Des insectes contre la faim dans le monde

Selon une nouvelle étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) présentée lors de la Conférence internationale sur les forêts pour la sécurité alimentaire et la nutrition qui se tient à  Rome du 13 au 15 mai, les insectes constituent une source majeure d’aliments nutritifs facilement accessibles et riches en protéines issus des forêts. Ils sont également riches en lipides, en calcium, en fer et en zinc. Le bœuf par exemple, contient en moyenne 6 mg de fer pour 100 g de poids sec, alors que ce chiffre varie entre 8 et 20 mg pour 100 g de poids sec chez la sauterelle, selon l’espèce et le type d’aliments que cette espèce elle-même consomme. Encourager l’élevage d’insectes «Nous ne disons pas que les gens doivent consommer des bestioles», souligne Eva Muller, Directrice de la division de l’économie, des politiques et des produits forestiers à  la FAO. «Nous disons que les insectes constituent simplement l’une des ressources que fournissent les forêts, et que leur potentiel est plutôt sous-exploité dans l’alimentation, surtout l’alimentation animale. Cependant, à  mesure que les habitats forestiers disparaissent, nous risquons de perdre des espèces avant d’avoir compris comment les utiliser pour réduire la faim», ajoute Mme Muller. Selon la FAO, « d’ici à  2030, plus de 9 milliards de personnes devront être nourries, tout comme les milliards d’animaux élevés chaque année », rappelant que « la pollution des sols et de l’eau due à  la production animale intensive et le surpâturage conduisent à  la dégradation des forêts ». Raison de plus pour encourager l’élevage d’insectes. Alors que deux kilos d’aliments sont nécessaires pour produire un kilo d’insectes, les bovins, eux, exigent huit kilos d’aliments pour produire un kilo de viande, argue-t-elle Toujours selon cette étude, les insectes d’élevage offriraient une solution durable pour éviter toute surexploitation susceptible d’affecter des espèces plus prisées. Certaines espèces, comme les vers de farine, sont déjà  produites à  une échelle commerciale puisqu’elles sont utilisées sur des marchés de niche comme l’alimentation des animaux domestiques, les zoos et la pêche de loisir. Si la production était plus automatisée, cela rabaisserait les coûts à  un niveau o๠le secteur profiterait d’une substitution de la farine de poisson par la farine d’insecte pour nourrir les élevages, par exemple. l’avantage est d’augmenter l’offre de poisson disponible pour la consommation humaine. Apport du secteur privé « Le secteur privé est prêt à  investir dans l’élevage d’insectes. De grandes perspectives se dessinent devant nous», explique Paul Vantomme, l’un des auteurs de ce rapport. «Mais aucune entreprise ne se risquera à  investir dans ce secteur d’activités tant que les textes législatifs n’auront pas été clarifiés et empêcheront même l’essor de ce nouveau marché». D’après les recherches de la FAO, menées en partenariat avec l’université de Wageningen aux Pays-Bas, plus de 1 900 espèces d’insectes sont consommées par les hommes sur le globe. On estime qu’ils s’inscrivent dans les régimes alimentaires traditionnels d’au moins deux milliards de personnes. à€ l’échelle mondiale, les principaux insectes consommés sont: les scolythes (31 %), les chenilles (18 %), les abeilles, les guêpes et les fourmis (14 %), les sauterelles et les criquets (13 %).

Les insectes, c’est bon…pour la santé !

