CPI : Jean-Pierre Bemba désigné coupable pour subordination de témoins

C’est un peu la suite du procès pour « crimes de guerre » et crimes contre l’humanité » au cours duquel, en juin dernier, Jean-Pierre Bemba a été condamné à dix-huit ans de prison, et avait tenté de corrompre des témoins en échange de faux témoignages. Ce qui lui a valu ce procès.

Décidément, Jean-Pierre Bemba n’en avait pas encore fini avec la justice. Hier mercredi 19 octobre, la CPI l’a désigné, avec ses quatre co-accusés, coupable de subordination de témoins dans un procès lié à celui pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité », et à l’issu duquel il avait été condamné à 18 ans de prison. Le juge de la CPI, Bertram Schmitt, a déclaré : « M. Jean-Pierre Bemba Gombo, la chambre vous juge coupable  d’avoir influencé de manière corrompue quatorze témoins, présenté de fausses preuves et sollicité la déclaration de faux témoignages ». En effet, au cours du précédant procès, M. Bemba a tenté de corrompre des témoins pour obtenir son acquittement. En échange de faux témoignages, il avait, avec ses avocats, offert de l’argent et des cadeaux ou promis une réinstallation. Du jamais vu dans l’histoire de la CPI.

En juin dernier, l’ancien Vice-président congolais avait été condamné à dix-huit ans de prison pour les meurtres et viols commis entre 2002 et 2003 par sa milice, Mouvement de libération du Congo (MLC), en Centrafrique. Les troupes du MLN étaient venues à Bangui à la rescousse du Président Ange-Félix Patassé, qui affrontait la tempête d’une nouvelle rébellion conduite par  François Bozizé, ancien chef d’Etat-major de l’armée qui était réfugié au Tchad. « Les soudards du MLC s’étaient alors déchaînés : viols massifs, y compris de gamines de douze ou même de huit ans ; enfants contraints, sous la menace des armes, de violenter leurs propres mères ; pillages et exécutions sommaires. », écrit Jean-Paul Ngoupandé, ancien premier ministre centrafricain et essayiste, dans son essai « L’Afrique face à l’islam » (2003). A l’époque, M. Bemba était candidat au poste de Vice-président de la République démocratique du Congo.

La sentence n’a pas encore été prononcée. Mais les accusés risquent une amende et une peine allant jusqu’à cinq ans de prison. « M. Bemba va bien faire appel de ce jugement dans tous ses aspects. Il continue à faire valoir qu’il est innocent de toutes les allégations portées contre lui. Le jugement fait 458 pages donc nous devons l’étudier avec attention pour déterminer les points spécifiques sur lesquels nous allons baser notre appel, mais Jean-Pierre Bemba conteste avec véhémence avoir été partie prenante de ce plan criminel commun pour interférer en quoi que ce soit avec l’administration de la justice », a déclaré son avocate.