Simone Gbagbo accuse la France d’’ingérence

l’audience de ce lundi 23 février à  la Cour d’assises d’Abidjan était attendue par les Ivoiriens. l’ex-première dame ivoirienne, Simone Gbagbo, 65 ans, surnommée la « Dame de fer » ivoirienne s’est exprimée « à  satiété » pour la première fois en public depuis son arrestation en avril 2011. Comme elle avait promis à  la presse, elle s’est exprimée durant une heure. Sans surprise, Simone Gbagbo dans le sillage de Laurent Gbagbo lors de sa déclaration publique à  la Haye le 1er mars dernier s’est appesantie sur le rôle qu’ont joué la France et l’ONU dans ce qu’elle a qualifié d’« élimination physique du président Laurent Gbagbo ». Elle ira jusqu’à  interpeller l’ex-président français. « De quoi le président Sarkozy se mêle-t-il ? », s’est exclamée Mme Gbagbo. Très incisive et satisfaite de pouvoir enfin s’exprimer, Simone Gbagbo n’y est pas allée avec le dos de la cuillère. Elle a tiré plusieurs minutes à  boulets rouges sur la France de Sarkozy tout en l’accusant d’avoir joué le rôle de balayeur pour le camp Alassane Ouattara, l’actuel président de la Côte d’Ivoire. Face à  certaines questions sans intérêts de l’accusation, la dame de fer ivoirienne ne se fera pas prier pour rappeler à  la Cour, que seuls les faits doivent être débattus, « On n’est pas ici pour justifier de ce que je pense, mais sur des faits précis » a-t-elle martelé. Les scènes d’esclandre entre Ivoiriens partisans et hostiles à  Simone Gbagbo et aux dignitaires de l’ancien régime sont récurrentes les jours de comparution. Un aspect qui pourrait peser sur la crédibilité du jugement si l’on en croit les déclarations de l’opposition ivoirienne qui soutient que la justice ivoirienne d’aujourd’hui est ‘’la justice des vainqueurs ».

