Après la reprise de Douentza, les Maliens entre peur et questionnements

Les Maliens ont appris à  la fois avec stupéfaction et indignation la nouvelle de la prise, samedi dernier de Douentza ( à  160 km de Mopti) par le MUJAO. La nouvelle vient en rajouter aux couleuvres déjà  avalées par les Maliens depuis la chute des 2/3 du territoire national. Beaucoup sont partagés entre psychose et questionnements. Faut-il croire à  la vertu du dialogue ? Qu’attend l’Etat pour passer à  l’offensive ? La prise de Douentza marque-t-elle celle imminence d’une attaque de Mopti ? Autant de questions qui hantent nos compatriotes dépités par la situation. Tout sauf la négociation Certains y voient la limite, voire l’incongruité des initiatives citoyennes qui prônent le dialogue pour recouvrer le nord du pays, comme le cas de la «Â Coalition pour le Mali«Â . «Â Ces coalitions travaillent pour leur propre promotion. Le dialogue est un projet onirique. On a fait que cela depuis des années avec le résultat que l’on sait. Dans le cas actuel du pays, il est illusoire d’engager le dialogue quand on est en position de faiblesse. Ces gens nous font perdre du temps », analyse ce professeur d’histoire et géographie du secondaire. Fanta Doumbia, ménagère, n’a appris la nouvelle que ce matin sur les ondes d’une radio privée. Pour elle «Â C’’est la faute à  ceux qui prêchent le dialogue au lieu de la guerre. A ce rythme, le Mali tombera encore plus bas » D’autres déversent leur bile sur l’Etat dont l’attitude est jugée pusillanime. «Â On a l’impression que l’Etat affiche une indifférence déconcertante face à  l’avancée des terroriste du nord qui prennent le temps de s’enraciner », peste Madou Diarrra qui croit dur comme fer que les forces d’occupation ne connaissent que le langage des armes. « On a déposé le régime de ATT sous prétexte qu’il ne combattait pas les bandits armés. Pourquoi faire comme lui ? C’’est aberrant ! », maugrée Adama Samaké, vendeur de son état. Joint par nos soins, un militaire malien en poste à  Sévaré, actuelle base après la chute de Gao, informe que le MUJAO avait armé les jeunes pour lutter contre le MNLA. Ils ont comblé, explique –il, le vide laissé par le MNLA en désarmant les jeunes du Ganda Iso considérés comme des complices de l’Etat. Le MUJAO peut-il progresser ? Le porteur d’uniforme est formel : «Â Il est hors de question que le MUJAO arrive à  Mopti ? On se tient sur le qui-vive. Le moral de la troupe est au beau fixe malgré les tergiversations des plus hautes autorités ».

Edito : Douentza, dernier vestibule avant la guerre ?

La prise de Douentza n’en est pas une. Mais une simple consolidation de la présence du Mujao dans cette zone, o๠il circulait déjà . l’effet de communication est malgré tout bien passé. La nouvelle, relayée par les médias internationaux, a une fois de plus réussi, à  créer l‘inquiétude chez les Maliens. Après Douentza, que va-t-il se passer ? Jusqu’o๠comptent -ils s’arrêter ? A quelle résistance feront face nos assaillants? Des préoccupations nationales qui ne semblent pas alarmer un gouvernement d’Union nationale, plus occupé à  s’installer à  Bamako, qu’à  gérer véritablement la question du nord. On nous rabâche pourtant l’option négociation, les pourparlers, du reste, engagés par des initiatives citoyennes comme celle de la «Â Coalition pour le Mali », en lieu et place des autorités de transition. Quels sont les urgences du gouvernement, alors que les groupes armés sont désormais positionnés à  170 km de Mopti et que l’armée compte des éléments à  Konan, une ville située à  120 km de Douentza. l’affrontement est-il pour bientôt ? Côté gouvernement, on assure que les hommes sont à  l’entraà®nement, sont formés, rééquipés, en vue de cette libération tant attendue du nord. Du côté, des occupants, la provocation elle n’a plus de limites. En témoigne l’annonce de la mort présumée d’un diplomate algérien retenu depuis le 5 Avril, par le Mujao. En attendant, il faut négocier. Mais que négocier lorsque des populations subissent tous les jours des violations de leurs droits des brimades quotidiennes. A défaut des milices d’autodéfense ou des groupes de jeunes, qui s’entraà®nent en catimini à  Bamako, l’histoire retiendra la longue hésitation de Bamako face à  ses assaillants.

Mali : les islamistes armés occupent une autre ville du pays

Un instituteur de la ville, Moussa Dicko, a indiqué que des membres du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) avaient pénétré dans la ville samedi matin. «Les gens de Mujao sont arrivés à  bord de neuf véhicules 4×4. Ils ont désarmé les gens de Ganda Iso, une milice locale», a-t-il expliqué. «Ils ont pris toutes les armes, ensuite ils les ont chassés», a-t-il ajouté, précisant que les islamistes avaient ensuite tenu «une réunion» avec les notables de la ville au cours de laquelle ils avaient expliqué que les milices de Ganda Iso – qui avaient promis de travailler avec eux – étaient des «traà®tres». D’après ce témoin, ils auraient pris les différentes entrées et sorties de la ville. Un autre habitant de Douentza, un agriculteur, a confirmé ces propos. «Il n’y a pas eu de morts. Maintenant, ils sont à  l’entrée est et ouest de la ville», a expliqué cet habitant. Les trois régions administratives de Tombouctou, Gao et Kidal, dans le Nord du Mali, sont occupées depuis cinq mois par le Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Ansar Dine (Défenseurs de l’Islam). Deux groupes islamistes alliés à  Al-Qaà¯da au Maghreb islamiste (Aqmi) qui en ont évincé leurs anciens alliés rebelles touareg, sécessionnistes et laà¯cs.

La mission sacrée de la Coalition pour le Mali au Nord

La démarche est à  saluer, dans un contexte o๠l’on reproche au gouvernement malien son inaction même après la formation du gouvernement d’Union nationale. Mais loin de se substituer aux prérogatives de l’Etat malien dont la mission première est de recouvrer l’intégrité du territoire national, la mission des membres de la Coalition pour le Mali, crée le 26 Mai 2012, était d’ouvrir un chemin vers le nord et de montrer qu’on peut encore se rendre dans ces régions occupées et ouvrir la voie du dialogue quant l’intervention militaire tarde à  venir. Sans céder à  l’alarmisme qui prévaut dans les médias occidentaux et à  la psychose née des derniers évènement marquants comme la lapidation d’un couple à  mort ou la main coupée d’un voleur à  Ansongo, la Coalition pour le Mali, en se rendant dans le nord, a voulu baliser le chemin et prendre langue avec les islamistes d’Ansar Dine. A Tombouctou, Kidal et Gao, les émissaires de la Coalition, présidée par l’honorable Gabouné Keita et son président d’honneur Mahmoud el Oumrany, ont rencontré des personnalités, notables, chefs religieux, élus locaux, leaders de la société civile, mais aussi les occupants. Iyad Ag Ghaly leur a ainsi envoyé ses porte-paroles préférant garder le mystère autour de sa personne. Pour rendre compte de ces trois voyages effectués entre le 17 et le 24 Août, les représentants de la Coalition, ont convoqué une conférence de presse, à  Bamako, ce 29 Août. Un rapport de synthèse en est ressorti, qui a été envoyé aux autorités de transition. Retour de l’administration dans le nord D’après Tiébilé Dramé, vice président de la Coalition, il ressort de ces missions, que ces populations du nord, réclament le retour de l’administration : «Â Les populations du nord souffrent de l’absence de services de l’état. Il existe un besoin d’assistance vital à  Aguel’hok, Goundam, Kidal…. Sur place, nous avons aussi remarqué un fort besoin de dialogue, de disponibilité pour trouver des solutions à  la sortie de crise », a précisé Dramé, qui ajoutera qu’il s’agissait aussi de mobiliser les partenaires et amis du Mali. «Â Au nord comme au sud, il y a des extrémistes, mais ce qui compte C’’est que le Mali redevienne uni », dira Mahmoud El Oumrany, qui fut Commandant de Kidal dans les années 50. Des échanges avec les principaux leaders d’Ansar Dine comme Algabass Ag Intallah à  Kidal, Ahmada Ag Bibi,député d’Abeibara ou encore Abdel Hakim, chef du Mujao à  Gao, la démarche de la Coalition porte sur la négociation avant toute chose. Si ces groupes armés sont décisifs sur une applications stricte de la charia, allons-nous vers un Mali fédéral avec des états charia au Nord ? Seul point d’unité avec les djihadistes, l’intégrité du territoire, à  l’inverse du MNLA, partisan de la partition du Mali. « Le Mali doit garder la maà®trise de la résolution de la crise » Comment orchestrer ce retour de l’administration dans le nord ? Comment envoyer les fonctionnaires pour restaurer les services étatiques ? Comment ouvrir la voie aux ONG et organisations humanitaires pour secourir les populations en manque d’eau, de soins de santé et d’électricité ? Autant de défis qui poussent la Coalition à  envisager d’autres missions de terrain, notamment à  Ménaka, ville détonateur de la rébellion ou encore à  Tessalit, aux confins du nord. « Nous nous sommes aussi rendus compte qu’ils ont débordés par la gestion de ce vaste espace que constitue le nord… ». Et malgré la présence des émirs d’AQMI Abou Zeid et Mokhtar Belmoctar dans la zone, lors de leur passage, les membres de la Coalition entendent poursuivre le dialogue entamé avec les acteurs locaux et maintenir l’élan de solidarité envers le nord, parce qu’ils estiment que C’’est d’abord l’affaire de tous les Maliens. Pour la Coalition, le Mali pays doit garder la maà®trise de la résolution de la crise, mais l’urgence est toujours là . Celle d’interpeller l’Etat malien sur sa mission. En cela, la Coalition pour le Mali ne peut se limiter qu’à  être qu’un simple regroupement de bonnes volontés, pour relayer les besoins des compatriotes du nord, mais devenir un véritable groupe de pression sur le pourvoir central. Le lobby par excellence pour la libération définitive des régions occupées du nord du Mali.

