Congrès Africain du riz : quelles perspectives pour la filière riz au Mali ?

L’expérience de l’initiative riz Ces dernières années, la hausse du prix des céréales s’est généralisée. Malheureusement, selon les spécialistes, cette tendance est appelée à  se poursuivre les années à  venir. Un défi de taille que le pouvoir entend relever par l’initiative riz concernant le Mali. A Koulouba, cette initiative se conçoit comme « la mise en œuvre d’un plan d’opération riz pour la campagne 2008/2009 ». Mais aussi « une réponse structurelle à  la crise actuelle du riz » et « une étape vers la volonté du chef de l’état de faire du Mali une puissance agricole ». Booster la filière, créer l’autosuffisance alimentaire Au regard des résultats flatteurs de l’initiative précédente, les résultats attendus pour la campagne 2009/2010 ont prévu quelques 2003040 tonnes de riz paddy. Pour autant, le rêve est-il permis ? Dans la mesure o๠il s’inscrit dans la perspective de « l’autosuffisance alimentaire » de notre pays, l’initiative riz est à  saluer. Le Mali n’a jamais produit autant de riz. Avec 1 607 647 tonnes de paddy, la campagne 2008-2009 affiche un excédent rizicole de 259.190 Tonnes. Une production qui équivaut à  99,34% des prévisions pour la même période. Soit 19% de l’excédent céréalier qui s’estime à  1.389.970 Tonnes, toutes céréales confondues. Pour une fois, le riz malien se révèle de nature à  alimenter de riz le marché. Et même à  contribuer ainsi à  une baisse substantielle des prix à  chaque maillon de la chaà®ne de commercialisation. Ce que vise le Congrès qui vient de se dérouler à  Bamako, accrôitre , intensifier la production rizicole de manière générale. Le riz paddy et Nieleni : variétés les plus produites par les zones rizicoles du Mali La problématique de l’accès aux autres ressources de production telles que la terre, la main-d’œuvre, le crédit, les équipements se pose avec acuité, et beaucoup plus pour les femmes. La commercialisation du riz, du moins les conditions de commercialisation, n’est guère meilleure. Bref ! Autant de problèmes qui ouvrent une fenêtre sur les capacités réelles de notre pays à  « soutenir la compétitivité et la mise sur le marché du riz produit ». La récolte C’’est à  une période bien déterminée de l’année. Or, nous le savons. En effet, les producteurs ne disposent pas de moyens de stockage et de conservation adéquats. Extension des surfaces rizicoles aux étrangers On sait cependant que chez les producteurs de l’Office du Niger l’heure n’est pas à  l’espérance avec les nouvelles mises en culture tournées lentement mais sûrement vers l’extérieur. Les projets d’extension en sont une belle illustration. En effet, les étrangers s’en sortent avec quelques 360 000 hectares contre 9 000 pour les petits paysans. A cela s’ajoutent les 15 000 hectares d’un groupe à  capitaux américains et sud-africains, pour 15 000 hectares et les 11 000 hectares de l’UEMOA (l’Union économique et monétaire ouest africain). Le Millénium Challenge Account relatif à  14 000 hectares aménagés sur financement du Gouvernement américain en partenariat avec le Mali et les 100 000 hectares octroyés à  la société Malibya n’arrangent rien. Sans oublier la situation bien heureuse des terres libyennes, précisément situées au début des canaux d’irrigation. Coûts de production élevés Par ailleurs, sans un tel soutien, les augmentations de la production rizicole auxquelles nous avons eu droit ces dernières années ont toutes les chances de ne pas durer sans oublier la rareté des financements publics. Comment alors financer des coûts de production rizicole qui croissent d’initiative en initiative ? Le coût global de l’initiative 2009/2010, par exemple, s’estime à  53 milliards Fcfa dont 8,1 milliards Fcfa sur financement de L’Etat. La mendicité à  coup de fanfare, n’étant pas aussi une solution crédible et durable, le peuple est en droit de poser des questions sur la viabilité même de l’Initiative riz au Mali.