En 2010, la FAO (l’agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation) comptait près de 100 pays dans le monde dans lesquels cette pratique est courante. Criquets, larves diverses, punaises, fourmis : plus de 1400 espèces comestibles sont consommées quotidiennement en Afrique, en Asie ou en Amérique centrale par près de 2,5 milliards de personnes. Si l’organisation onusienne lutte d’abord pour que les pratiques existantes ne soient pas abandonnées au profit d’un modèle occidental qui privilégie la viande, elle milite depuis 2008 pour que les pays les plus développés se convertissent eux aussi à  cette source de protéines bon marché, saines, et écologiques. Ce n’est pas gagné. Mais revenons au bénéfice que nous tirons de nos bons amis les insectes. C’’est mieux que la viande ! Au niveau sanitaire, manger des insectes ne présente aucun risque. Comme tous les arthropodes tels que les homards, les crevettes et les crabes, les insectes sont classés comme une denrée alimentaire à  haute valeur protéique. Parmi les insectes existant dans le monde, il faut savoir distinguer ceux qui sont réputés favorables à  la consommation, à  savoir les fourmis noires, la chrysalide de vers à  soie, les vers de farine ou ténébrions et autres types les chenilles, les criquets et les sauterelles, les grillons, les larves de coléoptères, les larves d’abeilles, etc. Riches en protéines, ces derniers constituent ainsi un substitut idéal du poisson et de la viande. Mais en sus de leurs apports en protides, lipides et glucides, les insectes sont également une source de vitamines et de minéraux essentiels tels que le calcium, le zinc, le fer et le potassium. A titre d’exemple, des chercheurs ont prouvé que les chenilles séchées contiennent, selon leurs espèces, entre 20% à  60% de protéines, plus de 10% de graisses, de la vitamine B2 en plus des différents minéraux. 100 grammes de criquets apporteraient 500 calories, tandis que 100 grammes de chenilles séchés en fourniraient 400. Mais même malgré ces propriétés nutritives considérables, il est fortement conseillé de ne consommer que les insectes de bonne qualité, au risque de tomber malade. Ceux-ci doivent alors être comestibles, frais avec une odeur agréable et achetés vivants avec garantie d’une hygiène impeccable. En plus, les insectes ont une grande vertu, celle de limiter considérablement les gaz à  effet de serre que les animaux d’élevage émettent à  haute dose. Manger des criquets conduit à  produire 10 fois moins de méthane qu’un bœuf. Ils émettent aussi très peu de déjection, ce qui est un problème difficile à  résoudre pour ce qui est de l’élevage de bétail ou de volaille. Il faut reconnaà®tre que les insectes possèdent également des propriétés médicinales efficaces et peuvent ainsi être utilisés comme remèdes contre certaines pathologies. Raison de plus pour en consommer. Comment les déguster ? En soupe, rôtis grillés… Il existe un choix infini de recettes à  base d’insectes et chacun peut, selon son inspiration en créer d’autres. Qu’ils soient chauds, frais ou glacés salés ou sucrés cuits ou crus C’’est à  dire à  l’état naturel, les insectes constituent un délice gastronomique à  découvrir. Les insectes peuvent être consommés en apéritif, en entrée, en plat de résistance ou en désert. Ainsi, vous avez largement le choix quant à  la façon de les cuisiner et en faire un excellent banquet. Frits, sautés ou rôtis, les insectes s’accompagnent bien d’une sauce piquante, de moutarde ou de mayonnaise. Vous pouvez également, après les avoir bouillis, les associer à  une salade de crudités, assaisonnée d’une vinaigrette, de condiments et d’herbes aromatiques. Réduits en purée ou incorporés dans un ragoût ou dans une sauce, ceux-ci seront servis avec du riz ou des pâtes. En les hachant finement, vous avez la possibilité de les mélanger dans des omelettes, des crêpes, des gaufres ou des pâtes à  pain en garnir vos quiches ou vos gratins ou en faire une gelée en l’assimilant à  des hors d’œuvre. Tartinés sur des canapés ou des biscottes, ces bouchées juteuses et croquantes ne peuvent être que des apéritifs parfaits. Pour une recette sucrée, vous disposez encore de plus de variantes. Vous pouvez faire des beignets caramélisés, mettre au four des cookies ou des galettes en remplaçant les raisins, les amandes, ou les pépites de chocolat par des insectes. En dessert, vous les incorporerez dans vos salades de fruits avec de la crème, en faire un sorbet ou tout simplement les marier à  de la crème glacée. Et pourquoi ne pas apprécier des scorpions ou des grillons enrobés de chocolat simplement réfrigérés. Bon appétit !