Nord Mali : « le chien aboie, la caravane passe »

« Le chien aboie et la caravane » du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), allié d’Aqmi et les autres groupes islamistes tel Ansar dine, passe, en toute tranquillité et impunité ! Il leur arrive de rentrer en hibernation, se faire oublier par moment, en travaillant au rapprochement avec la population. Mais quand ça les prend, il ampute une main par-ci, donnent des coups de fouets par là Â… La dernière prouesse en date, C’’est l’interdiction aux radios de leur zone « d’occupation » de diffuser de la musique qu’ils qualifient de profane. Et « Ces fous de Dieu » n’ont pas du tout l’air de rigoler sur la question. Ils sont au sérieux et ne sont pas prêts de pardonner aux contrevenants. Leurs propos rapporter par des médias internationaux en disent long : « Nous, les moudjahidines de Gao, de Tombouctou et de Kidal, nous refusons désormais la diffusion de toute musique occidentale sur les radios en terre d’islam », a déclaré à  Oussama Ould Abdel Kader, un des porte-parole du MUJAO. Le fameux porte parole précise que l »interdiction prend effet « à  partir d’aujourd’hui (mercredi 22 août 2012). Nous avons déjà  parlé à  des gens qui ont des radios. Nous ne voulons plus de musique du Satan. Il faut à  la place les versets du Coran. La musique de l’Occident est la musique du Satan ». Avant de terminer que « La charia demande ça. Il faut faire ce que Dieu demande. On va appliquer la sanction de Dieu contre les contrevenants de la mesure visant une dizaine de radios privées ». Comme on le voit, les islamistes ne se montrent point préoccupés par ce qui se trame à  Bamako, capitale malienne. Ainsi, les questions de gouvernements d’union nationale, de l’organisation de journées nationale de concertation, de libération du Nord, ne les ébranlent absolument pas. Ils n’en ont que faire. Au contraire, ils posent des actes qui montrent qu’ils sont les maà®tres des lieux et qu’ils ne craignent personne. En effet, plus les jours passent, plus les islamistes imposent petit-à -petit leurs lois dans le Nord Mali, sans qu’il n’y ait de contre pouvoir réel pour s’y opposer, sauf quelques plaintes des défenseurs des droits de l’homme, des organisations internationales et sous régionales. Bamako même étant, pour le moment, imbriquer dans des contradictions internes, doublée de fierté nationale aveuglante. Au regard de cette situation, le MUJAO et ses acolytes n’ont-ils pas raison d’agir à  leur guise ? A vrai dire, jusqu’à  présent, aucune force ou organisation bien organisée ne semble imposante pour amener ces islamistes à  revoir leur copie. Les maliens de Bamako affirment fermement leur refus que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) intervienne militairement au Mali. A l’intérieur de la CEDEAO, elle-même, certains sont pour le dialogue et la concertation pour une sortie de crise au Mali (le Burkina Faso), d’autre sont pour une intervention. Dans cette situation de tergiversation, le président nigérian Goodluck Jonathan vient de lancer à  Dakar, au Sénégal, qu’une intervention militaire de l’Afrique de l’Ouest au Mali n’est pas à  exclure, si les négociations en cours venaient à  échouer. De façon claire, il a prévenue : « Je pense qu’à  travers les négociations, nous serons en mesure de résoudre cette crise. Nous n’avons pas forcément besoin d’une intervention militaire (…) mais si cela échoue, nous n’avons pas d’autre choix ». Ces propos vont-ils susciter un changement de direction chez les islamistes qui ont, pour le moment, les coudées franches pour agir comme ils le souhaitent ? Wait and see !

Nord du Mali: les islamistes gâchent la fête du Ramadan

La fin du mois béni de Ramadan, c’était hier samedi 18 Août 2012 partout au Mali. Dans les régions nord sous occupation, la prière s’est passée dans des conditions particulières, si l’imam de Tombouctou a dirigé la prière, il a été obligé de lire un message d’Ansardine à  la fin de la prière, alors que celui de Gao a été remplacé parun imam imposé par le MUJAO. A Tombouctou, la grande prière a eu lieu comme d’habitude, à  chaque grande occasion, sur la place du Sahel vert. Mais une grande partie de la population ayant quitté la ville ces derniers mois il y avait beaucoup moins de monde cette année. A la fin de la grande prière, un représentant du groupe islamiste Ansar Dine a demandé l’autorisation au grand imam de prendre le micro pour diffuser un message d’apaisement, mais certains fidèles ont préféré s’en aller. L’Imam de Gao évincé par le MUJAO « Il a dit qu’aujourd’hui C’’est une grande fête. Tous les musulmans doivent la fêter dans la paix et dans la sécurité. Et il a dit qu’eux ne sont pas là  pour l’Azawad mais qu’ils sont ici pour l’islam. Quand il a demandé cela, la majorité de la population est partie », rapporte un participant. Dans la ville de Gao, l’imam n’a même pas pu diriger la prière. Les islamistes du Mujao ont estimé qu’il n’était pas compétent pour ce jour particulier de l’Aid el-Fitr. Le Mujao a donc imposé son propre imam, qui s’est montré à  la dernière minute entouré d’un très lourd dispositif armé. Certains n’ont pas apprécié le procédé et sont partis dès qu’ils ont pu, comme le raconte cet homme : « Quand on est arrivé, on s’est assis et au bout d’un moment ils ont commencé la lecture. On a constaté que ce n’était pas le même imam qui d’habitude nous fait prier qui était en train de faire la lecture du Coran. En plus de cela, il y avait des 4×4 avec des armes. On a rien compris. On a préféré tout simplement rentrer à  la maison. » Dans certaines autres localités du nord comme à  Niafunké, la grande prière devrait avoir lieu ce dimanche. La décision prise par Bamako de fêter l’Aà¯d ce samedi a été connue trop tard. Certains ont rompu le jeune dès vendredi soir mais dans d’autres familles, le ramadan aura duré une journée de plus.

