Manchester United : Cristiano Ronaldo, un départ et des questions

Après l’interview choc de Cristiano Ronaldo le 13 novembre dernier, Manchester United s’est donné le temps de prendre sa décision. Elle est tombée. Le club anglais a annoncé le 22 novembre un accord avec l’attaquant portugais pour rompre son contrat.

Le quintuple Ballon d’Or ne reviendra donc pas à Manchester après la Coupe du monde. Là où, sous les ordres de Sir Alex Ferguson, il avait pris une autre dimension. Dans une interview, les derniers jours du break avant la Coupe du monde, le Portugais a assuré qu’il se sentait « trahi » par le club, qui ne l’avait pas assez soutenu dans des moments difficiles et au sein duquel rien n’avait changé depuis le départ de son emblématique entraîneur, Sir Alex Ferguson, en 2013. Il a également tancé l’entraîneur actuel Erik Ten Hag, pour lequel il n’a « aucun respect » car ce dernier n’a pas de respect pour lui. Ronaldo a également eu des mots peu amènes à l’endroit de Wayne Rooney, meilleur buteur de l’histoire du club. L’issue semblait donc inévitable. Et son second passage à Manchester United se termine tristement. Il a aussi refusé d’entrer en jeu pour les dernières minutes, préférant aller directement au vestiaire, lors du match contre Tottenham le 19 octobre. Ce refus lui avait valu d’être suspendu un match par Manchester United.

En début de saison, plusieurs médias évoquaient ses envies d’ailleurs, sans que lui-même ni ses représentants ne le confirment.

Quel avenir ?

À 37 ans, quelle sera la suite de la carrière du Portugais ? Il est toujours efficace, avec 18 buts inscrits la saison dernière en championnat en 30 matchs. Cette saison il n’a inscrit qu’un seul but en 10 matchs, avec un temps de jeu plus réduit. Si certains médias évoquent les sirènes de la MLS, le championnat américain, le joueur souhaiterait poursuivre en Europe et disputer la Ligue des Champions. Aucun nom de club ne semble vraiment émerger, même si Chelsea a été évoqué. Le nouveau propriétaire du club apprécie le joueur et, selon des médias britanniques, le refus de l’entraîneur allemand Thomas Tuchel de considérer la possibilité du recrutement du Portugais a pesé dans son renvoi. Mais rien n’est encore concret. De 2003 à 2009 puis de 2021 à 2022, Cristiano Ronaldo a inscrit 145 buts en 346 matchs.

Touty Gandega : « Le Mali a une génération de basketteuses très talentueuses »

Elle était l’une des attractions de l’Afrobasket féminin qui s’est tenue à Bamako en août 2017. Encore inconnu avant le début du tournoi, elle a su se mettre le public malien dans la poche. Une énorme banderole avec inscrit dessus ‘’Touty je t’aime’’, était même déployé lors de chaque match du Mali. C’est dire le capital sympathie que dégage cette jeune joueuse de26 ans.  Entretien avec l’une des futurs leaders de la sélection féminine de basket du Mali.

Journal du Mali : Vous avez-vécu votre première expérience avec l’équipe du Mali, lors de l’Afrobasket qui s’est tenue  à Bamako. Quel souvenir en gardez-vous ?

Touty Gandega : Le souvenir que je garde c’est la passion que les Maliens ont pour ce sport et la manière dont on a été supporté tout au long de cette compétition. Je n’avais jamais mais vraiment jamais vécu ça auparavant en tant que  jeune basketteuse. Honnêtement ça a juste été magique pour moi.

Le Mali est considéré à juste titre comme possédant l’un des meilleurs viviers d’Afrique, comment voyez-vous l’avenir de cette équipe ?

La nouvelle génération de basketteuses qui arrivent est très talentueuse. J’ai pu travailler avec  trois-quarts des joueuses qui n’ont pas été sélectionnées dans l’équipe, mais qui  était dans la liste élargie de cette campagne 2017 et je pense que pour la campagne 2019 elles y seront et elles seront prêtes. Elles sont tellement  athlétiques c’est juste incroyable avec le temps elles prendront  de la maturité dans leur jeu aussi bien techniquement que tactiquement et la ça sera une très belle génération.

Quelles sont vos objectifs avec votre club, et avec la sélection du Mali ?

Avec mon club actuel (A.B CHARTRES qui évolue en ligue 2 féminine) nous voulons accrocher  les playoffs et pourquoi ne pas faire l’exploit de la montée en ligue 1, mais comme on dit chaque chose en son temps on prend match par match. Avec le Mali je souhaiterais vraiment être championne d’Afrique et faire un championnat du monde et les J.O comme nos aînées.

Entre gagner un titre européen avec votre club ou remporter un trophée avec le Mali, que choisiriez-vous ?

 La question est délicate mais honnêtement gagner un trophée avec le Mali.

Il y a de cela quelques semaines, était célébré la journée internationale du sport féminin, en tant que sportive, comment jugez-vous l’état du sport féminin ?

Malheureusement  je trouve que le sport féminin  n’est pas assez médiatisé et je parle pour tous les sports confondus. Nous en Europe pour le basket (France) on commence à montrer des matchs sur certaines chaînes  mais à mon goût ce n’est pas encore assez. J’espère qu’on aura la chance dans les années à venir d’être au même niveau que les hommes sur le plan de la médiatisation, et ce dans tous les sports.

Quelles sont les difficultés auxquelles une sportive est le plus souvent confrontée ?

Tout abord en tant que femme sportive nous devons faire des sacrifices. Je parle d’avoir une vie de famille. En général nous avons des enfants tardivement car quand on joue au haut niveau ce n’est pas évident d’arrêter de jouer puis reprendre donc nous attendons parfois (mais je ne parle pas pour tout le monde) notre fin de carrière pour opter à avoir des enfants. En tant que sportive on est souvent loin de nos familles ça aussi ça fait partie des sacrifices que nous devons faire surtout quand on joue à l’étranger. Ensuite on peut parler des blessures nous sommes plus souvent et voir plus fragile qu’un homme donc on se blesse plus facilement.

Était-ce dure pour vous au départ quand vous avez choisi d’embrasser une carrière de basketteuse ?

Oui au départ.  Nous devons prouver tous les jours au coach à l’entraînement et dans les matchs que nous avons le niveau pour jouer. Personnellement j’ai commencée au bout du banc et petit à petit j’ai réussi à faire ma place. Ça été dur et long mais grâce au travail que j’ai fourni en saison et pendant les étés (workout) j’ai réussi à me faire une petite place.

Quelles sont vos idoles ?

Dans le Basket j’aime beaucoup Maya Moore (joueuse WNBA),  Stephen Curry en NBA et Allen Iverson pour les  Hall of famers . En Politique : Barack et Michelle Obama car ils ont marqué l’histoire de notre époque.

Djénébou Danté : « Nous sommes des athlètes et faire des performances doit être notre priorité »

Avant de s’envoler vers la France retrouver son club de l’AC Paris Joinville, la championne nationale du 400 mètres, détentrice du record, a fait une halte au Journal du Mali pour évoquer quelques sujets brûlants de l’athlétisme.

Journal du Mali : L’IAAF (Association Internationale des Fédération d’Athlétisme) a adopté un nouveau cahier des charges pour 2018. Les qualifications pour les grandes compétitions ne se feront plus avec les minima, mais à travers un classement mondial. Comment jugez-vous cette révolution ?

Djénébou Danté : En tant qu’Africaine, je pense que cela sera un peu difficile. Parce que les pays africains qui n’ont pas les moyens de participer à beaucoup de compétitions, en dépit de leurs performances, seront défavorisés. Avec les minimas, lors d’une ou deux compétitions tu te donnes à fond. Si les pays n’ont pas les moyens de faire participer leurs athlètes à beaucoup de compétitions, il leur sera difficile d’obtenir des points pour se qualifier. Mais on fera avec, on fera de notre mieux.

Diriez-vous que s’entrainer en Europe ou à l’étranger est une nécessité pour réaliser des performances ?

Oui. En étant chez toi, tu peux t’entrainer dur, mais il est très difficile de se reposer, à cause du bruit et des petits soucis familiaux. Sans repos, pas de performance. Il y a aussi la question du suivi de l’alimentation. Cela coûte très cher ici. A l’extérieur, avec une bourse ou un autre appui, c’est mieux.

Vous avez remporté une médaille d’or lors des Jeux de la Francophonie à Abidjan (juillet). Pourtant ce n’était pas gagné au départ, le ministère n’ayant pas pris en charge votre billet Paris – Bamako. Vous avez tenu à venir à vos frais. Cela a-t-il été pour vous une motivation supplémentaire ?

C’était mon objectif et celui de la fédération d’avoir une médaille lors des Jeux de la Francophonie. Mon club a pris mon billet. Il me fallait revenir avec quelque chose comme récompense, et ça été la médaille d’or. Le ministère des sports a remboursé l’argent, donc l’histoire s’est bien terminée.

Comment faites-vous pour allier vie d’athlète et métier de policière ?