Présidentielle au Mali : l’inévitable ingérence de la France

« Nous serons intraitables. » C’est en ces termes que François Hollande a exigé en avril des autorités maliennes de transition l’organisation des élections présidentielles en juillet, après le succès de l’opération Serval. Une requête qui paraà®t aujourd’hui irréaliste, tant les obstacles à  la tenue d’un scrutin sur l’ensemble du territoire sont légion. Sur les 6 830 000 nouvelles cartes électorales biométriques indispensables au vote, seules 60 % avaient été distribuées dans le pays à  la date du 18 juillet. Le précieux sésame ne sera pas délivré aux 500 000 déplacés qui ont fui les combats ainsi qu’aux Maliens de l’étranger, notamment en France. Une autre faiblesse du scrutin tient dans la date choisie. Le 28 juillet tombe en pleine période des pluies, peu propice aux déplacements. Le premier tour a également lieu durant le mois de ramadan, ce qui de fait complique toute mobilisation populaire. Enfin, la situation dans la région de Kidal, au nord-est du pays, est loin d’être stabilisée. En dépit de la signature d’un accord de paix, le 18 juin à  Ouagadougou, entre les rebelles touareg et Bamako, des violences ont fait la semaine dernière quatre morts et de nombreux blessés. Samedi, des agents électoraux ont également été brièvement enlevés dans la région. Crainte d’attentats L’élection pourrait donner l’occasion aux groupes djihadistes de rebondir. Comme l’a récemment admis le général Grégoire de Saint-Quentin, qui a commandé l’opération Serval, « il faut reconnaà®tre à  nos adversaires leur extrême faculté à  se fondre dans l’immensité de cet océan de sable qu’est le désert ». Si la majorité des islamistes ont fui pour les pays limitrophes, notamment la Libye, d’autres se cachent toujours dans le septentrion malien. « La stratégie des djihadistes a toujours été de faire parler d’eux par leurs attaques », explique André Bourgeot, directeur de recherche émérite au CNRS. « Des attentats le jour du scrutin ne sont donc pas à  exclure. » Conscient des entraves insurmontables à  la tenu de l’élection, le président malien de transition a publiquement admis que « l’élection à  cette date sera imparfaite ». D’après l’hebdomadaire Jeune Afrique, Dioncounda Traoré aurait décidé fin juin de repousser le premier tour du scrutin au 28 octobre, soit trois mois après la date prévue. « Mais la pression des pays occidentaux, notamment la France, a été si forte que la date originelle a été maintenue », affirme depuis Tombouctou le journaliste et écrivain Serge Daniel. Ingérence française Les 6,9 millions d’électeurs sont donc appelés à  choisir ce dimanche entre 27 candidats. Ils étaient à  l’origine 28, mais l’un d’eux, Tiébilé Dramé, l’un des grands artisans de l’accord de Ouagadougou, a préféré jeter l’éponge, en dénonçant un scrutin « ni libre, ni équitable ». « Je constate que Laurent Fabius est devenu le directeur des élections au Mali », a-t-il lancé, regrettant que « certains responsables français accumulent les maladresses ». à€ Paris, on affirme ne « pas vouloir entrer dans la polémique », tout en rappelant que « ce sont les Maliens eux-mêmes qui ont fixé la date du scrutin ». « Le Mali est sous tutelle », estime pourtant André Bourgeot. « C’est François Hollande qui a fixé la date du scrutin, une attitude qui a provoqué le mécontentement de la nation malienne. L’image de la France est désormais écornée », juge le spécialiste du Mali. Pour Paris, l’opération Serval ne sera un succès total que si elle aboutit à  la mise en place d’un gouvernement malien démocratiquement élu, seule instance à  même de lancer un véritable processus de réconciliation entre les communautés du nord et du sud du pays. C’est à  cette condition que le Mali a obtenu, le 15 mai dernier, des promesses d’aides de 3,25 milliards d’euros pour sa reconstruction et son développement. Le boulet de la France « La France veut se débarrasser du boulet malien », soutient André Bourgeot. « Outre son souhait d’un retour à  une situation politique normale dans le pays, Paris veut se décharger du fardeau économique que représente la présence de ses soldats au Mali, notamment dans le contexte actuel d’austérité. » Avec 4 000 soldats au plus fort de la mission Serval, le contingent français devrait compter quelque 1 000 hommes d’ici à  la fin de l’année, en complément des 12 600 combattants de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Une sortie honorable pour Paris, qui lui permet d’écarter tout risque d’enlisement dans le pays. Pour l’heure, tous les observateurs sur place s’accordent à  dire que l’élection, qui prétend couvrir tout le territoire malien, sera entachée d’irrégularités. Le 18 juillet dernier, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a ainsi admis que la présidentielle était « imparfaite », mais que les résultats devraient être respectés. « Le futur président ne pourra se prévaloir d’avoir été élu sur l’ensemble du territoire et donc par la totalité de la population », prévient pourtant André Bourgeot. « Il lui sera dès lors très difficile d’affirmer son autorité. » « Ce sera une élection à  la malienne », estime pour sa part Serge Daniel. « C’est-à -dire qu’elle ne sera pas régulière à  100 %. » Le journaliste juge toutefois ce mal nécessaire pour sortir le pays de la crise dans laquelle il est plongé depuis le coup d’à‰tat militaire de mars 2012. « Le scrutin vise à  mettre fin à  l’influence des membres de la junte militaire dans le gouvernement de transition », explique le journaliste et écrivain. Plusieurs ministres de l’actuel exécutif sont en effet des proches du capitaine Sanogo, l’homme qui a renversé le président Amadou Toumani Touré il y a un an. Un putsch qui a plongé le pays dans l’instabilité et favorisé l’insurrection des djihadistes.

