Investisseurs : Ces pratiques qui découragent

Entre « les lourdeurs administratives » et les pratiques malveillantes, les entrepreneurs maliens doivent lever beaucoup d’obstacles avant de pouvoir concrétiser leurs projets, malgré les efforts pour améliorer le climat des affaires.

« Il y a trois semaines, nous étions en atelier avec la Direction générale des impôts. Ils nous ont demandé ce que les investisseurs attendaient d’eux. Nous avons parlé des difficultés rencontrées. Un exemple : le Numéro d’unification fiscale (NIF) ne coûte pas un franc, mais on fait payer 50 000 à certains pour le délivrer », explique Soumaguel M. Maïga, responsable des créations d’entreprises à l’API (Agence de Promotion des Investissements au Mali).

Un exemple de mauvaise pratique dont la persistance fait obstacle aux investisseurs. Lors des démarches administratives indispensables à la mise en route de leurs entreprises, ils sont souvent confrontés à de véritables freins. En cause, « des lourdeurs administratives », « un manque d’information » ou même des pratiques malveillantes. Aïssata Diakité, promotrice de « Zaban Holding », une entreprise qui évolue dans l’agroalimentaire, a mis deux mois à obtenir son agrément parce qu’elle avait rempli le formulaire avec le sigle et non le nom complet de son organisation. « Au Mali, il n’est pas difficile d’accéder au ministre. Il va vous écouter. Mais la personne qui va traiter votre dossier n’a pas conscience des enjeux. Non seulement vous n’avez pas l’information, mais vous êtes souvent rejetée quand vous êtes de la diaspora. Cela fait très mal ».

A l’API, il suffit désormais de 48 heures pour créer son entreprise, grâce à un logiciel dédié. Les documents à fournir varient selon le statut désiré. Le dossier est envoyé au tribunal de commerce et immatriculé le même jour. Mais le temps précieux ainsi gagné par les investisseurs est très souvent perdu dans les démarches au niveau d’autres structures. « Pour une entreprise d’import-export, après l’immatriculation, il faut s’adresser aux impôts pour l’exonération, le quitus fiscal et l’attestation de TVA et retirer sa licence à la Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence », dit M. Maïga

Pour alléger ces démarches, l’instauration d’un cadre d’échanges avec les structures concernées est envisagée. « Bientôt, il aura un représentant de l’INPS à l’API pour permettre l’inscription dès l’enregistrement de l’entreprise ». Pour la relecture du Code des investissements, l’API a aussi rencontré le ministère des Maliens de l’extérieur, qui a sollicité la mise en place d’un régime spécifique, proposition bien accueillie par l’Agence.

 

 

La firme belge Bio rencontre les investisseurs Maliens

Coopération API-BIO Signalons que l’agence BIO est à  Bamako, sur invitation de l’agence pour la promotion des investissements (API-Mali). Son directeur général Mansour Haà¯dara explique que la rencontre entre API et BIO s’est faite suite à  un voyage d’affaire à  Bruxelles. « Nous avons eu la chance d’échanger avec le personnel de Bio et ils ont promis d’effectuer le déplacement du Mali. Ils ont tenu promesse et nous en sommes heureux.» A-t-il précisé. Qu’est-ce que BIO ? Créé en 2001, Bio intervient particulièrement dans le secteur privé. Elle a réalisé un chiffre d’affaire de 350 millions d’euros de sa création à  nos jours. Elle emploie une trentaine d’employés, avec 68 projets d’investissements et travaille directement avec 24 entreprises sur le continent depuis 2005. Signalons que parmi ces projets, quatre concernent le Mali. Le représentant de l’agence, Paul Goossens précise que « nous n’avons aucun lien direct avec la coopération belge. » l’Etat belge nous subventionne à  hauteur de 5 millions d’euro par an. Son objectif principal, C’’est d’améliorer l’accès au financement à  long terme des sociétés privées dans les pays en développement. Processus visant à  contribuer à  la croissance économique et lutter contre la pauvreté, selon Mr Goossens. Leurs secteurs d’intervention sont entre autres : l’agrobusiness, les TIC, l’énergie, les PME/PMI, le transport, les institutions financières… Notons que pour accéder aux financements de BIO, il faut obligatoirement remplir un certain nombre de critères. l’accent est notamment mis sur les pays partenaires de la coopération belge ; Le financement reste lié aux conditions du marché local et l’approche ne doit pas être liée aux intérêts économiques belges. Quatre entreprises maliennes bénéficient d’un financement l’usine de production de pâtes SOADF, a bénéficié d’un prêt de 700 000 Euros de la part de BIO. l’usine située à  Bamako, soutient le développement industriel et est facteur de création d’un maximum d’emplois directs et indirects. Le second bénéficiaire est la firme de production d’œuf AVIFARM qui a reçu un prêt de 400 000 euro. Mr Goossens justifie ce prêt par le fait que la firme contribue efficacement à  l’accès facile des populations à  un aliment de base. A cela s’ajoute la société SKH Solutions basée à  Sotuba, dans la zone industrielle, avec un appui de 300 000 euro remboursables sur 10 ans. Le dernier bénéficiaire C’’est la CAMED, troisième distributeur pharmaceutique au Mali. Elle est spécialisée en fabrique de médicaments génériques dont elle est d’ailleurs leader au pays. La CAMED développe depuis 5 ans, une gamme de produits spécialisés. Elle a reçu un prêt de 400 000 euro pour le renforcement de ses capacités et contribue à  l’amélioration de l’offre en médicaments génériques.