Cela n’a pas été difficile. J’étais athlète avant d’entrer dans la police, où on m’a toujours donné l’occasion de participer à des compétitions. J’ai toujours eu des permissions. Je suis en congé de formation actuellement, pour la deuxième fois. Sans cette aide, je n’en serai pas là aujourd’hui.

Il y a des problèmes qui minent la fédération malienne d’athlétisme. Peuvent-ils impacter les performances ?

Je pense que ce n’est pas un problème qui nous concerne. Un athlète reste un athlète, il n’est pas là pour désigner un président. Nous n’en avons pas à nous en mêler. Nous sommes des athlètes et faire des performances doit être notre priorité.

Votre frère footballeur, Abdoul Karim Danté, a déclaré que vous aviez été la personne qui l’avait inspiré pour devenir sportif. Qu’est-ce que cela vous fait de le voir à ce niveau ?

C’est une grande fierté. Il a vu que je suis une battante, que je ne baisse les bras. En athlétisme, on ne gagne pas autant que dans le basket ou le football, mais il a vu que je suis toujours optimiste. Il m’a dit « je vais te dépasser ». Il a su relever le défi, mais je n’ai pas dit mon dernier mot.

Personnellement, quelles sont vos idoles ?

J’étais basketteuse avant et mon idole était Marion Jones, basketteuse et sprinteuse en même temps. Ensuite, quand j’ai commencé l’athlétisme, mon idole a été la française Marie Josée Perec. Je m’entraine d’ailleurs avec son coach, pour devenir comme elle. J’espère que nous allons y arriver.

Camara Marie Anne Dabo, présidente de l’association des femmes minières du Mali : « La femme est incontournable dans le secteur minier »

Le Premier ministre a donné le coup d’envoi ce matin des 7e journées minières et pétrolières du Mali, à l’hôtel Laïco de l’amitié. En présence d’une dizaine de ministres de son gouvernement, il a souhaité que l’or puisse briller pour tous les Maliens. En attendant que ce souhait devienne réalité, des femmes se sont organisées en association pour exploiter les pierres précieuses et semi-précieuses au Mali. La présidente de l’association des femmes minières du Mali, Camara Marie Anne Dabo, s’est épanchée pour le Journal du Mali sur les spécificités de cette association.

Journal du Mali : Vous êtes la présidente l’association des femmes minières du Mali (AFEMINE), dites-nous en plus sur cette association ?

Camara Marie Anne Dabo : L’association a été créée en 2002, et depuis nous avons fait du chemin. Nous sommes là pour montrer qu’il y a d’autres ressources au Mali autre que l’or, la bauxite, le pétrole. Il y a d’autres substances qui génèrent de la richesse. Il y a par exemple les pierres précieuses, nous nous sommes donc organisés pour faire de l’exploitation, la transformation, la valorisation des pierres du Mali.

Quelles sont les pierres que vous exploitez ?

Nous sommes spécialisées dans les prehnites (pierres semi-précieuses). Des prehnites verts et bleus. Quand elles sont bien travaillées, elles ont une bonne valeur marchande, et peuvent même côtoyer les pierres précieuses.

Selon vous, quelle place occupe la femme dans le secteur minier au Mali ?

Bien que le genre soit marginalisé, dans certaines filières, j’avoue que de 1995 à ce jour, le secteur minier à beaucoup progressé. Nous observons, actuellement, qu’il y a des femmes détentrices de permis, des femmes propriétaires d’exploitation minière, des femmes directrices des sociétés minières, je pense donc qu’il y a eu un progrès, mais toute fois elle est minoritaire. Nous luttons pour avoir la place que nous méritions dans ce secteur. La femme est incontournable dans ce secteur, nous représentons 45 à 51% dans cette activité, que ce soit d’une manière artisanale ou d’une exploitation minière. Quand il s’agit des partages de postes et de biens, les femmes sont marginalisées. C’est pour cela, que nous voulons nous accaparer des pierres, faire de ceux-là un métier féminin, pour que la femme malienne puisse briller non pas seulement par l’or, mais par les pierres également.

Combien de femmes travaillent sur le projet ?

Des femmes de 18 villages travaillent sur les pierres. Elles sont aux nombres de 2000 femmes autour de ce projet. Lorsque nous avons fait le projet, nous avons bénéficié d’un financement de la banque mondiale, mais nous nous sommes rendu compte que le projet était un peu mince pour combler toutes ces femmes et cela, dans des zones où l’immigration est très présente. Dans ces villages, on ne voit que les femmes, les bras valides sont très souvent absents. Nous avons donc agrandi le projet, des sociétés nous accompagne désormais sur ce projet, et ONU Femmes nous appui dans nos démarches.

Après l’exploitation et la vente des pierres, comment se fait la répartition des bénéfices ?

Nous sommes tous égaux. Nous, nous faisons partie du bureau national, et ce bureau a plusieurs branches. Nous avons des femmes collectrices d’Or, des femmes dans d’autres domaines, et très souvent quand nous faisons des projets pour un groupement, il y va de soi que les bénéfices soient du gagnant-gagnant.

Quelle importance revêt pour vous ces journées minières et pétrolières ?

Les partenaires sont un peu réticents à venir au Mali. Ces journées nous offre un cadre pour montrer non seulement aux Maliens et aux restes du monde qu’il y’a des ressources qui sont là, et qui sont dans des zones sécurisées, et qu’ils sont avec des personnes qui ont besoin de partenaires, pour développer ces ressources. Que ce soit la diaspora malienne, que ce soit les partenaires techniques qui sont à l’extérieur, nous en avons besoin.

Adam Thiam: « Le Mali est une nation et il faut faire attention à la surreprésentation du Nord.»

Quelle analyse faites-vous du nouvel attelage gouvernemental ?

Le président a préféré jouer la prudence, ce qui explique à mon avis le fait qu’il n’y ait pas autant de changement qu’attendu par la population. Je reste impressionné par l’instabilité au niveau du ministère de la Défense. Cela nous fait cinq ministres en quatre ans. Pour un pays qui doit reconstruire son secteur défense, c’est quand même un signe d’instabilité.

La CMA en est absente. Quelle lecture doit-on en faire ?

C’est dommage que les groupes armés ne soient pas représentés dans ce gouvernement mais on ne peut pas dire que le Nord ait été lésé. C’est la zone qui a le plus fort contingent dans la nouvelle équipe. Il y a quand même dix ministres du Nord. Je pense que c’est un quota qui est un peu trop élevé. Le Mali est une nation et il faut faire attention à la surreprésentation du Nord.

Une équipe pour préparer la présidentielle de 2018 ?

À mon avis, c’est un gouvernement qui est là pour conclure un mandat et peut-être rattraper ce qui n’a pas été fait de la meilleure façon. Parce qu’il ne peut pas y avoir de campagne en 2018 sans que ce premier mandat soit bien terminé. Je crois que le président est le premier à comprendre qu’il doit éviter de mettre en place un gouvernement de campagne. Ce devrait donc être plutôt un gouvernement de consolidation et de redressement. Voire de rectification. Les personnalités qui y figurent nous laissent penser cela.

Me Abdoulaye Sidibé: « L’evasion est une infraction à la loi pénale»

Journal du Mali l’Hebdo : Comment une telle évasion a-t-elle pu avoir lieu du Camp I et vous surprend t’elle après la nomination du Colonel Salif Traoré ? Maà®tre Abdoulaye Yaya Sidibé : Quand on parle d’évasion, il faut toujours privilégier la piste d’une complicité extérieure et ces éléments étant gardés au Camp I de la gendarmerie, il ne faut pas non plus omettre la thèse d’une complicité interne également. Ces hommes ne peuvent se défaire de leur geôle sans une aide, C’’est évident. Quant au nouveau ministre, il faut présumer de sa bonne foi et C’’est un homme qui a fait ses preuves comme gouverneur à  Kayes. Certains évadés sont proches d’Amadou Haya Sanogo, est-ce une nouvelle menace sur la sécurité présidentielle ? Je dirai même plus, C’’est une nouvelle menace pour la sécurité de nos institutions. Et si on ne parvient pas à  appréhender ces hommes rapidement, je crains pour la sécurité des familles des bérets rouges disparus, puisque ces hommes sont aussi soupçonnés dans cette affaire. Il faut rapidement qu’ils soient arrêtés. Que prévoit la loi en matière d’évasion ? Cette affaire relève du crime. Et l’évasion est une effraction à  la loi pénale. Ces hommes étaient déjà  soupçonnés de tentative de déstabilisation des institutions, et ils sont sous le coup de circonstances aggravantes. Ils étaient placés sous mandat de dépôt pour un an, renouvelable jusqu’à  trois ans, ensuite ils devaient être jugés. Cela dit, il faudra renforcer la sécurité si on parvenait à  les arrêter, puisqu’on ne peut mêler les civils aux porteurs d’uniformes qui sont toujours détenus au Camp I. Vous connaissez bien entendu les conditions à  la Maison d’arrêt de Bamako, qui est en sureffectif.

