Mali : 62 ans après, une nouvelle indépendance ?

Depuis Modibo Keïta, le Mali n’a jamais autant semblé prendre son destin en main qu’en ces temps de transition. À coup de déclarations et de décisions fortes, les autorités actuelles imposent leur marque. Ces actions font-elles écho à celles des premières heures de l’indépendance?

« L’histoire ne se répète pas, mais parfois elle rime », a écrit l’essayiste américain Mark Twain. Le 15 août dernier, après 9 années d’intervention au Mali, le dernier contingent de l’armée française a quitté le pays, comme ce fut le cas le 5 septembre 1961, jour où le dernier soldat colonial français quitta le pays indépendant, à quelques jours près, depuis moins d’un an. Malgré des époques et des contextes différents, beaucoup ont ressenti un sentiment de souveraineté retrouvée. « Ce 22 septembre est une date commémorative de ce passé glorieux retrouvé, car elle est exceptionnelle en termes de restauration et de renforcement de la souveraineté, de la dignité, de la fierté, de l’honneur et surtout de l’unité du peuple », certifie Younouss Soumaré, Secrétaire général du Collectif pour la défense des militaires.

Le ton avait été donné le 25 septembre 2021 à l’ONU par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, habillé pour l’occasion comme Modibo Keïta. Il avait listé dans son discours ce qu’il affirmait être les nouvelles aspirations du peuple malien. À savoir : « le Mali nouveau n’acceptera pas qu’on puisse nous imposer des agendas, qu’on puisse nous imposer notre propre agenda, nos priorités, qu’on puisse nous imposer des diktats », a rappelé le 6 septembre au Togo, Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, lors de la 3ème réunion du Groupe de suivi et de soutien à la Transition au Mali. À ces déclarations s’ajoutent, entre autres, les expulsions du représentant de la CEDEAO, Hamidou Boly (25 octobre 2021), de l’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer (31 janvier 2022) et du porte-parole de la Minusma, Olivier Salgado (20 juillet).

Fanfaronnades

Des décisions jugées « fortes », mais dans lesquelles ne se « retrouve pas », El Hadj Baba dit Sandy Haïdara, 1er Vice-président de l’US-RDA, parti du père de l’indépendance.

« Modibo Keïta a obtenu l’indépendance et a demandé aux militaires français de sortir de notre pays sans pourtant rompre ses relations ni avec la France ni avec les États-Unis. Il est resté dans une diplomatie constructive, sans fanfaronnade. Comme on le dit, un tigre n’a pas besoin de proclamer sa tigritude. Il se fait respecter par son comportement », explique M. Haïdara, selon lequel le moment de l’indépendance n’a rien à voir avec aujourd’hui.

Pour lui, « on ne peut pas vouloir l’unité africaine, se dire panafricain et être en désaccord avec tous les pays africains. Malheureusement, c’est ce qui se passe actuellement », regrette-t-il.

A contrario, pour le Dr Abdoulaye Amadou Sy, Président de l’Amicale des ambassadeurs et consuls généraux du Mali, « sur le plan diplomatique, au niveau africain, les actions phares qui sont portées par les autorités maliennes sont effectivement acceptées et admirées par une grande partie de la population africaine. Les populations aspirent à l’indépendance et à la souveraineté, de ce fait, elles aiment les dirigeants qui refusent de vivre une politique de soumission. Cela, on l’a senti en 1960 et on le ressent aujourd’hui ».

Du chemin à faire

Si, sur le plan politique, le Mali se présente comme appliquant une souveraineté retrouvée, sur le plan socio-sécuritaire il y a encore du chemin à faire. Rien que dans le cercle d’Ansongo, des sources locales font état d’une centaine de civils tués depuis début septembre. La situation est telle que, dans un message vocal récent, le Général El Haji Ag Gamou a appelé les habitants des localités concernées à quitter les villages reculés pour les grandes villes, pour leur sécurité.

Sur le plan social, « il faut que les responsables arrivent à lutter contre la misère. Il faut que les gens arrivent à circuler dans leur pays pour montrer qu’ils sont indépendants, à manger à leur faim et à boire à leur soif », s’exclame le Dr Sy.

Pour cela, il va falloir trouver des nouveaux paradigmes pour atteindre la souveraineté alimentaire, selon l’économiste Modibo Mao Makalou. « 62 ans après les indépendances, l’Afrique continue à importer un tiers de la nourriture qu’elle consomme, alors qu’elle possède 60% des terres arables au monde, a la population la plus jeune du monde ainsi que beaucoup de ressources hydriques et hydrauliques. Elle possède beaucoup de soleil aussi. Il va falloir tirer profit de tout cela et moderniser nos systèmes de production agricole pour ne pas continuer à dépendre de la pluviométrie, comme nous le faisons à 90% du temps actuellement », explique-t-il.

La diaspora béninoise célèbre le 58ème anniversaire de son indépendance à Bamako

Le Bénin a commémoré mercredi 1er aout 2018, le 58ème anniversaire de son accession à l’indépendance. A cette occasion, la communauté béninoise du Mali s’est retrouvée pour une soirée  festive à « L’escale gourmande » à  l’ACI-2000.

C’est dans une ambiance des grands jours, magnifiée par une salle entièrement décorée aux couleurs du drapeau béninois, le vert, le jaune et le rouge que les ressortissants du pays de Patrice Talon ont célébré cet anniversaire d’indépendance. Marquée,  par la présence de Mme Olga Sanvee, Consule du Bénin près le Mali, M. Jonathan Anani Attiogbe, président du Haut conseil des Béninois de l’extérieur (HCBE) et des représentants des Ministres des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine et des Affaires étrangères du Mali.

« Date fondatrice de notre république, le 1er août tient une place de choix dans nos cœurs et nos âmes. Naissait ce jour, il ya 58 ans, la République du Dahomey devenue aujourd’hui République du Bénin » a d’abord rappelé Madame la Consule avant de mettre l’accent sur « la chance que nous, béninois avons de vivre une démocratie fondée sur des valeurs humanistes. » La diplomate a ensuite lancé un appel à ses compatriotes pour un accompagnement du gouvernement au quotidien afin que les nombreux chantiers aient un réel impact positif et durable sur les conditions de vie de la population béninoise toute entière. Après s’être dite « déterminée que jamais, plus engagée encore » à servir son pays, elle n’a pas manqué d’évoquer les bonnes relations et l’excellente coopération entre le Bénin et le Mali tout en remerciant les autorités maliennes pour leur accompagnement.

Pour sa part, le président du Haut conseil des Béninois de l’extérieur s’est plié, dans un premier temps à un devoir de mémoire en rendant hommage au président Hubert Koudougou Maga, sous qui la République du Bénin a acquis son indépendance en 1960, avant de porter un message solennel à l’endroit de ses compatriotes. « Béninois, soyons fiers de porter ce nom et que cette fierté soit accompagnée d’un travail acharné de tout un chacun. J’exhorte chaque Béninois que nous sommes à penser à l’évolution de son pays le Bénin qui ne peut se développer sans ses filles et fils » a indiqué Jonathan Attiogbe. Par ailleurs, Pour lui, l’organisation des festivités du 58ème anniversaire de l’indépendance du Bénin sur le territoire du Mali, exprime la volonté commune des autorités politico-administratives de ces deux pays de construire l’intégration africaine pour les générations futures en se fondant sur les leçons du passé.

La soirée, riche en animation, a enregistré les prestations chorégraphiques d’une troupe d’enfants sur les rythmes du terroir béninois ainsi que celle d’un groupe de femmes, parées traditionnellement, qui ont ébloui l’assistance. Un jeu tombola a  également été au rendez-vous, faisant quelques heureux gagnants de plusieurs lots.

Pour rappel, les festivités du 1er aout se célèbrent au Bénin et un peu partout dans la diaspora béninoise chaque année. A Cotonou, elles sont   marquées par un défilé militaire à la place de l’Etoile Rouge. Cette année, la grande nouveauté a été le passage de la Police Républicaine avec son nouvel uniforme, sous le regard admiratif du Président de la République, Patrice Talon.

Casamance : mort de 13 civils

Dans cette région située au sud du Sénégal, 13 civils ont trouvé la mort ce samedi 6 janvier alors qu’ils partaient cherché du bois. La Casamance est tristement connue comme étant une zone de conflit où depuis 1982, l’indépendance de la région est au coeur des tensions.

« Une attaque armée d’une rare barbarie », c’est par ces mots que le président Macky Sall qualifie cette attaque perpétré ce samedi 6 janvier et qui a ôté la vie de 13 personnes.

« Des éléments armés ont attaqué des jeunes qui cherchaient du bois dans la forêt de Bayotte. Treize ont été tués et deux ont pu s’échapper » , a déclaré le colonel Abdou Ndiaye, porte-parole de l’armée sénégalaise. Les victimes auraient pénétré une zone surveillée par les combattants indépendantistes du MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance).

Les faits se sont produits non loin de la frontière avec la Guinée-Bissau à une vingtaine de kilomètre de la capitale régionale, Ziguinchor, une région agricole et touristique enclavée par la Gambie. L’armée sénégalaise a dépêché une compagnie d’environ 150 parachstiste afin d’évacuer les victimes et de trouver les assaillants.

Macky Sall, n’a pas tardé à convoqué le Conseil national de sécurité et a « ordonné que les auteurs de cet acte criminel soient recherchés et traduits en justice ». Le chef d’État a, également, réuni une délégation ministérielle qui se rendra sur place, dimanche, « pour évaluer la situation sécuritaire et présenter en même temps les condoléances de la nation aux familles éprouvées » , indique le communiqué gouvernemental.

Depuis décembre 1982, le conflit pour l’indépendance de la région casamançaise, on dénombre des milliers de victimes civiles et militaires. La région qui regorge d’un fort potentiel touristique voit son économie ravagée par cette rébellion et de nombreux habitants ont été contraints de fuir. Pourtant, une accalmie perdure depuis plusieurs années. Arrivé au pouvoir, en 2012, le président Sall multiplie les tractations de paix. Dans ses vœux adressés à la Nation, le chef de l’État avait invité les rebelles de Casamance à la poursuite des négociations dans le but de parvenir à« une paix définitive »

 

3 questions à Seydou Badian Kouyaté

À 56 ans, le Mali peut-il être réellement considéré comme un pays indépendant  ?

Non, parce que le Malien tend aujourd’hui la main à ceux qui en ont les moyens. Un pays pauvre ne peut pas être indépendant comme on le veut, mais le Mali de 1960 n’est pas le Mali d’aujourd’hui. Nous étions pauvres en 1960, mais nous avions la volonté d’être comme les autres, nous voulions bâtir une économie nationale indépendante et nous en étions sur le chemin. Aujourd’hui, le Mali est un pays en difficulté, un pays menacé dans son intégrité. La situation du nord nous rappelle que le   pays n’est pas totalement indépendant, car d’autres viennent nous aider à garder notre indépendance et à la conserver.

Qu’avons-nous perdu ou gagné depuis le 22 septembre 1960 ?

D’abord, aujourd’hui le Malien ne travaille plus, la morale a changé et tout le monde court derrière   l’argent qui semble remplacer la foi que nous avions dans nous-mêmes. Aujourd’hui, si tu n’as rien, tu n’es rien. Le président Modibo n’a laissé que 300 000 francs d’héritage. L’argent n’était pas la valeur suprême, comme il l’est tristement aujourd’hui. Il n’était pas question pour nous d’être nous-mêmes quand un morceau du Mali n’était pas sous notre contrôle.

Que devrons-nous faire pour acquérir la « vraie » indépendance ?

C’est la question qu’il faut poser à nos dirigeants. Mais pour se faire, il faut apprendre à ne rien demander d’extraordinaire et renoncer à demander à ceux qui donnent sous conditions. Aujourd’hui vous avez eu beaucoup plus de chances que nous. Vous avez des bailleurs qui ont les moyens de vous aider, si toutefois vous osez vous adresser à eux.

Velléités indépendantistes d’hier à aujourd’hui

Au Mali, le demi siècle d’indépendance a été marqué par des remous politiques divers, dont les plus récurrents ont été les revendications indépendantistes dans le nord du pays, d’abord calmées par la force, puis par des solutions politiques.

Comme dans bien d’autres pays, l’histoire politique du Mali est jalonnée de révoltes vis-à-vis de l’État central, que sous-tendent des velléités indépendantistes. Selon l’écrivain et chercheur Ismaïla Samba Traoré, parler de velléités indépendantistes dans le contexte malien fait penser aux récurrentes rebellions dans le nord. Même si, poursuit-il, il y a eu à Ouelessebougou en 1968, la révolte d’une communauté contre les représentants du parti unique, l’Union soudanaise – Rassemblement démocratique africain (US-RDA), qui a été réprimée. Et le village de Sakoïba (près de Ségou), a été rayé de la carte quand les « gens y ont pris les armes contre l’État ».

Contre-vérités Pour Naffet Keïta, professeur de sciences sociales, la recrudescence des rebellions dans le septentrion « apparaît indiscutablement comme l’une des constances majeures de la vie politique malienne depuis le milieu des années 50, dans ce qui était alors le Soudan français ». De fait, la question touarègue s’enracine, en 1957, dans la création de l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS). Les velléités indépendantistes entretenues par la France, et incarnées par Mohamed Mahmoud Ould Cheick, dit le « Cadi », comme l’a rappelé l’universitaire allemand Baz Lecocq à la conférence « Frontières et indépendance en Afrique », ont été mises en échec par le chef de la tribu Touareg des KelAnsar, Mohamed El Mehdi ag Attaher, alors Amenokal de Tombouctou. Ce qui fait dire à beaucoup de cadres Touareg que les travaux de Baz Lecocq sont une contre-analyse à l’idée reçue selon laquelle cette communauté aurait toujours manifesté des velléités indépendantistes.