Or noir : A quand l’exploitation intensive au Mali ?

Avant le lancement de la recherche pétrolifère au Mali, des signes promoteurs de l’existence de l’or noir et de gaz dans le sous sol malien sont perceptibles. Selon des données sismiques, il existe 645 millions de barils de pétrole et 9,2 milliards de pieds cube de gaz. L’annonce a été faite par l’Autorité de promotion de la recherche pétrolifère (Aurep) dans le cadre du premier anniversaire de signature des conventions de partage de production entre Mali petroleum-Sa et le gouvernement malien. A quand l’exploration du pétrole Malien Il y a 5 ans, le gouvernement du Mali signait des conventions de partage de production avec Mali petroleum SA portant sur les blocs 8 et 10 de Taoudénit. Ainsi, d’autres compagnies de recherche comme : Baraka et Mali oil ont paraphé leur part de conventions. Au total 11 conventions ont été signées de 2005 à  nos jours, a indiqué le DG de l’Aurep, M. Sympara. Pour Satyavan Raymond, le directeur technique de Baraka Petroleum présent au Mali et en Mauritanie, « les recherches prennent de l’ampleur avec la présence des grandes compagnies auprès des plus petites. Le volume des investissements augmente avec une présence effective sur le bloc de Taoudenit ». Selon Aly Sylla, ingénieur, « les signes promoteurs de ressources prospectives non prouvées sont estimées à  645 millions de barils de pétrole et 9,2 tcf de gaz ». Ces données, ajoute-t-il, ont été établies par un chercheur indépendant londonien. Il a toutefois précisé, que ces chiffres ne sont que de simples estimations qui ne pourront être prouvés sans les travaux de forage d’exploration. La société Baraka petroleum qui a signé sa convention le 28 octobre 2005 projette l’exploitation pétrolière au Mali courant 2011-2014. Les profits du pétrole Aujourd’hui grâce à  certains indices prometteurs, les autorités maliennes espèrent de tirer du pétrole du sous-sol malien. Mais cela demande beaucoup de moyens financiers et matériels. En effet, cinq bassins sédimentaires sont supposés regorger de pétrole. Il s’agit des bassins de «Tamesna», de «Taoudénit», des «iullemeden», du «graben de Gao» et du «fossé de Nara». Mais malgré une intensification en 1985, des appels à  l’endroit des sociétés pétrolières, ce n’est qu’en 1996 qu’une société canadienne, «Sahélienne Oil» a débarqué au Mali pour des travaux de recherche qui se sont révélés infructueux. Conventions d’exploration C’’est jusqu’au dernier trimestre 2004, que la société Baraka a décidé de se lancer dans l’aventure malienne. Ainsi, la société Baraka signa une convention d’exploration avec le gouvernement malien, le 28 octobre 2004. Depuis un certain temps, une polémique est nourrie à  propos de l’attribution d’une licence d’exploration pétrolière à  la société Baraka. Certains y voient la complaisance des autorités, indiquant que la société australienne ne remplit pas toutes les conditions. La Société Baraka avait des atouts, en particulier, elle opérait déjà  en Mauritanie et plus précisément dans la partie qui fait frontière avec le bassin de Taoudénit au Mali. Cette proximité géographique a certainement joué en la faveur de la demande d’autorisation d’explorer qu’elle a adressée au Ministre en charge des mines. Ce dernier lui demandera de proposer un programme. Intervient alors le nouveau code pétrolier adopté par le parlement malien le 02 août 2004 en remplacement de l’ancien. Baraka fut alors informée par le Ministre qu’elle devait introduire une nouvelle demande d’autorisation d’explorer puis un nouveau programme pour être conforme au nouveau code pétrolier qui attribue l’autorisation pour 4 ans, et qui exige également des capacités techniques et financières suffisantes. Baraka introduit donc un nouveau dossier. Et le Ministre, toujours en conformité avec le nouveau code pétrolier, commettra un consultant norvégien pour évaluer les capacités financières de Baraka. Au terme d’une enquête, le consultant confirmera les capacités financières de la société à  mener les recherches qu’elle se proposait d’effectuer. Quant à  ses capacités techniques, la société les avait déjà  démontré en Mauritanie et ailleurs. C’est donc fort de toutes ces informations que le gouvernement a constitué une commission technique chargée d’étudier le projet Baraka. L’attrait des investisseurs Dans le cadre de l’appel d’offre lancé par le gouvernement, certaines sociétés pétrolières estiment avoir été lésées au profit de Baraka, leurs demandes n’ayant pas été prises en compte. Erreur, selon certains responsables du départment de tutelle. En réalité, selon ceux-ci, avant l’examen du projet de convention de Baraka, une autre société avait effectivement déposé une demande d’autorisation de recherche sur les blocs 3 et 9 qui jouxtent le site mauritanien déjà  dévolu à  Baraka, des blocs que cette dernière avait déjà  demandé à  explorer. Il était donc fort logique de privilégier Baraka pour deux raisons : les blocs 3 et 9 sont le prolongement d’un site sur lequel elle était déjà  présente, et elle était la première à  introduire sa demande comme l’attestent les dates sur les différents dossiers. Le choix de la société paraà®t dès lors incontestable. D’autres opérateurs, nationaux cette fois, estiment également avoir été lésés par les autorités. Présence chinoise Une société chinoise, SINOPEC, de passage à  Bamako avait au cours d’un entretien avec le Premier ministre, manifesté de l’intérêt pour la recherche pétrolière au Mali. Mais à  l’époque, la société qui était venue au Mali pour une toute autre raison, a avoué ne pas être avec des spécialistes de la question, mais a néanmoins souhaité bénéficier d’un protocole d’accord de 3 mois sur tous les bassins à  l’exception du fossé de Nara et des blocs attribués à  Baraka. Le gouvernement, qui depuis longtemps, court après les investisseurs, a accepté. Le protocole d’accord fut signé le 26 octobre 2004 mais depuis, SINOPEC ne s’est plus manifestée. Entre temps, des opérateurs nationaux se sont montrés intéressés par les dits bassins, objets du protocole d’accord. L’Etat ne pouvait leur répondre favorablement qu’à  l’expiration du délai couru dans le protocole d’accord, soit le 24 janvier 2005. Toutefois, il est à  noter que c’est la demande de Baraka qui a été le signal de la ruée vers l’or noir.

