A Bougouni, l’expansion de la culture du chanvre indien inquiète

Quand elle s’est rendue les 13 et 14 octobre à  Bougouni, dans la région de Sikasso, la délégation de cadres et d’officiers supérieurs a reçu un accueil glacial des habitants de la localité. Ils savent que cette visite n’avait rien d’amical. Le chef-lieu de cercle attire l’attenion des autorités depuis qu’il est devenu l’un des fiefs de la culture de chanvre indien au Mali. Au mois d’avril la douane malienne a saisi 17 briques de chanvre indien pesant chacune deux kilogramme à  Ouelessebougou, dans le cercle de Bougouni. La preuve qu’il ne s’agit pas d’un simple petit commerce locale, mais de production à  grande échelle. «Nous ne pouvons pas accepter ça dans notre village. Beaucoup de villages ont déjà  cessé de cultiver du coton au profit de cette plante », a dénoncé un cadre qui souhaite l’anonymat. «Les narcotrafiquants semblent profiter de cette période troublée pour se livrer au trafic de produits frauduleux, notamment la drogue », a expliqué un autre cadre. Le village de Kébila cultiverait selon certaines sources 50% de la consommation nationale. Certains habitants en profitent, mais beaucoup se révoltent contre cette pratique. La saisi du mois d’avril a sans doute découragé certains, et les localités concernées seront désormais sous haute surveillance des forces de l’ordre. Cependant la culture ne pourra être éradiqué qu’avec un travail en amont sur l’économie des villages concernés. La production et la vente de chanvre indien représente pour les cultivateurs une source de revenus plus intéressante que les cultures habituelles. La lutte contre le phénomène doit également passer par les habitants, premiers concernés par ce commerce à  risques. Les ressortissants de Kébila à  Bamako ont d’ores et déjà  entrepris des actions pour sensibiliser la population et l’inciter à  abandonner cette pratique.