Recrudescence En 1963, éclatait la première rébellion qui a placé le nord sous tutelle militaire jusqu’en 1990, date à laquelle le conflit reprend. Ce fut également le cas en 2006, puis début 2012, avec la rébellion menée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers le centre du pays avec la création, fin juin, de l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ), et celle, à Bamako, d’une coordination des mouvements peuls dirigée par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ali Nouhoum Diallo, qui met en garde contre le fait que les « groupes armés peuls peuvent très rapidement développer des thèses indépendantistes dans le centre du Mali ».

Mali : Quelle indépendance pour le Mali de 2016? 

22 septembre 1960. Il y a 56 ans, le Mali accédait à la souveraineté internationale, reprenant ainsi la main sur le colonisateur, la France, qui occupait une position prédominante dans le pays depuis près de 80 ans. Les jeunes autorités maliennes se sont retrouvées face à la gestion d’un pays immense, à la pauvreté, à la nécessité de scolariser des centaines de milliers d’enfants, et à la sauvegarde de la paix. Chaque 22 septembre, les Maliens célèbrent l’anniversaire de l’indépendance. Au moment où l’économie malienne, pourvoyeuse de matières premières, est sous la dépendance économique des institutions occidentales et que la sécurité est assurée en grande partie par les forces internationales, que reste-t-il des idéaux de 1960, chers à Modibo Keïta, qui prônait la souveraineté politique et l’autonomie financière ?

« Un pays indépendant c’est un pays qui décide de son sort, qui décide de ses relations avec les autres, que ce soit les grands, les moins grands ou les petits, qui assume son économie, sa défense, sa culture, qui croit en lui-même, qui sait que le destin est décidé par Dieu mais que c’est l’homme qui le façonne. Un pays indépendant est un pays qui à son sort en main », déclare Seydou Badian, militant de la première heure de l’US-RDA, le parti de Modibo Keïta, dont il fut le ministre.

Assis chez lui, ce vénérable Malien, qui scandait avec des milliers d’autres, en 1960 à la fin de la colonisation, « vive l’indépendance » et a qui l’on doit l’hymne national du Mali, ajoute d’un ton las, qu’ « on ne peut être indépendant en tendant la main ». Au sortir de ces années 60, où l’on vibrait avec ferveur pour la libération du pays et du peuple, le réveil fut brutal et les désillusions nombreuses. La réalité de l’indépendance s’est heurtée à l’héritage laissé par le colonisateur, dont le Mali a gardé des traces tout au long de son histoire administrative, politique, éducative et culturelle, jusqu’à aujourd’hui, et qui ont servi de modèle à l’administration et à son mode de gouvernance. L’indépendance chèrement  acquise semble s’être dissoute, au fil des décennies, dans le socialisme de Modibo Keïta pris dans la guerre froide, le libéralisme, la violence de la dictature de Moussa Traoré, la démocratisation, les conflits avec des Touaregs au nord du pays, l’importation des modèles de développement, et la dépendance économique persistante. « Tout s’explique à travers une indépendance politique qui n’a jamais été traduite en indépendance économique depuis plus de 50 ans. Un progrès économique et social insignifiant, des formations académiques inadaptées, des services de santé mal structurés, une dégradation du niveau de vie, un système politique non conforme aux aspirations de la masse, sans oublier l’exploitation des ressources naturelles au profit de l’hexagone. Voilà un peu le bilan qui s’affiche du Mali, plus d’un demi siècle après une soi-disant indépendance », résume Mamadou Koné, conférencier et chercheur à l’Institut des Sciences politiques de l’université de Vienne.

Dépendance politico-économique  Au cours des 23 ans de dictature, le Mali a basculé dans les politiques de développement et d’industrialisation et s’est endetté. Pour faire face à l’endettement, Moussa Traoré puis les gouvernements successifs, ont passé des accords avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), et ont accepté de soumettre le pays aux fameuses politiques d’ajustement structurel (PAS), pour obtenir des crédits censés sortir le pays de la crise économique, conditionnés à des réformes qui imposaient d’énormes contraintes. En a résulté l’effondrement d’un tissu industriel plutôt dynamique, et une ouverture au libéralisme mal préparée.

Trois décennies plus tard, le Mali dépend des apports extérieurs, aussi bien pour les investissements que pour la consommation. « Quand on voit un peu les éléments qui constituent notre économie, on dépend beaucoup des importations, on n’a pas d’industrie pour transformer les produits. Quand je prends l’exploitation minière, 20% des bénéfices nous reviennent et 80% à ceux qui transforment, parce que nous n’avons pas la technologie. Nous dépendons de nos partenaires techniques et financiers, avec l’aide au développement et tout le reste. Le Mali ne maîtrise pas son économie, et est donc dépendant économiquement », explique Soibou Mariko, inspecteur au service économique à la direction générale du budget.

Cette dépendance du Mali à l’égard de l’aide publique au développement, qui représente plus de 45% du budget national et 80% des investissements publics, est devenue telle que le pays semble sous contrôle permanent des bailleurs de fonds (FMI, BM) et autres partenaires bilatéraux. Les acteurs nationaux sont amenés à définir les politiques nationales en fonction des conditions d’accès à ces aides extérieures, et beaucoup de décisions ne peuvent être prises sans leur consentement. « Ceux qui financent, décident. C’est d’autant plus vrai pour les institutions internationales élaborant et finançant des projets au Mali, que notre État reste un exécutant. La dette extérieure est devenue un fardeau, un moyen de chantage permettant de donner des directives à l’exécutif. La fragilité de notre indépendance politique réside dans sa faiblesse et sa dépendance économique à la France, aux institutions internationales et à l’Union européenne. Ce système est intelligemment conçu. Nos partenaires connaissent bien nos points faibles et en profitent sous forme de coopération ou d’aide militaire, pour appuyer une continuité et renforcer la dépendance, et nos responsables affichent une incapacité à nous en sortir », analyse Mamadou Koné.

Indépendance sécuritaire Économiquement dépendant de ses bailleurs internationaux, le Mali doit aujourd’hui composer avec les armées de ces mêmes pays pour assurer la sécurité de son territoire. Trois ans après l’intervention qui a chassé les mouvements djihadistes du nord et du centre du pays, une bonne partie de l’immense territoire échappe encore à l’État. La présence de ces forces et la sous-traitance de notre appareil sécuritaire et militaire est aussi un autre aspect de notre dépendance. « Aujourd’hui, le Mali ne peut pas mener une attaque contre des éventuels ennemis par manque de moyens logistiques », rappelle Ousmane Kornio, spécialiste des conflits communautaires. « Ceux qui sont en charge de notre protection ou de la formation de nos armées sont aussi, pour certains, ceux qui ont plongé le Mali dans la crise, avec la guerre libyenne, et qui n’ont pas assuré le service après-vente, en permettant à ces groupes de se déplacer jusqu’au Mali et de déstabiliser le pays. Je crois qu’aujourd’hui, dans le malheur il faut choisir le moindre mal, l’armée n’étant pas capable, il est bon d’avoir l’EUTM et Eucap Sahel pour les former. Dans le futur, peut-être, aurons-nous une armée reconstituée et bien formée, mais pour le moment on est obligé de dépendre des partenaires extérieurs pour, par la suite, être autonome », ajoute Ousmane Kornio.

Si un État indépendant se définit par un certain nombre de paramètres classiques, comme les langues dans les administrations, l’impact ou la place de sa propre culture au niveau national, la consommation interne de ses propres produits, la maîtrise de son économie, sa capacité d’assurer la sécurité de son peuple en cas de conflits, ces 56 années qui nous séparent de la déclaration d’indépendance, peuvent pousser à penser que le chemin vers le rêve des pères fondateurs sera encore long. Les plus sceptiques voient dans la forte implication des « partenaires » du Mali dans la gestion de ses affaires, une « mise sous tutelle », et ne voient pas comment, dans les conditions actuelles que certains estiment savamment entretenues, le Mali pourra prétendre à une réelle indépendance politique, économique, voire sociale et culturelle.

Marche pour l’Unité : 41 organisations dans la rue jeudi

Emmenées par des leaders comme Ousmane Madani Haidara, Jean Zerbo, archevêque de Bamako et Mahmoud Dicko du Haut conseil Islamique, 41 associations et regroupements de la société civile ont décidé de battre le pavé pour dire non l’indépendance au fédéralisme en marge des négociations inter-maliennes qui se tiennent à  Alger. l’information a été donnée par Chérif Ousmane Madani Haidara lors d’une conférence de presse organisée par la plate forme des organisations de la société civile lundi qui regroupe 41 organisations de la société civile. Il s’agit notamment du Conseil national de la jeunesse du Mali, des leaders religieux,(chrétien, protestant et musulman), de la CAFO, l’Union nationale des jeunes musulmans du Mali, le Conseil de la Société civile, les Kel Tamasheq etc. Selon Madani Ousmane Haidara, cette marche n’a rien de religieux, ni de politique mais il s’agit avant tout de sauver le Mali : « Notre organisation est apolitique. Nous n’avons reçu aucun appui du gouvernement ni des classes politiques pour organiser ces rassemblements. C’’est l’amour du pays qui nous unit à  nos frères chrétiens catholiques, protestants, aux jeunes, aux femmes et à  tous les autres mouvements ». Le représentant de l’archevêque de Bamako Jean Zerbo, l’Abbé Dembélé a confirmé que l’église catholique apporterait son soutien à  l’unité du Mali et s’érigeait contre toute idée d’autonomie et l’indépendance du Mali. Il en est de même pour le Pasteur Goita et l’église protestante. Préserver l’Unité du Mali Dans la déclaration de la plateforme lue par Yagaré Baba Diakité, président du mouvement vert jaune rouge, il est souligné que : « la société civile s’engage à  travailler et attirer l’attention des autorités sur toutes dérives et manquement au principe sacro-saint de la bonne gouvernance régalienne dont les pères fondateurs de la nation malienne sont les concepteurs ». La marche débutera de la place de la liberté jusqu’au monument de l’indépendance. Ce sont les leaders relgieux Ousmane Cherif Madani Haidara, Jean Zerbo l’archevêque de Bamako et Mahmoud Dicko qui dirigeront le mouvement, pour dire non au fédéralisme et l’indépendance d’une partie du Mali.

Sacrée indépendance, qu’on ne s’y trompe pas !

Le rêve de liberté devenait réalité pour tout un peuple, fier de ceux qui allaient prendre son avenir en main. Le rêve de former une fédération avec le Sénégal avait volé en éclats, apportant de la plus belle manière la preuve que ces « poussières d’Etat » du continent africain étaient condamnées à  vivre dans un repli sur soi. Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas un énième plaidoyer pour une Afrique unie, mais un simple constat ! Le Soudan devint le Mali, avec Modibo Keà¯ta comme président. D’abord, il y a eu ce rêve de construction d’une société socialiste qui laissa des traces un rien douloureuses dans les C’œurs et les esprits. Puis, très vite, ce fut la déception, la confiscation des rêves, le coup d’Etat. Le régime Kaki, le pilotage à  vue du pays, les emprisonnements, les tortures, les intimidations. Aujourd’hui, 22 septembre 2014, le Mali célèbre le 54è de son indépendance. Un rendez-vous qu’on honore chaque année dans le pays par des évènements officiels, des conférences, des articles, des émissions télévisées. Mais un constat s’impose. Aujourd’hui, 54 ans après le départ de la puissance coloniale, le bilan est des plus lamentable. Le pays est en lambeaux, compartimenté du fait de la faillite dans sa gestion territoriale. Le pays est malade de ses dirigeants actuels et passés qui, curieusement, ont jeté aux mites, enterré les belles promesses de l’indépendance. Le Mali est en retard sur de nombreux plans. La rébellion a placé le tissu social sous le coup d’une menace permanente. Autant dire que C’’est un constat humiliant. Partout ou presque, la colère et la haine grondent contre les tenants des leviers du pouvoir. Aucun n’est parvenu à  atténuer la souffrance des peuples qui, aujourd’hui, pleurent et déplorent que les choses ne soient pas comme elles devraient être avec l’indépendance. Les peuples en viennent à  penser et à  se dire que ce fut une sacrée indépendance ! Oui, bien sûr, ce n’est pas parce que nous venons de traverser une tragédie nationale qu’il ne faut pas arrêter de se lamenter. l’image d’un pays qui s’est englué dans le désastre ne doit pas faire oublier que cette date du 22 septembre 1960 est importante pour tous les Maliens et Maliennes. Balayer l’indépendance d’un revers de manche reviendrait à  « cracher » sur la joie, l’euphorie qu’a ressenti tout un peuple il y a 54 ans, parce qu’il venait de triompher de la colonisation, parce qu’il venait de renverser le mythe de « la suprématie civilisationnelle ». Ces femmes et ces hommes étaient devenus des femmes et des hommes pareils aux autres : libres. C’’est ce qui est venu après l’indépendance, c’est-à -dire cette série d’échecs, qui a transformé l’Histoire. Il ne faut pas l’oublier, malgré le pessimisme, le drame, les déceptions que nous sommes en train de vivre. Ceux qui sont nés depuis l’avènement de la démocratie malienne n’ont connu que corruption, favoritisme, népotisme et péculat. Ils peuvent, dans leur colère, se demander à  quoi a servi l’indépendance. Ils peuvent dire que C’’est une liberté qui a été gâchée, une liberté dont ils ont été abusés, car ils se sentent vivre dans un Etat « qui n’apporte rien au peuple », qui « opprime et humilie…», o๠« le pouvoir se partage entre les parents ». Ce qui fait dire qu’au Mali « il faut rééduquer le peuple, lui donner une patrie différente de la famille. (*)» Ah sacrée indépendance !