Edito : Réponse à Mr Ban Ki Moon

Ils viennent de couper la main d’un voleur à  Ansongo, à  défaut de n’avoir pu sectionner celle du voleur de Gao, le week-end dernier. Ils avaient promis qu’ils imposeraient la charia au Nord Mali, ils font pire et remettent au goût du jour le règne de l’obscurantisme. Ils, ce sont eux les extrémistes de tout bord. Mujao, Ansar Dine, Aqmi, Boko Haram, des illuminés, sortis tous droits des cavernes de l‘ignorance, de savants manipulateurs et prétendus négociateurs, maà®tres dans l’art de tromper leur ennemis. N’est-ce pas ainsi qu’ils ont dupé le MNLA en prenant possession du Nord Mali et jetant aux orties le rêve de l’Azawad… Et C’’est avec un sourire carnassier qu’ils ont accueilli le médiateur de la CEDEAO, un exercice qui au-delà  des déclarations de bonne foi, leur fera un peu plus de publicité dans les médias internationaux et confirmera leur suprématie dans les régions nord du Mali. Pour le médiateur de la CEDEAO, la ballade aura été courte, mais inefficace. Et dans les salons feutrés de l’ONU à  New York, Ban Ki Moon se fend d’une nouvelle recommandation de l’institution qu’il dirige, engluée dans une léthargie sans nom. Mieux, le chef de l’institution onusienne, recommande, je dis bien, recommande des sanctions ciblées contre les «Â fous d’Allah » ! Comme si les extrémistes avaient besoin de voyager aux quatre coins de la planète. Sans les pétro-dollars de Khaddafi, ils ont depuis longtemps trouvé d’autres sources de financement occultes. Franchement, Ban ki Moon se moque t-il des populations du nord Mali ? A défaut d’une intervention militaire dont les contours restent toujours imprécis et conditionnée à  la stabilisation politique de Bamako, il est de bon ton de faire des discours stériles à  la Tribune de New York. D’après notre cher secrétaire général, les progrès faits à  Bamako pour restaurer l’ordre constitutionnel restent limités, à  l’heure o๠la formation du nouveau gouvernement de transition, n’est qu’une question de jours… Et si vous nous disiez toute la vérité Mr Moon ? Et si vous nous disiez que le sort du Mali ne presse pas plus que celui de la Syrie, o๠vous êtes empêtrés depuis des mois ? En réalité, l’urgence que vous semblez vouloir évoquer en parlant de sanctions, ne fait que masquer l’inaction d’une institution soumises aux diktats internationaux du commerce extérieur. Mais pire que cela, le vent de l’extrémiste religieux souffle sur l’Afrique d’est en ouest, sans que personne ne puisse l’arrêter désormais. Combien de temps encore faudra-t-il craindre que ce «Â nord Mali ne soit entrain de devenir un refuge pour les éléments criminels et terroristes »., dà®tes vous. Rectificatif, il l’est depuis des décennies maintenant, que vous le vouliez ou non. Il ne vous reste plus qu’à  nous délivrer UN mandat pour une intervention ciblées au Nord Mali. Alors de véritables négociations pourront s’amorcer face à  des occupants qui constatent chaque jour la faiblesse des victimes en face et repoussent les limites de l‘innommable. En témoigne les lapidations et autres destructions du patrimoine sacré des civilisations perdues, mais surtout, un mépris profond et pour l’être humain, dans sa plus simple expression.

Gao entre fronde et colère

Depuis que les régions du nord du Mali sont sous le contrôle des groupes armés islamistes, les populations locales subissent un violent prosélytisme religieux. Fort du soutien des nouvelles recrues embrigadées – y compris des enfants – les occupants font feu de tout bois pour imposer aux populations la loi islamique. On se rappelle des scènes inhumaines de coups de fouet à  Tombouctou et, tout dernièrement, de la lapidation sauvage d’ un couple non marié à  Aguel’hoc. Sans oublier la démolition des mausolées de Tombouctou. «Vous laissez le jeune homme ou vous allez nous coupez tous la main!» Dopés par leur idéologie extrémiste, les islamistes ne comptent pas s’arrêter là . Ces hommes sans foi ni loi se sont une fois de plus illustrés la semaine dernière à  Gao. Le Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest a voulu couper la main d’un présumé voleur. l’exécution devait avoir lieu le dimanche 5 août. Alertés par cette sentence, la colère a gagné les habitants de Gao. Les jeunes ont investi la place de l’Indépendance o๠devait être exécuté le jugement. « Vous laissez le jeune homme ou vous allez nous coupez tous la main ! », ont-ils menacé. Devant la détermination des jeunes, les islamistes ont été contraints de se raviser. la révolte continue Cette mobilisation fait suite à  d’autres, qui visaient à  s’opposer à  l’imposition de la charia. Pour rappel, des jeunes, des femmes étaient descendus dans rue à  Gao en début mai pour protester contre l’application de la charia. Ce 14 mai, ils ont arraché les drapeaux d’Ansar Dine et du MNLA et hissé à  la place le drapeau national malien. « Les femmes, les enfants, les jeunes… tout le monde était dehors et demandait le départ de groupes armés. Nous n’avons plus peur. Trop, c’est trop », avait alors affirmé Abdoulaye Diré, animateur d’une radio locale à  l’AFP. Joint par Boubacar Touré dans le journal de 13h00 de l’ORTM, un jeune de Gao n’a pas manqué d’exprimer son ras-le-bol aux autorités de Bamako qu’il accuse de les abandonner à  leur triste sort. De son côté, le gouvernement malien a condamné « énergiquement » lundi dans un communiqué l’agression de l’animateur de radio, qui avait averti de la sentence, ainsi que « la tentative d’amputation de la main d’un prétendu voleur par des groupes extrémistes armés qui occupent illégalement la ville ».

Mali: Les islamistes maîtres du nord du Mali

Les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont été chassés par les islamistes de leur dernier bastion du nord du Mali situé près de Gao, ville o๠ils avaient subi une cuisante défaite le 27 juin, ont rapporté mercredi des témoins à  l’AFP. Les islamistes armés contrôlent désormais la totalité du nord du Mali o๠ils peuvent imposer leur loi sans rencontrer de résistance après avoir évincé mercredi les rebelles touareg de leur dernier bastion d’Ansogo, localité proche de Gao. Après cette nouvelle défaite à  Ansogo, les rebelles touaregs ne contrôlent plus une seule ville du Nord. Par petits groupes, ils se déplacent encore dans cette partie du Mali sous contrôle islamiste, plus pour survivre que combattre. Les trois grandes villes et régions du Nord qui représentent plus de la moitié du Mali – Tombouctou, Gao et Kidal – sont occupées depuis plus de trois mois par les islamistes du Mujao et d’un autre groupe armé, Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), alliés d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). Ils en ont systématiquement repoussé la rébellion touareg qui avait lancé l’offensive dans le Nord avec eux en janvier. Le MNLA a déclaré unilatéralement en avril l’indépendance de cette région qu’il nomme l’Azawad. A Tombouctou, ville mythique du Sahara classée au patrimoine mondial de l’humanité, désormais en péril, ils ont choqué le monde en détruisant des mausolées de saints musulmans vénérés par les populations locales, destructions entamées fin juin/début juillet, interrompues, puis reprises. Dans un communiqué du département d’Etat, les Etats-Unis, outrés, ont fermement condamné ces destructions. Au plan diplomatique, Washington « soutient les efforts de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de l’Union africaine (UA) pour contribuer à  un retour à  un régime civil au Mali et à  une solution de médiation à  la rébellion dans le Nord ». Les pays de la Cédéao préparent depuis plusieurs semaines l’envoi éventuel au Mali d’une force militaire dont l’effectif serait de plus de 3.300 hommes. Elle attend un mandat de l’ONU et une demande officielle d’intervention de Bamako.

Ces Maliens qui veulent la guerre !

