Le Drian au Mali : « Traquer les terroristes jusqu’en Libye »

«Â A pareil moment l’an dernier, je fêtais la Saint-Sylvestre avec nos forces engagées à  Kaboul. Cette année je suis au Mali et vous savez pourquoi ? Le Mali revient de loin ». C’est ainsi que Jean Yves Le Drian, a introduit ses propos face aux 1500 soldats français positionnés à  Gao. Après un exposé de la situation par le commandement opérationnel, les ministres Soumeylou Boubéye Maiga et Jean Yves Le Drian se sont séparés. Le premier pour échanger avec les FAMA, forces armées maliennes, en compagnie du Général Didier Dakouo, Chef d’Etat Major Général Adjoint, le colonel Abdoulaye Coulibaly, Souleymane Bamba, Baby et Ba. Jean Yves Le Drian ira de son côté deviser avec ses compatriotes. Foie gras, vin, toast, «Â tout ce qui peut réjouir lorsqu’on est loin de la famille » dixit le ministre français de l’agro-industrie, était au rendez-vous. Le ministre malien de la défense Le patron de la défense au Mali, Soumeylou Boubèye Maiga, a été clair face aux forces Serval «Â vous connaissez les conditions de vie de vos camarades maliens, alors il nous faut être là  et la France sera aux côtés du Mali le temps qu’il faudra. Le Mali a besoin de reconstruire son armée pour faire face aux groupes terroristes encore actifs et menaçants. Vous devez collaborer avec la Minusma et les FAMA d’autant que nous rentrons dans la phase du contre-terrorisme. Elle exige une stratégie sous régionale qui nous mènera jusqu’au sud de la Libye. Vous avez choisi le métier des armes, un métier pas comme les autres et C’’est pourquoi je salue la mémoire de vos neufs camarades tombés sur le champ de l’honneur en 2013 en Afrique ». Le Drian en compagnie des forces Serval Face à  des troupes presque arrivées en fin de mission puisque devant être relevées en février prochain, le ministre a salué le professionnalisme et le courage des soldats français. Il a rappelé que sans ces soldats « Gao, tombé dans l’escarcelle des djihadistes qui torturaient, violaient, châtiaient, coupaient des bras, n’allait plus exister et le Mali avec ». Cette satisfaction de l’hôte du jour est renforcée par la libération au Cameroun du Père Georges Van Den BOESCH ; une libération qui résulte de la stratégie de détermination et de discrétion mise en place pour la libération des otages. La situation en Centrafrique o๠règnent un vide et un désordre sécuritaires a brièvement été abordée. Le ministre estime qu’il pourrait aborder le sujet avec le Président Déby une fois à  N’Djamena. Retour à  la normale Revenant sur le cas du Mali, Jean Yves Le Drian salue le retour à  la normale avec l’élection d’un Président, d’un parlement et de nouvelles institutions. Il a souligné l’excellent travail de Soumeylou Boubèye Maiga, qui a remis de l’ordre dans l’armée malienne redonnant du coup confiance à  cette armée et aux populations. Bientôt a-t-il dit : « et précisément le 20 janvier prochain, la France et le Mali signeront un nouvel accord de défense, C’’est vous dire que l’armée malienne pourra gérer la sécurisation de l’intégrité territoriale et la stabilisation du pays, deux préoccupations qui exigent une solution sous régionale d’o๠mes déplacements à  Niamey et à  N’Ndjamena ». Organisée par le discret mais combien efficace Ambassadeur de France au Mali, la visite s’est terminée par des chansons de la troupe qui avait besoin de ce noà«l rehaussé pour sentir le soutien de la mère patrie ».

Naissance du CAP: « Le tour des jeunes est arrivé »