Ag Ghissa: « Les populations nomades ne se sentent plus concernées par le Mali »

Ag Ghissa est membre de la délégation touareg, dont la principale composante est le MNLA, qui négocie depuis le 1er juin, au Burkina Faso, à  Ouagadougou, avec l’émissaire de Bamako, Tiébilé Dramé, sous les auspices du médiateur burkinabé, les conditions d’organisation de l’élection présidentielle malienne du 28 juillet et le statut de la ville de Kidal, contrôlée aujourd’hui par les seuls touareg et dont Bamako exige le retour sous le drapeau malien. Qu’attendez-vous de cette négociation au Burkina Faso, qui signe les premiers contacts officiels entre votre mouvement et le Mali depuis votre conquête militaire du nord du Mali en 2012 ? L’idée est de poser les bases d’un dialogue qui pourrait, nous l’espérons, permettre d’évoquer le principe d’un cessez-le-feu avec Bamako. Mais, la priorité sera de voir dans quelle mesure l’élection présidentielle peut être organisée le 28 juillet, comme cela est voulu par la France et le Mali. Pour qu’une élection se tienne, il faut des votants, des candidats et de la sécurité, or, dans tout le nord du pays, il n’y a aucun de ces trois éléments. Les populations nomades ne se sentent plus concernées par le Mali. Nous n’avons plus de marque de respect à  montrer au Mali au regard de ce qui a été fait contre nous depuis cinquante ans. En imposant ce calendrier électoral, avez-vous le sentiment que la France veut tordre le bras des acteurs de la crise malienne pour se sortir d’un piège d’enlisement, et conserver le bénéfice politique d’une intervention perçue comme réussie ? Cinq mois après son intervention militaire, la France s’est enlisée sur le terrain diplomatique. Elle est arrivée au maximum de ce qu’elle pouvait faire et elle veut vite passer la main à  la communauté internationale. Mais son erreur politique, c’est d’avoir servi de cheval de Troie à  l’armée malienne en lui permettant de remettre les pieds à  Tombouctou, Gao et Ménaka. En agissant ainsi, Paris a remis Bamako en scène. Nous ne sommes pas dupes, Paris ne veut pas voir dans toutes ses ex-colonies de la région surgir des revendications territoriales comme la nôtre. Il n’y a qu’à  penser à  la Casamance. La France se dit : « si on lâche sur l’Azawad, la région va exploser », c’est l’héritage d’un découpage colonial arbitraire. Mais le Mali et la France justifient cette reconquête par l’intégrité territoriale d’un Etat, un droit reconnu et défendu par les textes internationaux. Vous vous mettez hors la loi ? Pourquoi la France tient-elle tant à  l’intégrité territoriale ? Nous ne l’avons pas touchée, nous avons renoncé, en 2012, à  l’indépendance. Le droit international n’agit que pour les Etats et jamais pour les peuples. Nous, Touaregs, sommes nés avant le droit international. Quand les Etats-Unis ont conquis leur indépendance en arrachant leur terre aux Britanniques, il était o๠le droit international ? Et maintenant, Washington est le gendarme du monde. A moins que la France et la communauté internationale ne se liguent contre le MNLA, on ne doit plus lui tordre la main. Nous avons déjà  fait beaucoup. Vous allez négocier avec Bamako, et pendant ce temps, l’armée malienne reprend peu à  peu le contrôle de territoire que vous aviez conquis, par la force, comme Ménaka et Anéfis, récemment. Elle semble désireuse de remonter vers Kidal que vous administrez. Accepterez-vous de lâcher Kidal ? Nous avons dit à  l’ONU, qui est venue nous voir, que nous souhaitions que le Mali ne dépasse pas les limites actuelles. S’ils remontent à  Kidal, l’ensemble de la population fera front. Nous sommes prêts à  discuter, mais pas à  tout lâcher. Si nous acceptons, que nous restera-t-il après pour négocier ? Nous sommes de bonne foi. Vous avez aidé la France dans sa guerre contre les islamistes depuis l’offensive du 11 janvier. Pensez-vous que cela suffise pour faire de vous un acteur politique à  part entière face au processus validé par la communauté internationale de restauration de l’autorité de l’Etat malien ? La vérité officielle, c’est l’Etat du Mali ! Nous fondons, pour notre part, beaucoup d’espoir sur le fait d’avoir abandonné notre revendication d’indépendance. C’est une concession majeure, qui ne peut rester lettre morte. Et il est inutile de cantonner la réponse politique à  des questions de développement et d’argent si les milliards promis doivent, de nouveau, ne bénéficier qu’au sud du pays et nous laisser dans une situation injuste, qui est la source de nos révoltes. Il faut que la réponse soit politique. Nous n’accepterons rien en deçà  d’un fédéralisme bien pesé. Si le Mali revient avec son idée de décentralisation, qui ne nous donne aucun statut particulier, cela ne sert à  rien. Finalement, après avoir combattu les islamistes, la France doit gérer un conflit insoluble depuis cinquante ans entre les Touareg et le pouvoir de Bamako pour pouvoir se désengager. Cela ressemble à  un piège… Les plaies entre le nord et le sud sont très profondes, surtout à  Kidal. Depuis l’indépendance, on a l’impression que l’armée malienne veut surtout faire souffrir cette région. Pour que les casques bleus et l’ONU viennent ici le 1er juillet, il faut la sécurité. Or tant que nos droits ne seront pas protégés dans des conditions acceptables, rien ne pourra se faire, et donc la France sera obligée de continuer à  s’impliquer si elle ne veut pas perdre le bénéfice de son engagement. On entend, à  Paris, qu’à  Kidal, un simple drapeau malien, quelques gendarmes maliens et des bureaux de vote suffiraient pour apaiser les esprits. Est-ce imaginable ? Non, ce serait du bricolage. Si le MNLA est contraint, par la France et le Mali, de céder sur Kidal et sur ses revendications, faut-il craindre que vous alliez rejoindre les rangs des islamistes en guerre contre Paris et Bamako ? Si aucune des demandes du MNLA ne devait être satisfaite, vous verriez le contraire se produire. Les pick-ups de ceux que nous affrontons aujourd’hui, Ansar Dine (devenu MIA), le Mujao et AQMI, se couvriraient de drapeaux de l’Azawad, les couleurs touareg et du MNLA.

50 ans de l’Union africaine : les Maliens entre espoir et scepticisme

Djibrilla : Je trouve que l’Union Africaine existe sur le papier, il n’y a pas une véritable intégration entre les peuples. Sur tous les plans, l’UA a failli, elle est tout simplement impuissante. Koro : Si C’’était une véritable institution, les Chinois n’allaient pas l’aider à  construire son nouveau siège. Cela veut dire que nous ne sommes pas encore indépendants. Après les putschs, elle se contente uniquement de condamner. Gaoussou Traoré, professeur d’histoire et géographie à  l’Université de Bamako : « un bilan globalement négatif » Quand on essaie de faire le bilan de l’UA depuis sa création, on peut sans surprise constater qu’il est globalement négatif. D’autant plus que l’intégration économique (malgré une grande avancée dans certaines régions africaines telles qu’en Afrique de l’ouest) n’est qu’un vain mot. De même qu’elle (l’UA) n’est jamais venue à  bout d’un conflit ou différend qu’elle a eu à  gérer ces dernières années. Les conflits perdurent sur le continent. La preuve, on peut citer : la déstabilisation endémique autour des pays dits « des grands lacs », notamment en République Démocratique du Congo (RDC), la guerre civile en Côte d’Ivoire et la crise postélectorale que ce pays a connue. l’échec de la Somalie, en proie aux différentes et récurrentes invasions claniques et confessionnelles, ou encore tout dernièrement l’invasion des puissances occidentales de la Libye Kadafhiste et ses répercussions sur le Mali, à  la suite de laquelle ce dernier pays a failli disparaà®tre de la carte du monde n’eût été l’Opération Serval). Une incapacité notoire de l’organisation panafricaine qui a finalement conduit la communauté internationale (CI), par le biais de l’ONU, à  s’imprégner davantage et de façon dominante afin (à  défaut de résoudre) de chercher à  stabiliser les différents champs de conflit sur notre continent. C’’est le cas actuellement, entre autres de : la Mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (MINUSCO), la Mission d’intervention des Nations unies au Congo démocratique (MONUSCO), la Mission des Nations unies en Somalie (MONUSOM) ainsi que de la future Mission d’intervention des nations unies au Mali (MINUSMA). Toutefois, si l’OUA/UA n’existait pas, ne fallait-il pas l’inventer ? De toute façon, l’un de ses pères-fondateurs, non moins ancien père-fondateur de la nation guinéenne, le président Ahmed Sékou Touré, nous a toujours enseigné que : « une mauvaise organisation vaut mieux que l’absence totale d’organisation ». Rokia Sidibé promotrice d’une agence de voyage et de tourisme Je pense que l’union africaine est le reflet de la désorganisation des pays qui l’a compose. . Tous les leaders ou dirigeants africains ne travaillent pour eux même et non pour le continent. Ils ne font qu’exécuter les ordres de la banque mondiale et FMI parce qu’ils sont atteints de la cécité intellectuelle. Une organisation qui existe depuis plus de cinquante années n’a pas une armée digne et ne peut pas mettre fin à  des petits problèmes du continent. Il faut toujours secourir l’ONU. Mais mieux exister que jamais car elle constitue un facteur de satisfaction morale. En bref son nom est plus utile que sa réalisation.

La Guinée en quête d’un nouveau souffle

La république de Guinée a soufflé le 2 octobre sa 54e bougie. Pour la première fois, les festivités ont été délocalisées hors de la capitale. C’’est à  Boké, à  300 kilomètres de Conakry, que le chef de l’Etat a ordonné de tenir cette célébration dans un contexte politique très agité. Pour cet anniversaire, les autorités guinéennes ont souhaité poser des actes constructifs afin de calmer les opposants politiques, qui souhaitent notamment changer le président de la CENI et la recomposer de façon plus équilibrée avant d’aller aux élection législatives, attendues depuis deux ans. Un colloque pour apaiser les tensions Le dialogue a donc été relancé à  la veille des festivités pour que les fils du pays puissent renouer avec le dialogue. Pour matérialiser sa quête de l’unité nationale, les proches du président de la République ont organisé un colloque à  l’université Kofi Annan avec pour thème « l’unité et la solidarité en Guinée » et pour sous-thème « l’islam politique et l’extrémisme religieux dans la sous -région ». Le professeur Lanciné Kaba, conférencier, a commencé par rappeler à  l’assistance que tout grand pays a traversé des moments difficiles avant de parvenir à  un niveau exemplaire. Selon lui, la Guinée paye trop cher ses querelles intestines. Regarder derrière soi pour avancer « Il est du devoir des leaders politiques et du président de la République de convenir impérativement d’un cadre de concertation pour sauver le pays et ses populations », soutient-il. Rien de tel qu’un regard dans le rétroviseur pour avancer. Le professeur a ainsi rappelé que les différentes ethnies guinéennes sont liées par l’histoire et la culture. Qu’il est dommage qu’on utilise les ambitions politiques pour dresser des populations les unes contre les autres. Comme le professeur, l’historien Djibril Tamsir Niane a amené l’assistance aux temps de Soundiata Keita, Elhadj Oumar Tall, Babemba… pour démontrer que ces héros n’avaient pas forcément les mêmes convictions mais ont sû se rassembler pour une cause commune quand il le fallait. Au deuxième jour du colloque, les partis politiques de l’opposition ont fini par rejoindre la scène. Jean-Marie Doré s’est dit convaincu que la Guinée deviendra une grande nation si elle est prend conscience de ce qui la freine. Aider le Mali Le cas du Mali a également été abordé via le thème de « l’islam politique et l’extrémisme religieux dans la sous-région ». Pour le ministre de la Coopération internationale, Moustapha Koutouba Sanoh, la Guinée doit s’impliquer dans la quête d’une solution pacifique et s’il le faut militaire pour que le Mali recouvre son intégrité territoriale et soit définitivement débarrassé des extrémistes. Le professeur Lanciné Kaba a retracé l’itinéraire de l’islam de l’Arabie Saoudite à  Tombouctou. Il s’est interrogé sur la pertinence des occupants du Nord-Mali à  vouloir imposer la charia de façon aussi partiale et non justifiée, dans un pays qui a tant d’années d’islam derrière lui. La présence d’ancien Premiers ministres, de ministres et d’intellectuels de renoms a donné aux participants l’espoir de voir enfin se tourner les page sombres de l’histoire de la Guinée.