Les exactions des islamistes et des rebelles touareg ont provoqué un afflux de 200.000 réfugiés à  l’étranger et déplacé 150.000 personnes à  l’intérieur du pays. Un début d’épidémie de choléra s’est déclaré et une grave crise humanitaire se profile, faute de nourriture et de médicaments. Indignation A quand l’intervention, une menace brandie par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dès le putsch du 22 mars dernier? C’est la question que beaucoup se posent. «On sait bien que C’’est l’Algérie qui pose problème, parce que ça les arrange de ne pas avoir les islamistes chez eux», commente Moussa, un immigré à  Paris, Malien d’ethnie songha௠et originaire de Gao. De plus en plus, cet argument ressassé sonne faux. Car les islamistes d’Aqmi sont bel et bien présents sur le territoire algérien, o๠ils ont commis une série d’attentats meurtriers, faisant notamment 30 morts et 220 blessés à  Alger le 11 avril 2007. Aqmi a aussi tué 11 gendarmes algériens en juillet 2010 lors d’une embuscade à  Tamanrasset, dans le sud algérien. Alors que l’Algérie donne des signes de changement d’attitude, les Maliens ordinaires ont du mal à  s’expliquer l’inertie de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). «Ce sont les grandes puissances qui sont derrière les islamistes, assure un chauffeur de taxi parisien originaire du Mali… Quatre hommes de la Croix-Rouge du Qatar sont à  Gao et distribuent des vivres sous la protection du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest). Dites-nous ce que fait le Qatar à  Gao? à‡a les arrange tous d’avoir du bordel au Nord parce qu’il y a du pétrole!» Des jeunes prêts à  l’autodéfense l’impatience monte, du côté des jeunes prêts à  en découdre avec les islamistes ainsi qu’avec les rebelles touareg. D’autant que l’armée malienne, forte de 33 000 hommes, semble bien décidée à  ne rien faire au Nord, depuis qu’elle est partie en débandade, fin mars. A cette époque, elle faisait face à  3.000 hommes, rebelles et islamistes confondus. Des groupes qui ne cessent d’étoffer leurs rangs depuis, et qui se préparent à  la guerre, dans l’attente d’une intervention militaire ouest-africaine qui aurait le soutien logistique de la France et des Etats-Unis. C’’est dans cette optique, aussi, qu’il faut analyser les destructions de mausolées à  Tombouctou, une démonstration de force avant l’hypothétique bataille. Paris reste paralysé par la présence de six otages français aux mains d’Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), et une ancienne colonie qui n’a pas souhaité la présence militaire française, depuis son indépendance. Bientôt, ce sont des villes entières, comme Gao, entourée de mines posées par les islamistes, qui serviront de boucliers humains. Selon des témoignages recueillis par RFI, le Mujao recrute à  tour de bras des jeunes, voire des enfants à  Gao. Déjà , au moment de la chute des villes du Nord, des jeunes de Mopti, effrayés par l’arrivée des rebelles touareg et des islamistes, avaient demandé aux militaires en déroute de leur donner des armes pour défendre eux-mêmes leur pays. La guerre semble incontournable Aujourd’hui encore, un Collectif des ressortissants du Nord (Coren) avertit sur la mobilisation des jeunes, qui se sont organisés en brigades de surveillance pour empêcher les viols, entre autres. Selon le Coren, ces jeunes sont brimés par les barbus, interdits de se promener le soir, de jouer au football ou de regarder la télévision. Prêts à  intervenir pour empêcher la destruction des mausolées de Tombouctou, des jeunes de cette ville en ont été dissuadés par leurs aà®nés… Face à  la situation dramatique du Nord-Mali, le Coren, qui se revendique comme l’un des groupes les plus représentatifs de la population du Nord-Mali (les Touaregs restant minoritaires), a demandé poliment, le 9 juillet lors du sommet de la Cédéao à  Ouagadougou, que cessent les palabres et qu’on passe enfin à  l’action. «Pour nous, la négociation est incontournable pour sortir de la crise. Encore faudrait-il savoir avec qui négocier; négocier quoi; quand négocier? Pour nous, l’intégrité du territoire n’est pas négociable. Pour nous, la forme républicaine n’est pas négociable. Pour nous, la laà¯cité de la République du Mali n’est pas négociable. La question de faire la guerre ou pas pour libérer les régions occupées est au centre de la médiation. Nous constatons que, malgré la disponibilité de la Cédéao à  appuyer notre pays, à  aider notre armée, malheureusement les autorités de la transition ne semblent pas mesurer l’ampleur et l’urgence de la mission. Sans être des va-t-en-guerre, nous estimons que, quel que soit le bout par lequel on appréhende la crise au Mali, la guerre aux envahisseurs semble une solution incontournable. Ne serait-ce que pour bouter hors de nos frontières les différents groupes terroristes.» Bamako fait la sourde oreille Seul problème: l’absence d’un seul interlocuteur solide à  Bamako, o๠la dispute autour du pouvoir préoccupe plus les acteurs politiques et militaires que la situation dans le nord. «Au moment o๠nous vous parlons, le gouvernement malien n’a posé aucun acte concret allant dans le sens de la résolution de la crise, poursuit le Coren dans sa déclaration faite à  Ouagadougou. Nous avons rencontré le Premier ministre le 7 mai (2012), puis son ministre de la Communication le 29, pour leur apporter les messages de détresse des populations et le sentiment d’abandon. Nous venons de tenir un sit-in, le mercredi 4 juillet, pour exiger du gouvernement qu’il affiche sa volonté politique de résoudre la crise et qu’il prenne des initiatives sur le terrain militaire. Nous devons vous avouer que nous n’avons pas l’impression d’avoir été entendus dans la mesure o๠même nos demandes d’audiences sont refusées.» Les heures de gloire de Cheick Modibo Diarra, actuel Premier ministre, pourraient être comptées. Il est question de former un autre gouvernement d’union nationale, qui mettrait un terme à  toutes les querelles autour de l’actuel gouvernement, soumis face aux militaires, peu représentatif des partis politiques et de la société civile. De même, les heures de Dioncounda Traoré à  la présidence intérimaire du Mali pourraient toucher à  leur fin. Soigné en France depuis son agression au palais présidentiel de Koulouba le 21 mai, l’ancien président de l’Assemblée nationale n’est pas très pressé de rentrer à  Bamako. Il n’a pas non plus daigné faire le déplacement à  Ouagadougou, lors du dernier sommet de la Cédéao sur le Mali –malgré l’urgence.

Nord Mali : pourquoi Bamako tarde à intervenir ?

