Redécoupage administratif : L’inclusivité, le nœud du problème ?

L’avant-projet de découpage administratif qui a fuité sur les réseaux sociaux fait beaucoup jaser. Des associations se sont créées contre et certaines, déjà existantes, ont également fait part de leur opposition au projet.

Les nombreux messages hostiles sur les différents supports de communication témoignent du mal-être de la population vis-à-vis de cet avant-projet, jugé par certains comme étant la concrétisation de la partition du pays. L’année dernière déjà, une grande partie de cette population avait manifesté, tout de rouge vêtue, contre la réforme constitutionnelle. Des mouvements qui avaient conduit l’État à mettre le projet « en stand-by ». Kibili Demba Dembélé, du mouvement Waati Sera On a tout compris, a été de toutes les oppositions. « Nous avons alerté, depuis la signature de l’Accord pour la Paix, sur le fait qu’il devait être plus inclusif. Mais nous n’avions pas d’armes, donc pas voix au chapitre », regrette- il. Avant de ruminer que les contours de l’Accord ont été dessinés dans des réunions fermées « par quelques experts ».  Le politologue Boubacar Bocoum, dans nos colonnes la semaine dernière, pointait du doigt le manque d’inclusivité de la part de l’État. « L’Accord, dans certaines de ses dispositions, indique qu’il  fallait aller à une Conférence d’entente nationale, pour que les gens soient suffisamment consultés et écoutés, pour ensuite aboutir à cet avant-projet. On sent nettement que le travail a été fait dans un bureau », affirmait –il.

Difficultés prévisibles

Pour l’analyste politique Salia Samaké, ces difficultés étaient prévisibles. « Les Maliens ne sont pas appropriés l’Accord pour la paix. Les partis politiques n’ont pas joué leur rôle et l’État s’est contenté de démonstrations qui ne suffisent pas », constate-t-il. « Il y a plusieurs points saillants de l’Accord dont les Maliens n’ont pas connaissance, alors que certaines de ses dispositions demandent une réforme institutionnelle qui serait impossible sans un redécoupage », ajoute Samaké. En outre, selon lui, les concertations régionales, annoncées du 13 au 17 de ce mois, ne suffiront pas pour aplanir tous les angles. « Il n’est pas possible d’épuiser en cinq jours tous les contours de la question, d’autant que la fuite de l’avant-projet compliquera davantage les négociations ». Jugeant que l’inclusivité est une nécessité démocratique, le Dr Badiè Hima, Directeur résident du National Democratic Institute (NDI Mali), se dit confiant en la capacité de la classe politique malienne et des acteurs de la société civile à trouver des solutions. « Le Mali a la meilleure expérience de la décentralisation. Il a culturellement et politiquement les ressources et les ressorts pour trouver des solutions consensuelles, qui doivent toujours être la résultante d’un débat public large », assure-t-il.