce qui est du Niger, il bénéficie du même griot en chef, François Hollande. Le plus frappant, c’est le fossé qui existe entre la cécité du pouvoir politique français concernant la réalité de la situation politique dans la bande sahélienne et la perception qu’ont les opinions publiques africaines de leurs propres dirigeants.

Opinions publiques écœurées

Ces opinions publiques, écœurées, en particulier la jeunesse africaine, constatent que la France en particulier, la communauté internationale en général sont complices de ces pouvoirs kleptocrates. D’ailleurs, plus ces élites politiques faillissent, plus la générosité internationale déverse des milliards d’euros, une prime à l’incurie en somme. C’est ce qui a miné la légitimité de la coalition internationale qui a soutenu de manière indéfectible le régime outrancièrement corrompu d’Amid Karzaï en Afghanistan

Je me demande donc ce que pourra être le discours du président François Hollande lors de ce sommet : va-t-il continuer à faire le griot d’IBK et insulter l’intelligence des opinions publiques africaines ou va-t-il saisir cette opportunité pour un discours courageux ? La deuxième option ne consiste pas à juger ou à critiquer publiquement les autorités politiques du Mali. La France n’en a pas le mandat juridique ni le mandat moral. Il s’agit plutôt de rappeler que la France ne peut continuer à essayer de sauver un pays si ses dirigeants ne sont pas les premiers à mener ce combat. Il s’agit de rappeler aux peuples africains qu’ils sont les réels détenteurs du pouvoir et que ce sont eux, pour reprendre le programme du mouvement citoyen sénégalais Y en a marre, qui façonneront le NTA, le Nouveau Type d’Africain. La France et la communauté internationale n’ont pas ce pouvoir. Il leur revient juste de choisir leur camp. Si on me demande un avis, je leur recommanderai plutôt celui des peuples.

Sommet Afrique-France :  5 ans de relations franco-maliennes

Le vendredi 13 janvier prochain, s’ouvrira le 27e sommet Afrique-France à Bamako, auquel prendra part le Président français, François Hollande, dont le quinquennat a été marqué, au plan de la politique extérieur, par l’intervention militaire française au Mali en janvier 2013.

Bamako, le 14 juillet 2016. Gilles Huberson, alors ambassadeur de France au Mali, célèbre la fête nationale de son pays avec plusieurs membres du gouvernement, des anciens Premier ministres, l’ancien président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, des membres de l’Assemblée nationale, des représentants des institutions maliennes, des représentants du corps diplomatique. L’ambassadeur indique que les relations franco-maliennes sont nées de quelques événements historiques que sont la traite des Noirs, la colonisation, les deux guerres mondiales au cours desquelles près de 80 000 soldats maliens ont combattu. «L’histoire est faite ainsi, a ajouté M. Huberson. Et si je n’entends pas occulter les tragédies, je souhaiterais insister sur ce qui nous unit : il est probable que les Antillais de France sont en partie d’origine malienne ; les petits-enfants des anciens immigrés maliens sont désormais français ; nos deux peuples partagent une même langue ainsi que des valeurs et des références communes. »

Mais, depuis quelques années, il y a un événement qui unit davantage les deux pays. Il s’agit, comme l’a relevé M. Huberson, de l’intervention française en 2013, à travers laquelle la France a démontré « qu’elle était prête à s’engager au soutien d’un pays Frère, en danger de mort. C’est cette nouvelle dynamique, c’est ce nouveau rapport entre la France et l’Afrique que reflétera le prochain Sommet Afrique-France, qui marquera aussi le retour du Mali sur la scène internationale ». Les 13 et 14 janvier prochains, Bamako, la capitale malienne, accueillera le 27e sommet Afrique-France dans un contexte difficile que traverse l’Afrique, marqué par des crises : enjeux, défis et perspectives, l’accaparement des terres, la migration, la gouvernance durable des ressources naturelles, l’éducation et la formation.

