Opération « Taxis neufs » : l’envers du décor…

Surfacturations, prélèvements abusifs sur les recettes journalières, non respect des engagements de la part de l’ANPE. Ce sont là , entre autres, les abus dont se plaignent plusieurs bénéficiaires du fameux projet « Opération Taxis de l’ANPE ». En effet, dans le cadre de son projet « création d’emplois », l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE) a lancé en novembre 2009, un projet de renouvellement du parc de taxis autos du Mali. Ce projet vise à  mettre à  la disposition de la coopérative des chauffeurs et conducteurs de taxis du Mali (CCTM) 1000 taxis selon la formule crédit-bail. Lesdits taxis sont livrés par le concessionnaire de la marque italienne FIAT (à  travers sa société commerciale Prize Auto) et l’ANPE se porte garante pour le remboursement total des sommes engagées par la Banque, à  travers le Fonds Auto Renouvellement pour l’emploi (FARE) ». Chose salutaire car, ce projet, de son démarrage à  nos jours a permis à  des centaines de jeunes d’accéder à  l’emploi. Cependant, s’il est vrai que les premiers bénéficiaires du projet (dans leur majorité) s’en sont sortis, ce n’est pas le cas pour les autres qui on suivi. Et pour cause, ceux-ci sont victimes de surfacturations, de prélèvements abusifs et du non respect des engagements pris par l’ANPE…Pire, les bénéficiaires sont sommés de rembourser chèrement les voitures acquises. Ainsi, pour des véhicules dont la valeur unitaire varie entre 3 et 4 millions FCFA, les bénéficiaires doivent rembourser 7 à  8 millions FCFA. D’oà¹, le raz-le bol de nombre d’entre eux qui ont tout simplement rendu les clefs de leurs véhicules après constatation de l’abus. Prélèvements abusifs Aussi, à  en croire nos sources, l’ANPE prélèverait injustement 1000 à  1500 F CFA sur les recettes journalières versées par les bénéficiaires. Inadmissible aussi, la prise en charge des frais de vidange (par l’ANPE) qui doit s’effectuer tous les 15 jours et qui n’est pas non plus assurée par cette agence. Alors que, les textes sont clairs : l’ANPE doit assurer la prise en charge des vidanges. A noter que les bénéficiaires qui ont eu à  se plaindre de cette situation ont vu leur vidange prise en charge. Mais, pour ceux qui effectuent eux mêmes leur vidange (par conformisme), le coût ressortirait encore sur la facture de remboursement de leur véhicule. Cela dit-on, avec la complicité de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali. l’opération taxis neuf, a également engendré la création d’un véritable réseau d’escrocs. Ceux-ci somment les candidats à  payer des sous colossaux, sans lesquels, ils verront leurs candidatures purement et simplement rejetées. Selon d’autres sources, certains individus ont pu bénéficier du projet sans verser la totalité de la caution due. Les personnes concernées seraient des proches et autres amis sélectionnés par des responsables de l’ANPE. Plus grave encore, des individus, en complicité avec des agents de cette même boà®te auraient bénéficié par deux fois, de l’opération « Taxi pro ». Ce qui va à  l’en contre des critères d’attribution. Selon nos sources, certains candidats, pour pouvoir bénéficier promettraient de verser 1500 à  2000 francs à  des agents en charge des dossiers de sélection. Mais face à  des problèmes de recettes, n’ayant pu honorer leur engagement, ils ont assisté impuissant, à  la résiliation de leur contrat. Puisque, la coopérative des chauffeurs et conducteurs de taxis du Mali (CCTM) serait-elle aussi en complicité avec eux. Elle aurait également son propre réseau qui appuierait des candidats dans l’ombre. « Nous ignorions tous les contours du projet. Et le problème est que nous avons affaire avec des véhicules qui résistent à  peine au rythme du métier », se plaint Famakan Coulibaly, bénéficiaire. Approché par nos soins, le chef de la coopérative, M. Guissé, n’a pas nié les difficultés dont notamment celle liée au manque de résistance des véhicules. Il a cependant rappelé à  l’ordre ses collègues chauffeurs qui de plus en plus se montrent alarmistes. « Nous avons cru combler un vide. De là , à  voir que le projet est sujet de sabotage, il y a de quoi le remettre en cause. Aucun projet humain n’est exempt de difficultés, surtout que c’est un début », a réagit Mamadou Traoré, un cadre de l’ANPE, avant d’inviter la coopérative des chauffeurs à  plus de retenue et de collaboration avec l’ANPE dans la gestion des difficultés.