Quand IBK tente de sortir la tête hors de l’eau…

La presse malienne s’est intéressée à  l’interview d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK ) a sur un média français. Et dans son ensemble, elle a largement diffusé l’intégralité de ce discours. Il y a donc eu très peu voir aucune analyse de ce discours. C’’est la raison pour laquelle et dans le souci d’éclairer mieux l’opinion nationale malienne, J’ai décidé de publier ce que J’ai compris et retenu de cette interview d’Ibrahim Boubacar Keita. Je tiens à  souligner que mon analyse se base sur des faits concrets, et doit en aucune manière être considérée comme un règlement de compte vis-à -vis de la personne d’IBK. C’’est simplement par souci d’intégrité, de neutralité, mais surtout la volonté de guider, éclairer et avertir les maliens sur les questions relatives à  leur société et à  son développement. Pour commencer, intéressons-nous à  la forme du discours d’IBK : Au moment o๠la communauté internationale s’active à  voler au secours du Mali, afin que celui-ci se libère du joug de l’oppression des islamistes et des narcotrafiquants et recouvre l’intégrité de son territoire, cette personnalité publique, non moins importante du paysage politique malien, qui, à  l’instar d’autres personnalités politiques a fait le choix de se refugier dans un silence presque agaçant, tente enfin de sortir la tête hors de l’eau pour donner sa version des faits. Et pour se faire entendre, IBK a choisi, non pas à  un média malien, mais RFI, ce 31 octobre 2012. Dans cette interview, Monsieur Ibrahim Boubacar Keita (IBK) a désigné le président Amadou Toumani Touré (ATT) comme l’unique coupable du malheur qui s’acharne sur le Mali depuis le 22 mars dernier, date à  laquelle, celui-ci a été évincé du pouvoir par un coup d’Etat militaire, seulement un mois de la fin de son mandat. Selon lui, ATT ne saurait partager cette lourde responsabilité avec quiconque, puisque C’’est lui et lui seul qui a donné à  l’armée malienne, l’ordre d’évacuer la ville de Tessalit en février dernier. Pour mieux mesurer le poids des propos tenus par Ibrahim Boubacar Keita, il est utile de se rappeler qu’il est le président du Parti pour le Rassemblement du Mali (RPM) et candidat aux élections présidentielles pour la troisième fois. En outre, IBK a été le président de l’Assemblée Nationale du Mali de 2002 à  2007, pendant les cinq premières années du mandat du Président Amadou Toumani Touré. On se souvient encore de cette déclaration qu’il a faite à  la presse au lendemain de son écrasante victoire aux élections législatives de 2002 : «Â désormais, je travaillerai avec mon frère ATT, non pas en face à  face, mais en côte à  côte » Et 10 ans plus tard, ATT est devenu persona non grata aux yeux d’IBK. Et pendant 10 ans, les responsables politiques maliens, se sont attribués les postes, ont joué à  fond au copinage dans la gestion des affaires publiques et l’accès à  l’emploi, laissant pour compte le peuple malien et ses souffrances quotidiennes. IBK, dans son interview, a défendu la même thèse que les auteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012, à  savoir, que le président ATT est la cause de tous les malheurs du peuple malien. Loin de moi l’idée de défendre le président déchu, celui là  même qui a ouvert la porte à  la corruption et au copinage au sommet de l’Etat. Mais il convient néanmoins de souligner que M. Keita a été l’une des rares personnalités politiques maliennes à  n’avoir pas été touchée par la junte, depuis le début de cette crise. Allez savoir pourquoi. Et ma préoccupation principale, en tant que citoyenne malienne, C’’est de savoir, comment a-t-on pu laisser une seule personne la gestion de toute une nation ? En outre, dans cette interview, qu’ IBK a bien voulu accorder à  RFI, il affirme avoir pleuré, lorsqu’il a appris la chute de la ville de Tessalit par les rebelles touaregs et leurs alliés islamistes et narcotrafiquants. Je pense que nous attendons plus d’un responsable politique, que des larmes, considérés comme un signe de faiblesse ou d’incapacité, surtout face à  des personnes qui n’ont de C’œur que de tuer, violer , lapider ou flageller. Nous avons besoin de leaders, capables d’agir avec fermeté et constance et qui savent anticiper les crises. Hors, en décidant de «Â travailler en cote à  cote avec ATT » Devrait-il s’étonner des agissements de fin de mandat de ce denier ? Et dès cet instant précis, n’a-t-il pas décidé de se dédouaner de sa responsabilité vis-à -vis du peuple malien ? De surcroit, peut-on parler de cohérence entre le discours d’IBK de 2002 et celui annoncé sur les antennes de RFI ? Enfin, est-il possible d’être autrefois en phase avec le président déchu et aujourd’hui avec les auteurs du coup d’Etat de mars 2012 ? Arrêt sur le discours d’IBK : Ce qu’il a dit et ce qu’il a tu  Le discours de Monsieur Keita s’est articulé autour de trois points principauxÂ à  savoir: 1. La responsabilité du président ATT dans le basculement du pays dans les heures les plus sombres de son histoire ; 2. Les querelles intestines qui empêchent la classe politique malienne de s’unir et de présenter un plan crédible l’union nationale, la gestion et la sortie de crise ; 3. Son soutien aux actions du président Traoré et à  celles de la communauté internationale en faveur du Mali. Mais nous constatons qu’IBK, le républicain et fervent défenseur de la démocratie, des droits de l’Homme et de la bonne gouvernance a omis de dire… J’aurais apprécié entendre IBK : dénoncer le coup d’Etat qui a réduit au néant les efforts énormes faits par le Mali au cours de ces 20 dernières années en matière de démocratie et de développement social et ouvert la porte de l’impunité dans le pays ; prôner la mise en place d’un Etat de droit ; insister sur la nécessité de favoriser la création d’un environnement propice à  la démocratie, au respect des droits individuels, à  la liberté d’exprimer ses opinions sans en être inquiété de quelque manière que ce soit ; prôner l’émergence d’une société civile forte et autonome au Mali ; proposer des mesures concrètes au peuple du Mali, pour une meilleure sortie de crise, ainsi qu’une meilleure reconstruction du pays et des régions maliennes du Nord en particulier ; dénoncer les nombreuses violations des droits humains particulièrement à  Bamako, depuis le coup de mars dernier, une pratique qui reste toujours très courante, notamment dans la capitale. Et par ailleurs, aussi étonnant que cela puise paraà®tre, aucun de ces fondements d’un Etat de droit, démocratique et républicain n’a été mentionné par Monsieur Keita. Cependant, comment devrions-nous comprendre cette omission de la part d’une personnalité politique et publique au moment o๠le Mali se voit dépossédé de tous ces précieux acquis ? Les maliens ont fait preuve d’une très grande naà¯veté au cours de ces 20 dernières années. Aucun compte n’a été demandé à  l’Etat et à  ses dirigeants. Ce manque de vigilance ou ce laisser- aller a laissé la place à  la construction d’un Etat corrompu, faible et bafoué, en témoigne la crise sans précédent qui sévit dans le pays depuis huit mois. Etant donné cette grave crise que traverse le Mali et les souffrances vécues par ses populations, n’est-il pas nécessaire, voir obligatoire que nos responsables politiques réfléchissent des bases saines et transparentes à  un Etat solide et démocratique ? Je pense que cette exigence ne sera pas possible tant qu’ils continuent à  se dénigrer et à  se rejeter les responsabilités. Ils doivent tous reconnaitre leurs parts de responsabilités dans la crise actuelle et prouver leurs crédibilités à  la nation malienne en proposant de nouvelles stratégies de gestions des affaires publiques, pour favoriser le développement du pays, le partage des richesses, l’accès au marché du travail à  tous les jeunes du Mali, sans considérations sociales, politiques ou culturelles. En clair, comment chaque citoyen malien, qu’il soit du Nord, du Sud, d’Ouest ou d’Est puisse retrouver sa place dans la République, en ne laissant personne au bord de la route ? Telle doit être dorénavant la seule préoccupation de chaque responsable politique qui souhaite s’investir pour la cause du peuple malien.

