Kayes : la société civile vent debout contre la dégradation des routes

Le problème persiste depuis plusieurs années. Dans la région de Kayes, les routes sont très dégradées. En 2019, des jeunes de la Cité des rails étaient d’ailleurs à l’origine de mouvements qui s’étaient par la suite répandus à d’autres endroits du pays, réclamant la réhabilitation des routes. 3 ans après, le mouvement « Je suis les routes de Kayes » reprend le combat.

Regroupement des organisations de la société civile de la région de Kayes, le mouvement « Je suis les routes de Kayes » a été créé en octobre dernier pour « attirer l’attention des autorités administratives et politiques sur le plan régional et national sur l’état de dégradation avancée de certaines routes de la région ».

Six axes sont indexés, notamment Kayes – Sandaré – Diéma, Kayes – Yélimané, Sadiola – Kénieba, Kayes – Bafoulabé, Kayes – Diboli, Keniéba – Kita – Kati et Baboroto – Oualia – Toukoto – Kita.

« Cette année, la région de Kayes a été confrontée à d’énormes problèmes liés aux routes, surtout pendant l’hivernage, depuis le mois de juillet. Par exemple, la route Kayes – Sandaré – Diéma, une route nationale très importante, est totalement dégradée, causant d’énormes dégâts matériels et des pertes en vies humaines », déplore Ousmane Bamia, membre du mouvement « Je suis les routes de Kayes ».

« Quand on prend l’axe Kayes – Yélimané, la route était pratiquement impraticable et le transport, qui coûtait 3 000 francs CFA, est passé à 10 000 francs CFA. Tous les villages et communes entre Kayes et Yélimané étaient coupés du reste du monde », poursuit-il.

Démarches administratives

Le 2 octobre dernier, le mouvement a adressé une lettre au Directeur régional des routes de Kayes; en demandant des informations relatives à la réhabilitation de la RN1, la reprise des travaux de la route de Yélimané ainsi que le financement de la route Sadiola – Kéniéba, le pont de Bafoulabé et ses routes annexes.

En réponse, dans une correspondance en date du 3 octobre, le Directeur régional des routes assurait que le projet de reconstruction du tronçon Kayes – Sandaré « ne saurait plus tarder », après une mission conjointe la semaine suivante (du 3 au 9 octobre) pour « faire l’inventaire des travaux urgents pour améliorer très sensiblement sa praticabilité ».

Mais le mouvement, qui n’a pas été satisfait des explications de l’autorité régionale, a, dans un autre courrier un mois plus tard, demandé un « chronogramme détaillé et précis relatif aux travaux des routes de Kayes », après avoir été également reçu par le Gouverneur de la région.

« Depuis le dépôt de cette correspondance jusqu’à ce jour (21 novembre, Ndlr), nous n’avons officiellement pas eu de suite favorable », assure M. Bamia. À l’en croire, le mouvement estime que ses doléances ne sont jusque-là pas prises en compte, même si, selon des sources, des travaux mineurs seraient en cours entre Diéma et Sandaré.

Manifestations en vue

Outre les revendications auprès des autorités, le mouvement « Je suis les routes de Kayes » est aussi dans la sensibilisation des populations de la région, non seulement pour qu’elles comprennent et adhèrent au bien-fondé de ses objectifs, mais également concernant leur responsabilité dans le maintien des routes en bon état.

« Notre mission n’est pas que de demander la réhabilitation des routes, mais aussi de demander aux populations de prendre soin de ces routes. Nous avons rencontré les différents chefs de quartiers de Kayes. Nous aussi avons ce rôle de veille citoyenne », explique Ibrahim Bagaga, l’un des responsables du mouvement.

Mais, faute de satisfaction de leurs doléances, les membres du mouvement n’excluent pas de mener prochainement d’autres actions, comme des manifestations dans tous les cercles de la région de Kayes. « Des missions sont actuellement sur le terrain et, à leur retour, nous comptons organiser une grande manifestation », prévient Ousmane Bamia, qui indique que le mouvement pourrait avoir recours à d’autres actions, plus draconiennes, par la suite.