Le parti est la réunion de plusieurs associations de jeunes leaders convaincus que seule l’implication de la jeunesse dans la gestion de la chose publique peut amener le changement. Et C’’est cette nouvelle race de politiciens qui s’est présentée à  la presse samedi dernier pour officiellement procéder à  son lancement. Selon le président Jean Marie Sangaré, il ne s’agit pas pour le CAP de se présenter aux Maliens avec un bâton magique, mais de tenir le langage vrai et de faire porter ce langage par des femmes et des hommes courageux, compétents, intègres et crédibles prêts au sacerdoce pour le Mali. « Le CAP rejette sans réserve ni exception la facilité et s’engage à  s’investir pour bâtir les fondements d’un nouveau contrat social entre tous les Maliens sans exclusive sur les critères du mérite, du travail, de la compétence, de la justice sociale et de la bonne gouvernance, a dit le président. A tort ou à  raison, nous ne cessons de réclamer le départ de la vieille classe politique avec comme seul argument, ‘’Le tour des jeunes est arrivé » » a-t-il dit. A l’en croire, la jeunesse ne donne aucun droit ou privilège en politique. Les jeunes doivent également assurer leur part de responsabilité dans la déchéance de notre pays. Pour le président Sangaré, le silence de la jeunesse a été un blanc-seing aux gouvernants et cela a favorisé l’effondrement de l’Etat. « Le seul critère du changement fondé sur la jeunesse est une démarche qui n’aboutira qu’au changement des femmes et des hommes et non à  l’institution des pratiques saines de gestion de l’Etat », a affirmé M. Sangaré. Pour Louis Cheick Sissoko, président du mouvement des jeunes, la jeunesse ne doit plus croiser les bras. « Nous sommes restés en marges des situations, nous avons passé notre temps dans nos entreprises et services à  regarder faire les choses, mais les évènements du 22 mars 2012 nous ont ouvert les yeux » a-t-il indiqué.

Jean Zerbo :  » Nous privilégions la voie du dialogue tant qu’ il est possible »

Journaldumali.com : pourquoi la ville de Kita abrite le pèlerinage de l’Eglise catholique du Mali ? L’église malienne vit depuis 124 ans. Mgr Jean Zerbo  : Quand les premiers missionnaires venaient au Soudan français les 18 et 19 novembre 1888, C’’est à  Kita qu’ils ont été accueillis. Ils étaient venus à  Tombouctou mais ça n’a pas marché, donc ils sont entrés par Kita. Et Kita est le premier lieu o๠ils ont été accueillis. C’’est pourquoi nous avons classé cette ville comme le berceau de l’Eglise catholique du Mali. Journaldumali.com : qu’a fait l’Eglise dans le cadre du dénouement des multiples crises que vit le Mali ? Mgr Jean Zerbo  : Vous savez, l’Eglise s’engage sur plusieurs plans. Le premier engagement est une démarche de solidarité à  l’endroit de ceux qui sont en situation difficile. Notre Caritas vient au secours des déplacés du nord. Plusieurs d’entre eux sont hébergés au Centre de formation de Nyamana. Nous prenons en charge leur séjour et nous leurs faisons des gestes, des dons en attendant que les choses s’arrangent.Nous avons emmené avec nous deux tonnes de céréales afin que les malades et les prisonniers sachent que Jésus est passé à  Kita aujourd’hui. Deuxième élément de notre intervention, en tant que religieux, nous intervenons comme des guetteurs, et des sentinelles afin de prévenir qui de droit en cas devant l’imminence d’un danger. Troisièmement, nous sommes des intercesseurs, nous prions. Devant les conflits, nous invoquons la clémence et le pardon du Seigneur. Aussi, nous intervenons entre les belligérants pour que chacun accepte la négociation et que le pays puisse avoir la paix. Nous ne privilégions que la voie du dialogue tant qu’elle est possible. Journaldumali.com : pourquoi « la dignité de l’Homme » comme thème de ce pèlerinage ? Mgr Jean Zerbo : nous pensons que la notion de dignité, une vertu cardinale de notre société, est en déperdition totale tant dans nos grandes villes que dans nos campagnes. Les gens sont laissés à  eux-mêmes. Et surtout, ce drame ou encore cette tragédie que le pays vit, la personne humaine n’est plus respectée. Or la vie humaine est sacrée. Le Mali n’a jamais enregistré autant de morts. C’’est grave pour notre pays. C’’est pourquoi nous disons, « retrouvons notre dignité en renonçant à  la violence ». Le thème qui nous a conduits à  cela, C’’est que nous retrouvons notre dignité en Dieu. Et nous devons être saints comme notre père céleste l’est. Ne rendons jamais le mal par le mal. Jésus nous dit, aimez vos ennemis, priez pour vos persécuteurs. Je vous laisse le soin d’apprécier par vous-même cet appel. Si sa mise en pratique peut oui ou non contribuer à  la restauration de la paix et de la stabilité. Je sais que cela peut s’avérer très difficile, mais ayons comme modèle Dieu lui-même!