Une première ingérence extérieure dans le destin du Mali…

Qui peut croire que ce «Â diktat » a été décidé dans l’intérêt du Mali alors même que : la reconquête de l’intégrité territoriale n’est pas achevée ; les combats contre les bandits armés se poursuivent ; certaines zones ne sont pas encore sécurisées ; des populations déplacées n’auront pas la possibilité de revenir chez eux ; les listes électorales doivent encore être vérifiées et complétées ; l’ouverture et la sécurisation des bureaux de vote sur l’ensemble du territoire semblent difficiles ; l’hivernage perturbera les déplacements…. Certes, le Mali a besoin d’organiser rapidement des élections fiables pour permettre un retour salutaire à  la démocratie et pour rendre à  ses institutions toute leur légitimité. Mais les moyens (humains et matériels) de cette sécurisation des élections maliennes seront-ils bien tous au rendez-vous dans trois mois ? Et comment les Maliens doivent-ils interpréter cette nouvelle ingérence de l’extérieur ? Une chose est de remercier la France et la CEDEAO quand elles aident véritablement le Mali dans sa juste lutte contre les bandits armés qui menaçaient son intégrité territoriale. Mais une autre chose serait de se sentir tellement «Â redevables », tellement «Â reconnaissants » que nous serions amenés à  accepter la poursuite de cette ingérence extérieure quand bien même elle serait, elle, totalement contraire aux intérêts du Mali. … Mais le peuple malien se lèvera pour empêcher une seconde ingérence… Même si nous n’arrivons pas à  repousser ces échéances électorales (une dissociation entre les présidentielles et les autres élections serait-elle possible ?), nous ne devons pas laisser la France et la CEDEAO aller plus loin dans leur ingérence ! Il est de notoriété publique que les anciens partis maliens, tenants du consensus autour de ATT, sont à  la source de la crise que connait notre pays. Leurs dirigeants, souvent corrompus, sont discrédités. Pourtant cela n’empêche pas la plupart d’entre eux (ATT compris) d’oser présenter leur candidature aux prochaines élections présidentielles !… Et, en dépit des assurances données par François Hollande, il n’est pas exclu que la France appuie (toujours officieusement bien sûr) certains d’entre eux au nom d’une certaine «Â symétrie »Â : comme, en 2002, la France avait barré la route à  IBK pour installer ATT, elle pourrait être tentée de miser sur IBK en 2013… La poursuite de l’ingérence de la France dans les affaires politiques maliennes serait, non seulement, intolérable mais, de plus, extrêmement dangereuse : le retour au pouvoir d’un des anciens «Â crocodiles » ne pourrait déboucher que sur un autre drame pour le Mali. Même si la France est venue à  notre aide, ce dont nous la remercions, le gouvernement français ne doit pas exiger une reconnaissance et une soumission éternelles de notre part. Pour mettre réellement à  bas tout relent de «Â FrançAfrique », nos deux peuples doivent arriver à  nouer de nouvelles relations basées sur le respect mutuel…. et il se battra pour l’avènement d’un Mali démocratique, fier et debout ! Le peuple malien doit saisir l’occasion des prochaines échéances électorales pour faire entendre sa voix. Il doit réfléchir aux voies et moyens de refonder la démocratie malienne en n’oubliant aucun des volets de ce qui fonde l’indépendance réelle d’un pays : l’indépendance politique mais, aussi, l’indépendance militaire et l’indépendance économique. Les chantiers à  engager sont énormes. Ils ne pourront jamais être menés à  leur terme si les anciens «Â crocodiles » qui ont détourné tant et tant d’argent public pour leurs intérêts personnels revenaient au pouvoir… Le peuple malien doit se lever pour imposer une démocratie « par le peuple et pour le peuple ». Il doit se lever pour porter aux affaires à  tous les niveaux – présidentielles, législatives et communales – des hommes et des femmes intègres, une nouvelle génération qui ne veut pas «Â se servir » mais qui veut véritablement servir le Mali et son peuple. Housseini Amion Guindo, dit Poulo, les militants de la CODEM et leurs partenaires sont de ceux-là  ! Poulo président ? Ce serait un véritable changement à  la tête du Mali et. Battons-nous tous ensemble pour que notre rêve devienne réalité. Pour sa part, la section de France de la CODEM veut être à  la hauteur de ces enjeux. Car la diaspora malienne pèse directement (par son vote) mais aussi, et surtout, indirectement par le poids qu’elle a sur les familles restées au pays. Si vous êtes en France (ou si vous connaissez des compatriotes qui y sont), la section a besoin de vous.