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C’’est en 2006 que les Editions Princes du Sahel ont publié la première édition du Guide des Affaires du Mali. Cet ouvrage au format poche, rassemble toutes les informations nécessaires aux investisseurs étrangers ou nationaux et constitue une véritable bible du monde des affaires. La seconde édition du guide est sortie ce mois de juillet. s’il est un peu plus grand et un peu plus épais que son prédécesseur de 2006, C’’est avant tout pour accueillir encore plus d’informations et de données utiles. Une première partie présente « Le pays en un clin d’œil » : géographie, histoire, population et renseignements pratiques. « Le cadre des affaires » est détaillé dans un second chapitre à  travers le cadre économique et ses principaux acteurs, le marché du travail et les ressources humaines, les conditions de production ainsi que la fiscalité et la réglementation du travail. La troisième partie expose avec précision les potentialités d’investissements dans les principaux secteurs de l’économie. « Hommes et entreprises » sont ensuite présentés à  travers les 17 premières entreprises du pays, ainsi que cinq modèles d’hommes et de femmes qui ont réussi au Mali. Enfin, l’annuaire thématique classe par domaines d’activité et par ordre alphabétique, toutes les principales entreprises. Des milliers d’exemplaires du Guide diffusés dans tout le Mali ! l’ambition de ce guide est réellement d’assurer une promotion économique du pays tout entier. à€ travers un contenu exhaustif, pratique et inédit, mais aussi une maquette à  la fois claire et élégante, C’’est tout le potentiel et le dynamisme du Mali qui est valorisé. Plusieurs milliers d’exemplaires seront diffusés dans le pays ainsi qu’à  l’étranger auprès d’un lectorat de qualité composé notamment d’entrepreneurs et d’hommes d’affaires, de cadres politiques ou de représentants d’institutions internationales. Le Guide d’Affaires du Mali 2ème édition fait désormais partie d’une collection dans laquelle figureront les huit pays de la zone UEMOA. Le prochain titre à  paraà®tre est celui de la Côte d’Ivoire prévu pour la rentrée prochaine.