Le Mali n’est plus ce qu’en ont voulu ses pères fondateurs

Le vendredi 21 septembre était classé journée à  risque au Mali. Comme dans une vingtaine d’autres pays, le ministère français des Affaires étrangères avait décidé d’y fermer consulat, institut culturel et écoles par crainte de manifestations ou de violences à  la suite de la publication par l’hebdomadaire satyrique français Charlie Hebdo de caricatures du prophète de l’islam. Finalement, rien. «On n’en a même pas parlé à  la grande prière», raconte un habitué d’une mosquée de Badalabougou, sur la rive droite du fleuve Niger. «l’ambassade a fermé pour répondre à  la demande de Paris. C’’était loin d’être la panique. On n’a même pas envoyé de SMS aux Français», comme C’’est souvent le cas lors de situations tendues, témoigne un des agents de la représentation diplomatique. Les jours précédents, les religieux du Mali avaient condamné les caricatures et le film anti-musulmans, tout en appelant au calme et en invitant à  ne pas réagir à  la provocation dans le contexte difficile que traverse le Mali. Qu’à  cela ne tienne, C’’est dans la morosité que les Maliens célèbrent le 52e anniversaire de l’indépendance de leur pays, acquise le 22 septembre 1960. Les nouvelles sont plus que jamais mauvaises Le Mali a perdu pour une durée indéterminée ses trois régions du nord, tombées aux mains des djihadistes, et compte des centaines de milliers de réfugiés et de déplacés. Sur une route de la capitale, le slogan de la fête de 2010, «Le cinquantenaire, C’’est pour nous», donne envie de rire… ou de pleurer. Ceci d’autant plus qu’un récent rapport de l’ONG Amnesty International n’augure rien de bon pour le pays. Le rapport revient sur les atrocités commises par les djihadistes dans le Nord-Mali. Le 8 août 2012, sur la place publique d’Ansongo (région de Gao), Alhader Ag Almahmoud, un éleveur de bétail, a été amputé de la main droite avec un couteau de boucher, une chambre à  air de vélo en guise de garrot et sans anesthésie. Il a ensuite été enfermé pendant huit jours avant d’être autorisé à  recevoir la visite d’un «aide-soignant». l’application de la justice divine, selon l’interprétation du Mouvement unicité et djihad en Afrique de l’Ouest qui l’accusait de vol de bêtes. Il a raconté à  Amnesty International qu’«après l’amputation, le propriétaire du bétail volé est venu déclarer que les bêtes avaient été retrouvées». Depuis leur conquête des principales villes des trois régions du nord, début avril, les djihadistes ont amputé sept personnes, en ont fouetté d’autres et ont lapidé à  mort un couple non-marié ayant eu un enfant. Alhader Ag Almahmoud répond d’une voix presque inaudible aux questions des journalistes. Gêné, l’un d’entre-deux lui demande après mille excuses s’il n’a pas été puni en raison de son appartenance supposée au Mouvement national de l’Azawad (MNLA), le mouvement indépendantiste touareg chassé par les islamistes après avoir été son allié de circonstance. «Je n’ai jamais fait partie d’aucun groupe armé», traduit-on pour lui. Dans son nouveau rapport, Amnesty International réitère ses accusations contre le MNLA, qui aurait violé des «femmes et des jeunes filles» lors de son entrée dans les principales villes du nord. Des accusations réfutées par Moussa Ag Assarid, membre de l’aile politique du MNLA, selon qui «Amnesty n’a jamais enquêté sur le terrain». Le pas de deux du MNLA Le MNLA revendique toujours le contrôle de plusieurs villes et affirmant «être le seul à  avoir la volonté et la capacité de lutter contre les terroristes». Nul ne sait pour le moment si ce mouvement se battra un jour contre les djihadistes ou contre les forces pro-gouvernementales, accusées toutes les deux de recruter des enfants soldats. l’ONG dénonce notamment l’enrôlement et la formation militaires «d’enfants» dans plusieurs camps d’entraà®nement de la région de Mopti, avec l’accord et le soutien des autorités». Le gouvernement avait pourtant officiellement déclaré le 30 août: «La défense de l’intégrité du territoire national est une mission régalienne de l’Etat. Par conséquent, aucune autre initiative parallèle de substitution aux forces armées et de sécurité ne saurait être tolérée.» Comme preuve l’ONG publie une photo d’un passage d’un registre du camp militaire du Front de libération du nord (FLN). On y voit les noms, les professions, les photos, les numéros de téléphone et les dates de naissance de plusieurs recrues. La plus jeune a 16 ans. La plupart des recrues sont des noirs, comme les militaires maliens qui ont tué dans la nuit du 8 au 9 septembre, à  Diabali (région de Ségou) seize Maliens et Mauritaniens arabes qui se rendaient à  Bamako pour la réunion annuelle du mouvement Dawa. Selon un témoignage recueilli par Amnesty International les militaires les ont pris pour des islamistes. Ils les ont amenés dans un camp avant de leur tirer dessus quand ils remontaient dans leur véhicule. Sans ce drame les Maliens auraient appris tardivement qu’allait se tenir dans leur capitale, et avec le consentement des autorités, un important rassemblement de prédicateurs, du 14 au 21 septembre. «Les membres de la Dawa vont à  la rencontre des gens pour leur dire comment pratiquer l’islam, en leur disant “ça C’’est bien, ça non”, avec pour objectif de convertir au salafisme», explique Mathieu Guidère, spécialiste de l’islam. La réunion a finalement été annulée. Mais Amnesty International révèle que la Dawa, qui a sa base dans un quartier de la rive sud du fleuve Niger, faisait l’objet d’une surveillance de la part des autorités. Dans un pays musulman à  95%, les autorités maliennes redoutent donc désormais une contagion islamiste au sein même de la capitale.

Fête de l’indépendance réduite au stricte minimum

Le Mali, pour moitié occupé par des islamistes qui contrôlent le Nord, a célébré samedi le 52e anniversaire de son indépendance dans le désarroi, au moment o๠le président par intérim Dioncouda Traoré prône « la négociation » avec les groupes armés, tout en préparant le pays à  « la guerre ». Encadrée par un grand nombre de militaires, gendarmes, policiers et gardes, une cérémonie brève et très simple a commémoré l’indépendance de l’ex-colonie française (1895-1960) à  Bamako. Le président Dioncounda Traoré a déposé des fleurs sur la place de l’Indépendance, en présence d’ambassadeurs étrangers et de tous les membres du gouvernement, à  l’exception du Premier ministre Cheikh Modibo Diarra, en mission à  New York auprès de l’ONU. Le chef d’état-major général adjoint, le Colonel-major Adama Dembélé, représentait la direction de l’armée. Puis une simple prise d’armes symbolique et un petit défilé ont été organisés à  l’intérieur même du camp du génie militaire à  Bamako, en présence du ministre de la Sécurité intérieure, le général Tiéfing Konaté. Le chef de l’ex-junte, le capitaine putschiste Amadou Haya Sanogo, basé dans la ville-garnison de Kati (à  15 km de Bamako), n’était présent à  aucune des cérémonies. Un an déjà … Il y a un an, pour le 51e anniversaire de l’indépendance du Mali, le président Amadou Toumani Touré, au pouvoir depuis dix ans, inaugurait le troisième pont de Bamako, financé par la Chine. Six mois plus tard, le 22 mars, il était renversé par des militaires dirigé par le capitaine Sanogo, l’accusant d' »incompétence » dans la lutte contre la rébellion touareg et les islamistes dans le Nord. Dans la foulée de ce putsch, le Nord du Mali était passé sous le contrôle des islamistes de la branche maghrébine d’Al-Qaà¯da et des groupes Ansar Dine et Mujao. « Ce n’est pas logique de parler d’indépendance quand nos frères et soeurs du Nord vivent sous occupation », commente à  Bamako Bintou Maà¯ga, étudiante en droit originaire de Gao. « Mais j’ai confiance en notre armée, même défaite. Elle doit se ressaisir, dépasser ses querelles pour se mettre état de combattre les forces obscures qui occupent les deux-tiers du pays », assure-t-elle. Vendredi soir, le discours du président malien à  la Nation a été double : d’une part, il a appelé les groupes armés qui occupent le Nord à  entamer « des négociations sincères, dans le respect strict de l’intégrité territoriale et de la laà¯cité de la République »; d’autre part, il a demandé à  la Nation malienne « l’union sacrée » autour de l’armée, en se présentant comme « le président d’un pays en guerre ». Une libération du Nord par « la négociation ou par la force »: le président n’a pas tranché. « Puisque nous la préparons, nous ferons la guerre s’il ne nous reste plus d’autre choix », a-t-il déclaré, comme s’il s’y n’était pas du tout résolu. Perturbations et tergiversations Samedi, un responsable local à  Gao, ville du nord sous contrôle des djihadistes du Mujao et d’Aqmi, a affirmé à  l’AFP sur place: « Nous acceptons la main tendue de M. Traoré à  une seule condition : que le Mali applique la charia, la loi de Dieu ». « Si les gens du sud (du Mali) veulent la négociation avec l’application de la charia, nous sommes d’accord. Mais si c’est la guerre qu’ils veulent, nous sommes aussi d’accord. Dieu est le plus fort », a ajouté Alioune Touré, ancien chef de la police islamique de Gao, aujourd’hui chargé de la sécurité, côté sud de la ville. A Bamako, le colonel Youssouf Traoré, membre du Front anti-putsch (Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la république, F, a rejeté devant la presse l’option de la négociation: « Ce qu’il faut, c’est libérer le pays par la guerre », a-t-il affirmé, demandant à  la Cédéao de « laisser les armes bloquées dans les ports de Dakar et Conakry revenir au Mali ». Il a par ailleurs évoqué « des perturbations déplorables au sommet de l’Etat ». Dans un communiqué, le FDR a ensuite fustigé « les tergiversations des pouvoirs publics, consécutives à  celles de la junte » et a invité les autorités à  satisfaire les demandes de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) « afin que la communauté internationale puisse aider l’armée et le pays à  libérer le Nord ». Lire l’article sur Jeuneafrique.com : Mali : fête de l’indépendance réduite au stricte minimum et placée sous haute surveillance | Jeuneafrique.com – le premier site d’information et d’actualité sur l’Afrique

Qu’avons-nous fait de notre indépendance ?

Cinquante deux ans. C’’est peu à  l’échelle de l’histoire du monde. C’’est en revanche une éternité pour un  peuple qui se bat pour l’amélioration de ses conditions de vie. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont Mali. Plusieurs régimes se sont succédé depuis le 22 septembre 1960, date qui symbolise pour le Mali et les Maliens la libération de la domination coloniale. La commémoration du 52ème anniversaire de l’indépendance du Mali sera des plus sobres. Contexte de crise oblige. Le pays traverse aujourd’hui le drame la plus grave de son histoire. Les Maliennes et les Maliens assistent médusés à  la résurgence de la rébellion dans le Nord Mali, sanctionnée par l’annexion des 2/3 du territoire national. Depuis l’indépendance, pas un président n’a échappé au réveil du Nord, de Modibo Keà¯ta à  Amadou Toumani Touré. Radicale ou négociée, aucune solution miracle n’a été trouvée en 50 ans. Des motifs de satisfaction Tout n’est pourtant pas sombre dans la jeune histoire du Mali. De septembre 1960 à  septembre 2012, plusieurs régimes politiques se sont succédé avec l’ambition de consolider et de développer la souveraineté nationale en passant par des efforts soutenus de formation, d’information, d’éducation et de sensibilisation des populations. Le Mali a connu l’affirmation des libertés individuelles et collectives, du libéralisme économique. Les textes ont favorisé l’organisation d’élections démocratiques, libres et transparentes. Les chantiers ont désenclavé les régions et unifié le Mali. Pour Kokè Diarra de la grande chancellerie des ordres nationaux, les logements sociaux, les augmentations de salaires, l’élargissement de la couverture sanitaire, le développement de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche et la création d’emploi constituent des motifs de satisfaction. «Â Le combat pour la réduction de la pauvreté doit se poursuivre, de même que la consolidation de notre démocratie, acquise au prix du sang », souhaite-t-il. Que de défis ! Après 52 ans de marche vers le développement, des interrogations demeurent. Notamment sur la gestion des affaires publiques, le développement, l’éducation, la sécurité des personnes et des biens, la santé qui, pourtant, sont des domaines prioritaires, indispensable pour tout développement. La corruption, la délinquance financière et la mauvaise gestion des affaires publiques demeurent un fléau. Aujourd’hui, l’indivisibilité du pays, consacré par la constitution du 25 février 1992 est mise à  rude épreuve avec l’occupation du Nord par des irrédentistes et des islamistes. Avec le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012, le pays a entamé un nouveau tournant de son histoire.

22 septembre: discours à la Nation du Président Traoré

Le président malien Dioncounda Traoré a appelé vendredi les groupes armés islamistes qui occupent le Nord du pays à  la négociation, tout en demandant l’union sacrée autour de l’armée pour faire la guerre s’il n’y avait plus d’autre choix, dans un discours à  la Nation. Puisque nous la préparons, nous ferons la guerre s’il ne nous reste plus d’autre choix (…) Mais nous réaffirmons ici que notre premier choix reste le dialogue et la négociation, a dit le président malien, dans un discours solennel diffusé à  la télévision nationale, à  la veille du 52è anniversaire de l’indépendance du pays. Notre deuxième choix reste le dialogue et la négociation. Notre troisième choix demeure le dialogue et la négociation, a-t-il insisté. J’en appelle aux groupes armés qui opèrent dans le Nord de notre pays d’accepter de s’engager résolument dans la voie du dialogue et de la négociation de façon sincère et constructive, a déclaré le président intérimaire, sans donner de noms précis de groupes. Dans la foulée du coup d’Etat militaire du 22 mars qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré, tout le Nord du Mali était passé, en avril, sous le contrôle des islamistes armés de la branche maghrébine d’Al-Qaà¯da et des groupes Ansar Dine et Mujao. Décrivant la tragédie vécue par le Mali dont l’existence même est en jeu, il a déploré que l’expression de l’irrédentisme des Touareg ait fait la jonction avec le terrorisme transfrontalier et international dans le Nord-Mali, sur fond de narcotrafic florissant. l’ancien président de lAssemblée nationale, investi président par intérim en avril, a centré tout son discours sur la nécessaire libération des régions occupées, par la négociation ou par la force. Disant avoir conscience d’être le président d’un pays en guerre, il a appelé la Nation à  la nécessaire union sacrée autour de l’armée, assurant qu’elle avait besoin d’être rééquipée, réarmée moralement, remise en ordre de bataille et surtout réconciliée avec elle-même. Il a par ailleurs souhaité l’organisation prochaine d’un scrutin présidentiel, pour qu’un chef de l’Etat soit élu d’ici à  un an.