En perte de vitesse, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a cédé la place à  des islamises déterminés à  élargir leur influence au nord du Mali. Les approches récentes avec la médiation burkinabè montrent qu’Ansar Dine veut rester le seul interlocuteur légitime du Mali dans la sortie de crise. Crise qui s’aggrave de jour en jour puisque les hommes d’Iyad Ag Ghaly ont profané les symboles qui font la grandeur et la mystique de la cité des 333 Saints. En face, l’inaction d’un gouvernement malien, hésitant entre négociation et guerre, exaspère les ressortissants du nord qui multiplient les actions de soutien ou se révoltent contre les groupes armés. En dépit des alertes de l’Unesco, Ansar Dine mène désormais une guerre médiatique et politique. l’assassinat d’un élu à  Gao suivi d’affrontements entre le Mujao et le MNLA, la destruction des 7 mausolées saints à  Tombouctou exacerbe le sentiment d’injustice des populations du nord. La crainte d’une chariaisation progressive ont été illustrés avec les images de la punition en pubic d’un couple sur les écrans du monde. Prudence à  Bamako A Bamako, la prudence règne. Aux Nations Unies, on invite à  préciser les contours d’une intervention de la Cédéao dans le nord du Mali. Face à  une armée en reconstruction et coupée de ses tête de commandement, la remobilisation des troupes et leur équipement reste la priorité. A cela devront s’ajouter des appuis logistiques de la France et des Etats-Unis en matière de renseignements. l’une des bases américaines, établie à  Ouagadougou, agirait dans ce sens en survolant régulièrement la zone avec de petits appareils discrets à  l’œil nu dans le ciel subsaharien. Malgré tout, les hésitations du gouvernement de Cheick Modibo Diarra font monter la psychose dans la capitale malienne : « Si les islamistes ont détruit les mausolées, qu’est-ce qui peut les empêcher de perpétrer des attaques au sud ? », déplore Ibrahim un jeune étudiant.   Qui veut la paix, prépare la guerre Deux schémas se dessinent désormais pour la sortie de crise. Une double médiation menée par la CEDEAO avec d’un côté les islamistes, qui ont pris contact avec Blaise Compaoré pour réaffirmer leur position. l’islam radical ou rien ! De l’autre, la stabilisation de la transition et un gouvernement plus inclusif pour mener une opération conjointe CEDEAO-ONU-Mali. l’intégrité territoriale du Mali n’étant pas négociable au risque de créer une poudrière dans la région, les diplomates de CEDEAO s’accordent sur cette voie sans réussir à  mettre une quelconque pression sur le gouvernement de Cheick Modibo Diarra. Pour que l’institution sous régionale puisse actionner ses 3 300 hommes au nord Mali, une simple demande du Mali ne suffit plus : «Â Tout dépend de Bamako qui doit préciser les contours de cette intervention. Cheick Modibo Diarra avait plaidé pour la négociation, mais sur quelle base, pour négocier, il faut être en position de force ? », analyse Tiégoum Boubèye Maiga, directeur de la Nouvelle République. Le ballet diplomatique du Premier ministre (Alger, Paris, Nouakchott, Niamey et dernièrement Yamoussoukro) pour harmoniser les positions de sortie de crise, ravive les critiques dans la presse malienne. «Â On a parfois l’impression que CMD (surnom du Premier ministre) est plus occupé à  faire des nominations à  chaque Conseil des ministres qu’à  gérer la crise du nord », témoigne Aminata, journaliste. Sanogo définitivement hors-jeu ?   Quant à  Sanogo qui a toujours rejeté une intervention de la CEDEAO à  Bamako, est-il définitivement hors jeu ? Cheick Modibo Diarra a une nouvelle fois salué le vote par l’Assemblée nationale de la loi d’amnistie des putschistes et la transformation du CNRDRE en Comité militaire chargé du suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité ( CMSRDFS) : «Â Sanogo est le maà®tre de l‘armée, tous lui obéissent, les hommes, les ministres qu‘il a fait nommer et si demain le Mali était prêt à  intervenir au nord, son veto pourrait bloquer le processus », précise un spécialiste de la crise. Le vrai problème, C’’est l’armée malienne. Elle n’est tout simplement pas prête pour reconquérir le nord ». Les pleins pouvoirs de Cheick Modibo Diarra ne suffisent pas. La convalescence prolongée de Dioncounda Traoré, le Président de transition nommé par la Cédéao pour douze mois, n’accélèrera pas non plus le processus. s’il est des secrets militaires qu’on ne doit pas révéler, le gouvernement de Cheick Modibo Diarra fait sien cette maxime célèbre et prépare la guerre pour avoir la paix ! Comme à  l’accoutumée, Bamako bruisse de rumeurs qui font du bien à  la population, car pendant que le MNLA et Ansar Dine s’étripent, l’armée malienne encerclerait lentement mais surement le nord. La libération est-elle proche ?

Le MNLA rejette la fusion avec les islamistes d’Ansar Dine

La fusion entre les rebelles touaregs du MNLA et les islamistes d’Ansar Dine n’est plus d’actualité. Dans un communiqué du bureau politique et du bureau exécutif, le MNLA rejette catégoriquement l’accord signé le 26 mai avec Ansar Dine à  Gao. Le texte élaboré par les deux mouvements faisait mention d’un Etat islamiste de l’Azawad indépendant régi par la loi islamique. Le MNLA dénonce ce texte jugé trop radical, contraire à  ses valeurs. Depuis dimanche de nombreuses voix se sont élevées à  Gao, Tombouctou, mais aussi dans les diasporas tamacheks pour dénoncer un accord jugé inacceptable. Selon des cadres du MNLA présents à  Gao, ce texte est incompatible avec les valeurs du MNLA, Mouvement national de libération de l’Azawad : il y est question d’Etat islamique entièrement fondé sur le Coran, et sur la sunna. « Un accord mort-né  »  » Aujourd’hui, nous mettons fin totalement à  cet accord. Ansar Dine veut absolument appliquer la charia, et nous nous sommes un mouvement laà¯que. Il n’a jamais été question de mouvement intégriste (…) Cette rupture peut coûter cher au MNLA. Mais nous sommes les seuls à  pouvoir combattre les islamistes dans cette région. Nous savons le faire. » Au MNLA, on se défend d’avoir cru à  cet accord « en se rapprochant d’Ansar Dine ,on voulait éviter à  des jeunes de chez nous d’aller se perdre chez Aqmi, mais finalement», reconnait ce cadre de Gao « nous avons été floués ». Certains accusent l’intransigeance d’Ansar Dine sur la question de la charia mais accusent aussi des responsables du MNLA qui ont joué depuis le début, un double jeu vis-à -vis du groupe de Iyad Ag Ghali : ce rejet unilatéral va faire tomber les masques et clarifier les positions mais le MNLA joue gros. Parmi les dirigeants, on ne cache pas l’inquiétude de voir partir des combattants vers Ansar Dine, plus riche et plus fort. Mais, on se dit prêt à  prendre ce risque pour démontrer à  la communauté internationale que le MNLA peut être un partenaire crédible pour lutter contre les terroristes d’Aqmi, Al-Qaà¯da au Maghreb islamique.

Mali: plusieurs blessés à Gao après des manifestations contre les groupes armés

La manifestation avait débuté timidement lundi en milieu de journée, avant de prendre de l’ampleur dans l’après-midi et elle se poursuivait lundi soir dans deux quartiers, d’après divers témoins, qui ont parlé de centaines d’habitants protestant notamment contre l’interdiction faite à  des jeunes par les groupes armés de jouer au football ou de regarder la télévision. « Actuellement, les groupes armés tirent en l’air, mais des centaines de civils manifestent en brûlant des pneus un peu partout dans la ville. Tout le monde en a marre des groupes armés », a déclaré à  l’AFP Ousmane Telly, un fonctionnaire à  Gao. C’est la première manifestation de colère de la population depuis que, le 31 mars, cette cité est tombée sous le contrôle de divers groupes armés, dont le Mouvement national de libération de l’Azawad (rébellion touareg), Ansar Dine (islamiste) et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). Selon plusieurs témoins, ce sont des hommes d’Ansar Dine et du MNLA qui tiraient en l’air. Une source hospitalière a affirmé avoir reçu cinq blessés, dont un par balle. « Ce sont tous des civils. L’un d’entre eux a été blessé par une balle perdue, les autres sont tombés en courant pour fuir dans un quartier l’avancée des groupes armés qui tiraient en l’air », a-t-elle expliqué, sans plus de détails. Selon des témoins, dans un des quartiers, des manifestants ont arraché les drapeaux d’Ansar Dine et du MNLA et ont hissé à  la place le drapeau national malien. « Les femmes, les enfants, les jeunes… tout le monde est dehors et demande le départ de groupes armés. Nous n’avons plus peur. Trop, c’est trop », a affirmé Abdoulaye Diré, animateur d’une radio locale. D’après un élu municipal ayant requis l’anonymat, les habitants ont été excédés par le fait qu' »hier (dimanche), des hommes armés ont empêché des jeunes de jouer au football, et ils ont également cassé une télévision que regardaient des jeunes. C’est ça qui a tout déclenché ». Ensuite, « ce lundi, des hommes armés ont tenté sans succès de s’approcher des tombeaux des fondateurs de la ville. (…) Les civils ont organisé une ceinture de protection. La tension est montée », a ajouté le responsable municipal. Le maire de Gao, Sadou Diallo, joint alors qu’il se trouvait à  Bamako, a indiqué avoir eu des témoins qui lui ont raconté la manifestation en cours, et s’est dit inquiet pour la population. « Ce qui se passe est grave. Les islamistes risquent de tuer les gens », a dit M. Diallo, appelant au retrait de la cité des hommes armés, qu’il a qualifiés de « criminels » et d' »assassins ». Ces groupes armés sont accusés par diverses sources de violations des droits de l’Homme – l’ONG Human Rights Watch (HRW) ayant parlé de « crimes de guerre », évoquant des viols, des pillages et l’enrôlement d’enfants soldats. Ils ont profité du renversement par des militaires, le 22 mars, du régime du président Amadou Toumani Touré (ATT), pour accélérer leur offensive déclenchée mi-janvier : en trois jours, du 30 mars au 1er avril, ils ont pris le contrôle de Kidal (extrême nord-est), Gao et Tombouctou (nord-ouest), trois régions administratives de cette vaste zone aride du Mali. Depuis, les putschistes ont officiellement remis le pouvoir à  un civil, Dioncounda Traoré, qui a prêté serment le 12 avril, et a désigné Premier ministre Cheick Modibo Diarra. ATT est aujourd’hui réfugié au Sénégal. Mais le pays est dans une situation de blocage politique sur les modalités de la transition : 40 jours d’intérim selon le délai constitutionnel, douze mois suggérés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) mais rejetés par les putschistes, qui restent omniprésents sur la scène politique. La Cédéao n’a plus évoqué de délai au cours d’un sommet à  Dakar le 3 mai. La principale mission des organes de transition sera de trouver une solution à  la crise dans le Nord, o๠les islamistes occupent désormais une position dominante. Mardi, la Cédéao a à  nouveau menacé d’imposer des sanctions au Mali, accusant l’ex-junte militaire de « perturber la transition politique » et de « déstabiliser » ce pays de 15 millions d’habitants.