Mamadou GAKOU: « A Durban, les enjeux du Mali sont ceux de l’Afrique »

Journaldumali.com ] : Quels sont les enjeux pour le Mali à  cette conférence de Durban Mamadou GAKOU : Les enjeux du Mali à  Durban ne sont ni plus ni moins que les enjeux de l’Afrique. Notre ministre de l’environnnement préside la conférence des ministres africains de l’environnement (CMAE) et tous les pays africains ont décidé de parler d’une seule voix à  cette conférence de Duban. Le Mali comme tous les autres pays, souhaite un engagement pour une deuxieme période du protocole de Kyoto. Que les pays développés s’engagent au delà  de 2012. Le protocole de Kyoto constitue aujourd’hui l’instrument le plus contraignant pour la réduction des gaz à  effet de serre. La discussion tourne autour du fait que les pays développés veulent que des pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, puissent aussi s’engager dans le protocole, puique ces pays commencent aussi à  polluer. Nous les Africains ne produisons pas de gaz à  effet de serre mais nous subissons les conséquences, la désertification, les feux de brousse, la réduction des nappes phréatiques, l’insécurite alimentaire, toutes ces questions sont liées aux changements climatiques. Journaldumali.com : Pour l’ Afrique, il s’agit surtout d’adaptation, d’atténuation des effets du changement climatique, le Mali va lancer à  Durban son Fonds Climat ? Mamadou GAKOU : Effectivement le Fonds Climat est un instrument de lutte contre les changements climatiques, il servira aussi à  attirer d’autres partenaires internationaux pour avoir des financements. Ce fonds va servir aujourd’hui à  plusieurs activités, nous avons au Mali une politique nationale, une stratégie et un plan d’action contre les effets du climat. Le plan d’action définit 180 actions et 80% de ces actions sont dédiées à  l’adaptation, ce qui constitue aujourd’hui la priorité de l’Afrique. Il s’agit de conduire des projets faibles en carbone et dont les résultats ne conduisent pas à  l’émission de gaz à  effet de serre. Ces projets concernent le développement local et tous les groupes d’acteurs seront concernés par ce fonds climat. Journaldumali.com : Le Mali est aujourd’hui vu comme exemple avec l’Ethiopie en terme de lutte contre les changements climatiques ? Mamadou GAKOU : Il faut souligner en effet, que C’’est la premiere fois qu’un pays met en place un fonds dédié à  la lutte contre le climat au niveau national. Le Mali et l’Ethiopie sont les premiers pays à  le faire. En cela, nous constituons un exemple. Journaldumali.com : A quoi servent ces grandes conférences, l’africain est il pleinement conscient de la notion d’environnement et de sa preservation aujourd’hui ? Mamadou GAKOU : Il faut penser globalement et agir localement. Mais participer à  ces grands rendez vous est important. Le Groupe du Mali est fortement présent à  Durban que ce soit la societe civile, les ONG, les parlementaires ou les médias et nous nous répartissons dans les différentes reunions, mais il s’agit de voir quelles sont les opportunités en terme d’information, de financement et aussi de partenariat, des expériences que nous devons ramener au niveau du pays, nous avons donc un devoir de rendre compte. Nous vivons dans un pays pauvre et l’environnement est un luxe pour ceux qui pensent d’abord à  se nourrir, mais d’un autre coté, les questions de développement sont intimement liées à  ca. Avant Copenhague, les ministres africains ont tenu des réunions et lors de toutes ces réunions, une position commune africaine a été clairement définie. Et cette position a été réiterée à  la Conférence Africaine des Ministres de l’Environnement CMAE. Le consensus au niveau africain existe.

Laurent Gbagbo sur Canal + : Le Grand bluff !

Les interviews de chefs d’états sont un graal pour les journalistes vedettes comme Michel Denisot, présentateur du sur Canal Plus la chaà®ne cryptée, pour essayer de tirer les vers du nez de «Â puissants » avec l’illusion de la fameuse objectivité et peut être, ce sentiment d‘influer un tout petit peu sur le cours des choses… Mais la situation en Côte d’Ivoire est toute particulière ainsi que ceux qui convoitent cet eldorado de ressources naturelles. C’’est après un vol de 6h que Denisot a atterri dans la capitale ivoirienne pour confronter Gbagbo dans des conditions difficiles dira t-il ensuite. D’autres sources affirment que Gbagbo et son entourage auraient commandité cette interview sur CanalPlus… Si on craignait un journaliste trop convenu comme dans l’interview de Sarkozy, à  l’Elysée après le 14 juillet, on a vu là  un Denisot pugnace face à  un Gbagbo dont les hésitations masquent à  peine l’incongru de la situation,(un fauteuil pour 2), et dont les roulades verbales peuvent sans doute faire rire quelques partisans, mais sont difficiles à  avaler désormais pour l‘opinion internationales. «Â On vous surnomme le boulanger, » lâche Denisot, peu dérangé par la chaleur et après un matraquage de questions sur les résultats validés par la CEI puis invalidés par le Conseil Constitutionnel, la juridiction suprême. Et Gbagbo de rétorquer : «Â Vous connaissez un chef d’état qui n’a pas surnom ? Cela est même une marque de respect. Et d’ailleurs, votre Mitterrand, ne se faisait-il pas appeler Dieu ?». l’homme se prendrait-il pour un messie? Et de contre attaquer : «Â C’’est Alassane Ouattara qui a introduit la violence en politique en Côte d’Ivoire ! ». Denisot riposte : «Â Mais pourquoi aimez-vous le pouvoir ? ». «Â Partout dans le monde, tout le monde aime le pouvoir, tous ceux qui le cherchent aiment le pouvoir, pour changer les choses ». On y croirait presque, dans cette résidence de la présidence, o๠les arbres imposent un sorte de rempart, alors qu’au dehors, les affrontements grondent. Mais Gbagbo se défend de toute violence. «Â Alors pourquoi Ouattara ne peut se rendre chez lui à  pied ? », demande Denisot. «Â Mais il le peut, personne ne l’en empêche », ironise le boulanger. On imagine déjà  les militants de Blé Goudé, postés aux intersections. Mais oui, la situation se décantera par la discussion, je n‘y vois pas d‘inconvénient, bluffe Gbagbo avant de remercier les téléspectateurs de Canal+. De son côté, Ouattara, qui a eu droit à  un duplex, face au présentateur, s’est montré calme mais répétitif :«Â Il faut que Laurent Gbagbo lâche le pouvoir, des Ivoiriens sont entrain de mourir sous les balles des milices. Ce pays ne peut supporter cette situation. Laurent Gbagbo fait du mal à  la Côte d’Ivoire, alors s’il l’aime, qu’il quitte le pourvoir ». De son côté, l’occupant de la présidence d’affirmer que : «Â La Côte d’Ivoire n’est pas au bord du bain de sang… » et le rôle de l’ONU n’ est pas de proclamer des résultats! Face à  ce duel médiatique interposé, l‘horizon reste toujours aussi bouché, et si on a plus envie de rire de l’humour bluffeur de Laurent Gbagbo, les plaintes et doléances de Ouattara sonnent désespérés même si l’homme se veut endurant dans l’attente de son fauteuil dû. La question qui se pose maintenant, C’’est de savoir, qui lâchera en premier, à  défaut de recomptages, de ballets diplomatiques africains ou d’éventuelles concertations. A quand un nouveau face à  face Gbagbo-Ouattara et devant le peuple de Côte d’Ivoire cette fois ?

Interview d’ATT au PArisien / Otages français au Mali : «Les ravisseurs les ont dispersés»

Le Parisien : Savez-vous o๠sont les otages enlevés au Niger le 16 septembre? AMADOU TOUMANI TOURà‰ : Malgré un minutieux travail de renseignement, nous ne sommes jamais parvenu à  savoir exactement o๠se trouvent les otages. Evidemment, ce serait confortable de dire que les otages se trouvent à  un point précis. Une opération militaire pour les libérer est-elle possible? Non, car les conditions ne sont pas réunies. Une opération militaire classique et bien organisée exige des renseignements vraiment pointus — qui sont très difficiles à  obtenir — et une maà®trise de la zone, ce qui est pratiquement impossible. Il est certain que les ravisseurs ont dispersé leurs otages en plusieurs groupes. Ils ne dà®nent jamais là  o๠ils ont déjeuné et ils se déplacent rapidement. Une intervention des forces spéciales risquerait donc de mettre en danger la vie des otages. Il y a un proverbe africain qui dit : « Lorsque tu as ton doigt dans la bouche de quelqu’un, il ne faut pas le gifler. » Il ne reste donc que la négociation… Le Mali apporte toute son aide, mais les contacts sont quasiment impossibles avec cette bande. On doit passer par des intermédiaires et il y en a tellement qu’on ne sait pas toujours lequel est le bon. Il faut être très patient. Personne ne peut dire combien de temps les otages d’Areva et de Satom seront retenus. Pour mener à  bien cette négociation, il faut une conjugaison d’efforts et d’initiatives de plusieurs pays. Et de la discrétion. Connaissez-vous les exigences des preneurs d’otages? ] Malheureusement non. Depuis le début de cette prise d’otages, les ravisseurs, contrairement à  leur habitude, ont moins parlé. {b Des médicaments sont parvenus à  Françoise Larribe, est-ce un signe encourageant? J’ai appris cela, mais je n’étais pas au courant. Si cette nouvelle est vérifiée, C’’est un petit pas et une très bonne chose. Même dans les plus longs voyages, les petits pas comptent beaucoup. Quelle force représente aujourd’hui Aqmi? C’’est un péril de plus en plus grand : l’islam que propage Aqmi n’est pas l’islam, C’’est du terrorisme pur et simple. Sur le plan militaire, la réputation d’Aqmi est surfaite. Ses effectifs ne sont pas aussi importants qu’on le dit. Cependant, un ennemi invisible et très mobile qui traverse les frontières et bénéficie de complicités peut s’avérer plus dangereux qu’on ne croit. Mais la menace n’est pas seulement militaire, elle est aussi idéologique. Et là , personne n’en connaà®t les limites. Une opération militaire vient d’être menée ces jours-ci par les armées mauritanienne et malienne. Quel était son but? Il s’agissait d’une opération ponctuelle. Chaque fois qu’il y a une pression des terroristes sur la Mauritanie, ce pays réagit et nous ne manquerons jamais de lui prêter main-forte. Mais je suis convaincu qu’il faut faire plus. Le problème fondamental de la bande sahélo-sahélienne, C’’est le déficit de coopération entre les Etats concernés. l’Algérie a engagé une initiative très importante à  laquelle nous adhérons : l’installation d’un état-major commun à  Tamanrasset. Il nous reste à  organiser et à  planifier nos actions militaires.