Jean Dembelé, né pour la danse

Vivre de la danse au Mali est un combat qu’a engagé Jean Kassim Dembelé, dans un pays o๠la discipline, présente dans la vie quotidienne, est longtemps restée un sous-métier. «Â La danse est venu me trouver et s’est emparée de moi », raconte le jeune homme de 26 ans né de parents maliens. De nature optimiste, il reste persuadé que la danse à  un avenir professionnel au Mali, conforté dans son opinion par la floraison des structures dédiées . « On ne vit pas de la danse, on vit avec » Du haut de sa longue silhouette, le jeune danseur a su conquérir les scènes de plusieurs spectacles, notamment celles des Biennales artistiques de 2003 et 2008 avec la troupe de Sikasso. Et il ne s’en lasse pas. « On ne vit pas de la danse, on vit avec. » Sa passion a pu s’épanouir après l’obtention d’un diplôme en comptabilité, en 2007. Séduit par la tournée de Kettly Noà«l à  l’intérieur du Mali en 2006, l’idée germe de changer de voie et de tenter sa chance dans la danse. N’Gou Bagayoko, le père de Doussou Bagayoko, l’encourage. Dès lors, il forge son talent au conservatoire Balla Fasséké Kouyaté, juché au flanc de la colline du Point G. La réticence des parents Son choix suscite beaucoup de réticence chez ses parents. Jean Kassim leur répond : « C’’est mon choix ». Il dit devoir tout au directeur du département danse du conservatoire, Gardjikè Laà¯co Traoré, et à  Kettly Noà«l qui ont su accompagner ses premiers pas de jeune danseur. Cette dernière, avec qui il entretient des liens forts, l’a profondement marqué. « Cette dame me donne beaucoup. Elle a un bon C’œur. Elle a du caractère et aime le travail bien fait. Je ne vois que du bon en elle. » Jean Kassim Dembélé a entamé sa dernière année de formation au conservatoire. Il passe le plus clair de son temps libre au centre « Donko Séko ». Là , il fait office d’assistant de Kettly Noà«l. En attendant de voler de ses propres ailes.

Dlamini-Zuma, patron de l’UA

Il a voulu y croire jusqu’au bout mais a bien dû se ranger au verdict des urnes. Jean Ping n’aura fait qu’un seul mandat à  la tête de l’UA, contrairement à  son prédécesseur, le Malien Alpha Omar Konaré. Trois tours et puis s’en va… Il aura en effet fallu y retourner à  quatre fois pour arriver à  départager les deux adversaires. La ministre sud-africaine de l’Intérieur, ancienne ministre des Affaires étrangères et ex épouse du chef de l’Etat Jacob Zuma, a finalement pris le dessus avec 37 voix soit trois de plus que la majorité requise. Déjà  en janvier dernier, les chefs d’Etat n’étaient pas parvenus à  désigner le président de la commission. Cette situation avait créé une certaine tension au sein de l’institution, notamment entre pays francophones et anglophones. Le mandat de Jean Ping avait alors été prorogé pour six mois, le temps de se mettre d’accord. Lors de l’élection ce dimanche, l’ex-épouse du Président sud-africain Jacob Zuma était arrivée en tête aux trois premiers tours de scrutin sans toutefois réunir la majorité requise de deux-tiers des voix. Puis au quatrième tour, elle s’est retrouvée seule en lice, et a alors réussi à  réunir 37 voix, soit trois de plus que la majorité des deux-tiers des délégations, qui était de 34 voix. « Iron lady » Avec Nkosazana Dlamini-Zuma, C’’est l’Afrique anglophone qui prend pour la première fois la tête de l’organisation continentale. Même si la principale concernée refusait, avant son élection, d’être considérée comme la candidate des anglophones. « On applique des programmes convenus par tous, donc on ne consulte par les anglophones et les francophones. On prend ce qui est décidé collectivement et on l’applique sans crainte et sans faveur. Je ne suis pas anglophone, je suis zouloue », avait-t-elle exposé vendredi dernier. Dlamini-Zuma est l’une des femmes les pus puissantes de son pays voire du continent. Après dix ans aux Affaires étrangères de 1999 à  2009, elle est depuis cette date ministre de l’intérieur. Diplomate chevronnée, femme de caractère, cette zoulou née le 27 janvier 1949 aura eu un parcours particulier. Cadre de l’ANC, le parti de Nelson Mandela, elle a d’abord commencé en 1971 des études de botaniste et de zoologie avant de virer vers la médecine qu’elle étudie à  l’Université du Natal. Contrainte à  l’exil à  cause de ses activités au sein de l’ANC, elle se rend en Grande Bretagne o๠elle termine ses études à  l’Université de Bristol. Puis revient en Afrique, au Swaziland o๠elle rencontre, à  l’hôtital Mababane, son futur époux, Jacob Zuma de qui elle est aujourd’hui divorcée. Ses qualités de rigueur et sa capacité à  rallier les opinions divergentes comme en RDC o๠elle fut artisane des accords de paix, suscitent beaucoup d’espoir au sein de l’UA. Loin de la bureaucratie dans laquelle s’est perdue l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma entend relever le défi d’une Afrique unie et compétitive. Pour l’y aider, elle aura derrière elle la première puissance du continent, son pays, l’Afrique du sud.