Paris craint une alliance Touareg-Aqmi pour s’emparer du Mali

PARIS (AFP) – (AFP) – La France craint une possible alliance au Sahel entre des Touareg et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) pour s’emparer du Mali, a déclaré mardi à  l’AFP son chef de la diplomatie, Alain Juppé, appelant à  une mobilisation régionale et de l’ONU contre « le péril islamiste ». « Certains rebelles pourraient se contenter du contrôle sur les territoires du Nord (du Mali). D’autres, avec Aqmi, pourraient envisager de s’emparer de l’ensemble du territoire malien pour en faire une république islamiste », a affirmé le ministre français. Le groupe Ansar Dine, qui contrôle depuis lundi la ville malienne de Tombouctou, « est étroitement lié à  Aqmi », a aussi relevé Alain Juppé. Le chef de ce groupe, « Iyad Ag Ghaly, est très lié à  Aqmi et depuis plusieurs semaines, ce mouvement a pris de plus en plus d’importance », a-t-il noté. « Ses objectifs ne sont pas précisément connus, mais pourraient être l’instauration d’un régime islamiste sur l’ensemble du Mali. Il faut une réponse régionale au péril islamiste, qui va de la Libye jusqu’au Nigeria. Seule une coopération impliquant l’Algérie, la Mauritanie, les pays de la Cédéao (Afrique de l’Ouest) avec le soutien de la France et de l’Union européenne, pourrait permettre de progresser », a-t-il insisté. « Se mobiliser contre le terrorisme » « C’’est dans cet esprit que nous avons souhaité que le Conseil de sécurité s’exprime. Un projet de déclaration présidentielle est en cours d’examen pour condamner une nouvelle fois le coup d’Etat, demander à  la rébellion de s’arrêter, d’arrêter les combats et d’engager un processus de dialogue. La France souhaite attirer l’attention sur le péril islamiste et la nécessité pour la communauté internationale de se mobiliser contre le terrorisme », a fait valoir le ministre. A propos de la mobilisation régionale, Alain Juppé a souligné l’importance de l’Algérie. « Je ne perds jamais une occasion de dire à  nos amis algériens à  quel point il est important qu’ils jouent le rôle le plus actif possible dans la coordination de la réponse régionale à  Aqmi ». « l’objectif d’Aqmi est très clair, C’’est de déstabiliser les régimes en place par le terrorisme, en s’appuyant sur de nombreux trafics, notamment le trafic de drogue. Cette région est devenue une plaque tournante de la drogue », a-t-il déploré. Pour le ministre, la crise au Mali avec la revendication touareg d’une région indépendante dans le nord du pays, l’Azawad, « est ancienne et ne date pas de la crise libyenne ». « Il est exact que la situation en Libye, et la circulation des personnes et des armes, ont ravivé ce conflit et favorisé l’offensive de la rébellion en janvier. Mais elles ne l’expliquent pas », a-t-il souligné. « pas question de troupes françaises au sol » La solution à  la crise malienne ne passe que par un processus régional, a poursuivi Alain Juppé, en excluant à  nouveau que la France, ex-puissance coloniale, envoie des troupes au Mali pour y garantir l’intégrité et la sécurité du pays. « Pour nous, comme pour les Américains, il n’est pas question de déployer des troupes au sol. Nous n’avons rien à  y faire. En revanche, nous sommes prêts à  apporter un soutien logistique à  la Cédéao » (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), indique-t-il. Les chefs d’Etat de la région « ont évoqué la possibilité d’un déploiement d’une force de la Cédéao. Le problème C’’est que cela devrait prendre du temps et le temps est évidemment précieux face à  la percée des Touareg. Aucun des pays ne demande (un déploiement français). Ce qu’ils demandent C’’est un soutien logistique, du transport, mais certainement pas de troupes au sol », a-t-il insisté. La France est opposée à  la revendication indépendantiste du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), a aussi affirmé le ministre. « Ce n’est pas acceptable pour nous qui sommes très attachés à  l’intégrité territoriale du Mali », a-t-il dit. Cependant, « cette revendication pourrait conduire, dans le cadre d’un dialogue national, à  une forme d’autonomie assortie d’une politique ambitieuse de développement. Le Nord n’a pas assez bénéficié pour l’instant d’efforts de développement aussi importants que le Sud du pays », a-t-il relevé. Concernant Bamako, une évacuation des Français (quelque 5.000 au total dont la majorité vivant dans la capitale malienne), « l’évacuation n’est pas à  l’ordre du jour », précise le ministre, en annonçant que le lycée français a été « fermé par anticipation sur les vacances de Pâques qui devaient arriver à  la fin de la semaine prochaine ».

Mali/Algérie : Onze gendarmes Algériens meurent à Tinzaouatine

Réputée zone dangereuse, le vaste désert du Sahara reliant l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, est continuellement sujet à  des attaques d’islamistes armés. Cependant, la frontière entre le mali et l’Algérie, n’avait connue depuis plusieurs mois, aucun trouble. Enfin, jusqu’à  ce mercredi 30 juin, tôt le matin o๠des gendarmes algériens ont été victimes d’une embuscade. Les faits se sont passés à  Tinzaouatine, dans la région de Tamanrasset au sud de l’Algérie et au nord du Mali. C’’est la zone frontière entre les deux pays. Alors que les gendarmes surveillaient comme d’habitude la frontière contre d’éventuels contrebandiers, ils sont tombés dans le piège de quelques islamistes. Ceux-ci, selon le quotidien algérien El Watan, auraient kidnappé un guide touristique après avoir tué onze gendarmes. [bAttaque surprise ] Signalons que la bande qui serait affiliée à  Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), a attaqué le poste militaire situé dans la zone. C’’est dans ce même lieu que se font les patrouilles militaires. Les officiers ont été pris par surprise et n’ont donc pas pu réagir. El Watan indique que les échanges de tirs ont duré environ 1h de temps et il y aurait juste un survivant parmi les soldats. Triste constat avec en plus de cela, cinq véhicules tout terrain brûlés. Les assaillants sont repartis avec certaines armes dérobées à  leurs victimes. Pendant ce temps les renforts ont réussi à  éviter que les terroristes occupent la caserne. Les raisons probables de l’attaque Après cette sanglante attaque, le commandement de la 3e région militaire algérienne a mis en place, une vaste opération de ratissage dans le désert du Sahara. Cette attaque considérée comme la première du genre, fait suite au récent démantèlement d’un réseau de soutien logistique à  AQMI. C’’était dans les villes de Tamanrasset et Illizi, des villes sahariennes. Selon nos dernières informations, AQMI a revendiqué l’attaque ce matin. Par ailleurs, le gouvernement algérien reste muet sur l’affaire.