Maître Konaté sur le code de la famille : « On s’est contenté de plaquer les institutions républicaines, pour simplement répondre à la mode démocratique !»

Avocat réputé au barreau malien, Maà®tre Mamadou Ismaà¯la Konaté est associé du cabinet Jurifis Consult. Très présent dans les débats de société qui traversent la société malienne, affaire du vérificateur général, ou BHM, il est aussi l’avocat de l’ancien président tchadien Hissène Habré. A travers une longue interview consacrée à  JournalduMali.com, cet agitateur d’idées nous livre sa vision sur le très controversé code de la famille, qui ne manquera pas d’occuper les devants de l’actualité dès la fin du mois de Ramadan. JournalduMali.com : Que pensiez-vous du nouveau code après qu’il ait été voté par l’Assemblée Nationale le 3 Août 2009? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Comme toutes les personnes de ma génération et de ma formation, je me suis réjoui à  l’idée qu’un Code de la famille ait opté pour ce qui est apparu à  mes yeux d’homme, de citoyen, de professionnel du droit comme une avancée réelle en termes de droits et d’équilibre des droits. JournalduMali.com : Ne regrettez-vous pas que le code n’ait pas été plus loin sur l’excision et la polygamie notamment ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Je ne juge pas les avancées de ce Code uniquement sur ces questions spécifiques là . De mon point de vue, pour ce qui concerne ces questions, le droit positif et tout le dispositif prévu dans les Conventions internationales signées par le Mali comportent de nombreuses réponses adéquates. Il est vrai que ces réponses sont moins « bruyantes » mais plus efficaces que les dispositions insérées dans un texte aussi spécial que le Code de la famille. Vous me parlez de la polygamie, pour moi, cela relève d’une option qui reste ouverte à  ceux là  qui en font le choix. Il ne reste pas moins vrai que certaines personnes subissent plus que ne vivent la polygamie. Ces personnes là  ont peut être besoin de la protection de la loi dans le cadre d’un ordre public de protection. JournalduMali.com : Avez-vous été étonné par l’ampleur des manifestations de protestation? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Très franchement je n’avais pas exclu une réaction, mais jamais au point de penser que l’on pouvait remplir d’un coup tout un stade en une seule matinée. Nombre de candidats aux élections les plus importantes dans notre pays ne sont pas arrivés à  faire cela, malgré qu’ils se réclament du peuple et disent disposer de militants partout. Il est vrai que l’appel auquel tous les « contestataires » du Code ont répondu, venait de plus loin qu’un appel politique. JournalduMali.com : Votre position sur le code a-t-elle évoluée depuis ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : La position de tout le monde devrait plus ou moins évoluer après ce qui s’est passé. C’’est vrai qu’il y a toujours des téméraires, mais Il ne faut pas tomber dans ce travers qui amène beaucoup de gens à  se dire « modernes » face à  d’autres qu’ils peuvent malencontreusement juger « moins modernes », ou « arriérés ». Ma position sur cette question a donc évolué pour plusieurs raisons : La première tient à  la diversité et à  la spécificité « des communautés ethniques » non suffisamment prises en compte dans les dispositions de ce Code. La seconde est en rapport avec le rôle social et la mission d’un certain nombre d’« autorités », de « notabilités » qui ne sont pas toujours « valorisées » dans nos lois « modernes ». La troisième, et pas forcément la dernière, tient au fait que des composantes essentielles de la nation malienne se sont exprimées dans un cri « presque » de détresse et de douleur. Une autre raison est qu’il faut évoluer, en tout état de cause, et je suis en parfait accord avec mon confrère Mountaga TALL, député de son état qui nous invite à  moins de paresse intellectuelle… Je n’ai pas de scrupule à  reconnaitre que J’ai évolué sur des points se rapportant au Code. JournalduMali.com : Pourquoi la frange de la société civile qui était favorable au code ne s’est-elle pas mobilisée ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : J’ai souvent entendu un tel argument qui venait comme un gros reproche fait à  la société civile, comme si cette dernière avait failli à  un « devoir de solidarité ». Envers qui d’ailleurs ? Non, je ne suis pas un farouche partisan du recul et de l’inaction. Mais reconnaissons le, le pays et ses hommes n’avaient pas beaucoup d’autre choix que d’apaiser le climat social afin que la réflexion se fasse dans la plus grande sérénité. Il fallait dans tous les cas éviter de se regarder en chiens de faà¯ence, prêts à  un affrontement dont personne ne pouvait prédire l’issue. Il faut se parler désormais et avancer dans la réflexion et dans les propositions. JournalduMali.com : Que pensez-vous de la gestion gouvernementale de cette affaire avant le renvoi? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Le gouvernement malien s’est trouvé exactement comme son homologue français au moment du passage en force de la Loi dite « Devaquet ». Il s’agit d’un projet de loi qui a tenté de reformer les universités françaises en fin 1986. Très contesté, il a entraà®né un mouvement étudiant et lycéen, notamment marqué par la mort de Malick OUSSEKINE, et le projet de loi a fini par être retiré. Le Président ATT s’en est sans doute instruit. Il a, dans son adresse à  la Nation, soutenu lui-même que tout avait été fait pour que le consensus soit à  la base de l’adoption de ce texte. Il faut rappeler qu’il s’agit d’un texte qui est d’origine gouvernementale. Il n’y a pas de raison de douter de la parole de la première autorité nationale, ce d’autant plus qu’il a été le tout premier à  se réjouir publiquement du vote de la loi par le Parlement. Cependant, force est de constater qu’au regard de l’évolution de l’actualité du Code de la famille, il y a comme quelques ratés dans le « déroulé ». En définitive, la leçon à  tirer est que dans notre pays comme dans beaucoup d’autres de la sous région, nous nous sommes souvent contentés de « plaquer » les institutions républicaines, pour simplement répondre à  la « mode démocratique ». En mettant en place ces institutions, nous les avons assez souvent perverties dans leur fonctionnement et rapports entre elles et avec d’autres. Il faut désormais « oxygéner » les institutions et « libérer » le système politique et démocratique dans notre pays. Les lois doivent être votées après des débats francs, ouverts et instructifs au cours desquels les élus de la nation s’expriment. Il n’y a aucun besoin de donner des « instructions politiques » et des « directives », qui font perdre de vue aux représentants du peuple qu’ils sont d’abord là  pour le peuple et pour son bonheur, et non uniquement pour un gouvernement. JournalduMali.com : l’Assemblée Nationale a-t-elle joué son rôle ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : l’Assemblée Nationale a pleinement joué son rôle dans le vote de la loi au moins. A t-elle joué un autre rôle que celui là , je ne saurais le dire. Va-t-elle encore jouer son rôle dans ce second exercice qui lui est demandé par le Président de la République, à  savoir, relire la loi, est bien malin qui saura le prédire. JournalduMali.com : Etes-vous d’accord avec le renvoi par le Président ? Etait-ce la bonne décision ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : La décision de renvoyer le texte de la loi en seconde lecture par le Président de la République ne relève que de sa seule et unique prérogative. Cette décision ne se discute pas. Elle se discute d’autant moins qu’elle trouve son fondement dans la Constitution. Il a pris la décision qu’il a cru devoir prendre et je constate que pour ce faire, il a pris le soin de consulter les nombreuses institutions de la République et leurs Chefs, les corporations, les forces vices et autres leaders politiques et d’opinions. N’aurait-il pas été plus opportun de consulter tous ceux là  avant plutôt qu’après ? Enfin, pour cette seconde relecture, je reste en tant que juriste, curieux de connaà®tre les points de contradiction qui vont servir de support à  la relecture du texte et à  sa nouvelle discussion. JournalduMali.com : Quels sont d’après vous les articles qui font le plus polémique et quelles solutions préconisez-vous? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Le plus curieux dans cette affaire, C’’est que tout le monde avance tout et son contraire à  la fois. De sorte qu’il devient plus difficile de faire la part des choses entre les points contesté et ceux qui sont contestables. Au-delà , il est facile de constater les articles controversés se rapportent le plus souvent à  des aspects philosophiques, des références culturelles, sociologiques et religieuses. Dans tous les cas, il est possible de concilier les points de vue si tous les acteurs sont animés du souci de doter notre pays d’un véritable cadre juridique applicable à  la famille et à  nos relations humaines, sociales, matrimoniales, patrimoniales… La question de la place et du rôle de la jeune fille d’une part et de femme-épouse d’autre part, est centrale. Il est impensable de confiner la femme d’aujourd’hui dans un rôle qui ne tienne pas compte de son environnement, de sa culture, de sa sociologie et de beaucoup d’autres facteurs. La femme de 2009 n’est pas celle de 1989 à  n’en pas douter. Son aspiration profonde à  plus de liberté, plus d’équité et plus de justice sont d’autant plus légitime qu’aucune religion du livre ne dit « non » à  une telle quête. De ce point de vue, les dispositions du code ne doivent pas être discutées sur la base d’une référence unique, de fondements figés et immuables, mais les réponses à  y apporter doivent se fonder sur des bases multiples, qui doivent venir de nous même, de notre culture et de nos religions. Autre question importante, la succession et la part susceptible d’être attribuée aux héritiers ne devrait pas avoir une importance véritable en raison du sexe, de la filiation. Le plus important aux yeux des maliens que nous sommes étant que les héritiers soient issus du même père. Dès lors que ce dernier a exprimé une volonté claire, cette volonté devra demeurer et s’exécuter. Cet argument est soutenu par le fait qu’il existe un air de tolérance naturelle des religions, aussi bien chrétienne que musulmane, qui n’expriment aucune opinion contraire. Pour ce qui concerne le formalisme nécessaire en matière de célébration d’union maritale, les dispositions du code de la famille n’interdisent point les mariages religieux. Il ne viendrait d’ailleurs à  l’idée de personne de nier l’évidence de l’importance de ce rôle. C’’est d’ailleurs sur ce point précis que les pouvoirs publics ne doivent plus hésiter à  s’avancer pour fixer un véritable « cadre juridique » de l’intervention des « ministres du culte » en matière d’état civil. Dans notre pays, aucun baptême ou mariage ne peut être célébré, aucun mort ne peut être inhumé, sans la présence et l’intervention d’un « ministre du culte ». Il ne viendrait là  encore à  l’idée de personne de confier de telles missions au premier venu que l’on rencontrera dans la rue par exemple. Cela veut dire que ces « actes » ont un sens et que les personnes qui les accomplissent ont une « importance sociale ». Dès lors, pourquoi ne pas imaginer de créer un statut particulier d’« officiers d’état civil religieux » ou d’ «agents d’état civil religieux ». Ces « autorités » seront nommées tous les ans, renouvelable dans des localités définies, par arrêté du ministre de l’intérieur, sur la base de critères tels que l’intégrité morale, le niveau de savoir et de connaissances cultuels, la notoriété publique, l’exercice effectif d’un ministère du culte… Le rôle et la mission de ces « officiers » ou « agents » de l’état civil consisteraient selon leur culte, à  prononcer les baptêmes, célébrer les mariages, inhumer les morts … Et ils feraient les déclarations auprès des autorités en charge de la tenue des registres ouverts pour ce faire pour y être mentionnées. JournalduMali.com : Le fait de créer des officiers d’Etat civil religieux ne va-t-il pas à  l’encontre de la laà¯cité de l’Etat ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Aucunement, bien au contraire. Il s’agit vraiment là  de prendre en compte une réalité de notre culture et de nos pays. Jusque là , C’’est le principal reproche qui nous est fait de tout faire venir d’ailleurs, en termes d’idées. Je pense pour une fois que l’on peu oser se jeter à  l’eau pour travailler sur des concepts nouveaux. La création de statuts particuliers d’officiers d’état civil religieux permet également de prendre convenablement en charge la mission de service public de déclaration des naissances, des décès et des mariages. Ces statistiques dans notre pays ont besoin d’être considérablement améliorés. Et puis, la mission de service public comme celui proposé s’exécutera sous un double contrôle administratif et judiciaire. Les personnes conservent encore leur liberté d’aller ou de ne pas aller par-devant les « ministres du culte » pour assurer un ministère. JournalduMali.com : Les modifications qui vont être apportées ne constituent-elles pas un recul pour le droit des femmes ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Les femmes le diront mieux que quiconque. Mais entre avancer doucement mais sûrement et ne rien à  avoir, il n’y a pas beaucoup de femmes qui ne suivraient pas sur ce qui est avancé là . Et puis les femmes ne sont jamais pour l’affrontement et les contradictions qui ne se terminent pas vite. JournalduMali.com : Comment allez-vous agir pour faire avancer vos propositions ? Existe-t-il un collectif autour de vous ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Je prends le risque de mettre sur la place publique une réflexion personnelle que J’ai muri et que je continue encore de murir. Je m’inspire de ce qui se passe tout autour de nous, en termes de droit comparé dans des environnements similaires ou identiques. Cette réflexion va sans doute se poursuivre dans le cadre d’une structure associative que je préside : « TICS DU DROIT ». TDD agit pour le développement et la promotion du droit et cette question-ci en fait fondamentalement partie. JournalduMali.com : Vos collègues avocats partagent-ils votre point de vue ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Les avocats sont des gens généralement intelligents, ils prendront sans doute position dans un sens comme dans l’autre, mais si cela présage d’un débat qui ne s’est malheureusement pas fait encore de manière lucide et profonde sur cette question dans notre pays, J’applaudirais mes Confrères des deux mains.