Indépendance du MALI : Modibo Kéita ou l’homme des 8 glorieuses du Mali

A son accession à  l’indépendance le 22 septembre 1960, le Mali sous l’impulsion de Modibo Kéita, opte pour le socialisme. La première république est née, marquée par une forte dose de centralisation. A l’instar de ces consœurs négro-africaines, la république du Mali se caractérise par un présidentialisme dominé par le charisme de Modibo Kéita. Le fils de Daba Kéita ne met pas de temps à  imprimer sa marque à  la construction du pays. Il joue la carte du pragmatisme sous-tendu par un patriotisme à  toute épreuve. l’ère des nationalisations Le premier plan quinquennal lancé en octobre 1961, procède de la volonté de décoloniser l’économie, la création d’une monnaie nationale et d’un institut d’émission, la réforme de l’éducation en 1962 pour la décolonisation des esprits, sont entre autres des actes concrets posés par le régime socialiste. Sous la première République, quantité de sociétés et entreprises d’Etat on été créées, dotant du coup le Mali d’un tissu industriel. Il s’agit entre autres de : la Compagnie malienne des textiles(COMATEX), les abattoirs frigorifiques de Bamako et de Gao, les Tanneries du Mali(TAMALI), la Société nationale des tabacs et allumettes du Mali(SONATAM), la Société d’exploitation des produits oléagineux(SEPOM), la Société des conserveries du Mali(SOCOMA), une Société de montage de radio(SOCORAM), la Compagnie malienne de navigation(COMANAV), la Société nationale de recherche et d’exploitation des ressources minières(SONAREM). La Société malienne d’importation et d’exportation(SOMIEX) et l’Office des produits agricole du Mali(OPAM), véritables symboles du monopole d’Etat, étaient chargés respectivement d’importer les produits et de commercialiser les céréales. Il faut signaler qu’à  l’époque, les chaussures et les ceinturons des militaires maliens étaient fabriqués sur place par TAMALI. Autant d’actes concrets posés dans un laps de temps qui illustrent éloquemment la volonté du président d’impulser une dynamique nouvelle de développement viable et autocentré à  la république naissante. Le président Modibo Kéita n’aura pas malheureusement pas le temps de poursuivre ses efforts de construction du pays. Il sera arrêté dans son élan par un coup d’Etat militaire, le premier du pays. En effet l’orientation socialiste du président, son retrait de la zone Franc et sa collaboration avec les pays de l’Est ont été ont été considérés comme un crime de lèse-majesté, voire un casus belli pour la France. Donc après huit ans de règne, le régime socialiste est balayé, le 19 novembre 1968, par un groupe d’officiers. Regroupés au sein du Comité malien de libération nationale(CMLN), ces jeunes officiers sont dirigés par le lieutenant Moussa Traoré. Ainsi se fermait une belle page de l’histoire du Mali indépendant.

Indépendance : souvenons-nous du discours de Modibo Keita

Le millésime 1960 est une année phare dans l’histoire du Mali contemporain. Le 22 septembre ne l’est pas moins. C’’est en effet le jeudi 22 septembre 1960 que le Mali accède à  la souveraineté nationale et internationale. Ce jour là , le charismatique président Modibo Kéita lit une déclaration solennelle dans la salle de conférence – l’ancien dortoir – du lycée technique de Bamako, à  la faveur du congrès extraordinaire de l’Union soudanaise-RDA (Rassemblement démocratique africain), couplé à  une session plénière de l’Assemblée nationale. Les Maliens font taire leurs divergences Ce discours intervient presqu’un mois après la dislocation de l’éphémère Fédération du Mali, qui regroupait à  l’époque le Mali et le Sénégal. Pour le pays de Soundiata Kéita, rejoindre le club des pays africains indépendants est une question d’orgueil. Pour la circonstance, les Maliens, toutes sensibilités confondues, ont accepté de taire leurs divergences de vue pour parler d’une seule voix. La cérémonie est marquée par la ferveur et l’enthousiasme. Un Modibo Kéita requinqué par une foule en liesse franchit la porte du lycée technique. Panafricain dans l’âme, l’homme fait honneur à  son rang de tribun hors pair en prononçant un discours des plus mémorables. Les instigateurs de l’éclatement de la Fédération en prennent pour leur grade : Avant de marteler une conviction profonde : « l’idée de la Fédération, demeure une semence virile de l’unité africaine. » l’ex-pensionnaire de la célèbre école William Ponty de Dakar appelle le peuple malien à  l’union des C’œurs et des esprits, et au sacrifice. « Toutes les Maliennes, tous les Maliens doivent accepter tous les sacrifices pour que notre pays puisse sortir grandi, rayonnant de l’épreuve qu’il traverse. » Le père de l’indépendance prêche cette même unité aux Africains. Une condition sine qua non, selon lui, à  l’affirmation « d’une grande nation africaine qui marquera de son sceau la politique internationale, pour que la paix, espoir des peuples en en voie développement, s’établisse entre tous les pays du monde ». Moussa CAMARA(Source Archives Mali)

Triste 22 septembre à Paris pour les artistes maliens

Chanter. En attendant une libération des régions du Nord qui se fait de plus en plus attendre, C’’est l’arme que les artistes maliens préfèrent utiliser. Le 22 septembre, jour anniversaire de l’indépendance du Mali, ils seront une vingtaine à  prendre part à  un débat-concert organisé à  la Maison de la Jeunesse de Saint-Denis par l’association française « Mélodies du monde ». Amadou

L’Azawad est né

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), principal organisation des rebelles touaregs, a déclaré ce vendredi l’indépendance du Nord-Mali. NOUS, PEUPLE DE l’AZAWAD, Par la voix du Mouvement National de Libération de l’Azawad après concertation avec : Le Comité Exécutif, Le Conseil Révolutionnaire, Le Conseil Consultatif, l’Etat-Major de l’Armée de Libération, Les bureaux régionaux Rappelant les principes du droit international et les principaux instruments juridiques internationaux régissant le droit des Peuples à  disposer d’eux-mêmes, notamment, la charte des Nations Unies en ses articles 1 et 55, les dispositions pertinentes de la déclaration internationale des droits des peuples autochtones ; Considérant, la volonté explicitement exprimée dans la lettre datée du 30 mai 1958 adressée au président français par les notables, guides spirituels de toutes les composantes de l’AZAWAD ; Considérant qu’en 1960, à  l’occasion de l’octroi de l’Indépendance aux peuples Ouest-Africains, la France a rattaché sans son consentement l’AZAWAD à  l’Etat malien qu’elle vient de créer ; Rappelant les massacres, les exactions et humiliations, spoliations et génocides de 1963, 1990, 2006, 2010 et 2012, qui ont visé exclusivement le peuple de l’AZAWAD jusqu’au 1er avril 2012 ; Rappelant, le comportement inhumain du Mali qui a utilisé les différentes sécheresses (1967, 1973, 1984, 2010….) pour faire disparaitre notre peuple par anéantissement alors même qu’il a sollicité et obtenu une aide humanitaire généreuse ; Considérant l’accumulation de plus de 50 ans de mal gouvernance, de corruption et de collusion militaro politico financière, mettant en danger l’existence du peuple de l’AZAWAD et en péril la stabilité sous-régionale et la paix internationale ; Considérant, la libération complète du territoire de l’AZAWAD ; Proclamons irrévocablement, l’ETAT INDEPENDANT de l’AZAWAD à  compter de ce jour Vendredi 06 Avril 2012. DECLARONS : La reconnaissance des frontières en vigueur avec les états limitrophes et leur inviolabilité ; l’adhésion totale à  la charte des Nations Unies ; l’engagement ferme du MNLA à  créer les conditions de paix durable, à  initier les fondements institutionnels de l’Etat basés sur une Constitution démocratique de l’Azawad indépendant. Le Comité Exécutif du MNLA invite l’ensemble de la Communauté Internationale dans un élan de justice et de paix à  reconnaitre sans délais l’Etat de l’AZAWAD Indépendant. Le Comité Exécutif du MNLA jusqu’à  la mise en place de l’Autorité du Territoire de l’AZAWAD continuera à  assurer la gestion de l’ensemble du territoire. GAO – 06/04/2012 SECRETAIRE GENERAL-MNLA BILLAL AG ACHERIF

9 juillet 2011 : Le Sud Soudan est né !

La création de ce nouvel à‰tat est au sens propre un enjeu pour l’Afrique noire actuelle, qui semble préférer les guerres civiles à  la bonne gouvernance économique et à  la recherche de la démocratie politique. Le Sud Soudan, République o๠tout est à  construire, suivra-t-il la voie des déséquilibres politiques et de développement que semblent suivre ceux de nos à‰tats qui sont indépendants depuis les années 60 ? La création de la République du Sud Soudan dont la capitale est Juba est le résultat d’une sécession avec le Nord à  majorité arabo-animiste et musulman et le Sudanimiste, chrétien et catholique. On parle de racisme étatique venant des pays occidentaux, force est de constater que les Sud-Soudanais ont souffert de l’arrogance et de la maltraitance du pouvoir nordiste qui n’a jamais considéré les Soudanais du Sud comme des citoyens à  part entière mais plutôt comme des Soudanais entièrement à  part. En devenant le 54ème à‰tat de l’Union africaine, la République du Sud Soudan va obliger l’Union africaine à  réfléchir sur les frontières héritées de la colonisation. Si elle ne le fait pas, on peut s’attendre à  d’autres tentatives de sécession.l’Afrique noire indépendante est-elle capable au-delà  des discours politiques généreux de contribuer à  l’organisation politique, économique et sociale de ce nouvel à‰tat ? La communauté internationale en se portant garante du Traité de Paix de Nairobi de 2005 et de la bonne tenue du référendum d’autodétermination de janvier a apporté son écot à  l’émergence de cette nouvelle République. D’ailleurs, l’ONU va accompagner la République du Sud-Soudan en envoyant 7.000 casques bleus pour aider à  la construction du pays, un pays o๠tout reste à  construire après 22 ans de guerre civile. La construction concerne l’ensemble du pays, il faut tout bâtir et néanmoins établir des priorités en endiguant le taux de mortalité maternelle et infantile le plus élevé au monde, en faisant reculer l’analphabétisme et donc en tournant le dos à  cette espèce de maladie dont nous les Africains sommes souvent les victimes : l’argent du pétrole obtenu pendant la guerre civile a permis aux responsables du SPLM, mouvement pour la libération du peuple soudanais, de construire des villas au Kenya pour les dirigeants de ce mouvement fondé par feu John Garang. Nous sommes au C’œur de la maladie typiquement africaine qui permet aux élites de profiter des attributs monétaires et financiers du pays au lieu de construire des écoles et des hôpitaux pour les populations. Autre menace qui pointe à  l’horizon : l’utilisation intelligente et multiethnique (Dinka, Nuer, Azande, Bari, Shiluk-Anwak) dans le nouvel appareil politique en évitant que la tribu Dinka dominante au sein du Parti ne s’attribue tous les postes et ouvre ainsi la voie aux règlements de compte ethniques pour le contrôle du pouvoir mais aussi de la terre. Le général Omar El Béchir, président du Soudan du Nord, dont les ressources pétrolières ont été largement amputées risque de ne pas rester les bras croisés en essayant de manipuler certains Sud-Soudanais de la nouvelle République pour créer des troubles. Que peut faire Salva Kir chef d’Etat, militaire de formation qui dans les années 1960 a rejoint les mouvements sudistes avant de se rapprocher de John Garang ? Fin stratège sur le plan militaire, Salva Kir est présenté comme un faible politique. Il existe une rivalité historique entre les Dinkas et les Nuers dirigés par Riek Machar aujourd’hui vice-président. Il y a un contentieux entre les deux dirigeants comme C’’est souvent le cas en Afrique. Et comme souvent C’’est le cas dans nos pays, il risque d’y avoir du tangage car un même marigot ne peut contenir deux caà¯mans mâles. l’Union africaine et l’Afrique sauront-ils profiter de l’expérience des guerres civiles et des tentatives de réconciliations des frères ennemis au pouvoir pour éviter ces contraintes fâcheuses à  la République du Sud-Soudan. Il faut craindre la multiplication des conflits internes au Sud-Soudan. Quels sont par anticipation les moyens que l’Union Africaine s’apprête à  organiser pour éviter un chaos prévisible ? Je ne suis pas pessimiste et je ne suis pas un va-t-en guerre mais l’expérience politique des indépendances africaines montre que l’indépendance obtenue par un à‰tat n’est évidemment pas une prime pour la stabilité politique de celui-ci. La guerre civile Nord/Sud au Soudan a débuté en 1955 et elle s’est poursuivie jusqu’en 1972. En 1972, C’’est la signature des accords d’Addis-Abeba qui met fin à  la guerre Nord/Sud. La reprise de celle-ci en 1983 se traduit en 2005 par la mort de John Garang dans un crash d’hélicoptère (certains parlent d’un assassinat politique, pour d’autres C’’est un accident). Le 9 janvier 2005 les rebelles sudistes signent avec Khartoum un accord de paix qui prévoit la disparition de la Charia dans le Sud et 6 années d’autonomie avant un référendum sur l’indépendance. Janvier 2011 : le Sud-Soudan vote la sécession à  98,83%. Si le défi politique a été surmonté, qu’en sera-t-il des défis ethnico-sociologiques, économiques (83% du pétrole soudanais se trouve au Sud alors que la seule raffinerie, le port d’importation ainsi que l’oléoduc qui conduit ce pétrole sont au Nord) ? Des négociations vont donc apparaitre sur le plan économique entre le Sud et le Nord, négociations qui existent déjà  par l’intermédiaire de l’ancien Président Sud-Africain Thabo Mbeki avec des facilitateurs norvégiens ainsi que la Chine qui est le plus grand exploitant et acteur du pétrole soudanais. l’Afrique indépendante doit intelligemment et rapidement aider le Sud-Soudan à  devenir une République moins malade que l’ensemble des pays du continent. l’Afrique noire sera-t-elle capable de relever ce défi démocratique ou bien, comme d’habitude, se contentera-t-elle de se désoler, de regretter, de tenir des discours généreux et à  la fin de demander l’aide du grand frère occidental ?

Il s’appellera…Sud-Soudan!