Il y a quatre ans, la France lançait l’opération Serval pour vider les trois régions du nord du Mali des hordes d’extrémistes d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), du MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) et d’Ansardine. Soit une année après l’arrivée au pouvoir de François Hollande, élu en 2012 après sa victoire face à Nicolas sarkozy, et qui avait voulu se démarquer de son prédécesseur en rompant avec la « Françafrique » que François-Xavier Verschave a défini, au début des années 2000, comme « une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’Aide publique au développement… Le système autodégradant se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie. » Mais, vite, celui qui avait annoncé la mort de la « Françafrique » s’est forgé « un destin africain », « s’est africanisé », comme le montre dans son livre « Hollande l’Africain », Christophe Boisbouvier, journaliste à Radio France Internationale. En envoyant des troupes pour intervenir au Mali, François Hollande s’est attiré les critiques de ceux qui attendaient de lui qu’il signe la fin de cette politique française consistant à intervenir dans les affaires intérieures des anciennes colonies. En France l’opinion publique nationale lui a fait le reproche de ne trouver du confort qu’en Afrique où, relève l’écrivain djiboutien Abdourahman A. Waberi, « jamais la France n’a envoyé autant de militaires à l’étranger, et notamment au Sahel ». Cependant au Mali, il était vu comme le « sauveur », « Hollande le Malien ». La 27e édition du sommet Afrique-France, viendra clore 5 ans de politique africaine du président Hollande, qu’il qualifie, en ce qui concerne le Mali, de« succès ».

 

2017, une année au pas de charge pour IBK

Du 27ème sommet Afrique-France à la Conférence d’entente nationale en passant par le programme d’urgences sociales et la promesse d’une nouvelle constitution, les objectifs fixés par le chef de l’État pour lannée 2017 sont nombreux et dénotent une accélération, à un an et demi des élections présidentielles.

« 2017 sera encore pour nous une année de challenges à relever », annonçait le chef de l’État Ibrahim Boubacar Keïta, lors de ses traditionnels vœux à la nation. Des challenges que le chef de gouvernement classe en trois grandes priorités : « le rétablissement de la paix et de la sécurité, la préservation de la cohésion nationale et la prise en charge de la demande sociale », a-t-il précisé.

Par ailleurs le locataire de Koulouba (palais présidentiel) a également promis à son peuple une nouvelle constitution. Mieux, Ibrahim Boubacar Keïta a promis de donner suite aux nombreuses attentes et frustrations du peuple.

En s’adressant aux Maliens de l’extérieur, IBK laisse entendre : « j’ai entendu votre message ! J’ai pris la mesure de vos frustrations, j’en tirerais très bientôt toutes les conséquences ». Une déclaration qui, sans nul doute, est une réponse à l’endroit des Maliens de France dans leur revendication notament sur l’accord de réadmission que le Mali aurait signé avec l’Union Européenne.

Pour revenir aux défis de 2017, le chef de l’État semble montrer sa volonté de reprendre en main des grands dossiers qui permettrait au mali de sortir de l’ornière.

Le sommet Afrique France prévu du 13 au 14 janvier prochain à Bamako devrait en être le point de départ. Les défis pour le gouvernement notamment la diplomatie malienne sont grandes. C’est donc l’occasion pour celle-ci de marquer des avancées et de rectifier les erreurs du passé.

La conférence d’entente nationale prévue pour mars 2017 devrait être le point d’orgue des challenges 2017 qu’aura à relever la présidence. Ce sera l’occasion pour la classe politique malienne d’échanger sur les sujets brûlants de l’heure notamment les causes profondes de la crise du Nord. L’enjeu serait donc d’arriver à une solution commune issue d’un accord commun.

Enfin, le Programme d’Urgences Sociales 2017-2020, qui s’attaqua au secteur de l’eau , de l’éducation, de l’énergie, de la santé et des pistes rurales, pourrait aider à améliorer l’image du président aux yeux du peuple, s’il amène du mouvement.

Pour cette année 2017, les yeux des Maliens sont plus que jamais tournés vers Ibrahim Boubacar Keïta et son gouvernement dont le mandat est presque à son terme et l’on peut affirmer sans crainte de se tromper que de la gestion de ces dossiers pèsera fortement sur la présidentielle 2018 pour le président IBK qui semble d’ores et déjà candidat à sa succession.