Grande interview d’ATT à Jeune Afrique : «J’ai prouvé que je savais quitter le pouvoir»

Une situation économique tendue du fait de la crise, des agitations politiques dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012, les revendications touarègues et la menace salafiste… L’agenda du chef de l’Etat malien est chargé. Mais, sept ans après son retour au pouvoir, l’ancien putschiste reste fidèle à  sa réputation de démocrate, apaisé et consensuel. Palais de Koulouba, sur les hauteurs de Bamako, fin juin. Perché sur une colline, ce témoignage de l’ambition coloniale française, devenu siège de la présidence du Mali indépendant, surplombe une capitale qui n’en finit plus de se métamorphoser. Troisième pont, Cité Afriqiyah, centre commercial ACI, Palais des sports, hôpital du Mali, échangeur flambant neuf, hôtels de luxe… Les nouveaux projets poussent comme des champignons, financés ou mis en œuvre par les «amis» chinois ou libyens. Bonne nouvelle, la pluie commence enfin à  tomber, elle dont dépend en grande partie la santé – et le moral – du pays. Le dynamisme économique est palpable, porté en grande partie par un secteur privé dopé par une nouvelle génération de chefs d’entreprise, qui se diversifient, nouent des partenariats avec des groupes étrangers, appliquent des méthodes de gestion modernes. Certains secteurs – agriculture, tourisme, prospection pétrolière suscitent les convoitises locales ou internationales. Sans parler des banques qui fleurissent ici et là  pour s’installer sur un marché très (trop ?) disputé. Bamako est industrieuse, poussiéreuse, vivante, ambitieuse mais aussi frondeuse. On râle beaucoup, à  tout propos : les prix qui s’envolent, le gouvernement, les embouteillages, les chantiers qui n’en finissent plus, le méchant patron, les Chinois qui se croient tout permis… Magistrats, enseignants et étudiants, eux, défilent régulièrement dans les rues pour se plaindre de leurs conditions de travail, pour obtenir des augmentations de salaire, pour montrer qu’ils existent et qu’il faut compter avec eux. Quelques jours après la célébration du septième anniversaire de son retour au pouvoir par les urnes (8 juin 2002), le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, nous reçoit à  la présidence. Un palais tranquille, o๠tout semble en ordre. La sécurité se fait discrète. Pas de visiteurs inopportuns incrustés dans les salles d’attente à  attendre une audience, pas de cohortes de fonctionnaires ni de conseillers aux airs supérieurs. Le président arrive, costume gris impeccable, sourire aux lèvres. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, ATT, comme l’appellent ses compatriotes, à  l’aise et visiblement de bonne humeur, revient sur les sept années passées à  la tête du pays. Et évoque, entre autres, la question touarègue, la menace d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique, les rumeurs qui le voient modifier la Constitution pour briguer un troisième mandat, la classe politique malienne, la série de coups d’Etat sur le continent, l’élection ivoirienne, les rapports de son pays avec l’Algérie, le Maroc ou la Libye, le décès d’Omar Bongo Ondimba et, bien sûr, la relation franco-malienne. Entretien avec un démocrate formé à  la dure école des casernes, ancien putschiste qui sut rendre le pouvoir aux civils au terme d’une transition exemplaire. Bref, un oiseau rare, et ces temps troublés… «Putschiste, ce n’est pas un titre de gloire» Jeune Afrique : Vous avez célébré, le 8 juin dernier, le deuxième anniversaire de votre réélection à  la tête de l’Etat dans un contexte particulier, marqué par le décès d’Omar Bongo Ondimba mais aussi par les interrogations sur votre volonté supposée de réviser la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat… Amadou Toumani Touré : Effectivement, la nouvelle du décès d’Omar Bongo Ondimba a constitué un grand choc pour moi. J’ai un profond respect pour l’homme et le dirigeant. C’était quelqu’un de généreux, de très ouvert, qui savait mettre à  l’aise son interlocuteur. On pouvait parler de tout avec lui. J’ai perdu un aà®né et un ami. Quant aux supputations des uns et des autres sur ma volonté ou non de m’accrocher au pouvoir, je n’y peux rien… Les révisions constitutionnelles sont en vogue sur le continent. Votre homologue et voisin nigérien Mamadou Tandja semble vouloir passer en force pour se maintenir au pouvoir. Envisagez-vous de réviser la Loi fondamentale malienne ? Je n’ai pas de commentaire à  formuler sur la situation au Niger ou ailleurs en Afrique. J’ai d’excellentes relations avec le président Tandja, et tout ce que je souhaite c’est que nous préservions la paix dans ce pays frère et voisin. Je me contenterai donc de parler du Mali en répétant ce que j’ai déjà  dit : la Constitution est très claire sur la limitation du nombre de mandats présidentiels. Et aucun article de notre Loi fondamentale ne peut être modifié sans référendum. Quelle que soit la méthode pour y parvenir, allez-vous briguer un troisième mandat en 2012 ? Franchement, aujourd’hui, ce débat n’a pas lieu d’être. Je n’ai jamais exprimé ce souhait et ai déjà  prouvé que je savais quitter le pouvoir… Quel bilan faites-vous de ces sept années à  la tête de l’Etat ? Ma plus grande satisfaction, c’est l’apaisement du débat politique. Au plan économique, nous n’avons traversé que des épreuves. Quatre mois à  peine après mon investiture [le 8 juin 2002, NDLR], une grave crise a éclaté en Côte d’Ivoire. Le Mali s’est trouvé subitement coupé d’Abidjan, son principal port d’approvisionnement et d’évacuation de ses produits d’exportation à  hauteur de 70 %. Notre pays a tenu le choc grâce aux efforts du gouvernement et des opérateurs économiques maliens. Le contexte de ma réélection en 2007 est aussi marqué par la crise alimentaire, aggravée plus tard par la flambée du prix du pétrole. Toute l’Afrique a été éprouvée, et les pays enclavés encore plus. Mais dans ces moments difficiles, l’Etat a assumé son rôle et a pu maintenir le rythme de réalisation des projets et programmes contenus dans le Projet pour le développement économique et social [PDES]. Nous avons ainsi investi plus de 358 milliards de F Cfa dans les infrastructures. Le niveau de la dette intérieure du Mali inquiète. Certains avancent le chiffre de 150 milliards de F Cfa. Comment en est-on arrivé là  ? Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Le montant de notre dette intérieure approche en fait les 100 milliards de F Cfa. l’Etat a engagé d’importants chantiers, indispensables faut-il le rappeler, soutient un certain nombre de prix, dont celui des hydrocarbures, et a accepté de se priver d’importantes recettes, sous forme de taxes, notamment dans le secteur agricole. Mais cette situation, conjoncturelle, reste sous contrôle. Les grèves se multiplient, les magistrats, les enseignants ou les étudiants défilent régulièrement dans les rues de Bamako. Comment expliquez-vous l’expression récurrente de ce malaise social ? Dans le contexte économique actuel, ces tensions me semblent normales. Malgré nos efforts pour contenir les prix, pour réduire les effets désastreux engendrés par la crise ou pour réformer des secteurs, comme l’éducation, en déshérence depuis des décennies au Mali, nous n’avons pas surmonté toutes les difficultés. Mais nous concentrons nos actions sur cette demande sociale qui s’exprime. Elle a un coût, mais la paix sociale n’a pas de prix. Vos détracteurs vous reprochent justement une gestion à  court terme. Tout comme ils vous reprochent d’engager l’Etat dans un grand nombre de chantiers d’infrastructures dont il n’aurait pas les moyens… J’accepte les critiques. Nous avons pu commettre des erreurs, même si ce ne sont pas celles que vous venez d’énoncer. Nous sommes en train de les corriger. Mais nous gérons l’urgence comme le long terme, avec les moyens à  notre disposition. Comment voyez-vous la présidentielle de 2012 ? Avez-vous un dauphin ou un favori ? Il faudrait déjà  savoir qui sera candidat… Plus sérieusement, en 1992, j’ai remis le pouvoir à  celui que le peuple malien a désigné lors d’une élection démocratique [Alpha Oumar Konaré, au pouvoir jusqu’en 2002, NDLR]. Je ferai la même chose en 2012. «La demande sociale a un coût, mais la paix sociale n’a pas de prix». Vous avez organisé, en novembre 2008, les Etats généraux contre la délinquance financière et la corruption. L’arrestation du vérificateur général, Sidi Sosso Diarra, qui incarne cette lutte contre la corruption, est devenue une véritable affaire d’Etat. Cela ne ternit-il pas l’image de votre pays ? A travers ces Etats généraux, nous avons surtout voulu reconnaà®tre qu’il s’agissait d’un véritable problème au Mali et que nous avions beaucoup à  faire en la matière. Ce n’est pas si courant sur le continent. Concernant le vérificateur général et pour la compréhension de vos lecteurs, il me semble utile de préciser que l’Etat n’a pas engagé de poursuites contre lui. Il s’agit, et je le regrette profondément, d’un conflit de travail qui a opposé M. Sidi Sosso Diarra à  une partie du personnel du Bureau du vérificateur général, [en l’occurrence deux magistrats qui ont refusé leur mise en disponibilité et à  qui Sidi Sosso Diarra a interdit d’accéder à  leurs bureaux, NDLR]. Ces derniers ont porté plainte avec constitution de partie civile devant un juge d’instruction. C’est un problème entre ses employés et lui, qui n’est donc franchement pas de nature à  remettre en cause la lutte contre ce fléau. Le Bureau du vérificateur général est ma création et il continuera d’exister tant que je serai au pouvoir. «Il ne faut pas confondre la bande d’Ag Bahanga avec la communauté touarègue». Les récents succès de l’armée malienne contre les troupes d’Ag Bahanga et l’exil en Libye de ce dernier signifient-ils la fin de la rébellion touarègue ? Il ne faut pas confondre la bande d’Ag Bahanga avec la communauté touarègue. Je récuse la notion de problème touareg s’agissant des derniers événements dans le nord-est de Kidal. Les acteurs de l’attaque du 23 mai 2006 contre le camp militaire de Kidal [revendiquée plus tard par Ag Bahanga et son Alliance du 23 mai pour le changement, NDLR] n’ignoraient pas les sacrifices consentis en faveur des régions du Nord. J’ai invité les Maliens au calme et à  la sérénité, en insistant sur le caractère minoritaire de cette contestation armée. De la même manière, je me suis engagé à  trouver une solution politique à  la crise, malgré le ressentiment d’une large frange de nos compatriotes qui ont estimé, à  juste titre, que rien ne justifiait le recours aux armes. Sous l’égide du facilitateur algérien, le président Abdelaziz Bouteflika, l’accord d’Alger a été signé le 4 juillet 2006. Depuis, le processus de paix se consolide. Mais je reste convaincu que la paix définitive se gagnera par le développement. Le rôle de la Libye dans cette affaire semble assez trouble… Je n’ai jamais ressenti d’autre volonté chez les Libyens que celle de nous aider. [b Deux épisodes sont venus démontrer récemment qu’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique [AQMI] constituait une menace de plus en plus sérieuse. Un otage britannique, Edwin Dyer, a été exécuté le 31 mai et un officier de l’armée malienne assassiné à  son domicile le 10 juin, à  Tombouctou. Comment comptez-vous y répondre ? ] Cette menace était déjà  largement perceptible avant mais, là , nous avons atteint un point de non-retour. Sur notre territoire, nous avons lancé, cinq jours après l’assassinat du lieutenant-colonel Lamana, des opérations militaires d’envergure contre toutes les bases d’AQMI dont nous avions connaissance. Avec succès. Maintenant, les salafistes d’AQMI bénéficient de complicités : trafiquants de cigarettes ou de drogue en provenance d’Amérique latine, passeurs de clandestins, etc. Et la zone concernée est si vaste et si complexe à  surveiller que nous ne pouvons résoudre ce grave problème sans la coopération des autres pays concernés. Un problème global nécessite des réponses concertées. A ce propos, vous avez proposé, en septembre 2007, l’organisation d’une conférence régionale sur la sécurité dans la zone sahélo-saharienne. Pourquoi tarde-t-elle tant à  voir le jour ? Tous les chefs d’Etat de cette région qui s’étend de la Mauritanie au Soudan sont acquis à  l’idée de la tenue d’un tel sommet. Une réunion des ministres des Affaires étrangères, appuyés par des experts, s’est déjà  tenue à  Bamako. Tous les documents devant être soumis au sommet ont été élaborés. Nous allons fixer dans les prochaines semaines une date pour la rencontre des chefs d’à‰tat en tenant compte des agendas des uns et des autres, ce qui n’est pas une mince affaire, croyez-moi… Nous souhaitons la présence de tous, ce qui explique en grande partie le fait que nous mettions du temps à  l’organiser. Existe-t-il des divergences entre les pays concernés, comme l’Algérie, la Libye, le Niger, le Tchad ou la Mauritanie ? Non, aucune. Nous faisons les mêmes analyses. Qu’il s’agisse du problème lui-même ou des solutions à  apporter. Le Mali est devenu le pays o๠sont libérés les otages kidnappés en Algérie, en Tunisie ou au Niger. Cela vous vaut quelques inimitiés. Que répondez-vous à  ceux qui vous accusent de laxisme ? Mais nous sommes sur le terrain, en train de nous battre ! En quoi est-ce faire preuve de laxisme ? Nous jouons notre rôle pour sauver ces vies, utilisons nos réseaux et nos connaissances. Peut-être cela n’a-t-il pas été bien compris dans certains milieux. Mais je le dis haut et fort : nous n’avons jamais porté de valises ni versé de rançon. Parole d’officier. Quels rapports entre-tenez-vous avec votre prédécesseur Alpha Oumar Konaré depuis son retour au Mali ? Ils sont excellents. Je ne le vois pas assez souvent, parce je ne veux pas le déranger. Je sais qu’il pense la même chose pour avoir exercé la charge de chef d’Etat. Mais à  chaque fois que nous en avons l’occasion, nous restons des heures à  discuter. Comme des chefs d’Etat mais aussi comme un aà®né et son cadet. Parlez-vous politique, de ce qu’il conviendrait de faire sur tel ou tel dossier ? Bien sûr, nous ne nous en privons pas… Quel regard portez-vous sur la classe politique malienne et ses acteurs ? Question piège… Elle a fait de grands progrès. Nous avons aujourd’hui une certaine expérience démocratique. Mais au-delà  des relations politiques, j’entretiens des liens personnels avec de nombreux responsables maliens, au point qu’on ne sait pas o๠commence la majorité présidentielle et o๠s’arrête l’opposition. Je trouve cela plutôt sain. Votre voisin ivoirien semble enfin avoir pris le chemin des élections. Croyez-vous à  la date du 29 novembre fixée pour la présidentielle ? Je ne suis pas un fétichiste des dates. Ce que je constate surtout, c’est qu’il y a désormais de la bonne volonté de part et d’autre. Après sept ans de crise et d’épreuves, c’est une nouvelle qui nous réjouit. Dès le déclenchement du conflit, nous n’avons eu d’autre attitude que d’encourager le dialogue et le retour à  la paix dans ce pays qui nous est cher et o๠vivent de nombreux Maliens. Vos rapports avec Laurent Gbagbo, que l’on disait plutôt froids, se sont-ils réchauffés ? Je ne sais pas d’o๠vient cette histoire. J’entretiens des relations très amicales avec mon grand frère Laurent. Il est tellement détendu que je ne vois pas bien, d’ailleurs, comment il pourrait en être autrement. Selon vous, qui est le mieux placé pour remporter cette présidentielle ? ] Je n’en sais vraiment rien. Les pronostics ne me réussissent pas, sauf peut-être en football… Après avoir destitué Moussa Traoré en 1991, vous avez rendu le pouvoir aux civils à  l’issue d’une période de transition présentée comme exemplaire. Mauritanie, Guinée, Guinée-Bissau, Madagascar… Que pensez-vous de la vague de coups d’Etat à  laquelle nous avons assisté au cours des derniers mois ? [b Je suis un ancien putschiste, et ce n’est pas un titre de gloire à  mes yeux. Je ne vais donc pas faire la leçon aux uns et aux autres. Je constate simplement que, parfois, nous créons nous-mêmes, j’entends par là  les dirigeants politiques africains, les conditions de ces putschs. Une crise politique ou économique devrait se résoudre politiquement. Hélas, la plupart du temps, compte tenu des systèmes dans lesquels nous évoluons, la seule issue reste militaire… Le plus important, à  mes yeux, c’est d’œuvrer à  un retour rapide à  une vie constitutionnelle normale et démocratique. On a l’impression que, pour vous, il existe de bons et de mauvais coups d’Etat… Vous m’avez mal compris : tous les coups d’Etat sont mauvais. Quelles que soient les raisons qui les ont provoqués, ils sont la conséquence d’un échec des politiques. De tous les politiques, dirigeants comme, parfois, opposants. Auriez-vous un conseil à  donner aux actuels putschistes ? Certains, comme les Mauritaniens par exemple, ont déjà  sollicité mon avis. Je me bornerais à  expliquer l’importance d’une transition réussie pour une remise du pouvoir aux civils. Ils peuvent toujours s’inspirer de l’expérience malienne… Par ses déclarations pro-putschistes et sa défiance permanente vis-à -vis des processus électoraux, le président en exercice de l’Union africaine, Mouammar Kaddafi, ne sape-t-il pas les efforts de l’UA ? Ce que certains pensent tout bas, lui le dit tout haut. Nous devons accepter d’entendre tous les points de vue. Chacun peut se forger sa propre opinion. Et il faut lui reconnaà®tre qu’il reste un panafricaniste convaincu. Il assume tout de même la présidence de l’UA, ses déclarations n’engagent pas que lui… Il s’exprime uniquement en son nom. Dans ces conditions, que pensez-vous de l’action de Jean Ping à  la tête de la Commission de l’UA ? Il est un peu tôt pour parler de son bilan, mais il faut reconnaà®tre qu’il a du pain sur la planche. Je trouve qu’il met avec réussite ses talents de diplomate au service de notre organisation commune. Avec modération, ce qui ne gâche rien. La succession d’Omar Bongo Ondimba constitue-t-elle, comme certains le craignent, un motif d’inquiétude à  vos yeux ? Pas du tout. D’ailleurs, je remarque que, jusqu’à  présent, tout se déroule dans le respect des règles constitutionnelles et sans accroc. La plupart des observateurs ont associé son décès à  la fin d’une ère, celle de la Françafrique. Est-ce aussi votre avis ? J’avoue que je ne comprends rien à  cette histoire de Françafrique… Nous avons des relations profondes, historiques et parfois intimes avec la France et ses dirigeants. Nous autres, Africains, sommes spontanés et enclins aux relations humaines, personnelles. Cela n’a rien de suspect. Je tutoie Nicolas Sarkozy, il me déroule le tapis rouge quand je passe à  Paris, sans que je le lui demande, faut-il le préciser, et alors ? Comment pourriez-vous qualifier l’état des relations bilatérales avec la France depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, en mal 2007 ? Je ne sens aucun changement par rapport à  la période Chirac, si c’est ce que vous voulez savoir. Tout se passe bien, dans tous les domaines. Paris vous presse pourtant de signer des accords de réadmission des immigrés clandestins maliens, ce que vous persistez à  refuser… Je ne refuse pas de les signer, je réfléchis… Nous sommes en désaccord sur un ou deux points seulement mais il s’agit d’un sujet qui ne mérite pas que nous nous précipitions. Les malentendus avec l’Algérie sont-ils dissipés ? Mais nos relations politiques sont bonnes ! Certains officiers, des deux côtés, avaient des interprétations et des avis différents sur les questions de sécurité dans l’espace sahélo-saharien par exemple, mais cela est oublié. Pour le symbole, j’ai l’habitude de désigner mon aà®né, le président Boutefilka, comme le plus malien des Algériens parce qu’il connaà®t ce pays mieux que beaucoup d’entre nous. Et je n’oublierai jamais l’aide précieuse qu’il nous a apportée pour la conclusion de l’accord d’Alger, signé avec l’Alliance du 23 mai pour le changement. Et avec le Maroc ? Nous pourrions mieux faire. Les liens politiques et diplomatiques se sont cependant renforcés grâce à  des partenariats dans des secteurs o๠des compagnies marocaines interviennent chez nous, notamment dans les banques. Maliens et Marocains ont aussi Tombouctou en partage [une forte communauté arabe d’origine marocaine réside dans la région de Tombouctou, NDLR). Il est aussi Important de signaler que le Maroc et l’Algérie sont les deux pays qui accueillent le plus grand nombre d’étudiants boursiers maliens dans leurs universités et grandes écoles. C’est un concours inestimable à  la formation de nos jeunes. Comment avez-vous vécu l’élection de Jacob Zuma à  la présidence sud-africaine ? Je ne connais pas très bien l’homme mais j’ai été impressionné par la force du soutien dont il a bénéficié au sein de l’ANC et de la part des électeurs sud-africains, malgré tout ce que l’on a pu dire de lui. Que vous Inspire la procédure intentée en France contre trois chefs d’Etat africains, dans l’affaire dite des «biens mal acquis» ? Je trouve la méthode pour le moins embarrassante. Et je me pose une question : pourquoi seuls des présidents africains sont-ils visés ? Avez-vous des biens en France ? Oui, un compte en banque ouvert lorsque j’étais à  l’Ecole de guerre de Paris. A l’époque, il devait y avoir une poignée de francs. Et comme je n’y ai plus jamais touché depuis, je doute qu’il soit susceptible de me valoir des ennuis (rires)… On connaà®t assez mal vos passe-temps… Je suis un passionné de football mais je m’intéresse de plus en plus au basket-ball depuis les brillants résultats des équipes maliennes dans cette discipline. Je lis autant que mon emploi du temps me le permet. Des autobiographies des grandes figures de l’Histoire, pour l’essentiel, et des essais politiques. J’écoute aussi beaucoup de musique pour me détendre. De la musique malienne mais aussi de la salsa. Et je danse très bien (rires) ! La vie après le pouvoir, vous y pensez ? Rarement. Il faut dire que j’ai déjà  une certaine expérience en la matière… Pendant dix ans, après 1992, je me suis occupé d’humanitaire et de médiations. Ne vous inquiétez pas, je ne pointerai pas au chômage…