Dans une déclaration à  la presse à  Juba, la capitale du Sud-Soudan, le secrétaire général du mouvement Pagan Amum a affirmé que la direction du SPLM a « pris la décision d’appeler notre nouveau pays: Sud-Soudan ». Il a expliqué que ce nom a été choisi « car les gens qui ont exercé leur droit à  l’autodétermination étaient du Sud-Soudan », ajoutant que son parti demande « au gouvernement du Sud-Soudan, au parlement et aux instances dirigeantes du SPLM de voter » pour ce nom. Sud-Soudan comme… Soudan du Sud? Le dernier né des pays africains, né de la partition avec le Soudan, une fois qu’il aura été reconnu par la communauté internationale en juillet, se nommera donc Sud-Soudan. La décision doit encore être votée par le Parlement sudiste mais cela ne devrait être qu’une formalité vu la majorité écrasante du SPLM dans cette assemblée. Lors d’un référendum tenu du 9 au 15 janvier, les Sud-Soudanais ont voté à  près de 99% en faveur de l’indépendance, divisant ainsi le plus vaste pays d’Afrique. Cette consultation était un élément clé de l’accord de paix qui avait mis fin en 2005 à  plus de deux décennies de guerre civile meurtrière entre le Nord, principalement musulman et arabe, et le Sud, majoritairement chrétien et noir. Selon les termes de l’accord, la séparation effective est attendue le 9 juillet. Les spéculations allaient bon train sur le nom que portera le nouveau pays. La République du Nil, le Cush, ou le Nouveau Soudan figuraient également sur la liste des noms éventuels. Est-ce par manque d’imagination? Les leaders du tout jeune pays ont décidé de garder le nom par lequel ils ont toujours été appelés depuis le début de la guerre civile, il y a plus de 25 ans. Peut-être est ce par peur de voir l ecordon se couper trop brutalment. Il est vrai que les rapports à  venir entre les deux pays risquent d’êtres complexes. Tant au point de vue socio-politique qu’économique, le Sud-Soudan ne disposant pas de débouchée sur la mer, devra forcément composer avec le Soudan dont il dispose de la majeure partie des ressources minières. Des premières heures difficiles Hasard ou pas, le Sud-Soudan, à  peine né, fait déja face à  de nombreux .Plus de 200 personnes ont trouvé la mort, selon des responsables sudistes, dans des affrontements entre l’armée sudiste et des rebelles la semaine dernière dans la région de Jonglei. Ce bilan est deux fois plus important que celui avancé vendredi (105 morts) par la branche militaire du Mouvement populaire pour la libération du Soudan (SPLM), les ex-rebelles aujourd’hui à  la tête de l’armée de la région semi-autonome du Sud-Soudan. « Nous avons compté 201 morts. J’ai participé à  l’enterrement de certains », a déclaré à  l’AFP Stephen Kuol, ministre de l’Education pour l’Etat de Jonglei, au retour d’une mission dans le comté de Fangak, o๠les heurts ont eu lieu. « Nous avons perdu 197 des nôtres dans le comté de Fangak lors d’attaques haineuses menées par les forces de George Athor contre une population civile sans défense », avait déclaré avant lui Pagan Amum, secrétaire général du SPLM. « Ca a été un massacre », a-t-il affirmé. Des affrontements distincts ont eu lieu vendredi dans une autre province du Sud-Soudan, l’Equateur occidental, entre des tribus d’éleveurs rivales, Dinka et Jur, a indiqué le gouverneur adjoint de la province. Le porte-parole de l’armée sudiste a confirmé une hausse du bilan, précisant qu’il y avait beaucoup plus de victimes civiles qu’initialement estimé et qu’il n’y avait pas eu de nouveaux heurts depuis la fin des combats le 10 février. M. Athor n’a pas répondu à  ces accusation mais a, en revanche accusé sur une radio soudanaise indépendante la SPLA d’avoir lancé les hostilités.

Sud-Soudan : Faire-part de naissance d’un nouvel Etat africain

25 ans de guerre civile En 1989, en pleine guerre civile, le général Omar El Béchir réussit son coup d’état et se proclame président à  vie, premier ministre à  vie, et ministre des armées et de la police à  vie. Il prétend ainsi ramener la paix civile. Il promulgue un nouveau code pénal calqué sur la loi islamique, la charia, applicable à  tout le pays : amputations, lapidations et décapitations au menu. Dans le silence assourdissant de la communauté internationale et des organisations de protection des droits de l’homme. Pourtant même l’associé d’Al Béchir, Hassan Al Tourabi ancien leader historique des Frères Musulmans, horrifié par ces excès, prendra ses distances au point d’être accusé d’apostasie et de se retrouver en prison ! Bien que, théoriquement, les provinces du Sud échappent à  ce traitement de choc, mais pas pour bien longtemps… S’ensuivit une reprise de la guerre civile, qui fera selon les estimations les moins alarmistes plus de 2 millions de morts et 4 millions de personnes déplacées. En 2003, alors que des pourparlers de paix sont en cours entre le Nord et le Sud, le gouvernement les rompt brusquement, attaquant par surprise ses adversaires. Mais les Sudistes plus motivés, connaissant mieux le terrain et bénéficiant de l’appui des populations, infligent de lourdes pertes aux soldats nordistes. Début 2004, l’armée régulière cède la place aux milices djanjawid qui assassinent environ 50.000 personnes, essentiellement des civils désarmés. Parallèlement en 2005, sous la pression d’états de la région jouant les bons offices, un armistice est signé. Il accorde au Sud une autonomie de 6 ans, à  l’issue desquels, un referendum d’autodétermination devra être organisé. Une première en Afrique oà¹, jusqu’à  présent, l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation était une sorte de dogme (l’à‰rythrée, dissociée de l’Ethiopie en 1993 après une longue guerre d’indépendance, avait déjà  existé dans le passé puis avait resurgi en tant que protectorat italien autonome). Un scrutin sans appel Pendant une semaine donc, les sud-soudanais se sont rendus massivement aux urnes. Certains ont fait des heures durant la queue devant les bureaux de vote pour voir concrétisé leur rêve. Un nouveau pays pour un peuple meurtri. La constitution soudanaise exige au moins 60% de votants pour un tel scrutin. Ce chiffre était atteint dès le quatrième jour. Hier, les premiers résultats provisoires publiés font état d’une participation de près de 99%. Du jamais vu sur le continent ! Les observateurs parlent d’une consultation plutôt loyale, sans débordement et avec une haute conscience populaire des enjeux du scrutin. La preuve que quand on lui donne l’occasion de s’exprimer, l’homme Africain ne demande qu’à  rentrer dans l’histoire ! Depuis une semaine, la population sudiste fait la fête, danse et chante dans les rues et sur les places des villes et des villages, tout le monde s’embrasse et se congratule, les combattants sont portés en triomphe, comme il sied lors de toute libération. D’autant qu’ils l’attendaient depuis 50 ans. Mais pas de triomphalisme intempestif. Les résultats officiels ne seront proclamés que début février, au plus tard le 15 ; et d’ici là , il peut se passer bien des « incidents diplomatiques ». Comme, par exemple, l’étrange crash aérien du chef sudiste John Garang en juillet 2005, là  encore en pleines négociations de paix. Ou le président Béchir qui regretterait les engagements pris de respecter les résultats du scrutin qui priverait son pays de de 30% de sa superficie mais surtout des 3/4 de ses richesses pétrolières et minières. l’espoir de bâtir une Nation La première grosse interrogation des sud-soudanais est le nom à  donner à  leur nouveau pays. Elle révèle la difficulté à  trouver une identité nationale et des valeurs communes pour une soixantaine de tribus parlant autant de langues, et que seul le combat pour la liberté contre les islamistes, réunissait. Même s’ils ont déjà  un drapeau et un hymne national, force est de constater que lors des trêves, on a déploré quelques affrontements tribaux. L’unité nationale est donc à  construire. En tout cas, il reste 6 mois jusqu’au 9 juillet 2011 à  ces Africains déterminés et courageux, pour proclamer leur indépendance (dans le meilleur des cas avec l’accord de Khartoum, mais ils pourraient s’en passer…) et devenir ainsi le 193ème Etat reconnu par l’ONU.

Indépendance : les 50 ans du Mali célébrés avec Faste

Une cérémonie pas comme les autres car il s’agit de l’anniversaire du 50 ans du Mali. Raison pour laquelle 8 chefs d’Etats, de gouvernement et plusieurs délégations africains ont pris part au defilé militaire auprès du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré. Près d’une dizaine des chefs d’Etats présents à  la fête Ils sont entre entre autres le guide de la Révolution libyenne, le colonel Mouammar El-Kadhafi, les présidents Mohamed Ould Abdel Aziz de Mauritanie, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Denis Sassou N’Guesso du Congo, Thomas Yayi Boni du Bénin et Faure Essozimna Gnassingbé du Togo, le général Sekouba Konaté de la Guinée Conakry, Idriss Debi Itno du Tchad, le prince Aga Khan. Et s’y ajoutent Cavaye Yeguie Djibril (président de l’Assemblée nationale du Cameroun), Soro Guillaume (Premier ministre de Côte d’Ivoire), Faustin Archange Touadera (Premier ministre de la Centrafrique), Abdousalami Aboubacar (ancien président de la République du Nigéria). La République Populaire de Chine, pays avec qui le Mali entretient une coopération fructueuse depuis son indépendance, était présente à  travers M. Li Shenglin, ministre des Communications et des Transports de Chine. l’UEMOA était représentée par le président de la commission, Soumaà¯la Cissé, la BOAD par Jean Marcel Aboumon, chef de la mission résidente et la BOAD par son vice président, Bassary Touré. Ils étaient tous présents à  la tribune du défilé militaire . Les grands absents Le grand absent est le président Abdoulaye Wade du Sénégal qui a été représenté par son fils et ministre d’Etat chargé de la Coopération internationale, Karim Wade. Une source nous confirme que cette absence serait lié à  l’ état de santé du vieux lion de la Téranga. Autre absence est celle du président Algérien Abdelaziz Bouteflika. Toute chose qui ne passera pas non plus inaperçue à  cause de la tension entre les deux pays liée aux divergences sur la gestion du terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. L’Algérie a été représentée par Abdelkader Bensalah, président du conseil de la nation, le Niger par son ministre de la défense. Quant à  la France, l’ancienne puissance coloniale, elle devait être représentée par Brice Hortefeux, ministre français de l’Intérieur. Le public fasciné par les démonstrations des aéronefs l’assistance a pu suivre une série de défilés de troupes à  pieds, d’engins motorisés, le passage des aéronefs, des Marchetitis et MIG et des parachutes sportifs maliens et libyens. C’’était devant une dizaine de Chefs d’Etats africains, de plusieurs chefs et membres de gouvernements d’Afrique et de l’occident et sans oublier le public venu de partout pour assister cette fête historique du Mali. l’un des temps forts de cette cérémonie était le passage des aéronefs par la démonstration permettant de dessiner le drapeau Mali dans le ciel (vert, jaune rouge), et les MIGS qui descendaient à  basse altitude des bruits assourdissants. C’’est vers 14 heures que le defilé a pris fin avec les parachutistes. Il est prévu Jeudi le défilé civil compte tenu du programme chargé de la journée du mercredi. Il est à  signaler que Moussa Traoré et Alpha Oumar Konaré n’ont pas pris part à  cette fête du cinquantenaire. Ont t-il refusé de prendre part à  la tribune du defilé militaire ?

D’un 22 septembre à l’autre, les grandes dates de l’Histoire du Mali indépendant

De 1959 à  nos jours, l’histoire du Mali a été jalonnée par les grandes dates de son indépendance, depuis la création de la fédération du Mali à  la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, nosu vous proposons quelques grandes, sélectionnées par la rédaction. 17 janvier 1959 : Création de la Fédération du Mali, regroupant la République soudanaise et le Sénégal 20 juin 1960 : La Fédération du Mali devient un état indépendant dont la capitale est Dakar 20 août 1960 : Le Sénégal se retire 22 septembre 1960 : Proclamation à  Bamako de l’indépendance de la République soudanaise sous le nom de Mali. Modibo Keà¯ta est nommé président de la République. Adoption d’une Constitution septembre 1960 : Le Congrès extraordinaire du parti au pouvoir, l’Union soudanaise-RDA (Rassemblement démocratique africain) opte pour un état socialiste 13 mai 1964 : Réélection de Modibo Keà¯ta 22 août 1967 : Dissolution du bureau du parti US-RDA. Le Comité national de défense de la révolution (CN assume les pleins pouvoirs 19 novembre 1968 : Coup d’Etat militaire. Modibo Keà¯ta est renversé par le lieutenant Moussa Traoré 19 septembre 1969 : Moussa Traoré remplace Yoro Diakité à  la présidence. 2 juin 1974 : Référendum pour l’adoption d’une nouvelle Constitution 16 mai 1977 : Mort en détention de Modibo Keà¯ta 19 juin 1977 Elections présidentielles et législatives. Moussa Traoré est élu président de la République, Mady Sangaré est président de l’Assemblée nationale 9 juin 1985 : Elections présidentielle et législatives. Moussa Traoré est réélu président 18 octobre 1990 : Constitution d’un Comité national d’initiative démocratique (CNID) qui réclame l’instauration du multipartisme 26 mars 1991 : Coup d’Etat militaire. Les forces armées se constituent en Conseil de réconciliation nationale (CRN), sous la conduite du lieutenant-colonel Amadou Toumany Touré 30 mars 1991 : Création du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP) après accord entre le CRN et les associations et organisations luttant pour la démocratie. 31 mars 1991 : Dissolution du CRN. Amadou Toumany Touré est nommé président du CTSP 6 avril 1991 : Instauration du multipartisme 12 janvier 1992 : Adoption par référendum du projet constitutionnel instaurant le pluralisme politique et un système présidentiel. 12/26 avril 1992 : Elections présidentielles. Alpha Oumar Konaré (de l’ADEMA) est élu 17 mai 1997 : Elections présidentielles. Alpha Oumar Konaré est réélu 31 décembre 2002 : Le président Alpha Oumar Konaré annonce la tenue des élections présidentielles avant les législatives en avril 2002. 8 juin 2002 : ATT est élu président du Mali 8 juin 2007 : ATT est réelu président du Mali pour un second mandat Sources : http://www.etat.sciencespobordeaux.fr/chronologie/mali.html