Procès bâclé des islamistes libérés : La justice malienne bafouée

Les colonisés toujours sous domination des colonisateurs « La libération des terroristes à  la suite d’un procès bâclé par la justice malienne sous l’injonction du pouvoir exécutif (en mission commandée) de la France, décidée à  faire libérer un coopérant français, M. Pierre Camatte, prouve à  suffisance que les colonisés resteront toujours sous domination des colonisateurs. » C’’est du moins l’avis du Cercle de réflexion et d’action des jeunes (CRAJ). C’’est en somme ce que pense le Cercle de réflexion et d’action des jeunes (CRAJ) des autorités judiciaires maliennes à  propos de l’élargissement de quatre islamistes en échange de la libération du désormais ex-otage d’Aqmi, Pierre Camatte. Nous sommes au meeting organisé par CRAJ, au centre Djoliba, dans l’après-midi du samedi dernier. Au menu, tous les dossiers brûlants de l’heure. Ils sont venus de partout : jeunes gens pour la plupart ; compressés de Huicoma ; sympathisants du maire déchu en commune IV, Moussa Mara. Cible choisie, la justice malienne assujettie au pouvoir exécutif. Le menu était pour le moins copieux. Au cours de ce meeting, Mahamane Mariko, président du CRAJ, a interpellé les autorités politiques maliennes face aux mauvais traitements réservés aux dossiers brûlants de l’heure. Il s’agit de la libération « honteuse » de Pierre Camatte contre les quatre terroristes d’Aqmi, le folklore de la fête du cinquantenaire, l’annulation de la victoire de Moussa Mara, la descente aux enfers des agents de Huicoma et enfin la violence inter-ethnique entre les éleveurs et les agriculteurs dans le Wassoulou. l’heure n’est pas à  la fête Le 22 septembre 2010, le Mali aura ses 50 ans d’indépendance et presque deux décennies de démocratie. Pour fêter cela avec faste, le Mali a mis en place une commission d’organisation pilotée par Oumar Hammadoun Dicko. Aux yeux du CRAJ, l’heure n’est pas à  la fête mais au bilan pour parfaire les insuffisances. « Je suis désolé… il ne s’agit pas de donner des tee-shirts aux jeunes à  l’effigie du cinquantenaire mais plutôt d’organiser un forum pour faire le bilan des 50 ans d’indépendance », croit savoir Mahamane Mariko. Le pouvoir judiciaire sous le joug de l’exécutif Selon le CRAJ, la séparation des pouvoirs est loin d’être une réalité au Mali. « Les récents événements illustrent la fragilité de notre indépendance vis-à -vis de la France, mais aussi celle de notre justice qui doit pourtant représenter le dernier rempart de notre démocratie, chèrement acquise, même au prix de sacrifices humains », affirme le CRAJ. à€ titre d’exemple, le numéro un du Craj, cite la libération des terroristes à  la suite de ce qu’il appelle un « procès bâclé » par la justice malienne sous l’injonction du pouvoir exécutif. Selon les responsables du CRAJ, un tel procès pour la libération des terroristes prouve à  suffisance que le pourvoir judiciaire est à  la merci du pourvoir exécutif. Et ce n’est pas sans conséquence, puisque ce procès « peut ternir l’image de notre démocratie », dénonce-t-il. Et Mahamane Mariko de déplorer le laxisme de nos hautes autorités, qui fait du Mali un « no man’s land », avec ses corollaires d’insécurité frontalière et urbaine (les émeutes du 22 février 2010 à  Bamako). Complot politico-judiciaire ourdi contre Moussa Mara « Cette annulation est synonyme de complot politico-judiciaire ourdi contre le jeune Moussa Mara, qui avait donné de l’espoir aux populations de ladite commune par une pratique politique innovante de déclaration de ses biens, mais aussi une gestion participative et concertée des populations aux affaires publiques », déclare le président du CRAJ. Sur un tout autre registre, le leader du Craj dénonce « l’indifférence inqualifiable des plus hautes autorités face au sort désespérant des travailleurs de HUICOMA, victimes d’une gestion mafieuse et d’un capitalisme sauvage, dit-il. » Au demeurant, selon Mariko, le CRAJ affirme avec rigueur toute son indignation et son inquiétude quant à  l’avenir de la démocratie, de l’indépendance du Mali et particulièrement celle de sa justice. à€ sa suite, Bakary Berthé, représentant des compressés de Huicoma, a tenu le public en haleine en expliquant les conditions d’infortune de ses camarades suite à  la privatisation de Huicoma. Sory Ibrahim Camara du camp de Moussa Mara a saisi cette occasion pour lancer un appel à  la jeunesse afin qu’elle reste derrière Moussa Mara, pour ses idéaux de transparence dans la gestion des affaires communales. La violence interethnique au Wassoulou a attiré l’attention de CRAJ qui rappelle à  l’autorité d’assumer sa responsabilité. Enfin, le Craj rappelle qu’il reste fidèle à  ses idéaux démocratiques et de bonne gouvernance des affaires publiques et réitère toute sa disponibilité et son engagement dans le combat pour un Mali émancipé dans une Afrique unie et prospère.

Affaire Camatte : les quatre erreurs d’ATT

l’affaire Pierre Camatte a connu son dénouement mercredi 24 février, avec la libération de cet otage français détenu depuis novembre 2009. Obtenue après de longues tractations, qui ont abouti à  la libération de quatre islamistes algérien, mauritaniens et burkinabé emprisonnés au Mali, elle a eu pour conséquence le rappel de leur Ambassadeur par Alger et Nouakchott. Cette crise diplomatique avec deux voisins dont nous avons besoin dans la lutte contre le terrorisme révèle les carences du pouvoir malien, le président ATT ayant enchaà®né les erreurs de communication et de posture. Une « affaire personnelle » Avoir dit publiquement, dans une interview réalisée par nos confrères du quotidien français Le Monde en décembre 2009, qu’il faisait de la libération de Pierre Camatte « une affaire personnelle », a été la première erreur du président ATT. Cette phrase malheureuse relayée par tous les médias du monde a renforcé les ravisseurs car elle a fait de facto du président leur interlocuteur privilégié. Certes, il est le chef et C’’est lui qui devra assumer au bout du compte, mais pourquoi s’exposer en première ligne aussi tôt, sous la pression de toute la communauté internationale, alors même que l’issue était très incertaine ? Une volte-face préjudiciable Sans doute pour complaire le voisin algérien et les Etats-Unis, les autorités maliennes ont affirmé haut et fort, et à  plusieurs reprises, qu’elles ne céderaient pas aux exigences des ravisseurs, car libérer les quatre islamistes emprisonnés allait à  l’encontre des principes de la lutte antiterroriste. Mais à  quoi bon bomber le torse et affirmer sa bravoure, si quelques semaines après, on finit par céder et se transformer en avaleur professionnel de boas ? La aussi C’’est le crédit d’ATT qui est atteint, auprès des pays voisins, mais aussi face aux islamistes, qui désormais ne le prendront plus au sérieux. Parodie de justice Plus grave encore, la manière dont les islamistes prisonniers ont été libérés en dit long sur l’idée que l’on se fait de la justice au Mali. l’objectif était sans doute de montrer qu’on ne cède pas face aux islamistes, et que C’’est la justice qui décide. Mais organiser une parodie de procès à  l’aube et à  l’insu de tous, pour condamner les islamistes à  neuf mois d’emprisonnement, soit comme par hasard la durée exacte de leur bail déjà  effectué en prison, a eu justement l’effet contraire. C’’est un crime contre la justice du pays, dont personne n’a jamais cru qu’elle était indépendante, mais qui subit cette fois ci le coup de grâce : une humiliation et un discrédit devant le monde entier, par ceux là  mêmes qui sont censés en être les garants. Comment ATT a-t-il pu s’y résoudre ? Pourquoi n’a-t-il tout simplement pas fait libérer les otages en catimini, comme le font la plupart des autres Etats ? Un hôte embarrassant On comprend l’empressement du Président Sarkozy à  venir récupérer Piere Camatte au Mali. Elle lui assurait un « coup de com » appréciable, au moment ou son impopularité bat des records. Pour ATT l’effet est inverse. Car pour l’opinion publique malienne, se montrer devant les caméras aux côtés de son hôte Elyséen, de passage quelques heures dans la nuit du 24 février, renforce l’idée que C’’est la France qui mène la danse, et que le Mali lui a effectivement cédé. Au lieu de renforcer ATT, ce passage éclair de Sarkozy l’affaiblit. Dans ce cas, ne fallait-il pas oser demander au président français de passer sa route ? En cette année du Cinquantenaire, on se s’interroge sur le moment o๠notre pays deviendra vraiment indépendant… Les quatre erreurs d’ATT révèlent une gestion improvisée et approximative de cette affaire. Certes, nous ne connaissons pas le dessous des cartes, et le contenu exact des négociations. Mais on est tout de même en droit de se demander ce qui pousse le président de la République à  s’exposer autant. Quid du Premier Ministre, des ministres des Affaires étrangères, et de la sécurité intérieure ? Comme pour l’affaire du code de la famille, ATT doit se sentir bien seul… Bien sûr, il fallait tout faire pour éviter qu’un nouvel otage soit tué sur le sol malien. Mais cette mauvaise gestion a pour conséquence d’affaiblir davantage le Président, alors que cinq autres otages européens sont encore détenus dans le Nord. Et ses justifications maladroites au moment de la conférence de presse avec Sarkozy, puis le lendemain chez nos confrères de RFI n’ont rien fait pour arranger les choses. Au contraire, elles montrent l’embarras et le désarroi de Koulouba, le grand perdant de l’affaire Camatte.