Vers une islamisation de la politique au Mali?

Le printemps arabe a installé au pouvoir des partis islamistes dans les pays du Maghreb. Au Mali, on n’aura pas eu besoin de révolution pour voir les leaders religieux s’immiscer avec succès dans le débat politique. Leur intervention dans le processus d’adoption du code des personnes et de la famille a fait faire demi-tour à  l’Etat et aujourd’hui, leur voix se fait entendre dans tous les secteurs de la vie publique et donc aussi en politique. Chez nos voisins sénégalais, les marabouts et autres dignitaires religieux sont des faiseurs de rois. Il leur suffit d’afficher de la sympathie pour tel ou tel homme d’Etat ou commerçants pour voir sa cote de popularité augmenter ou ses affaires redécoller. Il semble que le phénomène ait gagné le Mali, à  voir le défilé des hommes politiques chez les leaders religieux depuis quelques semaines. On tient à  montrer que l’on a reçu la bénédiction de tel ou tel, histoire de s’attirer au final les suffrages d’un peuple en désamour avec la chose politique. Démonstration de force Preuve de leur influence croissante, les associations islamiques avaient demandé aux imams de dresser le portrait robot du nouveau président. C’’était le 14 janvier dernier, le Haut Conseil islamique du Mali, l’instance suprême qui représente la communauté musulmane, tenait grand meeting symbolique au Stade du 26 mars de Bamako. Il en avait profité pour donner son avis sur les grandes questions d’actualité concernant le pays. Code des personnes et de la famille, élection présidentielle, situation au Nord, voilà  les principaux thèmes qui étaient au C’œur des échanges. Bravo au Haut Conseil islamique pour avoir obliger les trois plus grandes institutions de la République à  relire le Code. Mais lorsque le président de l’instance suprême musulmane met en garde les opposants du texte, il y a danger. Danger sur la liberté d’expression et d’opinion, puisque on se permet de menacer quelqu’un qui n’est pas d’accord avec soi. Celui là  est taxé de corrompu, de vendu aux puissances impérialistes extérieures. Mais a-t-on jamais demandé aux associations islamiques d’o๠proviennent leurs financements ? Arbitres, pas joueurs Quid des prochaines élections présidentielles ? Depuis 2009, la montée des courants islamistes en politique était prévisible. Mais à  défaut de désigner quelqu’un dans leur rang, les religieux envisageraient de donner des consignes de vote en faveur du candidat qui répondrait aux critères définis par eux-mêmes. Ce qui serait, au regard du passé, une très mauvaise initiative. En 2002, les initiateurs d’un appel similaire avaient été ridiculisés par le résultat obtenu par le candidat qu’ils soutenaient. Les dirigeants religieux ont un rôle très important à  jouer dans la société. En tant que leaders d’opinion, ils peuvent et doivent servir d’arbitres, de canalisateurs des différents intérêts qui s’opposent parfois violemment. Mais quand les arbitres décident de devenir des acteurs principaux, les règles du jeu sont faussées. Avec la présidence de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) confiée à  un membre influent du Haut Conseil, les associations islamiques ont l’obligation d’observer une stricte neutralité entre les différentes forces en compétition. Il y va de leur crédibilité et de leur honorabilité.