Témoin du Cinquantenaire : Fily Dabo Sissoko, de l’anti-socialisme à la poésie

Né en 1900 à  Bafoulabé, dans la région de Kayes, Fily Dabo Sissoko, est l’une des grandes figures qui ont marqué l’histoire du Mali. D’ethnie, Kassonkhé, il fait ses études primaires à  Bafoulabé, puis s’inscrit à  l’à‰cole normale William Ponty de Gorée (Sénégal). Il enseigne à  l’école régionale de Bafoulabé avant de devenir en 1933 chef de canton de Niambia, succédant à  son père. Il participe aux activités liées au Front populaire et à  la Résistance. Nommé chef de canton de Niambia dans le cercle de Bafoulabé en 1933, il participera aux organisations nées de l’activité du Front populaire et de la Résistance au Soudan français. C’’est en 1945, qu’il débuta la politique, avec son élection à  l’Assemblée constituante en 1946, 1951 et 1956 à  travers le parti progressiste soudanais (PSP) qui a été absorbé par l’US-RDA en 1959. Ainsi, il fut élu à  l’Assemblée nationale française en 1946, 1951 et 1956. Il devient sous-secrétaire d’à‰tat à  l’Industrie et au Commerce du gouvernement Robert Schuman (2) (du 5 au 11 novembre 1948). Prisonnier de l’indépendance Plus tard, Fily Dabo Sissoko est à  la tête du Parti progressiste soudanais (PSP), parti politique conservateur, ayant le soutien des chefs traditionnels et des colonisateurs. En 1957, lors des élections cantonales, le PSP est battu pour l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US/RDA) de Modibo Keita. Alors que les partis fusionnent en 1959, Fily Dabo Sissoko s’oppose à  l’option socialiste prônée par Modibo Keà¯ta. C’’est ainsi que celui-ci, devenu président du Mali indépendant, le fait prisonnier en 1962 parce qu’il s’oppose à  la création du Franc malien. Condamné donc à  mort pour tentative de déstabilisation de l’à‰tat, sa peine est commuée en prison à  perpétuité. Il purge sa peine dans un bagne près de Kidal o๠il meurt dans des conditions mystérieuses en 1964. Homme de lettres Parallèlement à  sa carrière politique, Fily Dabo était écrivain. Il publia de nombreux poèmes, des nouvelles et des essais, s’attachant à  la défense de l’identité culturelle malienne. Il participe à  la réhabilitation de la tradition orale. La Politesse et la civilité des Noirs (essai publié dans le Bulletin de la recherche du Soudan) 1950 : Les Noirs et la culture : Introduction aux problèmes de l’évolution des peuples noirs (essai publié à  New York) 1953 : Crayons et portraits (poésie, Mulhouse, Imprimerie Union) 1953 : Harmakhis, poèmes du terroir africain, en 1955 : Sagesse noire, sentences et poèmes malinkés (Paris, à‰ditions de la Tour du Guet) 1955 : La passion de Djimé (roman Paris, à‰ditions de la Tour du Guet) 1957 : Coup de sagaie, controverse sur l’Union française (essai, à‰ditions La Tour du Guet, Paris,) 1959 : Une page est tournée (essai, Dakar, Diop) 1962 : La savane rouge (Avignon, Presses universelles) 1963 : Poèmes de l’Afrique noire, en 1970 : Les Jeux de destin 1970… Notons qu’aujourd’hui, plusieurs structures éducatives (lycées, Centre de formations professionnels…) portent le nom de cet illustre homme.

L’édito : 22 septembre 2010, que la fête commence !

Un concert géant a réuni les citoyens maliens sur le boulevard de l’indépendance de Bamako ce samedi, orchestré par l’indémodable Salif Keita et une pléiade d’artistes malgré une pluie diluvienne ! La foule s’est voulue festive, alors qu’au Nord, 7 autres ressortissants étrangers ont été enlevés par une mouvance non revendiquée. Le soupçon pèse bien sur sur Aqmi et les terroristes armés qui peuplent le désert. Mais pour l’heure, si le désert est beaucoup trop loin pour s’en inquiéter, il faut fêter le cinquantenaire ! La ville est propre, belle, et scintille de ses petites lumières vertes, jaunes, rouges, aux couleurs du drapeau et bleues la nuit pour illuminer la fête ! Il parait que ces petites lampes sont fournies à  l’énergie solaire, C’’est aussi ça le cinquantenaire ! Un brin écolo, pour rassurer les esprits, en dépit des polémiques liées à  la construction du futur monument du cinquantenaire dans le lit du fleuve Niger. Et cette semaine aura été marquée par le décès brutal de la chanteuse Ché Ché Dramé, une étoile montante de 25 ans fauchée en pleine gloire, par la route! Ché Ché chantait dans son premier album «Â  Aidez moi », séduisant une multitude de fans de la musique malienne. Aujourd’hui, ce sont les anges du ciel qui l’accompagnent vers sa destinée céleste. En outre, au même moment CNN, les grands médias, s’inquiètent du sort de ces citoyens enlevés. Un coup de fil de la chaà®ne américaine au journal, nous alerte ! A quand la réaction des autorités maliennes ? ATT a réitéré son discours, face aux 3 journalistes de TV5 monde, RFI et Le Monde dans l’émission « Internationales » ! La négotiation oui, mais la force quant c’est nécessaire. « Si les Français ont échoué dans leur raid, il faut se poser des questions… », rétorque le président quant on l’accuse d’être conciliant avec les terroristes. Le mal est là  et doit être combattu. Le Nord du Mali est tout aussi égal à  l’est de la Mauritanie, qu’au sud de l’Algérie ou l’ouest du Niger… En attendant, que la fête du cinquantenaire commence !

Tata Bambo, une carrière au fil des cinquante ans du Mali

Et, en cette année 2010, année du cinquantenaire, pourquoi ne pas faire une escale sur le parcours de Fatoumata Kouyaté dite Tata Bambo, son auteur, qui sans nul doute reste un témoin des cinquante ans de la musique malienne ? En 1962, deux ans seulement après l’Indépendance, les Maliens allaient être émerveillés par un talent naissant. Avec à  peine 12 ans, Fatoumata Kouyaté dite Tata Bambo, allait surprendre plus d’un en composant et interprétant avec beaucoup de talent « Bambo », une chanson qui fustige le mariage forcé. Dans la chanson, elle demandait en substance aux parents de se résoudre à  admettre que le temps des mariages forcés est révolu. Et, que l’heure a sonné afin que les jeunes choisissent librement leurs conjoints. Cette chanson allait pratiquement devenir l’hymne à  la liberté accordée aux Maliennes de choisir leurs conjoints. Le Président Modibo Keita et son gouvernement venaient d’opérer une grande révolution par l’adoption du code de la famille et de la tutelle, qui n’est pas allé de main morte dans la prohibition du mariage forcé. Et, « Bambo », arrivé comme une campagne de sensibilisation, allait ouvrir la voie d’une gloire précoce pour Tata Bambo. Du coup Djéliba Kouyaté, père de Tata Bambo, assistait avec beaucoup de bonheur à  la réalisation des prédictions que lui avait fait un érudit avant la naissance de sa fille. « Vous allez avoir une fille qui aura une grande popularité grâce à  la chanson », avait révélé en substance l’érudit. l’érudit avait vu juste. La première interprétation en public de « Bambo » par Fatoumata Kouyaté a eu lieu au cours d’un gala organisé par le président Modibo Keita, à  l’occasion d’un sommet des chefs d’Etat à  Bamako. Le succès fut total. l’assistance était restée médusée devant le savoir faire, la beauté vocale de la frêle adolescente. Selon des témoignages, la prestation fut tant inoubliable, que dès le lendemain, le président Modibo Keita a envoyé quelqu’un la chercher. « Il m’a remis une enveloppe d’argent, une vraie fortune à  l’époque. Sa femme, Mariam m’a donné une valise pleine d’habits de valeur inestimable. J’étais devenue une princesse adulée par le pouvoir et le peuple », se souvient encore Fatoumata Kouyaté, devenue entre temps Tata Bambo. Mais, il faut rappeler que Tata était allée à  bonne école. Le vide laissé par sa mère Assétou Damba a été occupé par Assan Damba, l’autre épouse de son père qui a pris son encadrement en main. Sans trop de peine, la merveille est rapidement devenue la coqueluche des cérémonies sociales. En plus du giron familial, Tata Bambo a bénéficié de l’encadrement de feu Issa Falaba Traoré, qui selon elle, lui a toujours prodigué des bons conseils du genre : « Il faut prendre la chanson au sérieux parce que je suis sûr qu’elle va t’apporter succès et bonheur ». Selon des témoignages, C’’est le président Modibo Keita, personnellement, qui s’est impliqué pour l’intégration de Tata au sein de l’Ensemble Instrumental. Elle va écrire l’une des plus belles pages de cet ensemble, en compagnie des célébrités comme Amy Koita, Oumou Kouyaté, Dipa Kouyaté, Wandé Kouyaté, etc. Après avoir sorti une cassette avec le groupe « korossè Koro », elle le quitte en 1978 pour mener une carrière solo qui lui permit de sillonner la planète. “La musique m’a conduit aux quatre coins du monde“, déclare avec beaucoup de joie Tata Bambo. En 1984, elle sort « Aourou Bocoum », son premier album. Ensuite suivront une dizaine d’autres albums. En témoin de l’évolution de la musique malienne et en artiste confirmé, Tata Bambo partage allègrement les scènes, aujourd’hui, avec deux de ses filles : Assa Dramé et Fati Kouyaté.

Indépendance du Gabon : L’opposition dénonce une dérive

Le 17 août 1960, était proclamé l’indépendance de la république gabonaise. Petit pays d’Afrique centrale, le Gabon couvre une superficie de 267 667 km² et comprend presque deux millions d’habitants sur toute l’étendue du territoire national. A l’image de 16 autres pays africains, le Gabon célèbre cette année, ses 50 ans d’indépendance. Contrairement à  certains qui jugent inutile et sans intérêt la célébration de 50 ans de souveraineté, les gabonais ont commencé leurs festivités depuis lundi. Le président Ali Bongo a déposé une gerbe de fleurs au mausolée Président Léon Mba de Libreville. Il a ensuite procédé à  la décoration de plusieurs personnalités du pays juste avant le carnaval qui a vu défiler les troupes des neuf régions du pays. De son indépendance à  maintenant, le pays n’a connu que trois présidents. Notamment Léon Mba qui a proclamé l’indépendance, Omar Bongo Ondimba et l’actuel président Ali Ben Bongo son fils. Certains espèrent qu’avec l’arrivée de ce nouveau président, d’importants changements seront effectués aussi bien au niveau social que sur le plan politique après l’avènement du multipartisme en 1990. l’opposition fustige le pouvoir Comme un peu partout sur le contient, la célébration du cinquantenaire des indépendances africaines est décriée par un grand nombres d’africains. l’opposition gabonaise n’est pas en marge. l’un des principaux partis du pays, notamment l’Union nationale déplore le gâchis engendré par ces festivités. L’opposition accuse le pouvoir de dépenser des millions pour le cinquantenaire. L’Union nationale (UN), l’une des deux principales formations politiques du pays a, dans un communiqué publié ce week-end, accusé la présidence de vouloir « organiser un feu d’artifice qui coûterait 4 milliards de francs CFA.» Ils se sont catégoriquement opposés à  la célébration de ce cinquantenaire qu’ils jugent inutile. Le gouvernement a pour sa part, qualifié ces accusations de mensongères et infondées. Par ailleurs, les festivités continuent toujours avec des défilés civils et militaires et une grande réception au palais présidentiel ce soir avec la participation de plusieurs diplomates étrangers et une quinzaine de chefs d’Etats africains. Une centaine de soldats français défilent à  Libreville Pour la première de l’histoire du Gabon, des militaires français défilent aux côtés de leurs homologues africains à  Libreville. Un total de 104 soldats des forces françaises basés à  Libreville depuis des années, se mélangent aux couleurs africaines pour former comme on dit, une nation arc-en-ciel pour 24h.