Eau : « L’Afrique n’a pas encore pris le problème à bras le corps »

Les Afriques : Selon nos informations, l’OMVS a fait appel à  votre expertise et savoir-faire pour la réorganisation des services de l’institution. Quels ont été les résultats de cet audit ? Jean-François Donzier : Sur financement de la Banque mondiale et à  la demande de l’OMVS, l’Office international de l’eau a effectivement mobilisé son expertise pour formuler des recommandations de réforme institutionnelle, et non pour réaliser un audit en tant que tel. A partir d’une analyse fonctionnelle complète, l’OIEau a élaboré une proposition qui se concentre sur : – l’amélioration de la gouvernance du système OMVS, tant au niveau du Haut-commissariat que des sociétés de gestion des barrages ; – la recherche d’une meilleure cohérence institutionnelle, organisationnelle et économique de cet ensemble ; – l’amélioration de la gestion des ressources humaines. Les recommandations formulées devraient permettre une meilleure adéquation entre les ressources et les tâches à  réaliser, une diminution des coûts pour réduire la pression sur les Trésors publics des Etats membres de l’Organisation, la création de capacités propres d’investissement dans les secteurs prioritaires définis par les Etats et une gestion plus transparente et cohérente des ressources financières de l’Organisation. A ce jour, la réforme de l’organigramme du Haut-commissariat a déjà  été validée, permettant une cohérence plus grande dans la répartition des tâches et l’entrée d’experts guinéens, suite à  l’adhésion de ce pays à  l’OMVS. LA : A l’instar de l’OMVS, êtes-vous sollicité par d’autres agences de bassin d’Afrique dans la mise en place des réformes et d’un cadre environnemental de gestion cohérent ? JFD : l’OIEau travaille régulièrement, depuis plus de cinq ans, avec une majorité des grands organismes de bassin transfrontaliers du continent africain, notamment dans le cadre d’audits, de réformes institutionnelles et organisationnelles : au-delà  de l’OMVS, l’Autorité du bassin du Niger (ABN), l’Autorité du bassin de la Volta (ABV), la Commission internationale du Congo Oubangui Sangha (CICOS), la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), l’Organisation de mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG), essentiellement. l’OIEau, en tant que secrétaire du Réseau international des organismes de bassin, apporte également son appui au Réseau africain des organismes de bassin, le RAOB, qui réuni la quasi-totalité des institutions de bassin d’Afrique sous la houlette de l’AMCOW. Ce réseau régional est aujourd’hui remarquablement actif et son secrétariat est aussi assuré par l’OMVS. Le projet KPI, visant, avec l’appui de la Facilité européenne pour l’eau et des Coopérations française et anglaise, à  mettre en place un système d’indicateurs de performances pour les bassins transfrontaliers africains, est particulièrement novateur et permettra de mobiliser les organismes concernés et de rendre compte des progrès qu’ils obtiennent pour la mise en œuvre de la gestion intégrée des ressources en eau, dans leur bassin respectif. LA : Quels sont les pays en Afrique qui, à  travers leurs sociétés de distribution d’eau, ont réalisé des performances en termes de résultats et de réformes ? JFD : D’une façon générale, il faut regretter que l’Afrique, dans sa globalité, n’ait pas encore partout pris le problème de la gestion de l’eau à  bras le corps pour en faire une réelle priorité : elle risque, ainsi, d’être le seul continent ou les objectifs du Millénaire pour l’accès à  l’eau saine et à  l’assainissement de base ne seront pas atteints en 2015 ! Ceci étant, plusieurs pays, et ce ne sont pas forcément les plus riches, font figure de pilotes et ont d’ores et déjà  obtenu des résultats très significatifs : il est difficile de les citer tous, mais l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, le Kenya, le Maroc, l’Ouganda, le Sénégal ou la Tunisie ont réussi, entre autres, des progrès très importants, notamment pour l’accès à  l’eau potable… Le rôle de l’AMCOW comme force politique est à  souligner tout particulièrement. Il permet de dégager les consensus nécessaires sur les réformes à  conduire partout, en s’inspirant des réussites déjà  obtenues sur le continent. Ces exemples démontrent qu’il n’y a pas de fatalité et que la volonté politique de réformes ambitieuses permet d’obtenir rapidement des résultats appréciables. [c/Jean-François Donzier]« l’OIEau travaille régulièrement, depuis plus de cinq ans, avec une majorité des grands organismes de bassins transfrontaliers du continent africain, notamment dans le cadre d’audits, de réformes institutionnelles et organisationnelles. »[/c] LA : Le monopole des firmes étrangères