Libération des 4 islamistes : le très mauvais calcul d’ ATT

La politique ce n’est pas de la mathématique. Cela est connu. Avoir affaire avec des personnes qui, contre les lois de la république, transportent et détiennent des armes de guerre, allant d’un pays à  un autre, ne peut alors être géré en méconnaissance de paramètres qui impliquent la souveraineté d’états tiers concernés. Au lieu d’avoirs des sarments comme une liane, ATT s’est laissé plaire en roseau face aux pressions françaises, se prêtant aux critiques et acrimonies de l’intérieur comme de l’extérieur. La libération lundi des quatre islamistes membres d’Aqmi (deux Algériens, un Burkinabè et un Mauritanien), détenus depuis avril 2009 et présumés terroristes par les autorités maliennes, mauritaniennes et algériennes semble causer plus de tort à  Bamako qu’il n’en résoudrait réellement. La Mauritanie en premier dès l’annonce de la libération des islamistes, puis l’Algérie après que Aqmi ait libéré à  son tour l’otage français ont rappelé leur ambassadeur pour dénoncer et protester vigoureusement contre l’attitude de Koulouba dont la faiblesse montrée face aux pressions exercées par Paris discrédite un homme et son gouvernement et fait de son peuple un enjeu négligeable face aux intérêts d’un pays qui posaient au demeurant sur la tête d’un de ses citoyens. Nous n’irons pas jusqu’à  dire que la vie de Pierre Camatte a valu, aux yeux de ATT, plus que celle de tout une population de plusieurs millions d’habitants puisque l’insécurité causée dans la bande sahélo-sahélienne et qui en l’occurrence concerne le Mali, la Mauritanie et l’Algérie au premier plan, fait peser la menace de mort sur leur tête – on se rappelle le meurtre d’un colonel de l’armée en plein jour à  Tombouctou, l’attentat terroriste du 8 août 2009 à  Nouakchott dans le quartier huppé de Tevragh Zeina là  o๠est située l’ambassade de France, les dizaines de morts en Algérie etc. On espère que l’otage français sur qui deux ultimatum de mise à  mort avaient été lancés par Aqmi si leurs éléments détenus à  Bamako n’étaient pas libérés, s’en sortira sain et sauf maintenant que Bamako à  plié comme roseau après ses rodomontades. Mais voilà  que, en se référant aux déclarations du chef de l’état malien lors de la vingt-neuvième semaine de l’Afrique organisée par l’Unesco au mois de mai 2009 à  Paris, on s’avise de la roublardise de ses « partenaires salafistes. » Devant l’assemblée de personnalités et des médias, le président malien affirmait qu’il était déçu du comportement des hommes en armes qui menaçaient la sécurité intérieure du Mali, le mettait en mal face à  ses voisins en ne respectant pas leur engagement de rester calmes dans le désert malien, pour citer de mémoire l’aveu de celui qui était justement invité pour partager sa méthode de gestion d’une crise qu’il a lui-même qualifié de « basse intensité ». Il s’est avisé aujourd’hui qu’il a eu tort de concéder à  ses bandits essaimant dans d’autres pays la peur et l’insécurité une partie du territoire nationale contre sa « tranquillité ». Les militants de l’ex-groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) devenu depuis Al Qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi) n’étaient, n’ont jamais été des persécutés d’Alger dont le pouvoir et la presse se sont moqués des niaiseries de Bamako. Comment Bamako pourra expliquer son geste à  ses voisins algérien et mauritanien après avoir tambouriné, au lendemain de la première visite du ministre français des affaires étrangères, qu’elle veut consolider l’embellie revenue dans ses relations avec Alger suite à  sa déclaration comme quoi les présumés terroristes d’Aqmi ne seront pas libérés et que de voix autorisées, on affirme même qu’Alger a fourni de la documentation juridique ? Mais voilà  Bernard Kouchner est repassé à  l’offensive appuyé par Claude Guéant, premier collaborateur du chef de l’état français dont certains prêtent un poids immense dans les prises de décisions de l’Elysée. A en croire certains informations sur la place de Place, Guéant aurait apporté une solution juridique compréhensive renforcée par des propositions alléchantes qui font craquer Bamako faisant alors fi de « ses engagements internationaux » supposés, doublant Alger et Nouakchott, qui réclamaient le transfert de leurs ressortissants, du jour au lendemain. Bamako a surpris Aler et Nouakchott si fort que leur souffle a été coupé comme seul le fait ce terrible vent du sahara dont profite si allègrement Aqmi dans les grottes du désert malien. A ce jeu, rien ne certifie qu’ATT ne se fasse prendre de vitesse par tous les autres « pays amis » dont l’Espagne et l’Italie qui eux aussi ont des ressortissants détenus dans le nord de notre pays après avoir été nargué par Aqmi. Et le fait de « vivre dans un environnement international o๠il y a des règles en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme, règle qu’il faut respecter » ne signifiera alors rien du tout, à  Nouakchott comme à  Alger, à  Rome comme à  Madrid, à  Washington comme à  Guantanamo. Bamako trompettera qu’elle était dans une très mauvaise posture en tout cas directement vis-à -vis de ses voisins frontaliers et « son ami » la France. Qu’elle était assise sur un tabouret fendu, crissant, coinçant et brinquebalant qui pinçait les fesses à  chaque petit mouvement. Qu’il lui a manqué du courage et de la témérité pour tenir comme tous ces maliens durant leurs années de classe sur les tables-bancs fendus, crissant, coinçant et brinquebalant de Kayes à  Tombouctou. Mais difficilement l’état malien pour faire accepter à  son opinion nationale qu’il a oublié cette valeur qui a fait que nombre d’élèves de Mopti, ayant passé des années durant dans cette position très désagréable, il est vrai, ont préféré avoir les fesses rouges dans des culottes en loques pour porter plus tard des boubous en basin richement brodé. En somme comment à  l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance nationale, le gouvernement pourra parler de Soundiata Kéita, Tiéba Traoré et autre Modibo Kéita pour mettre en avant les valeurs de dignité, de fierté, de droiture et de don de soi. C’’est tout simplement dommage.