Fleuve Niger : Surveillance 2.0

Des initiatives pour sauvegarder le fleuve et ses ressources, on en compte des dizaines. Ces dernières années, elles ont réussi à attirer l’attention sur les problématiques sans pour autant inverser les tendances. Q-Eau est un site qui veut changer la donne.

« L’objectif est de produire des données scientifiques pour mettre décideurs et responsables de la pollution du fleuve devant leurs responsabilités », explique le Dr Ndiaye, chef de département Protection et gestion des écosystèmes à l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN). Il suffit en effet de longer les berges du fleuve à Bamako pour constater que les sources de pollution sont nombreuses et que les eaux souillées, dans leur grande majorité, sont directement rejetées dans le lit du fleuve. L’idée du projet « Collecte et diffusion continues des données sur la qualité de l’eau du fleuve Niger à Bamako et environs » est née de la volonté de mettre en place un suivi dynamique de la qualité de l’eau du fleuve Niger. À travers l’utilisation d’outils modernes et connectés, le projet permet, depuis son lancement en octobre 2017, de disposer d’un système de collecte continu et d’un autre de partage des données. Des smartphones, ainsi qu’un drone sous-marin, sont paramétrés pour récupérer les données sur la qualité de l’eau.

Smartphone testeur Grâce à l’appui de l’ONG néerlandaise Akvo Foundation, qui développe des applications, ces machines sont dotés d’une application, « akvocaddishfly », qui recueille et traite tous les paramètres physico-chmiques et bactériologiques de l’eau. « Par exemple, on branche un  capteur avec le port USB du téléphone et on le met dans l’eau pour capter des données sur la conductivité ou la température, etc. Le résultat s’affiche sur le téléphone et on l’envoie sur le tableau de bord. On peut avoir 20 enquêteurs sur le fleuve qui envoient des données simultanément. Elles sont collectées sur le tableau de bord de l’application. Les points de collecte sont géo-référencés, permettant ainsi de faire un suivi continu » explique Dr Ndiaye. Les données ainsi recueillies sont partagées sur le site q-eau-mali.net et sont accessibles. 2 campagnes de collecte ont déjà été réalisées et le projet en prévoit 4 pour l’année. « Nous savons en différents points quel paramètre dépasse les normes et ainsi nous pouvons rechercher la cause et expliquer aux auteurs leur impact », conclut le chercheur, qui espère qu’ainsi les responsables, mais aussi les décideurs, se pencheront sur les méthodes actuelles et sur comment faire pour éviter les rejets systématiques dans le fleuve.