dans le secteur de l’eau est-il un signe que le marché de l’eau au sud du Sahara est porteur ? JFD : Je ne sais pas s’il est bien approprié de parler de « monopole des firmes étrangères », car de nombreuses entreprises publiques africaines obtiennent des résultats significatifs, dès lors que les réformes nécessaires à  leur modernisation ont été conduites à  bonne fin… Ceci étant, les distributeurs privés, notamment nos grandes entreprises françaises de l’eau, permettent, là  ou il y a une décision politique, de faire appel à  eux, et, aujourd’hui, sous le contrôle étroit de la puissance publique nationale, d’introduire rapidement les savoir-faire et les méthodes de management utiles, de bénéficier des meilleures technologies issues de leurs centres de recherches et, le cas échéant, de mobiliser les capitaux indispensables à  l’investissement… l’OIEau peut d’ailleurs apporter aux gouvernements qui le souhaiteraient un appui institutionnel pour créer, dans les législations nationales, les outils permettant la signature, dans les meilleures conditions possibles de mise en concurrence et de contrôle de la puissance publique, des différents types de contrats adaptés aux besoins locaux pour l’intervention efficace des entreprises privées dans le secteur de l’eau. LA : La question du financement des infrastructures de l’eau dans les pays du Sahel par les bailleurs de fonds se pose avec acuité. Selon vous, comment faut-il s’y prendre pour attirer les investisseurs étrangers et bailleurs de fonds ? JFD : Il faut créer la confiance et donner des garanties, ce qui passe obligatoirement par des réformes des institutions et la création de mécanismes de gestion et de financement assurant la pérennité des services des eaux, que leur gestion soit publique ou privée. Il faut être conscient que les investisseurs, comme les bailleurs, interviennent, pour l’essentiel, sous forme de prêts dont il faudra bien assurer le remboursement tout en garantissant l’exploitation, la maintenance et le renouvellement des installations : il n’y a pas de miracle, les fonds nécessaires ne peuvent venir que des budgets publics nationaux ou locaux, financés par les impôts, ou bien des tarifs des services payés par les abonnés, ou encore de transferts venant, le cas échéant, d’autres secteurs économiques, comme par exemple l’énergie ou l’électricité. LA : l’eau est un service à  forte valeur ajoutée, mais méconnu encore sur une grande partie du continent africain. En France, ce service coûte moins cher qu’un paquet de cigarettes. Pourquoi ? JFD : Oui, C’’est vrai qu’en France le prix d’un mètre cube d’eau potable, incluant le coût de l’assainissement, de l’épuration des eaux usées et les redevances des agences de bassin pour la gestion de la ressource, est inférieur au prix d’un paquet de cigarettes… Nous ne sommes pas arrivés à  ce résultat en quelques mois, mais par un effort soutenu sur plusieurs décennies. Nous avons établi un cadre législatif moderne et efficace, qui est aujourd’hui, pour l’essentiel, commun à  tous les pays de l’Union européenne, et, même s’il y a eu pendant longtemps des subventions des Etats, presque partout aujourd’hui en Europe, les coûts sont couverts par les tarifs payés par les consommateurs, tout en tenant compte des difficultés que rencontrent les classes les plus démunies de nos populations, qui doivent bénéficier de l’accès aux services dans des conditions économiques acceptables. Notre rôle est de montrer que ce qui est possible en Europe, l’est également partout ailleurs, et d’aider les pays qui le souhaitent, non pas à  copier, mais à  s’inspirer des méthodes mises en œuvre pour, eux-mêmes, moderniser le secteur au bénéfice de leurs populations et de leur développement économique et social. LA : Quelle est la place de l’Afrique au C’œur de la problématique des changements climatiques ? JFD : l’Afrique est probablement l’une des régions du monde qui sera le plus impactée par cette problématique. Observez les statistiques de pluviométrie dans le bassin du Niger ou dans celui du lac Tchad : la baisse de la pluviométrie et l’augmentation de l’évapotranspiration se cumulent au problème démographique et de développement en général. Les populations africaines y sont également les plus vulnérables. l’Afrique est donc très directement et fortement concernée. C’’est la raison pour laquelle, avec les participants à  la dernière Assemblée générale mondiale du RIOB, qui s’est tenue symboliquement à  Dakar, et donc pour la première fois en Afrique, nous avons adopté une déclaration finale qui insiste sur l’importance de la gestion par bassin pour s’adapter le plus rapidement possible aux conséquences prévisibles du changement climatique sur la disponibilité des ressources en eau.