Côte d’Ivoire : Cinquante ans d’indépendance entre inquiétude et espoir

Après avoir été durant des décennies un modèle de stabilité et de prospérité en Afrique, la Côte d’Ivoire est depuis 2002 une puissance régionale au prestige entamé, qui a connu en quelques années ce qui fut longtemps inimaginable : la guerre intérieure, des massacres de civils, une mise sous tutelle internationale et la déliquescence de son économie paralysée. La célébration du cinquantenaire de son indépendance a des relents de nostalgie d’une gloire passée. Avant l’arrivée des Européens, la région connaà®t d’importants mouvements de population et des royaumes d’une certaine ampleur sont signalés (tel le Royaume de Kong au XVIIIe siècle). Les Portugais, dès le XVe siècle, puis les Hollandais et les Anglais installent des comptoirs et se livrent au commerce côtier, achetant des esclaves à  compter surtout du XVIIe siècle, période qui voit plusieurs grandes migrations de populations akan – notamment les Baoulé dirigés par la Reine Poku -, venues de l’actuel Ghana. Français et Anglais entrent en concurrence, signent respectivement des traités d’amitié avec les populations jusqu’au partage de leurs zones d’influence en 1884, explorent l’arrière-pays et introduisent la culture du café. La Côte d’Ivoire devient colonie française en 1894, mais la conquête de tout le territoire, rattaché à  l’Afrique occidentale française en 1905, aboutit très progressivement (défaite de Samory Touré en 1898). Après Grand-Bassam, puis Bingerville, Abidjan devient la capitale du territoire en 1934. La mise en valeur est l’affaire de quelques grandes compagnies, des infrastructures sont construites pour permettre l’évacuation des produits d’exportation (café, puis cacao, bois, caoutchouc, palme…), tandis que se met en place une économie de plantations détenues par les Européens et les Africains. En 1945, Felix Houphouà«t-Boigny qui a fondé un syndicat des planteurs de cacao est élu à  l’Assemblée nationale française. Il contribue à  la création du Rassemblement démocratique africain (RDA), et crée sa section ivoirienne, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Ministre de la IVe République française en 1955, il initie la loi qui supprime le travail forcé et joue un rôle important dans le processus de passage des colonies d’Afrique à  l’indépendance, acquise en août 1960, devient enfin président de la République après les élections de novembre 1960. Le pouvoir personnalisé Félix Houphouà«t-Boigny instaure un pouvoir fort en s’appuyant sur le PDCI, parti unique, avec des poussées autoritaires qui voient se succéder plusieurs vagues d’épurations à  la tête de l’Etat («complots» des années 63-64), il réprime avec vigueur les contestations étudiantes (1967-69) et met fin brutalement à  l’irrédentisme bété à  Gagnoa (centre-ouest) en 1970, l’ampleur de la répression restant sujette à  contestation. Résolu à  s’opposer aux «démons de la division», le président peut compter sur le soutien indéfectible de la France qui maintient une base militaire à  Abidjan (Port-Bouet) et dont la présence s’exerce dans tous les secteurs de l’économie (industrie, services, aussi bien que commerce o๠les capitaux français comptent pour 55% en 1976), mais aussi de l’administration, avec une pléthore de conseillers et de coopérants, la population française atteignant 40 000 personnes à  son plus haut niveau, dans la décennie 1970-80 (elle va progressivement décroà®tre jusqu’à  compter moins de 15 000 personnes au début des années 2000). Cette alliance privilégiée avec la France, qui s’élargit à  des considérations géostratégiques (intervention franco-ivoirienne au Biafra), est pour Houphouà«t-Boigny la condition parfaitement assumée d’une prospérité qui s’épanouit jusqu’au début des années 1980, avec un envol de l’agriculture d’exportation, notamment le cacao et le café dont le pays devient l’un des premiers producteurs mondiaux. Cette prospérité génère une forte immigration venue des pays voisins, les étrangers comptant pour plus de 3 millions dans les années 90. Le «miracle ivoirien» se lit alors dans l’exceptionnel développement de la ville d’Abidjan, avec ses gratte-ciels et ses voies rapides, et permet un niveau d’équipement du pays (routes, électrification, éducation et santé) alors peu égalé en Afrique, tandis que se développe une classe moyenne nantie. Obsédé par la constitution d’une nation ivoirienne, le chef de l’Etat entend favoriser la participation de toutes les composantes à  la réussite économique, celle-ci dût-elle passer par le clientélisme et une corruption à  grande échelle parmi les élites. Tout en favorisant son ethnie d’origine, les Baoulés, il se montre accueillant aux éléments étrangers, associés sans formalisme au pouvoir et à  ses retombées, dans le cadre d’une définition très extensive de la « citoyenneté » ivoirienne : le droit de vote, l’accès à  la propriété et aux emplois publics, y compris aux hautes fonctions administratives, leur est ouvert. Ce système est à  la fois cohérent et fragile, car il repose sur la circulation des ressources. Il devient problématique lorsque la crise économique frappe le pays, durant la décennie 1980. La descente aux enfers La situation sociale se dégrade : montée du chômage et paupérisation urbaine, tensions autour de la propriété foncière, qui provoquent des antagonismes entre communautés et la naissance de manifestations xénophobes jusque là  inconnues. Alors que la contestation sociale et les revendications politiques ont amené une reconnaissance du multipartisme en avril 1990, Félix Houphouà«t-Boigny disparaà®t en décembre 1993 sans avoir planifié sa succession, cependant que le pays est en pleine récession. Le président de l’Assemblée nationale, Henri Konan-Bédié lui succède dans un contexte houleux : C’’est par un quasi coup de force qu’il fait reconnaà®tre sa légitimité face au Premier ministre, Alassane Ouattara. Voulant renouer avec l’autoritarisme du régime, il se heurte à  une opposition de plus en plus active, o๠aux côtés du FPI de Laurent Gbagbo, on voit s’ériger une nouvelle force comprenant d’anciens militants du PDCI, le Rassemblement des Républicains (R, dont Alassane Ouattara prend la tête. Pour répondre à  la fois au mécontentement de sa base autant que pour faire barrage aux ambitions électorales de ce dernier, Henri Konan Bédié initie une politique dite d’« ivoirité » qui restreint l’accès des étrangers à  la citoyenneté (loi du 13 décembre 1994), tandis qu’un nouveau code électoral exclut de fait Alassane Ouattara, jugé de nationalité «douteuse», de la compétition. l’élection en 1995 de Henri Konan Bédié n’apaise en rien les tensions, et tandis que l’économie poursuit sa décrue dans un climat de corruption effrénée, la xénophobie se donne libre cours et touche par amalgame tous les ressortissants « nordistes » (musulmans et/ou appartenant à  la communauté dioula). Une mutinerie de sous-officiers ouvre la voie au coup d’Etat, le 24 décembre 1999, de l’ancien chef d’Etat-major, le général Robert Gueà¯. Une junte militaire s’installe, chargée d’assurer la transition vers le retour au régime civil, au terme des élections présidentielles d’octobre 2000. Désordre politique et rébellion Celles-ci se déroulent dans la confusion. Elles sont boycottées par une partie des électeurs, les candidatures d’Alassane Ouattara et d’Henri Konan Bédié ayant été écartées. Laurent Gbagbo est élu, Robert Gue௠tente un coup de force mais doit se soumettre face aux manifestations populaires, qui dégénèrent (octobre – novembre 2000) en affrontements sanglants (200 morts) entre partisans de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara. Une fois au pouvoir, Laurent Gbagbo tente une ouverture (Forum de réconciliation en octobre 2001), prélude à  l’entrée du RDR au gouvernement (août 2002). Le 19 septembre 2002, une tentative de coup d’Etat à  Abidjan, marquée par l’assassinat de personnalités politiques, dont Robert Gue௠et le ministre de l’Intérieur Emile Boga Doudou, marque le début d’une rébellion militaire qui prend le contrôle de tout le Nord de la Côte d’Ivoire. l’intervention dès le 22 septembre des militaires français (opération Licorne) et la conclusion d’un cessez-le-feu figent les positions des forces loyalistes et de la rébellion, cette dernière représentée par le Mouvement patriotique de la Côte d’Ivoire (MPCI), dirigé par l’ancien leader étudiant, Guillaume Soro. La communauté internationale, notamment la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) se mobilise pour parvenir à  un règlement, mais les Français sont les plus actifs : ils organisent en France une réunion des partis politiques ivoiriens qui aboutit aux accords, le 24 janvier 2003, de Marcoussis prévoyant un gouvernement de transition, ouvert à  la rébellion et à  l’opposition, formé en mars-avril par le Premier ministre Seydou Diarra. s’engageait alors une impossible normalisation, marquée par la sortie des «Forces Nouvelles» (ex-rebelles) du gouvernement en septembre 2003, par des tentatives répétées de médiation de la Cedeao, de l’Union africaine et l’implication directe du président sud-africain, Thabo Mbeki, à  partir de juin 2005. Sur le terrain, outre le maintien des troupes françaises (plus de 4000 hommes), l’ONU mettait en place à  partir d’avril 2004 une force de maintien de la paix de 6 000 hommes (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire – ONUCI). La rupture du cessez-le-feu, en novembre 2004, et la mort de 9 militaires français entraà®na toutefois des réactions en chaà®ne : destruction par les militaires français de l’aviation ivoirienne, puis manifestations anti-françaises à  Abidjan aboutissant à  l’évacuation de la quasi-totalité des ressortissants français et des binationaux (8 000 personnes). Un an plus tard, il fallut renoncer à  organiser les élections générales prévues en octobre 2005, et une nouvelle période de transition s’instaurait, avec la nomination d’un Premier ministre, Charles Konan Banny, dans un climat de défiance généralisée. Vers un rétablissement de l’ordre républicain Un début de normalisation intervient en mars 2007, lorsque Laurent Gbagbo et Guillaume Soro signent l’accord de Ouagadougou, résultat des discussions directes entre les deux camps sous l’égide du facilitateur, le président burkinabé Blaise Compaoré, accusé jusque-là  par les partisans du président ivoirien de soutenir la rébellion. Guillaume Soro devient Premier ministre. Les armes se taisent sur les fronts et une réunification administrative du pays se remet en place en attendant que la Côte d’Ivoire politique ne retrouve ses couleurs. Les institutions mises en place devraient y concourir. En août 2010, et après les innombrables reports depuis cinq ans, Guillaume Soro annonce la tenue de l’élection présidentielle pour le 31 octobre 2010. La chute de l’économie ivoirienne a eu des conséquences graves dans toute la sous région, o๠la Côte d’Ivoire constituait la « locomotive » de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), offrant également un débouché pour les échanges de ses voisins enclavés, forcés de réorienter leurs flux de marchandises. Le contournement de la Côte d’Ivoire scindée en deux a ouvert de nouvelles routes commerciales au détriment des axes Abidjan-Bamako, Abidjan-Ouagadougou, Abidjan-Lomé-Cotonou…Ces voies secondaires pour la plupart informelles ont fait d’une corruption déjà  dénoncée depuis les années 90 un vrai fléau qui mobilise aujourd’hui encore les plus hautes instances de la république. Malgré tout, les voyants sont au vert : la croissance qui devrait être de 3,39% en 2010 pourrait atteindre 4,5% en 2011. La production d’hydrocarbures connaà®t un fulgurant développement et pourrait concurrencer le café et le cacao en termes de gains pour le pays. Toutefois, les bases encore solides de la production agricole et industrielle de l’économie ivoirienne ne font pas vraiment percevoir le danger imminent de l’effondrement total du système si les enjeux politiques restent la préoccupation majeure des décideurs ivoiriens. Source : Les 100 clés de l’Afrique. Philippe Leymarie et Thierry Perret. Co-édition Hachette Littératures/RFI. 2006.

Bénin : 50 ans d’indépendance… politique

Née Dahomey cette république s’est rebaptisée Bénin, précédé à  un moment, du qualificatif populaire pour bien marquer sa période révolutionnaire en rupture avec son passé. Son histoire est un mélange de prestige et de désordre politique qui à  l’arrivée ne distinguent pas ce pays, autrefois appelé quartier latin de l’Afrique, des autres Etats africains. La fastueuse célébration du cinquantenaire de l’indépendance n’est pas à  l’image de la réussite du pays. Constitué autour du royaume du Dahomey (Dan-Homè), ce petit pays n’a jamais pu se défaire de son passé esclavagiste qu’il traà®ne comme un boulet. Le nouvel ordre colonial français vécu par les citoyens de cet espace comme une échappatoire avait fourni aux bourreaux et aux victimes de bonnes raisons d’occulter le passé en succombant aux sirènes de l’inconnu. l’instruction y a trouvé son compte. En effet, ce petit pays a fourni à  l’administration coloniale la petite main serviable et de nombreux cadres dans tous les pays constituant l’ancienne Afrique occidentale française, AOF. Ils étaient enseignants, fonctionnaires, cadres médicaux… Et, la perspective de l’autonomie des territoires augurait d’un avenir brillant pour ce pays qui faisait de son armée d’intellectuels une force de décollage sans risque. Mais très vite, ce qui apparaissait comme une chance a été une force bruyante et dispersée ; comme dans une cour de récréation avec des enfants qui s’amusent à  se faire peur. « Des intellectuels tarés », disait le général président Mathieu Kérékou qui n’était pas lui non plus exempt de tout reproche, lui qui avait installé un pouvoir autoritaire de 17 ans (1972-1989). Une dictature marxiste-léniniste qui a conduit le pays à  la ruine. La refondation Les militaires qui avaient pris le pouvoir en 1972 voulaient en finir avec l’instabilité politique et les coups d’Etat dont le Dahomey s’était fait une spécialité. Toutes les combinaisons politiques de l’histoire de la République en France ont été testées en moins de douze années d’indépendance. Même si les officiers dahoméens avaient pris exemple sur son coup d’Etat, Napoléon Bonaparte ce serait certainement étonné du montage, qui, à  l’inverse de lui, instaurait un Directoire militaire en décembre 1969 au Dahomey. Contrairement au Directoire en France (26 octobre 1795 – 9 novembre 1799) o๠l’exécutif est exercé par un collège de 5 directeurs et o๠chaque année le Conseil des anciens désignait un chef, (présidence tournante), le directoire militaire dahoméen, lui, confiait ce fonctionnement aux anciens leaders politiques dans un Conseil présidentiel. l’échec de toutes ces expériences politiques a conduit le Dahomey sur la voie de la révolution, tout à  rebrousse poils de l’expérience française. Du Dahomey au Bénin Dès octobre 1972, le pays s’est engagé dans une refondation totale jusqu’au changement de nom, le Bénin, en 1975, seul héritage politique de cette période que les Forces vives de la nation, appelées à  la rescousse en 1989, ont gardé. Le marxisme-léninisme, adopté en 1974, a été jeté aux orties, oublié très vite comme un mauvais rêve. C’’est du Bénin qu’est parti le « vent du renouveau démocratique » en Afrique qui a progressivement mis fin aux régimes de parti unique. Les conférences nationales censées mettre fin aux dictatures y ont vu le jour. La petite expérience démocratique de ce pays qui a connu la cohabitation et l’alternance politique est souvent citée en exemple. La politique sans l’économie Aux montages politiques s’étaient adonnés les Béninois au détriment des vraies questions de développement. Producteurs d’huile de palme, par exemple, référencé au début des années 60 en Afrique, le Bénin est tombé dans les abà®mes du classement mondial. A titre de comparaison, la Malaisie et l’Indonésie qui n’étaient que de modestes producteurs dans les années 60-70 occupent aujourd’hui les premières places reléguant les pays africains à  des distances respectables : plus de 19 millions de tonnes pour l’Indonésie en 2008 contre quelque 910 000 tonnes pour le Nigéria, premier producteur africain. Cet exemple est à  l’image de la réussite du secteur industriel. Même si dans la plupart des pays africains on se réjouit de fêter 50 années d’indépendance, force est de constater qu’en matière de développement, le chantier est encore loin d’être entamé. Les voies de communications laissent encore à  désirer. Au Bénin, l’unique chemin de fer censé se prolonger jusqu’au Niger enclavé, ne fonctionne quasiment plus. Il date de l’ère coloniale. Les délestages et autres coupures d’eau font partie du folklore local et en rajoutent aux approximations qui font le lit à  la débrouillardise généralisée. Heureusement que, face au « rien n’est fait » reste une lueur d’espoir pour le « tout est à  faire ». Croire en l’avenir est encore ce que les politiques vendent de mieux.