Guinée : Le nouveau Premier ministre s’appelle Jean Marie Doré

Un ancien opposant chef du gouvernement La junte militaire au pouvoir en Guinée Conakry, a confirmé Jean-Marie Doré au poste de Premier ministre, suivant les recommandations d’une coalition d’organisations politiques et de la société civile. Mercredi 13 décembre dernier, Le président par intérim de la Guinée, le général Sékouba Konaté, avait accepté l’idée du « choix d’un Premier ministre issu de l’opposition, désigné par elle-même » en vue de former « un gouvernement de transition d’union nationale ». Agé de 70 ans, Jean-Marie Doré est un opposant de longue date. Candidat malheureux à  la présidentielle face à  Lansana Conté, en 1993 puis en 1998, il n’a jamais été ministre dans un gouvernement. Après la mort de Conté, Doré, qui est par ailleurs une personnalité du Forum des forces vives (FFV, mouvement en faveur de la démocratie), a joué un rôle de premier plan dans les négociations avec la junte. Objectif: conduire le pays vers les élections Le choix de Jean-Marie Doré, a été validé à  l’issue de discussions de Ouagadougou entre Sékouba Konaté et le capitaine Camara, auteur du putsch de 2008 et en convalescence dans la capitale du Burkina Faso. Doré, dirige l’UPG (Union pour le progrès de Guinée). Mais surtout il est, comme le chef de la junte militaire Moussa Dadis Camara, originaire de la région Forestière (est du pays), o๠vivent plusieurs ethnies minoritaires. Maintenant à  la tête du gouvernement de transition, il a pour mission d’organiser les premières élections démocratiques depuis le coup d’Etat de décembre 2008. Le désormais Premier ministre guinéen sera aidé dans sa fonction par deux vice-Premiers ministres : la syndicaliste Rabiatou Serah Diallo qui était elle aussi pressentie à  la primature, et l’actuel ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général Mamadouba Toto Camara, issu du CNDD (Conseil national pour le développement et la démocratie). La communauté internationale rassurée La communauté internationale, la France en premier, est satisfaite par ces nouvelles orientations. Le départ de Moussa Dadis Camara du Maroc avait été suivi d’analyses des médias français qui mettaient en avant la perspective de nouvelles crises, à  l’idée d’un retour en Guinée du capitaine Camara mis en cause, avec d’autres lieutenants, dans le massacre par les forces de sécurité de plus de 150 opposants le 28 septembre à  Conakry. Le général Konaté est désormais le président Conseil national de transition (CNT) et chef de l’Etat pour une durée de six mois. Dadis reste et demeure président d’un CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement) qui va disparaà®tre. Il est arrivé mardi dernier à  Ouagadougou, oà¹, dimanche, il a fait ses premières déclarations en public depuis son hospitalisation. C’’est avec une voix peu assurée et à  peine audible, qu’il a lu lentement un texte, disant qu’il soutenait la mise sur pied d’un gouvernement de transition et confirmant qu’il ne chercherait pas à  revenir au pouvoir.